Mille Millions De Mille Sabords. Bachi-bouzouk ! [Quête - Lilith A.]
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Jeu 10 Nov 2016, 17:31
「 Mille Millions de Mille Sabords 」
Le soleil brillait haut dans le ciel, écrasant de chaleur. Le navire marchant sur lequel elle voyageait flottait gaiement au gré des vagues, et si ce n’était les terres défilant au loin, on n’aurait pu croire qu’ils avançaient. Ils étaient là où ils devaient être selon la Bélua, cela lui suffisait pour apaiser son impatience. Oh, bien sûr, qu’elle ne soit pas encore parvenue à trouver sa voix dans l’assassinat l’agaçait au plus haut point. Il fallait pourtant accepter les caprices du temps et les aléas des péripéties le long de sa route. Ce n’était qu’une affaire de patience, non plus de motivation qui n’était à présent plus à dépeindre.
Eärhyë se tenait accoudée au bastingage, ses mirettes plein d’espoir en quête du moindre mouvement anormal à l’horizon.Tu serais plus efficace dans le nid-de-pid.Eärhyë soupira sans tourner la tête. Voyager à deux était parfait pour ne jamais éprouver la solitude mais il devenait justement difficile de s’isoler dans ses pensées.C’est toi la pie, s’entendit-elle dire sans même prendre garde au poids de ses paroles.Tu t’essaies à l’humour ?Cette taquinerie ironique obtint cette fois-ci le résultat souhaité : la blonde se mua pour fixer son comparse de route.Serë, Serë, Serë… Toi qui te targues d’être un excellent observateur, te voilà surpris de mon humour alors qu’il fait parti intégrant de ma personnalité ? Que de grandes phrases pour peu de contenu, rit l’autre. Les oreilles de la jeune femme frémirent d’amusement tandis qu’elle penchait sa tête sur le côté, comme un Lynx l’aurait fait pour reluquer une proie. Avant de la croquer.Attention au sens des tiennes, l’ami, dit-elle finalement dans un grand sourire. Y’avait pas à dire, elle appréciait ces joutes verbales avec Sîdh. Peut-être même qu’elle se sentirait vraiment trop seule s’il n’était pas là…Dites les tourtereaux, il est temps d’arrêter de rêvasser et de travailler !Nouveau soupir, nouvel échange de regards amusés avec le Bélua. Celui-ci se chargea de répondre sur un ton qui laissait clairement entendre la lassitude, comme s’il avait par le passé été trop confronté à cette phrase.Faut-il que deux membres de la même espèce voyageant ensemble soient forcément en couple ?Et, avant même que le second du navire n’ait le temps répondre, Serë s’empara du seau d’eau et de la brosse et se mit à frotter.
*******
Tu es vraiment sûre de ce que tu fabriques ?Eärhyë pouffa.Non, et c’est bien cela qui rend la chose exaltante, pas vrai ?Serë cligna les yeux, incapable de comprendre. Amusée par sa moue dubitative, Eärhyë étira un sourire en daignant lui préciser le fond de son plan.Difficile de sonner à la porte d’un équipage pirate quand on ne sait pas où mouille leur navire.Elle s’arrêta là, ménageant son effet. La jeune femme aimait embêter son camarade et ne s’en privait pas pour le faire. Aussi curieux qu’elle, la Bélua était prête à parier qu’une question lui brûlait la langue.Et donc ?Eärhyë fit la moue. C’est tout ? Pas plus qu’un simple et donc ?L’air sérieux du Bélua se fendit sur un sourire amusé.Tu aurais trop savouré.Consciente de sa gaminerie, la jeune femme tira la langue avant de montrer la cale.Quoi de mieux qu’un riche navire marchand pour appâter le loup ?Le Renard grogna.Mon ennemi naturel, bien sûr. T’as pas peur que j’y passe ? Je ne suis pas fait pour devenir pirate…Eärhyë eut un rictus amusé.Je serai là en cas de pépin, il ne t’arrivera rien, je te le promets.Son ami n’ajouta rien. Il avait confiance en sa Sauveuse, il se doutait qu’elle était bien capable de tenir sa promesse, à n’importe quel prix.
