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 Il était une fois un poulpe qui se prenait pour un démon. [Zazou]

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Lun 25 Juil 2016, 16:17

Le parfum sec de l'alcool se répandait à travers toute la pièce, envahissant les coeurs de ceux qui ne buvaient pas encore. Insensible à cette tentation, Callidora écoutait d'un air ennuyé les élucubrations d'un groupe de Déchues, davantage intéressée par le spectacle qui se déroulait à quelques mètres que par leurs piaillements incessants. Parfaits représentants de l'atmosphère sensuelle qui charmait la cité entière, un homme et une femme se livraient à une danse aux allures charnelles, disparaissant de temps à autre sous de fins rubans qu'ils maîtrisaient tous à la perfection. La brune appréciait ces visions faites pour éveiller les sens dont regorgeait Avalon et qui ne parvenaient pourtant pas à faire taire les maudits échos de sa raison. Son arrivée en ces lieux, bien que fortuite, se révélait une délicieuse surprise. Portant son verre à ses lèvres, elle ne quittait pas des yeux les corps dénudés enlacés par le tissu rouge, se demandant par quel miracle une telle harmonie pouvait naître. Et malgré toute la beauté de ces partenaires audacieux, elle s'apprêtait à quitter l'endroit. Ne rien apprendre avait tendance à aiguiser sa frustration. Ses doigts se crispèrent autour de la coupe qu'elle tenait. À travers les jacasseries environnantes, elle finit par entendre quelque chose. Un prénom échappa à l'une des jeunes femmes qui dégustait un repas sur la table de droite. Tournant la tête vers cette dernière, elle esquissa un sourire inquiétant. Le mensonge révélait son éclat dévastateur, une fois de plus. S'efforçant d'ignorer une envie de vengeance qui l'incitait à faire payer cette découverte à l'inconnue, elle se contenta de rester à sa place en tendant l'oreille. Le regard perdu dans le vague, elle ne vit pas le jeune homme qui s'approchait d'elle et ne sentit pas le ruban qui s'enroulait autour de sa main.  Ce fut le silence inhabituel de l'auberge qui lui fit lever les yeux. Battant des cils doucement, elle écouta la proposition pour le moins charmante qu'on venait lui faire. Autrefois, elle serait sans doute devenue aussi rouge que le tissu entortillant son poignet et aurait considéré cela comme parfaitement indécent. Aujourd'hui, c'était l'indifférence qui la gagnait. « Malheureusement, je ne peux honorer votre demande. Quelqu'un m'attend déjà pour dîner. » Et c'était vrai, même si Kamal ne la verrait pas rentrer ce soir. Sans prêter attention aux yeux ronds comme des soucoupes de ses camarades, elle se releva, promettant de revenir plus tard. Il lui fallait prendre l'air, loin de tous. Son esprit pouvait vaciller à tout instant, et elle le savait. Cela faisait longtemps qu'elle ne craignait plus rien d'autre que ses propres démons.

Quelques instants plus tard, la brune quittait les faubourgs d'Avalon, toute à ses pensées. L'ambiance sulfureuse de la cité apaisait ses doutes d'une curieuse manière, et pourtant, la machine s'était remise en route à l'instant même où elle avait entendu ce fichu prénom sortir de la bouche d'une autre femme. Ainsi, la certitude prenait place en elle. Avoir essayé de lui faire avaler le mensonge de sa mort avait été une erreur qu'il paierait, en temps voulu. S'efforçant de maîtriser l'indigeste mélange de colère et d'amertume qui grandissait sous sa peau, elle prit une direction au hasard, distinguant au loin ce qui ressemblait à un plateau ravagé. Cela ferait l'affaire. En chemin, elle croisa quelques animaux qui bondissaient pour disparaître sous le couvert végétal sitôt qu'ils repéraient sa présence. Peu à peu, le calme revenait, et les tâches de brume claire s'étalaient autour d'elle, lui laissant parfois entrevoir qu'un paysage où la nature avait repris ses droits. Un lieu encore sauvage où personne ne semblait s'aventurer. Brisant la tranquillité des environs, la Rehla sifflotait de temps à autre une douce mélodie qu'elle adressait aux étoiles depuis son enfance lorsqu'elle ne se sentait pas suffisamment forte pour contrôler cette chose innommable qui dévorait une partie d'elle-même. Peut-être n'était-ce que le vide, en fin de compte. Et pourtant, non, elle la savait juste là, cachée entre les ombres de son coeur, prête à ravager ce qu'il restait de celle qu'elle avait un jour été. Sa folie. Pouvait-elle seulement prétendre qu'une telle disparition serait regrettable, elle qui voyait chaque soir le ciel changer de visage ?

Sans même s'en apercevoir, la brune avait cessé de fredonner, se rendant compte qu'elle se trouvait désormais à l'orée d'une forêt. Son instinct lui disait que quelque chose de louche rôdait dans les parages. Pour une fois, elle préféra agir avec prudence et se contenta de jeter un coup d'oeil à travers la végétation. Un éclair noir attira son attention. Une chevelure démesurément longue et des paroles incompréhensibles. Décidément, les dieux avaient un sens de l'humour passablement mauvais. La Rehla écarta le rideau de feuilles d'une main légèrement tremblante. Assis sur une pierre, le Démon semblait bavarder tout seul. La brune révisa son opinion en distinguant une créature pour le moins surprenante à ses côtés. Que diable faisait-il avec une chèvre ? Une situation aussi farfelue moucha toute sa colère. Retenant un sourire, elle s'approcha en toute discrétion, s'assurant qu'aucun des deux protagonistes de cette scène ridicule ne prenne conscience de sa présence. Moins d'un mètre les séparait. Ne savait-il vraiment pas qu'elle était là, juste derrière lui ? Tourner les talons était encore possible. Cédant à une impulsion soudaine, elle laissa retomber ses bras autour de son cou sans oser le serrer contre elle, posant simplement son menton sur la tête du fameux menteur, savourant ce parfum qu'elle ne pouvait oublier. « Je t'avais bien dit que je te retrouverai. Tu m'as l'air en pleine forme, pour un cadavre. » Ne lui laissant pas le temps de réagir, elle rompit le contact et fit le tour de son petit promontoire rocheux, se plaçant face à lui. Son coeur rata un battement, une fois de plus. Trop tôt encore pour se retrouver face à lui sans que cet odieux fantôme de sentiment ne refasse surface. Par tous les astres ravageant le ciel ! Ce visage qu'elle avait tant rêvé, l'avait-elle réellement sous les yeux ? Inspirer. Expirer. Doucement. Ce n'était pas le moment de perdre le contrôle. Une moue dubitative vint s'inscrire sur ses lèvres l'espace d'une seconde. « Cela dit, tu étais autrement plus sexy dans mes souvenirs. Il faut croire que ma mémoire aime embellir la réalité. C'est fâcheux. Me voilà déçue, et je n'aime pas être déçue. » Mentir de la sorte sonnait creux, et pourtant, il fallait qu'elle se montre convaincante. Qu'elle le vexe suffisamment pour qu'il ne ressente plus jamais l'envie de croiser sa route. Quand elle y pensait… N'était-ce pas elle qui l'avait cherché ? Secouant la tête pour chasser ses pensées, elle observa la chèvre, lui administrant une tape affectueuse sur le haut du crâne. Parler lui permettait de conserver un semblant de maîtrise. « Je constate que tu as toujours des goûts aussi douteux en matière de distraction. Charmante bestiole. Sur ce, j'ai autre chose à faire. Ravie de t'avoir revu, Zane. » Et sans lui accorder un regard, Callidora se dirigea vers les arbres pour reprendre le chemin d'Avalon.


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Mar 26 Juil 2016, 22:22

À partir de quel endroit un homme pouvait-il se glorifier d’avoir une vue imprenable sur tout un royaume ? Des cieux ? D’un trône ? Du sommet d’une tour ? Bien sûr que non ! Tout prenait son sens là-haut, sur la crête des montagnes les plus élevées. C’est du moins ce à quoi il avait songé au départ, ce futur Monarque dont l’incartade n’avait d’égal que le pourtour de ses muscles proéminents, plus étincelants que de l’argenterie polie par les soins d’un chasseur de trésor. Point assez rare pour le mettre en évidence, Zane supportait une chemise sans manche, noire comme le café, les quelques boutons étant dégagés pour publier l’ébauche de son torse imberbe du moindre défaut. Son diadème repiqué sur son front retenait partiellement sa crinière à danser au rythme balancé des flammes. Quant au bas, il disposait d’un large kimono de la même couleur, à la fois ample et souple, idéal pour les promenades transitoires. S’il s’était précisément rendu ici, ce n’était pas de son plein gré. Ou pas entièrement. Les nouvelles foucades du Démon l’avaient conduit à adopter un autre de ses desseins qui consistaient à réunir des Béluas de toutes espèces afin de s’engendrer une armée de prédateurs destructeurs. Ces hommes — et femmes — bêtes étaient réputés pour disposer d’une puissance disproportionnée pour qui possédait le don de les dresser, avec ou sans fouet. En rassemblant ainsi des alliés autres que ses subalternes démoniaques, il ambitionnait d’élargir son réseau afin de perfectionner le relais des informations, soit l’un des marchés les plus rentables du moment.

En tant que prochain maitre des enfers, il devait avoir les idées visionnaires pour gâter l’insatiable appétence de son peuple. La guerre ne se résumait pas en destruction massive sans prendre la peine de poser sa plume pour correspondre quelques pactes au système indulgent. Avant d’être des fonceurs, ils se recadraient comme des ambassadeurs. Pour le coup, ses charmants délateurs l’avaient mené dans cette contrée en lui amenant la conviction que des créatures aux périlleuses mutations nichaient dans les environs. En s’élevant ainsi jusqu’au sommet, il s’était attendu à être frappé par l’illumination de l’un d’eux, mais rien de tout ça n’arriva. Ce n’est pas la première fois qu’on le segmentait sur une fausse piste. Comme quoi. Cela lui évoquait les quelques changements drastiques qu’il devrait exécuter à son retour. Pour autant, l’appel de l’air ascendant qui astiqua son visage telle une vague lui fit admettre qu’il n’avait pas tout à fait sillonné les plaines. Se hâtant de corriger le tir, le Diable déroula les bras, prit une intarissable inspiration et sauta dans le vide en poussant sur ses mollets. Lors d’un saut de l’Ange qui lui était inédit, il déchira ses omoplates grâce aux ailes pendant les derniers mètres pour toucher terre en toute disgrâce. Le sol se déchira sous ses pieds, délivrant une onde qui agita fiévreusement la végétation. Quel ébahissement quand il vit une charmante chèvre qui le fixait ardemment au loin, mastiquant son herbe sacrée sans se départir de son activité. Elle n’avait pas été impressionnée ? Fascinant.

Peut-être bien que… c’était envisageable. Dans une posture qui soutenait la lascivité de son acte, le Prince s’installa douillettement au premier siège rocheux qui coupa son délicieux chemin. Les jambes écartées, il entrelaça ses bras en adoptant l’expression d’un homme dont l’aplomb surpassait sa force. Il marqua un silence, pénible, lourd, mais à la fois doux et paisible. Il échangea un bref regard avec l’animal. Cette chèvre, elle devait être la réincarnation d’un ancien Dieu tant ses prunelles pouvaient faire voyager le plus trépidant des érudits. Risquant sa main dans sa volubile toison pour éprouver ce qu’était la perfection, il se frotta ensuite le menton avec hésitation. « J’en ai croisé des Dames. Des avenantes, des monstres, des capricieuses, des possessives, des influentes, des indolentes, des barbues, des patibulaires et j'en passe, mais je n’ai jamais rencontré des femmes qui restaient aussi insensibles à mon charme. Ce sont les Aetheri qui vous envoient n’est-ce pas ? Ils m’ont désigné comme étant l’élu du mal ? Hum… je comprends. J’ai bien peur de devoir décliner votre offre, très chère. Voyez-vous, j’ai… » Il eut un brutal soubresaut lorsqu’il sentit le contact de douces mimines recouvrir ses yeux. La mémoire de Zane étant conçu comme un dictionnaire, il pouvait exprimer avec précision à qui appartenait telle ou telle propriété. Un nom dévora son esprit : Callidora.

Finalement, ce n’est pas la déesse des propositions alléchantes qu’il avait devant lui, mais bien la maitresse de la langue divine en personne qui se situait derrière. Il pouvait le dire rien qu’à son aromate ; elle était devenue encore plus charnelle que par le passé. Une femme, une vraie. Voilà qui était tout de suite plus agréable, surtout quand il put se régaler de ce ton infâme cette voix était également plus exquise à l’instant où elle s’adonnait à l’ironie. Un long sourire qu’elle ne pouvait distinguer ratura la moitié de son visage. « Tu ne me croirais pas si je te certifiais que je me suis réveillé par hasard, hier dans la soirée, avec un corps tout neuf pour m’entretenir avec… madame ? » La chèvre n’émit qu’un vague béguètement, totalement indifférente aux étranges retrouvailles dont elle était la seule témoin. Le Démon leva les yeux en direction de ces orbes dorés. « Qui sait. Je ne suis peut-être qu’une copie ratée de l’homme que tu as jadis connu. Dis-moi, comment était ce personnage ? Les rumeurs affirment qu’il était très adroit tactilement. » Les joutes verbales signaient le vrai retour aux sources de leurs relations. Ils ne s’étaient pas revus depuis trop longtemps. Malgré tout, il parvenait quand même à élucider la pertinence de ses sous-entendus. Elle ne pouvait pas croire sérieusement qu’elle pouvait quitter la forêt après s’être exposée ainsi. Maintenant qu’elle avait appris la vérité, elle ne pouvait plus échapper à l’horreur.

