Mitsuko fixait le flux continuel des mortels qui se présentaient devant la balance, devant la fontaine, devant son trône. Elle était assise dessus, invisible, entendant les voix de ceux qui venaient s'adresser à elle, la prier, espérer. Parfois, elle fermait les yeux, plusieurs jours s'écoulant sans qu'elle ne s'en rende compte. Mais, après tout, pourquoi devrait-elle écouter ces insectes répugnants, la plupart n'ayant aucune ambition, juste celle de prier et d'attendre que leurs prières, leurs souhaits, soient exhaussés ? Elle n'était pas un djinn, elle ne leur appartenait pas et l'oisiveté la répugnait. Oh bien sûr, son temple n'avait été, au début, accessible qu'à une poignée d'êtres intelligents, puisqu'ils avaient dû trouver la porte. Mais, à présent, avec le bouche à oreille, l'entrée dissimulée n'était plus qu'une lointaine épreuve et de plus en plus de mortels venaient s'engouffrer dans le temple, prier, encore et encore, s'y prenant comme des manches. La déesse n'avait plus aucune patience, irritée par ces imbéciles. Avait-elle cru aux dieux elle ? Sans doute, mais jamais elle ne s'était reposée sur eux pour construire le fil de sa propre existence. Bien sûr, elle avait été disciple de la tortue, mais, cela, elle l'avait mérité. Obtenir l'arme de l'intelligence lui avait valu bien des efforts, bien des sacrifices, elle avait affronté les Aetheri, s'était soumis à leurs épreuves et avait gagné le droit de les représenter. Mais jamais, jamais, elle n'avait plié genoux et prier en attendant qu'un miracle arrive et la rende plus forte. Elle s'était battue toute sa vie pour acquérir la puissance, elle avait dû faire des concessions, des sacrifices, travailler dur, étudier, elle avait dû annihiler ses vrais sentiments. Elle avait manipuler les êtres, les avait conduit à l'apogée de leur gloire avant de faire en sorte qu'ils se fracassent lamentablement sur le sol. Elle avait déclenché des guerres, marché sur des cadavres, regardé la foule l'acclamer, parlé devant des milliers d'individus, elle avait eu la prestance des rois. Et, à présent qu'elle avait celle des dieux, elle regardait ces insectes venir ici en espérant que justice leur soit rendue, en espérant que tout se résoudrait naturellement, oh oui, elle les regardait et elle les haïssait un peu plus chaque jour. Certains même avaient des requêtes n'ayant rien à voir avec son domaine de prédilection. Encore une fois, elle n'était pas un vulgaire Djinn et puisque le prince des rêves semblait avoir été annihilé de ces contrés, elle portait à présent à son ancien peuple autant d'intérêt qu'à des moucherons insignifiants. Un mortel sur cent avait de l'intérêt, et encore, elle pensait ses probabilités trop aimables. Que faire ? Elle ne pouvait pas continuer à les laisser croire que la justice était une valeur bénéfique. Ces êtres étaient stupides, stupides de croire qu'elle était bienveillante. Que pensaient-ils ? Qu'elle les aimait ? Qu'elle voulait leur bien ? Non, si elle n'avait pas été dépendante d'eux, elle les aurait sans aucun doute déjà tous tué depuis longtemps, tué ou traumatisé afin de leur apprendre que plier genoux ne servait à rien. Elle aimait soumettre les êtres, mais pas de cette façon. Elle aimait le faire grâce à son intellect, disputant une partie d'échec qu'elle gagnait bien souvent au prix de plus ou moins d'efforts. Mais à présent, aucune partie n'était plus à jouer. Le jeu n'en avait plus la saveur car elle savait d'avance qu'elle avait gagné. « Et gagnerais-tu contre moi, Mitsuko ? ». Un Aether venait d'apparaître, celui des naissances, celui qu'elle avait déjà rencontré une fois avec Zéleph. Le dieu apparaissait souvent avec un costume et un chapeau haut de forme, son visage n'étant en rien rassurant pour celui qui était sensé représenter le bonheur d'avoir des enfants. Mais qu'importe, l'apparence n'était jamais une question pour les immortels. Elle ne dit rien, attendant qu'il précise son propos, qu'il développe. Il sourit, lévitant devant elle. « Vois-tu, cela fait un moment que je t'observe. Je le faisais déjà quand tu n'étais qu'une sorcière car l'histoire de ta famille te promettait à un destin glorieux. Néanmoins, ce n'était pas la seule raison. Non. Je t'admirai parce que tu défiais totalement mon domaine. Je suis le dieu des naissances et de par ta malédiction, tu ne pouvais avoir d'enfants. J'ai essayé une fois ou deux de te tenter mais le résultat n'a jamais été fructueux, ne serait-ce qu'avec Erza. Aussi, tu es celle qui a trouvé le moyen d'avoir une multitude d'enfants sans jamais accoucher. C'est assez fâcheux pour moi, tu ne trouves pas ? ».
