« Attend, maman assied toi là, le canapé est défoncé tu vas avoir mal au dos. », « D'accord. Oh mon fils ! Tu sais qui j'ai vu hier soir ? Madame Güsh ! Elle est adorable cette femme. », « Ah ? Et de quoi avez-vous parlé ? » Ornaya n'avait rencontré personne, Wrath le savait. Sa mère délirait complètement. La veille, elle était restée là, elle avait mangé et était allée se coucher. Elle n'arrivait pas à discerner ses envies, ses pensées et ses rêves, de la réalité. Le Déchu entretenait malsainement cette maladie, ne sachant comment la contrer. Depuis qu'elle avait perdu son foyer, elle avait sombré dans une sorte de folie assez douce en soit, mais très dérangeante au quotidien. Elle ne se blessait pas, ne prenait pas de risque, mais elle croyait avoir vécu des tas de choses, alors qu'au final elle ne fit que rester chez son fils. La maison de Wrath commençait à être juste pour eux tous. Kei refusait de quitter son père, Alyss prenait autant de place qu'un livre sur une étagère, Eamon ne sortait pas de sa chambre, jouant de la harpe à longueur de temps, Ornaya avait emménagé récemment, n'ayant plus de maison, ni de famille à part son fils adoptif et Sherry vivait avec le Déchu. A cinq, le foyer était convivial, mais tous étaient particulièrement serrés. Wrath se faisait du soucis pour pas mal de choses... Savoir si Sherry supportait bien le fait d'être séparée de l'ange et du démon, si Ornaya ne risquait pas sa vie ne serait-ce qu'en descendant les escaliers de l'étage, si Eamon n'était pas au bord du suicide et s'il ne mettait pas en dépression la maisonnée. C'était laborieux, fatiguant, et lorsqu'il se couchait le soir, Wrath en avait drôlement besoin. Seulement, un jour, Eamon vint le trouver. Ce jour là où Sherry était sortie avec Alyss et Kei pour faire des courses, et qu'il était resté avec son frère et sa mère « Hey Wrath... », « Hé frangin, ça va ? », « Oui. Euh... Je vais partir. », « C'est à dire ? », « Je... A Mégido j'ai rencontré quelqu'un comme moi et il m'a dit qu'un lieu juste pour nous avait ouvert tu sais... Tu te rappelle de ce que disait Seth ? Eh bien nous ne sommes plus seuls. » Wrath posa le couteau de cuisine qu'il tenait pour s'essuyer les main, se tournant vers son frère « Tu veux que je t'accompagne ? », « Non je vais y aller avec lui. », « D'accord. Ecoute, je suis vraiment content que tu puisses trouver un lieu où t'épanouir. Envoie nous des nouvelles, frangin. », « Je... Je pars pas m'installer là-bas. Je... J'ai envie de rester avec toi. Je suis bien ici, tu comprends ? Je reviendrai juste dans quelques jours. », , « Oh, parfait, je suis alors encore plus heureux que tu reviennes mon grand. Donnes nous des nouvelles quand même, tu nous raconteras... Ce que tu pourras hein, quand tu reviendras. », « Promis. »

« Tu es prêt ? » Son ami acquiesça. Tous deux Rehlas, ils se mirent en route pour la cité. Le but était d'aller au premier port venu, pour partir directement à Lua Eyael. Eamon s'était renseigné seulement en ce qui concernait le voyage, mais n'avait pas réussi a avoir des informations sur la cité en elle même. Les deux savaient qu'ils découvriraient une fois sur place, mais ils trouvaient ça toujours intéressant de savoir à l'avance ce qui les attendait.
La traversée fut longue, brumeuse, et plutôt pénible. Finalement il rentrerait bien plus tard que prévu, s'il devait refaire le même chemin en sens inverse. La vue, depuis leur navire, sur la baie et le port les époustoufla. Ni spleen, ni mélancolie, seulement de l'émerveillement. Eamon ne comprenait pas encore les étoiles, contrairement à son ami. Ici, la voûte céleste primait et ils se reflétaient dans des milliers d'astres « Tu crois qu'on rencontrera une étoile un jour... ? », « Un jour... Peut être... » Eamon se tenait à la rambarde alors que tout le bateau dormait. Les marins ne s'arrêtaient dans la capitale, ils repartaient immédiatement. Les deux garçons rêvèrent alors pendant les quelques minutes qui les séparaient encore du port.

