La jeune femme peinait à se défendre au vu de la plaie béante qui fendait l'arrière de son épaule gauche, et l'homme qui lui faisait face l'assaillait de coups sans marquer d'arrêt. Tandis qu'ils croisaient le fer, la hampe de la lance contre la lame de l'épée, la bélua sentait ce liquide chaud couler le long de son dos à chaque secousses que créaient les armes qui s'entrechoquaient. Cela faisait déjà un long moment déjà qu'elle se vidait petit à petit de son sang, l'affaiblissant à mesure que les coups de cet homme sévissaient. L’état et la situation dans laquelle la lancière se trouvait ne lui étaient pas favorables, cela dit, lorsqu'elle écarta quelques peu son regard de l'assaillant,, elle pu constater que ses deux compagnons d'infortune n'étaient guère mieux lotis. L'un ne tarda pas à se faire transpercer par la lame d'un villageois tandis que l'autre n'eut pas même le loisir de voir sa propre tête voler sous le coup d'un hachoir avant de venir s'écraser lourdement sur le sol qui était d'ores et déjà souillé par le sang de ses victimes, auquel vint se mêler celui de leur assassin. Il n'y avait nul besoin d'être un fin stratège pour déduire les perdants et les gagnants de cette bataille, qui n'était en réalité qu'un pur massacre, rien de plus.


Jaagd ne savait plus vraiment à quoi s'en tenir, seule face à eux, elle ne pourrait espérer avoir la vie sauve. Après tout, les villageois l'avait d'ores et déjà mise dans le même sac que ces deux hommes au visage humain, qui trompait l’œil et le jugement des personnes qui leur faisaient face, car c'était bel et bien des monstres qui se cachaient derrière tous ces actes barbares. Une chose était sûre, s'il elle ne parvenait pas à se sortir de cette situation, elle y laisserait la peau, et non des plumes. Pour y parvenir, il fallait déjà qu'elle puisse se débarrasser du traîne la patte qui s'acharnait sur son sort. Chose qui ne s'annonçait guère aisée, sa blessure l'amputant d'un bras entier, elle allait devoir compter que sur l'autre partie de son corps, qui était la seule valide. Alors que le villageois la ruait de coups, la bélua concentrait sa force sur sa défense qui se faisait par le biais de la hampe de sa lance, ce faisant, l'épée de l'homme ricocha contre son arme avant de partir en arrière dans un élan inversé. La lancière profita de cette ouverture pour asséner un coup de contre-taille dans le flanc du villageois qui s'écroula au sol, recroquevillé sur lui-même.


S'ensuivit par la suite une tentative de fuite, qui s'avéra pas sans difficultés pour la jeune femme qui ne sentait plus ses membres inférieurs si ce n'est leur faiblesse. Au bout de quelques mètres à peine, la bélua finit par s’étaler de tout son long sur le sol, peinant à essayer de se mouvoir. Elle ne sentait plus que ses forces qui l'abandonnait, sans pouvoir rien y faire. La seule option restante pour la lancière étant de se regarder mourir à petit feu. Au bout de quelques minutes, elle ne sentait d'ores et déjà plus aucun douleur, seule la fatigue restait. Ses paupières lui paraissaient de plus en plus lourdes et elle se sentait comme aspirée vers les ténèbres, ce néant que l'on pourrait aisément confondre avec les bras de Morphée. Oui, ce vide que l'on appelait plus communément : la mort. Ne pouvant plus y couper, la jeune femme décidait de se laisser bercer par ce râle qui enveloppait tout son être tandis que la vie semblait quitter son corps. Il était bien difficile que de penser autrement qu'à la fin de tout... Fait compréhensible au vu de la tournure des événements, il n'y avait hélas plus de place pour l'espoir optimiste.


Du moins, c'est ce que l'on aurait pu croire. Seulement, le destin en avait décidé autrement semblait-il. Des sons inintelligible venaient perturber le sommeil éternel de la bélua, qui ne pouvait malheureusement que se contenter de gémissement en guise de paroles. A partir de ce moment, elle ne pouvait réellement savoir combien de temps était passé depuis l'affrontement, ni combien de temps était-elle restée dans cet état, poursuivant sur une période indéterminée sa convalescence. Pendant plusieurs jours, l'on ne pouvait connaître le débouché de ce sauvetage. Allait-elle mourir ? Allait-elle survivre ? Toutes ces question avaient envahi et perturbé l'esprit de l'âme bienveillante qui lui avait porté secours, autant à elle que cet homme masqué. Le fait que la lancière n'ouvre pas les yeux sur une si longue durée ne jouait pas vraiment en sa faveur, il fallait le dire, cependant, cette période n'avait que parue durer une éternité, et le compte était loin de la réalité. En effet, au bout de ce qui s'avérait durer une semaine, la jeune femme ouvrit enfin les yeux. La première chose que ses mirettes écarlates purent distinguer furent ses planches de bois qui s'unissaient à merveille pour former ce plafond. L'odorat suivi de peu la vue et l'odeur du bois qui parfumait agréablement la maisonnette dans laquelle ils se trouvaient n'échappa à aux sens de la bélua.


Là encore, il fallut quelques jours pour que la lancière puisse espérer ne serait-ce que bouger ses membres et parvenir à se mouvoir en toute normalité, bien que celle-ci lui échappait. Elle ignorait tout de la personne qui l'avait sauvée, elle et cet homme. Cependant, cela ne lui inspirait rien de bon et lorsqu'elle en eu la force, elle se revêtue de ses parties d'armure avant de déposer un flacon empli d'un étrange liquide ainsi qu'une petite bourse sur une petite table qui se situait non loin du lit dans lequel elle avait passé plus de temps qu'elle ne pouvait l'imaginer. Enfin, Jaagd passa la porte de la maison avant de se lancer dans un nouveau périple guidée au grès de ses pensées. Plus tard, l'homme franchissait le seuil de la porte et vit le vide de la petite table comblé par deux étranges objets qui suscitaient toute sa curiosité. Il poussa un léger soupir avant de se diriger vers le lit dans lequel le corps de l'homme encapuchonné s'étalait de tout son long. Seulement, il avait beau s'attendre à le trouver mais lorsqu'il pénétra dans la chambre, il ne trouva qu'un lit vide. Encore une fois, l'homme laissait échapper un long soupir avant de laisser glisser quelques mots entre ses lèvres barbues : « Décidément... De vrais phénomènes... » se dit-il, tenant le petit flacon entre ses mains tandis qu'il regardait par la fenêtre sur laquelle donnait cette petite pièce où se tenait deux lits vides.

Mots: