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 Dernier acte [pv Lilith]

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Mer 21 Mai 2014, 21:24

Il y a bon nombre de moyens de se retrouver seul face au reste du monde. Parfois, il suffit d'une parole déplacée pour que l'entièreté des environs vous veut la peau. Une rime de trop, un souffle mal placé, une remarque qui aurait dû être conservée en soi et les fourches sont équipées. D'autre fois, les actions nous mènent à ça, ou bien le soupçon de l'action. Combien d'hommes et de femmes envoyés au bûcher pour une action qui leur est vrai ? Combien d'hommes et de femmes pris dans la véhémence de ceux à qui l'on doit rendre des comptes, victimes d'une supercherie d'un coupable encore en liberté ? Et dans ces cas là, c'est la vérité des autres qui fait office de réalité.
Ce soir, je suis d'humeur questionnable.
Je pourrai croiser un inconnu, il me dirait « Je suis un dieu » que je pourrai y réfléchir sérieusement sans le prendre pour un fou. C'est dans ce genre de soirée que j'ai l'impression d'être le fou de l'affaire. Et quand mes repères sont partis, je préfère diriger mon regard vers les étoiles.

Il y a encore quelques heures de cela, j'avais l'intention de retourner à l'Edelweiss enneigé. Comme un besoin de faire le point me prit tôt dans la journée et je n'arrivai pas à me couper l'envie d'espérer y revoir Firin. Le rehla était le seul être encore en vie que je pouvais espérer voir à un lieu précis et avoir une discussion logique sans avoir à me réintroduire et à faire comprendre que je suis aphone.
Je pris le bateau de bon matin avec Hashi, le sourire aux lèvres mais le coeur lourd de sentiments confus. Il y avait au réveil quelque chose de sombre qui prenait de l'ampleur. Cette chose sombre était née il y a longtemps mais ce n'était qu'à l'orée du jour qu'elle décida de se réveiller. Un flux de question me harcelait tout le long de la marche et c'est au bout de plusieurs heures que je me rendis compte que mon chemin était loin d'être le bon.

Aujourd'hui, mon cerveau a définitivement décidé de se foutre de moi.
Je ne connais pas ce lieu et la nuit vient de tomber. La forêt qui m'entoure, malgré tout ce que l'on pourrait en dire, m'inquiète beaucoup plus que celle entourant le marais du continent dévasté. Des silhouettes filiformes et des ombres glissantes se dessinent à la lueur de ma torche. Le son du brasier crépitant au bout de mon morceau de bois se mêle à celui des brindilles craquées sous l'impact de mes pas. Si cela n'était pas joint aussi par la réverbération des animaux nocturnes ayant deviné mon passage dans leur antre, je pense que j'aurai pu y passer un moment agréable. Un plafond de branchage se pliant au rythme du vent me surplomb. J'ai l'impression d'avancer dans une prison à la verdure toxique.

Mon conscient calcule chaque seconde, chaque pas que je fais sans qu'une bête sauvage ne me saute dessus., me répétant sans cesse: « Bravo garçon mais prépare toi car là tu vas mourir ! ». Mes sens sont aux aguets, mon corps croyant être déjà pourchassé et cet état de stress ne fait qu'empirer quand je sens une branche que j'ai inconsciemment poussé pour passer revenir me taper contre l'épaule.
A ce moment là, je panique totalement et me met à courir le plus vite possible, ne cherchant même pas une direction unique à laquelle je pourrai rebrousser chemin au cas où.
Je cours.
Mon souffle est sec et mon cerveau suroxygéné.
J'envisage l'information plus rapidement.
Un arbre et je le contourne sans m'arrêter.
Une branche et je l'esquive.
Le peu de chair pendant à mon corps commence à me faire mal.
L'articulation de mes genoux me fait mal.
Un arbre. Une branche. Une racine.
Le bruit de l'envol d'une chouette et ma tête se tourne sous l'effet de la panique. Je trébuche.
Je me redresse, le corps recouvert d'une couche de terre et de boue.
Je cours, le corps penché en avant.
Mon sac rebondit de tout les côtés et je sens les griffes de Hashi plantées dans mon épaule.
Ma gorge me fait mal.
Plusieurs branches. Des arbres. Des racines.
Je bondis car je crois que c'est derrière moi.
Le monstre de sous mon lit est derrière moi.
La vie essaye de me rattraper.
J'ai peur.
J'ai peur et je cours.
J'esquive un autre arbre. Puis un autre. Puis un autre.
Ma torche s'éteint sous la force de la vitesse et du vent.
Je ne vois rien et je cours, les bras en avant.
Mes bras frappent des arbres et des branches.
Je continue de courir, pourchassé par ma peur.
Le sentier s'incline et je trébuche, roulant sur toute la descente, frappant des souches, des arbres et des branchages.
Je ne pense pas à moi. Je pense à Shinji. Et Ayumi. Et ceux que je ne connais pas et que j'aimerai connaître. Je pense à Jake. Je pense au vide qui a entouré ma vie. Je pense aux dieux. Je pense à ma peur qui me pourchasse. La douleur ne m'appartient plus, il n'y a plus que la peur qui sommeille en moi. Et tandis que mon réceptacle subit les pires douleurs, mon esprit est ailleurs, apaisé de ce chemin trop long, parti au-delà de la déception et de la rancœur. Dans cette obscurité totale et le mouvement de mon corps mutilé par la chute, une lumière salvatrice apparaît dans mon esprit, douce, sincère, rassurante. La paix me vient pendant quelques secondes, balayée par la fin de la course folle de mon corps.
Il y a bon nombre de moyens de se retrouver seul face au reste du monde. La peur, l'espoir, la mort.

Il me faut quelques secondes avant de comprendre que je suis encore en vie. C'est Hashi lui-même qui me le fait savoir en me tirant les cheveux et en me pinçant le visage de ses petites griffes.
J'ouvre un oeil et aperçois une lueur derrière Hashi. Je tente de me relever en m'aidant de mon bras gauche mais une douleur intense vient me résonner. Ce bras est cassé. Je fais basculer mon corps et me redresse péniblement, faisant travailler mon dos fragilisé.
Que m'est-il arrivé...
Je regarde en face de moi et comprend que la lueur provient de la Lune. Avant ce moment précis, je ne pensais pas que l'astre avait une lumière aussi puissante et réconfortante.
Hashi semble excité malgré ce qui vient de se passer, il n'arrête pas de me griffer. Et ma tête tourne encore.
Je me redresse et c'est là que je comprend le geste de mon shimi.
Nous sommes tombés près du rocher au clair de Lune et en face de moi il y a quatre loups que montrent leurs rangées de dent, la bave aux lèvres, le regard féroce et la faim au ventre.
Je pose ma main droite sur ma dague mais j'en suis persuadé, la Lune me verra mourir ce soir.
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Jeu 22 Mai 2014, 17:39

En Libertas, une violente dispute s'était déclarée entre Ulrick et Lilith. Le jeune homme la voyait, chaque jour, chaque nuit, travailler sans cesse, éplucher les fruits et les légumes, traire les vaches, guider les Hommes dans le besoin vers le chemin de la méditation, de la rédemption. Elle ne faisait aucune pause, uniquement lorsque son corps n'en pouvait plus, uniquement lorsque son corps tombait, succombant à la fatigue. Ulrick la regardait maigrir jour après jour, la jeune femme ne pensant à se nourrir que lorsque des crampes d'estomac la faisaient souffrir le martyr. Le magicien comprenait que passer d'un état de génie, où tous sentiments et sensations de faim, de soif et de fatigue sont absents, à un état d'ange, où le corps se réveille, était une épreuve difficile, mais il ne pouvait plus l'observer faire passer les autres avant sa propre personne. Alors, prenant sur lui, plantant son regard dans celui de la jeune femme, il l'avait chassé, en quelque sorte. Cela s'apparentait bien plus à des vacances forcées mais l'ange ne l'entendait guère de cette oreille. Le travail constituait pour elle la seule façon de ne pas penser au roi des Orishas et aux rumeurs qui couraient sur lui. Le travail constituait pour elle une fin en soi, un objectif de vie et, même si rares étaient les personnes dans son cas, elle le faisait plus par plaisir que par nécessité. Aider ceux qui étaient dans le besoin, les écouter lui confier leurs secrets, leur histoire, voici ce qui faisait sa vie, et ce bien avant de devenir ange. Elle n'était d'ailleurs guère de ces anges naïves, stupides et trop gentilles qu'elle avait l'habitude de côtoyer vers la citadelle blanche. En réalité, elle avait un sacré caractère. Bien sûr, elle ne faisait rien qui aurait pu entraîner sa déchéance, mais elle ne se laissait pas non plus marcher sur les pieds. Lilith avait un rêve, le rêve d'un monde meilleur et elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour l'obtenir. Oh elle savait que le bien et le mal s'équilibraient naturellement, mais ces notions n'étaient qu'évasives en son esprit. Ce qui importait pour elle, était le bien-être des Hommes, qu'ils soient démons ou anges, humains ou béluas.