Le bateau arriva, et ils se dirigèrent hors des quais et des docks. Ils n'étaient pas beaucoup. Les Rehlas n'étaient pas, visiblement, venu en grand nombre par rapport à ce qu'ils devaient être. Chacun fut guidé, pour arriver à une fontaine, où attendait un homme. Sa voix claire et précieuse chantonna, énonçant alors la bienvenue à tous. Eamon se sentit touché par son discours. Il n'était pas Rehla de naissance, mais depuis qu'il avait passé le pas, que ce génie l'avait transformé, il arrivait facilement à compatir avec les siens. C'était difficile pour lui d'évoluer, car il ne subissait actuellement que le spleen, mais rencontré Sean lui avait fait énormément de bien. Il avait enfin pu discuter, parler un peu plus librement, sans non plus s'extasier devant des évidences. Il avait su s'acclimater à un pair, faire de lui une ancre précieuse.
La musique retentit, les festivités commencèrent. Eamon se tourna vers son ami, enlevant une mèche de cheveux blonde, de devant son visage « Tu veux commencer par quelque chose en particulier ? », « Non, allons-y. » Les garçons marchèrent tout d'abord jusqu'à la Desidera. Grand monument composé de pics et de tours, qui renfermaient les bureaux, les tribunaux, et tout ce qui était considéré comme administratif propre aux Rehlas et à la ville « L'architecture de cette... Bâtisse est une merveille. Tu as vu, on voit les étoiles à travers ! », « J'aurai beaucoup aimé participer à la construction de cette ville. Elle est magnifique, regarde au loin... » Ils voyaient les reliefs des différents quartiers, et tout était d'une harmonie parfaite « Hope est partie trop tôt et, cette fois-ci, j'espère que Caleb saura rester... Je me sens tellement plus satisfait d'avoir quelqu'un à notre tête, quelqu'un pour nous protéger et veiller sur nos secrets... », « Nous avons eu de la chance que personne n'ait essayé de les découvrir... », « Oui. » Le drame à l'état pur ces deux-là. Soupirant mollement, ils se dirigèrent alors vers le temple de la lune. De même, une prouesse architecturale aux couleurs un peu plus criardes qu'auparavant, mais qui subjuguait toujours autant les protagonistes « Ca me donne envie de rester ! » Eamon était d'accord que vivre là, était le bonheur. En contact permanent avec les astres et la lune, quoi de plus beau ?

Leurs pas les guidèrent vers le quartier rocheux et montagneux de Dyel. Ici, tout est rond, concave, là pour flatter le flanc de la pierre, et fondre avec elle « Ils ont du passé des jours à creuser tout cela... », « Tu penses que c'est creusé ? » Eamon haussa les épaules. Essayant de se rapprocher alors des murs, il en toucha les décorations. Inscriptions, runes, peut être juste des symboles, il ne savait pas déchiffrer exactement leurs propriétés. Une langue ? Une décoration ? Aucune idée, mais ce qu'il en disait c'était que ce quartier, et ceux qui y étaient déjà, respirait le luxe et la noblesse. Il était finement décoré, peu chargé, et très alléchant « Les gens doivent être beaucoup plus heureux ici, que dans les terres. », « Je ne sais pas... », « Ne sois pas médisant, ne doute pas du Sin Luxinreis. Il a fait beaucoup pour nous. », « Ouais... Il a juste fait sa part du travail. » Eamon le regarda étrangement. Comment pouvait-il remettre en cause le roi des Rehlas de la sorte ? Et si les autres... Et si les étrangers auraient volé leurs secrets, qu'auraient-ils fait sans maitre ? Ils se seraient perdus eux-mêmes... Non, a ses yeux, Sean était injuste.
Une fois une partie du quartier visité, ils descendirent, cap au sud. Ils ne savait pas depuis combien de temps, peut être d'heures, ils fouinaient mais leurs pérégrinations excitait légèrement les sens du blondinet. C'était un nouveau monde qui s'ouvrait à lui, avec de nouvelles règles. Peut être y resterait-il finalement ? Oh... Mais... Et Wrath ? Son frère l'attendrait... Et il ne voulait pas le laisser seul. En plus il devra déménager sa harpe... Son coeur était déchiré entre sa liberté, et son frère, il ne savait pas, il ne savait rien. Sean l'attrapa par le bras le faisant sortir de ses pensées « Ca va ? », « Oui, excuse moi. », « Tu comprends enfin les étoiles ? », « Oh, non non, pas encore malheureusement. », « Oh... » Son ami était déçu. Il voulait qu'Eamon entende, mais comprenne le langage qu'ils avaient, pour en parler un peu plus librement encore. Car plus il en saurait, plus il faudrait qu'il en cache mais, en même temps entre eux, il y aura une communication bien meilleure même si toujours voilée. C'était ce qu'ils ne devaient pas oublier : conversation voilée. Si dans le ciel s'affichait la même chose pour eux, ils ne pouvaient pas se permettre de débattre pendant des jours dessus. La discrétion, le mutisme, c'était leurs maitres mots.

