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 [Test VI-3] - Au poker, il faut savoir bluffer.

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Sam 14 Mai 2016, 15:54


[Test VI-3] - Au poker, il faut savoir bluffer.  517185Erzatest

Erza était entourée de deux femmes et d'un homme. Enfin, un homme, c'était beaucoup dire car, en réalité, il s'agissait d'un bébé ; celui qui passait aux yeux du peuple pour son fils et celui de Düst. Alicia était silencieuse, étudiant la situation d'un air perplexe. Illithya, elle, souriait. Ce sourire était énigmatique, de ceux qui laissaient percevoir que la Magicienne savait des choses mais qu'elle ne souhaitait pas les commenter. L'attrait du pouvoir était la particularité dominante de la famille Taiji et c'était justement à cela qu'elle pensait. Lorsque la Réprouvée avait fait savoir à Düst, à la fin de ses épreuves, que, finalement, elle ne souhaitait pas obtenir le trône, la jeune femme s'était alors dit que les choses ne tarderaient pas à changer. C'était le cas aujourd'hui. « Si les Réprouvés savaient que nous sommes mariés pour de faux, que l'enfant n'a rien à voir avec lui et moi... ». « Cela ébranlerait la confiance du peuple mais, ce que tu oublies, selon moi, c'est que les Réprouvés ne suivent pas Düst pour l'état de ses mœurs. Il était très mal aimé fut un temps mais depuis que ton père est venu entraîner les hommes en te faisant passer pour une idiote en commentant leur faiblesse, ça n'a fait que renforcer la popularité qu'il a acquis au fil du temps... ». « Mon père a tendance à être un poil mégalo. S'il tient tant aux Réprouvés, il ferait mieux de revendiquer son trône au lieu de se pointer tous les sept cent matins pour critiquer. Une partie de moi le respecte mais l'autre me fait penser que ce n'est qu'un pauvre type, un lâche incapable de prendre ses responsabilités. Il a peut-être fait de grandes choses mais je pense que ça a été surtout de la chance. Il a eu l'opportunité, point. Au final, le peuple est convaincu qu'il a été un grand roi mais, de mon point de vue, il a autant excellé dans sa royauté que dans sa paternité. ». Les paroles acerbes qui sortirent de la bouche de la jeune femme firent régner le silence un petit moment. Alicia était habituée à l'ambivalence de celle qu'elle côtoyait presque tous les jours. L'espionne était au service de la royauté et la Réprouvée parlait de régicide. Elle se trouvait dans une position inconfortable. Erza continua. « Je suis certaine, pour en revenir à Düst, qu'il savait très bien que je refuserai le trône. Il a fait en sorte de m'en détourner, comme un serpent malin, me laissant croire que j'avais le choix pour me faire revenir sur mes positions. Il s'est servi de moi pour asseoir sa position et je l'y ai aidé. Seulement, je ne suis pas faite pour être femme au foyer et, plus le temps passe, plus j'ai envie de le tuer. ». « C'est une très lourde décision. Tu ne devrais pas la prendre à la légère. Même en admettant que tu réussisses à tuer le Seigneur des Deux Rives, tu n'es pas sûre d'être à ton tour reine, Erza. Le peuple peut aussi se rebeller et le chaos peut s'installer. Vos terres sont vastes et tu es très loin de faire l'unanimité. ». « L'unanimité, ça s'obtient. » fit la Réprouvée en se laissant tomber contre la pierre de la fontaine sur laquelle elle était assise. Allongée là, elle contempla le ciel. « J'ai tout de même un passé plutôt avantageux. J'ai fait des choses pour mon peuple. Je ne me revendiquerai pas Reine par mon sang, mais si mon père a pu, en sortant dont ne sait où, simplement brûler le château de l'ancien roi et prendre sa couronne sans plus de cérémonie, je pense que je pourrai le faire aussi. Les Réprouvés admirent la force. ». « Et Düst l'est. ». « Düst est aussi fourbe qu'un Sorcier. Sa force est surtout de savoir manipuler les autres. Même mon père semble lui manger dans la main. ». « Je ne pense pas. ». « Bof, t'façon, il est reparti je ne sais où, faire je ne sais quoi. Comme d'habitude, ce n'est pas sur lui que je pourrai compter, que cela soit pour m'expliquer les choses de la vie ou pour m'aider à prendre le pouvoir. ». Erza se redressa, regardant Alicia dans les yeux. « Je sais que tu n'es pas d'accord avec mon idée et c'est ton choix. Tout ce que je te demande, c'est de te taire. N'oublie pas que tu as juré fidélité à mon père il y a de cela très longtemps. Tu n'es pas esclave de Düst et s'il est un roi apprécié aujourd'hui, tu sais très bien pourquoi. ». « Tu vas t'attirer son courroux. ». « Je me fiche de son courroux. Ma mère joue aux échecs, propulse des individus aux sommets comme elle se ferait un œuf au plat parce qu'elle s'ennuie de la politique et du pouvoir. Ses petits caprices vont bien cinq minutes. Si elle veut me punir, je l'attends. Seulement, je crois que ça l'arrangera. Elle n'a pas fait des enfants pour qu'ils restent dans l'ombre des puissants. De toute façon, ma décision est prise. Il ne me reste plus qu'à savoir comment je vais m'y prendre. ». Illithya était silencieuse, encore et toujours.