Comparable à une violente bourrasque, le corps de Zane se fit jeter dans le dos de la brune, ses puissantes mains se posant mécaniquement aux fondements de sa fine taille. Elle était dans l’incapacité de se défaire, car il en avait décidé ainsi. « Tentes-tu de me faire croire que tu partirais sans un regret ? En quittant cette forêt, tu pourrais définitivement perdre ma trace. Il parait que les rois sont contraints de vieillir dans leurs cités. » Le genre de souverain qu’il ne serait pas, assurément. Toutefois, dans son désir de la narguer à son tour, sa langue chatouilla le lobe de son oreille tandis que ses mains moulèrent la forme de ses cuisses. « Tu te souviens de ma promesse ? Je crois que son délai n’est toujours pas arrivé à expiration. » Comme la mèche flamboyante d’une bougie se dissipant par le souffle, le couple se volatilisa, emporté par la brise. Il ne s’agissait ni d’un enchantement ni d’un phénomène parapsychique que seules les forêts avaient le don de leur faire subir. En réalité, c’était du fait du Démon qui après l’avoir porté dans ses bras dans les airs la déposa dans une zone végétale cernée par des arbres. Leurs feuillages laissaient l’ombre se disposer, illuminant certaines parties par les rayons. En son centre gisait un lac d’un bleu cristallin. « Alors ? Madame a-t-elle toujours l’intention de vaquer à d’autres occupations ? » Pourquoi avoir choisi cet endroit ? Sûrement parce qu’il était cher en souvenirs.



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Jeu 28 Juil 2016, 16:43

Contact. Comme un poison dont on n'oublie jamais la tendre morsure et qu'on n'ose espérer, il suffisait d'un seul toucher pour faire basculer le monde, une fois de plus. La brune ne put réprimer un frisson hésitant. Pourquoi diable s'était-elle avancée vers lui au lieu de retourner sagement d'où elle venait ? Un simple effleurement, et sa raison s'effondrait, emportée au loin par un vent de plaisir que personne d'autre ne savait souffler. Et il fallait encore qu'elle y succombe, qu'elle laisse toute résistance s'évanouir, qu'elle ferme les yeux et se contente de savourer l'instant, ses doutes envolés, sa conscience anéantie. Non. Un élan de protestation monta peu à peu en elle pour mourir dans sa gorge à la seconde où il fit mention de sa promesse. Vers quel jeu malsain voulait-il la mener ? Connaissant le personnage qu'il nommait si justement, elle ne s'étonnait de rien, et toutes les hypothèses venant à elle semblaient plausibles. « Je ne peux que demander à te voir disparaître, tu devrais le savoir. » C'était agréable, pourtant, de se demander ce qu'il allait faire, de permettre à son imagination de se déployer enfin et de s'associer à sa mémoire pour anticiper les actes d'un individu tout aussi imprévisible que pouvait l'être un dieu. Ce qui échappait aux schémas ravagés de ses méninges, Callidora ne pouvait que l'apprécier. Peut-être était-ce pour cette raison qu'elle ne se débattit pas lorsqu'il la souleva dans les airs, profitant de la vue offerte sans chercher à lui soutirer la moindre information quant à ses intentions. Lorsqu'il l'aurait décidé, elle saurait, à moins qu'elle ne fasse l'erreur d'y réfléchir.

Dès que ses pieds touchèrent le sol, la Rehla se dégagea de son étreinte, à la recherche d'un équilibre qu'elle ne maîtrisait plus depuis longtemps. À pas de loup, la folie s'approchait d'elle, reflétant l'image d'une ombre qui attendait sa proie en lui laissant l'illusion qu'il existait encore un lieu où se réfugier. Secouant la tête doucement, elle tenta de reprendre ses esprits. Ce n'était certainement pas le moment de flancher. « Et un vrai démon tient toujours ses promesses, n'est-ce pas ? » Aux dépens de la prudence, la brune ne pouvait s'empêcher de le railler, veillant à conserver une certaine distance entre eux. Ses sens ne devaient pas s'éveiller, surtout en sa présence. Perdre le contrôle d'elle-même aurait de terribles conséquences. D'un autre côté, sa mémoire représentait un piège tout aussi dangereux. Le Démon ne l'avait sans doute pas amenée dans les parages par pur hasard, et elle sentait le rouge piqueter ses joues dès qu'un souvenir affleurait. Manifestement, il savait s'y prendre pour la faire chavirer, et il l'avait toujours su. La brune jeta un œil en direction du soleil dont les rayons ne tarderaient pas à faiblir pour laisser place à une étoile qui ne manquerait pas de la protéger. Reprenant son habituel ton moqueur, elle se mit à faire quelques pas pour le rejoindre, se plantant à quelques centimètres de lui avec une moue contrariée. « Vois-tu, je poursuivais un meurtrier. Enfin, poursuivre est un bien grand mot puisque je connais son identité, mais il m'amuse. J'aime l'observer. Je veux le comprendre. C'est étrange, mais je m'ennuie. Tu sais ce que c'est, l'ennui ? C'est comme l'amour, au fond, quelque chose qui ronge, qui dévore, qui blesse. » Au dernier mot qu'elle prononça, elle n'hésita pas à le gratifier d'une large griffure, promenant les ongles de sa main droite sur son torse dénudé. Callidora savait qu'elle ne pouvait pas le blesser, même en faisant appel à toutes ses forces. Leur dernière rencontre n'avait pas été des plus joyeuses, et d'une certaine manière, elle avait l'impression que ce n'était même jamais arrivé. Fallait-il simplement qu'il surgisse pour qu'elle oublie les cauchemars éveillés et cette triste lassitude qui avaient étreint son coeur pendant ce qui lui avait semblé une éternité ?