« Viens ! Attention ! Hé mais... Regarde où tu marches... » Eamon avait trébuché sur une des pierres peu polie du quartier de Sierra. Le sol s'étendait en des chemins aplanis, par ci par là, mais le reste n'était que falaises abruptes et rochers escarpés. Cependant, le paysage n'avait rien à voir avec l'autre quartier. Les bâtiments pointaient le ciel a n'en plus finir, et de l'eau claire, fluorescente, filait sous les ponts. Une telle lumière pouvait paraitre nocive, mais le jeune homme avait envie de se baisser et de la toucher. Ce monde enchanteur était magnifique et magique. Ce quartier était à la fois brut, et harmonieux. Il était appréciable de sentir le calme. La musique raisonnait sans cesse, mais le calme était malgré tout là. Les gens étaient discrets, et les penseurs pouvaient donc penser allègrement. C'était appréciable, et Eamon respira a grandes goulées « C'est tellement... Vivifiant. Je me sens bien plus vivant que dans l'autre monde. » Car oui, pour lui, tout avait déjà changé dans sa tête. L'extérieur était carrément un autre monde. Ici... Ici ça commençait à être le sien, à être chez lui. Le roi avait réussi sa mission « Et toi Sean ? », « Je me sens... Serein. J'espère rester ici. » Eamon sourit. Pour la première fois, ses lèvres s'étirèrent et un sourire naquit sur son visage. Il avait envie d'en voir plus, de découvrir et de s'impliquer. Remontant alors la falaise et repassant par la cité des astres, ils filèrent dans le dernier quartier.

Le Rehla fut subjugué. De l'or, des pierreries, et l'architecture était clairement semblable à celle d'Utopia. Il adorait cette ambiance chaleureuse et chatoyante et, en même temps, il se sentit obnubilé par les artistes sur les places et dans la rue. Il y avait de tout, et les passionnés se voyaient à travers ce qu'ils faisaient. Musique, sculpture, peinture, chant... C'était incroyable. Il traversait presque les rues en courant, il arpentait le quartier en semant Sean sans le vouloir, et à la fin, une fois qu'il passa deux ou trois heures a le ratisser, il dit fièrement, le souffle court « Sean. Je veux emménagé ici. Dans ce quartier, avec ces gens, avec... Je veux vivre dans cette ville ! », « Et ton frère ? », « Je suis persuadé qu'il comprendra. » Au loin, une jeune femme fluette les observait, et souriait à Eamon, Sean étant de dos. Le rehla la vit disparaitre derrière un mur, et ne s'y attarda pas dessus. Seulement, Sean vint cassé tous ses espoirs « Ecoute. On peut pas venir ici. On connait rien, on n'est personne. », « Et... Pourquoi est-on venu alors ? Je... », « Franchement, tu t'es engagé auprès de ton frère en le laissant là-bas, tu t'es engagé auprès de ta famille, et rappelle moi combien d'argent tu as prit sur toi ? Peut être juste de quoi te nourrir et faire le retour. Arrête de croire en tes chimères. », « Je...  », « Aucun endroit ne sera fait pour des rats comme nous. Rentrons. »