*******
Eärhyë frottait en réfléchissant à ses plans. Elle n’avait pas eu les moyens d’offrir deux places à bord. Et puis un navire marchand n’avait que faire de touristes de leur dégaine. Finalement c’était Serë qui avait eu la brillante idée d’être embauchés comme mousse sur l’un d’eux, même s’il avait regretté sa proposition pendant qu’il l’énonçait. Eärhyë non plus n’avait pas aimé. Elle détestait ce genre de tâches, frotter toute la journée ou faire la cuisine. Il fallait pourtant reconnaître que cette idée ne manquait pas de culot et parviendrait probablement à la placer sur le chemin d’un navire pirate. La suite n’était qu’une histoire de patience, après tout…Marre d’attendre, grogna-t-elle en frottant sans énergie le ponton. Les rayons du soleil si bienfaiteurs tantôt la recouvraient à présent d’une sueur coulante qui rendait la jeune femme hargneuse.Arrête de râler et travaille !gueula le second du rafiot en la bousculant. Projeté sur son flanc gauche, la jeune femme frissonna en sentant le Lynx se rebeller mais contint heureusement son mouvement d’humeur au sein de son corps. Se remettant à frotter non sans lui avoir décoché un franc regard noir, la jeune femme y mit plus d’énergie avant de se voir interrompue par un autre membre de l'équipage. Les yeux noisettes de ce dernier et sa mine patibulaire la laissèrent pantoise, pourtant elle parvint à comprendre la teneur de ces propos. Ne pas se préoccuper de cet idiot, au quelque chose dans le même goût. Puis il lui tendit une gourde d’eau avec un sourire charmeur. Ressuyant la sueur dégoulinant sur son front, la jeune femme s’en saisit sans parvenir à décocher ses prunelles de son visage. Le visage était fin, gracile, à demi masqué par la capuche de sa cape rabattue. La jeune femme déglutit péniblement, consciente du piètre tableau qu’elle offrait. Alors qu’elle avalait sa gorgée, le jeune homme se pencha un peu plus vers elle, sourire aux lèvres. La Bélua craignit un baiser et tenta de se reculer mais son vis-à-vis la maintint par les avant-bras et continua de s’approcher. L’oreille, voilà où il allait.Je sais ce que tu mijotes ici…La gourde tomba à terre. Effarée, la blonde écarquilla les yeux, tentant de comprendre. De répliquer. Elle n’en eut pas le temps…Pirates en vue !
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Dernière édition par Eärhyë Lothiel le Lun 14 Nov 2016, 00:59, édité 1 fois
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Lun 14 Nov 2016, 00:28
Mille Millions de Mille Sabords. Bachi-bouzouk !
Lilith pestait… Sa chevelure écarlate était sans doute l’atout dont elle éprouvait la plus grande fierté. C’était également un atout bien trop facilement repérable… Aussi, dans des cas très particuliers, la Capitaine acceptait le sacrifice de devoir la masquer. La dernière fois qu’elle avait dû user de ce procédé, c’était pour une soirée déguisée en monarque… Et l’issue n’avait pas été une franche réussite. Pourtant, cette fois, la pirate misait sur des retombées bien plus intéressantes.
Le Lucia… Ce navire marchand qui prenait le risque de passer au large de Neriona était presque une légende, tant il paraissait recelait de richesses. Pour cette raison, il était également l’objet de nombreuses convoitises de la part de ses homologues, ce qui avait pu pousser la rouquine à user d’un autre stratagème : infiltrer l’équipage pour faciliter l’abordage du Libertad. Et, évidemment, afin d’éviter tout risque d’une reconnaissance quelconque par un éventuel connaisseur de la piraterie à bord, sa fière crinière de feu s’était temporairement mutée en une épaisse chevelure d’un noir de jais.
De mauvaise humeur, il n’avait cependant pas été difficile de mettre en avant ses capacités de marin, quelques démonstrations avaient suffi, d’autant plus qu’elle avait demandé une solde plus que raisonnable afin de s’assurer l’emploi. Azraël avait fait de même tandis que Tsakiel assurait le commandement du galion à distance, afin de procéder à l’assaut en temps voulu.
Renouant avec son précédent métier, la pirate se retrouva dans les voiles avec un plaisir non dissimulé, oubliant par la même occasion pratiquement le désagrément qui lui occupait l’esprit. Jouer l’équilibriste sur les marche-vergue, dénouer les voiles, se balancer au bout de la drisse… La rouquine retrouva certaines sensations qui lui rappelèrent avec une certaine nostalgie les ordres de Rack… A peine le pied posé sur le pont, le Lucia ayant pris le large, Lilith rejoignit son ami qui avait participé activement aux manœuvres.