Mitsuko ne répondait pas, attendant qu'il en vienne aux faits. Elle savait ce qui avait de l'importance et ce qui n'en avait pas et, puisque l'Aether semblait vouloir la mettre au défi, elle était impatiente d'entendre celui-ci explicitement. « Quoi qu'il en soit, lorsque je t'observais à l'époque, tu avais cette flamme en toi. Tu voulais triompher, tu voulais que le monde t'appartienne et ton côté manipulateur avait cette petite touche d'originalité. Tu es maître de la science, notamment en ce qui concerne la génétique, tu es maître du conditionnement, tu sais t'infiltrer dans l'esprit des personnes pour obtenir ce que tu veux, tu sais apprendre aux autres à t'obéir, tu sais leur faire courber l'échine. ». Il s'approcha un peu, la déesse réduisant sa taille afin qu'il puisse s'asseoir à ses côtés. « J'ai toujours trouvé que ta fragilité faisait tes forces. Tu as toujours été fragile de par la pureté de tes sentiments mais, finalement, tu as su les dompter, tu as su en faire ta force en les remplaçant par des faux, en remplaçant ceux des êtres que tu rencontrais. Ta petite taille et ta faible morphologie étaient une faiblesse également mais tu as su porter ta magie à des sommets pour palier à ceci, tu as su faire de ton corps une illustration de l'angélisme, tu as su utiliser tes atouts pour que jamais personne ne se méfie de toi. La force cachée dans le corps d'une faible femme, la cruauté cachée derrière des traits fins et purs, derrière une voix presque enfantine. ». « Ainsi me trouves-tu cruelle ? ». Il rit, marquant une pause avant de lui signaler doucement. « Je ne saurai le dire Mitsuko. Les dragons qui se battent en ton cœur ne pourront jamais arrêter leur combat. Tu es la descendante de deux reines représentant des valeurs en totale opposition. Tu es une sorte de réprouvée finalement. Jamais stable, toujours en changement. Mais cela peut être une force, une force pour toi et un moyen de déstabiliser autrui. Aimer et haïr en même temps n'a jamais été interdit. Mais, peu importe, l'objectif de mon propos était simplement de te rappeler qui tu es, ou, plutôt, qui tu étais. ». La déesse sentait les reproches arriver et elle se doutait du contenu de ces dernières, les connaissait. Elle s'était déjà fait ces réflexions une centaine de fois en quelques jours, sans rien faire, sans agir, simplement en constatant la chose. « Tu dépéris, Mitsuko. Tu penses que les mortels ne valent rien mais tu les laisses arriver ici, tu les laisses prier, espérer. Tu te soumets à eux, tu te vois comme dépendante d'eux. ». « Les dieux qui pensent que leur existence ne dépend pas des mortels sont inconscients. ». Il rit, doucement, attrapant son menton entre son pouce et son index. « Ceci est véridique, au début, mais pourquoi penses-tu que mon culte ne pourra jamais s'éteindre ? ». « Il y aura toujours des naissances. ». Il ricana de nouveau, arrivant au point précis où il voulait l'amener. « Et pourquoi est-ce que les femmes ressentent ce besoin d'être mères alors que la survie de beaucoup d'espèces n'est plus en jeu ? Pourquoi penses-tu qu'elles veulent encore et encore enfanter alors que c'est douloureux, alors que de nombreuses concessions devront être faites ? Parce que je suis le dieu des naissances, parce que je les force à désirer ce que je leur propose. Je les force à avoir cette envie irrépressible d'avoir des enfants. C'est une idée qui germe doucement dans leur esprit, d'abord inconsciente