Oh oh où es-tu trésor ?

Siruu|Lilith & Azraël|Lilith & Jaagd

Améthyn n’était pas d’humeur marine… En fait, elle s’était mise à détester les voyages en bateau depuis cette fois où le Victoria avait coulé avec la banshee à son bord. La clairvoyante gardait néanmoins le sourire, pour ne pas se mettre en colère comme quand elle avait eu un délire fiévreux. Elle faisait donc les cent pas dans sa cabine, gardant toujours ce côté aérien et fantomatique propre à elle. Le vent n’avait cette fois pas été accompagné de pluie et le trajet s’était plutôt bien passé, les inquiétudes d’Améthyn s’étant révélées le danger le plus dur à surmonter. Même si elle savait très bien qu’elle n’avait pas eu de vision lui indiquant une mort certaine, la banshee ne pouvait s’empêcher d’angoisser. Elle fut soulagée arrivée à bon port, et Siruu le fut tout autant, car il n’avait plus à gérer le stress de sa mère adoptive. Au fond, peut-être n’avait-elle pas que le physique d’une enfant, mais qu’elle en était toujours une malgré son âge avancé…
Mais ce n’est pas le propos, je m’égare. Les deux amis étaient en quête de ce qui serait apparemment un trésor, et, même si le sorcier ne portait généralement pas son attention sur les richesses, cette légende qu’il considérait jusqu’alors comme une fabulation s’était révélée vraie. Il l’avait appris dans un bar à Sceptelinost, une de ces tavernes où ceux qui dissimulent de grands secrets viennent s’alcooliser pour décompresser et finissent par révéler leurs cachoteries à ceux qui tendent l’oreille suffisamment bien. Un groupe de pirates réprouvés avait réussi à trouver la raison de l’invisibilité  de ces ressources financières et autres joyaux : ce Rwanima, pirate célèbre de l’époque ayant fait échouer son bateau sur les côtes, aurait, selon toute vraisemblance, protégé son butin avec une barrière magique. Le soulard lui avait aussi appris que les pirates auraient été sauvagement tués par un autre groupe de flibustiers et autres écumeurs qui, eux, ne connaissaient pas le secret. Auraient-ils donc juste détruit ces gens par prévention ? En tout cas, cet ivrogne affirmait à qui voulait l’entendre qu’il avait été laissé pour mort et qu’il avait fui l’île dès qu’il en eut l’occasion.
Si le disciple crépusculaire était donc intéressé par ce trésor, c’était à cause de cette fameuse « barrière magique ». Un phénomène intéressant à étudier, d’autant plus que le pirate en question n’aurait pas pu conserver le sort intact jusqu’à après sa mort sans avoir eu recours à une quelconque forme d’énergie, du moins tout dépendait du sens que prenait le mot barrière aux yeux de cet homme, car il y en avait de tous types. De plus, si c’était un être magique plutôt puissant, alors il aurait certainement des livres, parchemins ou autres artéfacts passionnants. Il y avait donc de quoi attirer Siruu. Mais alors pourquoi Améthyn était-elle venue ? Le sorcier l’avait sollicité. Si d’habitude, il ne se rendait pas compte qu’il se mettait dans le pétrin, il savait là qu’il se jetait dans la gueule du loup et qu’une personne dotée de clairvoyance lui serait utile pour savoir quels chemins prendre ou non. Le disciple crépusculaire s’attendait à un non catégorique, mais elle accepta très vite, argumentant avec un « j’ai toujours voulu visiter cette plage ». Si sa mine se déconfit bien vite devant le bateau, elle ne perdit néanmoins pas son but de vue et la clairvoyante lutta contre la peur des voyages maritimes fraîchement ancrée dans son esprit.
Mais ils étaient arrivés et il fallait obtenir des informations supplémentaires, la plage étant tout de même grande, ils ne pouvaient ratisser toute la zone à la recherche de bribes de magies pouvant indiquer l’endroit. Comment allaient-elles se présenter ? Siruu ne le savait pas, mais il était persuadé que c’était vrai, il en avait envie, du moins. Améthyn, elle, se montrait plus pessimiste, « si il n’y en a pas on restera quand même quelques jours, comme si l’on était en vacance » rabâchait-elle à Siruu quand il doutait.
