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Jeu 28 Mai 2015, 16:52

Genèse et renouveau


Le pouvoir comme opium du peuple

[ À la Forteresse Ensorcelée.. ]

Elle frappa, on lui ouvrit. La main étrangère vint chercher la clanche polie pour l'activer dans un soupir. Une tête baissée - dans un tailleur juste au corps - l'invita d'un geste ample, se voulant accueillant. « Soyez la bienvenue, ma dame » Riches en portraits, les murs de la forteresse s'en voyaient tapis amplement, chefs d'oeuvres aux coups de pinceau anciens, d'une autre ère, d'un autre temps, vestiges de ceux à avoir existé ou existant encore. Des rideaux d'un velours rouge écarlate - qu'enviait le soleil incapable d'en franchir les barrières – s'érigeaient de part et d'autres des larges fenêtres, mais une seule silhouette se dessinait dans le contre-jour, imposante. L'ouverture de la porte cochère permit à la vampire de s'y engouffrer pour chercher du regard cet être qui l'y avait convié. Cet homme n'était en fait que le représentant de celle-ci, de l'autorité suprême d'un peuple de prédateurs nocturnes, aux regards terrifiants, iris carmins et canines acérées, à l'espérance éternelle et à la peau livide, morte. D'une révérence, Lucrezia vint s'installer dans le siège qui s'opposait au Haut Vampire.

« Le voyage a-t-il été plaisant ? » Il parla. Sa voix était plus tragique que ne le laissaient à penser ses traits, et ses lèvres – trempées dans la solution orangée – semblaient exhumer une odeur sucrée. Il sirotait sa tasse de thé, levant les yeux vers la demoiselle qui ne répondit guère de suite. Débarrassant ses mains d'une paire de gants, elle se fit servir également. « Nulle inquiétude. Il s'est avéré même des plus brefs » , « Vous m'en voyez ravi de l'apprendre » Il l'examina sous toutes ses coutures. Ses yeux aiguisés la perçaient de milles aiguilles, et leur quiddité cherchait à faire son effet. Son calme il n'aurait su ébranler si facilement, et les paroles étaient de ce fait le moyen le plus preste d'y parvenir. « Toutefois.. Et veuillez pardonner mon insolence, mais vous ne m'êtes aucunement familière, ma chère. Je crus vous avoir aperçue une seule fois entre ces murs, et ce au cours d'une de vos recherches.. Hélas, j'avoue n'avoir eu d'autre occasion de m'entretenir ou de me trouver en votre compagnie » , « Ne le prenez pas à coeur, mais il est vrai que je ne m'intéresse que depuis peu aux affaires de clan ou de couronne. Un cousin me fit part de ses quelques exploits, et me poussa à me porter sur le devant de la scène »

L'homme sembla ricaner dans sa barbe, mais ne se fit pas prier pour répondre tout aussi promptement. « Je vois.. Vous me semblez ambitieuse, mais point audacieuse je constate » , « Celui qui ne saurait l'être ne serais-ce qu'un peu, même envers soi-même, ne mériterait point à mon sens de faire partie de nos rangs. Je ne cherche pas la fortune, le pouvoir, ni la reconnaissance. Ce genre de choses futiles ne sont que temporaires, et bien vite disparues. Je me contente de.. » Un bruit assourdissant vint interrompre leurs échanges, et quelques paroles dans le vestibule – plus bruyantes qu'il ne l'aurait fallu – portaient à croire qu'un vampire plus faible était sorti de ses gonds. « Allez voir de quoi il en retourne » , « Bien, monsieur » Lucrezia ne fut guère surprise, ayant déjà eu affaire à d'autres en leur genre, en cette même bâtisse qui de ces nouveaux nés regorgeait encore. « Pardonnez cette interruption, où en étions-nous ? » La jeune femme ne put se permettre de revenir à un sujet sur lequel elle préférait tout taire, ne rien révéler. Elle ne répondit, ainsi, pas, hochant délicieusement la tête.

