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 - Le réveil de la Prophétesse - La Voie du Temps, Première Partie [solo]

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Jeu 19 Déc 2013, 14:13

- Le réveil de la Prophétesse - La Voie du Temps, Première Partie [solo] 00000010


« Yeul Dia Chryséis. » murmura Orphan avec un petit sourire aux lèvres. S'il paraissait heureux et soulagé d'avoir trouvé la douce jeune femme, l'éclat qui illuminait les tréfonds de ses prunelles couleur lilas était tout autre, et assez énigmatique. Était-ce de la peine qu'on pouvait y lire, de la pitié ou de la tendresse ? Il était presque impossible de réellement savoir quelle émotion submergeait l'étrange jeune homme, désormais muet face à la belle créature qu'il avait tant cherché à retrouver. Gênée, Yeul entortillait lentement autour de ses longs doigts pâles quelques longues mèches de ses cheveux violets, en contemplant cet étranger dont elle ignorait tout et qui s'était invité chez elle. Il faisait froid à cette période de l'année, encore plus qu'habituellement. Le climat n'était guère accommodant dans les hauteurs des Montagnes où le petit village de Yeul était perché. Une fine couche de neige recouvrait les plaines, les pentes et les rochers. Face au silence persistant, la Rehla finit par tourner les talons pour faire chauffer un peu d'eau, les mains tremblantes. « Je te rends nerveuse.» constata Orphan tout bas. Il semblait presque déplorer la distance que la demoiselle mettait avec lui. Yeul ne répondit pas, comme captivée par le thé qu'elle était en train de préparer. « Je suis pourtant sûr que tu sais qui je suis. Réfléchis un peu, Yeul. Fouille dans ton esprit. Assemble les pièces d'un puzzle sur lequel tu dois te questionner depuis bien longtemps. Je suis persuadé que mon visage t'es familier et que, en quelque sorte, tu t'attendais à ma venue.» Encore une fois, on ne lui répondit pas. Il attendit quelques secondes avant d'ajouter. « S'il te plaît, essaie de songer à tout cela. Je ne veux pas m'imposer à toi. Mais sache que tu es promise à de grandes choses. Tu es quelqu'un de très spécial. Ton destin n'est pas celui du commun des mortels. Tu es la Prophétesse. Ton potentiel magique est immense. Seulement, personne ne t'a jamais aidé à révéler tes dons. Je suis là pour ça. Je suis là pour toi. Laisse moi t'aider. Laisse moi te protéger.»

Yeul se contenta de poser devant Orphan une tasse de thé brûlant embaumant les fruits exotiques, avant de s'asseoir face à lui pour siroter sa propre boisson chaude. Orphan ne dit plus rien. Il savait pertinemment que Yeul n'était pas forcément très loquace, et il respectait son caractère. Pensive, la jeune Rehla se mit à vagabonder au fin fond de ses souvenirs, en quête d'un ersatz de vérité. « Je me souviens de toi.» finit-elle par articuler de sa voix claire et mélodieuse. « Comment puis-je me rappeler de quelqu'un que je n'ai jamais rencontré ? » - « Je t'ai dis que tu étais spéciale. J'irais même plus loin : tu es l'Unique. Yeul, tu m'as vu dans tes rêves, dans les cieux et les étoiles ou même sur la surface des eaux, comme tu as pu contempler bien d'autres choses. Tu as en toi les talents de tes ancêtres. Et tu es la Grande Prophétesse.» - « Qu'est-ce que cela signifie ?» - « Que tu as une formation à suivre. Que nous devons t'aider à trouver ta Voie et ton Destin.» - « Celui de ne pas en avoir.» Il parut peiné. « Je serais toujours auprès de toi, pour t'aider, te guider et te protéger.» - « Pourquoi ?» - « Tu as ton rôle et j'ai le mien. Je suis voué à ta cause et je te suivrais où que tu ailles, maintenant et à jamais. Tu es éternelle, Yeul, et je le suis aussi.» - « Je suis éternelle ?» répéta-t-elle, troublée. Il hocha gravement la tête. « Tu ne pouvais pas le savoir, car pour cela, tu aurais dû mourir. Et même si tu reviendras inlassablement, je te souhaite de ne jamais subir cette expérience ma belle.» Pourtant il n'ignorait pas qu'il assisterait à ce sinistre spectacle de nombreuses fois, et que chaque décès de la Rehla lui arracherait un morceau d'âme ou de cœur.

« Qu'est-ce qu'on attend de moi, au final ?» demanda Yeul sans brusquerie dans la voix. Elle se posait simplement la question et espérait une réponse claire et nette. « Que tu t'acceptes comme tu es, Yeul. Et que tu me fasses confiance, que tu me suives. Es-tu prête à cela ?» - « Je le pense.» - « Ton parcours sera rude. D'autant plus pour une jeune femme de ton âge. Si je ne me suis pas trompée, tu as à peine vingt ans.» - « Ils sont passés depuis peu.» - « Dans quelques années, des décennies ou des siècles, tu comprendras ma démarche.» - « Que dois-je faire ?» - « Prépare toi simplement. Va dormir, nous partirons demain matin. Je ne pourrais pas t'aider. Je le regrette. Mais il s'agira de la seule et unique fois où je te laisserai livrée à toi même. Je le jure.» Yeul hocha la tête. « Je te crois.» Et elle se leva. « Je vais donc me coucher.» - « Puis-je rester dormir ici ?» - « N'es-tu pas censé ne pas me quitter ?» Il sourit. « Prends la chambre de ma mère. Elle est en face de la mienne.» - « Ta mère est partie.» Ce n'était pas une question. « Il y a des années.» L'expression qu'il affichait était soudainement froide, mais Yeul ne s'en étonna pas. « Connais-tu réellement ta mère ?» - « Je pense qu'elle fait partie de ces êtres complexes qu'on ne parviendra jamais à déchiffrer.»
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Jeu 19 Déc 2013, 14:14

