Cocoon passait un agréable séjour chez Yulenka. Oui, depuis l'attaque du dragon, il n'était pas retourné chez lui. Ses cuisses étaient guéris et il prenait des petits jours de vacances. Il n'avait reçu aucune missive concernant son armée, ni sa hiérarchie, alors il ne s'inquiéta pas. Nydelia était une boulimique de travail en ce moment, alors rentrer ne servait à rien. Les filles étaient entre de bonnes mains, et l'Orisha préférait profiter de la présence de son amie. Bref, tout l'incitait à rester encore un moment ici. Il avait eu l'occasion de parcourir les jardins, de faire sa rééducation avec la jeune femme, dans un paradis de plantes et d'arômes. Lyzzie l'avait beaucoup aidé et, quoi qu'il en dise, Eden aussi. Lorsqu'il était incapable d'utiliser ses jambes, il se sentait seul et atrocement vulnérable. Comme si... Il allait mourir à petit feu. Alors que ce n'était qu'une longue guérison. Surtout que son corps était assez résistant, donc il avait un taux de régénération, de base, plus élevé que la moyenne, naturellement.

Pendant qu'il était là, rien n'empêchait la vampirette de vaquait à ses occupations, et lui, il n'était pas toujours sur son dos. L'Eshu était là si elle avait besoin de lui, mais il aimait aussi avoir sa vie, et lui laisser la sienne. Alors lui resta à la forteresse, et elle, elle partie ailleurs. Beaucoup de pensées se bousculaient dans sa tête suite à la conversation qu'il avait eu avec elle, quelques jours -voire semaines-, plus tôt. Le sous-fifre qu'il était commençait à avoir un problème avec l'autorité, et souvent, ça dénotait quelque chose de plutôt négatif. Il n'y avait aucune raison pour qu'il rechigne à s'occuper de sa souveraine, mais depuis quelques temps il avait pris de sacrées distances. Dans son coeur, le jeune homme connaissait ce processus, et il savait ce qu'allait devenir sa relation avec Lison, à ses yeux. Elle allait être réduite au néant.
En pensant à cela, il n'eut d'autre chose que d'hausser les épaules. Il s'en foutait totalement, comme s'il n'avait jamais éprouvé autre chose qu'un respect à un haut gradé, point barre.
Préférant se concentrer sur son armée, et ses stratégies, il se dirigea vers l'énorme bibliothèque.

L'Orisha aimait la bibliothèque de l'Éorishaze, car elle était grande et remplit de millier d'ouvrages. Mais celle qui était dans cette forteresse magique n'était pas non plus à plaindre. Surtout qu'elle était beaucoup plus pratique car les livres venaient d'eux-même, et se manifestaient seuls, lorsqu'on avait besoin d'un en particulier. Cocoon feuilletait des ouvrages de guerres, des techniques sur la gestion d'une équipe, des écrits assez modernes dont il était gourmand. Il posa une pile d'ouvrage sur une table -ceux-ci firent d'ailleurs leur vie une fois à plat- et il commença à feuilleter un bouquin. Le livre lui livrait certaines informations par rapport à ce qu'il lisait et ce qu'il désirait. Cocoon était plongé dans sa lecture, mais même l'esprit occupé, il sentait un certain malaise. Yulenka était en train de vivre des choses qui l'affectait et le Lien le lui disait. C'était assez étonnant que la jeune femme se laisse toucher de la sorte, mais l'Orisha tenta d'annihiler ce sentiment en le mettant dans un coin de sa tête de manière à vraiment se concentrer.

Cependant, cette semi-tranquillité ne dura pas longtemps. Il entendit un sacré vacarme au delà des murs et leva la tête intrigué. Qu'est ce qu'il se passait ?

Yuli était revenu d'un petit séjour dans le futur qui n'avait pas du tout été à son goût. Un futur pareil il était hors de question que cela se produise ! Déjà parce que le monde n'était plus que l'ombre de lui même, ensuite parce que pratiquement tout les êtres qui lui étaient chers étaient morts, et enfin parce que ceux qui ne l'étaient pas étaient devenus de trucs inqualifiables mais très loin de ce qu'ils étaient réellement en tout cas. Tout ça en seulement trois cent ans.... C'était effrayant. mais avant de pouvoir agir, il fallait déjà qu'elle soit prête et actuellement c'était trèèèès loin d'être le cas ! Saphir était atterrée, et elle ne parvenait pas à la calmer. Rubis avait jeté l'éponge depuis longtemps et la situation devenait critique ! Elle avait besoin de faire le point et de retourner chez elle pour cela. Baal n'était pas tranquille sentant le trouble et l'émoi de sa maîtresse/maman. Il atterrit devant les portes du château tandis que Yuli continuait vainement de raisonner son penchant enfantin qui ne cessait de pleurer. Saphir était si malheureuse et son trouble si grave qu'elle commençait à avoir des répercussion sur l'extérieur. L’œil droit de Yulenka pleurait tout seul, de manière discontinue et à grosses larmes. Ce qui irritait très fortement Yuli. Alors lorsque Lyzzi vint accueillir sa maîtresse tout sourire et qu'elle la vit ainsi ce la ne loupa pas....

MADEMOISELLE !
-Et misère.....
Mademoiselle ! Que vous arrive t-il ?! Pourquoi pleurez-vous ? Qui vous a fait du mal ?!!
-Shhhhh Lyzzie voyons ! Tu vas ameuter tout le château !
Mais mademoiselle, vos yeux ! Vous pleurez et.....
-Oui et non Lyzzie, c'est plus compliqué que ça, mais rassure toi je vais bien j'ai juste quelques petites choses à mettre au point avec moi-même. Va donc t'assurer qu'on ne vienne pas me déranger.

Elle avait limite repoussé sa jeune gouvernante là ? Ha mais ouais carrément ! Pourtant Lyzzie l'avait déjà vu de mauvaise humeur ou de mauvais poil, mais là c'était différent. Elle était partie en cachant son œil qui semblait différent et cela l’inquiéta encore plus ! Il se passait quelque chose et une fois de plus cette tête de mule à poils bleus ne voulait pas lâcher un mot et régler ça toute seule, grrrr ! Elle était infernale quand elle s'y mettait, pourquoi refusait-elle de lui faire confiance ?! Mais elle n'avait pas dit son dernier mot, car elle avait une arme secrète à disposition dans le château, HA HA HAAAAA ! Et elle n'allait pas se priver pour aller le solliciter. Elle ouvrit donc une faille en direction de la bibliothèque et se retrouva aux côtés de Monseigneur sa Sainteté Preux Chevalier Cocoon Ier du nom ! Et là, elle prononça les mots magiques, ceux qui faisaient mouche à chaque fois, et pour cause, à chaque fois c'était pas bon signe.