L'intendant ravala une énième gorgée, avant de poser l'objet de porcelaine sur la petite table adjacente. Faisant signe au valet de pied, celui-ci lui apporta une lettre, de toute évidence la raison même de sa présence ici. « Bon nombre de nos semblables se sont montrés mécontents de certaines lois instaurées par la souveraine. Certains se résignent, d'autres résistent, à défaut de voir la réalité en face ou de la réfuter sans scrupules. Ils viennent à la cour pour exiger de la reine que ces textes soient révisés, de manière à ce que cela les arrange. » Son expression prit un air plus grave soudain, pendant qu'ils abordaient le problème en main. « Vous devez bien vous douter qu'il nous est impossible de satisfaire tout un chacun. Aussi, nous nous voyons dans l'obligeance de subvenir aux besoins des uns, de céder aux réclamations des autres, tout en laissant quelques extérieurs à ces décisions. La reine ne peut, cependant, guère ignorer les réclamations de ses sujets » Ses doigts vinrent à la rencontre de son buste, s'y croisèrent, tandis qu'il lui rendait les milles regards qu'elle avait porté à son dos, pendant qu'il s'était tourné. Exemplaire, droit, il lui fit sa demande. « C'est pourquoi, nous vous avons sommé ici en tant que représentante, et vous envoyons quérir égalité, instaurer, expliquer les tenants et aboutissants pour une cohésion auprès du plus grand nombre. » La jeune femme déglutit, coupa court le petit plaisir du breuvage, avant d'entrelacer ses deux petites mains également. « Pouvez-vous me fournir plus de détails ce concernant ? » L'homme arqua un sourcil, avant de sourire contre toute attente. Il s'en alla chercher un maigre dossier dans un tiroir du bureau, avant de le lui tendre, de toute l'éloquence qui leur était caractéristique. « Tout ce qu'il vous est nécessaire de savoir se trouve dans ces rapports » Elle le remercia, avant de prendre congé. Ces tête à tête se faisaient récurrents, il n'y avait plus de surprise à avoir.

[ En la demeure de la famille de Duncan... ]

Quelques missives furent envoyées, et les entrevues prévues à l'avantage des deux partis. La dame, parue d'un kimono au noir de jais le plus complet, y avait fait peindre quelques symboles aux allures dorées, tandis que d'autres motifs - fleuraison d'une nuit pourpre, dans laquelle le sang aurait coulé - ornaient les pans de l'habit pour le rendre aussi élégant que possible. Sa coiffure n'était constituée que d'une queue de cheval à moitié tressée qu'elle avait abaissée au niveau de son épaule, sur le côté droit. Sur sa monture, un pardessus recouvrant ses maigres épaules, elle profita des derniers instants de voyage pour se porter à ses propres réflexions. Elle n'avait guère à discuter les ordres, et ce n'était aucunement son intention.

De tout temps, ce genre d'individus s'étaient immergés à la surface. De tout temps, ils se démarquaient des autres par leurs envies de profits, et cette recherche de moyens que les autres s'efforçaient de taire ou tentaient de trouver ailleurs que par des reproches portés au gouvernement en place. Les vampires ne sont pas des saints, il est vrai, mais ils n'agissent pas non plus en bêtes sans principes qui n'ont que faire d'une conscience inquiète qu'ils devraient pourtant avoir. La quête de puissance était continue, inépuisable. Satisfaire ses ambitions devenait alors pour certains non pas une alternative à une vie de misère, mais bien une soif, une contrainte, une obsession innommable qui les faisait commettre les pires atrocités aux plus extrémistes. Certes, ils n'avaient point fixé la barre si haute, mais un certain pessimisme revenait encore à la vampire, sachant les déchets qu'ils pouvaient trouver au sein de leur peuple, malgré la majorité plutôt.. 'notable' si l'on puit dire. Elle avait une crainte inexpliquée qui sommeillait, et un pressentiment qui ne valait pas la peine d'être exploré, mais qu'il valait mieux ne pas ignoré. Être prudente était pour l'heure la seule chose à faire pour sa part, il semblerait..

« Ma dame, nous sommes arrivés. Voulez-vous de l'aide pour descendre de cheval ? » , « Non merci, euh.. » , « Luke, ma dame » , « Merci encore, Luke » Et d'un sourire, ses pieds vinrent trouver le sol, effleurer la surface en terre battue, que bon nombre avaient piétiné. Seule la porte du petit manoir se dressait devant elle, avant qu'on ne la force à obéir, à ouvrir grand son museau en bois ciré pour permettre à la vampire d'y pénétrer. Ce fut un jeune homme, tout ce qu'il y a de plus charmant, qui vint se charger de cette tâche ingrate.