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Eerah
Æther des Bergers et des Wëltpuffs

Æther des Bergers et des Wëltpuffs
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Eerah
Dim 15 Mai 2016, 01:09

Pris d'une quinte de toux, Eerah jura et jeta son mégot. Il n'avait plus fumé depuis le début de la guerre, et ses poumons avaient eu le temps de s'habituer à un air sain et pur. Assis sur le balcon d'un petit chalet, situé à quelques kilomètres de Bouton d'Or, dans une forêt qui surplombait la vallée, il méditait, observait sans rien dire les rares lumières de la cité des Réprouvés en contrebas. C'était une nuit sans lune, une nuit nuageuse, et aucune lueur céleste ne venait éclairer les bois. Dans l'obscurité, ses yeux luisaient d'un gris perle, et on les voyait parfois se fixer intensément sur un point, puis dériver, lentement. Le cheminement qui l'avait amené à cet instant précis était chaotique et complexe, et mêlait aussi bien des sentiments aussi primaires que la jalousie à une stratégie politique et territoriale poussée. C'était pour cette raison qu'il avait encore du mal à déterminer si tout cela était rationnel ou non. Pour le Dædalus, il n'y avait rien de pire, rien de plus stupide et inutile que l'irrationnel. Une pensée qui n'était pas le fruit d'une réflexion, qui n'était pas basée sur une série de faits irrévocables, n'avait tout simplement aucune valeur. C'était comme disserter sur l'origine du vent ; ça ne pouvait jamais mener à rien, car les données qui auraient pu permettre d'étayer une réponse juste n'existaient pas. Seul, isolé, face à son dilemme et à ce qu'il impliquait, déterminer si oui ou non ce qu'il s’apprêtait à faire était logique n'avait rien d'aisé. Ses jambes pendaient dans le vide, se balançant doucement à rythme régulier, et ses mains, posées sur le bois humide, caressaient lentement la fibre organique. Il s'apprêtait à tuer un roi. Pas un héros, pas un tyran. Juste un roi. Il le faisait parce que c'était nécessaire, et c'était nécessaire parce qu'il n'avait pas d'autre solution. Cette simple constatation était loin de ce qu'il considérait comme « rationnelle ». Düst, le Seigneur des Deux Rives, ou plus simplement, le roi Réprouvé, méritait de disparaître. C'était quelqu'un d'intelligent et – le plus souvent – quelqu'un de juste, mais puisqu'il entravait les plans d'Eerah, il devait cesser d'exister, c'était aussi simple que ça. Tant qu'il serait là, Erza ne serait jamais sienne, et tant qu'il serait là, il…

Le roi Déchu baissa la tête. Tout le problème était là. Il n'avait pas d'autre raison réellement valable. Oui, les accords entre Déchus et Réprouvés seraient facilités si Erza devenait reine, oui, il avait vu ce que cet homme était capable de faire à une femme, et pour ça, il méritait ce qui allait lui arriver, mais tout cela était secondaire. Fade. La première raison n'était qu'un mantra, un leitmotiv qu'il se répétait en boucle depuis qu'il avait commencé à mettre son plan en place, pour ne pas se concentrer sur le fait qu'il faisait ça par… Amour ? Vengeance ? N'importe quel autre sentiment irrationnel ? Cela ne lui ressemblait tellement pas qu'il en avait fait des insomnies, à tenter de raisonner son comportement. Rien à faire. Et il en était là. Toutes les pièces étaient en place, et l'issue de la partie était déjà décidé, il n'avait qu'à donner le coup d'envoi. C'était d'une inéluctabilité affligeante, et il était sincèrement désolé pour celui que son plan ciblait, car il était déjà trop tard pour y faire quoi que ce soit. Alors pourquoi attendait-il encore ? Une fois que ce serait terminé, il n'y aurait plus de question à se poser, plus de dilemme à résoudre ? Il n'avait qu'à suivre son instinct, se laisser porter par le courant. C'était si simple. Donc pourquoi était-il encore là ? Il ne trouvait aucune raison de ne pas tuer Düst ; aucune raison de ne pas se lever, et d'aller accomplir sa sinistre besogne. Était-ce une bonne raison de le faire pour Erza ? Non pas de savoir si elle en valait la peine, car sans aucun doute, elle valait ça et bien plus. Mais pour autant, en avait-il le droit ? Des centaines et des centaines d'hommes en avaient été réduits aux mêmes extrémités, poussés dans leur retranchement par amour ou par stupidité, et lorsqu'ils avaient cédé à leurs pulsions, nombreux avaient été punis, emprisonnés, jugés, parfois tués. Lui savait que ce ne serait pas le cas. Il n'envisageait pas une seule seconde que quiconque puisse apposer la moindre résistance à sa volonté car il était trop tard. Il avait décidé que cet homme allait disparaître, alors à quoi bon ? Mais non ; lui ne serait pas puni. Il ne serait pas jugé, il ne serait pas tué. Pourquoi ? Parce qu'il était roi, parce qu'il était intelligent ? Parce que sa cause était plus juste que celle d'autres ? Ou n'y avait-il aucune raison ? Aucune logique, aucun élément rationnel qui justifierait cela ?

Alors il se leva. L'humidité de la nuit avait imprégné sa tenue, l'avait alourdi. Sur ses épaules le poids de la détermination et du doute. Il regarda une nouvelle fois la cité, cilla. Le doute se dissipa, la détermination se fit plus lourde encore. Ce soir, un roi allait disparaître. Le reste, il s'en soucierait en temps voulu.

864 mots.