puis consciente. Je fais en sorte que leurs corps le désirent. Je les oblige à se tourner vers moi. Je rend leur besoin d'enfanter obsédant et, alors, elles ne peuvent plus m'ignorer. Elles me prient, elles sont prêtes à tout pour que j'exhausse leurs souhaits, à faire n'importe quoi pour être mères. Pour qu'il y ait de la demande, il faut réduire l'offre. Pour augmenter sa puissance, il faut trouver le moyen d'être indispensable. Mais qui a parlé de gentillesse ? Qui a parlé d'un comportement neutre ? Tu sembles te borner dans un rôle qui ne te correspond pas. Tu penses mais tu n'agis pas. Tu restes là, à attendre que les jours passent, à espérer même parfois qu'ils pourraient se lasser de venir pour que tu puisses être menacée d'extinction, pour que tu sentes le couteau de la mort, si je puis me permettre, sur ta chair. Tu veux frissonner mais tu as perdu l'art de provoquer ces frissons que tu chéris tant. Tu es reine Mitsuko, reine de ton empire et tu as le droit de te jouer des mortels, de mettre en application ce que tes pensées te dictent de faire. Les mortels pensent que les dieux sont bons, sont justes. Mais qui a un jour parler de cela ? Qui pourrait se vanter d'être totalement neutre, de n'être jamais soumis au bien et au mal ? La divinité n'enlève certainement pas tous les vices, sinon notre vie d'immortels serait ennuyeuse. Tu le ressens aujourd'hui, cet ennui qui te fait regretter à chaque instant de t'être élevée. Mais il ne tient qu'à toi de rompre ces chaînes qui t'entravent. ».
Oui. L'Aether avait raison. La gentillesse n'avait jamais été son fort. Ce que Mitsuko désirait par dessus tout était la manipulation, celle du monde, celle des êtres trop faibles pour lire clair dans son jeu. Car la jeune femme partait du principe que ceux qui se laissaient perdre sur son échiquier n'étaient pas assez intelligents, étaient stupides, trop stupides, et qu'ils n'avaient, après tout, que ce qu'ils méritaient.
Cela faisait sans doute des jours que le dieu des naissances était parti et elle était restée assise, invisible, sur son trône à réfléchir, ses ongles frappant doucement à tour de rôle la pierre de ce dernier. Elle réfléchissait au moyen de faire en sorte que les individus dignes du nom d'Homme s'en sortent, qu'ils ne se noient pas dans la masse des fidèles qu'elle allait perdre dans les méandres de son culte. Comment ? Oh bien sûr, elle savait quelle stratégie adopter pour les voir ployer devant elle, pour les voir à genoux, pour voir leurs envies, leurs désirs, faire d'elle un être des plus puissants. Mais peu lui importait cette comédie. Ce qu'elle voulait, c'était découvrir des perles rares, des êtres qui la regarderaient dans les yeux et qui refuseraient de se soumettre aux illusions de son théâtre. Aussi, dès qu'elle eut trouver la solution, elle se leva, reprenant taille humaine, les tissus précieux de sa robe frôlant le sol de son temple. Quelques fidèles la regardèrent avec étonnement puis admiration, n'osant croire qu'un tel miracle était possible. Elle sourit d'une façon étrange, avant de murmurer en faisant un léger signe de la main : « Dehors. ». En quelques secondes, elle se retrouva seule avant que ses lèvres ne bougent pour appeler celui qui avait choisi de se donner comme mission de l'éveiller à ce qu'était qu'être un Dieu. Aussi, l'homme au chapeau haut de forme apparut de nouveau, visiblement ravi de constater que ses paroles avaient porté leurs fruits.