Yeul passa une nuit sans rêve ni sommeil. Allongée dans les épaisses couvertures blanches de son lit, elle contemplait de sa fenêtre les étoiles et les astres scintiller dans l'océan des cieux. C'était un spectacle si magnifique, si émouvant. Peu était capable d'entendre la mélodie des constellations. La Rehla appréciait à sa juste valeur les maigres privilèges de sa race. Paupières closes, elle laissa son corps blême se noyer sous la lueur des rayons lunaires. Peut-être était-ce le moment parfait pour faire un point sur sa maigre et courte existence. Mais elle n'avait pas grand chose à tirer de ces vingt années passées recluse dans cette petite demeure. Ses songes avaient toujours été agité. Elle n'avait jamais réellement été tranquille, sans pouvoir mettre un nom sur la peur qui habitait son cœur fragile et son esprit délicat. Fille des Montagnes, née dans les hauteurs glaciales, elle avait toujours connu cette vie dure et périlleuse. Son regard perçant voyait au delà des nuages et des âmes. Discrète, elle passa le plus claire de son temps à accomplir les tâches qu'on lui demandait, tout en tâchant de se rapprocher d'une mère qui ne voulait de toute évidence pas d'elle. « Maman.» murmura-t-elle tout bas en scrutant les cieux. Au final, elle ne savait quasiment rien de sa mère, comme si elle refusait éperdument de voir la vérité en face concernant cette étrange créature. Elle préférait, dans un élan de prudence, se concentrer sur ce qu'on avait bien voulu lui offrir. À tout jamais elle voulait garder le souvenir d'une femme superbe et sulfureuse qui faisait tourner les têtes des hommes du village, même les plus heureux en ménage, et qui prenait toujours un peu de temps pour s'occuper de son enfant. Ce n'était jamais grand chose. Elle était souvent absente. Mais Yeul s'était toujours contentée de ce qu'elle avait, et malgré la haine presque éclatante que la mère semblait porter à la fille, elle ramenait toujours une petite babiole à cette dernière, petit cadeau dérisoire qui lui plaisait pourtant. C'était un moyen de s'évader vers un ailleurs meilleur. Et en soit, c'était une bonne chose. La Rehla avait grand besoin de rêver.

Désappointée et animée de la vive envie de bouger un tant soit peu, Yeul sortir le bout de son nez de ses couettes pour jeter un coup d’œil sur la petite étagère qui trônait, bancale et grognante, à l'autre bout de sa chambre. En quelques gestes délicats, elle se tira de son lit pour poser ses petits pieds blancs sur le parquet froid. Vêtue d'une grande robe de chambre blanche, c'est tel un fantôme qu'elle glissa jusqu'à l'ancienne bibliothèque où s'entreposait ses trésors. Du bout de ses longs doigts blêmes, elle caressa les contours des petits objets entreposés. Il y avait de tout et n'importe quoi. Des poupées, des jouets et des pierres, des colliers, des boites de confiseries jamais ouvertes et des chaussons, des livres ou des barrettes, autant de fragments rapportés d'un voyage qu'elle n'avait jamais fait, maigre consolation d'une mère faussement désolée. Yeul soupira. Paupières closes, elle tâchait de bien garder à la barrière de ses yeux clairs les larmes traîtresses qui cherchaient à déborder. « Mais qu'est-ce qui m'arrive ?» souffla-t-elle tout bas. Les mots dépassaient sa pensées, elle ne parvenait guère à les retenir. Les mains tremblantes, elle les passa sur son visage. Ce n'était pas son passé qui la troublait autant. Mais ajouté à tant de bouleversements présents et à ceux prévus, elle ne pouvait demeurer calme et tranquille. Tout allait changer. C'était un fait. Elle n'était simplement pas sûre d'être prête.

Orphan ne dormait point. Il ne pouvait pas. D'un pas de velours, il s'était rapproché dans le plus grand des silences de la chambre de sa protégée. La main près de la poignée, prêt à entrer, il se contentait au final d'écouter la demoiselle pleurer doucement. À peine arrivé, il regrettait déjà sa présence. Il chamboulait bien trop la pauvre et misérable existence d'une jeune fille qu'il aimait tant et qui valait tellement mieux. Ce n'était pas une bonne idée. Il aurait dû faire demi tour alors qu'il était encore temps. Seulement, tu n'avais pas le choix. Cette décision n'était pas de ton ressors. Tu as un destin, tâche de l'accomplir. Veille sur la Prophétesse au péril de ta vie, pousse la dans ses retranchement et mène là sur la voie de l'excellence. Tu connais les conséquences d'un éventuel échec. Ne nous déçois pas. Dans un bref et léger soupire, il baissa la tête, comme vaincu. La douce folie et espérance de sauver la jolie demoiselle au détriment de l'univers tout entier lui avait effleurer l'esprit. Cette idée continuait à la titiller l'esprit. Mais ce n'était pas raisonnable ni même possible. Il ne pouvait décemment pas se permettre pareille extravagance. Et pourtant, il le désirait ardemment. Pire, c'était elle qu'il désirait. Mais était-ce bien intelligent de songer à ce qui ne serait que frustration ? Yeul était une perle rare, douce et unique. Mais elle était un amour impossible, pour diverses raisons auxquelles il ne voulait pas même songer. Ce n'était que le début, il ne fallait pas se hâter, les événements suivraient leur cours.