Quoi qu'il en soit, Ulrick lui avait imposé des vacances et bien qu'elle ait essayé de lutter au début, elle devait bien admettre, en toute objectivité, que les événements n'allaient pas en sa faveur. Tout d'abord, elle avait beaucoup maigri. De plus, sa peau était blanche comme un linge. Enfin, de jolies cernes grises venaient maquiller ses yeux. Le magicien avait, en plus de cela, avancé des arguments convaincants, comme le fait que si elle ne prenait pas soin d'elle à la base, elle ne pourrait être d'aucun secours pour ceux qu'elle souhaitait aider, ni d'aucune confiance. Quel patient ferait confiance à un médecin malade après tout ? C'était exactement pareil. Aussi, elle avait consenti à se reposer, demeurant loin de Libertas dans la famille d'Ulrick qui vivait sur les rives du lac de la transparence. Ainsi, elle avait l'occasion de visiter le continent. Bien sûr, elle le connaissait déjà mais les choses changeaient si vite.

Perchée sur le rocher au clair de lune, elle réfléchissait à sa mort lors de l'ère précédente, à sa perte de pouvoirs, à toutes ces choses qu'elle préférait ignorer en temps normal, qu'elle préférait noyer dans le travail. C'était sans doute lâche quelque part, mais chaque être avait ses démons et la dénégation était un mécanisme de défense comme un autre. Songeant, son attention fut pourtant volée à ses problèmes par un bruit plus bas. Elle avait l'impression que quelque chose se passait mais n'avait entendu que des sons de branchages, aucun cri. Hésitant un instant, se disant que, peut-être, son esprit lui jouait des tours, elle déploya tout de même ses grandes ailes afin d'aller voir. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir un homme, qu'elle ne voyait que de dos, en face d'une horde de loups. L'ange sentit la peur la tirailler. Seulement, elle ne pouvait pas laisser cet homme à la merci de ces bêtes. De même, elle n'avait en aucune façon l'intention de tuer ces animaux sur le territoire même des béluas. Cela leur aurait attiré bien plus d'ennuis qu'ils n'en avaient déjà. Réfléchissant rapidement sous le coup de l'adrénaline, elle finit par se lancer vers l'homme, l'attrapant sous les aisselles avant de déployer de nouveau ses ailes afin de les mettre hors de danger. Il était lourd, pour elle qui n'avait aucune force, et son effort fut considérable pour réussir à les amener en hauteur, à l'abri sur le rocher au clair de lune. Une fois qu'elle fut sûre que la hauteur ne leur causerait aucun mal, elle ne put s'empêcher de le lâcher, tombant pourtant avec lui sous le coup de la perte de poids. Par terre, son visage atterrissant sur le mollet de l'homme, elle reprit son souffle avant de se redresser légèrement. Elle le regarda mais ne put guère détailler grand chose tant il était couvert de boue et d'égratignures. Que diable lui était-il donc arrivé ? Restant un moment silencieuse, elle finit par baisser les yeux, consciente que regarder l'homme comme une bête curieuse ne l'aiderait pas à se sentir à l'aise. Elle se redressa un peu plus, finissant par se présenter afin qu'il comprenne aussi qu'elle ne lui voulait aucun mal. « Bonsoir... Je m'appelle Lilith. J'ai pensé que vous étiez en danger alors je me suis permise de vous... porter. Je vais vous soigner si vous me le permettez. Quel est votre nom ? ». Bien sûr, elle ne pouvait pas deviner qu'il était muet. Se remettant elle-même de ses émotions en essayant de faire appel à sa raison, elle s'engagea dans le détail des zones qui semblaient meurtries sur son corps. « Hum... peut-être vaudrait mieux-t-il que vous vous baignez avant afin de nettoyer un peu tout ça... ». Elle était prête à déchirer sa robe bleu clair si cela pouvait lui permettre de ne pas perdre trop de sang à certains endroits ou a maintenir son bras qui était en piteux état. Néanmoins, elle ne voulait rien faire contre la volonté de cet inconnu.

Spoiler:
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Jeu 22 Mai 2014, 20:43

Quel crétin. J'ai été poursuivi par mon imagination et dans la panique je me retrouvai face à ce que je redoutais par dessus tout. Les loups n'étaient pas là dans le cheminement de ma peur, ils étaient là à la finalité. J'aurai pu ne pas courir, j'aurai pu choisir de ne pas succomber à ma peur. J'aurai pu faire en sorte que tout aille pour le mieux. Mais la vérité m'a pris de court en dévoilant en moi les faiblesses de mon courage.
Je n'ai pas d'excuses.
La peur de ma seule présence ne peut être une excuse.
La solitude et la crainte de mourir sans l'amour de mes proches ne peuvent être des excuses.
La faute me revient et je suis coupable de ma propre mise à mort.
Et étrangement, maintenant,je n'ai plus peur. Face à la mort qui m'attend, je n'ai plus peur. J'accepte le jugement.

J'observe les loups qui m'observent aussi. Ils ont faim et l'ordre des choses va revenir. La chaîne alimentaire. Le loup est un loup pour l'homme. Alors quatre loups...
Le son de leurs grognements m'assure une fin certaine. Peut-être pourrais-je en éliminer un, deux par extrême chance. Ma torche allumée aurait pu servir à les effrayer mais celle-ci est éteinte, jetée dans le bois après ma course folle.
L'un d'eux s'élance vers moi, je l'esquive tout en dégainant ma dague de mon bras valide. Je ne tente pas de le toucher. Il me rattaque, je fais un bond en arrière pour garder une distance de sécurité. Les autres loups observent et font en sorte de me barrer la route.
J'esquisse un sourire. Je ne porte pas attention à mon corps, à mon bras droit cassé, au sang et à la boue fraiche sur mon visage, à la côte fêlée et à mon dos fragile. L'adrénaline qui me parcourt fait son effet. Le temps semble se distordre, les actions sont lentes et mon cerveau carbure à pleine vitesse. Est-ce ça l'approche de la mort ?
Deux loups s'approchent et montrent les crocs. Comme par réflexe, je pose bruyamment un pied sur le sol et essaye d'émettre un râle mais celui-ci ne sort pas. Le coup de pied au sol provoque un effet de surprise aux canidés. C'est le pied au sol que j'entraperçois une silhouette aux grandes ailes déployées sur le haut du rocher en arrière plan mais je suis sur que mon esprit divague. Les anges m'attendent en m'observant car c'est la Fin pour moi.
Tout se passe très vite.
Les loups s'élancent.
Je saute en arrière, élançant au désespoir ma dague de mon seul bras valide
Je sens mon saut ne plus en finir, comme si la gravité venait tout simplement de changer de loi.
Les loups se rapetissent, bondissant en hurlant des râles bestiaux sans m'atteindre.
Suis-je mort et les ailes me poussent ?
Non, cela m'est totalement inconcevable mais je suis agrippé par quelqu'un muni d'ailes. Cet ange qui m'observait n'était pas là pour m'amener vers la mort mais pour me faire acheminer vers la vie. Je ne peux pas le croire.