« Nous vous attendions » Ses yeux semblaient ravis, émerveillés, mais sa gestuelle nerveuse, coincée dans un sentiment de mal être et d'angoisse au vu de ce qui semblait se jouer dans cet échange qui allait suivre. La demoiselle ne s'accablait pas d'une telle pression, mais le jeune homme semblait quant à lui porteur d'un certain poids, préjudice de la responsabilité. Il lui tendit le bras, l'incitant à le saisir pour se voir guidée jusqu'au salon, dont l'état n'avait rien d'inexorable ou encore de simplement majestueux. Toute la demeure semblait crier la famine, et pédantes les âmes qui y installées, souffraient du même mal, partagé. Mais difficile de le constater quand cette faiblesse on tente si fortement de dissimuler. « Vous pouvez prendre place, Mme Lucrezia. Désirez-vous un thé ou.. » , « Ne vous donnez pas cette peine, je vous prie, Duncan ! Il n'en est rien. Je me porte très bien ainsi » Elle sourit, désireuse de calmer ses ardeurs, le mettre en confiance si, si loin, son influence se portait. Ses lèvres s'arquaient délicieusement, et elle n'avait rien perdu ( en tant que Lucrezia ) de cette bienveillance qu'on pouvait y lire. Certes, elle était venue calmer les esprits échauffés de quelques personnages aux demandes guère raisonnables, mais elle n'était en rien leur ennemie à l'instant où on l'avait accueillie comme il se doit. Ils ne nourrissaient à son égard aucune réelle animosité, et essayaient au contraire de se faire les plus courtois possible, malgré leurs différends, malgré leur disposition contraire. Quelque chose semblait les tracasser, et elle s'efforcerait de savoir ce qu'il en est, pour pouvoir mieux y apporter de réponse, de solution même, si on le lui permettait. « Je pense détenir un rapport sur votre situation, mais ce dernier ne me semble point assez représentatif. Je voudrais davantage ouïr de votre bouche ce qu'il en est » , « Vous n'avez donc pas.. » La vampire comprit ce qu'il entendait par ces mots. Il ne s'attendait pas à ce qu'on leur laisse l'embarras du choix. Il ne s'attendait pas à ce qu'on lui permette ne serais-ce que de s'exprimer. Ils étaient l'autorité suprême, et Lucrezia celle à parler en leur nom. De ce fait, elle en était devenue intimidante. De ce fait, ils avaient cru à la tyrannie de ses actes, à se voir opprimés au vu de cette audace dont ils avaient fait preuve en révoquant quelques unes de leurs règles. Ils n'étaient guère malveillants. Ils avaient au contraire crainte de la colère des plus grands qu'ils pourraient s'attirer. Ils avaient un besoin premier, et semblaient poussés par une peur des représailles, sous le joug de la menace.. Oui, mais de qui ? « Soyez aise de tout me raconter, Duncan. Ce n'est qu'ainsi que je pourrai vous être de bon conseil »


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Sam 12 Déc 2015, 12:08

Genèse et renouveau


Le pouvoir comme opium du peuple

[ Une fois seuls.. ]

« Ma dame ? » Le serviteur, penché par dessus l'épaule de la vampire, vint surprendre cette dernière dans ses pensées, dans sa réflexion en laquelle elle se voyait plongée, se perdait malgré elle estimant tous les aveux qu'on venait de lui faire. Le récit était profond, dépassant de loin les bornes du sentimental pour ceux que ça exaspérerait. Elle tourna lentement sa nuque pâle, charmante, pour regarder son 'second' dans les yeux. « Vous semblez hésiter.. » , « C'est juste que.. » , « Il est vrai qu'ils vous ont accablé de leur situation pour le moins.. préoccupante si je puis dire, et se sont empressés de vous laisser pondérer une fois leur discours achevé. » , « La chose ne sera pas aisée.. Leur situation ne se redressera pas d'elle-même. Leur mal doit être guérri avant d'espérer porter atteinte à celui de ces 'autres' dont l'ombre semble peser » , « Il en est peut-être pour le mieux qu'ils vous aient laissé le temps de pondérer. Vous vous préservez ainsi d'une réponse hâtive, que vous n'auriez pas eu assez de temps pour considérer. Votre sentimentalisme et louable charité est louable, mais.. » , « Oui, le fait est que je ne suis point ici sous ma personne, mais en tant que représentante d'une volonté plus grande dont je ne peux dicter les changements. On m'a incombé du devoir que certaines lois ne peuvent être changées, et je ne puis faillir. Les circonstances sont peut-être atténuantes, mais je dirais que les choses reviennent au même » L'homme ne sut quoi dire, et se contenta alors, dans un silence de marbre, de rester à ses côtés, les bras dans son dos, tandis que l'homme, le responsable, revenait de son petit tour en cuisine. Il amena avec elle la petit femme qu'il présenta comme sa sœur, mais qui semblait déjà moins commode que ce dernier. La vampire demeurait translucide.