Fuyant des questions auxquelles elle ne pouvait ni ne voulait répondre, Callidora finit par se rendre compte qu'elle ne cessait pas de tourner les fameux boutons entre ses doigts, s'amusant à les ouvrir dès qu'ils revenaient à leur place réglementaire. Légèrement perturbée de voir qu'elle ne paraissait pas même en accord avec son propre corps, elle s'éclaircit la gorge une seconde, le temps de retrouver son calme. Sans chercher à découvrir ce qu'il lui voulait, elle se contentait de profiter de la situation, s'efforçant de ne pas le regarder. « Tu sais très bien que je n'oserais jamais te fausser compagnie, à moins bien sûr que tu ne le mérites. D'ailleurs, tes capacités me semblent sérieusement endommagées, pour que tu viennes ici avec moi. Aurais-tu la nostalgie de certaines… choses ? » Ses doigts quittèrent le tissu pour se poser sur sa peau nue et glisser librement vers un endroit plein de promesses avant de se figer brusquement. « Cela dit, je comprends. Il est difficile, pour ne pas dire impossible de trouver une amante qui soit à ma hauteur. » Un léger rire lui échappa. Lui avouer qu'aucun homme ne l'avait touchée depuis leur dernière soirée en ces lieux était impossible. Sa fierté le lui interdisait. « Il est regrettable que je ne pratique plus ce genre d'activités. Ma nouvelle vie implique une ligne de conduite irréprochable. » Inverser les rôles l'amusait. Cette fois, c'était à elle de mentir. Une envie diffuse se réveilla en elle, signe d'un désir qui mordait sa chair plus vivement encore qu'autrefois. « Cependant, il reste un problème de taille à résoudre. » La Rehla leva la tête vers Zane, un sourire qu'il ne connaissait que trop bien aux lèvres. Quant à dire s'il s'agissait de l'éveil de sa folie ou d'un amour immodéré pour le danger, aucun des deux ne pouvait le savoir. Posant une main sur son épaule pour s'accrocher à lui, elle se pencha à son oreille. D'une voix suave, elle lui murmura quelques mots, entortillant une mèche de cheveux autour de ses doigts toujours libres. « Je ne saurais dire si j'ai envie de te faire du mal, ou si je veux que tu m'en fasses. » Difficile de faire demi-tour en feignant l'indifférence après une telle révélation.


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Ven 29 Juil 2016, 22:32


« Ce sont les Magiciens qui se volatilisent, pas les légendes. » Pour ne pas changer, l’homme énumérait ô combien il était incroyable parmi les mortels. Mais encore, il puisait là la parfaite riposte pour assimiler sa résurrection aux incertitudes prospères de sa dulcinée. Pour le meilleur ou pour le pire, elle avait résolu de reposer ses vilaines mains sur lui. Sur son corps réactif au moindre attouchement de sa peau sur la sienne, étrange phénomène que de réaliser qu’ils se conciliaient si bien quand elle adoptait ses formes en déambulant ses doigts à des endroits qui étaient inabordables pour beaucoup de monde. S’il autorisait la jeune femme à s’immiscer sur ses parties les plus accessibles comme les plus intimes, c’est parce qu’il savait que leurs relations épineuses se conjuguaient de façon très agréable à la perdition. Elle s’imageait à ravir comme étant son fruit défendu, car quand bien même il avait le talent d'anticiper toutes sortes de réactions, elle était sans doute l’ultime femme contre qui il ne pouvait rien prédire sans que le dénouement soit totalement bouleversé. C’était exactement la même chose ici, maintenant, avec la venue du crépuscule qui apportait à son tour son voile d’ombre sur ce qui allait se passer, ou ne pas se passer. Qu’adviendrait-il d’eux dès lors que le jour se lèvera ? Probablement qu’un torrent d'assouvissement les aurait déjà emportés dans leurs sillages avant la fin même de cette instance. Ce dont il était persuadé plus que toute autre chose, c’est qu’il prendrait inlassablement plaisir à exhumer chaque parcelle de son anatomie.

La différence vis-à-vis de leurs soirées passées, c’est qu’il comptait bien ne pas la répudier en milieu de route par irrépressible aspiration de lui ôter la tête des épaules telle une mante religieuse affamée de plusieurs jours. Pour toute la considération qu’il avait pour elle, il rendrait hommage aux nombreux astres, qui deviendraient au terme de cet égarement les seuls témoins de ce qui allait se produire dans la sylve apaisée de l’instant. Zane la dévora du regard en figeant longuement ses pupilles sur chaque aspect de ses atouts imparables. Il pouvait y conjecturer sans l’ombre d’une honte ; elle pouvait facilement éveiller ses viles intentions de prédateur sans même entreprendre plus d’efforts que ça. Il tiqua en haussant un sourcil quand elle mentionna toute une philosophie sur l’amour. « Toute blessure peut guérir selon l’attention et le temps qu’on lui accorde. » C’est ainsi qu’il voulut lui faire parvenir un message en guise de première réponse. Il l'observait passablement en train de planter ses ongles sur lui comme le chat le fait sur l’écorce d’un arbre. Il resta un moment silencieux afin de généreusement lui apporter ce bienfait. Il figea son sourire quand une contradiction se pointa, sûrement malgré elle. « Tu ne devrais pas trop t’en faire pour mes compétences. Sais-tu combien les femmes peuvent être irritantes dès qu’elles commencent à te suivre partout pour être assouvies ? » La rançon du succès n’était pas toujours aussi profitable que voulaient bien le faire croire les autres. Coucher avec n’importe qui rassasiait beaucoup de Démons. Lui n’était pas de cet avis. Il préférait la qualité d’une liqueur à son abondance.

La main habile qu’elle engagea en ce lieu réveilla une fois de plus ses instincts les plus indécents. Entre ça et les allusions bourrés d’immoralisme qu’elle lui insinua dans le creux de l’oreille, elle enclencha l’interrupteur de ses noirs désirs. Elle aurait pu éviter ce qui allait suivre en s’en retournant à ses activités, mais non. Elle avait volontairement choisi de sauter à pieds joints dans ses bras destructeurs. Épris d’une folle envie de déguster aux joies de la chair humaine, Zane l’emporta brutalement contre l’immense tronc d’un arbre, la placardant littéralement contre un lit de feuilles le recouvrant. Son attention n’étant pas de la tuer à la première occasion, c’est pourquoi il profitait de la densité de l’environnement pour ne pas la blesser inutilement. Ses mains au-dessus des épaules de sa partenaire, elles crispèrent l’écorce de l’arbre qui s’effrita sous sa puissance. Légèrement penché en avant, son buste prenait Callidora en étau, sa rigidité étant pareille à un mur qu’elle ne pouvait déranger en le poussant simplement. Ne la lâchant pas de son regard condescendant, il réaffirma sa position en coulissant délicatement sa paume sur sa joue, éloignant quelques mèches de la brune qui s’étaient rangées sur le devant de son visage. « Si tu as des protestations à faire, je te conseille d’en profiter avant qu’il ne soit trop tard. » Admit-il d’un ton péremptoire alors qu’il savait pertinemment que quoi qu’elle dise, il n’en ferait rien. C’est sans tergiversation qu’il dévora allégoriquement sa bouche en avançant brusquement d’un coup, pour les goûter sans ménagement.

