Vladimir tournait la page de son bouquin, lisant d'un oeil distrait les premières lignes. Elégamment assit dans un fauteuil rembourré, il vivait oisivement depuis la fin des évènements chaotiques. Personnellement, il avait rempli sa mission d'importance, donnée par son ami et supérieur. Depuis des mois maintenant, avec une équipe de Tzimisce assez restreinte, se comptant sur les doigts d'une main, il parcourait certaines régions, dans le but de vampiriser des enfants. Blanchard et Oshwer furent affiliés au continent du Matin Calme, Jasmine et Klauz au continent Dévasté et Lucius au Naturel. Le Mystérieux n'étaient pas pris en compte dans leurs données pour le moment, voulant se limiter à trois grandes zones. Ils étaient peu pour couvrir de grandes surfaces, mais le but n'était pas le rendement, ou la quantité. Le but était simplement de frapper là où ça faisait mal. Blanchard ne lui avait pas révélé l'intégralité du plan, seulement ce qu'il devait savoir, car s'il se faisait attraper en court de route, il savait qu'il allait se faire sonder l'esprit pour tout savoir dans les moindres détails. Et il était hors de question de remonter la piste jusqu'au clan Tzimisce en lui même. Des cas isolés, à part, d'où le fait qu'ils ne soient que cinq. Il ne fallait pas en faire une généralité et puis, connaissant le chef de clan, il nierait tout en bloc pour ne pas perdre sa place, évidemment.

Ainsi, pour le moment, Vladimir se prélassait, dans le grand manoir de son ami. Blanchard avait acquis, il y a quelques centaines d'années de cela, une demeure qu'il avait faite rénover, en haut du quartier résidentiel, au milieu des autres bâtisses abandonnées. Il n'y avait, comme cela, aucunement moyen de venir l'ennuyer avec les animations de quartier. A l'époque, ce fut plus par obligation pour le clan et, au fur et à mesure, ce fut par plaisir. Il était chez lui et c'était tout ce qui contait. Le vampire fit la connaissance des parents d'Oshwer quand ceux-ci entrèrent dans la grande famille. Il reconnu en eux un certains potentiel, presque un pedigree qu'il a pu longuement exploité. Quand Vladimir naquis puis partit de chez ses géniteurs, se fut tout naturellement que Blanchard soit informé de la présence du jeune homme dans les parages. Un jour peut être lui rendrait-il visite, mais d'ici là gardons le à l'oeil.
Et puis finalement, le vampire respecta les dires de son père, allant rencontrer cet homme qu'il avait déjà vu par le passé, et plus d'une fois, dans la demeure familiale.
Depuis, il n'avait pas quitté le logis. Encore particulièrement sensible à la lumière du soleil, il vivait dans le noir, et ne sortait que la nuit. Chasser était devenu une partie de plaisir avec les années et parfois, il parfait avec Blanchard.

Ce dernier, d'ailleurs, arriva dans le petit salon avec un adolescent à ses côtés, ayant une quinzaine d'années, tout au plus « Il y a du nouveau. Ca vient d'en haut. Tu as faim ? » Les émeraudes de Vladimir étant passées rubis lorsque l'enfant entra, c'était naturellement que son ami lui posa la question « Tu m'en laisse... ? Je me servirai après. Qu'avais-tu à me dire ? », « Nous av... » Plusieurs pièces plus loin, le bruit de la porte d'entrée retentit, et une voix résonna, demandant s'il y avait quelqu'un. Une servante accueillit l'étranger, avant de venir quérir le maitre. Ainsi, quand la petite femme arriva, il se coupa en début de phrase « Pardon ! Quelqu'un est là pour vous messire. », « Quelle poisse... Bon mange, je reviens. Eli, fermez les portes derrière moi. » Ainsi, les deux sortirent du petit salon, laissant Vladimir avec sa victime.