- Ca va.. Tu t’es bien amusée ? - J’ai juste bien fait mon taf, je ne vois absolument pas de quoi tu parles… Et puis, plus vite nous serons éloignés.. Plus vite l’abordage pourra être entamé, alors ne viens pas te plaindre de mon excès de zèle… - Je ne m’en plains pas. Pour une fois que tu n’es pas absorbé par « tes hommes »… - J’y vois presque un sarcasme… - Presque…
Azraël jeta un coup d’œil à l’horizon, grommela légèrement. Il n’avait pas envie d’étayer le sujet, mais la nature de leur relation avait énormément changé depuis l’évolution non volontaire de la pirate au sein du Galion. La rouquine n’ignorait pas tout à fait l’état d’esprit du réprouvé, et, malgré ses efforts, elle ne parvenait plus à le dérider. Il sombrait peu à peu dans un état de colère et de tristesse qui la laissait impuissante. Se plaçant à ses côtés, la jeune orisha saisit le bras du réprouvé pour lui souffler à voix basse.
- Tu as pu faire quelques repérages ? - Un peu, oui… Le Lucia transporte beaucoup d’or et des denrées alimentaires. Une transaction qui a été finalisée et apparemment un troc qui doit aboutir sur une île un peu plus loin. - Dis-moi qu’il y a quelques pièces d’exception aussi… Le lucia en a fait sa spécialité… - Des pierreries oui. Et tu vas être contente… La plus grosse émeraude de l’archipel serait dans la cale.. - Et le capitaine sera vite neutralisable, il semble plutôt fade et…
Lilith haussa alors un sourcil. Une silhouette qu’elle avait déjà eu l’occasion de croiser voici déjà quelques temps… Lors d’une mission dont elle n’avait gardé que la clé qu’elle portait autour du cou… La belua-Lynx, Ehry ? Eähryë ? De vagues souvenirs lui revenaient en tête sur leurs échanges. Les mercenaires ne lui plaisaient pas, pas plus que les pirates d’après ce que la Capitaine avait déduit. En soit… L’abordage promettait un jeu plus intense.
- Une vieille connaissance, Az.. Elle viendra avec nous. - Euh… Li… Elle n’est pas seule… Y a son petit copain, un autre belua, et.. Visiblement.. Ce gars. Lui, je ne le connais pas… Je ne l’ai pas vu avant, et les autres gars n’en ont pas parlé. - Ouais, bah, écoute, je suppose qu’on aura un peu de soutien lorsque Tsakiel, tout sera beaucoup plus simple…
Sans attendre la réponse de son ami, Lilith s’élança vers la bélua, quitte à rompre le charmant tête à tête qui se créait. Les cheveux toujours dissimulés en partie, la rouquine s’arrêta aux côtés de la jolie blonde.
- Ehry… Ca fait longtemps… Un plaisir de te retrouver !
Arborant un franc sourire, bien que quelque peu intéressé, la Capitaine écarquilla les yeux lorsque la vigie annonça une attaque. Le Libertad ne devait pas lancer les assauts si vite… D’un bond, elle se retourna pour se lancer vers la balustrade. Le pavillon annonçait la couleur. Edward… Ce dernier était doté d’une certaine réputation autour de Nériona. Ses « terres » en quelques sortes… Le Libertad ne tarderait pas à arriver, il faudrait agir très vite.
- Az.. Tente de contacter Tsakiel… Fais vite. Ehry, ma belle, c’est étonnant comme le croisement de nos routes se produit toujours dans des circonstances similaires… De la marchandise à protéger contre des vilains mercenaires. Cette fois, seras-tu prête à les affronter pleinement ?
L’alerte ayant été donnée plus que tardivement, les premiers hommes sautèrent sur le Lucia, provoqua par la même occasion la sortie des lames de la rouquine.