Monsieur ! Je suis navrée de vous déranger, mais, c'est mademoiselle !

Dès qu'elle disait qu'il s'agissait de Yulenka, c'était bon, Cocoon pouvait être certain qu'il se passait une couille. Et vu le numéro, ça pouvait être plus ou moins grave ! Elle se tenait prête à lui dire ce qu'elle avait vu, sa maîtresse pleurant à moitié son comportement étrange et froid, sa volonté d'être seule avant d'aller se planquer dans les jardins. Elle était très loin de se douter qu'elle s'était rendue sur un banc en particulier, et qu'elle cachait son oeil d'une main en se massant les tempes de l'autre main. Cet état la fatiguait, les pleures de Saphir la déchiraient et l'épuisaient en même temps. Il était temps que ça s'arrête. Elle dit d'une vois fatigué et quelque peu désemparée.

-Saphir s'il te plaît calme-toi.... c'est fini maintenant..... Ça n'arrivera pas....

A ce stade des opérations, elle n'était même pas sûr de pouvoir accueillir quelqu'un convenablement. Alors Cocoon.... Saphir ne pourrait pas.... Elle le repousserait !

Cocoon tourna la tête vers l'entrée de la bibliothèque. De là, il capta la venue de Lyzzie et se leva dès qu'il la vit. Elle était paniqué, il le sentit et dès qu'elle parla il lui demanda de le conduire où était Yulenka. Ce qu'elle fit en vitesse.
Arrivé dans les jardins, l'homme s'approcha de la jeune femme assise sur un banc. Elle était recroquevillée sur elle-même et la douleur qui s'échappait d'elle et de son être fit souffrir Cocoon. Celui-ci se protégea de ses sentiments, avant de s'approcher un peu plus. Elle était étrange, froide...
Avant qu'il n'arrive il l'avait entendu parlé. Il avait entendu Saphir, sans plus.

« Yulenka. Qu'y a-t-il ? »

Yulenka tourna rapidement la tête vers Cocoon, comme un animal surprit par un prédateur. Puis elle grimaça, sa tête lui faisait davantage souffrir puisque Saphir hurlait à présent que l'objet de son chagrin était si proche. Et dans un réflexe de protection, elle s'était reculée de Cocoon, comme si lui, son panda kingsize, était dangereux ! Elle lui répondit hâtivement.

-C... C'est rien, j'ai eu une rude journée aujourd'hui.

Elle tenait toujours son oeil droit qu'elle cachait pour masquer ses larmes, tout en essayant de se concentrer pour surmonter la souffrance que dégageait Saphir. Elle semblait avoir oublié qu'il était inutile de mentir à son Eshu avec le lien... L'empathie faisait de Cocoon un homme sacrément perspicace. Et en voyant Yulenka glisser sur le banc pour se décaler en se cachant, il croisa les bras et ricana en levant les yeux aux ciels :

« Tu comptes vraiment me la jouer comme ça ? Yulenka sois sérieuse, je peux enlever cette main de devant ton visage, sans forcer, pour voir ce que tu me caches. Mais je ne le ferais pas car je sais déjà ce qu'il se passe. Saphir est en train d'hurler. »

Sur la toile céleste, dans l'autre plan, il était sourd à ce que disait Saphir, mais il l'entendait tellement qu'il savait qu'il y avait un problème. Et les sentiments de Yulenka en plus de ça, c'était horrible à supporter si il n'avait pas un minimum de self-control, il aurait hurlé. Ainsi, il se mit en face d'elle, les bras le long du corps. Son regard essayait de percer la coquille de la vampire, alors que sa voix s'était radoucie.

« Yulenka... »

Il se sentait démuni et seul dans cette situation. Le Lien ne l'aidait pas car il n'était pas fait pour aider, mais pour enfoncer les deux personnes. Alors sa détresse se mélangea à la peine de Yulenka, assez ouvertement. Mais dès qu'il comprit que ses sentiments filtrèrent, il les enferma pour que ceux de sont amie s'exprime plus que les siens. L'Orisha ne savait pas quoi faire, et elle avait le droit de fuir, sans qu'il ne puisse la retenir, pour se débrouiller seule et... Aller un peu plus mal.

Et la poisse, grillée et en beauté. Vu la détresse de Saphir il devait l'entendre hurler à des kilomètres. Yulenka soupira en se levant. Elle aurait préféré ne rien dire et régler toute cette histoire toute seule mais à présent il fallait se rendre à l'évidence. Avec Cocoon, c'était juste pas possible. Qui plus est elle n'avait aucune garantie que tout finisse par s'arranger toute seule alors. Elle baissa légèrement la tête un peu penaude avant de ramener sa couette pour cacher pudiquement son œil droit. Elle lui dit alors un peu désorientée, ne sachant pas vraiment par où commencer. Elle ne savait même pas si elle pouvait en parler d'ailleurs. Est-ce que ça n'allait pas rendre la situation encore plus infernale qu'elle ne l'était. Quoique en y repensant.... ça ne pouvait pas être pire.

-J'ai... j'ai eu une visite un peu étrange. Des maîtres du temps sont venus me voir. Ils m'ont montré le futur de notre monde. Dans trois cent ans.... Et c'était pas beau à voir.... Le monde était en ruine. Lorsque je suis allée à la forteresse.... Enfin, le mieux est encore que tu puisses voir par toi même....

Elle se leva du bans et s'en écarta légèrement l'incitant à la rejoindre. Et de là, elle projeta l'illusion de la scène qui s'était joué à ce même endroit, dans un autre temps. Il avait tout, le décors, le son l'image, tout. Mieux que le théâtre ! Et en couleur ! Yulenka observait son ami inquiète. Il n'était facile pour personne d'apprendre que tout ceux que l'on aimait plus tard mouraient dans d'atroces circonstances. Peut-être que cette nouvelle le détournerait de son état, et de celui de Saphir. L'espoir fait vivre. Mais au moins à présent il savait tout. Et il pouvait comprendre pourquoi Saphir était dans cet état. Une fois la scène terminée, elle cessa l'illusion, et se tourna vers son ami, pas toujours super à l'aise.