A l'approche du sommet du rocher, l'ange me lâche et est entrainée par mon poids. Je me réceptionne difficilement, son visage se pose un instant contre mon corps. Cela dure un instant que je grave dans mon corps comme un scellé. Une vibration résonne en moi. Le contre coup des évènements fait que je suis pris d'un tremblement me parcourant tous les muscles. L'adrénaline rechute et mon visage devient pale comme un linge. Je ne me sens pas bien.
Maintenant, j'entends les maux de mes organes. Mon bras gauche me lance comme si un rocher l'avait écrasé, toutes les éraflures et brûlures sonnent présentes et je ne sais plus quelle partie de ma peau n'est pas atteinte. Je ne sais pas que ma côte cassée est chanceuse de ne pas avoir transpercé mes viscères. Je ne prête pas attention au regard de ma sauveuse alors que je le devrai.
Après un moment de silence, le souffle court, je me retourne pour observer celle à qui je dois la vie alors qu'elle se redresse pour m'adresser la parole.
Pendant un instant, je crois tomber amoureux de nouveau. Son regard franc et honnête, auréolé par l'acte de bravoure qu'elle venait d'accomplir, la pâleur de sa peau contrastant avec la couleur de la Lune, la grâce du geste de ses cheveux, ses ailes imposantes et majestueuses... L'instant est figé dans mon esprit.
Cette inconnue est ma déesse salvatrice. Elle se prénomme Lilith, me dit qu'elle me soignera et je la crois. Elle pourrait tout me dire que je la croirai et que je la considérerai comme telle. Je lui dois la vie et l'espoir qui soudainement nait au fond de l'abysse de ma raison.
Je n'entend plus les loups, je les ai même oubliés.
Lilith, je t'écrirai des chansons que je ne pourrai prononcer mais que je réciterai si fort que mes pensées résonneront par leur volonté de t'atteindre...

Elle me demande mon nom. Machinalement, je vais pour sortir mon ardoise mais la douleur au bras m'arrête net.
De ma main droite, je commence à signer pour lui montrer que je ne peux pas prononcer de mots. Cependant, j'essaye tout de même de lui prononcer. Mes lèvres disent Kumiko Akira mais il n'y a qu'un simple soupir qui en est exhalé.
Elle me dit qu'il faudrait nettoyer les plaies avant de les soigner. Elle a raison.
De mon bras valide, j'enlève mon haut rapiécé pour découvrir un torse dessiné par la maigreur de mes muscles, par les cicatrices des anciennes chutes et par les plaies béantes. On voit très nettement le niveau de salissure de ma peau, mes épaules et mes bras sont recouverts d'une couche sombre de terre et de sang tandis que mon buste est pale comme mon visage, clairsemé ça et là de marques de brûlures. Je ne le sais pas mais mon bras gauche est entaillé profondément à l'épaule.
Je fais un geste de mon épaule gauche à mon avant bras tout en désignant mon haut pour lui indiquer qu'il serait bien de l'utiliser comme une attelle le temps que l'on trouve un endroit pour laver les plaies.
Pendant un instant, mes yeux se ferment afin d'entendre un cours d'eau au loin.
Ce soir, l'espoir a un nom: Lilith.
J'en repère un, et d'un coup, je me redresse en pignant légèrement, le regard porté vers la direction à prendre suivi par mon doigt. Depuis cette hauteur, surplombant la forêt, je reconnais les lieux alentours.
Malgré la douleur, j'attrape mon ardoise dans le sac et commence à écrire d'une main: Le cours d'eau au loin amène à un lac chaud proche des montagnes. Peux-tu m'aider ?
J'efface la craie avec mes mains sales et écris: Merci Lilis. Appelle moi Kumiko.
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Dim 01 Juin 2014, 12:41

Lilith fixait de ses yeux le corps entaché de boue et de sang de l'homme qu'elle avait à ses côtés. C'était étrange qu'il n'ait guère pu se défendre seul mais lorsqu'elle l'avait aperçu, il semblait bien plus terrorisé par autre chose ou ses propres démons intérieurs que par la horde de loups. Elle n'était peut-être pas assez puissante pour comprendre qu'il s'agissait d'un humain, mais elle avait assez vécu pour comprendre les sentiments qui pouvaient enserrer les êtres. Les génies avaient, eux aussi, leurs démons, et bien que sauvegardés de certains troubles, ils en possédaient tout de même un certain nombre. La vie d'ange était sans doute plus enviable mais l'adaptation était difficile, le trop plein de sentiments et de sensations détestable. Pourtant, elle devait s'y faire, accepter simplement sa nouvelle vie et ses compétences amoindries. Aussi, son regard sur l'humain se voulait à la fois inquiet et apaisant. Il était suffisamment amoché pour qu'en plus elle ne lui donne des signaux qui auraient pu le faire paniquer. Néanmoins, lorsqu'il essaya de parler sans y parvenir, une lueur étrange apparut dans son regard. Elle se dit tout d'abord qu'il était blessé, peut-être intérieurement, et qu'il avait perdu sa faculté à prononcer le moindre mot pour le moment... ou peut-être qu'il était trop choqué pour que le moindre son veuille sortir de ses lèvres. Cela inquiétait l'ange bien plus que le reste mais quand elle le vit se relever et sortir son ardoise, elle comprit que son mutisme n'était ni de son propre fait – en essayant de l'aider, elle aurait pu aggraver son cas – ni du fait des événements qui avaient précédé son arrivée. « Je vais t'aider Kumiko. ». L'ange prit le haut de l'homme, attrapant avec délicatesse son bras afin de le maintenir contre son torse par la pression qu'exercerait le tissu. L'attacher ne fut guère aisé mais elle y parvint tout de même, reculant pour observer le résultat, remarquant par là même son corps squelettique. Lilith était habituée à contempler la misère, mais elle ne la supportait pas, œuvrant pour l'annihiler. Elle ne savait rien de lui mais elle ne pouvait le laisser dans cet état. L'ange prit donc la résolution de prendre d'abord soin de son corps avant de chercher à en savoir plus sur ce qu'il s'était passé en cette soirée. Elle doutait que toutes les marques qui entachaient la silhouette de Kumiko soient dues à cette seule soirée, mais dans l'obscurité et à cause de la crasse qui s'était attachée à lui, elle ne pouvait en être certaine. Quelle vie avait-il mené jusqu'ici ? C'était un mystère et elle doutait qu'il lui révélerait quoi que ce soit tant qu'une certaine confiance ne se serait pas installée. Il fallait du temps pour certaines choses.

« Je vais de nouveau te porter. Je me doute que ça risque de te faire mal mais comme nous sommes en hauteur et que les loups doivent encore nous attendre, je pense que c'est préférable. Aussi euh... je vais essayer de mieux réussir l'atterrissage. ». C'est vrai que celui qu'elle avait précédemment tenté était plus un échec qu'autre chose. Ne perdant pas de temps, l'ange se plaça derrière l'homme, l'attrapant comme elle le pouvait afin de reprendre son envol avec lui, suivant la direction qu'il lui avait indiqué. Parfois, elle perdait de l'altitude, le poids de Kumiko ne l'aidant pas à voler, mais bien que l'entreprise soit instable, elle finit par apercevoir l'eau, se posant directement dans celle-ci, près du bord, afin d'être certaine qu'ils auraient pied. Là, elle fit une pause, essoufflée par l'effort, avant de se rendre compte que ce qu'elle avait fait n'était pas ce qu'il y avait de plus malin. « Je suis désolée mais à cause de moi, nos vêtements sont trempés. Il faudra trouver un endroit pour la nuit afin de les faire sécher et de nous reposer. ». Au moins, la présence de l'homme lui permettait de prendre conscience de ses propres besoins. « Mais d'abord... on va nettoyer tout ça et je vais essayer de te soigner grâce à ma magie. Je ne suis pas encore très douée, je risque de ne pas pouvoir tout guérir mais ce sera peut-être déjà mieux que rien... ». Lilith avait pris parti de le tutoyer comme il l'avait fait. Et puis, cela mettait moins de distance entre eux, ce qui privilégiait une relation de confiance. Déchirant le bas de sa robe, elle se servit du tissu pour commencer à nettoyer l'un des bras de l'homme, usant ensuite de magie afin de soigner les blessures. Celles qui étaient superficielles disparaissaient, bien sûr, mais même si l'état des plus profondes s'améliorait, elles demeuraient tout de même. Continuant sa tâche, ses forces se réduisant petit à petit sans qu'elle ne le montre, elle finit par lui demander : « J'aimerai que tu m'écrives ce qu'il t'ait arrivé ce soir. T'a-t-on attaqué ? Que s'est-il passé pour que tu finisses dans cet état ? Outre l'intervention des loups bien sûr... ». Sa voix restait douce et calme. Peut-être aurait-elle été parfaite pour conter des histoires le soir à des enfants afin de les endormir. L'eau était tiède, il ne faisait pas spécialement froid, mais une fois que la nuit serait plus profonde, le temps changerait sans doute. Il faudrait trouver une solution pour se mettre à l'abri. Peut-être retourner au rocher et chercher à se rendre dans la cité de Dhytis ?
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Sam 07 Juin 2014, 12:30

Elle veut bien m'aider. J'esquisse un sourire satisfait.
Sur ce rocher, même sous le regard lointain des loups, les blessures internes me lançant, recouvert de boue, je me sens rassuré. Cette sensation m'apporte une chaleur intérieure qui me manquait, réchauffant les idées glaciales paralysant mon esprit. Ma peur, s'envole en fumée, comme si cet ange venait d'éteindre une bougie affolée par un souffle constant. Le souffle est toujours là mais il n'alimente plus rien. Mon rythme cardiaque se stabilise et ma respiration, chaotique jusqu'alors, retrouve un rythme calme et serein.
Lilith, tu es l'espoir que je n'attendais plus, tu es l'héroïne illustrant mes envies de bravoure, le modèle que j'aimerai devenir. Ma conscience convient que tout ceci est exagéré mais j'ai envie d'y croire. Je meurs d'envie d'avoir foi en cette ange à la grande sagesse. J'en suis persuadé, je n'essaye même plus.
Je l'observe, forçant ma mémoire à connaître chaque trait, chaque pore, chaque détail pouvant lui appartenir. Si je veux un jour conter ta beauté et ta grandeur, il me faut te savoir en entier.