[Test VI-3] - Au poker, il faut savoir bluffer.  GqzDWY

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Ven 03 Juin 2016, 18:53

« AAH ! » cria Erza avant que son épée ne s'abatte sur une mannequin en bois qui vola à quelques mètres de là, coupé en deux. Elle avait quitté les deux autres femmes, laissant Azaël en compagnie de sa grand-mère. Elle devait réfléchir, se concentrer sur ce qu'elle allait faire. Il lui fallait un plan et quoi de mieux que de s'entraîner pour que ses neurones se connectent ? Le soucis c'est que les pantins d'entraînement ne lui avaient jamais énormément résisté. Sa force était à la fois un atout et un désavantage. Elle était incapable de douceur. Cependant, sur un champ de bataille, elle faisait des ravages. Ce qu'elle souhaitait, c'était être Reine. Elle rendrait à son peuple sa gloire passée, surpasserait son père et conquerrait d'autres territoires. Elle annihilerait les Démons et les Sorciers d'une manière ou d'une autre et rétablirait les règles. « AAH ! » répéta-t-elle en expirant correctement. Tout n'était qu'une question de respiration... et de souplesse. La souplesse, c'était l'un de ses plus gros problèmes mais elle travaillait cette faiblesse régulièrement, espérant qu'un jour elle soit capable de se déplacer rapidement et discrètement malgré sa masse musculaire et sa force. En attendant, lorsqu'elle chargeait, elle faisait plutôt l'effet d'un taureau, ce qui en impressionnait plus d'un. La Réprouvée s'arrêta, regardant en direction d'un gros rocher. Le bruit avait été significatif, bien qu'elle ait senti ce qu'il s'était passé avant d'entendre quoi que ce soit. Elle avait cassé la poignée de l'épée avec laquelle elle s'entraînait, la lame virevoltant dans les airs jusqu'au rocher dans lequel elle se planta comme dans du beurre. « Hum. » fit la jeune femme avec une mine décontenancée. Elle amena sa main en face de son visage, admirant les dégâts avant de lancer la poignée derrière elle d'un mouvement désinvolte qui aurait pu assommer quelqu'un. Elle s'approcha du rocher, examinant la situation. Quiconque essaierait de retirer la lame se blesserait, sans aucun doute. Elle se mit à ricaner, ayant soudain l'idée d'un jeu.

Quelques longues minutes plus tard, une queue se dressait devant la lame plantée. Les règles étaient simples : elle offrirait à boire jusqu'à la fin de sa vie à quiconque arriverait à retirer l'arme du rocher sans user de magie et sans abîmer ledit rocher. Pendant que les prétendants se bousculaient, elle réfléchissait toujours à comment prendre le trône à Düst. Elle doutait que s'autoproclamer l'élue des Ætheri fonctionnerait, surtout qu'elle doutait que ces derniers la soutiennent. Empoisonner le Roi risquait d'être compliqué, le tuer encore plus. Elle ne pouvait pas s'en charger elle-même mais, d'un côté, si quelqu'un d'autre le faisait, il pourrait se faire proclamer souverain. De toute façon, à y réfléchir, si elle souhaitait garder l'illusion du mariage, en finir avec la vie de Düst était tout bonnement impossible. Les lois de l'union réprouvée étaient sans appel. Si l'un des époux mourrait, l'autre souffrait tellement qu'il ne pouvait plus vivre décemment. Elle devait donc trouver un moyen de se débarrasser du Seigneur des Deux Rives et du mariage. Seuls les Ætheri, encore une fois, pourraient le dissoudre... Il faudrait une mise en scène, forcément. « Raa ! » pesta-t-elle. Les choses étaient complexes et elle n'aurait pas de deuxième chance. Soit elle réussissait à faire croire au peuple ce qu'elle voulait et à obtenir le soutien de celui-ci, soit elle échouait dans son entreprise d'une manière ou d'une autre et se retrouverait bannie sans plus de cérémonie. La popularité actuelle du Souverain était trop forte pour qu'elle puisse le rouler dans la boue en peu de temps. Le problème c'est qu'Erza était tout sauf patiente. Elle avait des idées, même celle de provoquer délibérément une guerre en espérant que Düst se ferait tuer ou... capturer. « Hum... ». En admettant qu'il disparaisse purement et simplement, il faudrait bien, à un moment donné, que le peuple choisisse un nouveau Roi. Elle n'avait pas besoin de le tuer en réalité, juste de l'entraîner quelque part, de faire en sorte de le neutraliser d'une manière ou d'une autre, de réussir à l'enfermer et de revenir, blessée si possible, annoncer la mauvaise nouvelle. Il lui suffirait d'accuser les Sorciers ou les Démons pour que les choses s'enveniment et qu'elle obtienne deux des éléments qu'elle souhaitait.

« Bon... c'est pas tout ça, mais j'ai des choses à faire ! » déclara-t-elle à la foule. « Appelez-moi si jamais l'un de vous réussit. Et ne trichez pas... les tricheurs vous savez ce qu'il en advient. ». Souvent, on leur coupait la main.

754 mots
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Eerah
Æther des Bergers et des Wëltpuffs

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Eerah
Mar 05 Juil 2016, 00:22

En meurtre comme en danse, il y a un couple, et un échange qu’il est très malpoli de briser. On avance un pas tandis que l’autre recule, on bouge son bassin en fonction des épaules de son partenaire ; bref, on se fond dans la vague créée par le mouvement de son partenaire. Eerah, pendant plusieurs jours, s’était laissé guider, emmener. Il avait suivi chaque allée et venue du souverain Réprouvé, il noté ses schémas, avait observé chaque habitude, chaque rite auquel s’adonnait Düst. En meurtre comme en danse, il y avait un temps pour tout, un temps pour mener, un temps pour être mené. C’en était fini de se laisser porter, c’était à son tour de prendre les choses en main, de faire se plier le Roi à son pas. Son plan était prêt, la piste de danse était bâtie sur mesure pour leur valse, et il avait fait venir son propre orchestre. En meurtre comme en danse, il fallait bien mettre fin à l’échange, et ce moment était arrivé.