Le sorcier et la banshee décidèrent donc unanimement d’aller chercher de l’aide. La fausse petite fille se prenait les pieds dans le sable et avait des difficultés à braver ses monticules. Mais le disciple crépusculaire l’attendait toujours et n’accomplirait pas son périple sans sa fidèle alliée courte sur pattes, alors il l’aidait à tenir debout. Ces quelques minutes de traversée, la clairvoyante n’en voyait pas la fin, mais elle réussit tout de même, grâce à son ami et fils adoptif, à atteindre leur but : ils étaient enfin tombés sur une crique à laquelle était amarré un bateau.
Ils allaient devoir faire preuve de diplomatie… Enfin c’est ce que croyait Améthyn jusqu’à ce que Siruu ne lui dise pour remplacer les yeux de la banshee que cette même femme avec qui elle avait fait la visite guidée à Caelum était là. La clairvoyante l’avait un peu embêté, mais elle appréciait tout de même vraiment cette masquée. En fait, elle l’aimait bien. Alors elle ne se fit pas prier de courir vers elle, analysant l'endroit d'où provenait les émotions de son cœur ainsi que le son émit par ses pas pour la localiser. Celle qui avait du mal à marcher dans le sable il y a quelques minutes changea bien vite, car elle se ruait avec habileté malgré le vent marin sur sa proie. Siruu, lui, la suivait juste au pas, curieux de voir comment elle agirait. La banshee qui ne montrait pas ses yeux immaculés toucha alors la personne se dressant devant elle… C’était bien les mêmes formes que celles de cette femme. Mais, en faisant glisser aussi vite ses doigts, elle remarqua qu’il y avait une autre personne très proche d’elle, l’enlaçant certainement. Une étreinte ? Peut-être qu’elle pourrait s’y joindre ! Demander était d’usage, mais ce n’est pas ce genre de manières qui impressionnait la clairvoyante qui s’était elle aussi mise à tenter de prendre avec chacun de ses petits bras ces personnes bien plus grandes qu’elle. Et, bien qu’elle se heurtait à la lance d’un de ces individus, cet instant de sentiments lui fit grandement plaisir. Ce n’était pas tout les jours qu’elle pouvait partager son amour, Siruu étant assez rude, et, même si elle s’était plus ajoutée de force qu’autre chose, elle appréciait, allant jusqu’à humidifier son œil.
— Je ne sais pas qui vous êtes, mais… Améthyn ne savait pas quoi dire, mais elle n’en avait rien à faire, alors elle ne fit que sourire avant de tourner sa tête vers là où elle pensait que l’amie se situait. Merci !

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Siruu|Lilith & Azraël|Lilith & Jaagd

Siruu se rapprochait de son amie qui, elle, observait sans pour autant voir ces deux femmes, dont celle qui était masquée. L’autre, celle qui avait étreint la protégée d’Améthyn, se moqua doucement de la banshee qui resta de marbre avant de lui poser une question.
— Non, mais vous n’êtes pas une inconnue. Vous aimez les bateaux, vous êtes actuellement sur vos gardes, mais heureuse de retrouver la jolie femme. Du moins c’est ce que je peux lire, mais… ai-je bien interprété la mélodie de vôtre cœur ?
La clairvoyante aimait parler comme une sage, les gens la prenaient pour telle et c’était assez drôle à regarder. En vérité, elle n’était loin de ce genre de personne moralement parlant. Franche et joyeuse, jamais elle n’aurait naturellement prononcé un discours aussi lyrique. Joignant ses mains au niveau de son ventre, l’aveugle sourit avant de se souvenir des formes de celle qu’elle avait hâtivement recrutée à Cael. Celle qui portait une lance devait être inquiète, mais l’attention de la fausse petite fille se dévouait à cette femme qui venait d’enlacer son amie. On lui posait une question. Qui était-ce ? Elle avait trop peu entendu la voix de la lancière pour la connaître, mais cela ne venait pas de son côté. C’était cette autre femme que la banshee observait.