Lilith prend mon haut rapiécé et le déchire, emballant mon bras démis dans une attelle temporaire. Je sens son souffle sur ma peau salie, il est rafraîchissant. Je sens son regard observer mon corps rabougri par une survie qui ne fait que trop durer. Elle a sans doute pitié de moi. Mais je ne peux pas faire grand chose pour empêcher ça.
Lilith, un jour je te sauverai. Un jour, ça sera moi qui annihilerait tes craintes. J'espère n'avoir à jamais le faire. Mais je serai là pour toi, quoi qu'il arrive.
L'attelle est installée et elle me dit qu'elle va me porter dans un lieu plus sûr pour que l'on puisse nettoyer les plaies et les guérir. J'esquisse un sourire pour lui dire que j'accepte. J'enfile mon sac à dos en émettant un soupir contenant ma douleur.
Elle se place derrière moi et me soulève. C'est différent de tout à l'heure. Je sens toute la difficulté de son entreprise. Même si je suis rachitique, mon poids est non négligeable pour son corps frêle.
Cette sensation est étrange. J'ai comme l'impression de voler et que mes ailes ont une volonté propre. Malgré ça, je profite de la vue et de l'expérience. Pouvoir voler à sa guise doit procurer un bonheur puissant. La liberté, une nouvelle forme de sécurité, sentir chaque molécule d'air effleurer sa peau par la vitesse...

Nous atterrissons directement dans l'eau, me procurant un bien indescriptible malgré la pesanteur de la chute.
Elle s'excuse pour nos vêtements, j'esquisse un nouveau sourire comme pour lui dire que ça ne fait rien, on trouvera une solution. Les vêtements humides sont un problème mais mes jambes rafraîchis occultent tout problème. Je ne pense plus à la peur, je ne pense plus aux loups. L'ange occupe tout l'espace disponible dans mon cerveau.
Elle entreprend de me laver. J'ai l'impression d'être un gosse venant de passer un sale moment réconforté par sa mère. Un flux d'émotion me submerge lorsque je pense à ma génitrice. Étrangement, j'ai du mal à me souvenir de son visage. Il est flou dans ma mémoire, même dans mes rêves les plus intenses.
Elle me soigne pendant que le bout de sa robe essuie la saleté de mes plaies. Le lavage ne me fait pas mal de cette façon et l'effet des petites plaies se refermant me fait découvrir une sensation inconnue jusqu'alors. C'est ça le pouvoir magique ? On peut faire tout ça avec de la magie ?

Elle me demande de lui expliquer ce qu'il s'est passé. Ma mine se fait grave sans que je ne m'en rende compte. Je prend mon ardoise et commence à lui écrire tandis qu'elle continue de laver et soigner mes plaies.
J'écris: Tout est si irréel... Je ne sais pas pour où commencer.
J'efface et j'écris: J'allais rendre visite à un de mes nombreux sauveurs à l'Edelweiss.
La craie humidifiée par mes mains pleine d'eau forme quelques pâtés sur l'ardoise quand j'écris.
J'efface et j'écris: Je me suis perdu dans cette forêt et dans ma tête.
J'efface et j'écris: J'ai cru que des êtres me pourchassaient. Dans la forêt et dans mon esprit.
Je prend un moment. Je soupire. Il faut que je me l'avoue.
J'efface et j'écris: J'ai peur de mourir seul.
J'efface et j'écris: J'ai peur de moi-même. Des mes démons.
J'efface et j'écris, sentant les larmes monter à mes yeux: Tout ce que je viens de subir, ma peur me l'a fait subir.
J'efface et j'écris, avalant un premier sanglot dans un bruyant raclement de gorge: Non. Je me le suis fait subir.
J'efface. Je suis responsable de ma propre peur. J'ai beau me dire que je suis courageux mais face à cette peur, je suis incapable d'y faire face.
J'écris: Toute ma vie, j'ai fuit les autres pour ne pas mourir.
Je n'arrive plus à retenir mes larmes. J'efface et j'écris: Maintenant, je me fuis. J'ai peur.
J'efface et j'écris: J'ai peur de ne pas retrouver ma famille.
J'efface et j'écris: Pourquoi la peur doit-elle être si présente.
Je n'arrive plus à retenir le sanglot. Dans un geste automatique, je me recroqueville et pleure, tremblant. Ma gorge émet de petits bruits semblables à ceux d'un hoquet. Je défais ma position et passe le revers de mon bras sur mes yeux humides. Je lui lance un regard.
Mes sentiments oscillent, le bien-être et le difficile aveu jouant à la balle avec ce que je ressens.
Je la regarde et je souris. Je sais que je peux tout lui dire.

Mon corps est maintenant propre et les petites plaies lavées et cicatrisées. Je sens encore quelques douleurs mais elles se font superficielles.
J'écris sur l'ardoise: Il faut se trouver une planque pour la nuit où faire un feu.
J'efface et j'écris: Par contre, plus question que me portes. Tu en as déjà trop fait pour moi.
J'émets un petit rire et arbore un sourire.
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Ven 01 Aoû 2014, 21:08

« Oui... un feu et... un endroit pour la nuit. ». La jeune femme était troublée par les révélations de l'homme, troublée par sa propre propension à souhaiter le protéger. C'était étrange. Elle hésitait à accomplir un geste qu'elle jugeait alors naturel depuis le début de son discours, lorsqu'elle avait vu les tremblements qui l'avaient parcouru, les troubles de son menton, de ses lèvres, annonciateurs d'un état de tristesse et d'impuissance. Ce geste, elle finit par le faire, réduisant la distance qui existait entre eux pour le prendre dans ses bras. L'une de ses mains vint caresser les cheveux de l'homme dans un geste de réconfort. Un simple contact physique avait parfois des effets bien plus réconfortants que des mots, surtout pour qui avait peur de mourir seul. Il n'était pas seul, il ne serait plus jamais seul. Si la jeune femme ignorait tout du lien qui pouvait se créer entre un humain et un ange, elle en faisait à présent l'expérience. Elle n'aurait su l'expliquer, celle-ci tellement intime et secrète qu'elle n'avait pas envie de la partager avec quiconque. Il lui semblait unique, celui qui changerait sa vie, qui apporterait une certaine lumière à son existence et pour qui elle voudrait faire la même chose, donner autant qu'elle recevait déjà de lui. C'était incompréhensible mais elle était son ange, il était son humain et à jamais ils seraient inséparables. Alors oui, elle souhaitait le réconforter, n'ayant que faire d'une proximité qui était sans doute à proscrire avec n'importe quel autre homme. Il ne lui ferait pas de mal, elle en était certaine. Elle voulait panser ses plaies, que celles-ci soient physiques ou psychologiques. Ce jour marquait le début d'une histoire, de leur histoire. Elle s'inquiéterait toujours pour lui, elle serait blessée de le savoir en péril, perdu ou malmené par autrui. Mais elle rirait de son bonheur, elle serait heureuse quand elle le verrait sourire et ferait tout pour voir ses yeux pétiller de gaieté. Oh oui, malgré le chaos de ce monde, elle le protégerait contre vents et marées, aussi longtemps qu'elle le pourrait, usant de tous les moyens pour parvenir à cette unique fin. « C'est normal d'avoir peur. Moi-même j'ai peur parfois, pour mon  avenir, pour ceux que j'aime, pour ma fille plus particulièrement, mes filles. ». C'était compliqué de parler de la deuxième car Violette avait disparu. Elle l'avait adopté mais par le hasard des choses, elle ne l'avait pas gardé longtemps, cette dernière devenant reine des humains et bien plus puissante qu'elle ne l'avait jamais été. Mais sa fille biologique, Mimi, était maudite, condamnée à ne plus grandir sous cet état d'ange qu'elle avait adopté. Lilith souhaitait la délivrer de son éternité, mais elle ne savait comment faire, comment s'y prendre. Prier les dieux ? Prier un génie, un démon ? Elle l'ignorait mais elle devrait trouver une solution afin que son bébé puisse grandir de nouveau, découvrir le monde, rencontrer quelqu'un, faire des enfants à son tour, vieillir, simplement. « Mais tu n'es plus seul, Kumiko. Je suis là et si mon pouvoir était suffisamment grand, alors j'aimerai annihiler tes peurs une bonne fois pour toute. ». Elle s'écarta un peu de lui, lui souriant doucement. « Si tu veux, je t'aiderai à retrouver ta famille. Je sais ce que cela fait d'être éloigné des siens. ». Elle ne disait pas cela à la légère, consciente qu'elle s'engageait envers lui. Néanmoins, curieusement, cela ne lui faisait pas peur, elle serait à ses côtés s'il voulait bien l'accepter. Elle finit par caresser sa joue, l'observant quelques secondes sans rien dire avant de détourner le regard, tournant les talons pour sortir de l'eau. Il avait raison, il devait trouver un endroit pour la nuit et faire un feu qui leur tiendrait chaud et effraierait les bêtes sauvages.