Dans un silence qui frôlait le religieux, chacun rejoignit son lit, dans l'espoir de sombrer enfin dans le sommeil. La journée de demain serait longue. Il aurait été agréable de se reposer un peu. Mais comment pouvait-on s'envoler paisiblement dans le monde des songes, alors que le jour à venir serait impitoyable ? Allongée dans son lit, Yeul ferma les yeux. Un mot hantait son esprit. Prophétesse. Était-ce une réalité ? La douce demoiselle ne savait quoi penser. Au fond d'elle, elle devait croire à un mirage. Demain, tout serait terminé, et l'Ange serait envolé.
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Jeu 19 Déc 2013, 14:17

Pensive, Yeul scrutait de ses grands yeux clairs son reflet dans le petit miroir poussiéreux de la vielle coiffeuse de sa chambre. Ses longs cheveux couleur lilas étaient libres et encadrait son visage blême et sa silhouette frêle. Un épais bonnet de laine blanche, assortit à l'écharpe enroulée autour de sa gorge l’emmitouflaient chaudement. Elle portait son manteau préféré, d'un blanc immaculé lui aussi, et de grandes bottes noires. Elle se sentait un peu ridicule dans cette tenue. Elle n'avait pas pour habitude de se vêtir ainsi. Seulement un long voyage l'attendait et ce ne serait que le début de ses péripéties. Elle se devait d'être bien préparée, même si elle ne savait pas vraiment quel genre d'épreuve elle allait devoir subir. Dans un soupire, elle recula de quelques pas pour s'appuyer sur le bois de son lit. « Je peux entrer ?» demanda Orphan à travers la porte. Surprise, Yeul releva la tête. Elle avait vécu quasiment seule jusqu'à présent, c'était assez nouveau pour elle que quelqu'un veuille s'occuper de sa petite personne et se montre attentionné à son égard. Le jeune homme n'était là que depuis la veille. Pourtant, Yeul avait l'impression de mieux le connaître lui que sa mère et d'être plus proche de lui qu'elle ne l'avait jamais été avec elle. Et sa tendre mère était la seule personne qu'elle pouvait réellement considérée comme une relation, avec la vieille voisine malade. « Oui entre.» La poignet se baissa et Orphan entra. Il avait enfilé une armure légère de cuir et de fer. Curieux, il dévisageait prudemment sa protégée. « Ne vas-tu pas avoir froid ?» demanda la jeune fille d'une voix douce. Il sourit. « Ne t'inquiète pas, j'ai une grosse cape, qui me protège des intempéries et me permet de ranger mes armes et mes affaires. Elle est assez lourde alors je ne la mettrais qu'au dernier moment.» Yeul acquiesça doucement. « Est-ce que tu te sens prête, Princesse ?» Elle soupira. « Je le crois. Je ne sais pas vraiment dans quoi je m'engage, c'est assez troublant.» Orphan fit glisser ses doigts sur une longue mèche de la chevelure de Yeul. « Est-ce que ça te fait peur ?» - « Un peu.» - « Je serais là pour toi, pour t'aider et te guider.» - « Je sais.» - « Finissons de préparer tes affaires. Tu as un sac ?» Yeul attrapa un morceau de tissu qui gisait sur son lit. « Est-ce que ça ira ?» - « Oui

Ensemble dans la petite cuisine, Orphan et Yeul préparait de quoi manger et boire pour quelques jours. Et dans un petit panier d'osier, la jeune fille mettait les denrées alimentaires qu'elle ne pouvait emporter. « Je passerais donner tout ça à la voisine avant de partir. C'est vraiment une gentille dame, elle s'est beaucoup occupée de moi dans mon enfance, et je lui tenais compagnie ces dernières temps, elle se sent seule.» Sa voix se brisa sur les derniers mots. La pauvre femme allait cruellement s'ennuyer sans elle. Yeul s'en voulait de l'abandonner ainsi. « Tu n'as pas le choix, Princesse.» souffla Orphan qui se doutait de ce qui ennuyait la belle. La Rehla secoua la tête et décida simplement de changer de sujet. « Pourquoi est-ce que tu m'appelles comme ça ? Ça fait déjà deux fois.» - « Est-ce que ça te gêne ?» - « Non pas vraiment.» - « Alors il n'y a pas de problème.» Yeul scruta le jeune homme durant quelques instants. « Tu ne veux pas me dire la vérité.» Il rit doucement, gêné. « Tu comprendras plus tard.» Yeul accepta sans broncher cette non explication. C'est en silence qu'ils bouclèrent les bagages. Yeul hésita de longs instants avant de choisir ce qu'elle devait laisser ou abandonner sur place. Dans un autre sac, elle enfourna quelques unes de ses babioles préférés et des livres qu'elle appréciait tout particulièrement. Puis elle alla frapper chez la voisine. Fébrilement, la dame vint ouvrir. « Ma douce, c'est toi.» chuchota-t-elle de sa voix qui n'était qu'un souffle, tremblant. « Entre.» - « Bonjour madame Walter. Comment allez-vous aujourd'hui ? » - « Bien bien ma petite. Qu'est-ce que c'est que tous ça ?» Elle désigna vaguement la panier généreusement remplie. « C'est pour vous.» Elle demeura pensive quelques instants avant de fermer les yeux, comme pour calmer une douleur tenue. « Tu t'en va.» - « Oui. Comment le savez-vous ?» - « Je m'en doutais un peu. Ce jour devait arriver. Mais je suis heureuse d'avoir pu passer tout ce temps avec toi.» Yeul sourit, la gorge serrée. Elles passèrent près d'une heure à discuter dans le salon, en buvant une tasse de thé. Puis la vieille dame posa ses mains sur le visage en forme de cœur de la Rehla pour embrasser ses joues. « Tu es promis à de grandes choses. Va jusqu'au bout ma chérie.»