— Oui, nous nous connaissons. Mais la pauvre n’est pas très bavarde…
Un sourire d’une largeur inimaginable irrigua le visage de la clairvoyante. Le cœur de la masquée s’était calmé. Une boutade légèrement sérieuse venait d’être lancée à la « chatonne » de ce bout de femme décidément railleuse, et, une fois encore, Améthyn passa outre pour se donner l’image d’une sage et ainsi ne pas effrayer ses deux « amies », même si elle riait intérieurement.
Un homme échangea quelques mots avec cette même femme qui était la seule à vouloir détendre l’atmosphère, ce qui était étrangement drôle. Elle continuait à plaisanter et, à force de se retenir, la banshee se mit à rire aux éclats. Regardant alors ensuite son sac, elle en sortit deux œuvres en bois.
— Ah ! Je ne pouvais plus me retenir, mais moi c’est Améthyn. Tenez, comme ça nous serons tous comme ces deux !
C’était des masques, fabriqués avec de l’imagination, du savoir-faire et des matières premières pendant l’activité favorite de la clairvoyante : l’artisanat. Que ce soit la couture ou les ornements baroques, elle faisait toujours quelque chose de ses mains quand elle s’ennuyait. Les masques étaient uniques et simples à faire : une tête, l’aveugle qu’elle était avait toujours l’habitude d’en tâter pour reconnaître les visages alors ces objets étaient très facilement faisables, sur mesure ou non. Elle, avait un visage plutôt petit, et ne portait presque jamais de ces œuvres, sauf pour s’amuser. Celle qui ressemblait à une petite fille à l’allure frêle et fantomatique se mit alors à tendre sa main prise à cette femme qui l’avait fait rire, une petite moue gravée sur son faciès. Il n’y avait pas assez de masques pour tous, mais, altruiste qu’elle était, Améthyn allait tout de même offrir son masque à cet homme qui s’était fait discret et qui semblait porter une attention toute particulière à la sécurité de cette fille aux cheveux de feu que la banshee ne pourrait jamais espérer voir.
— Je m’en ferais un après, ceux-ci sont des cadeaux pour vous. Bon, j’imagine que nous allons y aller, mais merci !
Commençant à faire volte-face d’un seul pied, la femme dans un corps de petite fille se heurta néanmoins à du fer. L’amure apposée sur le torse maigre du sorcier qui avait apprécié le spectacle en pouffant de rire avait presque assommé la clairvoyante – sans pour autant que le mage noir ne s’en inquiète – et celle-ci se retrouvait déséquilibrée. Siruu plongea ses mirettes jaunes dans les yeux vairons de cette femme venant du vaisseau amarré à côté. Des yeux comme cela… C’était propre aux orishas, même si quelques cas ne faisant pas partie de cette race avaient été recensés. Et si elle venait de bateau, la force maritime étant innée chez ce peuple né d’expériences sorcière, il était possible qu’elle fasse partie du gouvernement. Elle ne portait néanmoins aucun uniforme… Alors qui était-elle ? Il fallait rester prudent.
— Excusez-moi, je m’appelle Sir Juuka, je suis un magicien. J’ai une question à vous poser : auriez-vous déjà entendu parler de cette histoire de trésor de Rwanima ? Cela m’intrigue et moi et mon… assistante, celle qui « assistait » apparemment le masqué se mit à rire, comme droguée d’une euphorie soudaine, avons besoin d’informations.
Ce n’était pas un mensonge, il était bien à la recherche de renseignements, mais le disciple crépusculaire voulait surtout qu’elle se présente pour qu’il puisse connaître le probable danger qui se tenait en face de lui et c’était la raison pour laquelle il l’avait fait lui-même, se faisant passer pour un magicien et prenant le prénom qu’il endossait à l’époque. La politesse obligeait celle qui était probablement une orisha à répondre… Mais qu’allait-elle faire ?