Les pieds nus du Déchu ne firent pas le moindre son lorsqu’il se posa sur la terrasse qui donnait sur la chambre du Seigneur des Deux Rives. Il s’était laissé planer lentement depuis le haut des remparts, et dans la nuit, son vol n’avait pas été plus bruyant qu’une petite brise d’été. Dans son sillage, il ne laissait que deux gardes endormis, qui se réveilleraient dans quelques heures, avec la conviction d’avoir un peu trop forcé sur la bouteille. Ils apprendraient la nouvelle plus tard, et craignant pour leur vie comme pour leur poste, ils ne diraient rien. Le Dædalus s’était changé avant de partir à l’assaut de la ville Réprouvée ; il portait un débardeur noir moulant, un pantalon noir qui lui collait à la peau, et il avait ôté toute breloque de ses cheveux qui aurait pu tinter par mégarde. Plus de bagues, plus de collier, pas de couteau, rien d’autre que lui, son esprit et un peu de tissu couleur de nuit. Ce genre d’attaque silencieuse lui rappelait ses années en tant que Garde, lorsqu’il officiait les nuits sans lune, exécutant les ordres les plus discutables et les missions les moins éthiques. Il retrouvait ses sensations si particulière, l’observation, l’attente avant de fondre sur sa cible. Alors qu’il se tenait perché sur le balcon, ses ailes encore apparentes, et qu’on ne voyait de lui que ses pupilles luisantes, il donnait une impression de rapace nocturne si prenante qu’on aurait pu imaginer l’ombre de Kinath l’accompagnant.

Les plumes bruissèrent alors que ses ailes se repliaient, pour disparaitre dans son dos. Il faisait chaud ce soir, et comme chaque fois que la température devenait un peu trop élevée à Bouton d’Or, Düst laissait la porte vitrée de sa chambre ouverte. Avant d’entrer, il s’assura que la respiration du Roi était calme et régulière. Il dormait ; comme à son habitude, tourné sur le côté, visage en direction du mur, pour ne pas être gêné par les lumières de l’extérieur. Se mouvant comme une ombre, Eerah se dressa à côté du lit, son regard posé sur le Réprouvé sans défense. S’il avait eu un couteau, peut-être aurait-il pu lui trancher la gorge ainsi. Mais quelle façon inélégante de parvenir à ses fins. Pendant une longue minute, il se tint là, immobile, à réfléchir une dernière fois aux tenants et aux aboutissants de ce qu’il s’apprêtait à faire. Ce n’était plus le moment, mais il ne pouvait s’en empêcher. Doucement, il amena sa main à quelques centimètres du crâne de l’homme endormi. Il n’avait pas besoin de le toucher pour ça, mais ce petit tour demandait une concentration telle que se focaliser sur un lien imaginaire entre sa paume et l’esprit du roi ne pouvait que l’aider. Comme une araignée, il commença à tisser la cage qui maintiendrait Düst à l’écart du monde, pour toujours.

645 mots.


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Mar 13 Sep 2016, 11:45

Erza tapa le fond de sa chope sur la table. Elle avait tout vidé d'une traite pour oublier son impossibilité à trouver un plan judicieux qui la ferait se débarrasser de Düst de façon discrète. Légèrement enragée, elle en oubliait parfois pourquoi elle voulait éliminer son soi-disant mari. Enfin... tout était relatif. Il s'était servi d'elle pour asseoir sa renommée et sa mère l'y avait aidé. Elle-même avait contribué gentiment. Seulement, elle le trouvait illégitime. Elle soupira pour la énième fois. Elle avait pris sa décision il y a peu et, pourtant, elle doutait des justifications de cette dernière. N'avait-elle pas simplement envie d'être Reine et n'était-elle pas en train de se trouver toutes les raisons du monde pour donner du poids à ses futurs actes ? Dans son fauteuil en peau – que les Réprouvés lui avaient dévolu – sa mine était assez noire que celle d'un homme qui venait de perdre cent batailles sans que jamais la victoire ne daigne montrer ne serait-ce que le bout de son nez. « Tu devrais sourire, il paraît que ça fait des rides de faire la gueule. » fit l'un des Réprouvés qui se trouvait là, sa chope encore dans la main. Cet homme était une montagne mais, sérieusement, elle ne lui donnait pas dix ans. Il se levait aux aurores pour travailler dans les champs mais venait tous les soirs à la taverne. Il devait dormir deux heures par nuit. Pourtant, il n'avait ni cerne ni aucune autres traces qui auraient montré sa fatigue. Erza était certaine qu'il la battait au bras de fer et, pourtant, elle n'avait jamais vu un homme aussi gentil. Il était doux comme un agneau, toujours là pour remonter le moral des âmes égarées ; comme elle quoi. Elle sourit dans un rictus qui annonçait déjà la couleur de sa réponse. « Je crois que tu t'es perdu, la Citadelle Blanche c'est pas ici. ». « Ouais je sais. D'ailleurs, avec ton sens de l'orientation légendaire, j'attends de toi que tu me guides jusqu'à elle. ». « Vas en Enfer ! » ragea-t-elle. Il passa sa main dans ses cheveux, souriant toujours de toutes ses dents. Après un moment de réflexion, il alla chercher un tabouret, s'asseyant dessus, le bois craquant sous son poids. « Quand tu seras Reine, pense à investir dans des meubles plus solides. J'en ai déjà cassé sept. Bon... d'accord, le cinquième c'est parce que je l'ai envoyé sur un p*tain de Sorcier qui croyait qu'il puait pas à des kilomètres à la ronde. Qu'est ce qu'ils sont cons ceux là... ». « Ouais t'as raison... Attends... Quoi ? ». Elle venait de capter ce qu'il avait dit au début, faisant signe au tavernier d'amener deux nouvelles pintes. Il se pencha en avant avant de lui faire une pichenette sur le nez. « À d'autres hein. Peut-être que les Réprouvés de Stenfek sont trop coincés pour voir la vérité mais à Bouton d'Or, tu ne vas pas nous la faire. Je sais que tu veux être Reine. Tout le monde t'observe depuis quelques jours à tourner en rond comme un poisson dans son bocal. Et puis, on sait aussi que t'es pas vraiment mariée à Düst... et que le gamin n'est pas le tien. Faut pas abuser. Il n'aurait jamais pu sortir de ton vagin tellement t'es musclée, gamine. ». Erza fit la grimace. « Je suis plus vieille que toi, morveux. » répondit-elle. « Tu devrais parler à Düst. Je ne sais pas pour ceux qui sont à la capitale mais à Bouton d'Or, on est avec toi. À Sceptelinôst, de toute façon, ils sont tous drogués. Ils ne s'opposeront pas à un changement de royauté ; ça se trouve ils le sauront même à la prochaine ère tellement ils sont à l'ouest. ». Il rit d'un rire puissant qui prouvait amplement qu'il se moquait complètement de ce qu'il se passait en dehors de Bouton d'Or. « Vas lui parler et s'il veut pas te laisser le trône... tues le. Facile. On est pas chez les Anges ici. On ne fait pas de politesse. Par contre, fais gaffe, poussin, quand tu seras Reine, il se peut que je vienne essayer de prendre ta place. ». « S'il faisait ça, ce serait la catastrophe assurée... » fit sa femme en apparaissant. Elle le tira par les oreilles afin de l'amener se coucher. « Ça fait longtemps qu'on a pas baisé donc je le réquisitionne. Je vais finir par redevenir vierge si ça continue. ». « On l'a fait à midi ! » « C'est bien ce que je disais : une éternité. »