[ Entrée en scène de Dyana.. ]

Les discussions s'éternisaient. La jeune femme ne voulait pas abandonner les droits qu'elle croyait détenir, de revendiquer ainsi de tels changements. Elle défendait son point de vue, sans vouloir apporter d'explications sur quelques zones d'ombre qui subsistaient. Le tout restait considérablement flou, et la vampire ne comprenait que très peu ce qui finalement les animait. « Nous essayons seulement d'améliorer nos conditions de vie ! Est-ce si infâme pour nous de continuer d'exister, et de chercher à simplifier cette existence ? » Elle avait plus de répondant que son frère n'en aurait jamais, mais nulle la prestance et la force qui s'en découlaient. Elle attaquait Lucrezia du regard, et cette dernière ne pouvait que renchérir par la raison, et l'entendement. « ''Il est interdit de décimer des villages ou villes en entiers dans le cadre de la chasse'' Voilà ce qui est stipulé dans les règles vampires en vigueur. Je ne puis que regretter infiniment ces 'obstacles' qui s'interposent à vous, mais ce n'est pas pour autant que nous pouvons altérer les règles » , « Mon frère est le seul capable de subvenir à son alimentation dans les règles que vous stipulez. Le reste de la famille peine énormément, et d'autres..'clans' nous privent de nos réserves, voire même de nos victimes. Nous ne sommes pas de taille, et ne prônons pas vraiment la destruction, mais une attaque de masse serait porteuse de fruits. » , « Ce que je ne puis comprendre.. est que vous cherchiez à vous débrouiller sans l'aide de votre frère. Pourquoi ne pas la saisir et profiter pour vous améliorer sous ses conseils ? Au lieu de faire passer la violence avant une consommation intelligente et contrôlée qui serait beaucoup plus garante de votre valeur » , « Pardonnez-la, mais elle songe bien trop à mon 'statut' et à ma prétendue volonté de m'élever dans les rangs vampires. Dyana la première, puis toute la famille, cherchent à se passer de ma présence, mais je saurais continuer de les.. » , « Silence, pauvre sot ! Il faut agir au plus vite.. Nous risquerions de ne pas survivre assez longtemps pour.. » Elle se ravisa en voyant le visage de la demoiselle empli d'incompréhension, et dans une révérence presque inexistante, elle disparut dans la pièce adjacente, ne daignant regarder son frère, ne serais-ce qu'une dernière fois. « Je ne peux que vous remercier de votre déplacement » Le voyant le dos courbé, cherchant le pardon de la vampire, cette dernière ne put sortir que ces quelques mots... « Et moi j'espère solennellement que tout s'arrangera » … avant de reprendre la route.

La prochaine entrevue ne s'annonçait pas si 'plaisante'.

[ De retour à la Forteresse Ensorcelée, en compagnie de M. Luthven... ]