-Je sais que ce n'est pas toi, du moins pas le toi que je connais. Et je ferais tout pour que rien de cela ne se passe. Je partirai bientôt en guerre dans le futur pour cela. Juste le temps de me recentrer. C'est le genre de chose qui fait un petit choc quand on le vit, et bien entendu Saphir ne pouvait pas se protéger de toi. Elle est trop innocente pour cela. Mais c'est finit à présent. Enfin pas trop pour elle mais ça viendra. Ne t'en fais pas, moi vivante je ne laisserai personne commettre cela. Je ne sais pas ce que j'ai fichue dans le futur pour trouver le moyen de me faire tuer dans un moment pareil mais je ne referais pas deux fois la même erreur. Je sauverai Nydelia et tout ceux que nous aimons avant que le malheur ne se produise.

Ouais, super, bravo Yuli, vachement crédible de dire cela lorsqu'on a un œil entre le bleu ciel et le bleu turquoise qui est en larme et qui pleure comme une fontaine depuis qu'on a posé le pied à terre. Puis avec Saphir qui hurlait en pleure recroquevillé dans un coin, c'était vraiment la situation la plus optimale pour aller livrer une bataille aussi grave et importe, franchement pour mettre en confiance y'a pas mieux là. Rubis croisait les bras en secouant la tête et en levant les yeux au ciel. Elle poussa un long soupire en observant Saphir dans son état, tandis que Yulenka désespérément à tenter de la calmer.

Lorsqu'elle lui parla, le sang de Cocoon se glaça. Le maitre du temps ? Le futur ? Oh non... Non, non, non. Il était un peu trop au courant de tout ça, et il commençait à halluciner sérieusement de ce qu'il entendait. L'Orisha avait déjà rencontré deux fois le maitre du temps, et Nydelia avait enfoncé le couteau dans la plaie en lui parlant de la désolation du monde plus tard. Il s'imaginait déjà assez bien la scène, mais lorsque Yulenka lui projeta les images dans son propre esprit, il vit le monde, les terres dévastées, et leur échange plutôt... Tumultueux. De A à Z Yulenka avait été mal, et sa personne dans le futur avait totalement ignoré son état d'âme. Aujourd'hui, ça lui paraissait évident que la vampire était mal, et même très mal, mais dans le futur on aurait dit qu'il en avait rien à faire. Que vraiment c'était une inconnu qui lui pleurait dans les bras. Et puis son état était... Mais déplorable. Son apparence était miteuse, plein de sang, de terre, les vêtements déchirés, ses cheveux blancs maculés de globules rouges, et il ne s'était visiblement pas rasé depuis une semaine.
Il se trouvait tellement pathétique...

Mettant une main sur sa bouche pour accuser le coup, il se tourna vers son amie qui continua de parler, sans s'arrêter, en se cachant encore plus. L'Eshu était amer, très amer. Elle allait repartir ? Pourquoi ? Et puis elle l'avait vu comme ça, elle avait constaté la perte de tout le monde, elle avait eu le courage de continuer son chemin, d'en revenir et là... Elle allait repartir ? Mais pourquoi elle ? Le Maitre du Temps avait du l'influencer en lui faisant comprendre qu'ils avaient besoin d'elle et de personne d'autre.

« Je suppose que je ne peux pas venir... ? »

Il le sentait venir gros comme une maison. L'Eshu repensa au cristal maitre, à l'histoire de Nydelia, et se demanda comment il avait pu laisser mourir les deux femmes. Non, c'était même inimaginable qu'il ait été si... Con. Ouais, c'était un petit con de n'avoir pas réagit à temps. Il avait toujours sauvé sa peau à défaut des autres et là, c'était le cas, il était encore en vie, et les autres non.
A la vision, il avait sentit la peine et la solitude de la petite fille à l'intérieur redoubler. L'Orisha se rapprocha de Yulenka et utilisa légèrement sa force pour l'inciter à le regarder. Alors ses yeux dans les siens, même si elle en avait un en pleur il dit :

« Passe moi Saphir. »

S'il devait réparer ses erreurs, il fallait commencer par la plus faible. Yulenka savait déjà que ce n'était pas lui, le Cocoon qu'elle a connu, mais saphir était trop jeune, elle ne faisait pas la différence entre les deux, elle était naïve et elle s'était pris une gifle par l'Orisha. Et pour s'en remettre, même si au début elle chercherait à le fuir, il savait que ce sera dans ses bras qu'elle se calmera et qu'elle lui fera à nouveau confiance.
Alors elle pleurera surement, comme personne, mais le bronzé était prêt à la recevoir, et il voulait que toutes les trois lui fassent confiance, même Rubis qui était enragée.
La vampire était devenue une amie plus que chère à ses yeux et il était prêt à endurer les griffes et les pleurs de la petite fille, pour se faire pardonner par les trois.
Il se promit que dans le futur, jamais il ne serait comme ça, quoi qu'il arrivait.

Yulenka afficha un sourire d'une tristesse sans pareil. Elle savait qu'il mourrait d'envie de la rejoindre pour l'aider, et qu'il aurait tout fait pour elle, pour l'accompagner dans ce qui ne serait très certainement pas une partie de plaisir. Mais hélas, cette fois elle devrait se débrouiller toute seule. Elle secoua lentement la tête, le regardant d'un air qui voulait dire "merci quand même". Il avait écarté sa mèche de cheveux dévoilant l’œil larmoyant qu'elle lui cachait jusque là. Drôle de couleur si clair et joyeuse, bien que bordée de larmes. Lorsqu'il lui demanda si elle pouvait laisser la place à Saphir, Yulenka se tint la tête, cette dernière étant visiblement pas du tout d'accord avec ça. La jeune Impératrice afficha un léger sourire avant de lui répondre un peu embêtée.

-Elle n'est pas vraiment d'accord, laisse moi une petite minute....

