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 L'Homme né de nature et de mort. [Lily-Lune]

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Ven 19 Oct 2012, 18:17

    Il existait une ancienne légende à laquelle Jillian tenait beaucoup pour une raison que j'ignorais jusqu'à lors. Cette légende serait bien trop longue pour que je puisse la raconter sans que vous ne lâchiez au bout des quelques lignes, mais nous retiendrons que celle-ci symbolise l'étrange lien qui unissait la mort et nature dans leur manière d'avoir créée, ou tout du moins aidée, à l'équilibre de ce monde. Cette nature qui insuffle la vie et cette mort qui la reprend pour que tout homme n'ait d'autres choix que d'en jouir. Cette légende, vous me direz, porte bien sa connotation de mythe. Mais comme me le rappelle Jillian, si la forme du mythe est contestable, son fond est quant à lui, toujours vrai.

    J'étais un errant parmi les errants, un vulgaire vagabond qu'un tissu brunâtre protégeait du froid automnal, un homme que l'on ne remarquait pas, individu d'une masse innombrable, dans les rues d'un Stenfeck qui m'était des plus inconnus. Jillian demeurait silencieux depuis des heures déjà, ce silence ne me plaisait pas, je voyais bien plus qu'il ne voulait pas parler, juste qu'on le laisse tranquille, en proie aux souvenirs, je le ressentais. M'arrêtant devant un immense chêne au centre de la ville que les villageois ne remarquaient plus, je restais là à le contempler, bien que je n'avais aucun goût particulier pour la contemplation, surtout celle de la nature, mais je sentais que Jillian, lui en avait l'envie sans qu'il me l'ordonne alors je préférais lui faire ce plaisir, après tout la connexion qui unissait nos esprits devenait chaque jour de plus en plus forte, de plus en plus belle.

    - Gabriel, j'aimerais te demander une chose. Je sais que nous devions faire route vers le nord mais j'aimerais que nous fassions, un détour. Me le permets-tu ?

    Bien entendu, je sentais Jillian bien trop contrarié pour lui refuser. C'est parmi cette foule innombrable que nous faisions immédiatement demi-tour, ce "nous" dans un seul et même corps, notre volonté devait demeurer unanime, le désaccord entre nos opinions n'était pas permis, sinon nous serions faibles. A vrai dire, je fus plutôt content de ce détour auquel Jillian semblait tant tenir, tout ce bruit, ces mouvements de colère ou de joie sur les marchés, je ne savais si c'était à cause de l'humeur étrange de Jillian, mais j'avais besoin de calme en ce jour.

    Nous arrivâmes rapidement à une petite clairière fort sympathique, puis à une forêt qui n'en finissait plus. Je soupirais parfois mais Jillian ne répondait pas, il voulait que l'on avance toujours tout droit, prenant un tournant à une branche enracinée qui nous empêchait de passer ou à un point d'eau dont il se rappelait, mais pour moi, on avançait toujours droit. L'esprit de la mort déchu me confirma qu'on arrivait bientôt mais je ne pouvais trop y consentir, je ne voyais aucune habitation à l'horizon.

    Je crus presque traiter Jillian de vieux gâteux lorsqu'il me cloua le bec à l'instant où nous passâmes une sorte d'immense bulle invisible qui fit bourdonner mes tympans, comme si nous avions plongé sous l'eau. Ce fut un bruit sourd et soudain puis à nouveau, un air respirable, ceci ne dura qu'une fraction de seconde. Alors, un village se dessina, un village plutôt pittoresque mais agréable, respirant une architecture plutôt meridionale où les couleurs chaudes se mêlaient aux emprunts de nature qui envahissaient les murs et les toitures tout en laissant de belles façades blanches et immaculées. C'était plutôt joli mais je me demandais où Jillian nous avait emmené. Empruntant la route principale, nous arrivâmes vite au forum de la ville où résidaient ces étranges et stricto femmes. C'était étrange en soit que je ne vis que des femmes aller et venir à travers les rues, toutes s'appelant par leur nom, se racontant on ne savait quoi avec des sourires en coin. Et tout aussi étrangement, lorsque je passais à côté d'elles, c'était plutôt l'ascenseur émotionnel. Certaines me faisaient de petits clins d'oeil aguicheurs qui me fissent rougir alors que d'autres semblaient bien plus méfiantes, certaines baissant immédiatement les yeux, d'autres me jetant d'assassins regards qui me firent alors détourner sans redemander une autre leçon, mon propre regard, comme si j'avais commis une impolitesse que j'ignorais mais que j'acceptais in facto.

