Mancinia posa une lourde caisse au-dessus d'une pile de trois autres, veillant à ne pas se coincer les doigts ou d'en laisser un derrière elle. Les matériaux firent un léger sursaut contre les parois, mais ils ne risquaient pas de se casser à l'état brut. Soufflant sous l'effort, elle eut un regard vers ses mains en prenant conscience d'un changement. Cette action qui lui coûtait fort en souffle autrefois n'avait plus le même impact, elle était moins fatiguée de se trimballer un matériel aussi lourd et encombrant. Sans doute s'était-elle habituée à cette part du travail ? Après quelques instants de réflexion, elle se retourna vers la dernière caisse qui traînait et la prit dans ses bras pour lui faire retrouver ses soeurs. Si l'Humaine était en train de compiler des caissons dans un petit coin, ce n'était pas pour endurcir sa musculature navrante, mais pour être prête le moment venu de saisir de ce dont elle aurait besoin. Pratiquer son art sans se soucier de quoi que ce soit était une chose qui lui avait manqué ces derniers mois, de courir d'un bout à l'autre du Continent Naturel, de défendre les Humains ou la Coterie ou d'attendre d'avoir du temps. C'était une chance unique qui lui était offerte de se remettre au travail d'une manière plus sérieuse et de refaire ses acquis de sertissage devant quelques regards curieux.

C'était peu dire qu'elle n'attendait pas l'événement depuis que Darren avait reçu la missive, comme de nombreux autres marchands d'Utopia, une invitation signée d'une certaine Muriel. Cette dernière invitait tous ceux qui le désiraient à venir s'exposer sur le Continent du Matin Calme, de faire commerce de leur travail et, s'ils avaient un bon coeur, de faire un don qui permettrait la reconstruction du lieu soumis aux derniers affres de la nature. Mancinia avait levé son regard vers le ciel devant la mine serré du Joaillier, ce dernier manquant de s'étouffer en pestant que personne ne s'était soucier de leur sort du temps des massacres. Jean était intervenu auprès de lui, affirmant que ce serait une excellente chose pour eux de faire acte de présence et ce n'était que vérité ; les commerces de la Capitale avaient soufferts de ces événements, les attaques des Démons avaient tôt fait d'anéantir le peu de visites qu'ils avaient et faisait périclité les affaires. Darren avait dû reconnaître la véracité de ses propos, mais avait refusé de s'y rendre lui-même. C'est ainsi que Mancinia s'était retrouvée embarquée dans cette aventure, ce dernier point lui faisait prendre plus d'importance au sein de la Joaillerie. Elle avait, désormais, été acceptée comme une membre à part entière de l'équipe et l'heure était venue pour elle de faire ses preuves.

C'est avec quelques appréhensions, mais un enthousiasme plus grand encore que la jeune femme était partie depuis une dizaine de nuits de la Capitale des Humains. Bien évidemment, elle n'avait pas fait ce voyage seule, entre Kamiya qui la suivait comme d'accoutumé, Jean et Maude avaient pris part au déplacement. Le jeune homme avait eu l'autorisation de tenir cet endroit au nom du Lux'or et de défendre le travail que de son grand-père - et, plus officieusement, d'avoir un regard sur le travail de la Sertisseuse. Tout qu'elle ferait au cours de cet événement professionnel retomberait sur la réputation de la Joaillerie et mieux valait pour Mancinia que ce soit en bien. Le Continent du Matin Calme avait amélioré son image depuis que l'Humaine y était venue en compagnie de Corrie. Elle se demandait si elle reverrait la rouquine en train de flâner dans les rues à la recherche d'informations sur les siens. Ou peut-être les avaient-elles retrouvés ? Ils étaient arrivés la veille et avait pris soin de prendre du repos alors, si elle était restée en ville, elle n'avait pas encore eu l'occasion de l'apercevoir. Ce rassemblement ce tenait sous un pavillon d'une taille immense et elle risquait d'être fort prise par son travail, mais elle espérait que les Aetheri mettraient Corrie sur son chemin, comme ils en avaient eu l'idée la dernière fois...