« Je veux créer une drogue. Quelque chose d'exceptionnelle, une boisson ou une variété de nourriture qui sera donnée durant les prières et qui plongera ceux qui l'avaleront dans un état second. ». « Intéressant. ». Ça l'était, notamment parce que cette drogue aurait la faculté d'éveiller en chaque fidèle des choses plaisantes qui les rendraient vite dépendants. Dépendants à la drogue divine qu'elle seule pourrait fournir et, par conséquent, dépendants à son culte. Mais après tout, n'était-elle pas la femme du plus grand escroc que le continent dévasté avait connu ? Peut-être même du plus grand escroc des terres du Yin et du Yang. Zéleph était un paradoxe à lui seul, si bon parfois et, pourtant, si répugnant par ce qu'il contribuait à créer. Droguer une population entière, rendre les individus dépendants, en faire des moins que rien pour de l'argent dont il n'avait plus besoin. Pourtant, elle ne serait jamais celle qui le blâmerait car, à vrai dire, elle faisait pareil aujourd'hui. Et même sans cette idée qu'elle avait eu, elle n'aurait pu se permettre vu les horreurs qu'elle avait provoqué. Jamais directement, non, mais toujours dans cette ombre qui lui donnait le confort d'admirer son œuvre tout en ne subissant aucune conséquences qu'elle n'aurait décidé à l'avance. Elle n'était pas la gentille déesse de la justice, non, elle était la déesse des bons comme des mauvais, et, surtout, elle ne voulait être la déesse que des êtres développés intellectuellement. Elle avait besoin des moutons pour sauvegarder sa toute puissance mais elle ne souhaitait prêter attention qu'aux loups. Eux seuls étaient intéressants, eux seuls valaient le déplacement. « Si tel est ton désir, je pense que tu es totalement apte à la créer. ». « Je le sais. Mais puisque j'entame dès aujourd'hui la construction de mon culte véritable, j'ai voulu avoir un spectateur digne d'intérêt. Et tu es le seul que je juge à même d'apprécier mon œuvre. ». « C'est trop d'honneur. ». Un petit sourire en coin venait d'apparaître sur les lèvres de l'Aether des naissances, visiblement amusé. Mitsuko sourit à son tour, debout sur l'estrade de son temple, fixant le bâtiment, la tête haute. « Tu as raison, je suis reine en mon empire et bien qu'il soit bien plus étriqué que ceux qui étaient miens auparavant en terme d'espace, celui-ci peut devenir immense en terme de population. Plus que tous ces souverains, je possède l'avantage de pouvoir rallier à ma cause chacun de leurs sujets, quelque soit sa race, quelque soit ses idéaux politiques. Car, après tout, la religion est bien plus influente que la politique, la religion commande le politique et tout Mortel quel qu'il soit ne peut oser dire non à un Dieu. ». Et là était bien le problème majeur de la jeune femme. Néanmoins, elle devait organiser les choses intelligemment, elle devait faire en sorte d'être reine au dessus des rois, déesse au dessus des dieux et, à vrai dire, c'était bien ce qu'elle avait l'intention de faire.
Mitsuko fixa les individus qu'elle avait réuni devant elle. Cela lui avait pris un temps considérable pour les réunir, réunir ceux qu'elle jugeait digne de répondre à la mission qu'elle souhaitait leur confier. Chacun aurait une grande importance dans l'accomplissement de son culte et s'ils se tenaient devant elle aujourd'hui, c'était parce qu'elle avait lu en eux un glorieux passé et un glorieux avenir. Tous étaient des êtres exceptionnels, des êtres qui sauraient faire en sorte que sa puissance s'accroisse. Néanmoins, elle ne se tenait pas devant eux en tant que déesse de la justice mais en tant que Grande Prêtresse du temple de Drejtësi, une femme au grand charisme, une femme possédant une puissance impressionnante, une femme sachant convaincre quiconque. « Bonjour à vous trois. ». Elle les fixa un à un, son ton grave laissant présager la suite, une suite importante, qui changerait leur destinée. « Je me tiens devant vous en tant que Grande Prêtresse de la déesse Drejtësi. Vous avez été choisis parmi des centaines d'individus pour la représenter. ». Elle marqua une courte pause, son regard ne pouvant laisser place aucune plaisanterie. Elle était on ne peut plus sérieuse et les personnes présentes le surent immédiatement. Ils ne se regardèrent pas, ne montrant aucune surprise si ce n'est l'étrange scintillement qui émana de leurs pupilles. La voix continua, la déesse faisant quelques pas dans le temple, passant devant eux lentement, très lentement. « C'est un honneur pour vous, sachez le, car vous avez été jugés dignes de bâtir son culte, le véritable, et non celui auquel des fidèles mal avisés se prêtent depuis la création du temple de Drejtësi. Vous serez les fondations, ceux qui guideront les croyants dans le droit chemin. Aussi, je m'entretiendrais avec chacun d'entre vous afin de vous enseigner la parole de la déesse de la justice. ». Mitsuko regarda tout d'abord Ishmaël, lui faisant signe de la suivre. Puis, elle adressa quelques mots à l'adresse des deux autres « Attendez nous ici. Vous trouverez nourritures et boissons au fond de la salle, près du trône de la déesse. ».
