Après plusieurs semaines passées sur le continent du matin calme, Raphaëlle changea de cap. Grâce à une discussion entendue à la volée dans les rues commerçantes noires de monde, Rapha s'était souvenue d'une légende que lui avait raconté la vieille sirène qui l'avait adoptée. Cette légende qui habille le phare de nombreuses ronces. C'était un lieu mystique, voire peut-être même historique en ce qui concerne l'histoire avec un grand H du peuple des mers. C'était aussi un lieu lugubre, un lieu à visiter à tout prix. Puis fallait le dire... la jeune fille n'attendait qu'une occasion pour retourner se ressourcer dans son élément qu'était l'eau. La bonne excuse en gros ! Ses jambes étaient très fatiguées de ces dernières semaines de marche, et il en était de même pour le reste du corps qui subissait la pesanteur. En tout cas, c'était décidé, cette idée l'enchanta et la visite aura lieu.

          Il fallut plusieurs heures de nages à l'ondine pour enfin s'approcher dudit-lieu. L'air était pesant, le volcan faisait bien son travail et offrait à quiconque s'aventure ici une atmosphère lourde et un air difficilement respirable. Raphaëlle dut ralentir le rythme, il n'était pas bien plus aisé pour une sirène de s'aventurer ici. Les roches étaient pointues et surtout nombreuses, sans parler des vagues qui, additionnées à l'obscurité ambiante, ralentissaient d'autant plus Raphaëlle. L'irrégularité des eaux était embêtante, une minute la vague l'entraînait du plus fort qu'elle le pouvait vers les roches, la minute d'après cette même vague la poussait vers le large. Cela demanda beaucoup d'énergie à la jeune fille d'accéder à la côte, juste au bas du phare. Celle ci put enfin se hisser sur l'un des rochers et y faire une pause, quitte à se prendre des giclées d'eau puissantes provoquées par les vagues qui se brisaient sur les roches. Une bonne heure passa, temps pendant lequel elle admira la vue. Tout du moins, le brouillard.

         Et tout à coup, parmi les vagues, sans même qu'elle ne s'en rende compte un espèce de crocodile dont on pouvait discerner les écailles et la peau rugueuse se dirigea droit sur elle. Une fois celui-ci arrivé à bon port, Raphaëlle reconnut Crapouye, son  varan, qui avait été contraint de faire une pause sur un lopin de terre avant de pouvoir la rejoindre ici. Après tout, ce n'était pas un animal marin infatigable bien qu'il ait été un très bon nageur.

C'est alors qu'une idée lui traversa l'esprit. Avant de penser à escalader les roches et rejoindre le phare, elle repoussa le moment fatidique où elle devrait recouvrer ses jambes humaines et faibles. Elle préféra plonger une nouvelle fois dans les fonds marins. Peut-être avaient-ils gardé prisonnier un vestige du passé? Un trésor encore enfoui ? C'était peu probable, mais cela valait le coup d'essayer, et de visiter les lieux de fond en comble. Ce phare n'était qu'un symbole, il n 'était pas ce qu'il y avait de plus intéressant à voir supposa t-elle.

         Au bout de plusieurs heures de nage, et après des dizaines de squelettes découverts et devant lesquels elle s'extasiait, s'imaginant qu'ils avaient été victimes de cette grande Callypso, ses mains plongées dans le sable ici et là à la recherche d'un quelconque trésor finirent par trouver ce fameux butin. Rien d'extraordinaire, un bracelet, mais après de longues et vaines recherches, l'on était content de trouver même un simple caillou.

         Rapha remonta à la surface pour mieux pouvoir examiner ce bracelet, s'habilla rapidement de son habituelle longue jupe, de son habituel pull difforme, et de son habituel bonnet dans lequel elle emprisonna ses cheveux. Enfin elle détourna de nouveau son attention sur le bracelet, le tripotant sous tous les angles, et aperçut une pierre couleur ambre très jolie malgré le manque de lumière.