« Elle est arrivée ? Bien, faites la entrer » Un sourire carnassier arborait l'allure mauvaise de son visage, et malgré cette éloquence qui était néanmoins présente, qu'il respirait à plein nez et débordait de par ces peaux qui le recouvraient, ces bijoux dont il se paraît. Il était assis, les jambes croisées, les mains entrelacées comme en position de force, paré au combat qui allait suivre. L'enjeu n'était plus le même tout à coup, car teint d'un rouge sang qu'il était difficile d'ignorer. Ce n'était qu'une image, qu'une impression, que l'illusion d'une aura sombre, mais l'aube de leur rencontre s'avérerait bien moins innocente, ingénue, éphémère que la vampire ne l'aurait espéré.. Elle ne pouvait le prévoir, impossible de s'y préparer. « Bien le bonjour à vous ma chère ! J'ai ouï dire que vous veniez de très loin ? S'il-vous-plaît, mettez vous à l'aise en cette demeure ! » , « Je vous dois bien le merci, Monsieur Luthven, mais ne vous en faites pas. Les installations de la forteresse ne me sont guère méconnues. Luke, peux-tu m'apporter de quoi me sécher je te prie ? » , « Tout de suite, ma dame. » La seconde d'après le valet se trouvait dehors, la jeune femme faisant face, quant à elle, à l'individu incongru, on ne peut plus imbu de sa personne, à l'égo démesuré et inégalable. « Parlons affaires donc. Laissez moi vous présenter Astrid, mon assistante. Elle est ici pour veiller à la bonne conduite de cet échange - de nos deux côtés je vous assure -, mais surtout à la bonne transmission des idéaux de la famille que je représente » Lucrezia décela enfin ce rictus informe qu'il affichait, comprit enfin d'où lui venait ce sentiment qui l'incommodait depuis tantôt.. Ses intentions n'étaient pas claires : elles étaient à lire, à déchiffrer. Il fallait interpréter au possible ce qui ses traits lui faisaient comprendre de ses ambitions.. Ces dernières allaient au-delà de cette simple entrevue, et insinuaient, par ailleurs, que leur rencontre n'agissait qu'en tremplin pour des projets bien plus ambitieux, de plus grande envergure. La noble déchue s'en retrouva aigrie, sur ses gardes, bien que des salutations distinguées furent échangées sans accros. La jeune femme continuait de sécher progressivement sa tignasse violine, Luke de nouveau à ses côtés. « La question est que nous ne pouvons prendre un 'non' pour réponse. Beaucoup trop est en jeu pour qu'une telle chose soit permise » C'était mal parti. « Toutefois, nous sommes dans l'incapacité de ne serais-ce que considérer votre requête. Elle est purement extrémiste, et n'envisage que la destruction des 'races' dont l'espérance est déjà bien écourtée. Il était déjà impensable aux yeux de mes supérieurs quels arguments vous pourriez déléguer à l'appui d'une telle action » L'homme ne sembla guère surprit de la première tournure que prirent les événements, et semblait au contraire satisfait qu'on lui résistât ainsi. Il semblait content de ses arguments, fier de sa démarche et de ce qu'il pouvait bien symboliser dans cette rencontre. Il voyait gros, plus gros que le ventre, et bientôt cela se ferrait sentir, car cette faiblesse ne passerait aucunement inaperçue.

« Voyez-vous.. Il ne m'est pas si difficile de les imaginer pour ma part. Nous, les vampires, sommes des êtres puissants. Nous avons été craints au fil des âges, car nous sommes des prédateurs versatiles, des prédateurs de toutes races confondues. Nos mets sont toujours de premier choix, et nous nous sommes élevés, sanctifiés pourrions nous dire. Nous sommes sauvages, éloquents, nobles, intelligents.. Je ne puis voir une raison pour que nous nous affaissions, nous entêtions à courber l'échine devant des peuples si.. dérisoires ou barbares, car nous n'en faisons aucunement partie. Pourquoi nous rabaisser, je vous le demande » La jeune femme crut bégayer un instant, car il revenait aux principes vampires, aux principes de la chasse, de leur supériorité, et de l'ordre du monde dans lequel ils devaient plus s'inscrire aux yeux de quelques uns. Elle savait qu'ils existaient, et il n'était point étrange finalement de croiser leur route. Mécontents du statut des vampires, du trajet que prenait leur peuple, ils voulaient les voir prospérer davantage, et ne se satisfaisaient que du luxe extrême, que de la puissance destructrice qu'égalerait celle des démons. Ils voulaient que les vampires inspirent la peur, qu'on les voit comme les prédateurs absolus qu'ils les croyaient être. « Nous avons un ordre à respecter. Nous ne pouvons empiéter délibérément sur d'autres engeances, comme si nous étions tout permis. Certes, comme vous le suggérez si bien Mr Luthven, nous sommes forts, puissants, souverains, dogmatiques.. Nous avons toujours été dotés de nombreuses qualités que d'autres ne possèdent guère, et sommes aussi bien des érudits regorgeant sagesse et prudence, que de braves guerriers ou espions dont la puissance n'est pas à prendre à la légère. » Dresser ce genre de portrait était comme parler du clair obscur qui hante la nuit comme le monde. Ils étaient à la fois une lumière qui brillait et inspirait l'admiration pour certains ( engeance aux siècles d'histoire dont l'héritage est inestimable ), et un nuage de ténèbres qui plane sur les têtes les plus démunies, sur les doucereuses bonnes âmes dont le sang et la vie n'est que régale pour ces prédateurs. Ils dépassent les espérances des plus grands, et les barrières des limites qu'on leur fixe.