« Tu viens ? En plus, je vais avoir besoin de toi parce que je ne m'y connais pas trop en matière de feu... ». Il y avait pleins de domaines dans lesquels elle n'excellait pas, simplement parce qu'en tant que génie, elle n'éprouvait ni le chaud ni le froid, l'environnement n'influant pas sur elle. A présent qu'elle était ange, tout semblait différent. Elle était plus fragile, tout comme cet homme. Mais, à deux, ils s'en sortiraient, bien que le froid commence à la gagner progressivement. Elle fit quelques pas, trouvant bientôt des roches qui s'élevaient dans le forêt attenante, roches qui devraient sans doute abriter plusieurs cavernes. « Hum... Je ne sais pas ce que tu en penses... Peut-être que si nous marchons un peu plus, nous pourrions trouver une auberge mais le problème c'est que ce n'est pas sûr et que les loups pourraient nous traquer si nous nous aventurons trop en terrain inconnu. Peut-être serait-il plus sage de rester là, tu ne crois pas ? Je ne sais pas. Le sol n'est pas très confortable mais... je pourrai utiliser mes ailes pour que l'on soit mieux installer... ». Après tout, elle ne risquait que l'engourdissement mais il n'était pas lourd et elle doutait que quelques heures de repos lui fasse le moindre mal. Elle ne savait pas vraiment comment s'y prendre, non habituée à camper en terre sauvage. « Si tu sais faire du feu, on... fera sécher nos vêtements. On aura qu'à se tourner le dos le temps qu'ils sèchent et puis, nous pourrons continuer à communiquer quand même, je te raconterai ma vie si elle t'intéresse, au chaud. »
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Dim 10 Aoû 2014, 17:28

Le contact se fait et le lien se noue.
Ca fait du bien de déballer son sac. Tout écrire, tout avouer, c'est plus que libérateur. Les démons sont en face de soi, on peut les voir, comprendre qu'il faut les affronter et même monter des choses pour les empêcher de nuire. Je me sens mieux depuis que je lui ai écrit tout ça.
Elle m'enlace et la terre cesse toute activité, finissant le travail de libération. Je suis dans un cocon chaud à la soie refermant mes cicatrices internes, entouré d'un duvet molletonné, rassuré par la chaleur de la peau de Lilith.
Je sens encore cette tristesse la paranoïa subsister en moi mais les pensées s'atténuent pour ne laisser qu'un espace rempli de quiétude ou la mort aurait du mal à venir me chercher.
Je sens son souffle contre moi, encore.
Lilith, je suis tien, je ne veux pas en savoir plus.
J'aimerai lui dire que je serai toujours là pour elle, que ma bravoure ne flanchera plus car toujours je penserai à elle. Qu'elle me donnera la force de franchir le reste des obstacles de ma vie. Je ne sais pas si c'est la folie mais une drôle d'émotions me libère le coeur, comme lors d'une révélation. Si peu de temps mais quelque chose de vrai, au-delà des mots et des gestes, est en train de se créer. Je sais qu'elle sera là pour moi, toujours. Comme un ange gardien. Je suis rassuré.

Elle me dit qu'elle-même, elle a peur. Pour sa famille. Ses filles.
Elle est là. Pour moi. Et ses paroles se gravent en moi. Même le temps ne saurait éroder ses marques qu'elle me laisse.
Elle s'écarte de moi, prenant le temps de me regarder. Elle me sourit et me dit qu'elle m'aidera. Et je la crois encore.
Le contact de sa main sur ma joue me procure une décharge de douceur, je ferme les yeux. Je suis bien. Totalement chamboulé, je le sais, mais cet instant est parfait. Éphémère, certes. Mais je connais le bonheur. Maintenant.

Elle sort de l'eau pour que le temps reprenne une activité normale.
Je me ressaisis et me plonge dans la réalité. C'est vrai, il fait nuit, froid et on trempe. Je la suis hors du bassin, il va falloir que je m'active.
Je jette un regard à Hashi et il s'empresse d'aller chercher du bois. Je hoche la tête aux dires de l'ange.
Je prend mon ardoise et écris: Laisse moi m'occuper du feu avec Hashi.
Je regarde à l'horizon les coins qui pourraient nous être profitables. Les auberges ne sont pas une bonne solution à cette heure avancée de la nuit. Il nous faut un endroit sur au plus vite pour ne pas se faire harceler par les bêtes sauvages. Et il nous faut du feu.
J'indique du doigt une plateforme légèrement en hauteur facile d'atteinte.
J'efface à j'écris: Allons installer notre camp là-haut.
Je ramasse quelques branches de bois que je casse et mets dans mon sac tandis que Hashi revient avec de la brindille. J'installe mon sac sur mon dos et le shimi sur mon épaule puis fais un signe de la main à l'ange pour qu'elle me suive.

Au bout de deux minutes de marche, je commence à ressentir de nouveau des douleurs et des pincements assez intenses. Il me faudra plus que de la magie pour me remettre de tout ça. Du repos.
Je grimpe quelques rochers abruptes et aide Lilith à me suivre puis, haletant et transpirant sous l'effort, nous atteignons le petit plateau.
Je pose mon sac qui fait un petit bruit de carlingue cognée, en tire les brindilles et les branches épaisses ainsi que des pommes de pins séchées et un allume feu fait avec une attache, un manche et deux silex. Je pose les brindilles et les pommes de pins sèches puis quelques branches par dessus. Je mets le feu à une pomme de pins et le brasier prend rapidement.
Je prends quelques secondes pour observer les flammes consommer le bois, l'aura chaleureuse des flammes m'apaise.
La lumière du feu de camp nous permet de voir le plateau sur lequel on est. Il n'y a presque rien, à part peut-être quelques arbustes et des cailloux. Juste la place suffisante pour cinq personnes avec leur matériel. Parfait.
Hashi s'en va débusquer de quoi manger.
Pendant ce temps, je prends ma lance et la plante dans l'interstice d'une roche et y accroche une grande branche sèche avec un bout de ficelle le tout prêt du feu.
Je prend quelques vêtements humides de mon sac, retire mes vêtements et les mets sur l'assemblage. Je fais un geste à Lilith pour lui dire de faire de même.
Moi et ma carcasse maigre et pleine de cicatrices se posons près du feu, l'ardoise pas loin.
Assis en tailleur et nu comme un ver, j'écris, le sourire aux lèvres: Vas-y, maintenant, raconte moi ta vie, Lilith.
Je veux savoir.
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Sam 29 Nov 2014, 00:49

« Hé bien... ». Par où commencer ? Il y avait tant à dire. Lilith finit par sourire, son silence persistant. Elle regardait cet homme qui ne semblait absolument pas pudique. Pourquoi l'être après tout ? Il y avait un lien particulier entre eux. Elle le savait, elle le sentait. Il avait pour elle une importance toute particulière, une importance née d'une rencontre. Elle se demandait comment cela se faisait. Elle ne le connaissait que depuis peu et, pourtant, il avait pris une place si grande dans son cœur... Il était spécial, un homme pour lequel elle se battrait, quoi qu'il puisse lui en coûter. La situation lui paraissait étrange, un peu gênante. Était-elle toute seule à ressentir une telle attirance ? Elle n'y connaissait pas grand chose, elle ne savait pas vraiment ce que tout ceci signifiait au juste. Lilith finit par enlever ses vêtements, doucement, observant Kumiko pour être certaine que cela ne le dérangeait pas. Elle n'avait jamais ressenti la pudeur, tout simplement parce qu'un Génie n'en ressentait pas véritablement. Le corps était à des années de la réflexion des Djinns qui n'en avaient pas réellement un. Tout n'était que magie. Et puis, depuis qu'elle était revenue à la vie, elle avait eu à soigner bien des individus, à voir leur peau nue et meurtrie. Il n'y avait rien de gênant, rien qui mérite d'être caché. Un corps n'était qu'un corps. Elle ne voulait juste pas offenser qui que ce soit. Elle respectait les us et coutumes de chacun, du moins, essayait, quand elle les connaissait.