    - Cesse d'avoir peur, ce peuple n'est pas violent, ces demoiselles n'aiment juste pas les étrangers à la masse musculaire trop importante. On vient régulièrement ici pour assouvir plus que pour se balader.

    - Attends, ce sont des orines ? J'en ai entendu parler une fois. Fis-je en tournant la tête brusquement pour observer avec plus d’attention l'une d'elle qui était, tout à fait à mon goût. Jillian pris partiellement le contrôle de mon bras pour me mettre une claque derrière les oreilles et saisir me menton pour le remettre vers notre direction. Si quelqu'un me voyait, j'aurais eu l'air d'un fou.

    - Exactement, Gabriel. Je savais que tu n'en avais jamais rencontré. C'est une peuple magnifique, on le connait trop peu, on ne le connait en réalité que pour sa capacité à servir de prostituée à des hommes qui ne savent pas quoi faire d'autres d'une femme. Tout est dans l'éducation, aussi bien la leur que celle des hommes. Parfois, le destin a besoin de peu pour être meilleur. Lorsqu'elles comprendront que nous ne sommes pas venus pour chercher une servante, elles nous laisseront tranquilles.

    - C'est horrible. Enfin comprends-moi. Ces femmes dès la naissance sont toutes destinées à assouvir les besoin d'un inconnu qui peut-être aussi malsain que violent ?

    - C'est en effet l'effet pervers du principe mais n'en fait pas une généralité, certaines orines sont très heureuses ainsi. Elles ne conçoivent simplement pas le bonheur comme toi ou moi. Il faut respecter leur culture comme elles respectent la nôtre.

    Je m'en voulais presque un peu d'avoir agît si puérilement mais après tout, cette femme était vraiment très belle et je crus même qu'elle me rendit mon sourire. Mais après que Jillian me fit bien remarquer que nous n'étions pas venu pour ça, nous continuions notre route vers un endroit bien plus isolé, sans lui, je ne l'aurais jamais trouvé par moi-même, tout comme le village à vrai dire. Je me perdais dans mes pensées lorsque mes jambes s'arrêtèrent nets. Devant, un cerisier. Toute cette route, pour ça ? Cette fois, Jillian avait totalement pété son câble. Nous n'étions pas si pressé dans notre aventure qui nous liait mais tout de même, marcher depuis une demi-journée pour des branches et des fleurs, merci, mais non-merci.

    - Cesse d'être aussi terre-à-terre Gabriel. j'oubliais presque que nos esprits étaient si liés que lorsque je pensais, il écoutait.

    - Bien. Non mais je te laisse le bénéfice du doute. Un cerisier. Je ne sens plus mes jambes écorchées par les ronces et les branches qui nous fouettent depuis des heures, pour, je le répète c'est important, un cerisier.

    - Ce n'est pas qu'un cerisier, Gabriel, comme tu peux être idiot fini des fois. La nature a, comme la mort, un esprit, elle s'incarne partout et nul part à la fois. Elle peut prendre des formes infinies. Comme celle d'un simple cerisier. La nature protège parfois ses enfants les plus forts et les plus faibles. Elle n'aurait d'ailleurs put faire meilleur choix que de choisir de venir s'embellir parmi les orines.

    - Excuse-moi. J'ai simplement besoin d'un peu de repos. C'est donc elle que tu es venu voir ? Tu savais que ce serait ici que tu pourrais lui parler.

    - Lui parler ? Ah ah, mon cher Gabriel, tu es un homme intelligent, aux mille qualités, mais je vois ici toute la preuve de ta jeunesse d'esprit, il te reste encore beaucoup à apprendre sur ce monde et ses rouages. Tu crois vraiment qu'il faille discuter ? Penses-tu que la nature puisse nous répondre ?

    - Une prière ?

    - Voilà, là c'est déjà plus mûr de ta part. Agenouille-toi, ferme les yeux, pose tes mains au sol, bien à plat surtout. Respire avec douceur mais profondément, reste calme.

    - Tu ne veux pas prendre ma place Jillian ? mais je m’exécutais tout de même.

    - Non, je veux que ce soit toi qui ressente la teneur des émotions qui nous procurent ce que tu peux appeler, toi, une discussion. Quant à moi, nous ne sommes qu'un, ce que tu fais, même si je ne le contrôle pas, je l'exécute en même temps que toi.