« Mais j'aurais quelques points à rétorquer. Car si vous cherchez, mon brave, à redorer les blasons vampires, à leur faire retrouver leur hargne et poigne antérieure, ce n'est point aux races minoritaires ( qui risquent à tout moment de s'éteindre ) auxquelles il faudrait s'en prendre. Il faudrait viser plus haut, attaquer fort et bien. Mais hélas, nous en serions punis, car nous, vampires, sommes plus avisés, réfléchis, et avons mieux à faire que de nous lancer dans une bataille sanglotante dont nous ne serions pas sûrs de sortir vainqueurs. Nous savons mesurer nos torts, et savons où est placée la justice. De plus, nous serions en train de réduire nos ressources et les races dans lesquelles puiser ce sang qui nous est si cher. Il nous semble donc impensable, cher Monsieur Luthven, que cette requête puisse aboutir à quoique ce soit de concluant au vu du régime actuel » Ses paroles étaient sans appel, et implacables dans le ton qu'elle employait. Elle savait qu'elles ne sauraient plaire, qu'elles ne sauraient satisfaire son égo et satisfaction surdimensionnés, mais elle avait tout aussi conscience qu'il fallait couper le mal par la racine, qu'il ne fallait pas lui donner cet espoir. Mais elle croyait sentir autre chose derrière cette résistance. Elle ne pouvait voir d'où leur venaient de tels idéaux, eux qui appartenaient certes au clan des Tzimisces mais qui faisaient passer cette famille réduite qui était la leur et leurs valeurs avant celles du clan dont ils revêtaient l'écu. Quelque chose clochait, mais elle ne pouvait mettre le doigt dessus.

Elle considéra un instant une autre tactique. Révisant rapidement ses arguments et les paroles qu'elle lui avait servies, tout comme les arguments qu'il avait débité, elle crut voir un soupçon de confiance qu'elle put encore saisir. Les yeux de la secrétaire semblaient brûler par les femmes de l'enfer elles-mêmes, et elles ne vinrent qu'appuyer l'impression de la jeune femme déjà bien accentuée, comme quoi il valait mieux prévenir, et ne pas essayer, en ce cas, de se montrer si hostiles, si imposants. Il fallait au contraire les brosser dans le sens du poil. Toute sorte d'animosité pourrait conduire à des confrontations inutiles. Elle allait tenter une autre approche, plus mensongère cette fois-ci. Elle profitait de ses dons naturels, de ce masque que leurs yeux ne sauraient transpercer. « Les guerres ne nous ont jamais effrayés pourtant. Nous n'avons jamais eu crainte ; nous ne devrions pas du moins, craindre d'user de notre supériorité. Nous ne croyons pas en les dieux, ou n'en vénérons que peu. Nous avons le pouvoir suffisant pour nous auto-suffire, mais pas seulement, il faut le reconnaître. Puis.. » , « Des guerres il n'est pas question ici, car sans alliés, il nous serait impossible de vaincre. Nos valeurs sont trop précieuses pour créer massivement soldats et bêtes de foire à des fins militaires, d'une pure boucherie. Ce n'est point une option envisageable, nous sommes d'accord, et même.. Notre économie ne saurait que souffrir »

« Et comment osez-vous l'interrompre, alors qu'il.. » , « Je vous prie, ma dame, calmez-vous. Je ne suis pas une ennemie, vouliez bien me croire. Je n'ai parlé jusqu'à maintenant qu'au nom d'un ''nous'' dont je ne puis me défaire, car je suis tenue, ici, de vous adresser les propos de mes supérieurs. Mais hélas, mon avis est autre, et mon coeur est ailleurs. Je ne puis complètement m'opposer à vos arguments, monsieur Luthven. » La surprise générale éclata dans la salle, et les yeux ébahis de l'une restèrent, tandis que ceux de l'autre semblaient plutôt éblouis par l'étrange amabilité soudaine, et l'abandon à leurs principes. Tombés dans le piège, tous autant qu'ils sont. « Vous… Vous quoi ? » , * Ma dame, vous êtes sûre de ce que vous avancez ? Que vous a-t-il.. * Cet air perfide, d'une femme qui voit sa proie se faire prendre suffit à couper le souffle du jeune homme, à le faire taire, et à se contenter d'admirer. « Les règles doivent cependant être respectées, et le fait est que celle-ci ne saura être changée pour les raisons que vous soulignez là. Les lois sont strictes, immuables, et la reine ne saurait changer d'avis sur ce point. Et j'ose espérer que vous ne commettrez pas la folie d'aller à son envers... »