Erza resta encore un peu à la taverne, pesant le pour et le contre. Avait-elle besoin d'une raison pour tuer un homme ? Après tout, ils étaient peut-être mi-Anges mi-Démons mais elle pouvait amplement choisir d'utiliser une tactique démoniaque. Le Roi est mort, vive le Roi en somme. Si Bouton d'Or la soutenait, il ne resterait plus qu'à jouer la carte de l'entourloupe pour Stenfek et Sceptelinôst. S'ils se révoltaient, elle les calmerait à coup de hache. Qui a dit qu'elle serait une Reine bénéfique ? Personne. Elle finit par se lever et par entrer dans la chambre de Düst. « Nan mais tu fous quoi là, toi ? » fit-elle en voyant Eerah. Il avait dû deviner que c'était elle. Elle n'était pas venue discrètement. Son arme en main, c'est qu'elle faisait presque peur de nuit. Seulement, elle se demandait bien ce que le Dædalus faisait avec le Seigneur des Deux Rives. « T'es son amant, c'est ça ? » s'amusa-t-elle, une partie d'elle-même ne pouvant pourtant jeter l'hypothèse à la poubelle de son cerveau.

946 mots
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Eerah
Æther des Bergers et des Wëltpuffs

Æther des Bergers et des Wëltpuffs
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◈ YinYanisé(e) le : 20/07/2013
Eerah
Mer 30 Nov 2016, 01:35

Le Déchu murmura quelques mots, et le tas informe de vêtements et de biens se dématérialisa pour aller s’inscrire à l’encre sur les pages d’un petit carnet vierge. Les affaires de Düst devaient disparaitre ; comme s’il avait fui. Il laissa quelques breloques sans importance, mais pris soin de prélever tout ce qu’un homme comme lui aurait pu décider de prendre avec soi s’il voulait s’éclipser. Quelques bijoux, une gravure, une ou deux lettres. Rien de plus, rien de moins. Il avait suffisamment enquêté sur des « disparitions » de mari aimant pour savoir ce qui avait tendance à « disparaitre » avec eux. Quelqu’un de suffisamment intelligent pour remarquer cela mais de pas assez futé – ou paranoïaque – pour imaginer qu’il ait été effectivement enlevé passerait certainement par-là pour tirer l’affaire au clair. Pour autant, Eerah ne s’en remettait pas au hasard. Il savait d’ores et déjà quel garde irait inspecter la chambre du roi, quel juge prendrait l’affaire en main : il les avait tous programmés pour qu’ils sachent comment agir si son plan se concrétisait. Et maintenant qu’il en avait fini avec la scène, il lui restait un dernier acte à jouer, et le personnage principal s’apprêtait à passer la porte dans quelques secondes, arme à la main. C’était également le moment qu’il appréhendait le plus car malgré tous ses calculs et ses prévisions, Erza demeurait un élément imprévisible, un nœud à l’origine de trop de branches pour que son arbre des possibles puisse le supporter. Il se tint derrière le lit défait, non loin de la fenêtre. La porte grinça un peu, et sans discrétion, la Réprouvée fit son entrée, forme sombre inquiétante dans la pénombre.

Sans se départir de sa fougue habituelle, elle lâcha quelques mots ; et il senti à sa voix que sa présence ici n’était pas désirée. Il ignora sa deuxième remarque : « Je regrette d’avoir à t’annoncer ça, mais ton fiancé n’est plus. ». Ne surtout pas lui laisser le temps d’en placer une ; il marqua une infime pause, et continua. « Le trône te reviens à présent, comme tu le souhaitais. ». Un silence s’installa, et il la fixa intensément. Le problème était également de savoir ce qu’ils devenaient à partir de cet instant. Il voulait l’avoir pour lui ; en faire sa femme et en terminer une fois pour toute avec le doute et l’hésitation. Mais Erza était un électron libre, et bien moins bête que ce qu’elle voulait bien montrer. Elle pouvait décider, en tant que probable future souveraine du peuple Réprouvé, de le faire condamner pour régicide. Bien évidemment, il ne se laisserait pas attraper, et le tout pourrait se terminer en guerre. Mais ce n’était pas dans son intérêt.