Comme une enfant rebelle et révoltée, Shéhérazade affrontait son père de plus en plus fréquemment. Rien n'allait plus, à bord de l'Impératrice. Le Capitaine et sa fille ne s'entendaient plus, ne se comprenaient plus. Les discussions atteignaient le point mort, les rares paroles échangées avaient une saveur acide et piquante. Depuis qu'elle était revenue de la Rue Commerçante, la Rehla était distante et froide avec William, qui n'avait pas l'habitude d'un comportement si glacial à son égard. Ce qu'il avait toujours craint était en train de se réaliser. Ce n'était pas une chose aussi banal que l'envol de la descendance. La jeune femme ne pouvait simplement plus se mettre des œillères, elle était forcée d'entendre les brides de vérité, de réfléchir et de voir le chaos de son existence, les mensonges de sa vie et la cruauté vicieuse qui l'entourait. William balançait être la colère et l'inquiétude. L'attitude de Shaé l'agaçait, même s'il savait que sa part de responsabilité dans l'affaire était considérable. Malgré tout, il voulait que la jeune femme reste. Il ne désirait pas la voir partir. Il ne l'avait jamais vraiment considéré comme sa fille. Les premières années, elle n'était qu'une gamine qu'il avait sauvé dans un instant de faiblesse. Lorsqu'elle eut quinze ans, elle devint la chose la plus précieuse de son existence, celle qu'il aimerait et qu'il chérirait. La situation était impossible. Il n'avait pu avouer ni ses sentiments ni la vérité. Avouer la passion sans lever le secret des origines aurait été malsain, horrible mais le Déchu ne pouvait se résoudre à dire ce qu'il avait fait, autrefois. Ces derniers temps, il hésitait. Shaé avait toutes les cartes en main. Elle n'avait qu'à le vouloir pour voir et comprendre. Peut-être était-il temps qu'ils conversent. La décision était dure à prendre et d'une certaine façon, la Rehla devait attendre une manifestation de sa part. Presque résigné, William alla frapper à la porte de la cabine de la demoiselle. Face au silence persistant, il insista mais la Rehla ne donna pas un signe de vie. Surpris et impatient, le Capitaine essaya d'ouvrir la porte, qui n'était pas fermée à clef, une chose rare. Elle n'était pas là. « Shaé ? » En quelques grandes enjambées, il regagna le pont. L'horizon sombre de la nuit ne l'empêcha pas de discerner la silhouette massive de Phobos qui fendait les cieux. William pesta. Shéhérazade s'était enfuie en catimini sans prévenir ni même laisser un mot pour signifier ou non son retour. Elle était partie. Sur le dos de sa bête, la jeune femme réajusta sa cape. Il faisait froid mais elle ne s'arrêterait pas. Elle voulait voir Lua Eyael de ses propre yeux, rencontrer les siens. Cela faisait des jours que les paroles de Harry résonnaient dans son esprit. Il était grand temps qu'elle prenne son Destin entre ses mains. Dans un sourire, elle caressa les écailles du Dragon avant de lever ses mires claires au loin, déterminée.

La douce Shéhérazade se faisait discrète. Toujours dissimulée derrière le blanc de sa cape, elle errait dans les rues. Il y avait tant à voir et à découvrir. Elle était presque étonnée du nombre de Rehlas. Elle avait toujours eu l'impression que son peuple était maigre et la preuve du contraire faisait chaud au cœur. Elle se sentait moins seule. Avec une avidité presque dévorante, elle but les paroles du Sin Luxinreïs qui avait pris la parole au beau milieu de la place principale de la Cité des Astres. « Hum. Bonsoir, mademoiselle. » lâcha une voix basse qui tentait de capter l'attention de Shéhérazade. L'intéressée tourna doucement les yeux vers le Rehla qui lui avait adressé la parole. Il était grand et musclé, avec des cheveux blonds et de yeux noirs. Comme beaucoup, il portait un costume noir ouvragé et une étole bleu. « Bonsoir. » répondit-t-elle timidement. « Vous venez d'arriver, je suppose. Je suis toujours heureux de voir un nouveau Rehla dans notre belle et nouvelle Capitale. » - « Je suis enchantée d'être là. Lua Eyael est au delà de toutes les espérances. » Ils étaient nombreux à laisser leur regard déraper sur la jeune femme. Shéhérazade essayait d'oublier les coups d'œil curieux mais le rouge de ses joues la trahissaient. « Excusez mon audace, ma chère, mais … » Il prit une grande inspiration. « Oui je sais. » Elle glissa nerveusement ses doigts dans sa longue chevelure, ramenant les mèches sur son visage pour cacher ses traits. « Que savez-vous ? » - « A vrai dire … Je n'ai que des croyances. Je crois que certains voient … Ce que … » - « Ce que vous ne voulez pas voir. Je comprends votre désespoir, votre situation doit être délicate. » - « Je ne suis pas venue pour qu'on me dévisage comme une curiosité. Le but était l'inverse. » murmura la jeune femme, embarrassée. « Avouez que … vous êtes surprenante. » - « Je ne veux pas penser à tout ça. Je suis ici pour visiter la Cité, rien de plus. Ma vie me convient telle quelle. » Il sourit. « Réellement ? » Elle eut une petite moue contrariée. « Je … ne peux pas. » Dans un soupire, elle tourna les talons pour se mêler à la foule, en rabattant davantage la capuche sur elle.