Le contenu de la gourde se déversait en une petite flaque écarlate transparente, bientôt éphémère. Le liquide se mélangeait déjà au savon qu’utilisait la blonde pour nettoyer le ponton du navire marchand. De cette magie aqueuse, Eärhyë ne vit rien, occupée voire préoccupée par la teneur du murmure. Un long frisson courut le long de son échine, serpentant jusqu’à se lover dans sa nuque. Que pouvait-elle répondre à une telle accusation ?Non, ce n’est pas une accusation…murmura-t-elle pour elle-même. Le chuchotement n’échappa guère à l’impromptu, qui se dérida dans un sourire amusé et charmeur. Un sourire qui se fana rapidement dans une surprise non feinte lorsqu’une énième personne intervint. C’est fou, nous sommes sur un bateau et on se croirait à une foire où tout le monde se rencontre… Son surnom émis dans l’air fit plisser les yeux perçants de la Bélua. Le timbre de la voix lui rappelait quelque chose, un souvenir lointain à moitié effacé. Quant au visage, il ne contribuait pas davantage à l’émergence d’un souvenir concret si bien qu’Eärhyë conserva sa mine dubitative et froncée, malgré ledit plaisir assuré par l’autre. Si j’avais apprécié la personne, je me souviendrais d’elle, tout de même. Après tout, la jeune femme n’était pas encore sénile, loin de là.
A l’annonce du bateau pirate en approche, ce fut la débandade sur le navire. Les uns, plus téméraires et courageux, se saisissaient des quelques armes dérisoires à leur disposition quand d’autres se calfeutraient dans leur cabine. Crétins, grogna une Eärhyë qui ne parvenait pas à prendre en sympathie des gens qui ne se défendraient même pas pour sauver chèrement leur peau. D’autres encore, deux personnes en réalité, avaient remonté de la cale quelques coffres qu’ils jetaient par-dessus bord, espérant sûrement que la disparition du trésor apporterait l’indifférence du navire attaquant. Doublement crétin… Le Capitaine serait probablement encore plus cruel. Alors que la Bélua avait espéré pouvoir atteindre le Pirate pour obtenir une place à bord du navire, voilà qu’elle allait devoir le combattre, au risque de se faire tuer, perdant sinon toute chance de faire concrétiser son rêve par ce premier projet. Par le seul projet qui lui était venu en tête, en réalité. La femme à côté d’elle donnait ses ordres à un jeune ténébreux borgne, tandis que l’autre inconnu qui l’avait alpaguée un peu plus tôt affichait une mine tranquille, presque suffisante, comme si la situation actuelle l’indifférait. Comme si… La dame coupa sa réflexion en lui parlant directement. Marchandise à protéger ? Vilains mercenaires ? Le souvenir commençait à remonter doucement mais sûrement à la surface. Peu de temps avant de quitter le Rocher, leur patrie, Mirra et elle s’était revus pour escorter un convoi mené par un pauvre idiot… eärhyë avait d’ailleurs tué son premier homme à ce moment, et en avait profité pour réfléchir à la notion de bien, de mal, de ce conflit qui perdurait depuis des millénaires et qui n’arrêterait jamais sa course. Et à leur côté…Lilith ?La blonde avait conscience que ce n’était pas la réponse tant attendue, voire même qu’elle devait passer pour une parfaite idiote en l’interrogeant sur son nom, alors que cela aurait du pulser comme certitude. Mais comment la reconnaître sans ses cheveux flamboyants ?
Pas de temps pour échanger davantage, l’abordage adverse avait débuté. Suivant le mouvement de la Rousse, Eärhyë avait dégainé son piètre couteau, ce qui lui permettrait de parer les attaques. Ensuite, qui sait, un coup de genou bien placé ou un coup de pied puissant permettrait peut-être de mettre un assaillant hors course. L’action avait toutefois déjà commencé lorsque la Bélua eut une pensée pour son ami, pacifiste comme jamais.Sîdh !hurla-t-elle à en perdre sa voix, cherchant à couvrir le bruit des lames s’entrechoquant, les cris des blessés à la chair déchirée ou aux gémissements d’agonie des premiers mourants. La féline voyait rouge et, parant un énième assaut, faillit ne pas attendre la réponse à son appel.Au-dessus ! Inconsciente, la jeune femme leva la tête décorait de petites gouttelettes vermeilles alors qu’elle se situait au centre des combats. Un objet métallique et affuté retint la lumière tandis qu’une lame s’élançait vers elle. Une poigne de fer la tira violemment vers un corps chaud et musclé, le torse du mystérieux inconnu. Il venait probablement de lui sauver la vie. Insolente, elle ne prit pas la peine de le remercier, remarquant simplement que les ennemis se gardaient de l’affronter. Notant ce détail pour plus tard, si tant est qu’il y en ait un, la Bélua releva de nouveau le nez pour s’assurer de l’état son ami. Celui-ci semblait se portait comme un charme. Il avait apparemment eu le temps d’attraper arc et carquois pour grimper jusqu’à la vigie, plateforme de laquelle il visait les ennemis. Ses flèches trouvaient rarement leur cible, ce qui fit pincer les lèvres d’Eärhyë, au moins était-il en bonne santé.
