« Chère Yûki,

J'ai été étonné d'avoir de tes nouvelles. Mentir serait que de dire que notre lien ne m'a pas manqué. Néanmoins, je ne peux t'affirmer aujourd'hui pouvoir de nouveau être ton maître. Je préfère être clair au début de cette missive afin d'éviter que de faux espoirs t’étreignent. J'ai des projets, de grands projets et ces derniers ne m'autorisent en aucun cas la présence de quiconque à mes côtés. Le lien qui existait entre nous ne pourrait pas se reformer, même si je le voulais. Bientôt, je partirai sur le chemin de l'élévation et si mon Destin n'est pas de devenir Æther, alors il sera de disparaître dans le néant. Tu comprendras que je ne veuille en aucun cas t'infliger un lien pour un temps aussi court, un lien aussi dangereux qui, en plus d'être brisé, pourrait te tuer d'ici quelques années si je venais à disparaître.

Néanmoins, et peut-être refuseras-tu, si tu cherches un maître qui me ressemble, j'ai quelqu'un à te recommander : mon fils. J'en ai eu beaucoup durant toutes ces années, la plupart par magie mais celui-ci est naturel. Il a été conçu alors que j'étais encore Empereur Noir et vient du futur. Tu te douteras qu'il soit quelque peu différent de la plupart des individus peuplant ces terres car il a vécu dans un univers de terreur qu'il a lui même aidé à étendre. Cependant, outre le fait qu'il soit malfaisant, mon fils Ares pourra assurer ta protection d'ici quelques temps. Il ignore que je connais son existence mais qui peut encore me cacher quelque chose aujourd'hui ? La puissance qu'il avait dans ce futur qui n'existe plus reviendra et bien qu'il demeurera maléfique, je suppose qu'il sera bon avec toi autant que j'ai pu l'être.

Tu es bien entendu libre de refuser mais j'espère malgré tout que tu sauras faire le bon choix afin que tu puisses acquérir un maître digne de toi.

Je te remercie de m'avoir servi durant toutes ces années, tu m'as à de nombreuses reprises aidé et, ne t'inquiètes pas, où que je sois, je garderai toujours un œil sur toi.

Jun

PS : Ares devrait être dans la rue commerçante du continent du matin calme d'ici quelques jours. »

Ares se baladait dans les rues. La situation lui plaisait assez. Le chaos, la désolation, ces états étaient tout ce qu'il pouvait espérer connaître. Après tout, il avait grandi dans un monde sans pitié, un monde terrible qui, certes n'existait plus, mais était sa base d'éducation. Pour lui, la douleur, la tyrannie des plus forts et l'esclavagisme des faibles étaient des choses normales. Ce temps le dégoûtait pour son grand consensus, pour la paix qui semblait régner. Enfin, plus maintenant. Les Sorciers et les Ondins étaient en guerre, il avait eu vent d'une attaque démoniaque ici et là qui déboucherait sans doute sur un nouveau conflit. Seulement, il se demandait combien de temps tout ceci durait. Si c'était simplement de petites guerres afin de se dégourdir les jambes, cela n'en valait pas la peine. Ensuite, il était mitigé sur la guerre des Sorciers et des Ondins. Il avait toujours préféré agir dans l'ombre. Pour lui, son peuple ne devait pas déclarer une guerre mais exterminer sans crier gare. Malheureusement, sa puissance perdue, il n'avait plus aucun mot à dire. Et puis, personne ne le connaissait dans ce temps.

Quoi qu'il en soit, l'homme avait bien l'intention de profiter de la panique générale pour faire quelques meurtres ou s'enrichir un peu. Une chose était sûre : il n'avait pas peur, car il possédait un don particulièrement utile dans ce genre de cas : le voyage dans le temps. Il ne pouvait l'utiliser facilement mais si jamais la mort avait l'intention de venir le chercher, il pourrait la défier une unique fois.

Vêtu d'une chemise blanche semblant immaculée, ses yeux bleus se posèrent sur les passants. Ils étaient tous affolés, essayant de fuir le continent pour diverses raisons : les tremblements d'abord, la montée des eaux ensuite mais, surtout, la présence d'étranges individus masqués qui terrorisaient le continent entier. Ares ne savait pas qui étaient ces hommes et ce qu'ils voulaient, mais tant qu'ils le laissaient tranquille, le reste importait peu.

Le Sorcier ressemblait à son père, c'était un fait. Il n'avait simplement pas autant de prestance et personne ne faisait donc attention à lui. Mais si son charisme aurait été aussi important, beaucoup auraient fuis le l'apercevant. Deux goûtes d'eau, sauf que le fils avait les cheveux longs et les yeux d'un bleu semblant si pur que cela en était suspect.

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