Il s’approcha d’elle, gardant malgré lui une voie dégagée vers la porte fenêtre, jusqu’à être devant elle. « Je n’attends pas de toi de reconnaissance, je n’attends pas de toi que tu me rende la pareille. ». Doucement, Eerah effleura la lame de son arme, puis glissa le doigt jusqu’à sa joue. « Je veux que tu sache que je serai sans pitié avec ceux qui t’approcheront comme l’a fait cet homme. Je veux que tu sache qu’à l’instant où je suspecterai quelqu’un de te dérober à moi, je saurai faire preuve d’une violence qui n’aura d’égale que le sang-froid avec lequel j’abattrais ma vengeance. ». Un fin sourire brisa son masque théâtrale : il savait qu’elle n’était pas impressionnée par les tirades dramaturgiques ; l’agacer faisait aussi partie du jeu. « Tu m’as dit un jour que pour t’avoir, je devrai tuer un roi. Tu m’as également dit que tu étais ambitieuse. Eh bien, un roi est mort, et maintenant, plus rien ne se dresse entre toi et la couronne. ». Le déchu s’avança jusqu’à être à quelques centimètres d’elle : « À nous deux, nous pourrions diriger ce monde. Tuer ceux qui s’opposent à nous. Convaincre les autres. ». Puis il fit un pas en arrière. « Ou nous pourrions nous contenter de diriger jusqu’à ce qu’on nous tue, ou qu’on nous mette à la porte. Dans un cas comme dans l’autre… ». Il tomba le genou à terre, et leva la tête. « Erza Taiji Stark, veux-tu m’épouser ? ».


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Mer 30 Nov 2016, 12:13

Erza plissa les yeux et resta un instant silencieuse en fixant les draps défaits du lit de Düst. Comment ça, il était mort ? Où était le corps ? Cette histoire ne lui plaisait pas beaucoup, surtout qu'elle venait de décider quelques minutes plus tôt de le tuer elle-même. Elle n'aimait pas trop que l'on remette ses plans en considération. Elle n'en faisait déjà pas beaucoup alors si en plus tous ceux qu'elle faisait tombaient à l'eau... « Mouais. » fit-elle en fixant un peu la pièce. Elle suspectait le Dædalus d'avoir préparé sa popote dans son coin et de lui cacher des choses. Était-ce lui qui avait tué Düst ou était-il venu uniquement pour lui annoncer la nouvelle en prévoyant qu'elle viendrait ici ? C'est ça qu'elle n'aimait pas avec le type « jeu d'échec », c'est que ceux qui étaient ainsi avaient une fâcheuse tendance à tout prévoir et, en plus de ça, ce qui était énervant au plus haut point, à avoir raison. « Mouais. » répéta-t-elle tout en abaissant un peu sa hache. Et dire qu'elle devrait attendre qu'un foutu Sorcier mette les pieds à Bouton d'Or pour trancher la tête de quelqu'un. « Mouais mouais. » répondit-elle a ses répliques chevaleresques comme si, finalement, elle avait décidé de ne plus changer de refrain. Elle réfléchissait, les sourcils froncés, à la situation. Où était le corps, bon sang ! Elle attendit un instant puis finit par regarder le Roi des Déchus. Ils se connaissaient depuis longtemps maintenant. Elle savait qu'il avait forcément quelque chose en tête et il savait qu'elle n'était pas aussi bête qu'elle n'y paraissait. Leur relation ne pouvait en devenir que complexe et étrange. « À ce que je vois, fumer le calumet au conseil des chefs ça ne vous a pas trop rapproché. ». Elle se mit à sourire et le laissa finir. Ils allaient devoir discuter, au delà des considérations qu'ils avaient l'un pour l'autre et des plans d'avenir machiavéliques. Et puis, ce n'était pas comme s'ils n'avaient pas déjà évoqué ensemble le fait qu'elle pourrait éliminer Düst. Seulement, elle n'aurait pas cru Eerah capable d'en venir à de telles extrémités...  La sagesse cachait sans doute parfois la folie. Ça aurait pu faire froid dans le dos à n'importe qui. Pas elle. Elle voyait trop souvent des Réprouvés d'ordinaire doux comme des agneaux sombrer dans une rage destructrice, ou l'inverse.