Il mordilla plus d’une fois sa lèvre inférieure tandis que sa langue captura la sienne dans le but de la lier par des frétillements insensés, l’humidité de celles-ci soulevant les multiples bruits de succions qui prenaient vie au même rythme que son engouement affolant. Il ne l’embrassait pas selon la formalité des baisers classiques, mais il s’offrait bel et bien un repas de roi avec la succulence qui s’y répandait. Il était loin de pouvoir se contenter de cette entrée, alors quand il prit parti pour la brusquer une seconde fois contre le bois, il déchira la partie haute de ses vêtements - rompant ainsi les cordages - pour y descendre son organe charnu qui y glissa aussi simplement que sur une plaque de verglas. Le parfum qui gorgeait sa peau encourait à le rendre hautement bestial, si bien qu’il ne put retenir une morsure qui la fit légèrement saigner. « hm. Je ne garantis pas ta survie, mais peut-être que… » Il étreignit promptement Callidora à la taille puis la jeta à la flotte. L’eau réprimerait éventuellement ses pulsions, s’il prenait garde à ne pas se laisser trop aller. Quand elle revint à la surface, il se trouvait déjà derrière elle, ses bras étant venus l’envelopper à la manière d’un cocon qui se refermait sur ses cuisses. « Ce corps qui était autrefois l’objet de tous mes fantasmes, il est encore plus… appétissant. » À l’image de la brune qui avait précédemment osé à s’y aventurer, les mains de ce dernier frôlèrent son entrejambe au travers de ses dessous féminins. Pendant ce temps, il lui souffla une obscénité dans le creux de l’oreille auquel seul un Démon avait le secret.  


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Dim 31 Juil 2016, 22:33

Un sursaut de coeur, et le rythme s'affole. Quelle curieuse expérience que de sentir sa raison s'effondrer sous une étreinte ravageuse. La brune laissait Zane s'emparer d'elle, succombant sans la moindre résistance à l'assaut de ses baisers à faire pâlir les louves d'Avalon. À peine le temps de respirer, et elle lui appartenait à nouveau, captive d'une tentation à laquelle elle ne pouvait que céder. Son corps clamait ce que son esprit refusait encore d'avouer, troublé par une fierté qui la mènerait à sa perte. Qu'il s'imagine mener le jeu, et quand il ne pourrait plus s'en échapper, elle en prendrait les rênes. Voilà ce que, naïvement, elle se répétait dès qu'il s'éloignait d'elle pour une simple seconde, ne sachant si elle devait espérer ou redouter qu'il se détache d'elle. En entendant le craquement sec des cordages qui retenaient son souffle, la Rehla cessa de respirer. Jamais encore il n'avait osé lui infliger un pareil traitement à ses vêtements. C'était délicieux. « Ce pauvre arbre ne t'avait pourtant rien fait. En revanche, même si déchirer mes habits est une charmante coutume, il va falloir que... » La morsure qu'il lui offrit annihila toute pensée. Une sensation aussi fabuleuse que dérangeante remonta le long de son ventre par ondes chaleureuses. Un sourire de pure satisfaction lui échappa, s'effaçant dès qu'elle en prit conscience. Hors de question de lui montrer qu'elle appréciait. Soudain, elle vola à travers les airs aussi facilement qu'une poupée de chiffon jetée par un enfant, se retrouvant plongée dans un élément qui n'était pas sans lui rappeler certains souvenirs. Le reflet des étoiles sur l'eau qu'elle brisa lorsqu'il la jeta dans l'eau ne la détourna même pas de lui une seconde. Tout se taisait en elle, à l'exception d'un désir sauvage qui rugissait dans ses veines, la sommant de se donner à lui sans plus attendre.

Les joues roses, elle écarta les mains de Zane sans se presser avant de se planter face à lui, reculant de quelques pas. Abandonner avant même que les festivités aient commencées ne lui ressemblait en rien, et elle ne pouvait se le permettre. Malgré les envies charnelles qu'il éveillait dès qu'il la touchait, quelque chose en elle se révoltait à l'idée de rendre les armes. Fidèle à son attitude habituelle, elle laissa ses lèvres s'orner d'un sourire moqueur. « Il semblerait que Monsieur soit en forme, ce soir. » Le contact de l'eau et l'absence de sa peau contre la sienne la rafraîchissait curieusement. Disparaître et le planter là effleura son esprit. Non. Ce qu'elle voulait, c'était l'assouvissement inespéré de ses pensées indécentes, et elle ne perdrait pas une occasion aussi belle. Balayant les risques d'un revers de la main en éclatant de rire, elle dévoila trois cartes qui semblèrent surgir du vide pour se poser entre ses doigts. « Tu as de la chance, je suis d'humeur joueuse. Choisis-en une. Une seule. » Lorsqu'il lui désigna la première sans hésiter, les deux autres tombèrent en poussière, retournant à leur état d'origine. Quelques cercles concentriques au symbolisme illisible pour  tout être n'appartenant pas à son peuple apparurent autour du chiffre frappé à l'encre rouge. La brune y jeta un bref coup d'oeil avant de déchirer la carte sans le moindre regret, laissant les débris s'évaporer. D'un mouvement félin, elle se colla à Zane et s'amusa à saisir son menton arrogant entre ses doigts sans le quitter des yeux, une étincelle de défi faisant miroiter ses prunelles de fauve d'un éclat animal. « Cela dit, fais attention. À m'embraser ainsi, tu pourrais bien prendre feu à ton tour. » En écho à ses paroles osées, de petites flammes s'agglutinèrent autour de son pantalon pour lécher le tissu sombre avec avidité, désagrégeant la fine matière, ne s'arrêtant qu'une fois leur faim rassasiée.