Ses bas instincts montèrent tout à coup. Le petit Magicien ne lui faisait pas face, préférant succombé de dos. Un fil électrique, presque barbelé, courrait dans le corps du vampire, attaquant son système nerveux. Il n'allait pas chasser, il avait son festin devant lui. Il ne voulait pas le tuer seulement le goûter. Mais avant, il voulait le charmer, le séduire, le faire monter dans des cieux que ce gamins ne connaitrait surement jamais.
Du bout de son pied, il toucha la cheville de l'inconnu. Un coude appuyé sur le rebord du siège, il passait régulièrement l'index sur son menton, évaluant alors le jeune homme « Retourne toi... Comment tu t'appelles ? », « Jifer. » Ce que ça pouvait être laid. « Approche toi, Jifer. » L'enfant tremblait, soumis, et obéissant, trainant des pieds, mais venant se planter entre les jambes d'Oshwer. Ce dernier savait que les hommes, les mortels de ce bas monde, avec des points, des zones du corps, assez sensibles pour les faire gémir. Une pitrerie qu'il trouvait bien risible, mais dont il se servait souvent... Il voulait que le petit lui tombe presque dans les bras, comme un défis à lui même, quelque chose qu'il s'était lancé et qu'il voulait relever.
Tout d'abord, il le déshabilla du regard. Sombre, rougeoyant, il retardait son propre plaisir. Puis en se redressant, il porta ses mains à auteur des hanches du petit, les passant sous sa chemise de servant « Att... Attendez... », « Chuut... » Sans l'hypnotiser, il le calma de murmures simples et bas, regardant toujours ce visage qui refusait de le voir « Laisse toi faire... » Le timbre doucereux, bienveillant... Le Magicien ne se détendit pas complètement, mais il osa enfin observait son partenaire. Vladimir n'aimait pas l'échange, il n'était pas forcément pour ce genre de valeur, mais dans des cas comme celui-ci, il aimait frustrer sa victime. Au final, c'était lui qui se libérait...
Ainsi, il trouva doucement des zones, plus ou moins intimes, plus ou moins dissimulées, faisant réagir l'enfant, qui laissa sa voix porter un peu plus que d'habitude, bien qu'il ne luttait en aucun cas. A travers cela, et le temps qui passait -les minutes étant de plus en plus longue- l'homme finit par tirer son poignet, avant de faire pression sur sa nuque. Il força le Magicien à se courber sur lui, à toucher son corps pour ne pas chuter, à prendre conscience de ses halètements alors que le vampire lui, restait de marbre. A l'intérieur, sa bête le sermonait de la faire languir. Sa gorge brûlait au possible et il se tenta jusqu'au bout « Jifer... » Celui-ci avait presque la tête sur son épaule. Vladimir ne manqua pas d'humer l'odeur qui se dégageait de cet être. Seulement, il ne pu finir de se repaitre de cette fragrance, s'étant poussé à bout. Ses crocs s'allongèrent immédiatement, et il céda à la morsure. Incisant la chair, écoutant le bruit du délice, il accueillit ce liquide pourpre, qui pour lui, avait la saveur du miel.
Jifer succomba. Les râles accompagnant la transfusion inversée, le gosse finit par s'écrouler sur l'homme. Il lui avait laissé deux litres de sang, par gentillesse. C'était gentiment prêté, et ce serait mal venu que de dévorer le garde-manger de son ami.
Repus, il essuya sa bouche et les gouttes de son menton avec la chemise du pauvre pourceau, et échangea sa place avec lui. Jifer était totalement inconscient et sali de sa propre souillure. Oshwer s'évertua à ne pas le toucher à outrance, dégoûté par ce contact. Une fois debout, il lissa ses vêtements et alla rejoindre son collègue dans la salle de réception.
« Qui était-ce ? », « Rien de très important pour nous. Ca concernait simplement mes affaires dans le quartier. » Vladimir resta muet, suspectant immédiatement son collègue. Il cachait quelque chose, à n'en pas douter... « Bien, comme je te le disais, j'ai reçu une lettre de là-haut. Ils sont satisfaits de nos rapports quant aux enfants et ont une autre requête. » Bien qu'il passa le vélin à son ami, il argumenta « Il leur faut de plus en plus cobayes. Tous ne se valent pas, et ils prônent la diversité pour cette fois-ci. », « Il y a de la diversité ici, dans le quartier résidentiel. Prenons en, et envoyons leur. », « Ce n'est pas si simple. Je ne veux certaines pas les attirer jusqu'à nous, ni qu'ils ne nous suspectent. Donc les cobayes il faudra que tu ailles les chercher ailleurs, si tu vois ce que je veux dire. », « 'Je' ? Et toi, que comptes tu faire ? », « Les enfants, comme d'habitude, quelle question ! », « Ici ? », « Bien sur. », « On en a déjà transformé pas mal, Blanchard, je te signale que si tu continues pour te faire bien voir, tu vas plutôt courir à ta perte. », « Je sais ce que j'ai à faire. Trouve ce qu'ils veulent, et ramène leur. Tiens, c'était fourni avec... » Le vampire lui passa un parchemin de téléportation. C'était une formule très précise qui, lorsqu'elle était prononcée devant quelqu'un, celui ci se téléporterait immédiatement dans une salle, dans le clan des Tzimisce, où ils attendaient avec impatience les stocks. Parfait, ça lui évitera de les trainer jusqu'aux quatre coins des régions.