L'ange posa ses habits à côté de ceux de Kumiko avant de s'asseoir à son tour, jambes repliées contre elle. Elle enroula ses avant bras autour de ses genoux, posant son menton sur ces derniers. « Il est splendide ce feu. Vous avez fait un bon travail. ». Elle sourit, se demandant ce qu'était cette drôle de créature nommée Hashi. Elle se demandait ce qu'ils feraient d'ici peu. Il fallait qu'ils dorment, bien sûr, mais le lendemain, repartiraient-ils chacun de leur côté ? Elle lui devait son histoire. C'était tellement large, tellement vaste. Elle était vieille et, pourtant, elle n'en prenait jamais conscience réellement, que dans les moments où elle regardait derrière elle. Néanmoins, cela lui semblait si proche, comme si certains événements de sa vie n'étaient pas si lointains. Elle se voyait encore en Enfer, aider son maître à détrôner l'ancien seigneur démoniaque. Sa vie avait bien changé depuis qu'elle était tombée enceinte. Peut-être que Kumiko n'aimerait pas entendre ce qu'elle allait lui raconter. Après tout, une ange qui avait, avant, servi un démon, ce n'était pas si fréquent. Pourtant, c'était bien son histoire.

« Avant d'appartenir au peuple angélique, j'étais ce que certaines légendes appellent un génie. Et avant ça, j'étais humaine, mais cette période est aussi floue que lointaine dans ma mémoire. C'est un peu compliqué. Je suis âgée... du coup, des choses m'échappent. ». Et puis, être génie avait ses avantages comme ses inconvénients. L'éternité était offerte, une éternité où les émotions n'avaient pas les mêmes valeurs, où le sommeil ne pouvait emporter celui dont la mission était d'écouter les souhaits des rêveurs. « Dans ma vie de génie, je suis surtout restée dans les montagnes de l'Edelweiss enneigée, attendant que quelqu'un trouve mon habitacle. J'étais enfermée à l'intérieur et faible. Mais, finalement, un homme le trouva, un homme qui devint mon maître, mon amant et que j'aidai, quelques années plus tard à acquérir le trône démoniaque. ». Elle rit. « Je connais l'enfer mieux que n'importe quel autre ange je pense. ». Elle s'interrompit. C'était difficile pour elle d'y retourner à présent. Là bas, les démons la brûleraient vive, si ce n'est pire. « Mais quand je suis tombée enceinte, j'ai... changé. J'ai regardé le monde d'un autre œil. Je jouais avant dans ce dernier. Je n'avais jamais peur des dangers. J'en ai pris conscience en m'interrogeant sur l'avenir de mon enfant. J'ai voulu changer les choses, aider ceux qui en avaient besoin pour construire un monde meilleur. Un monde dans lequel chacun pourrait vivre selon ses coutumes sans pour autant empiéter sur celles des autres. Une vaste utopie... ». C'était utopique, pourtant, elle se battait pour cette idée. Lilith trouvait qu'il y avait de moins en moins d'individus prêts à se battre pour ce qui comptaient vraiment pour eux, reculant devant l'adversité ou se confortant dans une position qui voulait dire que peu importe ce qu'on ferait, rien ne changerait. De l'auto-censure en quelque sorte. Elle voulait se battre, encore et encore. « Et puis, l'on m'a tué, parce que je représentais une menace pour certaines idéologies. La réincarnation en ange s'offre aux vertueux il me semble. Me voilà, maintenant, perdue dans un monde qui a bien changé. ». Elle le regarda un moment. « Au moins je suis bien accompagnée. ».
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Dim 30 Nov 2014, 18:06

Elle me regarde et se déshabille. Ca fait longtemps que je n'ai pas vu une femme nue et Lilith est belle. Je crois qu'elle m'observe pour savoir si je suis gêné mais non, tout ce rapport au corps et à la nudité, je n'en ai aucune crainte. Surtout sous son regard. Je me suis mis à pleurer devant elle, à lui exposer mes terreurs. Alors se mettre à nu physiquement, ce n'est guère quelque chose.
Et elle ne me dérange pas. J'esquisse un petit sourire et ne fais pas plus insistant mon regard, le posant dans le cœur du feu qui me chauffe la rétine.
A ce moment là, j'oublie tout sauf le présent. J'oublie ce qui s'est passé, les loups, la peur mais aussi les douleurs persistantes. Il n'y a que elle, Hashi, le feu et moi, en train de nous réchauffer, d'enlever l'humidité de nos corps.
Elle dit que c'est un joli feu et que l'on a bien travaillé. Sa remarque fait grandir mon sourire. Je ne suis pas habitué à ce type de retour. Je ne suis habitué à aucun retour en fait. Firin ne m'a jamais dit que j'ai bien travaillé, il se contente de ne faire aucune remarque.

Lilith finit par entamer l'histoire de sa vie.
Avant d'être un ange, elle a été un génie. Rien que là, je suis largué. Qu'est-ce que c'est qu'un génie ? Je ne m'y connais pas en race ni en Aether. Firin me racontait des légendes, comme mes parents mais je n'ai jamais été calé là-dessus. Je connais les orishas car j'ai vécu à Megido, je connais les rehlas car Firin en est un, je connais les vampires car ils ont déjà voulu me tuer à plusieurs reprises, les humains car j'en fais parti, les anges car j'en ai croisé et que j'en ai un spécimen magnifique en face de moi, je connais les magiciens mais je crois encore que c'est une illusion... De ce que j'ai lu, il y a des démons, des anges aux ailes sombres, des magiciens du côté obscur. Mais des génies, c'est la première fois.
Et elle a été humaine donc elle doit comprendre mieux que quiconque le fardeau qui me pèse.
Nos vies ont beaucoup de rapprochements. L'edelweiss enneigé en est un, le maître qui ne nous lâche pas, mais heureusement je n'ai jamais été l'amant de Firin.
J'écarquille de grands yeux quand elle dit qu'elle connaît l'enfer mieux que n'importe quel ange, ne comprenant pas non plus le pourquoi du trône démoniaque. En tout cas, c'est bien loin de l'image que je me fais de Lilith. Mais j'esquisse un sourire en réponse à son rire, la situation étant assez cocasse. Elle a donc fricoté aussi avec ce que les gens appellent le mal. Et la voilà plus pure que jamais

Elle me fait part de son changement, de ses nouvelles ambitions à vouloir rendre le monde meilleur.
Une vaste utopie, comme elle dit. Je déteste ce mot. Mais tout ça est tellement proche de ce que j'aimerai faire.
Mon regard se fait noir et ce n'est par parce qu'à ce moment elle prononce le fait qu'elle ait été tuée. C'est juste que je me rends compte, qu'à l'heure actuelle, je n'ai rien fait pour rendre le monde auquel j'appartiens un petit peu mieux. Et ça me mine le moral car j'aimerai faire quelque chose de mes dix doigts qui soit constructif, qui aide, qui ait du sens.
Mais je sais qu'avec Lilith à mes côtés, je serai capable de le faire.
Elle dit qu'elle est bien accompagnée. Je rougis et plisse les paupières avec un sourire. Je ne m'y attendais pas. Je la regarde dans les yeux pendant un instant, profitant de cette complicité installée.
Je prend mon ardoise et écris, le bruit de la craie se mêlant à celui des crépitements du feu : Tu te dis perdue dans un monde qui a bien changé.
J'efface puis écris : On est deux.
J'efface puis écris : J'ai du trouver refuge très tôt dans ma vie à l'Edelweiss.
J'efface puis écris : Je ne connais le monde que par quelques excursions.
J'efface puis écris : Bien sur, ce monde est merveilleux.
J'efface puis écris : Mais les échecs sont toujours trop punitifs.
Je pose mon ardoise quand je vois Hashi revenir avec trois lapins, deux agrippés à sa gueule et un autre dans les bras.
Il a l'air de galérer alors je me lève pour lui filer un coup de main. Mes pieds nus ont quelques réflexes de redressement car le coin est plein de petits cailloux. J'attrape les lapins par les oreilles et vais chercher ma dague dans mon sac. Je vais pour les dépecer directement mais me dis que ça ne serait pas très élégant.
Je prends trois piques en métal avec moi, fais un signe de la main pour dire à ma compagnonne d'attendre là et me mets à l'écart.
Hashi, quant à lui se rapproche doucement de Lilith, visible aux yeux de tous, se baladant à quatre pattes. Il s'assoit à côté d'elle, ses yeux jaunes cherchant ceux de l'ange.