Redressant son regard pour balayer cet endroit du regard, Mancinia la vit vêtue d'une tenue bleue à l'image de ses prunelles céruléennes ; Muriel, qui avait un sourire et une aura de la pureté caractéristique des Anges. Mancinia fit une grimace. Hormis Érina, elle n'avait eu que des mauvaises expériences avec cette race que l'on disait proche des Humains. Bon, il est vrai que pour Zéphiel, c'était en partie de sa faute...Et puis, c'était quelques-uns de ces Anges qui leur avaient conseillés cet endroit et les Humains, accompagnés d'une Elfe qui sifflotait - curieux mélange s'il en est - s'étaient installés à l'extrémité du coin gauche. S'ils avaient l'occasion de travailler, les pièces seront chauffées dans un brasier de charbon de houille dont le feu est entretenu par une soufflerie connectée à une tuyère donnant vers l'extérieur. C'était fort utile pour ne pas enfumés les clients ou de mettre le feu aux alentours. Ici, Kamiya avait pris place au-dessus d'une des poutres de bois qui soutenait leur endroit, sur le qui-vive et observant les alentours, comme il en avait l'habitude aux Lux'or lorsqu'il se trouvait au-dessus de la porte d'entrée. Mancinia s'approchait et actionnait la souffleuse qui se trouvait en dessous pour attiser le feu. Quelques mouvements en douceur était nécessaire pour refaire jaillir des flammes qui couvaient depuis une heure.

Maude était assisse sur un haut tabouret de bois et inspectait ses instruments, alors que Jean gardait un oeil attentif sur une marchandise des plus coûteuses. L'Humaine se redressa en se frottant les mains. Maintenant que tout était prêt de son côté, elle n'allait pas se gêné de faire son travail en souriant !

950 mots
01 | 04

Résumé I:

Nombre de mots + résumé:

La Défunte marchait, de long en large, faisant de grands pas dans les couloirs du Palais, les mains dans le dos et le regard dans le vide, mort et impassible. Il aurait été mentir de dire qu'elle se sentait bien, enfermée entre ces murs bien trop élevés qui la contenaient comme si elle n'était qu'un ingrédient parmi tant d'autres dans la recette composant le château. Un sourire naquit sur ses lèvres, alors qu'elle se rappelait avec une certaine joie les métaphores qui traversaient son esprit dés lors qu'elle n'avait plus rien à faire, plus rien entre les mains, puis la frustration revint l'assaillir. Cela faisait bien une heure qu'elle cherchait l'Elfe Éternelle sans que cette dernière ne daigne pointer le bout de son nez. Et pour tout vous dire, beaucoup plus de temps avait passé depuis leur dernière rencontre. Des mois, et des mois. Peut-être même des années. Cela expliquerait énormément de choses. Durant la folie de la Dame des Abysses, elles ne s'étaient point côtoyées. Pourtant, elles étaient forcées de voir que ce n'était pas la distance qui mettrait à mal leur relation. Cependant, elle ne s'attendait pas à ce qui allait se présenter à elle. Ce serait une surprise de taille, à laquelle elle n'aurait eu aucune préparation, et qu'elle n'oublierait pas de sitôt..

Une silhouette lui fila sous le nez, sans qu'elle n'ait le temps de réagir. Tendant la main, elle put seulement attraper son épaule, qu'elle saisit immédiatement comme ridiculement petite. Puis elle analysa la présence qui venait la perturber, d'un simple coup d’œil. Une espérance de vie incroyablement longue et fastidieuse, deux grandes oreilles pointues, une longue chevelure dorée rayonnant au soleil.. Et soudain, elle fut secouée. « Eh, lâche moi ! Je suis pressée, ça se voit pas ? ». Fronçant les sourcils, la Morte resserra son emprise. « Tu vas me dire ce qu'une gamine comme toi fait dans les couloirs du Palais ? T'es la morveuse d'un conseiller de Mimi, c'est ça ? Et elle te laisse traîner dans le coin ? Je savais pas qu'Earudien était une garderie ambulante, j'y penserais à l'avenir. ». Se détachant violemment de l'inconnue à la chevelure blanche, Elyë recula de quelques pas, remettant son étui de violon sur le dos. « J'ai pas le temps de parler avec toi je t'ai dit. On doit partir très vite à la foire des métiers avec Maman. Elle est déjà un peu en retard alors si je le suis à mon tour, je vais me le prendre en brimades. ».