Orphan et Yeul se mirent ensuite en route, en silence. La jeune fille avait des choses à penser, et son protecteur respectait sa volonté. Leur pas craquaient doucement dans la neige. Et peu à peu, ils s'éloignaient du petit village dans lequel Yeul avait toujours vécu. Au bout de quelques centaines de mètres, elle se retourna pour contempler les paysages et jeter un coup d’œil à sa maison qu'elle n'avait même pas pris la peine de fermer à clef. Les autres villageois en disposeraient comme ils voudraient. Au fond, Yeul savait qu'ils n'oseraient même pas y entrer, par respect pour elle, et par crainte de sa mère.
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Jeu 19 Déc 2013, 14:19

« Encore un pas de plus, et ce sera l'endroit le plus éloigné de chez moi, où je ne suis jamais allée.» souffla Yeul qui passait doucement ses longs doigts gantées sur la surface givrée d'un gros rocher. Orphan posa doucement une main sur l'épaule de la jeune fille. « Je sais. Et c'est ici que nos chemins se séparent. Je n'ai pas le choix, je dois te laisser faire seule ce chemin. Tout se passera bien.» - « Qu'est-ce que je dois faire ?» - « Tu dois aller vers les Maîtres du Temps, qui sont dans un lieu mystérieux entre deux univers, car le socle terrestre n'existe pas encore. Ils t'apprendront la voie du Temps et te révéleront tes talents, pour réveiller la Prophétesse qui sommeille en toi. Tu vas devoir marcher, très certainement des heures durant, dans cette montagne, sans jamais user de magie. Ce parcours sera long et pénible. Tu auras froid..» Sa voix dérailla, mais il enchaîna. « Les sensations seront décuplées. L'environnement est tel que toute créature ressente les températures extrêmes. Et au bout d'un moment, tu tomberas sur une stèle, et tu devrais avec la plus grande sincérité t'agenouiller devant elle et clamer que tu voue ton destin au Temps. Le tout, paupières closes. Et quand tu rouvriras les yeux, tu seras dans la mystérieuse salle blanche inconnue.» Yeul hocha la tête. « Bonne chance, Princesse.» Il serra doucement a jeune fille contre lui et l'embrassa sur le front. La Rehla hésita quelques instants, avant de tourner les talons pour faire ce chemin seule comme le voulait l'usage. Le voyage allait être long. Et elle allait avoir tout son temps pour penser à sa vie passé, à son présent, et à ce qu'allait bien pouvoir être son futur. Yeul s'était toujours considérée comme une jeune fille banale, qu'on n'aimait pas. Et voilà que son destin se voyait bousculé par un jeune étranger et ses drôles de révélations.

Prophétesse. Ce mot hantait la moindre de ses pensées. Est-ce qu'on se moquait d'elle ? Ne serait-ce pas tout simplement une vaste comédie de très mauvais goût destinée à une âme innocente et naïve ? Elle avait cru sur parole Orphan sans mettre en doute ces dires qui pouvaient paraître délirants quand on y réfléchissait avec un peu de recul. Et à présent, elle se retrouvait seule à errer dans les Montagnes de l'Edelweiss. Avait-elle été idiote ? Quelque chose dans le regard et l'attitude d'Orphan l'avait incité à le croire sans trop de réflexion. Il ne mentait pas. On ne pouvait pas inventer pareille histoire simplement pour se jouer d'une gamine. Alors Yeul préférait partir du principe que tout cela était vrai, et qu'elle était la Prophétesse. Qu'est-ce que cela signifiait ? Elle n'en était pas sûre. C'était les yeux fermés et sans appréhension qu'elle comptait se jeter dans des desseins dont elle ignorait tout. Elle voulait apprendre au fur et à mesure. Grelottante, la jeune fille se frottait lentement les bras en contemplait les paysages enneigés et déserts qui l'entouraient. Orphan avait dit vrai, il faisait cruellement froid. Mais elle s’accommoda bien vite aux températures extrêmes des environs. Depuis combien de temps marchait-elle ainsi ? Une heure ? Peut-être deux. Elle avait perdu toute notion du temps. Le Temps. Voilà quelque chose à quoi elle semblait intimement liée. À tout cela, elle allait de toute évidence devoir s'y faire. Au fin fond de son être résonnait l'évidence. Prophétesse. Ce mot ne sonnait pas faux à ses oreilles. Il resplendissait de vérité, levait des mystères, et était la réponse inespérée à des questions muettes.

« Aie.» Yeul avait glissé. Tombée sur le tapis neigeux plutôt épais, elle avait dévalé en roulé-boulé sur quelques mètres avant qu'un tronc mort arrête sa course. Doucement, elle se redressa en massant ses tempes endoloris, mais elle ne se releva pas pour autant. Assise et recouverte de neige, elle décidé qu'il était l'heure d'une collation bien méritée, et elle croqua dans une pomme avant de couper une tranche de pain avec un peu de confiture. Et elle se remit en route sans plus tarder. Avec une certaine difficulté, elle plia les doigts. Sans même les voir, elle les imaginait bleus. Engourdis, elle les sentait de moins en moins, comme ses pieds et son nez. Pour combattre le froid, elle chercha à occuper sa tête et songea à Orphan. Que faisait-il en ce moment ? Est-ce qu'il l'observait, ou patientait-il en silence dans un coin ? Allait-il la rejoindre dans cette pièce blanche ? Allait-elle affronter les Maîtres du Temps seule ? Elle n'était pas sûre de la démarche à suivre avec eux, et elle avait peur de faire des maladresses. Pourtant, il lui paraissait clair qu'elle devait agir, peu importe qu'elle soit seule ou accompagnée. Car la stèle était là. Et Yeul tomba presque à genoux devait la pierre ,qu'elle parcourut délicatement du bout des doigts, glissant le long du sablier qui était gravé. Paupières closes, un sourire aux lèvres, elle rit brièvement, heureuse d'être arrivée jusque là. C'était une petite victoire personnelle. Yeul avait toujours été passive, elle n'avait pas fais grand chose dans sa vie. Aujourd'hui marquait un tournant. « Je voue mon destin au temps.» murmura-t-elle tout bas sans réellement en avoir conscience. C'était bien plus que des simples paroles, c'était un cri de l'âme et du cœur. L'idée d'être réellement quelqu'un s'était insinué en elle, et elle aspirait à suivre cette voie qui lui semblait destiné, qu'importe que le chemin soit long et rude, qu'importe que sa gorge la brûle et qu'elle tremble. Elle irait jusqu'au bout.
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Jeu 19 Déc 2013, 14:27