Je reviens quelques minutes plus tard, les lapins dépecés et percés d'un pique chacun pour les faire rôtir dans le feu.
Je les mets dans le feu, le manche en dehors des flammes pour pouvoir les prendre. Puis, je vais vers mon sac, prends une gourde d'eau et me rince les mains, un liquide rouge transparent tombe par terre.
Je range la gourde et retourne à ma place, prend l'ardoise et écris : Désolé, ça sera repas maigre et pas très élégant.
Je lui souris. J'attends un instant, efface puis écris : Tu sais, il ne faut pas que tu lâches les bras.
J'efface, me rendant compte que ça ne veut pas dire grand chose comme ça, puis écris : Je veux dire pour aider les gens.
J'efface, prends quelques secondes pour réfléchir à ma tournure de phrase et écris : Je suis de ceux qui ne supportent pas les injustices.
J'efface puis écris : Et je veux t'aider.
J'efface, la regarde, rougis un peu puis écris : Lilith, c'est prématuré.
J'efface, attends quelques secondes puis écris : Mais il faut que tu saches que quoi qu'il arrive
J'efface puis écris : Je serai avec toi, toujours.
J'efface puis écris : Je ne sais pas ce qui se passe.
J'efface, tente d'écrire, tente de le signer pour me faire une idée. Puis j'écris : Tu es ma sauveuse. Ma gardienne.
J'efface puis écris : Laisse moi te protéger et te servir.
Je joins l'écrit au geste, me tournant vers elle et lui tendant mes mains, légèrement rouges et blanches de craie pour qu'elle les attrape.
Je suis nul pour sceller les mots. Mais si elle accepte de prendre ces mains, tout cela sera gravé en moi.
Elle sera ma gardienne et je serai son protecteur. Au-delà de la vie.
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Ven 06 Fév 2015, 18:04

Lilith sourit. Cela faisait du bien, parfois, de rencontrer quelqu'un qui vivait exactement la même chose. Les ressemblances rapprochaient inéluctablement les êtres. Mais entre Kumiko et elle, il y avait quelque chose de bien plus fort que de simples points communs. Elle ne savait pas exactement quoi mais son existence avait changé dès l'instant où elle l'avait sauvé. Il avait raison : les échecs étaient douloureux, cruellement douloureux. Il fallait bien de la force pour se redresser et, aujourd'hui, elle n'était plus certaine d'avoir cette force. Elle ne cessait de se remettre en question, de s'interroger sur ce qu'elle pouvait encore supporter. L'Ange aurait voulu répondre quelque chose mais l'espèce de créature qui suivait l'humain venait de revenir, portant trois lapins avec peine. Celui-ci partit l'aider et préparer le repas, la laissant seule un moment. Le regard de la jeune femme se posa tout d'abord sur le feu, ses pensées reprenant le dessus. Ses peurs surtout. Elles étaient tenaces. Sa vie n'avait pas été facile. Mais pouvait-elle réellement se plaindre ? Non, elle devait ressembler aux millions d'êtres qui foulaient ces terres chaque jour. Elle tourna la tête, regardant Hashi. Quel genre de créature pouvait-il bien être ? Parlait-il ? Elle ne l'avait pas entendu essayer de communiquer depuis qu'ils étaient là. Elle ne fit donc que lui sourire avant de murmurer « Merci pour les lapins. ». Au moins, ils ne dormiraient pas le ventre vide. Quelle soirée. Elle ne se serait jamais doutée que les événements finiraient ainsi.

L'Ange observait le feu, Hashi, et, surtout, les agissements de Kumiko. Ils étaient normalement hors de danger mais elle craignait toujours pour leurs vies. On ne savait jamais ce qui pouvait arriver. Ils avaient bravé les bêtes, mais un Démon pouvait toujours arriver, ou un Bélua aux intentions néfastes à cette heure. Un vampire également. Il y avait tellement de possibilités. L'odeur de la viande ne tarda pas à effacer celle du sang. Elle avait faim, c'était un fait. En temps normal, elle ne faisait jamais attention à ses besoins mais, ici, loin de tout, loin d'une infinité d'occupations, elle était bien obligée d'écouter son corps, ses envies. Le fait que Kumiko ne puisse pas parler jouait également. Il y avait moins de bruit, plus de tranquillité. Lilith ne pouvait pas toujours oublier ses problèmes en se plongeant dans le travail. Faire le point était sans doute une bonne chose. Une chose qui pouvait néanmoins s'avérer douloureuse. Heureusement, la présence de l'Humain lui apportait un certain apaisement. Elle savait que, lui, ne la ferait jamais souffrir. Et la suite le prouva, tellement qu'elle en eut les larmes aux yeux. Cet homme était exceptionnel. Ils s'étaient bien trouvés, comme faits pour s'entendre. Elle sourit de plus belle, ses yeux brillants dans ceux de Kumiko. Elle avait conscience de la chance qu'elle avait, des perspectives d'avenir qui s'ouvraient. Cependant, elle ne voulait pas aller trop vite, lui imposer son mode de vie. Elle finit tout de même par prendre les mains qu'il lui tendait. Qu'elles soient teintés de sang ou de toute autre chose, elle s'en fichait. « Je vis dans un endroit que l'on nomme Libertas. J'ai beaucoup de choses à faire pour le moment et, avant tout, je dois faire le point sur ce que j'étais et qui je suis maintenant, qui je veux être plus tard. Je ne suis pas sûre d'être en mesure de te demander quoi que ce soit à l'heure actuelle. Alors, je te propose d'attendre un peu, que nos chemins se séparent un temps avant de s'unir de nouveau. ». Elle fit une pause. « Je ne dis pas que je veux te quitter. Je veux simplement travailler pour être digne de ta confiance. Et si un jour tes pas te conduisent à Libertas, alors n'hésite pas à t'arrêter pour me voir. ». Elle sourit. « Nous pourrons sans doute nous unir pour faire de bonnes choses. Ensembles, nous serons plus forts et les forces de chacun combleront les faiblesses de l'autre. ». Elle fit une pause, avant de déclarer doucement. « Je suis bien quand je suis avec toi. ». Elle laissa le silence s'installer avant de souligner : « Nous devrions manger et nous reposer. Demain nous nous quitterons mais ce sera pour mieux nous retrouver plus tard. ». Elle était certaine qu'ils se reverraient.
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Jeu 12 Fév 2015, 19:38

J'ai l'échine courbée. En temps normal, je n'aurai jamais pris une posture pareille. Personne ne mérite d'avoir quelqu'un qui se plie devant lui. Ce n'est pas digne pour la personne qui se penche et la personne qui accepte la servitude de l'autre n'est pas digne non plus. Mais là, je pense que c'est différent. Il y a un lien que je sens entre nous, une tension, quelque chose d'invisible mais qui est bien là et je me demande si c'est bien dans notre nature d'agir ainsi. Toutefois, je ne suis pas son dévot mais je suis dévoué à elle malgré tout. Je le sais. Je sais que mon âme ne supporterait pas de la savoir en danger et moi dans l'incapacité d'y faire quelque chose. Je veux être là pour elle, du début à la fin, du moment où l'on a croisé nos regards sur ce roc. Il y en a qui parle d'amour. Mais je n'en suis pas là. Cependant, je ne peux réfuter qu'elle me fait doucement rougir. Et je ne peux pas cacher le fait que j'apprécie tout ça.
Elle m'attrape les mains et le voilà ce geste qui scelle notre pacte de protection mutuelle. Ses mains, malgré l'humidité de notre chute de tout à l'heure, sont chaudes. Elles me donnent envie de la prendre dans mes bras et de la garder contre moi. Mais je n'en fais rien.
Je la regarde et je comprends son émotion. Je ne sais pas si j'arrive à feindre la mienne, en tout cas, je ne me cache plus à elle. Et je me redresse pour mieux m'asseoir près du feu.