Julia haussa un sourcil. Cette petite avait décidément du cran de ne pas lui répondre. Un sourire étira ses traits, alors qu'elle plongeait son regard dans le sien. Une petite vision de sa mort ne lui ferait pas de mal. Alors qu'elle se concentrait sur ses pouvoirs, une exclamation l'en sortit. « Ne fais pas ça ! ». Elle poussa un long soupir. « Tu mets trois plombes à te montrer et quand tu surgis c'est pour m'empêcher de m'amuser auprès d'une gamine que tu connais ni d'Adam ni d'Ev.. » . « Maman ! ». La morte écarquilla les yeux. « Maman ? Attends.. ». Elle se frotta les paupières, nerveuse. « Maman ? Tu déconnes la ? Elle a fumé quoi la gamine pour croire que t'es sa mère ? ». Mircella souleva l'adolescente dans ses bras pendant quelques secondes. « Je.. Je t'expliquerais.. ». Puis elle partit, pliant les genoux pour s'envoler et quitter le Palais. « Ah ça ma grande, tu vas pas m'échapper comme ça ! ». A son tour, la Blanche déploya ses ailes de chauve-souris et se mit à sa poursuite.

Une fois qu'elles furent arrivées à la partie du parc réservée à la foire des métiers, la Souveraine s'agenouilla devant son enfant et lui caressa la joue, essoufflée. « Ecoute, ne fais pas attention. Je vais régler ce petit problème. En attendant.. est-ce que tu veux bien aller retrouver des musiciens quelque part ? Il doit y en avoir dans le coin. Montrer votre métier en commun pourrait être plus intéressant. Je t'y retrouve. ». Elle se releva, et la petite se mit à courir. Rapidement, la silhouette de la Blanche lui tomba dessus. « Oh oui tu vas régler ce que tu appelles un petit problème... ». Tendant la main à sa compagne, la Reine se fit incroyablement calme. « Nous en parlerons sur le chemin. ». Et la balade commença.

753mots

Résumé:

Résumé:

Résumé post I et nombre de mots:

Mancinia allait se mettre à l'ouvrage lorsque Maude l'interpella dans geste de la main, en lui demandant de venir près d'elle, ce qu'elle fit en se questionnant sur ce qui rendait si heureuse son amie. L'Humaine n'eut pas à attendre longtemps et haussa les sourcils de surprise avant de sourire à l'Elfe ; cette dernière avait pris soin de dressé un coin de vente auquel chacun des membres de leur fine équipe se relayait lorsqu'il aurait besoin d'une pause. Il est vrai que dans ce genre d'événements, le moindre détail avait son importance. Maude avait mis une longue nappe mélangeant l'ocre et le blanc sur la longue table, l'illustrant d'un scorpion de bois - c'était en souvenir d'Utopia, qui se situait dans le Désert. Elle avait ensuite veillé à disposer plusieurs sortes de bijoux sur toute la longueur, alliant les bagues aux bracelets, ainsi que les colliers aux boucles d'oreilles. Mancinia vit la bague qu'elle avait réalisée dans un serti rail, mais si elle était plutôt réussie, son prix avait été revu à la baisse pour compenser les imperfections du bijou. C'était une véritable réussite, Maude avait fait un superbe boulot !

Au cours de ce périple, Mancinia avait découvert que sa collègue en savait bien plus sur les moeurs de certains peuples que ne laissait entrevoir sa nature insouciante. Elle oubliait que son amie avait voyagé dans de nombreux endroits pour perfectionner son art, le Lux'or n'étant qu'un autre point de passage avant qu'elle ne regagne les terres qui étaient siennes. C'est alors que l'Humaine eu son regard attiré par une petite bouille qui se trouvait non loin de leur stand. Un enfant se promenait seule dans le petit chemin encore désert, mais qui s'emplissait de monde au fur et à mesure du temps passant, regardant de ses vert clair les parures et autres accessoires qui se trouvaient sur la table. L'Humaine était en train de l'observer longuement, intrigué par sa chevelure céruléenne, dont les pointes semblaient se mouvoir sur sa peau blême.