Je ne sais pas ce qui m'a pris sur le moment mais maintenant il devenait évident que la réflexion avant l'action était définitivement la seule et unique option pour tout  les êtres vivant du monde !

Avec un soupir, je me remémorais la malheureuse suite d’événements qui m'avais conduite dans ce piège absurde. Je crois que tout avais commencé quand, dans ma quête de la découverte du monde, j'avais décidé de partir pour le continent dévasté. Un lieu tout à fait unique en son genre quoique ce ne soit pas trop mon style de paysage préférés. On m'avais dit En fait non, j'avais écouté deux personnes parler des différentes légendes qui constituaient une partie du mythe du vieux phares. Soit les talents de conteurs de ces deux individus étaient particulièrement développés soit, je n'envisageais pas d'autre possibilités. Quoiqu'il en soit, poussée par le mythe de ce lieu mystérieux j'avais décidé d'en faire la visite aussi rapidement que possible.

Autant dire que le voyage était long, et ce n'est pas une dizaine d'heure qu'il me fallut mais bien deux jours entiers pour atteindre le vieux phares. et malgré ce que tout le monde pouvait dire il ne payait pas de mine. Déjà, il y avait le brouillard qui bouchait ma vue et il me fallut être au plus près du phare pour en discerner l'architecture. Comme pour tout les lieux de mythes je m'attendait vraiment à ce que l'architecture ait quelque chose de .... mieux. Pour parler honnêtement ce lieu était si banal que je faillis maudire les deux idiots qui en parlaient avec autant d'admiration dans les yeux. Sur le moment, j'ai même pensé à leur faire goûter à la tromperie d'une jeune génie en tant qu petite leçon. Mais franchement j'étais fatiguée et après avoir passé un si long moment dehors, je ne pouvais pas me permettre de faire le chemin retour.  Du moins pas tout de suite.

Je rentrais donc dans mon habitacle où je vivais selon le rythme chaotique de mes pensées tandis que Sayron veillerais sur moi comme à son habitude. Dans la plupart des situations, un loup permettais d’éviter que les plus ennuyant viennent mettre la main sur moi.
Il parait que tous le monde peut faire des erreurs, comme ces deux imbéciles de conteurs par exemple. Mais là, je ne peux pas expliquer comment cela est arrivé. Même une négligence de la part du loup n'aurait définitivement pas mené à une telle catastrophe.
Peut être était-ce de ma faute. J'avais laissé mon habitacle trop au bord de l'eau.

La suite est facile à deviner. Par un coup du sort, je suis maintenant dans l'eau d'un mer assez agitée selon ce que j'ai pu voir en arrivant. Et je me demande comment je vais faire pour sortir de cette galère. La prochaine fois je prendrais un familier marin pour m'accompagner, question utilité dans ce genre de situation on ne fait pas mieux.
Bien entendu, ce serait tellement mieux si il n'y avait pas de prochaine fois.

Le temps passe assez lentement dans ce genre de situation d'autant plus que dans mon habitacle je peux décidé qu'il soit neuf heures du matin ou bien trois heures de l'après-midi, je n'ai aucun repère. Soudain, la sensation si désagréable d'habitude d'un être en train de toucher à mon habitacle se manifeste et commence à m’embêter. Il faut dire que maintenant je ne sais plus trop ce que je ressens: c'est à la fois très désagréable mais je ne me voyais pas trop rester indéfiniment dans l'eau. Inconfort et gratitude, quel étrange mélange.

L'inconfort s'aggrave, on doit être en train de me tripoter dans tous les sens pour évaluer la valeur de mon habitacle. Bonne nouvelle puisque cela signifie que l'on doit être sortis de l'eau. Je peux donc me manifester et montrer ma gratitude en proposant de former un lieu avec le possesseur de l'habitacle.