Améthyn qui rigolait jusqu’alors se crispa quelques secondes après, quand elle se rendit compte de ce qu'elle venait d'entendre. L’ambiance était devenue bien plus terne et, pour ne pas la gâcher, elle se jeta dans les bras de cette lancière masquée. Mais cette fois, elle-même était tendue. Qu'allait-il se passer ?

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Vous ai-je parlé des réponses de cette femme aux cheveux de feu ? Non ? Imbécile que je suis. Alors je vais vous les conter. Elle semblait assez sûre d’elle quant à ce qu’elle appréciait, mais en apparence seulement, car la banshee put aisément lire que son interlocutrice était soucieuse et maussade au fond d’elle. Ne souhaitant pas l’ennuyer, Améthyn ne répondit donc à ses propos que par un léger sourire. Lilith, la pirate, se moqua aussi gentiment de son amie Jaagd, mais, là aussi, la clairvoyante ne trouva pas matière à rétorquer. Mais quand celle-ci sortait ses masques et les offrait à Azrael et son amie, ledit s’inquiéta un peu tandis que son alliée s’amusait juste de la situation, ironisant la situation. La fausse petite fille ouvrait alors juste grand les yeux, pantoise, devant cette discussion, sans jamais répondre à cette femme. Quelle était réellement leur relation ?
Mais vint un moment où le réprouvé, rassuré de la sûreté du masque, adressa la parole à la banshee. Il s’excusait… Mais de quoi ? Faut-il demander le pardon juste pour avoir été prudent ? Cet homme avait un étrange comportement.
— Mais de rien vous deux formez un joli couple, annonça-t-elle, un sourire aux lèvres sachant qu’elle savait que ce n’était pas le cas avant de regarder Azrael, je comprends ta prudence.
Lilith lui demandait de se détendre tandis que Siruu arrivait pour faire son monologue où, je vous l’ai dit, Améthyn s’était réfugiée contre Jaagd dans l’espoir vain que cette situation plus que gênante disparaisse.
Une certaine méfiance s’était emparée de Lilith, la clairvoyante le sentait grâce à ses dons qu’elle se devait d’utiliser avec parcimonie sous peine de se fatiguer. Néanmoins elle répondit plutôt courtoisement à l’allocution du magicien qui n’en était pas un avant de jeter un regard à cette femme masquée que le mage noir avait déjà croisée… Il n’avait pas pris en compte quelque chose dans cette équation : elle connaissait la nature de l’adepte des poisons, et celle qui était en train de subir l’étreinte de la petite fille qui n’en était pas une semblait stressée. « Quoi de plus normal ? », me direz-vous. C’est vrai. Le fait est que si elle disait la vérité, le disciple crépusculaire allait se faire étriper par un équipage en furie, car ils étaient peut-être aussi des orishas – du moins s’ils travaillaient en tant que corsaire pour leur gouvernement, ce qui n’était pas encore sûr.
Malgré sa politesse, elle tutoyait tout de même Siruu, sans en devenir cordiale, certes, mais l’on pouvait donc en tirer une conclusion : les jeux de courtoisie absolue à base « cher monsieur », ce n’était pas son genre. Lilith lui parlait donc de son but : elle cherchait elle aussi le trésor. Intéressant, non ? Cette femme aux yeux vairons en profita pour parler rapidement de son bateau, au cas où le sorcier dissimulé n’avait pas entendu sa discussion avec Améthyn où elle le citait. L’homme aux yeux jaunes mima donc la surprise avec sa voix, son visage s’étant rapidement figé dans une neutralité absolue à cause de son port quasi constant de masque.