Et pour ne pas être d'accord elle ne l'était pas du tout ! Yulenka et Rubis étaient juste à deux à lui courir après et à la trainer de force vers l'extérieur ! Comme quoi c'était petit mais ça avait de la ressource cette petite chose là ! Yulenka s'était rassise sur le banc pour l'étape de la passation qui n'allait pas être en douceur. Sa tête s'abaissa doucement tandis qu'elle fermait les yeux. Peut-être une minute ou deux se passa avant qu'elle ne relève la tête, l'air légèrement embrumée, comme si elle venait de se réveiller après une petite sieste. Mais une fois encore, on pouvait voir sur son visage que ce n'était plus Yulenka. C'était.... différent. Des traits définitivement plus doux et infiniment plus enfantins, un regard éveillé et curieux, d'un bleu cyan avec des reflets turquoises, comme l'eau des îles chaudes. Mais ce fut bientôt le tsunami sur ce regard azuréen. car en voyant Cocoon, Saphir fit un bond en arrière, manquant de se vautrer pitoyablement. Elle fondit littéralement en larmes, pleurant.... Ben comme une fillette en fait..... Et d'ailleurs elle en avait non seulement le regard et l'air, mais également les expressions, l'attitude et la voix !

-Waaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !!! Laisse moi !! Tu nous aime pas !!! Tu nous aime plus !!! J'veux plus te voiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiir !!!

Elle criait sa douleur -entre deux sanglots- en frottant ses yeux qui ne semblaient plus vouloir s'arrêter de pleurer, et elle commençait déjà à faire demi-tour avant de prendre la fuite ! Réaction puérile ? Ha mais tout à fait, et avec Saphir c'était que le début ! Rubis bouillait sur place, n'ayant d'envie que d'une chose c'était de pouvoir se dédoubler pour sortir à son tour et lui coller une raclée ! Au moins ça lui donnerait une raison de pleurer ! Yulenka soupirait. Maintenant qu'elle n'avait plus à consoler Saphir il fallait apaiser Rubis mais quelle vie ! Le corps de Saphir était secoué par ses sanglots. Une gros chagrin, mais bon pour sa défense, avec sa mentalité, enfin sa maturité et sa sensibilité, elle avait pris cher avec ce voyage dans le futur. L'avantage c'est qu'à ne pas réfléchir où elle fuyait Cocoon n'aurait pas de mal à la retrouver et à la rattraper.

Cocoon voulait vraiment que Saphir l'entende de sa bouche. Il savait comment ça faisait quand sa petite fille lui en voulait, et il y allait toujours doucement pour la calmer, avant de la réconforter. C'était toujours comme ça et il ne voyait pas pourquoi avec Saphir ce serait différent. C'était une petite fille qui avait perdu foi en lui. Il devait réparer tout ces dommages et faire comprendre à Saphir qu'il ne la quitterait jamais. Il ne les abandonnerait jamais, toutes les trois.
Lorsque Yulenka lui dit d'attendre, il n'eut pas vraiment à patienter, car ses yeux changèrent rapidement, et il lâcha prise. La petite fille hurla, le gronda, et s'en alla à l'aveuglette. Lui courant derrière il la rattrapa en deux pas et lui enserra la main pour la tenir sur place. Bien qu'elle essayait de s'enfuir en pleurant et en hurlant qu'il n'était qu'un grand méchant, lui essayait de se faire entendre en parlant calmement.
Après que la petite ait exprimé sa rage, et sa tristesse, il l'attrapa et la porta sur son bras pour que sa tête bleu soit un peu plus haute que la sienne brune.

« Saphir, Saphir écoute moi. »

Il enleva une mèche de ses cheveux collée à son visage humide, et lui dit en souriant. Bon c'était un peu une première pour Yulenka car elle découvrait son approche avec les enfants, et son air niais qu'il adoptait consciemment, pour apaiser les moeurs. Puis les filles... Il en avait l'habitude, il n'avait que ça chez lui.

« Regarde moi, je suis là, avec toi. Tu es dans mes bras, rien ne pourra t'arriver. Je ne t'abandonnerai jamais. Ce que tu as vécu était un cauchemar et la réalité est ici. Je suis la réalité, Saphir. »

L'orisha la tint sur un bras, et de sa main libre caressa sa joue, essuyant ses larmes chaudes, en essayant d'atténuer ses chouinements. C'était vrai qu'elle n'avait rien à craindre de lui actuellement et il le lui fit ressentir. Il laissa filtrer ses sentiments à outrance, pour qu'elle capte chaleur, assurance, confiance, fierté... Un bouclier, une protection qui ne la laissera jamais tomber. Que la chaleur de Cocoon l'enveloppe et la berce, sans que jamais elle ne puisse en être séparée.
L'Eshu entoura son bras autour de sa taille, et lui fit un bisou sur le front, puis sur le nez, avant de lui dire :

« Regarde mes yeux. Tu sauras que je t'aurais laissé, le jour où ils se ressembleront, c'est à dire jamais. Ma jolie Saphir, je serai toujours là pour toi. »

Plongeant sa tête dans son cou, il la chatouilla de son souffle pour qu'elle rigole à n'en plus pouvoir et s'accroche à lui. Alors il tendit les bras, prenant son amie par la taille pour la faire valdinguer dans les airs, en la rattrapant rapidement à chaque fois. Cocoon était père depuis un an, et il en avait vu assez pour s'occuper de Saphir et savoir la réconforter correctement. La reprenant contre lui il colla ses lèvres à sa joue en fermant les yeux et dit :

« Fini de pleurer ma jolie poupée ? »

Retourne sur ta balançoire petite Saphir, je serais toujours derrière toi pour te rattraper.

Saphir contre Cocoon à la course, qui qui gagne ? Nan mais cette question je vous jure, c'est tellement honteux de se la poser que ça devrait être interdis tiens ! Bien entendu l'Eshu rattrapa en deux enjambées, plus le temps d'aller à la cueillette aux fraises et aux champignons si ça lui chantait, la jeune vampire, avant de la retenir délicatement par la main. Bien entendu la petite fille dans un corps de grande réagit comme un chaton effarouché, en feulant et en faisant le gros dos. Elle se retrouva sur le bras de Cocoon, hoquetant sous les sanglots et se frottant les yeux avec ses petites mimines. Alors qu'il écartait une mèche de cheveux rebelle, Yuli et Rubis découvrirent le Cocoon tout guimauve, la version "papounet", j'ai nommé.... Le Cocoonet !!! Yuli et Rubis en restèrent bouche bée, jusqu'à ce que Rubis éclate de rire, avant de se prendre un violent coup de coude dans les côtes de la part de Yuli. C'était franchement pas le moment de faire son cake ! Saphir releva doucement la tête vers Cocon lorsqu'il lui demanda, et l'écouta. Puis elle bredouilla.