Rassurée, la Bélua reporta ses pupilles sur le combat, intervenant non loin quand un pauvre marchand courageux était sur le point d’être abattu par la lame d’un mercenaire. Elle arrivait toujours de justesse pour sauver les gens, au moins leur donnait-elle un peu de répit avant la mort. Dansant presque dans sa lutte, la blonde cherchait avant tout un éclat rouge parmi tout ce sang qui signalerait la position de Lilith. Mais peut-être cette dernière s’était-elle teinte les cheveux pour passer inaperçue. Occupée, Eärhyë ne pouvait plus réfléchir. Faiblement agile, son endurance atteignait ses limites et la jeune femme sentait venir la lassitude des combats trop longs. Revenant sur ses pas, la Bélua retrouva la sécurité superficielle du mystérieux inconnu, qui intervenait également de temps à autres, semblant prendre également le parti des marchands. Un point pour lui, apprécia la jeune femme en recouvrant difficilement sa respiration. Sa poitrine se levait et s’abaissait sur un rythme effréné qui trahissait sa fatigue. Son bras droit tremblait d’épuisement quand ses jambes la portaient difficilement. Bien loin de mourir par une erreur lors d’un combat, c’est l’épuisement qui la lâcherait avant tout.
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Lun 28 Nov 2016, 23:14
Mille Millions de Mille Sabords. Bachi-bouzouk !
Ainsi, la jolie blonde ne se souvenait pas d’elle ? La pirate pencha la tête sur le côté, laissant quelques-unes de ses mèches masquer son visage, affichant un faciès amusé.
- Et si tu ne m’avais pas apprécié, tu t’en rappellerais d’autant plus, je te l’assure.
A ses yeux, sa propre conduite avait été exemplaire ce jour-là. Par respect pour la race des béluas, en particulier en raison de rencontres précédentes, la rouquine s’était simplement contentée de cette chaine et de cette clé qui pendait toujours autour de son cou. Sans chercher ni compensation, ni même prendre parti pour les pauvres mercenaires qui avaient été au service de ce marchand incompétent et si peu charismatique, Aramis. Et tout ça par respect pour la race de la demoiselle qui se trouvait sous ses yeux. N’était-ce pas là un signe de bonne foi qui aurait mérité un souvenir ?
- Je dois visiblement avoir une meilleure mémoire que toi..
Son sourire se fit plus taquin, sachant pertinemment qu’en se présentant d’elle-même face au lynx, légèrement grimée, la Capitaine disposait d’un avantage sur son interlocutrice. Toutefois, la rouquine n’eut pas le loisir de poursuivre, rapidement interrompue par le chambardement provoqué par l’abordage d’Edward, obligeant Lilith à changer ses objectifs. D’un coup, Eähryë sembla faire le rapprochement entre ses petites provocations et ses propos et retrouva son nom. Mimant une révérence exagérée, la Pirate s’inclina pour y répondre.
- Parfaitement…. Tu vois que le souvenir n’était pas si mauvais !
Pour autant, constatant que le butin risquait d’être définitivement perdu, pour le Libertad, comme pour Edward, la jeune orisha pesta et interpella son allié dans un Zulldov approximatif afin d’être compris du moins de monde possible.