Les lèvres de Callidora effleurèrent celles du Démon d'une caresse sensuelle avant de s'y dérober subitement. D'un geste imprévu, elle venait de se faire tomber toute seule, apparaissant désormais à genoux devant lui après avoir soulevé une gerbe d'écume. Simuler une maladresse était d'une facilité désarmante. Les traits de son visage se muèrent en un masque d'innocence alors qu'elle relevait la tête vers lui pour lui offrir la vision de son corps à demi nu, les pans de sa robe étalées autour d'elle comme les pétales d'une rose. « Oups. Ce que je peux être maladroite, parfois. » Approchant son visage des cuisses de son partenaire, elle agrippa d'une main ferme  l'une de ses hanches et esquissa un sourire qu'il ne pouvait voir. Savourer une peau qui lui était refusée depuis trop longtemps réveillait en elle des instincts d'une chaleur infernale qu'elle avait cru disparus à jamais. Sa langue s'enroulait comme le corps d'un serpent pour suivre le tracé de son muscle, ouvrant un chemin interdit jusqu'à un endroit sensiblement plus fragile qu'elle contourna par un léger arc de cercle. N'hésitant jamais sur les ondulations de cet organe aux multiples usages, elle traça une ligne vers son ventre, s'offrant de petits détours pour se rapprocher innocemment d'une partie de son anatomie manifestement satisfaite de son petit manège. Elle s'arrêta, relevant les yeux vers lui. « Peut-être devrions-nous arrêter là. Qu'en penses-tu ? » D'une dernière impulsion, elle descendit tout droit vers ce que bien des femmes convoitait, se figeant au moment de le toucher. Sans crier gare, la Rehla disparut du champ de vision de Zane. Ce fut dans son dos qu'elle fit son apparition, quelques secondes plus tard. Se mettant sur la pointe des pieds, elle passa sa main par-dessus son épaule d'un geste habile. Invoquant une arme qu'elle maîtrisait depuis un certain temps, elle laissa les lanières de cuir glisser le long de son torse pour couler comme du chocolat chaud autour de ce qu'elle avait délaissé un instant plus tôt. Ses doigts encore libres vinrent agripper la chevelure du Démon pour redresser son visage. « Oh non, pas encore. Ne bouge pas. Ce serait dommage d'abîmer quelque chose d'aussi précieux. » Les inflexions amusées de sa voix s'éteignirent dans un murmure, ponctuée par un léger tressaillement de son poignet qui ne manquerait pas de produire son petit effet.


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Jeu 04 Aoû 2016, 01:07


« Un jeu de hasard ? Maintenant ? Tu as beaucoup appris de moi. » Un expédient servant à détourner la vigilance pour accomplir certains méfaits, soit une science qu’il honorait dès qu’une obsession saugrenue s’aventurait dans les limbes de son encéphale. Madame extrapolait l’élégance à la malice. Quel délice. En élisant l’objet, il fut sourd au moindre sens qu’elle voulait accorder à cette trêve habilement érigée. La gageuse des étoiles avait probablement reçu la vérité en plein cœur, respectant les écrits qu’elle semblait consulter avec allégresse. Il se rappelait maintenant pourquoi le feu lui sied aussi bien. Outre le fait d’instrumentaliser l’élément fortuit avec ce doigté remarquable, elle savait également raviver la flamme de la passion qui irradiait dans sa poitrine. Après tout, qui d’autre que la veilleuse de son âme pouvait encore espérer obtenir quelque chose du maitre des enfers ? La condition climatique était bien plus bouillonnante ici qu’en partageant le voisinage avec un volcan. Lorsque la braise assécha sa dernière muraille vestimentaire, Zane bascula la tête sur le côté, les traits s’arrogeant les frasques d’un homme comblé par la grâce. Il s’amusa de sa chute improvisée par un rire proche de l’acclamation. Quel talent. « Attaquer ma sensibilité n’est pas très fair-play. Tu as dû avoir un bon maitre durant toute cette séparation. » Il espérait toutefois que ce mentor n’avait pas reçu le présent traitement, sans quoi l’éveil de la jalousie l’aurait très certainement accablé avec la même ferveur qu’une immense massue métallique ornée de pointes.

Gommant cette image de sa tête par un simple regard vers le bas, la morsure du serpent de la luxure engouffra une nouvelle fois profondément son venin dans sa chair. Elle savait joyeusement s’y prendre pour le délivrer de la stimulation exaltante de son organe humide ; se promenant sur sa peau refroidie par le ruissellement des filets d’eau qui envisageaient le même parcours que cette délicieuse langue. Elle cherchait à le rendre fou en déjouant constamment de frôler ne serait-ce qu’une seule fois la partie la plus vulnérable. Cruelle sournoiserie de sa part ou vile courtoisie, le fait est qu’elle réussissait quand même à lui concéder une ovation inattendue et surtout inévitable. Tout aussi fort qu’il fût, Zane ne pouvait contraindre certains membres à lui obéir. Sa perfidie fut néanmoins encore plus élancée lorsqu’elle se détourna de lui pour ressusciter dans son dos. « Dis-moi que tu as appris de nouveaux tours avec. » Elle s’en servait très bien en combat, mais qu’en était-il lors de commissions plus privilégiées ? Sa tête incitée à permuter vers l’arrière, il sentit le cuir de l’objet se nouer autour de son appareil, ce dernier bénéficiant d’une nouvelle poussée de croissance. « Tu pourrais blesser son égo en le soumettant de la sorte. Que crois-tu qu’il ferait s’il devenait soudainement vexé ? » Fine distraction que d’attribuer une personnalité à ce corps, comme s’il était définitivement autonome du bon vouloir Démoniaque. D’une certaine façon, c’était le cas. Demeurant figé autant que nécessaire pour ne pas désenchaîner la liaison, il développa un évident plaisir à éprouver les diverses impulsions qu’elle accomplissait.

Pour autant, ce n’était pas dans sa nature de rester dans le répit durant trop de temps. Il ne pouvait la laisser prendre de l’avance, sinon elle finirait par se moquer ouvertement de lui. Et il détestait ça quand elle tirait parti de ses infimes perfectibilités pour le marquer au fer rouge. Du moins, il détestait aimer ça. Alors qu’il aurait sans doute pu la renverser aussi lestement qu’une petite fille de dix ans pour reprendre le contrôle, il ne trouvait pas ça très drôle. Il profita au contraire de sa position bancale pour allonger sa crête chevelue. Assimilables à des anguilles, les mèches se faufilèrent prestement sur les formes avenantes de sa partenaire. Elles confluaient imperceptiblement autour de ses hanches, de chaque côté. Par ailleurs, ce monstre singulier dont la conscience semblait s’élever au même rang que son maitre fit dédain d’une certaine… compassion à l’égard de l’antre de sa promise. Prenant une texture et une consistance congénère à ce avec quoi elle s’était divertie juste avant, la création quasi tentaculaire de l’homme glissa sur cette paroi ultrasensible de la femme. Il articulait de telle façon les assauts de la chose pour la décontenancer et la convaincre de cesser toute tentative de résistance qu’elle aurait pu se résoudre à exiger. Lorsque la marchandise fut suffisamment bien harnachée, il souleva lentement cette dernière pour la faire passer au-dessus de lui, son visage venant se mettre en face du sien. Elle pouvait très certainement distinguer son appétit véloce, proposé par un sourire victorieux.