-Mais -snif- c'était comme si c'était vrai -snif- t'étais -snif, snif- tout cassé, tout froid.... Tout vide.... et -snif- tu voulais plus être chaud.... -snif-

Saphir était très jeune et très innocente, elle ne saisissait pas souvent toutes les subtilités de ce monde. Mais par contre, elle disposait d'une incroyable sensibilité qui lui permettait d'être très attentive et à l'écoute des sentiments et émotions que dégageaient les gens qu'elle aimait. Elle les percevait mieux que quiconque et la détresse incroyable dans laquelle se trouvait l'orisha en plus de son rejet avait été comme de l'alcool à 90° sur une plaie béante et sur-infectée. Cela dit, le Cocoon qu'elle connaissait et qu'elle aimait était là, et les émotions qu'il dégageait à l'instant étaient consolatrices et apaisantes. Ça c'était le Cocoon qu'elle voulait, le gentil ! Il la bisoutait, il la câlinait, il essuyait ses larmes gentiment tandis qu'elle tentait de retrouver un rythme de respiration normale. Au moins, elle avait calmé ses pleures, et sanglotait encore un peu seulement. Elle observa les yeux de l'orisha, avec sa petite bouille encore plus trop mignonne que d'habitude. Puis lorsqu'il lui dit qu'il serait toujours là pour elle, elle esquissa enfin un petit sourire avant de prendre l'Eshu dans ses bras et de lui faire un grooooooos câlin, fourrant sa tête dans le cou de son gros panda. Elle lui bredouilla alors avec ses mots à elle.

-Ne deviens jamais froid Coocoon..... Ça fait mal d'être froid....

Oui elle prononçait Cocoon en Coocoon.... Mais outre son tic de langage, elle avait dit quelque chose de beaucoup plus profond et grave avec sa petite voix. Elle avait ni plus ni moins dit que l'état dans lequel le Cocoon du futur était, cet état de mort qui survivait, elle l'avait connu.... Pour une petite fille, c'était du lourd.... Puis après le lourd vint les jeux, et l'Eshu pouvait se vanter d'en connaître un rayon et de faire mouche auprès de Yuli. Saphir se laissa aller à rire et à se détendre, se remettant de son gros chagrin. Eden qui taillait une haie vit soudainement une Impératrice de la nuit voler dans les airs en riant avant de disparaître de son champs de vision.... Pour y réapparaître et y re-disparaître.... Il décréta qu'il ne valait mieux pas chercher à comprendre, que de toute manière des choses complètement folles c'était limite le normale de cette forteresse et il retourna à son travail. Lorsque Cocoon ramena la petite fille à elle, et lui demanda si ça allait mieux, la petite fille version corps adulte acquiesça d'un petit hochement de tête avant de faire un dernier câlin à Cocoonet, et alors qu'elle avait sa tête proche de la sienne, elle lui dit doucement.

-On te sauvera Coocoon.... On te sauvera toutes les trois....

Elle lui fit un bisou sur la joue, avant de se reposer dans ses bras, pour laisser place à Yulenka. Celle-ci se tint la tête en grimaçant, Saphir ayant pleuré plus que de raison. Mais au moins, elle était apaisée, et de nouveau, elle se balançait gaiement sur sa balançoire. Yulenka semblait dans le brouillard, mais elle savourait le retour de la quiétude de ses émotions. Enfin un peu de calme, elle en poussa un soupir de soulagement. Reprenant doucement ses repères et ses esprits, elle lâcha à son panda.

-Pfiuuuuuu heureusement que c'est pas comme ça tout les jours.... Bien joué dis donc, du bon boulot. Tu m'as caché tes talents parentales.

Yulenka retrouva doucement le sol, et comme elle s'en doutait, Cocoon accusa mal le coup de ce qu'il était devenu. Quand on connaissait l'orisha, on savait très bien qu'il était capable de s'en vouloir pour des choses dont il ne pouvait rien et dont il ne contrôlait rien ! Mais c'était son panda, il était ainsi, un peu maso et adepte de l'auto-flagellation. C'est vrai que le choc avait été rude pour Yuli de l'avoir vu ainsi et de s'être fait envoyée balader comme une malpropre. Mais elle était grande -des fois-, et elle se doutait bien que la souffrance d'avoir vu périr tout ce qui lui était cher avait transformé son gros panda tout doux en carcasse zombiesque. Et si ça elle l'avait comprit toute seule, il devait quand même bien y avoir le moyen que son ami le comprenne à son tour ! Elle attrapa doucement une mais de l'Eshu avec les deux siennes, et la serra délicatement. Elle lui dit alors doucement.

-Hey.... Regardes moi dans les yeux, tu n'y es pour rien, d'accord ? Dans ce futur cauchemardesque, tu as vu tout ce dont pourquoi tu t'es toujours battu s'écrouler, tout ceux que tu aimais le plus se faire massacrer, personne ne ressort indemne de ce genre d'expérience. Qui sait comment moi j'aurais réagis si c'était moi qui t'avais vu gisant à trois mètre du sol, transpercé de cent lances....

Oui les maîtres du temps avait eu la délicatesse de lui donner quelques petits détails sur sa propre mort, étant donné qu'elle n'avait pas pu y assister d'elle même. Puis Cocoon regarda Yulenka en fronçant les sourcils, et bien qu'il était toujours très came et doux, elle avait la curieuse et désagréable impression de se faire gronder. Et elle en affichait même un petit sourire gêné avant de se rendre compte que c'était quand même idiot de réagir comme ça, il était pas entrain de l'engueuler non plus ! Cela dit elle devait quand même s'expliquer face à lui et aussi elle lui répondit.