    Jillian était un homme empli de sagesse. Je le savais, je ne pouvais le remettre en question. J'étais quant à moi un ange plutôt jeune, enfin à vrai dire, je n'en savais strictement rien vu que toute ma vie passée avant de devenir ange n'était plus qu'un souvenir oublié mais en tout cas, je me sentais encore jeune et vif d'esprit, rien d'autre ne contait.

    Je restais ainsi là, pendant sûrement une ou deux heures, peut-être plus, je ne sentais que la chaleur des rayons du soleil se déplacer sur mon corps au fur et à mesure du temps. Je n'avais, heureusement, ni soif, ni faim pour le moment, mes muscles omis ceux des bras, se reposaient, ainsi à genoux. C'était inconfortable sans l'être. Mais au fil de ma prière silencieuse, car pour Jillian une vraie prière est celle qu'on ne gâche pas par des mots mal employés, je sentais une seconde chaleur monter, une chaleur dont le soleil était étranger. Une chaleur d'abord faiblarde, puis s'intensifiant, m'obligeant presque à sourire, mes lèvres tressaillaient et pourtant une larme, une perle simple et unique, navigua sur les rigueurs de ma joue cicatrisée sans que je ne lui ordonne. Et sans qu'il me le dise, je savais que c'était Jillian. Lui qui était strictement incapable de ressentir la moindre émotion, j'étais face à l’incompréhension. Ce serait sûrement la première et la dernière fois.

    Il avait donc discuté avec elle. Avec la nature qu'il semblait connaître, une nature personnifiée avec des sentiments et une volonté propre. Cela me dépassait un peu mais je faisais confiance à Jillian qui, m'avait-il, avait fait parti du rouage de ce monde fut un certain temps, alors il savait ce qui était vrai et ce qui ne l'était pas, ou plus. Un vent violent me fit frissonner et je sus alors que je pouvais me relever, c'était presque instinctif.

    - Alors, qu'est ce que vous vous êtes dits ? reprenais-je en pointant un certain rire au doigt du moqueur sans lui emprunter ses bassesses.

    - Nous n'avons pas employé de mots, tu ne pourrais pas comprendre. C'est au delà de la parole humaine. C'est une question de ressentiments, de température, tout ici a un sens.

    - En tout cas, je comprends maintenant, l’inutilité des mots dans de telles situations. Aucun vocabulaire n'aurait été suffisant pour comprendre et être compris.

    - Te voilà déjà plus sage. Assis-toi ici, il va faire nuit, repose toi un peu, nous irons ensuite manger et trouverons une chambre pour passer la nuit. Enfin s'il y a bien une auberge dans les environs.
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Sam 20 Oct 2012, 02:04

    Irritée quoique légèrement intriguée, Lily-Lune releva la tête. Pensive, elle contempla quelques instants à peine les couleurs chaudes et soutenues des paysages automnales à travers la grande fenêtre de son salon, avant de se replonger avec ardeur dans l'ouvrage qu'elle tenait entre ses mains et dont elle comptait achever les dernières pages dans les minutes à venir. Pourtant, elle se montrait plus évasive dans sa lecture, ses pensées tournées vers ses sentiments et non les mots qu'elle parcourait des yeux. Pendant de longues secondes, d'étranges murmures avaient raisonné dans son esprit, frénétiquement, comme plusieurs voix qui s'entremêlaient sans cesse et de façon incompréhensible. Elle savait que même s'il n'y avait eu d'une seule voix, elle n'en aurait pas tirer le moindre mot : elle reconnaîtrait les chuchotis et plaintes de la Nature entre tout autre son. Depuis qu'elle était devenue la Vénus, un curieux lien s'était tissé entre elle et Dame Nature, avec qui elle pouvait converser quand bon lui semblait aisément au moyen du Grand Cerisier. Mais même sans ce dernier, elle ressentait souvent les joies et mécontentement des alentours, et elle hésitait tellement souvent à y prêter plus d'attention … Après tout, n'était-ce pas la moindre des choses que d'être à l'écoute de sa plus fidèle protectrice ? Quelque peu hésitante, elle finit par refermer doucement l'épaisse couverture sombre et poussiéreuse du vieux livre qu'elle posa sur la table basse, toujours agacée par cette situation. Elle avait soudainement l'envie irrépressible de faire un tour dehors, dans son jardin, près de son Cerisier, de profiter de l'air pur et frais de Maëlith. Interprétant ce désir tout droit venu des limbes comme un message, elle ne prit qu'une instant pour vérifier son apparence dans le grand miroir longeait tout un pan de mur avant de s'éclipser rapidement de son manoir.