Le vent qui giflait ses joues à la Montagne s'était éteint. Il faisait plus chaud à présent. Doucement, Yeul rouvrit les yeux. Et comme promis, elle put contempler une pièce entièrement blanche et immaculée. Vide, elle était en son centre. Un petit tic tac régulier résonnait dans le silence religieux des environs. L'atmosphère était à la fois lourde et légère. Tout était si virginal, sans tâche. Cette perfection était troublante, on discernait à peine les angles des murs. Yeul caressa doucement le sol du bout de ces doigts, comme pour s'assurer qu'elle ne flottait pas dans le néant. Doucement, la Rehla se releva, scrutant les parages de son regard perçant. Mais il n'y avait décemment rien. Elle était seule avec la mélodie d'une horloge invisible.  En quelque geste, elle se débarrassa de son bonnet, son écharpe et ses gants qui étaient de trop dans cette pièce où il ne faisait pas vraiment froid. Soigneusement, elle plia les vêtements et les mis dans un coin de la pièce, avant d'ouvrir son manteau qu'elle garda tout de même sur ses épaules. Et les bras croisés, elle se mit à faire quelques pas pour continuer à penser. Elle préférait marcher, inlassablement. Elle avait bien du mal à réfléchir intensément si elle restait immobile, car elle divaguait vite. En mouvement, sa concentration redoublait. À présent, elle devait attendre et c'était très certainement le moins agréable et le plus stressant. Il lui faudrait être patiente. Ce n'était pas vraiment un problème. Flegmatique à souhait, imperturbable, elle pouvait demeurer seule pendant des heures voir des jours sans manifester la moindre once de rage. Quelques secondes s'écoulèrent. Puis des minutes, par dizaine. Assise contre un mur, Yeul sortit de ses affaires l'un des livres qu'elle avait emporté et se mit simplement à lire. C'était l'une de ses histoires favorites. Un roman qui commençait dans l'amour et s'achevait dans la haine. Les personnages n'avaient presque aucune qualité, c'était des anti-héros en puissance, et le fil conducteur était morbide. Mais il y avait une magnifique dimension psychologique et une dénonciation de la part de l'auteur qui laissait la jeune fille admirative.

Puis Yeul fut obligée de cesser sa lecture. Elle ne voyait plus rien. Elle était complètement aveugle. Troublée, elle ramena ses jambes contre elle, attentive. Si elle ne voyait pas les personnes qui lui faisaient face, elle ressentait leur présence et entendait le cliquetis fébrile de leur pas. Lentement, la jeune fille se releva. Il était hors de question d'être assise face à ces êtres qui étaient très certainement les Maîtres du Temps. « Que penses-tu de la politique ?» demanda une voix forte et masculine. « Que c'est une affaire de jeux et de faux-semblant, d'apparence et d’hypocrisie. Ces histoires ne sont pas pour moi. J'ai vécu dans la simplicité toute ma vie et je ne tiens pas à rejoindre les hautes-sphères corrompues.» - « Noir ou blanc ?» demanda une voix douce et claire. « Tout est un nuancier de gris.» Une autre voix de femme enchaîna. « Quel est, selon toi, ton défaut le plus marqué ?» - « Je n'aime pas qu'il y ait deux poids entre deux mesures.» - « Et ta plus grande qualité ?» finit par lâcher une autre voix féminine. « Je suis observatrice.» Orphan lui avait dit qu'il y avait cinq Maîtres du Temps. Ainsi, elle attendit patiemment que le dernier se manifeste et pose sa question. Il devait grandement hésité, puisque de longues secondes s'écoulèrent avant qu'il prononce de sa voix basse et mélodieuse. « Qui est la Prophétesse ? » Une question à laquelle elle ne s'attendait pas vraiment. Troublée, elle finit par articuler. « Moi, je crois.» - « Bien. Passons aux votes sans plus tarder.»  Elle ne retrouva pas la vue. De toute évidence pour mériter de voir ces êtres, il fallait être accepté dans l'apprentissage. « Pour ma part c'est un oui.» - « Oui.» - « Moi de même.» - « Un grand oui. Nous l'attendions.» - « Oui, évidemment.» - « Félicitations, Yeul Dia Chryséis.»  Et elle put les voir.

Il y avait une femme, souriante. Elle avait les cheveux blonds et semblait joviale, et ravie qui plus est de la présence de la Rehla. Elle était à côté d'une grande brune aux yeux sombres savamment coiffée. Un peu en retrait se tenait la silhouette pâle d'une jeune femme qui trouverait tout à fait sa place dans un palais des glaces. Le premier homme était massif et impressionnant. On imaginait les muscles saillants sous ces vêtements. À l'inverse, l'autre jeune homme était fin avec des allures de poètes rêveur. « Je suis Serah. Et laisses moi te présenter Aude, Ortance, Azaël et Clovis.» Elle désigna à chaque fois de qui il s'agissait. « Nous sommes ravis de pouvoir enfin te rencontrer même si nous te connaissons tous déjà. La fois des manipulations temporelles. Nous t'attendions ma chère.» précisa Aude. « Mais tu dois être déroutée et avoir bon nombre de questions à nous poser pour mettre en lumière les zones d'ombre de ton passé et de l'avenir qui te guette.» Yeul, muette, prit quelques longues secondes pour observer ces étranges individus qu'elle semblait pourtant connaître. Un sentiment troublant. « Mais avant tout, prend ce qui te revient de droit. Voici ton sable. Le sable qui coule à l'intérieur sera de couleur différente suivant ta puissance et tes capacités magiques.» Yeul le prit délicatement dans ses mains, l'observant avec des yeux émerveillés. « Pour l'instant, il est de bronze avec quelques grains argentés. Mais un jour, je te promet qu'il sera aussi transparent que celui d'Azaël.» L'intéressé sourit. « J'ai hâte que nous devenions amies.» Serah sautillait presque sur place.
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Jeu 19 Déc 2013, 14:31

