Mitsuko sourit. Elle parlait beaucoup plus que l'homme mais ça ne la dérangeait pas. Aussi, lorsqu'elle vit Neros entrer de nouveau dans la pièce, elle le regarda, comme si elle se désintéressait totalement du seigneur des deux rives. Pourtant son petit « Tu ne réalises même pas » l'avait fait rire. Finalement, ils ne s'entendaient pas si mal que cela. Enfin, ce n'était pas réellement exact, disons qu'ils avaient tous les deux une passion commune pour tenir tête à l'autre. Et puis, l'Aether avait toujours trouvé l'utilisation des sous entendus très utiles, de même que les phrases formulées d'une manière telle qu'on ne puisse pas être tout à fait sûr de leurs significations. Zéleph était un adversaire de taille et plus elle passait de temps avec lui, plus elle avait envi de prendre des risques. Peut-être était-elle comme ces individus qui ne pouvaient s'empêcher de miser un peu plus chaque fois qu'ils revenaient au casino. Seulement, la différence était la suivante : elle n'avait rien à perdre.
Contemplant son fils, elle rit lorsqu'il déclara ne plus vouloir fumer. Tant mieux. Cependant, lorsqu'il demanda à Zéleph s'il pouvait travailler pour lui, elle n'eut tout d'abord aucune réaction. N'importe qui aurait pu s'étouffer sur place mais, finalement, après un petit moment, elle sourit, donnant son approbation. La seule chose qui lui déplaisait était surtout le risque qu'il se rapproche un peu trop du roi. Oh bien sûr elle n'avait pas peur que son entreprise soit découverte mais ce n'était pas réellement une bonne chose que le père et le fils lient des relations d'amitié. Bien sûr, d'un côté, la jeune femme se disait que cela serait sans doute profitable à Neros d'avoir une autre figure masculine dans sa vie que celle de Seth ou celles de ses frères, mais d'un autre côté, elle craignait que la situation devienne hors de contrôle. Après tout, Zéleph était beau, charismatique, puissant et si son fils le prenait pour modèle, elle risquait d'avoir quelques difficultés avec lui. La jeune femme coupa néanmoins court à la discussion :
« En tout cas, avant de travailler ici, il va falloir que tu deviennes plus puissant et que tu découvres encore bien des choses. »
Mitsuko regarda le roi, lui souriant, son regard semblant exprimer à la fois un refus et une acceptation comme si elle était partagée. Elle le regardait d'une manière troublante puis finit par regarder de nouveau Neros, lui souriant tendrement :
« Enfin, il te faudra gagner ta vie donc je suppose que c'est un travail comme un autre. »
Après tout, la jeune femme avait comme principe que les fils qui souhaitaient quitter le manoir devaient se débrouiller. Elle était là en cas de difficulté, mais elle n'avait pas l'intention de les laisser flirter avec la débauche et en plus de leur fournir les biens nécessaires pour l'alimenter.
« Bien, nous allons y aller à présent. »
Faisant signe à Neros de sortir, elle attendit qu'il est le dos tourné pour se rapprocher de Zéleph sans doute un peu plus que d'habitude. Ses yeux semblaient étinceler alors qu'elle le regardait, lui murmurant doucement : « N'oublies pas ce dont nous avons parlé... ». Puis, elle posa l'une de ses mains sur la joue du réprouvé, se mettant sur la pointe des pieds pour lui déposer un petit baiser juste au coin des lèvres, un simple effleurement, le genre de contact dont on a du mal à savoir si oui ou non il a bien eu lieu. Puis, riant de sa bêtise, elle lui tourna le dos et s'en alla sans un mot de plus. A lui de prendre ceci comme il le voudrait. Posant une main dans le dos de son fils, elle le guida jusqu'à Solarion, montant de nouveau sur le dos de la bête qui s'envola.
« Nous allons rentrer au manoir à présent, mais ne t'inquiètes pas, tu auras tout le loisir d'en sortir dès demain puisque je pense que tu es assez puissant et mature à présent pour pouvoir te débrouiller seul. »
Le trajet ne dura que quelques minutes, le Circus Brothel étant proche de l'antre des damnés. Une fois au manoir Seth apparut dans l'embrasure de la porte, les regardant d'un air neutre. Mitsuko lui sourit puis lui indiqua :
« Neros peut sortir à présent. »
La nuit était tombée, aussi, la jeune femme se tourna vers le réprouvé, l'embrassant sur le front avant de lui murmurer :
« J'espère que nous aurons bientôt une autre occasion de nous voir. Reviens ici de temps en temps pour me donner des nouvelles... »
Puis, n'attendant pas la réponse, elle disparut par l'embrasure de la porte, montant dans ses appartements.