-Disons que c'est extrêmement dur pour moi de faire ce genre de chose. Ho rassure toi tu n'y es pour rien, bien au contraire. Je ne connais aucune personne qui ne rêverait pas de t'avoir pour ami, aussi fidèle et dévoué que tu es, tu es un vraie perle rare ! Mais.... Ma propre histoire m'a poussée à ne jamais compter que sur moi même..... A toujours écarter et préserver au maximum ceux qui me sont chers.... des fois qu'un jour.... je..... je perde de nouveau raison et que..... Enfin bref, j'ai eu une vie qui m'a forcée à ne jamais parler de mes problèmes. Je ne sais pas ce que j'aurais fait seule. Mais l'instinct et les habitudes ont la vie dure. Ne me tiens pas rigueur pour cela s'il-te-plaît....

Puis lorsqu'il l'embrassa sur le front, l'effet magique s'accomplit et elle sourit automatiquement. Elle acquiesça aux propos de son gros panda avec un doux sourire aux lèvres avant de lui emboiter le pas direction la bibliothèque. Il est vrai que maintenant que Saphir était apaisée, elle pouvait bien s'accorder une petite pause avant de repartir. Car elle ne savait pas quand elle reviendrait, ni même si elle reviendrait.... Son futur n'avait jamais était plus obscur et floue qu'aujourd'hui. Un peu de légèreté, un peu d'innocence avant de retourner dans ce monde du futur mourant. C'était donc avec un certain entrain qu'elle suivait son preux chevalier, lâchant même un.

-Oui ça me ferait du bien, après tout ça j'ai bien besoin d'une petite pau.....

Ou pas ! Car à peine furent-ils rentrés dans la bibliothèque qu'il semblait qu'on avait avancé et commencé la guerre sans eux. Les livres volaient de partout et dans tout les sens, des sorts étaient balancés à droite à gauche, les étagères renversées une véritable apocalypse littéraire ! Yulenka et Cocoon en étaient restés bouche bée, Jusqu'à ce qu'une vague d'assaut livresque ne vienne percuter Cocoon, Yulenka ayant tout juste le temps de se baisser. Bon ce n'était pas l'orisha qui allait être dans le décompte des victimes des dégâts collatéraux, les livres avaient littéralement rebondis sur lui. Mais pour Yulenka, trop c'était trop ! Et usant de la voix elle ordonna.

-AAAAAAAAAASSEEEEEEEEEEEEZ !

Arrêt sur image général, les livres des deux camps ayant sentit l'irritation grandissante de la maîtresse de maison, qui les regardait d'un air sévère et courroucé, les bras croisés. S'avançant un peu plus dans la bibliothèque, elle lança des regards noirs des deux côtés avant de finalement demander.

-Je peux savoir ce qu'il se passe ici et quelle mouche vous a piqué ? Non mais vous avez vu le chambard que vous avez mis ?! Qu'est-ce qui vous prend à vous comporter comme des rustres de la sorte ?!

Cela en est assez de cette littérature moderne qui se croit toute puissante et intouchable ! Depuis son arrivée dans les étagères, il n'y plus lumière que pour elle, et les plus illustres et anciens ouvrages que nous sommes sont dès lors traités en paria, c'est inacceptable ! Avant tous nous étions là et notre savoir est toujours riche de sagesse ! Nous méritons le respect qui nous est dû !

Mais écoutez cette antiquité parler, rien qu'en une phrase elle endort tout le monde ! Faut s'y faire papy, t'es dépassé et obsolète ! Place aux jeunes, et au pilori les vieux !

SACRILÈÈÈÈÈÈÈÈÈÈÈÈGE   !!!

Retour des hostilité, et une fois encore Yuli eu tout juste le temps de s'accroupir pour éviter de se prendre une encyclopédie dans la tronche. Le sang commençait à lui bouillir, et elle déchaina de violente bourrasque de vent envoyant les livres paître dans tout les sens, et lui permettant de se relever sans risque. Et également de calmer temporairement tout les livres déchaînés. Yulenka se massait les tempes. Un conflit générationnel entre livres animés, oui tout à fait, normal quoi. Elle poussa un soupir en tentant de garder son calme et de trouver un moyen de réconcilier les deux. Elle jeta un regard à Cocoon voir s'il allait bien, et s'il n'avait pas une idée. Pour la pause c'était raté !

Quand les Cocoon parlent, les livres ferment leur gueule ! Et ouais, ça se passe comme ça chez Cocoon ! N'empêche c'était enfin devenu calme, et Yulenka n'avait plus besoin de se servir de son panda comme mur de muscles vivant. Néanmoins, en le regardant, elle se mit à réfléchir. l'Eshu avait le mérite d'imposer le respect sans user de magie.... Il pourrait bien l'aider tiens ! Et après lui avoir lâché un petit "tu m'excuseras", elle plia les jambes, et tel un petit chat, elle remua le popotin et bondit sur les épaules de l'orisha, ce qui lui permit de prendre de la hauteur. Voilà qui était beaucoup mieux, elle pouvait voir tout les livres et surveiller ceux qui commençaient à ne plus écouter. Assise sur les épaules de son ami, elle croisa les bras et déclara.

-Maintenant je veux savoir comment on en est arrivé à toute cette histoire, et on se dépêche !

Et bien tout à commencé alors que nous allions à notre rendez-vous d'entretien et réparation avec monsieur San. Nous autres livres d'un certain âge, demandons un peu plus de soin et d’égard que les autres aussi nous faisons appelle régulièrement à ses services. Mais voila nos visites fréquentes semblent indisposer ces jeunes arrivistes qui se croient tout permis ! Les injures et mauvais traitement ne leur suffisent plus, voilà qu'à présent ils empêchent mes confrères de pouvoir retrouver leur place initiale ! C'est un scandale ! On ne peut tolérer ça, c'est un autodafé en devenir !

Mais il a pas fini de se plaindre l'ancêtre ! Sérieux tous ces vieux bouquins ne servent plus à rien mis à part prendre la poussière et monopoliser le temps des autres pour les faire tenir encore debout, même pas de quoi s'en servir comme serviette de table ! Ils sont bourrés d'idées reçues, de raisonnement faux ou dépassés et en plus ils prennent de la place et ils sentent mauvais ! De vrais nid à poussière ambulant ! Qu'ils servent à quelque chose et aille au pilori on pourra refaire du neuf avec l'ancien !

SACRILÈÈÈÈÈÈÈÈÈÈGE !