— Un bateau ! J’adore la navigation ! Eh bien je ne suis effectivement pas un pirate, mais, vous savez… Le disciple crépusculaire reprit son souffle tandis qu’il réfléchissait vite à la suite de sa phrase : il était loin d’être le meilleur des comédiens donc ses excuses devaient être des plus logiques qui soit, je suis sur un envoyé du peuple des magiciens, sur une piste par rapport à ce trésor. Vous savez, il recèle certainement de nombreux objets, et les mages se doivent de protéger ceux-ci, afin qu’ils ne tombent pas entre de mauvaises mains. Ce serait déplorable si un sorcier réussissait à atteindre un des artefacts qui doivent certainement protéger d’une manière ou d’une autre l’épave du navire de Rwanima.
Reprenant une légère inspiration et se félicitant d’avoir réussi à improviser un tel mensonge, Siruu racla sa gorge avant de reprendre, pour ne pas laisser un temps de réflexion à cette femme afin qu’elle ne se doute de rien.
— Je précise que mes informations sont vérifiées : Rwanima était magicien avant de devenir sorcier et il fait partie de nos archives. Nos deux peuples sont au courant de cela et nous cherchons tous ce trésor, mais pour des raisons différentes. Un de mes confrères à affirmé avoir une hypothèse concrète quant à la localisation de l’épave, et.. Oh, je crains ne rien pouvoir vous dire de plus.
Il mentait. Rwanima, personne ne connaissait sa race à cette époque, et il y avait plus de chances qu’il soit réprouvé ou orisha que sorcier ou magicien, mais tant que les informations du mage noir n’étaient pas vérifiables sur le moment, il était crédible. Un expert à propos de la race en question aurait pu deviner la vérité, car le gouvernement magicien, comme n’importe quel autre gouvernement, n’autoriserait certainement pas à ses agents de parler d’affaires aussi confidentielles comme cela.
Mais, tant que le mage noir se faisait passer pour un gentil magicien naïf à la langue trop pendue, tout irait pour le mieux. Le disciple crépusculaire avait encore quelques idées de mensonges qui lui permettraient de s’en sortir, mais… est-ce que cette femme masquée qu’il avait rencontrée sur le rocher au clair de lune — et qui avait, avec lui, vécu mille-et-une péripéties qui poussèrent Jaagd à une méfiance et à un certain dégoût pour les actions meurtrières qu’il avait commises sous l’effet de sa propre magie avec Lema – allait dissiper ce mensonge et dire la vérité ?
Améthyn qui s’était un peu affolée respira fort et se décolla de la masquée, décochant un sourire qui, malgré sa sincérité, n’avait pour but que de détendre ces gens… Mais est-ce que cela allait marcher malgré ses efforts ?

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Siruu|Lilith & Azraël|Lilith & Jaagd

Lilith et son compagnon s'entendaient bien et une petite discussion entre eux deux s'imposa quand la banshee supposa qu'ils étaient en couple. C'était assez drôle, la façon dont ils se chamaillaient amicalement. Drôle et étonnamment contrasté avec l'ambiance que Siruu instaurait et que la pirate ressentait certainement. Améthyn aurait bien voulu fuir à ce moment, car tout cela n'augurait rien de bon. Quoi qu'il en soit, cette femme à la chevelure de feu se mit à parler avec le sorcier qui, lui, était en confiance. Elle semblait intéressée par ce qu'avançait le mage noir et lui proposa de parler à son capitaine qui traquait lui aussi le trésor. Une aubaine pour le mage du sang qui aurait donc des larbins pour ratisser la zone à sa place. Bien sûr, il lui faudrait ensuite se débarrasser d'eux, ce que risquait d'être compliqué, d'autant plus qu'il aurait certainement l'aveugle pour tenter de le dissuader avant même qu'il n'essaye – ses capacités lui permettant de deviner les désirs des gens. Il n'eut d'ailleurs pas à attendre longtemps avant que la concernée ne lui jette un regard noir.