Serah, qui s'était de toute évidence déjà pris d'affection pour la jeune Rehla, se rapprocha d'elle pour quelques explications techniques. « Tu peux intégrer ton sablier à l'un de tes objets personnels, c'est plus simple. Est-ce qu'il y a quelque chose qui ne te quitte jamais ? » - « Et bien... Mon médaillon.» Doucement, Yeul prit entre ses longs doigts l’ovale en argent qui pendait au bout d'une chaîne. C'était un bel ouvrage, un bijou finement travaillé par des motifs floraux. Un jour, sa mère lui avait raconté, alors qu'elle était encore toute petite et qu'elle pleurait l'absence de son père qu'elle n'avait jamais connu, que c'était un collier qui avait appartenu à sa grand-mère paternel et qu'elle voulait que son fils le donne à sa fille, ce qui aurait été fait. Yeul ne savait pas si cette histoire était vraie ou s'il s'agissait de pures fabulations pour la faire taire. Mais la valeur sentimentale était bien là. « Qu'il en soit ainsi ! Ton sablier sera désormais ancré au dos de ton pendentif.» Aussitôt dit, aussitôt fait. C'est Azaël qui, d'un geste léger de la main, fit jaillir la magie et réalisa la fusion. « Accepterais-tu Yeul de rester seule avec moi quelques instants ? Nous avons beaucoup à nous dire sur ton rôle unique et le Temps. Je te sais timide et réservée, tes habitudes ont été bousculé, je ne voudrais pas t'imposer une réunion au sommet.» - « Avec plaisir.» Les autres Maîtres du Temps saluèrent la jeune femme, émettant le souhait de la revoir au plus vite, avant de s'éclipser. « Ainsi donc Orphan a fini par te trouver. Tu n'as point été facile à dénicher.» - « Qui est Orphan ?» - « Un Ange Déchu dont le Destin est étroitement mêlé au tien. Il est ton Protecteur, et se révélera ton seul réel soutien et ton Gardien. Tu es une personne précieuse Yeul. Tu es l'Unique. La seule Prophétesse de nos terres, une créature mythique et mystique. Je crains que ta vie ne soit cependant guère enviable. Dans ton existence, certaines choses seront clairement inconciliable. Tu es condamnée à l'errance et à la contemplation. Tu subirais sans doute les pires abominations. Loin de moi la volonté de t'effrayer, mais j'estimais que tu méritais d'être au courant de ta destinée.» - « Orphan m'a aussi dit que j'étais un point fixe dans l'espace et le temps.» - « Il est vrai que tu es éternelle. Jeune à jamais, tu demeureras dans l'âge ou tu seras la plus belle. Seulement, ton éternité n'est pas courante. On peut te tuer mais à jamais tu réapparaîtrais. Tu souffriras à chaque trépas pour revenir différente parfois.»

Assis dans un coin de la pièce blanche, Azaël et Yeul passèrent des heures entières à discuter, avant qu'il ne clame qu'il était grand temps pour elle de ressasser ce qu'elle avait appris et de se faire à l'idée qu'elle n'était pas comme les autres, loin de là. Et la Maître du Temps avait raison, certaines choses étaient dures à avaler. Yeul à présent savait, même si elle ne saisissait pas encore tout tr_s bien. Elle était l'Unique, la Voix Céleste, la Parole Divine : La Prophétesse. Et c'était la raison pour laquelle ses songes avaient toujours été si agité. La Prophétesse voulait se réveiller et se manifester, mais Yeul n'était pas encore prête, jusqu'à maintenant. Bientôt, elle manierait à la perfection le Temps. Cependant, contrairement aux êtres qu'elle venait de rencontrer, elle ne deviendrait pas une Maître du Temps. La voie ne lui permettait que de devenir la Prophétesse. Celle qui allait tout voir et tout savoir, mais qui ne pourrait presque rien dire. Celle qui contemplera les hommes dans leurs heures de gloire comme dans la déchéance, et qui cherchera sans cesse à protéger la Véritable Ligne du Temps. Et à chaque fois qu'elle se verrait trop modifié, elle en mourra, pour revenir ensuite. C'était une triste vie. Mais Yeul l'acceptait. Elle voyait les enjeux plus importants. Le Bien et le Mal ne devaient plus exister dans son esprit. Seule comptait la protection des grands principes. La protection de l'Univers. Juste ça.

« Ma tête.» Vacillante, Yeul prit sa tête entre ses mains. Elle prit une grande respiration pour calmer la douleur tenue de son crâne et se détendre. Des images floues, comme des flashs, assaillaient son esprit. Serah déboula comme un boulet de canon. « Ne t'inquiète pas c'est normal. Yeul, la Prophétesse se réveille. Tu vois le passé. C'est le commencement. Tu vas t'habituer à tout cela. Après tu verras tout en même temps... » - « Serah !» la reprit brusquement Aude. Elle enchaîna plus calmement. « Chaque chose en même temps. Évite de l'effrayer.» - « Ne t'inquiète pas Yeul. Tu vas vite apprendre à maîtriser tes dons. Mais pour l'heure, tu devrais simplement te reposer.» - « Je suis d'accord.» acquiesça Serah. « Bien que j'ai un peu de mal à te laisser partir.» Elle rit. « Nous t'avons tellement cherché.» - « Ou souhaites-tu aller ?» - « Je... En réalité je n'ai jamais connu autre chose que mon village des montagnes. Mais j'aimerais rejoindre Orphan.» - « Tes désirs sont des autres.» Azaël tendit les mains, invitant Yeul à le rejoindre. Doucement, elle s'approcha de lui et posant ses doigts dans ses paumes. Et ils s’évaporèrent ensemble. « Reviens nous vite. Un long chemin t'attend.» Et le Maître du Temps abandonna la jeune femme à la Cité des Mirages.
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Jeu 19 Déc 2013, 14:34