« Votre passé parle de lui-même Ishmaël. Vous vous êtes affranchi de votre royauté afin de bâtir votre vie comme vous l'entendiez, sans avoir à subir les caprices des plus grands. Vous pensez que chaque individu devrait avoir le choix de ses convictions et les vôtres tendent vers la justice. Néanmoins, vous semblez comprendre que ce que l'on nomme justice n'est pas le bien incarné, qualité que la déesse Drejtësi a remarqué directement en votre esprit. C'est pour cela qu'elle a décidé de faire de vous un Haut Prédicateur, une personne apte à répandre la parole divine sur les terres du Yin et du Yang. Vous serez celui qui sera chargé de rallier de nombreuses personnes à son culte, celui qui devra atteindre des contrées éloignées pour faire connaître son nom à toutes oreilles attentives. Vous serez chargé de démanteler toutes les croyances erronées existant dans le monde concernant la justice. Car Drejtësi est la seule déesse de la justice existant et sa parole est unique et absolue. Elle seule possède les pleins pouvoirs en ce qui concerne ce domaine. Vous serez également affecté à la formation d'autres prédicateurs qui vous accompagneront sur les routes. Bien entendu, lorsque leur nombre sera important, vous pourrez vous séparer en plusieurs groupes. Néanmoins, et comme vos faits d'arme parlent d'eux-mêmes, vous devrez les former au combat, les entraîner afin qu'ils soient prêts à se défendre si des paroles impies se transforment en actes guerriers. Je suis certaine que vous comprenez très bien que des individus sont prêts, tout comme vous, à donner leur vie pour leurs convictions et leurs Dieux, aussi inexistant ceux-ci soient-ils. Si résistance il y a, il faudra les convaincre soit par un miracle, soit par les armes. Et puisque la déesse ne peut guère entendre chaque cause et que tête têtue ne souhaite le plus souvent rien voir, il semble évident que les armes seront nécessaires. Et si réellement il n'y a rien à faire, vous devrez éliminer ceux qui refusent de se soumettre. Telles sont les paroles et les volontés de la déesse. Acceptez vous ? ». Ishmaël n'avait pas bougé depuis que le discours avait été entamé. Il resta quelques secondes immobiles puis hocha simplement la tête. « Bien. Alors je vais vous initier aux paroles de la déesse. ». Mitsuko sourit. « La justice, comme vous le savez, n'est ni bonne ni mauvaise. Contrairement à son alliée la vengeance, elle obéit à des lois préétablies, qu'importe que celles-ci soient bien ou mal faites. Dans le dernier cas, seule la déesse peut décider de les abolir mais il faut savoir que cette dernière prend en compte la spécificité de chaque race et laisse une marge de manœuvre non négligeable aux souverains. Néanmoins, nul n'a le droit de s'octroyer une compétence absolue sur ce domaine, nul souverain n'a le droit de décider du sort d'un peuple autre que le sien. Aussi, si un jugement semble inapte à la déesse, elle possède le droit divin de l'annuler. Elle ne donne ni raison aux anges, ni raison aux démons. Chaque race possède ses caractéristiques propres et elle compose avec ces dernières. Vous serez chargé de répandre cette idée qui est cruciale. Ses fidèles peuvent être de n'importe quelle race car, peu importe l'inclinaison, la justice est un concept abstrait que chaque individu peut ressentir et espérer. ». Le discours dura une longue heure, une heure introductive qui pourrait guider dans sa première quête Ishmaël. Bien entendu, d'autres entrevues seraient nécessaires.