    A peine fut-elle sortie de sa demeure qu'un mal peu commun s'empara d'elle, comme si quelqu'un de bien plus massif qu'elle lui avait assener avec violence un énorme coup dans le ventre, tandis qu'un autre tentait de lui comprimer le crâne. Vacillante, elle posa faiblement une main sur l'embrasure de la porte pour soutenir son corps qu'elle sentait d'un coup si faible, tandis que son autre bras hésitait entre sa tête et son ventre. Elle ne tarda pas à s'effondrer sur son propre pavillon dans un bruissement de tissu vaporeux, écorchant au passage ses mains blanches des épines des rosiers qui grimpaient le long de la façade. Paupières closes, le souffle court, elle prit quelques instants à retrouver une respiration normal et à calmer les battements affolés de son cœur. Elle était certaine que tout cela n'avait rien à voir avec son état physique personnelle. Davantage inquiète, elle se releva avec précaution non sans sa grâce habituelle. Toujours élégante, dans la maladie comme dans la santé, dans la richesse comme dans la pauvreté, pour le meilleur et pour le pire. Quitte à choisir, elle préférait se marier définitivement à ses idéaux, ses qualités et défauts quels qu'ils soient plutôt que de succomber aux pseudo-charmes d'un homme surement volage, ignorant le sens du mot « fidélité» et surtout celui de l'amour.

    Elle prit la peine de parcourir le village, saluant comme toujours les jeunes femmes et fillettes qu'elle croisait. Et en cette heure avancée de l'après-midi, les rues étaient bondés de demoiselles aussi belles les unes que les autres. « Ma Dame !» La voix gaie et ravie de Thalie résonna de bien loi, Lily-Lune put voir la jeune Muse courir jusqu'à elle de l'autre bout de la place centrale de Maëlith. Souriante, elle s'arrêta à quelques centimètres à peine de sa souveraine qui demeurait immobile et impassible. « Qui y-a-t-il, encore?» - « C'est une nouvelle robe? Elle est magnifique ! Elle vous va à merveille ! Vous l'avez terminé quand?» Dans un soupire, elle répondit déjà exaspérée : « Cette nuit, je n'arrivais pas à dormir. Viens en aux faits, avais-tu quelque chose de particulier à me dire? Je suis assez pressée... » - « Quelque chose vous tracasse ?» - « Juste un mauvais pressentiment» - « Oh ? Et bien en tout cas, je devais vous prévenir qu'un homme a été aperçut dans le village!» - « Caleb?» - « Non non, un étranger.» - « Pardon? Et vous ne m'avez pas prévenu plus tôt?» - « Il n'a pas l'air méchant!» - « On ne connait pas ses intentions. Ou est-il?» - « Je ne sais pas vraiment, il se promène !» - « Thalie..» Lily-Lune secoua la tête, une expression désespérée sur ses traits angéliques. Elle gratifia la muse d'un petit sourire avant de tourner les talons. Après tout, elle avait bien une petite idée de l'endroit où elle devrait commencer ses recherches.

    Lily-Lune repartit à vive allure dans la direction de son manoir, sans pour autant s'y arrêter. Elle continua son chemin, s'aventurant dans des lieux encore plus féeriques et naturels jusqu'à aperçevoir de loin l'immense Cerisier constamment en fleur qui dominait les environs. Toujours aussi splendide. Elle entrevit aussi une silhouette massive d'homme, l'étranger à n'en pas douter. La jeune femme se raidit face à ce colosse. Elle avait beau être plutôt grande pour une femme, elle n'en demeurait pas moins chétive, frêle et fluette. Elle n'avait qu'à espérer que cet inconnu ne soit pas dans les parages pour une quelconque obscur raison, il n'y avait rien de pire qu'un ennemi dont on ignorait tout. Elle s'approcha silencieusement de l'homme dans la quiétude presque religieuse du lieu sacré, et finit par murmurer de sa voix suave et douce : « Bonjour. Bienvenue à Maëlith.» Prudente, si elle abordait un visage ouvert au sourire poli, elle restait en retrait face à son mystérieux interlocuteur. « Au risque de paraître arrogante, Monsieur, pourrais-je savoir ce que fait un homme dans ce village protégé en ce début de soirée? Excusez cette impertinence, mais pour une race comme la mienne, nous ne devons de prendre toutes les précautions.» Elle finit par s'approcher du Cerisier, tournant le dos au jeune homme sans vraiment éprouver de craintes, puisqu'après tout, il faudrait être sot pour s'en prendre à elle ici. Elle effleura du bout de doigt l'écorce légèrement scintillante de l'arbre, puis ajouta: « Et surtout, que faites vous en ces lieux, précisément?» Elle fronça délicatement ses petits sourcils, tournant la tête vers l'homme. Un vent frais se leva pour balayer doucement la nuque de l'Orine. Visiblement, Dame Nature poussait Lily a faire preuve d'un peu plus d'hospitalité. « Voulez-vous boire une tasse de thé chez moi? Vous serez toujours mieux que dehors, car je crains que vous n'ayez guère d'option, je n'en ai que très peu à vous proposer.» N'étaient-elles pas évidentes? Partez, dormez dehors, suivez moi ou débrouillez vous.
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Mar 30 Oct 2012, 14:08