Caressant la brune crinière du bout des doigts, il remonta sa paume jusqu’à sa joue avant de l’embrasser très brièvement et férocement. Il la manipula une seconde fois pour l’inverser et la mener doucement vers le rivage, sans oublier de lui asséner une claque au niveau des hanches, près de ses fesses. Il déposa tendrement le haut de son corps en dehors de l’eau, tolérant ses gambettes à rester dans la cuve. Si elle croyait qu’il allait la relâcher maintenant, c’était mal anticiper son interaction puisqu’il intensifia la constriction sur les poignets afin de lui asphyxier toute agitation superflue. Zane s’approcha avec une démarche fastueuse, s’arrêtant devant son bassin à découvert. Baissant les yeux pour examiner le lieu aspiré en totale soumission, il caressa la surface de l’eau, portant amplement ses doigts près de l’entrée pour faire suer les quelques gouttes sur le bourgeon sensible de la fleur. Il s’avança encore ; touchant cette fois-ci le seuil de la porte à la faveur du levier qu’elle avait tantôt remonté. Il se pencha finalement pour tracer des cercles avec son dard rosé autour de son nombril, saisissant fermement sa poitrine de ses deux mains disponibles, pétrissant ces agréables prises sans ménagement. Pour conclure son offensive animale, il descendit sa langue là où elle l’attendait le plus à un juger par les premiers retours. Pendant ce temps, il relâchait doucement son étreinte, hélant son arsenal à regagner sa forme source.

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Mar 09 Aoû 2016, 18:01

N'être qu'une poupée de porcelaine soumise au moindre de ses désirs emballait le coeur de la Rehla qui s'obstinait pourtant à lui opposer une résistance farouche. Ne jamais abandonner face à lui devenait peu à peu une habitude, et malgré son affection pour le danger qui la poussait à briser chaque règle, elle se refusait encore à capituler, sachant qu'un tel renoncement équivaudrait à signer sa propre perte. L'agitation délicate de ses doigts prit fin peu à peu, ralentissant un rythme qu'elle peinerait à soutenir s'il se décidait à lui rendre la pareille. Sa surprise fut totale lorsqu'elle sentit la soyeuse chevelure de Zane s'envoler sur ses courbes en ondes serpentines. Ranimée par une ardeur que personne d'autre ne pouvait lui insuffler, elle l'attira davantage contre elle. Son intention première s'envolait vers d'autres rivages, toute volonté annihilée par une présence à laquelle elle ne pouvait se dérober. Sa volonté ne cherchait qu'à assouvir un désir sauvage, chose qu'il ne semblait pas encore vouloir lui accorder. Immobile face à lui, elle n'osait esquisser le moindre geste pour éviter la trahison de son propre corps. D'un simple geste, elle aurait pu consumer ce qui la retenait captive et réduire en cendres le rideau de ténèbres qui venait maculer sa blancheur. Le sourire aux lèvres, elle repensa aux rubans d'Avalon dont la volupté tombait en cendres face aux liens imprévisibles qui s'entortillaient autour d'elle pour empêcher chacun de ses mouvements. Savourer la morsure indécente de l'eau qu'il lui offrait allègrement faisait battre son coeur à fleur de peau. Son épiderme se couvrit d'un frisson délicieux qui se prolongea en vagues chaleureuses à l'intérieur d'elle-même. Les dernières attaches de sa raison évanouies, elle s'empara de l'unique sceptre qu'il possédait pour le moment et l'approcha de sa chair embrasée, scellant ce contact d'un baiser fiévreux. Callidora rêvait Zane depuis trop longtemps. Elle en voulait encore.

Les premiers rayons de l'aube réchauffèrent son corps endolori. Se redressant légèrement, la brune jeta un coup d'oeil en direction du Démon plongé dans les bras du sommeil. Des picotements dans la main, elle posa cette dernière sur l'une de ses hanches et y diffusa une chaleur apaisante. Une charmante ecchymose se dessinait sur l'os, seul souvenir d'une nuit éternelle. Rêveuse, elle resta quelques instants à regarder Zane, entremêlant ses doigts à ses mèches sombres, laissant la mélodie des astres envahir son coeur. Une joie chantante grandissait en elle, effaçant chacun de ses doutes d'une note harmonieuse. Peut-être venait-elle de trouver sa propre force. Quoi qu'il en soit, il avait suffisamment visité le royaume des songes à son goût. Avec douceur, elle s'installa au-dessus de lui à califourchon. Complètement nue, Callidora posa ses mains sur les omoplates de son partenaire, administrant une pression légère sur les muscles de son dos. Ses doigts blancs se déplaçaient en toute tranquillité, suivant quelquefois le tracé de certaines griffures qui zébraient sa peau, de sensuelles marques qui ne s'évanouiraient pas tout de suite et dont elle aimait la vision. Penchée au-dessus de lui, elle lui offrit un massage délicat, attendant qu'il se réveille avant de l'embrasser dans le cou en guise de bonjour. Une relation d'une telle simplicité ne les mènerait à rien.  Et pourtant, la brune n'avait pas la moindre envie de s'en aller. Le hasard finissait toujours par les jeter sur le même chemin, mais les périodes d'attente devenaient intolérable. « Tu peux considérer ta promesse comme honorée, bien que le résultat ait été sensiblement différent de mes espérances. » Sans qu'elle ne le veuille, les rouages de son esprit se mirent en marche, élaborant une quantité effarante de scénarios à la possibilité douteuse et au contenu dénué de toute morale.