Puis elle me parle d'elle à l'heure actuelle. Elle doit travailler sur elle, comprendre le sens de sa propre vie et me dit qu'elle ne pourra pas être proche de moi dans les prochains instants. Je la comprends, et je la comprends aussi quand elle pense devoir travailler pour gagner sa confiance car je partage cette idée. Elle m'a sauvé, je dois être en capacité de lui rendre l'appareil. Il me faut être plus fort car je sais que maintenant, je ne suis plus tout seul. Elle est là et je dois lui faire honneur, lui prouver qu'elle peut compter sur moi quoi qu'il arrive.
Elle me sourit et me propose une invitation à Libertas. Je souris de plus belle. Puis elle me fait rougir en me disant qu'elle est bien avec moi.
Je hoche la tête, je ne sais pas quoi lui avouer de plus. Pendant un instant, le silence n'est brisé que par les crépitements du feu. Je vois Hashi s'impatienter.
Je saisis mon ardoise et écris : Les lapins doivent être cuits à point.
Les broches sont chaudes mais l'embout est en bois légèrement vernis ce qui fait que l'on ressent moins la chaleur en les prenant dans les mains.
Je saisis une des broches que je tends à Hashi puis m'en prends une en invitant Lilith à faire de même.

Le repas se fait dans le silence, nous sommes d'accord qu'à cet instant, nous ne pouvons pas nous accorder grande protection. Je suis faible, incapable de me débarrasser des loups et de mes démons. Il va falloir que je fasse un effort pour devenir meilleur et le prouver à ma belle ange gardienne.
Une fois le lapin terminé, je sens le contre coup des événements et une torpeur commence à entraver mes sens.
Je me redresse, m’époussette les fesses et vais voir si quelques un de nos vêtements ont séchés. Pour l'instant, tout est encore un peu humide et ce n'est pas une bonne idée de les mettre maintenant au risque de choper mal. Puis je scrute le feu et ramène quelques branchages et rondins que l'on avait pas encore mis dans le feu afin de le faire tenir jusqu'au petit jour.
Je lui fais un geste signifiant qu'il faut dormir et nous nous allongeons. Ses ailes sont douces et confortables. Je n'ose pas trop me rapprocher d'elle. Je la regarde timidement. Elle est magnifique. Avant de fermer les yeux, je lui signe « merci pour tout » et m'endors une petite minute plus tard.

Le lendemain matin, je me réveille avant elle, la douce chaleur du soleil commençant à rayonner sur nos corps. Je suis légèrement affaibli et comprends que c'est dû à la chasse d'hier mais aussi dû au fait que j'ai sans doute attrapé froid. Le feu crépite encore un peu et nous a suivi jusqu'au lever du jour. Je me redresse discrètement et observe la région. Vu la hauteur du soleil en cette saison, il doit être dans les environs de sept heures. Je regarde où en sont nos vêtements et constate qu'ils sont secs.
J'enfile mes affaires et réveille Hashi qui vient grimper sur mon épaule pour mieux s'endormir encore. J'observe le sommeil de l'ange. Elle est tellement belle et je ne veux pas la déranger.
Enfin j'attrape une branche carbonisée avec laquelle j'écris sur le sol avant de partir :

Lilith, le vent me murmurera à jamais ton nom. Merci pour tout.
A notre retour, je serai plus fort.
Ton dévoué, Kumiko.

Je déteste les au revoir déchirant.
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Mer 25 Fév 2015, 17:59

Lilith ne trouva pas le sommeil tout de suite, comme absorbée par ce que signifiait réellement le lien qui s'était créé entre Kumiko et elle. Serait-elle à la hauteur ? La question la hanta de longues minutes, peut-être même des heures. Son regard fixait les étoiles, comme si la solution à tous ses maux se trouvait dans ces dernières. Si seulement. Mais non. Elle n'était qu'un Ange, incapable d'entrevoir l'avenir d'une quelconque manière. Peut-être que si les êtres bénéfiques pouvaient goûter à un fragment du futur, alors pourraient-ils agir bien davantage. Pourtant, cela déséquilibrerait le monde. Lilith avait conscience de l'éternité de son combat. Jamais il ne pourrait avoir de fin. Néanmoins, il n'était pas vain, parce que si les individus comme elle n'existaient pas, alors le mal l'emporterait, bien plus confiant et sauvage. Les maléfiques ne réfléchissaient pas à leurs agissements. Il était facile de détruire, plus dur de construire et encore bien davantage de reconstruire. Le bien se posait des interrogations sur les conséquences de leurs actes. Aider un Démon signifiait-il faire le mal ? Lilith ne croyait pas. Pour elle, l'héritage, la génétique, avait un impact conséquent, mais l'environnement jouait également un rôle. Si le mal goûtait au bien, ne pouvait-il pas y prendre goût ? Ou ne pouvait-il pas changer quelque peu sa façon de faire ? Peut-être était-ce légèrement utopique pour les Démons, mais les Sorciers pouvaient devenir Magiciens. Le bien et le mal valsaient toujours, dans une danse éternelle. Les pensées confuses, l'Ange finit tout de même par trouver le sommeil. Elle perdait pied dans ses réflexions, n'ayant sans doute pas une pensée encore suffisamment aboutie. Cela viendrait. Elle devait se renseigner davantage et, surtout, vaincre ses propres démons. Il n'est jamais facile de regarder vers le passé et, pourtant, le lendemain, un homme allait l'aider, la confronter malgré elle.

Le soleil était déjà haut lorsque l'Ange se réveilla. Le premier réflexe qui fut sien consista à regarder si Kumiko était à ses côtés. Non. Elle comprit qu'il était parti avant même que ses yeux se posent sur l'inscription au sol. Elle sourit, malgré le sentiment de vide qu'elle ressentait au fond de son cœur. Il n'avait pas besoin d'elle tous les jours, elle le savait. Pourtant, elle savait également qu'il lui manquerait chaque jour qui passerait. Elle soupira, étirant doucement son dos en amenant son buste contre ses cuisses. Il était certain que ses vêtements étaient secs à présent. Elle se leva doucement pour ne pas être étourdie puis les enfila. Se retournant, elle effaça le mot qu'avait laissé l'Humain. Son instinct de protection était toujours en éveil. On ne savait jamais ce qui pouvait venir à l'esprit d'un Démon s'il trouvait ce genre de choses. Peut-être qu'une curiosité maladive le pousserait à partir en quête de celui qui en était à l'origine pour le tuer, par jeu ou par caprice.

A peine la jeune femme avait-elle pensé cela qu'elle entendit une voix s'élever depuis le sol. « Cherchez la ! Elle doit être par ici ! ». Cette voix, elle la connaissait, venant d'un passé lointain. Un Démon qui avait servi le roi ayant précédé Blacky. Elle passa la tête discrètement entre les rochers, ayant la confirmation visuelle de la chose. Il était certain qu'il n'était pas là pour quelqu'un d'autre. C'était elle qu'il cherchait. Il avait juré de se venger et, le connaissant, sa promesse serait valable jusqu'à ce qu'il trouve le trépas. Elle devait partir d'ici, tout simplement parce qu'elle n'avait pas la force suffisante pour combattre un groupe de Démons, surtout que celui qui donnait les ordres était puissant. A l'époque, elle avait pu déjouer ses manigances, écraser sa force, mais à présent qu'elle n'était plus Génie, les choses étaient bien plus compliquées. Elle pouvait saigner, elle pouvait mourir d'un glaive. Rien n'était comme par le passé. Pourtant, elle avait un avantage : elle savait à présent qu'il la cherchait. Elle pouvait se préparer, être d'autant plus prudente, préserver au maximum son entourage.

Aussi, elle préféra attendre un peu qu'ils s'éloignent dans une autre direction avant de partir de l'endroit par la terre ferme car si un Ange pouvait voler, les Démons le pouvaient également. Elle ne connaissait rien de leur magie. Elle ne pouvait se permettre de tenter l'audace. Cet homme, elle le reverrait, dans un avenir proche.
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