Vladimir devait la jouer fine. Il avait déjà opéré dans certains coins au sujet des enfants, et devait un maximum se protéger de l'espionnage ou des accusations. C'était une mission importante, Blanchard et les supérieurs ne manqueraient pas de l'observer pour le gratifier ou le recaler. Seulement, une idée germa dans son esprit. Simple mais efficace. Un double meurtre. Il établirait ses quartiers dans une région, envoyant chaque jours quelques êtres vivants inconscients, toutes races confondus. Puis il croiserait des enfants, qu'il transformerait à son bon vouloir, dissimulé de tous. S'il se débrouillait bien, il pouvait faire les deux à la fois. Envoyer le corps, et transformer un môme. Si avant ça ne posait pas de problèmes que la plupart des nouveaux-nés voient son visage, ou du moins une partie, ici il ne fallait surtout pas se laisser duper. Au pire il effacerait leur mémoire, altérerait leurs rêves, pour que personne ne le découvre. Blanchard savait faire cela. Lui... Pas vraiment. Il se débrouillerait !

Finalement, il opta pour Drosera l'épineuse. Ville au peuple élitiste et pointilleux, il trouverait autant de cobayes que de mets de choix...
Comme dans ses souvenirs, le premier plateau était le plus rupestre, malgré l'abondance de richesse et de bien façon. La ville était belle, sculpturale, et pourtant terne et dangereuse. Une ambiance qui lui plaisait bien. Il rendait aux gens le regard que ces derniers lui adressaient, sans faillir. L'homme n'avait pas pris de carnet, refusant toute trace écrite pour ne pas qu'on l'intercepte. S'il se faisait arrêter et qu'on le forçait à parler, il ne souhaitait pas que ces informations tombent entre de mauvaises mains. Le clan Tzimisce avait plusieurs projets dans lequel il était impliqué. Il y avait les officiels, et les officieux. Le projet concernant les enfants était l'officieux, celui qui ne devait pas remonter jusqu'à la reine, sous peine de mort subite.
Dans des rues étroites, il rencontra un monde que les Alfars ne représentaient pas, dont même ils ne parlaient pas : les rebelles. Des gens, jeunes comme vieux, en proie à un tiraillement d'idée, et qui luttaient contre le pouvoir des Dahlia. Ce serait leur cible parfaite. Parmi eux, bien des hommes et des femmes d'ethnies différentes mais ayant un but commun. Il y avait quelques Vampires, des Alfars, évidemment, et un ou deux Ondins. Vladimir leur passa à côté sans un mot, ne les regardant qu'à peine. Le groupe l'ignora totalement, continuant ses activités.
Les collègues qu'il croisa étaient au même niveau que lui, tout juste venaient-ils de dépasser le stade de Goule. S'il arrivait à les assommer et les mutiler pour qu'ils s'affaiblissent, ce serait une vraie réussite que de fournir une demi douzaine de cobayes d'un coup. Personne ne lui avait dit combien il en faudrait, mais Vladimir y mettrait la force nécessaire et, surtout, l'intelligence. Un Tzimisce ne valait rien, sans neurone, c'était bien connu.