D'un air contrarié, elle se décala sur le côté, son corps nu chutant doucement dans l'herbe et se tourna vers lui. Suivant la ligne de sa mâchoire du bout de ses phalanges, une lueur sombre s'insinua dans ses prunelles dorées. Son esprit dérivait. « Et maintenant ? » Leur nuit ne ferait sans doute que rejoindre la page des illusions et des souvenirs oubliés. L'inquiétude encerclait son coeur, faisant basculer son joli rêve en fantôme de nostalgie. « Je risque fortement de ne pas apprécier tes conquêtes si je les croise, désormais. C'est fâcheux. » Une moue boudeuse aux lèvres, elle songea à ce qu'elle avait involontairement déclenché en elle-même. Devait-elle envisager ce délicieux épisode comme une défaite ou une victoire ? Secouant la tête doucement, elle finit par éclater de rire, se renversant sur le dos. Les étoiles  estompées par des dégradés de rose et d'orange ne lui apportèrent aucune réponse. Ne pas savoir lui plaisait. « Je dois admettre que ta tendance à me briser les os était plus plaisante, cette fois-ci, quoi qu'il ne faille pas en faire une habitude. » Le ton de sa voix disait probablement tout le contraire, chose dont elle se moquait clairement. Un premier aveu sincère, voilà ce dont il s'agissait, et le reste importait peu. Masques tombés, ironie déliée, jeu suspendu. En se relevant elle ramassa ce qu'il restait de ses vêtements, effleurant les cordages d'un air pensif avant de les lui remettre. « Cela dit, les papillons aiment voler seuls, et il paraît que les fauves ne sont pas faits pour le ciel. Qu'en dis-tu ? » La brune siffla à deux reprises, appelant un objet pour le moins surprenant. Il s'agissait d'un tapis aux couleurs fanées qui flottait à quelques centimètres au dessus de la rivière. Le coeur léger, elle prit place à bord de l'étonnant véhicule et s'éloigna sans un regard en arrière à travers le ciel, lui laissant seulement sa robe déchirée entre les mains et un choix à faire.


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Mer 10 Aoû 2016, 21:51

Ses muscles et ligaments dolents par la déraisonnable nuit terminée regagnaient peu à peu de leurs malléabilités. La palpation des phalanges flexibles et suaves de sa partenaire raccommodait ses forces pourtant à peine consommées. Le soleil adjoignant de son propre chef une vision thérapeutique à ce renouveau dont tout homme aspirait. Quand bien même il tenait en laisse une foule d’esclaves pour lui manager le même traitement, il n’en restait pas moins juste que celui de Callidora était inégalable. Chaque pression qu’elle exerçait sur son dos l’encourageait à émettre un geignement jubilatoire. La magie opérait occasionnellement sans que celle-ci intervienne véritablement. C’était peut-être ce procédé qui se rapprochait au plus de la possession. Qui sait. Ce rapport prenait quelquefois des virages inattendus, si bien que rien n’était jamais aussi basique que cela le laissait insinuer. Néanmoins, au moment où la tempête laissait place au calme, il fallait toujours y renoncer et profiter de chaque seconde comme si c’était la dernière. Quand elle déménagea sur le côté, Zane inversa également son corps pesant, égarant ses yeux dans les tréfonds célestes. Ils s’étaient quittés en souhaitant bonne nuit aux étoiles, ils se revivifiaient sur cette couche bleue privée du moindre nuage. « Je t’ai dit qu’un Azmog tenait toujours sa parole. Dans la lignée, on est des tarés, mais quand on fait les choses on le fait bien. » La brune avait été aux premières loges pour concevoir à quel point dans sa famille ils étaient résolus à aller jusqu’au bout.

L’épisode avait été regrettable, contrairement à l’intrigue de celui qu’ils venaient tout juste d’achever. Le Démon n’était pas troublé quant au futur qui se profilait à eux. Le destin – pour ceux qui y croyaient – les obligeait à se réunir, quel que soit la fatalité qui se levait et peu importe la forme qu’il élisait. Après ce qu’ils avaient vécu, il ne doutait plus de rien. Ils avaient connu des épreuves et continueraient de faire face à des nouvelles. En conséquence des paroles de sa belle, il rit aux éclats, non pas comme l’inapaisable railleur qu’il avait l’habitude d’être, mais comme s’il venait d’ouïr une très bonne plaisanterie. En laissant trébucher son bras sur le côté, sa main atteignit la route d’une imposante pierre. « De toi à moi, c’est elles qui auront des raisons d’être jalouses. Puis d’un autre côté… » Il leva le minéral au-dessus de son corps pour l’effriter sans effort, comme un morceau de sucre gorgé d’eau. Il délogea les miettes de son torse en les brossant d’une onde. « C’est tes futurs prétendants qui devront raser les murs à l’avenir. » Malgré tout, il savait qu’elle possédait les dons pour se défendre sans qu’il soit nécessairement dans les parages. L’ardente Callidora était aussi caractérielle que sensible. Tout dépendait de quel côté se plaçaient ceux qui restaient près d’elle. Il en avait fait les frais par le passé, même s’il n’avait plus rien à craindre de quiconque depuis une éternité. Il s’appuya sur ses avant-bras. Manifestement, ils devaient se quitter une fois de plus ; suite logique de toute rencontre fortuite. « Malheureusement pour toi, j’ai l’intention de devenir encore bien plus vigoureux. Mes futures conquêtes seront aussi mes prochaines martyres. » Il n’était pas près de s’arrêter. Son corps aurait beau contester toute croissance supplétive, son mental s’y opposerait. Quand bien même il finirait par se détruire à cause de sa trop grande gourmandise. C’était peut-être la fin qu’il convoitait en fin de compte.

En se rectifiant pour prendre les cordages ainsi que ses propres vêtements, il dériva son regard sur le sol. Lorsque quelque chose attira son attention, il se dirigea près d’une souche dans l’immédiat puis s’abaissa pour cueillir ce qui était indubitablement une fleur fanée. Il revint vers la brune pour la lui livrer. L’offrande n’était pas aussi admirable que les anciennes, mais le symbole qu’elle paraissait évoquer était tout indiqué pour ce énième au revoir. « J’en dis que les papillons ont la regrettable obsession de s’approcher trop près du feu, et que même s’ils sont conscients que la mort peut les surprendre, ils essaient inlassablement de s’adapter à elle. » Quelle meilleure conclusion aurait-elle pu trouver sa place dans les dernières lignes de ce livre ? L’épilogue n’était pas irrévocable, certes, mais ce qui attendait les deux personnages n’apporterait rien de bienfaisant, chose qui arrangeait toutefois le plus maléfique des deux. Enfin, vint le moment où elle plia bagage, installé sereinement sur son moyen de transport pour le moins original. À vrai dire, cette façon de le quitter le laissa plus interloqué et incertain plus qu’autre chose, notamment à cause du dernier rebond de sa réplique. À cet instant, l'unique chose qui lui traversa l’esprit c’est : « Pourquoi a-t-elle dit qu’elle préférait voler seule si elle appelle un tapis ? Et puis, elle n’est pas censée avoir des ailes pour la porter ? Cette fille est étrange. » Bien sûr qu’elle l’était. Quoi qu’il en soit, il était l’heure pour lui de s’en aller. Sans un bruit, il se hissa dans les airs avant de se faire absorber par la brume naissante, les vêtements à la main, son corps toujours dépouillé.


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Il était une fois un poulpe qui se prenait pour un démon. [Zazou]

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