"Bonjour à toi qui que tu sois, tu viens de me rendre un grand service."  Je pris une petite pause histoire d'éviter à la personne qui me tenais entre ses mains de faire un arrêt cardiaque et de me relancer à l'eau.

"Je suis une génie au cas où tu ne l'aurais pas compris ! Et comme je tiens à te remercier je veux bien t'accorder trois vœux. Pas un de plus, il n'y a pas écrit une oeuvre de charité sur mon front."

Je n'avais plus qu'à attendre que l'inconnue accepte pour que le lien se forme. En attendant j'en profitais pour la regarder plus attentivement. Je pourrais utiliser son apparence à l'occasion. Vetue d'une longue jupe d'un pull assez difforme et d'un bonnet on aurait dit qu'elle essayait de se cacher du regard des autres. Peut être ne se rendait-elle pas compte que son étrange tenue produisait l'effet inverse ? Il fallait que je lui pose la question.

(désolée du retard!)

Raphaëlle tripota encore le bracelet, comme si elle attendait que quelque chose se passe. Comme si celui-ci pouvait lui révéler un morceau d'un passé qu'elle n'avait pas eu la chance de connaître, un morceau d'une légende à laquelle elle n'avait pas pu participer. Pendant que la sirène rêvait à tout ce que ce bracelet pouvait cacher et surtout lui dévoiler, une voix sortie de nulle part qui sembla s'adresser à elle coupa court à ses fantasmes. Celle-ci se retourna brusquement, et supposa que quelqu'un utilisait le brouillard pour camoufler. Rapha' fronça les sourcils. C'était bien la seule chose qui pouvait donner à son visage un air sévère ou inquiet, faute d'avoir un regard expressif.

La voix réapparut une seconde fois. La jeune sirène crut rêver... un génie? Bien sûr, elle avait déjà vaguement entendu parler de cette race mais jamais elle n'avait pu confirmer leur existence. Faut dire qu'il fallait un sacré coup de chance pour tomber sur l'un d'entre eux quand a seulement vécu enfermé dans sa chambre, pour ensuite rester cloîtrée dans les fonds marins. En tout cas, c'était peu dire que le génie sur lequel elle était tombée ne manquait pas de caractère. Il avait bien donné le ton avec son histoire de charité. Ou devrions-nous dire "elle". Maintenant que Raphaëlle savait d'où venait cette étrange voix, elle se décida à lui répondre.

- Et qu'es tu en mesure de m'offrir?

N'ayant jamais eu affaire à un génie, Raphaëlle était méfiante. Alors oui, ce n'était pas son genre. Cependant, il ne fallait pas jouer avec le feu avec le potentiel magique d'une race dont on ne connait rien. Était-elle vraiment capable de lui accorder n'importe quel vœu? Quelles étaient les limites d'un génie? Y-en avait-il? Et surtout, peut-on leur faire confiance sous prétexte qu'ils nous donnent l'occasion de réaliser nos souhaits les plus chers? Naît-on génie ou le devient-on? Dans le deuxième cas, était-ce un choix ou une punition? Des milliards de question défilèrent dans la tête de la jeune fille. Elle se rendit alors compte que cette rencontre était un opportunité pour elle de récolter une belle histoire, une histoire peut-être même rare, une histoire qui rassasierait sa curiosité quelques temps, et rassasierait surtout le besoin insatiable de l'océan. Le phare avait bel et bien répondu à ses attentes. Après tout, quelles étaient les chances de rencontrer un génie enterré sous le sable, dans un lieu si peu fréquentable et au milieu d'un océan aussi vaste?

-  Dois-je accepter ton offre pour pouvoir m'adresser à une personne faite de chair et d'os, ou dois-je me contenter de ton ambre?