-Le prochain qui parle de pilori je le laisse entre les mains de Cocoon ici présent, et il peut se montrer extrêmement patient lorsqu'il s'agit d'arracher les pages d'un livre anarchiste, c'est bien compris ?! Bon la..... jeunesse révoltée, qu'est-ce que ça peut vous faire que les anciens soient là ? C'est pas vos affaires que je sache, et ils ne vous ont rien demandé.

Les vieux livres sont souvent très très volumineux et ils prennent une place pas possible. En plus ils sont toujours entrain de radoter les mêmes choses, toujours entrain de nous critiquer et dire qu'on raconte n'importe quoi, y'en a marre ! Place aux jeunes ! Notre contenu est plus récent et plus fiable, nous sommes beaucoup plus avantageux qu'eux, il n'y a aucune raison de s'encombrer des anciens.

Yulenka ne parvint pas à réprimer un soupire. Mais franchement qu'est-ce qu'elle avait fait pour se taper une rébellion de livre en un moment pareil, genre c'était pas possible d'avoir cinq petites minutes de calme avec Cocoon, non, fallait qu'il se passe une couille à chaque fois, et là, celle-là elle était particulièrement stupide ! Elle tenta tout de même de se concentrer pour tenter de réfléchir sérieusement et calmement à la question. Les vieux avaient leurs petites habitudes, et les jeunes besoin d'espace et de bouger. Les jeunes étaient arrogants et les vieux fiers. On se motive, c'est un problème comme un autre, on ne les menaces pas de tous les enflammer s'ils se calment pas.... Quoique.... ça pourraient être tentant. Elle finit par lâcher avec un petit soupire.

-Bon, voilà ce que je propose, on va séparer la bibliothèque en deux, un espace vieux un espace jeune, le premier qui commence à dire que l'herbe est plus verte chez le voisin je le réduis en confettis, et je vais rajouter des étagères dans chaque section. Est-ce qu'il y a encore autre chose à traiter....

Erreur fatale, tout les bouquins se mirent à parler en même temps faisant des demandes de tout les genres parfois sans queue ni tête ou complètement ubuesques, enfin pour celles que Yulenka parvenait à déchiffrer. Yuli poussa un long soupire avant de croiser ses avant bras sur la tête de Cocoon et de posé sa tête par dessus. Blasée la demoiselle. Saphir tirait la tronche, elle en avait marre de ces livres, et Rubis n'attendait qu'un mot de Yulenka pour se lancer dans du découpage généralisé. Yulenka prit une profonde inspiration essayant de faire abstraction du bordel ambiant tandis que les tensions recommençaient à monter. Les vampires c'était plus simple à gérer.... D'ailleurs elle ne se gêna pas pour le dire à Cocoon.

-Tu me crois si je te dis que j'ai moins de mal à gérer mes vampires ?

Yulenka prit de la hauteur en grimpant sur les épaules de Cocoon. L'Orisha jouait toujours avec le grimoire, avant de le poser sur la table d'à côté. Et là, un récit commença. En même temps, que pouvait-on attendre des livres ? Le discours fut calme, tout le monde parla à tour de rôle (quand y a le joug de la menace qui pèse, forcément ça calme les ardeurs...), tranquillement. Jusqu'à ce qu'elle demande si des livres avaient des suggestions. Là, ce fut le vacarme total, et la vampirette s'appuya sur Cocoon, alors que celui-ci croisa les bras.

« Je vais te les régler moi tes livres. Accroche toi, ça va bouger. »

Cocoon s'avança dans la cohue et prit une bibliothèque de grimoires, pour l'emmener au centre de la pièce. De là, il colla une bibliothèque de jeunes livres, les deux dos à dos, de manière à faire un mur. Il fit pareil avec deux autres bibliothèques, et laissa les autres perpendiculaires à celles ci. Revenant au début des rayons, il frappa dans dans ses mains :

« Stop ! Maintenant on va s'organiser ! Les grimoires, parchemin et autres vieilleries complètement lubriques, à droite, vous là, les espèces de puceaux endiablés, à gauche. »

Une fois les ordres exécutés, les livres placés et tout le monde sur leurs étagères respectives, il ajouta :

« Venez me dire une seule fois, que vous voyez ou entendez l'autre côté du 'mur' ? Le premier qui fait preuve de mauvaise fois, je le crame. »

Personne ne dit rien, avant d'entendre des petits 'non', par ci par là.
Cocoon n'était pas sot. Il avait organisé chaque partie de bibliothèque presque en U, de manière à ce que les ouvrages récents ne se voient qu'entres eux, et pareil pour les ouvrages plus vieux. Les tables avaient été déplacées en conséquences bref, les déménageurs Orisha étaient là, et ils étaient au nombre de... Un.
Se frottant les mains, il attrapa Yulenka par la taille et la fit passer par dessus sa tête pour la mettre à terre. Chez les livres, une ambiance normale régnait.

« Bon, une bonne chose de faite. »

Cocoon fit demi-tour, en disant à son amie qu'il consultera les ouvrages de guerre plus tard, le temps que les choses se calment. Il était fort étrange de voir une telle guerre de clan. Sérieusement, qu'est ce qu'il pouvait arrivé de plus farfelue que ça ? Rien ! Si, un escalier malicieux.

L'Orisha voulu monter à l'étage, pour une raison inconnue -même de sa personne s'il faut mais ça, nous ne le saurons jamais- et il n'eut pas le temps de monter dix marches, que l'escalier se mit à gigoter. Voilà que le grand gaillard chatouillait le 'nez' de ce dernier, et qu'il allait éternuer. Oui ! S'accrochant à la rampe, campant sur ses pieds, il fit du rodéo un moment, avant que l’éternuement se finisse. Le lustre se balança dangereusement, et le guerrier fini de monter l'étage.

« Bon sang Yuli, c'est quoi cette baraque ? »

Yulenka commençait à désespérer. Ces bouquins étaient infernaux quand ils s'y mettaient. Peut-être que si elle avait menacé de tous les réduire en cendre à coup de feu sombre, ça aurait marché.... Elle devrait essayer la prochaine fois tiens. Vint ensuite Super Cocoon, le déménageur de l'extrême ! En moins de dix minutes, il vous réarrange toute une bibliothèque, avec les bouquins dépoussiérés, classés par ordre alphabétique, de grandeur, de couleur, et par date de parution, s'il-vous-plaît ! Et ce sans qu'il y en ai un seul qui râle, ô joie ô miracle ! Il faut dire que les livres ne sont pas spécialement suicidaires non plus et que son gros panda était tout à fait explicite quand au taux de menace que sa colère pouvait représenter. Deux mètres de muscles en colère, ça fait réfléchir. Et en plus Yulenka s'était bien amusée du spectacle du haut de son perchoir de luxe ! Son fidèle preux chevalier servant la fit donc doucement descendre de dessus lui, tandis qu'elle affichait un franc sourire avant de lui répondre.

