« Maman? Il est parti où monsieur Zéleph? ». Faust vint s'asseoir sur le rocher où sa mère avait l'habitude de se tenir depuis quelques semaines, le regard planté vers l'horizon, mangeant parfois du gâteau au chocolat, comme maintenant. Le petit garçon ne comprenait pas tout : déjà, comment est ce qu'un tel paysage pouvait exister dans un temple, ensuite pourquoi sa maman ne grossissait pas, enfin, pourquoi il n'avait pas encore vu le réprouvé qu'il admirait tant alors que Seth et Lonathas lui avaient dit qu'il était ici. Et puis, Seth venait de lui dire que le seigneur des deux rives n'étaient plus là depuis des jours maintenant et il avait été embrouillé. Il était là ou il n'était pas là? Et s'il n'était plus là, il était où? Alors, le petit garçon avait fini par partir en quête de réponses, allant trouver sa mère qui avait l'air triste. Pourtant, elle lui sourit. Elle était triste ou pas? On souriait lorsque l'on était triste? Faust ne savait plus trop et il ne sentit pas l'hésitation de la déesse juste avant qu'elle lui réponde. « Il va être absent un petit moment parce qu'il a beaucoup de travail. ». « Mais il va revenir quand? ». « Je ne sais pas mon chéri. ». Le déchu fit la moue. « Il ne m'aime plus? ». Elle l'attrapa, l'attirant à elle, le nichant à creux de ses bras. « Ne dis pas ça, il t'aime à la folie, n'en doute pas. Seulement, il est très occupé. Tu sais, il était souvent là avant parce qu'il était en vacances, mais être roi ça demande beaucoup de temps. Mais je t'assure qu'il préférerait jouer avec toi plutôt que de faire ce qu'il fait en ce moment. ». « C'est vrai? ». « Oui. ». Elle lui sourit : « Tu veux une part de gâteau? ».« Oh oui alors! ». Il se dégagea alors d'elle, regardant son ventre perplexe. « Ben... elle est où Erza? Tu sais maman, t'as le droit d'être grosse puisque t'es enceinte! En plus, moi j'aime bien! ». « C'est vrai ça? ». « Oui!! ». La jeune femme changea alors d'apparence, laissant à Faust le plaisir de contempler sa petite sœur. Se jetant sur son ventre tout en étant délicat, il plaqua son oreille au gros ventre de sa mère, essayant de capter les mouvements du bébé. « Oh je la sens! Elle bouge beaucoup! Elle fait des cascades maman!! ». Mitsuko sourit, le vent venant sécher l'humidité tout à coup présente dans ses yeux. Elle était tellement partagée, partagée entre ne plus jamais chercher à voir Zéleph et sortir d'ici pour lui rafraîchir la mémoire dès qu'elle le pourrait. Mais elle respectait son choix alors elle ne le rejoindrait pas. Et, finalement, elle commença à comprendre ce qu'avait dû ressentir le Mârid. C'était un choix qu'elle avait fait. Seulement, il y avait une différence. Zéleph avait voulu l'exclure pour arrêter de souffrir, pour tout un tas de raisons qui lui étaient personnelles et qui traduisait un abandon. Elle, n'avait en aucun cas voulu abandonner Naram, elle avait choisi de l'oublier parce qu'elle pensait que rien ne changerait, qu'ils ne se reverraient pas avant que sa mémoire ne lui revienne. Elle ne savait pas ce qu'avait été leur relation mais elle était sûre d'une chose : elle n'avait pas cherché à l'abandonner. Enfin, peu importait, elle ne le portait plus dans son cœur, cet homme irritant qui avait l'air de très bien savoir composer sans elle. Au final, cette situation n'était qu'un juste retour des choses. « Elle naîtra quand? Hum? ». La voix de Faust la ramena sur terre, son regard interrogateur tourné vers elle alors qu'il avait encore la bouche pleine de gâteau. « Je ne sais pas, quand elle voudra. ». Le petit garçon se tourna de nouveau vers le gros ventre, parlant au fœtus. « Erza! Viens vite! Y a du gâteau au chocolat ici!! ». La déesse sourit, passant l'une de ses mains sur la tête blonde de son fils. Elle ne pouvait pas lui dire que Zéleph avait choisi de l'oublier et, sans doute, avec elle, tout le reste. Il le prendrait mal, comme un second abandon. Il y avait tellement de raisons qui la poussait à secouer son titan de mari pour que ses neurones se connectent de nouveau entre eux, mais elle n'en avait pas le droit. S'ils se rencontraient de nouveau, elle ne pourrait pas aller vers lui et lui dire qu'elle était sa femme. Il en rigolerait. Et, en attendant, il allait surement reprendre ses vieilles habitudes : les femmes, l'alcool. Comment pourrait-elle lui pardonner?

Je ne savais même pas pourquoi mes pas m'avaient conduit à gravir cet immense escalier, à plonger dans une fontaine. J'avais fait cela tel un automate, ne comprenant absolument pas quelle force me tirait ici. Et lorsqu'une porte s'était ouverte seule, me donnant accès à un immense rocher, montant vers le ciel, je me mis à avancer, le gravissant pour me retrouver soudain face à une femme et un enfant, de dos. Ce fut elle la première à tourner son visage vers moi et, à ce moment précis, je ne vis plus qu'elle. Elle avait détrôné le soleil, détrôné les nuages, détrôné l'océan. Les traits de son visage si parfaits, cette lueur triste brillant dans ses yeux, des larmes non encore nées qui sublimaient sa beauté. J'avais l'impression d'être sous le coup d'un enchantement, comme si l'on avait versé un philtre d'amour dans le vin que j'avais bu le midi. Je m'avançai alors vers elle, m'agenouillant en faisant de grand geste. « Ma Dame, votre beauté est une apogée. Je m'appelle Kyoshiro et j'en perds mes mots. Veuillez m'accorder la grâce de rester à vos côtés pour l'éternité. Je vous servirai et votre magnificence je sublimerai, à jamais! ». Je tendis mes mains vers elle, des pétales de roses blanches en surgissant « Votre parfum est si envoûtant et aucune rose de ma création ne pourrait jamais égaler cette odeur enivrante! ».

Mitsuko ouvrit des yeux ronds, prise totalement au dépourvu par cet homme qu'elle jugea tout de suite totalement fou. Son mari la fuyait et voilà qu'elle se retrouvait dotée de ce qui semblait être un pot de colle. Faust s'interposa, tendant ses bras comme pour protéger sa mère. « T'es qui toi? Laisse maman tranquille, c'est une femme mariée! Zéleph va te casser la figure d'abord! ». Oui, en théorie.

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