Lorsqu'il se mit à genoux, son sourire s'agrandit. Elle lui avait déjà dit non, deux fois. Voilà qu'il remettait le couvert. Elle se mit à rire avant de se laisser tomber en face de lui, sur les fesses. Elle aurait du mal à se relever mais tant pis. Croisant ses jambes dans un bruit sinistre d'articulations mécontentes, elle resta un instant comme ça, se balançant gentiment de droite à gauche. À force de voir Azaël se comporter de la sorte, elle avait fini par essayer et trouvait, en définitive, l'exercice plutôt relaxant. Elle réfléchit un instant. Le problème c'est qu'elle essayait toujours de se montrer forte, surtout envers Eerah. Elle le connaissait bien. Il l'avait vu dans des états pitoyables et elle ne voulait pas qu'il pense qu'elle n'était qu'une fillette désœuvrée. Le fait est que s'ils envisageaient d'aller plus loin dans leur relation, les choses changeraient sans doute. D'un côté, elle ne se voyait pas femme au foyer. De l'autre, cela n'avait pas l'air d'être ce qu'il cherchait. Elle se demandait bien ce qu'il lui trouvait. « Généralement, quand un chasseur va chasser et qu'il tue un animal, il ramène son cadavre comme trophée. ». Elle sourit, amusée. « Mais bon, un cadavre de roi ça fait plus tâche qu'un cadavre de sanglier. ». Elle ne disait pas ça pour rien. Derrière sa remarque, se logeaient de sacrés doutes. Elle inspira puis finit par décréter : « Je ne vais pas te demander de me montrer le corps. De toute façon, du moment que je n'entends plus jamais parler de lui, ça me va. Les Réprouvés de Bouton d'Or me soutiennent. Ce sont les autres qui risquent de grincer des dents ; alors j'espère que t'as un plan plus impressionnant que tes demandes en mariage successives. ». Elle ricana, légèrement moqueuse. Dans le fond, ce qu'il avait dit lui avait plu. Elle n'allait juste pas le lui montrer. Il était assez grand pour savoir. « À propos de ça... On va dire que, pour l'instant, j'accepte. ». Derrière son air renfrogné, il y avait quelque chose de brillant, d'heureux. Elle ne sauterait jamais de joie comme toutes ces filles cucul la praline. En réalité, parfois, elle aurait bien aimé mais elle avait un rôle à tenir. Elle était Erza, la Réprouvée mal lunée qui mange du saucisson et boit de la bière, pas Erza, la fille sentimentale qui pleure dès qu'on lui fait une demande en mariage. « Par contre, si tu comptes rendre ça officiel, faudra que tu fasses plus que de réparer deux ou trois moulins. ». Les Réprouvés n'aimaient pas les étrangers. Ils les acceptaient quand ils s'en montraient dignes mais il fallait un certain temps d'adaptation. « Et puis, une fois que je serai reine et qu'on sera marié, on pourra envisager d'envahir le monde, oui. » fit-elle en plaisantant, plus ou moins.

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Eerah
Æther des Bergers et des Wëltpuffs

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Eerah
Jeu 01 Déc 2016, 22:59

Dieux qu’elle aimait le faire mariner. Il observa, attentif, les divers éclats qui traversaient le regarde la Réprouvée. Elle doutait, et cela ne le surprenait pas. Toutefois et même s’il avait laissé transparaitre un signe de tromperie, le résultat était le même : Düst n’était plus. Que son corps soit occupé par un esprit neuf, qu’il se mette à la poterie dans une contrée si reculée qu’il y avait de fortes chances pour qu’on efface son nom des livres avant que quelqu’un qui le reconnaisse lui tombe dessus, ce n’était finalement que du pareil au même. Mais il voulait qu’elle le croie mort, simplement pour la placer dans une position de force au sein de son propre gouvernement. La toile qu’il tentait de tisser était à trois étages. Il lui fallait d’abord que les généraux et les haut-gradés soient persuadés que leur roi avait fui ; c’était autant le décrédibiliser que renfoncer l’appui qu’ils seraient à même de porter à leur nouvelle souveraine. Le peuple lui devait bel et bien le croire mort. Les théoriciens du complot, plus nombreux que jamais à une époque aussi sombre, avaient tant pour particularité de sauter sur chaque fait étrange que d’être relativement incohérent dans leurs recherches. Il fallait leur donner un os à ronger. S’ils venaient à apprendre de la part des autorités que Düst s’était enfui, le mot passerait rapidement, révélant une fausse vérité : en réalité, il avait été assassiné ! Connaissant les Réprouvés, ils mettraient sûrement ça sur le dos d’Erza, et elle n’en gagnerai que plus de respect. Quel peuple fascinant, tout de même. Suffisamment raffiné pour disposer d’un modèle politique, mais également assez direct pour croire en la force et la détermination. Alors lorsqu’elle lui demandait s’il disposait d’un plan, on peut dire qu’elle était loin du compte. En réponse à toutes ces questions, il sourit doucement, mais resta muet. À trop s’expliquer, on ne fait que soulever plus de questions ; au demeurant, elle n’avait pas l’air particulièrement contrariée, il estimait donc avoir fait mouche.

Son genou commençait à le faire souffrir quand elle se décida enfin et, un sourire franc et ravi sur le visage, il se laissa choir au sol de la même façon qu’elle l’avait fait. Leurs regards s’étreignirent et il vit dans ses yeux le même sentiment qui le prenait à cet instant, un bonheur simple et certain. Oh, elle ne pleurerait pas de joie ni ne sautillerai partout en hurlant « Oui ! », mais il savait la valeur qu’avait son regard et il le savourait. Un long moment passa alors qu’il se contentait de la regarder. Comme s’il la découvrait pour la première fois. Il prit sa main et ferma un instant les yeux. Sous ses paupières, un fin trait de lumière filtra, et de l’énergie magique glissa de ses tempes à ses mains, presque perceptible. Il tissa un sort tel qu’il en faisait rarement, unique et complexe. Quand il rouvrit les yeux, une bague trônait sur chacun de leurs annulaires. La sienne était faite d’un métal sombre bleuté, fluctuant, sa texture changeait parfois ; lisse, rugueuse ou douce comme du feutre. Celle d’Erza était semblable à la roche, rouge et flamboyante, on aurait dit qu’elle s’alimentait d’un magma tourmenté. Satisfait, il expliqua : « Elles n’existent pas sur le plan physique. En d’autres termes, personne d’autre que nous ne peux les voir, ni les toucher. Elles ont le poids, la chaleur et la couleur que tu voudras bien leur donner. ». La plupart du temps, il détestait avoir à s’enchanter lui-même. Il ne savait pas combien de fois il l’avait fait, peut-être s’était-il implanté des réflexes conditionnés et effacé la mémoire ; mais cette fois, il était plutôt content de pouvoir le faire. Une illusion permanente telle que celle-ci l’avait un peu vidé de son énergie, mais on ne se fiançait pas tous les jours. Il joua avec l’anneau distraitement, et reprit : « Je travaille sur quelque chose en ce moment, quoi pourrait bien m’aider à gagner un peu du respect des tiens. ». Il leva un œil sur elle et sourit. « Tu pourras peut-être m’y aider, tiens ! ». Puis d’un geste de la main, il repoussa cette idée de domination du monde à plus tard. « Il ne va pas s’enfuir, et je compte bien profiter de ma lune de miel. Disons que ça sera l’occasion d’un cadeau pour ton anniversaire ; le monde, c’est pas si mal, non ? ».