    Spoiler:

    Alors que je pensais enfin pouvoir me reposer un peu au calme, une jeune femme vint nous accueillir. Si Jillian jusqu'à lors n'avait pas désiré prendre le contrôle, il me fit rapidement comprendre que j'allais pouvoir rester en dehors. Mes cheveux prirent alors une couleur grisâtre de façon soudaine et lente, mes yeux prenant une couleur flamboyantes.

    " Je vous remercie pour votre accueil, votre village n'a rien perdu de sa candeur, cela est agréable de nos jours. Aussi nous vous promettons de ne pas abuser de votre hospitalité. Nous sommes de passage. Je voulais revoir une veille amie. " dit-il à basse voix d'un calme olympien. Son regard à lui seul n'exprimait rien. J'étais toujours amusé d'écouter Jillian parler à ma place, nous étions si différents, il était si poli et pourtant si froids ; il était vrai que j'employais moins bien les formes du langage que lui mais j'étais, et c'était peu de le dire, moins courtois en général. Seulement, je voyais que Jillian maîtrisait encore peu l'art de la discrétion car le "nous" était mal employé alors que la jeune femme ne voyait que le corps que nous partagions. Après que je lui fis la remarque, Jillian tilta immédiatement à son imprudence mais de toute manière, le changement d'apparence laissait souvent peu de place au doute sur cette question.

    " C'est une longue histoire. " continuait-il en voyant l'air complexe de la demoiselle qui lui faisait face.

    " Nous acceptons votre invitation, je serai intéressé par en apprendre un peu plus sur votre culture, cela fait longtemps que je ne suis pas venu ici. Enfin, si notre présence ne vous importune nullement. " et un léger givre se dégageait de ma bouche, c'était propre à l'esprit qui m'habitait.

    Prenant le chemin de la demeure de la demoiselle, Jillian avait décidé de ne pas rester aussi silencieux qu'à son habitude, il ne voulait effrayer notre hôte, c'était compréhensible et cela me rassurait, l'idée d'un lit bien chaud était plus enviable qu'une herbe humide.

    " Je me présente si vous le permettez pour plus de clarté sur notre situation. Je m'appelle Jillian. La chose serait complexe à expliquer mais je squatte, et le terme est faible, le corps de mon jeune ami, Gabriel, un ange fraîchement déchu par quelques péripéties que je vous passe sous silence. Mais rassurez-vous, je ne possède pas le corps de cet ange avec violence, nous avons rapidement trouvé le moyen de nous accorder et sommes satisfaits de notre rencontre quelque peu étrange. Cela étant, nous voyageons en quête de savoir, je veux faire découvrir à Gabriel ce monde que j'ai quitté il y a longtemps, lui montrer des choses qu'il n'oubliera jamais pour qu'il trouve la rédemption, cet homme a la foi contrairement à moi. " reprit-il avec un peu trop de sincérité à mon goût. Il était le premier à nous dire qu'il ne fallait jamais révéler notre histoire et nos intentions et le voilà parlant à on ne savait quelle inconnue, qui certes, était d'une beauté soufflante, mais derrière la beauté se cachait malheureusement bien des poisons et je trouvais Jillian un peu trop imprudent sur ce point.