« Yeul ! Enfin te voilà. Je commençais à perdre patience.» Orphan avait courut jusqu'à la jeune fille pour la prendre dans ses bras, soulagé. « Cela fait près de deux jours que je t'attends.» Sa voix trahissait l'inquiétude qui l'avait rongé. La Rehla l'imaginait sans peine se préparer à une longue expédition avec dans l'idée de la retrouver évanouie dans les montagnes ou prisonnière des glaces. « Deux jours ?» s'étonna-t-elle tout de même tout bas. « Je ne m'étais pas rendue compte d'avoir été si longue. J'en suis navrée.» - « Tu es folle de t'excuser. Tu as réussis. Tu t'éveilles. Et c'est vraiment une très bonne chose. Sur les Terres du Yin et du Yang, tu as bon nombres de partisans.» - « Pardon ?» Le Déchu rit. « Je ne pense pas qu'il soit utile que je t'explique. Ce serait trop long et tu n'en comprendrais pas la moitié. Tout cela, tu le verras lors de ton apprentissage et tu en saisiras jusque dans les moindres détails. Maintenant, suis moi. Je vais te faire visiter la Cité des Mirages.» Le Déchu prit doucement la main de Yeul pour l'entraîner à travers les ruelles quasiment vide. « On l'appelle aussi la Cité des Dieux. Autrefois, nul n'avait le droit de monter dans les hauteurs célestes, mais les interdictions sont de toutes évidence faites pour être bravées. Les Hommes voulurent la découvrirent. Et de nos jours, elle commencent à être peuplée d'étrangers, dont nous faisons partie.» - « Elle est magnifique.» - « Regarde là-bas. C'est l'escalier qu'il faut normalement emprunter pour arriver jusque là.» - « Peut-on aller faire un tour dans les bois ?» Orphan, gêné, réfléchit quelques instants. « Si tu veux. Seulement, prudence et attention sont de rigueur dans la Forêt des Esprits. Tu comprendras bien vite pourquoi.»

La nuit était plutôt sombre à la Cité. Et dans les bois régnaient la pénombre et les ténèbres. Pourtant, Yeul et ses yeux perçants distinguèrent sans mal l''étrangeté des environs. Les arbres avaient une drôle de forme, une espèce de féminité. On aurait dit des nymphes. Hésitante, la jeune fille approcha ses doigts de l'écorce, mais n'osa pas toucher le tronc. Orphan, un peu en retrait, la contemplait. « Troublant n'est-ce pas ? Le plus perturbant n'est cependant pas là. Les arbres bougent. Regarde, elles sont immobiles, mais pourtant, elles semblent danser. Demain, les poses ne seront plus les mêmes. Elles auront bougés et se seront déplacés. Esprits farceurs, entités bénéfiques ou maléfiques, les avis sont vraiment partagés à leur sujet. Ceux qui sèment le chaos en ces lieux se verront vite chassé par elles.» D'un pas léger et aérien, Yeul se mit à déambuler à travers la forêt, sans réellement savoir où elle allait. Pourtant, elle finit par tomber au beau milieu d'un clairière, bordée par un lac. Les rayons de l'Astre Lunaire faisaient scintiller la surface de l'eau. Un petit sourire aux lèvres, la jeune fille s'approcha du bord de l'eau. Elle s'allongea dans l'herbe fraîche, le regard perdu dans les étoiles. « Orphan ?» - « Oui je suis là.» - « Qu'est-ce que je suis ?» Il parut surprise de cette question. « Comment ça ?» - « Dans mon village, il y avait beaucoup de Magiciens et de Béluas. On me prenait pour une Magicienne, à défaut de savoir réellement ce que j'étais. Je n'ai jamais osé aborder ce sujet avec ma mère, puisque je sais être née de la race de mon père.» - « Tu dois te douter de ce que tu es.» - « Pas vraiment. Je sais juste ce que je ne suis pas, que je vis la nuit, et que la lumière céleste me nourrit, que les étoiles me murmurent des mots.» - « Tu es une Rehla, Yeul. Une fille des cieux.» - « Une Rehla...» répéta-t-elle, pensive.

Yeul s'était redressée. Assise dans l'herbe, elle effleurait du bout des doigts les douces pétales de grosses fleurs blanches. « C'est drôle. Il faut nuit mais elles sont encore grandes ouvertes, comme si ce n'était pas le soleil qui leur plaisaient mais la lune. Comme moi.» Elle avait toujours aimé les fleurs. Et délicatement, elle en cueillit quelques unes pour les entrelacer ensemble, pour former bien vite une jolie petite couronne qu'elle posa négligemment sur sa tête. Avec un regard tendre, la Déchu contemplait sa protégée de loin, sans venir l'embêter. Cela ne le gênait pas de rester sans rien faire, tant qu'il était prêt d'elle et qu'il pouvait veiller à ce qui ne lui arrive rien. Ce n'est qu'au bout d'une heure qu'il osa murmurer tout bas : « Rentrons. Il fait froid. Je préfère que tu dormes au chaud.» Yeul tourna doucement la tête pour le contempler et acquiesça, un peu à contre cœur. Elle aurait préféré dormir à la belle étoile. Cependant, il faisait frais et il n'aurait pas été raisonnable de céder à ce caprice. Yeul savait qu'elle devait être en forme, car elle n'avait fait que le plus facile. À présent, elle allait devoir endurer le très long apprentissage des Maîtres du Temps pour manier à la perfectionner le Temps et l'Espace.