« Tu as l'air toute perdue. » chantonna une petite voix. Une fillette aux boucles brunes contemplait avec malice Shéhérazade. « Si tu veux, je peux t'aider. Ma maman et mon papa sont avec le Sin Luxinreïs depuis les premiers jours du projet. Je connais la Cité comme ma poche !  Alors, est-ce que tu veux venir avec moi, Shaé ? » Elle tendit une main. La Pirate sourit. « Shynta. » articula-t-elle lentement. L'avantage dans les conversations entre Rehlas étaient que les présentations étaient souvent inutiles. « Je … » - « N'hésite pas ! Ça me fait plaisir. Viens. » Elle prit le bras de la Rehla. « C'est toi qui est venue avec un dragon, n'est-ce pas ? Je l'ai vu dans le ciel. Tu t'es posée loin. Tu étais à Cëlessa. Tu aurais pu arriver directement vers la plage, près du Port. Lua Eyael est vaste et les bêtes comme la tienne ne sont pas interdites pourvues qu'elles savent se tenir. » - « Je ne savais pas. Je préférais ne pas me faire remarquer dès mon arrivée. » - « Alors ça, ma pauvre, c'est raté. » Elle rit, contrairement à Shaé qui baissa la tête, pensive. Shynta enchaîna. « Ici, nous sommes à la Cité des Astres en tant que telle. Lua Eyael est plus un royaume qu'une Cité, elle est tellement grande, tellement étendue. Les différents quartiers sont immenses ! Est-ce que tu vois le bâtiment qui semble être fait de verre ? C'est Desidera, le Palais. La pointe signe l'emplacement du Temple de la Lune, c'est la bibliothèque. J'ai aidé à ranger les livres. » Shynta était une petite fille bavarde. Elle fit la majorité de la conversation et cela n'était pas pour déplaire à Shéhérazade qui était peu loquace. Attentive, elle écouta l'enfant qui offrait son savoir sur la Cité. Elle lui conta les histoires des Quartiers de Dyel, les rumeurs de Sierra. Elles visitèrent les Plaines Rouges et longèrent la Jungle. Elles gravirent quelques marches du Temple de Phoebe avant de s'attarder aux Quartiers de Jeziel. « Tu aimes ? » Shynta sourit, de toute évidence très fière de ses petites manigances. Rêveuse, Shaé faisait quelques pas à travers les quartiers suds de Lua Eyael. « C'est magnifique. » souffla-t-elle, à court de mot. La touche exotique qui caractérisait les environs étaient enivrante. Il flottait un parfum doux et délicat. « Est-ce que ça te plairait de vivre ici ? » - « Je n'en aurai jamais les moyens. » - « Détrompe-toi. Je sais que tu as un peu d'argent et le Sin Luxinreïs offre de grandes facilités. Il souhaite que les Rehlas aient un toit dans leur Capitale. » - « Je ne suis pas du genre à rester dans une maison. Je suis une fille des mers. » - « Et ça t'empêche d'avoir une maison à toi ? Tu en as envie, Shaé. Tu veux être indépendante et vivre parmi les tiens. N'hésite pas trop. »

La jeune femme sourit. Oui, elle avait envie de posséder ses propres biens à Lua Eyael. Peu à peu, elle envisageait sa vie différemment.

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