— Oh ! dit Maude sans aucune crainte. Regarde-moi cette charmante demoiselle ! ...Approche, n'ai crainte, tu verras mieux notre travail de plus près !
— Regarde ceci, poursuivit Mancinia avec douceur. C'est une création de notre Joaillier. Il est aussi bougon qu'un Kéfir, mais il dirait certainement qu'il t'irait à merveille !

Mancinia saisit avec délicatesse un collier argenté orné d'une paire d'ailes membraneuses qui n'était pas sans rappeler le peuple des Faes, ces dernières étaient d'un bleu glacé serties de strass avec un pendentif où coulait une fine goutte de pétalite.

Peu de personne sont sensibles au travail d'un Joaillier, certains désireront le meilleur d'entre eux sans faire attention au détail tant que l'éclat était plus grand que celui d'un autre et les enfants, tant que la chose brillait, peu importe que ce soit de l'excellente qualité ou non. Or, en observant la confection de près, tous ne peuvent s'empêcher de ressentir une certaine excitation. Et, même les plus riches, d'ordinaire insensibles à l'or ou aux pierres précieuses, se surprennent sans doute à rêver. C'est que ce travail à quelque chose de magique et de mystique et Darren n'était pas un excellent Artisan dans son domaine pour rien ! Mancinia était tellement loin d'égaler son talent, mais avec persévérance, elle atteindrait sans doute ce but d'être reconnue pour le Sertissage à travers le pays. Ou au moins sa ville, ce serait un bon début. Elle avait des collègues motivés et performants, cela ne pouvait que la tirer vers le haut, car dans leur Joaillerie, tout n'était que travail d'équipe ! Un bruit atroce de métaux lourds ce fit entendre derrière elle. L'Humaine ferma les yeux en évitant de jurer et se retourna pour constater le désastre, croyant que sa pile de caisses était instable et qu'un coup de vent avait suffi à la mettre au sol. Mais quand elle se risqua à regarder, elle vit que la pile avait été déséquilibrée par une jeune femme qui ne savait plus où se mettre.

Jean, qui était à deux ne savait pas quoi dire, ni comment réagir à ce petit incident. C'en était risible et Mancinia manqua de peu d'éclater de rire. C'est que son ami avait si peu quitté la Capitale qu'il s'émerveillait de tout, d'autant que sa responsabilité était grande et que ce petit couac ne manquerait pas de faire lâcher ses nerfs. Ces caissons contenaient un excellent approvisionnement en parures diverses - que Maude avait près d'elle, fort heureusement - mais aussi d'outils et de matériaux, car ils ne manqueraient pas d'en fabriquer et de démontrer leurs talents respectifs. C'était ceux-ci qui s'étaient répandu sur passage des visiteurs. D'un regard, l'Elfe et l'Humaine se comprirent et elle prit la direction du désordre.

— Et tu es avec tes parents, ma petite demoiselle ? demanda Maude à l'enfant.

Faire comme si de rien n'était avec un visiteur, c'était à cela qu'on reconnaissait un vrai professionnel. Mancinia mis sa main contre l'omoplate de Jean dans un claquement qui devait le ramener à la réalité, ce dernier la regarda éberlué avant de reprendre contenance.

— C'est bon, c'est bon. Je gère.

L'Humaine eu ensuite le réflexe de repousser son ami vers l'intérieur de leur stand, pour qu'il puisse souffler un peu et de crainte que la pression qu'il semblait accumuler ne le tue sur place. La jeune femme s'apprêtait à ramasser leur matériel éparpillé au sol au plus vite pour ne pas déranger plus et voir si la maladroite n'avait rien, c'est que cela pouvait être dangereux. Mais un homme fût plus rapide et avait veillé à remettre le tout en ordre. Elle s'avança avec un sourire, après tout, il était inutile de s'énerver pour un si petit incident.

— Je vous remercie, dit-elle en s'assurant de la stabilité des caissons. Vous allez-bien, mademoiselle ? C'est une chance qu'elle ne vous soit pas retombée dessus, vous auriez pu vous casser quelque chose...Plus de peur que de mal !

02 | 04
990 mots

Résumé II:

Info:

Post + résumé:

Résumé :