Orphan ouvrit la porte d'une petite maison bleue. « On pourrait presque dire que c'est chez moi. On m'a prêté ces lieux pour toi. Ta chambre est au fond du couloir.» - « Merci.» - « Dors bien.» Il sourit. Elle lui rendit, avant de tourner les talons pour se jeter sur le lit. Elle ne s'était pas rendue compte qu'elle était autant fatiguée.
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Jeu 19 Déc 2013, 14:38

Il aurait été étonnant que le sommeil de la belle fusse doux et enchanteur. Rien n'avait réellement changer pour l'heure, et l'âme de Yeul demeurait assaillis d'une peur sans nom, d'appréhensions et de doutes concernant l'avenir. Le songe était plutôt inquiétant. La jeune fille était seule, au beau milieu d'un champ de ruines. Le ciel était gris et il pleuvait, elle pouvait sentir les gouttes d'eau froides couler le long de sa peau. Il faisait froid. Mais cela ne changeait guère de son quotidien. « Et bien ça alors. Si je m'attendais à te voir.» Une voix chantante et chaude brisa le triste silence des environs. Étonnée, Yeul releva la tête pour contempler la nouvelle venue. Elle se tenait debout, un peu plus long. Ses longs cheveux cuivrés dégoulinaient d'eau. Son teint pâle était dénué de la moindre couleur. Ses grands mires clairs étaient prudents, pas le moindre éclat ne venait les illuminer. Ses lèvres, cependant, étaient ornés d'un charmant sourire. « Maman.» La Rehla se releva d'un bond et courut près de la jeune femme. Mais elle ne se jeta pas dans ses bras. Elle ne la touche même pas. Elle voulait juste s'approcher de cette chimère. Face à face, les deux jeunes femmes se contemplaient. « Pourquoi n'es-tu jamais revenue ?» Yeul n'était pas sûre d'obtenir une réponse. Est-ce qu'elle rêvait de sa mère ? Cela ne lui était jamais arrivé. Elle avait plutôt l'impression de rencontrer sa mère, pour la première fois depuis longtemps, dans le Royaume des Rêves. « Je te considérais assez adulte. Tu n'avais plus besoin de moi pour vivre. Et j'avais à faire.» - « Tu aurais pu venir me le dire en face. J'aurais compris. Au lieu de me questionner au sujet d'une ombre changeante.» La rousse haussa les épaules, peu touchée par la douleur qu'aurait pu ressentir sa fille. « Nous sommes destinées à nous revoir, réellement, dans un avenir plus ou moins proche. Nos lignes s'entrecroiseront régulièrement. Je ne tiens pas particulièrement à couper tout contact avec toi.» Yeul réfléchit durant un instant à ces phrases mystérieuses et à leur sens caché. « Tu sais.» - « Oui. Et si je te vois aujourd'hui, j'en conclus que tu as du rencontrer il y a peu ces chers Maîtres du Temps.»

Quelque peu énervée, Yeul fit quelques pas, fuyant du regard sa mère qui riait doucement. Son enfance n'avait été que fiction, une douce illusion savamment pensé par un esprit manipulateur. « Permet moi de répondre aux questions que je sais que tu te poses sans oser les formuler à voix haute. Oui, tu es réellement ma fille, c'est moi qui t'ai mise au monde. Non, je ne t'ai jamais rien dis sur ton véritable rôle. Que voulais-tu dire à une enfant ? Je préférais te laisser découvrir par toi même le Destin qui t'attend. J'avais jugé Azaël et les autres bien mieux placé que moi pour te parler de tout ça.» - « Tu m'aurais abandonner si je n'étais pas la Prophétesse, n'est-ce pas ? » La rousse haussa les épaules, une petite moue aux lèvres. « Qui sait.» Yeul, agacée, soupira. Elle commençait à comprendre ce qui s'était tramé tout au long de sa prime jeunesse. « J'ai l'impression que tu m'en veux, Yeul.» - « Disons simplement que je comprends mieux pourquoi tu prenais toujours garde de revenir vers moi et de m'offrir des petits cadeaux.» La rousse leva les yeux au ciel. « Tu vois le mal partout. Mais qu'importe, je sais que lorsque nous nous reverrons, tu auras changé. Tes avis auront évolué. Et les notions personnelles ainsi que le Bien et le Mal ne te paraîtront plus si capitales. Tu seras la Prophétesse, la vraie et l'unique, cette entité distante sans grand principe.»

Yeul ouvrit soudainement les yeux, pour contempler, lasse et fatiguée, le mur de sa chambre. « Est-ce que ça va ?» - « Serah, qu'est-ce que tu fais là ?» - « Je m'inquiétais un peu pour toi. Je voulais simplement m'assurer que tu allais bien. Et te tenir compagnie dans le cas contraire.» La jolie Maître du Temps était assise, les jambes croisées, sur une chaise qui traînait dans un coin de la chambre. « Tu dois te dire que je te colles beaucoup, depuis notre rencontre.» Un petit sourire flottait sur ses lèvres. « Mais tu dois savoir que nous allons devenir très amies. Je l'ai vu, dans le futur. Alors je ne peux m'empêcher d'éprouver une grande affection à ton égard alors que tu dois me prendre pour une folle furieuse.» Yeul laissa quelques secondes s'écouler avant de demander tout bas : « Quand continuerais-je l'apprentissage ?» - « Quand tu le souhaites. Tu es Maître de ton Destin et tu choisis comment il se déroule. Nous t'attendons de pied ferme pour t'aider, et faire de toi ce que tu devrais déjà être. Ta mère aurait du te remettre à nous dès ta naissance. Mais elle a préféré te garder, te tenir à distance. Sûrement pour mieux te manipuler.» - « Grotesque erreur.» - « Nous ne laisserons personne te posséder. Tu es bien trop précieuse pour qu'on souille ton esprit.»

« Orphan ?» - « Oui.» - « J'ai pris une décision.» - « Je t'écoute.» - « Je veux réellement suivre l'apprentissage, avec toi non loin de moi. Je veux que tu m'accompagnes. Car je ne compte voir personne d'autre que toi et les Maîtres du Temps avant d'être réellement la Prophétesse.» La Déchu sourit. « Je ne suis pas sûr que les Maîtres du Temps acceptent que je sois auprès de toi.» - « Je leur demanderais.» Et Yeul savait ce qu'elle voulait.
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