En se redressant, il prit ses mains et l’aida à se relever. Il faisait toujours nuit et la température n’avait baissé que de quelques degrés. « Et maintenant ? Où est-ce que tu veux aller ? Les coups d’état, ça creuse, on pourrait peut-être aller manger quelques fraises dans un coin tranquille ? ». Ou s’occuper d’une autre manière. De toute façon il n’avait pas de fraises.


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Sam 28 Jan 2017, 10:10

Erza fixa la bague imaginaire qui était fixée à son doigt. Elle n’était pas dans une terre où la magie avait beaucoup de partisans. Elle-même pensait plutôt comme son père à ce sujet ; du moins, ce qu’elle avait entendu dire qu’il pensait. Cela dit, de plus en plus, elle glissait vers une possibilité plus stratégique. Et si elle développait la magie qui était en elle ? Sa mère en avait toujours eu énormément alors la chose ne serait sans doute pas difficile. Elle ne serait pas obligée de le crier dans toutes les chaumières mais, cette magie, pourrait l’aider par la suite dans n’importe quelle situation. Elle n’était pas dupe, même si les Réprouvés étaient éternels, elle imaginait qu’à un moment, l’esprit vieillissait quand même. Peut-être que son esprit ne souhaiterait plus foncer dans le tas et prendre les risques qu’un combat au corps à corps importait. « Le respect des miens ? Bof tu sais… ». Non en vrai, s’il pouvait y arriver, ça arrangerait grandement beaucoup de choses. « C’est vrai que Stenfek est une ville assez ouverte sur le monde extérieur mais Bouton d’or… Encore heureux que tu ne sois pas un Ange ; t’aurais déjà été décapité depuis le temps. ». Elle fit un petit commentaire plus bas, un sourire amusée apparaissant sur ses traits. « C’est vrai qu’un Réprouvé qui lance sa lame à toute vitesse, ça coupe comme dans du beurre… ». Il y avait quelques temps, un jeu macabre avait vu le jour à Bouton d’Or. Quand il s’avérait qu’un maléfique – un Démon ou un Sorcier – se perdait sur le territoire, les adolescents jouaient à celui qui arriverait à lui trancher la gorge par surprise en premier. Une vraie compétition où le vainqueur était porté en héros jusqu’à la taverne.

La Réprouvée fixa un instant le Déchu. « Une fois que je serai Reine, on se prendra des vacances où tu veux. En attendant, notre coup d’État n’est pas terminé. ». Elle se mit à sourire, présageant déjà la pique qu’elle allait lui envoyer ; une pique gentille, bien entendu. « T’as troqué l’Envie contre la Paresse ou bien ? T’aurais pu au moins choisir la Luxure à la place. Quoi que… à ce qui paraît, les Déchus de la Luxure le font même avec des chèvres. Ça doit être particulier quand même… ». Plaisanter était toujours une bonne chose lorsque l’on s’apprêtait à prendre le contrôle de toute une nation. Erza savait que les Réprouvés de Bouton d’Or la soutiendraient quoi qu’il se passe et quoi qu’elle dise. Düst avait été un bon Roi mais il avait menti à bien des égards et il était trop laxiste pour le peuple. La jeune femme se leva et alla dans la cuisine pour dégoter de quoi manger. Il faisait nuit et ils avaient plusieurs heures devant eux pour établir un plan précis et clair. Quelques saucissons étaient suspendus là. Elle en prit un, se munit d’un couteau à la lame aussi affûtée que possible et posa une question rhétorique : « Vin ou bière ? ». À peine avait-elle finis qu’elle était déjà en train d’attraper une bouteille de vin et un pichet de bière. Pas besoin de verre.

De retour dans la chambre où le Souverain Réprouvé n’était plus, elle posa le tout par terre et se rassit. « Bon. On va partir du principe que Düst est mort, ok ? Je sais qu’à Bouton d’Or, d’après mon informateur, tout le monde veut que je sois la prochaine Reine. J’ai fait plus que Düst ces derniers temps pour le peuple et je corresponds plus à ce qu’ils attendent d’un chef. Par contre, ce n’est pas le cas de Stenfek. La ville est remplie de branquignoles qui sont convaincus qu’il faut s’ouvrir au monde, que l’art élève l’esprit etc. ». Elle sourit. C’était le cas de beaucoup de peuples en réalité et elle n’était pas non plus étrangère à ces notions. « Il faut surtout qu’eux soient convaincus. S’ils ne le sont pas, ça risque de créer une scission chez le peuple. Sceptelinôst bon… la ville a été partiellement détruite et l’Étoile Noire et autres formes de drogues font autant de ravage que Jun en a fait à Earudien jadis. ». Destruction complète de la ville. « Ils me suivront, mon nom y est plus que connu et craint là-bas. J’enverrai une Sentinelle pour gérer le bordel. Ce qui est problématique, c’est vraiment Stenfek. Donc si t’as une idée pour leur présenter la chose d’une façon à ce qu’ils l’acceptent, ça m’arrangerait. Sinon je serai obligée de mettre une toge et de faire comme si les étoiles du levant avaient une importance capitale pour moi, tout comme le sort des angelots, et de parler avec un langage soutenu à la con. ». Elle savait faire mais elle n’avait simplement pas envie. « Demain, dès l’aube… je serai Reine. ».

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