Les cartes sur table, maintenant il fallait jouer. Elle devait bien les choisir, réussir à les placer. Les choses se préparaient, et dans les prémices de cette même rencontre, tapi dans l'ombre, loin des regards indiscrets, il y avait autre chose. Cet homme dissimulait une noirceur plus grande qu'il n'en inspirait, et cette femme à ses côtés saurait être, par ailleurs, beaucoup plus représentative, du mal qu'ils cherchaient à étaler, à réveiller. Il était même innocent, pour son plus déplaisir. « Cela reste contestable, car il n'est que tyrannique d'imposer ainsi son avis à ses sujets, et.. » , * Monsieur ne vous laissez pas embobiner. Elle doit cacher très bien son jeu, et elle cherche sûrement à.. * , « Notre société actuelle ne peut concevoir de tels changements, et ils ne seraient que purement nocifs pour cette dernière. Mais comme vous dites si bien, les vampires ont bien trop perdu de leur magnificence d'antan, de cette splendeur illustre qu'on transmettait à ses disciples par des récits de guerre et non pas des actes de paix. Il ne faut pas parler de nous comme de simples monstres assoiffés de sang, car nous sommes bien plus que cela. Mais il nous faut nous faire respecter. » , « Et il n'est d'autre moyen plus doux que d'instaurer la terreur et que de la faire régner. Leur prouver par l'usage de la force et de.. » , * Monsieur, cette femme ne saurait être de confiance. Il serait trop dangereux de révéler ne serais-ce qu'une once de nos projets.. Vous devriez plutôt faire profil.. *

Et sous le regard insistant de la vampire, elle se ravisa. Elle n'avait aucun moyen de savoir que Lucrezia était à l'écoute de ses paroles, mais peut-être un frisson l'eut-il parcouru à cet instant, qu'un éclair de bon sens la mena sur un chemin qui n'était point celui de la révélation. La vampire ne fut pas déçue, mais ces paroles lui auraient été d'un secours précieux dans la résolution de toute cette histoire.. L'homme profita pour continuer, suffisamment en confiance. « Je doute que la reine puisse un jour envisager si idéal avenir, elle qui a voulu s'accaparer la violence des vampires pour en oublier tout le reste, et qui s'est recluse derrière ses défenses, cherchant à empêcher son peuple de montrer sa bestialité, tout comme son ingéniosité. Il nous faut alors sortir des ténèbres et.. » , « Ce que Monsieur entend par là, c'est que nous demeurons contraires à cette loi. Je plussoie votre condition délicate, et notamment votre décision quant à nous tenir tête. Mais il est évident que trop d'éléments se portent contre nos mœurs » , « Cependant, l'impossible ne saurait être contre nous. Le monde en l'état ne causerait que notre perte. Il faut savoir jouer la carte de la prudence, avant celle de l'inconscience. Nous sommes maîtres en le domaine. Il serait envisageable d'espérer l'aurore d'une nouvelle ère dans laquelle de telles conduites pourraient s'inscrire. Nous ne saurions dire ce que l'avenir nous réserve, mais les choses viendront à changer » Peut-être trop de promesses, trop d'espoirs vains qu'elle leur remettait. Elle cherchait simplement à empêcher toute rébellion qu'ils auraient pu monter contre elle, contre eux tous, contre Yulenka la première, et la colère n'aurait su que propager ce sentiment. D'un sourire, ironiquement intérieur, impuissant de l'extérieur, elle se fit oubliée en ces lieux, se laissa immerger en leur mémoire une fois les deux silhouettes de ce songe sorties, le calme de nouveau installé. Dans son rapport, les quelques indices figuraient. Les germes de l'éclosion prochaine d'un bourgeon de chaos et destruction qu'on cherchait à semer s'y trouvaient bien entendu dans leur intégralité, quasi mot par mot, et les suppositions de la donzelle s'ensuivaient. Elles n'étaient pas de réel impact, car elles ne reposaient sur rien, de concret du moins. Quelque chose se préparait, et il fallait garder à l'esprit l'extrême ambition de ces sujets, car à trop les sous-estimer, ils pourraient finir par se brûler.

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