-Oui, merci pour tout ! Sans toi je ne suis pas sûr d'avoir pu garder mon calme jusqu'au bout et ça aurait finit en incendie cette affaire.

Puis vint le spectacle de rodéo improvisé sur escalier enrhumé. Yulenka observa son ami être projeté dans tous les sens dans les airs avec de grands yeux ronds et la bouche ouverte. Il tenait bon le bougre ! Et l'escalier avait une sacré crise d'éternuement ! En même temps lorsque Cocoon avait déménagé les meubles, il avait du en secouer de la poussière, pas étonnant que lorsqu'il avait posé le pied sur l'escalier, celui-ci se soit mit à éternuer. Mais on ne se débarrasse pas de Monseigneur son Illustrissime Sainteté Cocoon comme ça ! Non Monsieur ! Et contre vents et marées, et escalier éternuant, son fidèle serviteur avait réussi sa périlleuse ascension de l'escalier tourmenteur ! AHAAAA ! Et alors qu'il était enfin parvenu en haut sans dégât, et qu'il questionna la jeune impératrice sur ce que signifiait tout ce cirque, celle-ci éclata de rire avant de monter, comme une fleur, le rejoindre. une fois à ses côté elle lui répondit.

-Allons tu ne vas pas me dire que tu n'avais pas remarqué qu'absolument tout dans cette forteresse était vivant non ? Les escaliers, les murs, les tapis, les lustres, le mobilier, les portes, tout ! Mais cela dit, belle prestation mon gros panda !

Mais alors qu'elle lui adressait un sourire radieux et amusé, un homme apparut brusquement juste derrière elle. Il avait un air grave sur le visage et il vint poser ses mains sur les épaules de la jeune fille. Il semblait si grand par rapport à elle. Il observa distraitement Cocoon avant de reporter son attention sur la jeune fille qui avait immédiatement arrêté de sourire en ayant vu son visage. Yulenka était devenu grave, et la pression était montée d'un coup pour elle. Il n'était visiblement plus question de rire ou de s'amuser, mais des projets d'une envergure à peine concevable venaient de la rattraper en quelques secondes. La pause avait été de courte durée, tout juste de quoi lui laisser le temps de calmer Saphir pourrait-on dire. Et les quelques mots que lâcha l'homme qui avait toujours ses mains sur ses épaules -sait-on jamais des fois qu'elle disparaisse-, semblait encore plus lourd de sens.

Mademoiselle..... Je suis navré de vous interrompre.... Mais il est l'heure.

Cocoon avait fait une prestation de qualité à Yulenka. Un Rodéo hors pair, campé sur ses deux jambes, alors que l'escalier faisait sa vie. Une fois en haut et son indignation passé, il leva les yeux aux ciel en voyant comment la vampire était arrivé sur lui, doucement, sans encombre. Chouette alors... Les escaliers en avaient contre lui ? Mais la vampire le rassura : ici, tout était vivant. Bon il fallait dire qu'il le savait, mais qu'il était dans le dénie le plus total en même temps. Car meme lui demandait aux murs de se pousser lorsqu'il avait besoin de place et d'espace !

Riant avec elle, il sentit quelque chose d'anormal arriver. Prenant la main de son amie, il n'eut pas le temps de l'attirer à lui qu'un type apparu derrière elle, et posa une main sur son épaule, comme si elle était à lui. En voyant le type, son cerveau lui envoya un flash-back. D'abord le visage d'un homme, projeté dans le ciel, demandant de l'aide à qui voulait bien venir jusqu'à lui dans le désert, puis d'un autre, plus menu, mais identique, qu'il fallait aider aussi. Là, certaines paroles de Nydelia lui revinrent et surtout, celles de Yulenka, dans l'après midi. Sur le plan astral il sentit Saphir se glacer et, automatiquement, il passa un bras atour de la taille de Yulenka, avant de s'immiscer dans son esprit via le lien, et envahir le plan astral pour envelopper Saphir de son étreinte.
Et puis le maitre du temps parla. Il était temps pour elle de partir. Cocoon s'interposa :

« Pourquoi ne puis-je pas l'accompagner ? Savez-vous seulement ce qu'elle a vécu là-bas ? »

Le maitre du temps leva les yeux vers lui. Son regard était dénué de toute émotion, et il mit du temps à ouvrir la bouche.

« Eshu, ceci est son destin, et non le vôtre. Elle a répondu à l'appel, et nous l'avons entendu. Laissez là partir, elle doit finir ce qu'elle a commencé. »

Le type était plein de charisme, d'assurance, de froideur. Alors l'Eshu se dressa. Il était admiratif de ce détachement sentimental mais en même temps il avait peur pour les filles. Oui, elles étaient trois, n'oublions pas. Alors il croisa les bras, et se dressa en rempart devant Yulenka. Seulement, la vampirette savait qu'elle devait y allait. Le grand bronzé la sentit dans son dos, et après avoir fusillé du regard le Maitre impassible, il s'écarta doucement pour qu'elle puisse passer. Seulement à ce moment là, il se tourna vers elle et prit sa tête entre ses mains, laissant glisser une d'elle sur son cou :

« Dis moi que ça va bien se passer. Si tu me vois, met moi une bonne paire de gifle, lapide moi, enterre moi, bref... Je n'aurai jamais du survivre. »

Il embrassa son front, et les lèvres effleurant sa peau glaciale il dit :

« Faite attention à vous les filles, et rassure Saphir. Dis lui que c'est un cauchemar. »

Alors il descendit ses lèvres sur sa joue, embrassant son petit visage de poupée, avant d'en déposer un dernier dans son cou. Non, il ne voulait pas la lâcher.

« Je serai là à ton retour. »

Ouais, il l'attendrait de pied ferme.
Une fois qu'elle fut partie, Cocoon demanda à boire à Lyzzie et s'enferma dans la bibliothèque.