La conversation aurait pu continuer directement si la lancière ne s'était pas déplacée pour se rapprocher de l'orisha. Elle qui était jusque là aussi solide et immobile qu'un roc… C'était troublant. Avait-elle peur ? Avec ce qu'avait fait Siruu sous ses yeux à cause de sa magie noire c'était possible, mais son regard disait le contraire. Elle fixait l'encapuchonné et semblait le défier, du moins c'est ce qu'il comprit. Celui-ci ne se priva pas pour lui renvoyer un regard innocent tout tournant légèrement sa tête. Il allait relever son défi. Il était totalement confiant, même si il ne savait pas pourquoi. L'avait-on ensorcelé ? Peut-être qu'une femme aux yeux vairons n'était pas innocente dans cette affaire.
Néanmoins l'adepte des poisons fut coupé dans ses pensées par Lilith qui n'hésita pas à le questionner, lui demandant s’il avait plus d'informations avant de faire une remarque sur ce qu'il dégageait comparé à la clairvoyante. Le mage noir prit ensuite la parole sur un ton innocent.
- Oui, nous nous connaissons. C'est étonnant, n'est-ce pas ? Nous avons l'air très différents et pourtant... Mais bon ce n'est pas le sujet. Vous voulez des informations ? Je crains ne pouvoir vous les donner, un faux temps de réflexion fut instauré par le sorcier et il reprit ensuite, feignant de bafouiller, mais vous semblez être une bonne personne et je pense pouvoir faire exception !
Le faux mage bleu avait réussi à bien jouer son rôle de magicien naïf pour cette fois, mais il lui fallait inventer une histoire et il n'avait pas le temps de créer toute une légende. Il n'y avait plus qu'une seule possibilité pour lui qui avait déjà attiré l'attention de tout le monde : s'inspirer de ce qu'il savait des ivrognes de Sceptelinost. Mais il lui fallait commencer par un contexte.
- Rwamina vivait à l'époque où les démons esclavageaient et tuaient les humains. C'était un magicien heureux, mais qui avait toujours ressenti du dégoût pour les races non magiques, et il fut blâmé quand il voulut aider les démons dans leur but de décimer les enfants de Sympan, le grand Dieu-Roi. S'isolant alors, il vécut en pirate et put voir Ludwig gagner de plus en plus d'importance, mais, même si au final, il ne participa pas au massacre, ses convictions et sa folie le firent sombrer peu à peu vers les sorciers. Là, il gagna vite de l'importance, car il avait, selon les légendes, développé un type de magie unique qui lui permettait de créer une barrière rendant invisible ce qu'il voulait tant que ça se trouvait à l'intérieur de celle-ci. Grâce à cela, il attaquait discrètement beaucoup de bateaux et il fut renommé pour être un pirate redoutable et richissime. Ses capacités augmentaient de jour en jour et il collectionnait les artéfacts légendaires. Mais un beau jour, son équipage, jaloux de n'avoir qu'une infime part des butins – ce qui représentait déjà beaucoup d'argent – se rebella. L'attaque fut rapide et destructrice. Le sorcier était pris au piège et, dans sa folie, il détruisit la coque de son bateau qu'il échoua près de ces plages. Au final, seul lui resta prisonnier des eaux et les flibustiers révolutionnaires quittèrent le navire dans la panique, dans le but de revenir chercher leur dû plus tard. Mais ils ne revinrent plus le bateau qui avait disparu. La vérité était que Rwamina aurait, avant de mourir, incanté sa barrière pour que personne ne puisse le voler. Mais cette année, le niveau de la mer est plus bas et nous sommes en période où la marée ne monte pas bien haut vers ici. Des gens pensent que c'est parce que le continent du matin calme risque de sombrer, mais c'est peu probable, n'est-ce pas ? Bref, il est plus probable que le navire soit émergé qu'immergé donc on peut tenter notre chance pour le trouver sans avoir à plonger.
Ce n'était pas très original, mais dans un laps de temps aussi petit il n'avait pas les ressources intellectuelles nécessaires à la création d'une histoire complexe. Après son allocution, Siruu put voir l'orisha l'inviter lui et les autres à la suivre et il avança. Arrivé au niveau de Jaagd, il tourna la tête avant d'empresser le pas pour se rapprocher de Lilith. Il la menaçait discrètement, pour provoquer cette femme masquée.