Raphaëlle posa le bracelet au sol, et s'écarta d'un mètre, dans l'attente d'une réponse voire d'une apparition. Pendant ce temps, Crapouye avait enfin trouvé un moyen d'accéder au phare en faisant un bon détour. Car ce n'était pas chose aisée pour un varan d'escalader de nombreuses roches. Il rejoignit Raphaëlle, et lâcha un grognement pour signifier sa méfiance à sa maîtresse à l'égard de ce bracelet. Raphaëlle n'y prêtait plus attention, il se méfiait de tout le monde celui-là ! Elle se contenta de l'écraser en s'allongeant sur lui, les mains croisées sur sa gueule. Elle se demandait bien ce qu'elle pourrait souhaiter et ce qu'il serait sage de souhaiter une fois ce génie sorti de son habitacle.

Tout d'abord la jeune femme parut quelque peu désorientée. Quoique au vu de sa réaction, je devais peut être comprendre qu'elle était tout simplement perdue ? Elle semblait chercher son interlocuteur, c'est-a-dire moi bien évidement, sans pour autant réussir ne serait-ce qu'a l'apercevoir.
Ce qui était tout a fait normal d'ailleurs.
En effet, bien que sortie de mon habitacle dans le but de lui parler je n'avais pas pris la peine de me donner une forme physique bien définie. Je m’étais simplement contentée de me fondre dans le brouillard environnant.
Une forme moins visible certes, mais nettement plus impressionnante.

Enfin, elle dut être quelque peu rassurée en entendant le nom de ma race, ce qui n'acheva pas de m’étonner, puisqu'elle continua la conversation. Mais peut-être avait-elle juste l'habitude d'entendre des voix ? Il faut dire qu'entre ses réaction et sa tenue je ne savais que penser d'elle.

"Qu'as-tu donc à m'offrir ?"
Cette petite était une maligne. La question était tout-à-fait légitime mais la réponse pas très glorieuse. Non pas que je ne sache rien faire loin de là, mais je ne suis pas la meilleure génie que cette Terre ait rencontrée ... Du moins pour l'instant.
J'allais juste devoir présenter les chose autrement voilà tout. Au moins sa deuxième intervention me permis de réfléchir à une réponse nuancée à propos de mes compétences.

Je partis donc d'un grand éclat de rire aux sonorités cristallines toujours dissimulée aux yeux de ma jeune sauveuse.

"Je ne suis pas l'ambre ma chère, du moins pas depuis que j'ai commencé a te parler. Je suis sortie de ma prison et suis désormais tout autours de toi. Cependant, je pense que je veux bien te rendre ce service et prendre une forme plus... visible."

Le brouillard qui entourait la sirène commença à se rassembler pour prendre peu à peu forme humaine. Il faut dire que j'avais hésité à prendre une forme animale mais finalement ma forme habituelle me convenait assez. Au moins je ne risquais pas de faire d'autre faux pas.
Dans un salut semblable à celui d'un mystérieux magicien je finis par me présenter.

"Tu peux me donner le nom de la pierre que tu tiens entre tes mains si cela te conviens. En général c'est comme cela que je me fais nommer mais comme c'est toi tu peux choisir n'importe quel sobriquet qui te plairas... à condition bien sûr qu'il ne soit pas insultant"

J'allais lui parler de mes compétences quand je remarquais l'étrange position dans laquelle elle se trouvait. Mais pourquoi donc s'allongeait-elle sur ce pauvre varan seulement pour lui maintenir la gueule fermée ? Il devait certes être son familier, car sinon je ne pense pas qu'il l'aurait laissé faire une chose pareille sans remuer un peu. Rien qu'a imaginer la réaction de Sayron si je m'y risquais j'eus un petit frisson.

"Hmmm... Je ne sais pas ce que tu essais de faire mais je dois avouer que maintenant ce n'est plus seulement ton étrange tenue qui m'intrigue ..."

Puis je continuais: " Afin de te prévenir, je te dis tout de suite que jene peux pas changer radicalement ta vie ! Néanmoins je peux te faciliter certaines chose si tu le souhaite. Par trois fois selon le contrat."