- Az… Les coffres… Empêche-les de balancer les principaux… Le Libertad arrivera par la poupe, nous aurons peu de temps pour déguerpir avant qu’Edward ne reporte son attention sur nous…
Ne prenant pas la peine de vérifier si ce dernier se conforma à ses ordres, la Pirate se rua vers les cales pour prendre son rival de vitesse. S’il y avait un bien rare, c’était sans doute qu’Edward serait bien informé. Il lui fallait cette émeraude. Sans état d’âme, les dagues à la main, la rouquine éliminait les obstacles qui s’opposait à elle.. Une salle, puis une autre… Et encore une autre.. Rageant de ne pas atteindre son objectif, ses lames fusaient furieusement contre les marchands bien moins habitués au combat. Enfin, lorsqu’une porte dont la serrure résista un peu plus longtemps que les autres, son regard fut attiré par l’éclat de la gemme tant désirée. Satisfaite, Lilith se rua sur le pont, laissant là le reste des Trésors. A l’arrière du pont, les mélodies des canons de son galion tonnait, signe qu’en effet, le Lucia n’était définitivement plus la cible d’un mais bien deux navires de flibustiers. D’un rapide coup d’œil, il était net que les premiers arrivants n’avaient pas tout de suite repérés les hommes de Lilith et continuaient de s’acharner sur les civils, qui, fort heureusement pour le Libertad, avaient agi de façon suffisamment stupides pour s’attirer les foudres de tout pirate qui se respecte. Au milieu de ce capharnaüm, Azraël parvint néanmoins à se glisser non sans y laisser quelques plumes, auprès de sa supérieure.
- Faut qu’on dégage, et vite… On a récupéré une partie de l’or… - Et j’ai l’émeraude…
Le borgne esquissa un fin sourire.
- J’en doutais pas. La surprise nous permet encore de fuir, mais c’est juste une question de minutes, la brume qui masque le galion sera bientôt dissipée. - Apprends-moi mon métier… Je ne te dirais rien surtout… grogna la rouquine.
Pourtant, malgré l’urgence, Lilith semblait fascinée par la scène qui se déroulait sous ses yeux. Elle cherchait sans vraiment trouver ce qu’elle souhaitait. Mais où était la bélua ?! La patience ne faisait définitivement pas partie de ses qualités, et la Capitaine ne souhaitait pas laisser passer l’occasion d’une petite mise au point. D’un coup, la chevelure blonde de sa camarade d’une aventure se détacha au milieu de ce spectacle sanglant. Cachée par un homme brun qui, visiblement, la protégeait à intervalle régulier, la rouquine n’avait pas pu repérer aussi rapidement que souhaité sa cible. Celle-ci se battait et donnait clairement tout ce qu’elle pouvait pour les hommes du navire. La raison de cet altruisme échappa totalement à la Pirate qui la désigna du doigt à son acolyte.
- Prends quelques hommes, embarque son camarade, et l’autre là, ses amis, je suppose. - Mais qu’est-ce que tu veux foutre avec ?! On doit se casser… - Bah, on se casse, mon Grand, t’en fais pas… Mais avec eux. Je m’occupe d’elle. Et ne perds pas de temps, tu sembles oublier qu’on est pressés…
Avec un ultime sourire moqueur adressé au réprouvé qui observa son amie, blasé par la petite espièglerie de son amie. Celle-ci esquiva autant que possible les lames des adversaires plutôt maladroits, et attrapa Eärhyë par le bras, profitant de l’essoufflement de cette dernière.
- Ecoute ma jolie, nous n’avions pas tout à fait terminé nos derniers échanges… Je vois que tu aimes définitivement prendre le parti des marchands, mais au cas particulier, tu ne sais pas qui tu affrontes. Je te conseille vivement de déguerpir d’ici. A l’image de tes amis…
D’un signe de tête, Lilith désigna les alliés de la bélua qui se faisait embarquer par ses hommes.
- Tu me suis directement ou tu préfères que je te force un peu la main ?
Malgré l’apparente bonne humeur, le choix donné n’en était pas vraiment un. Qu’Eähryë le veuille ou non, elle se retrouverait sur le pont du Libertad. Et tout de suite.
Le soleil brillait haut dans le ciel, écrasant de chaleur. Le navire marchant sur lequel elle voyageait flottait gaiement au gré des vagues, et si ce n’était les terres défilant au loin, on n’aurait pu croire qu’ils avançaient. Ils étaient là où ils devaient être selon la Bélua, cela lui suffisait pour apaiser son impatience. Oh, bien sûr, qu’elle ne soit pas encore parvenue à trouver sa voix dans l’assassinat l’agaçait au plus haut point. Il fallait pourtant accepter les caprices du temps et les aléas des péripéties le long de sa route. Ce n’était qu’une affaire de patience, non plus de motivation qui n’était à présent plus à dépeindre. 