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La pirate accepta sans broncher l'histoire du sorcier, du moins en apparence. Elle montrait des signes d’intérêt envers la légende, quoi de plus normal pour une flibustière uniquement intéressée par l'argent, mais cherchant le trésor. Il ne devait pas tomber entre de mauvaises mains, Lilith ne saurait l'apprécier à sa juste valeur... selon Siruu.
Quand le groupe commença à s'approcher du bateau, le mage noir faillit mourir de peur d'être dévoilé, même s'il s'amusait à être proche de la protégée de Jaagd afin de la provoquer. Pour rendre la situation plus dramatique qu'elle ne l'était déjà, la jeune femme aux cheveux ardents appuyait plus qu'il ne l'était nécessaire sur sa question : quels étaient les liens qui l'unissaient à Améthyn ? Azraël essaya d'arrêter son amie, si c'en était bien une, mais elle n'en démordait pas : elle voulait savoir. L'adepte des poisons venait déjà de faire preuve d'une imagination sans pareille, donc il était bien trop usé pour réinventer toute une histoire. Mais, étonnement, c'est la banshee qui mentit à cette orisha, certainement pour protéger son ami et fils adoptif, aussi mauvais soit-il. Peut-être voulait-elle juste rigoler en inventant un mensonge aussi étrange et pourtant vraisemblable.
- C'est mon papa... Mais ce n'est plus la même chose depuis que lui et maman se sont séparés et... il ne s'entendent plus, annonça-t-elle avec toute l'émotion qu'il fallait y mettre, tout en dévisageant la masquée dans un regard qui signifiait beaucoup de chose.
Elle venait d'insinuer que Jaagd avait porté l'enfant de Siruu... enfant qui n'était autre qu'elle, selon son histoire. La discussion aurait pu continuer bien longtemps si cette demoiselle aux yeux vairons n'avait pu vu quelque chose qui l'avait troublée. Elle interpella la lancière avant de décider d'aller y jeter un coup d’œil, ce qui arrangeait bien Siruu qui, en plus d'être dans une mauvaise situation, venait de se rendre compte que son collier représentant Xaraxus, le Dieu de la tromperie et de la discorde, était toujours accroché à son cou, même s'il était caché par sa tenue. Il était dégoûté de devoir faire semblant d'être un adepte de Sympan... Cet autoproclamé Dieu-Roi devait disparaître. Il avait peut-être créé le monde, mais les personnalités de ses habitants étaient aussi diverses qu'il y avait d'aetheri représentant les notions présentes sur les Terres du Yin et du Yang... Un Dieu Unique n'avait pas sa place dans ce monde varié. Le sorcier regrettait presque cette époque où il n'était pas né, mais où "l'Unique" n'était pas revenu. L'ère du fléau des maudits lui aurait plu. Il aurait pu voler dans les ingrédients rapportés en masse quand la recette du remède au problème que représentait les sans-âmes avait été trouvée et, avec ceux-ci, créer bon nombre de poisons, potions ou autres breuvages.
Après avoir songé à cela, Siruu commença à courir vers l'étrange anomalie - qu'il avait observée grâce à l'indication de la pirate, après être passé très près de Lilith pour faire angoisser la masquée.
C'était ce qu'avait dit cet ivrogne au bar de Sceptelinost, ou au moins ce qu'il avait laissé supposer : la barrière n'était pas parfaite et ces particularités permettaient de localiser l'endroit. Il ne savait pas si on l'avait suivi, mais ce n'était pas son problème. Néanmoins, pour garder son personnage, il dut parler un peu.
- C'est ce que nous cherchions ! Cracha-t-il, la voix tremblotante.
Malheureusement, l'anomalie se dissipa après quelques secondes. Il devait continuer à scruter l'endroit où elle était s'était montrée, une autre étrangeté pouvant toujours apparaître dans les environs.

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