Comme prévu dans son petit plan minutieux, deux des gars vinrent le trouver, l'arrêter, une ruelle plus loin, sans que les autres ne les voient. Vladimir se retourna pour leur faire face, et leva un sourcil en croisant les bras « Vous désirez... ? », « Plusieurs choses... » Attaquer pour attaquer. Ils n'avaient aucune tenue. Les rustres avaient su bafouer les valeurs de leur race respectives, pour venir croupir ici, se battant nuit et jour autant physiquement que mentalement. Comment les gens pouvaient-ils autant régresser... ?
L'Alfar sortit un poignard, se jetant sur le vampire. Si celui-ci su éviter le coup de justesse, le revers fut différent. La lame transperça son épaule, et il serra les dents pour ne pas crier. Il ne pouvait pas employer l'aliénation, pour le moment trop distrait, et ne devait compter que sur ses capacités physiques, tout de même assez faibles par rapport aux gens de la rue.
De sa main, jaillit une boule, ronde et grosse comme un melon, et allant droit sur la jambe d'un des deux truands. Un feu, de couleur bleu, aussi néfaste que le reste, vint prendre le membre du pauvre homme, qui tomba au sol. Avant qu'il ne se mette à hurler, Vladimir l'assomma de toutes ses forces. L'autre, hébété par la situation, et la disparition subite de la jambe de son collègue, chargea et fonça sur le vampire. L'ennemi était devenu plus fort, plus rapide, mais l'éphèbe se contenta de le narguer, le laissant lui passer au travers. Prenant les armes du cadavre pourtant en vie, sur le sol, il lutta fièrement pendant plusieurs minutes, jusqu'à blesser ce gladiateur.
A terre, criant sa douleur, le Tzimisce du se dépêcher pour lire le parchemin de téléportation, avant que le reste de la bande ne rapplique.

Les corps disparurent, et seul leur sang restait sur le dallage sombre. Vladimir s'éclipsa alors que le reste de la bande arrivait. S'ensuivit une petite course dans les rues où le vampire les fit tourner en rond, revenant au point de départ. Chacun d'eux étaient exténués. L'homme n'était pas fou, il savait qu'il ne pourrait y arriver à un contre trois. A cette pensée, ses yeux se plantèrent dans ceux d'un des Ondins, lui fauchant littéralement l'esprit. Dorénavant, il serait avec lui, et contre ses amis. En une seconde, l'inconnu se jeta sur son collègue d'à côté, sortant ses dents acérés de dévoreur, pour lui arracher la gorge. Le vampire n'avait pas forcément faim, mais aux vues de son amour exacerbé pour le sang, ses iris rougirent, atteignant en un instant la belle couleur rubis. L'un d'eux était mort, mais il restait les autres, et chacun d'eux étaient assez décontenancés, pour que le Tzimisce passe à l'attaque sans mal. Il assomma immédiatement le dernier debout, avant de se jeter sur l'Ondin qui finissait de dévorer une partie du malheureux. Une fois tous à terre, il les téléporta directement, avant de s'appuyer au mur d'à côté.

Reprenant sa respiration, il du avouer que l'adrénaline ressentit pendant cette mission périlleuse avait été plus forte qu'il ne l'aurait cru. Lui qui avait fait un excès de zèle en se donnant dix humanoïdes à ramené au bercail, il sera bien dur de réaliser ce genre de mission aujourd'hui seulement.
Alors il décida de rentrer au quartier résidentiel. Dans les rues de Drosera, il ne pu se focaliser sur les enfants, trop absorbé par sa propre mission.
A peine fut il rentré chez Blanchard, que ce dernier lui sauta dessus « Alors ? Tu as mit du temps ! », « J'étais chronométré ? », « Pas de sarcasme. », « J'en ai fais une grande partie à Drosera. Ce n'est pas de tout repos mais je n'ai pas fini. Je doute que cinq cobayes leur suffiront... », « Ce sera bien assez. Vous étiez plusieurs sur l'affaire. J'irai les voir, je te ferai savoir leur satisfaction. Et pour les enfants ? », « Je n'ai pas eu le temps. J'étais surveillé, je ne pouvais pas me permettre de déroger à la mission pour trois gosses. », « On a dire que c'est déjà pas mal. »