    " Vous êtes la Venus, n'est-il pas ? C'est une évidence, ma veille amie ne s'est pas trompée à votre sujet, vous êtes belle comme la nuit, sans lui emprunter ses lugubres préjugés, vous demeurez aussi fascinante. C'est propre à votre race en un sens. " il lui faisait du rentre dedans où je rêvais ? Et c'était moi qui avait la testostérone en profusion ? Certes, il n'y avait rien de malsain dans ses paroles mais de la part d'un homme aussi raffiné que Jilian, c'était peut-être sa manière à lui de courtiser, qu'en savais-je ? Nous ne nous connaissions que depuis relativement peu à y réfléchir et ce genre de situations ne s'était pour le moment jamais présenté.

    Arrivant devant la demeure de la Venus, enfin d'après ce que disait Jillian, je suivais peu leur discussion, l'homme hésita à avancer.

    " J'ai comme un mauvais pressentiment, pas vous ? " rétorqua Jillian autant à l'attention de la jeune femme qu'à la mienne, comme pour me sortir de ma torpeur.

    - Tu penses qu'elle peut nous vouloir du mal Jillian ?

    - Nullement. C'est autre chose, je ne sais pas encore. Restons vigilants, ton corps est fatigué, tes muscles te font souffrir, tu dois prendre du repos.

    - Je te trouve étrangement maternel avec moi. Ça ne te ressemble pas. Dis plutôt que tu n'as pas envie de partir va, de toute façon, moi ça m'arrange.
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Mer 31 Oct 2012, 22:13

    Lily-Lune, patiente, attendit que l'étranger daigne se présenter, ou du moins qu'il prononce quelques mots, n'importe lesquels, pourvus qu'il parle. La présence d'un homme dans les parages avait tendance à irriter certaines Orines, tandis que d'autres s'en trouvait plutôt excitées, ou parfois intimidées voir même gênées. Les plus extrémistes, souvent les Anciennes, étaient totalement hostiles à ces messieurs et considéraient leur simple compagnie auprès des leurs comme une insulte. La Vénus tâchait de ne point se montrer impolie ou désagréable, bien qu'elle se soit toujours sentie un peu mal à l'aise avec la gente masculine, elle pressentait que l'inconnu face à elle n'était guère venu animé de quelques mauvaises intentions. Il n'avait fait aucun mal aux Orines sur son passage, et n'avait aucune hache entre les mains pour abattre le précieux Cerisier. C'était, après tout, un bon début. Mais la jeune femme ne put s'empêcher de hausser ses délicats sourcils noirs lorsqu'elle crut voir les cheveux du jeune homme changer de couleur, et ses prunelles virer à quelque chose entre l'or et le feu. Si elle ne bougea pas, ses traits reflétait son trouble et sa curiosité. Et enfin, l'homme ouvrit la bouche. Nous? Parlait-il réellement de sa petite personne à la première personne du pluriel? Voilà qui était intéressant, intriguant, mais plutôt inquiétant. Elle n'en tint pas rigueur à son invité, et hocha doucement la tête, avant de l'inciter à le suivre, d'un geste élégant de la main.

    « Ainsi, vous êtes déjà venu à Maëlith autrefois? Je suis ravie d'entendre que le village n'a rien perdu de son âme d'antan. Car avec trois attaques successives dont l'une mena à sa destruction complète, il ne fut pas aisé de reconstruire avec fidélité...»

    Voix claire et douce, quelque peu mélancolique. Pensive, Lily-Lune repensa aux sombres événements qui la fit parvenir jusqu'au trône des Orines. Toujours enfermée dans les fantômes du passé, elle articula tout de même, interrogative: « Une vieille amie... J'aimerais que vous m'en dites un peu plus sur vos intentions. Ne serait-ce que pour que je puisse apaiser les Muses du Conseil. A entrer aussi facilement, vous les avez rendue hystériques.» Elle eut du mal à retenir le sourire qui étira lentement ses lèvres ensanglantées lorsque le dénommé Jillian, d'après ce qu'elle avait compris, entama un petit monologue d'explication sur le fameux «nous». Deux en un. Deux âmes qui se partageaient le même corps. C'était tout à fait fascinant. Son intérêt pour la chose devait être palpable. «Bien. Ravie de vous rencontrer, Jillian et Gabriel. Pour plus de facilité, je tairais ce petit détail aux autres, qui n'ont pas besoin de connaître votre histoire. Et si vous me permettez de poser une question, en quoi Maëlith vous permettra-t-il de retrouver un morceau de pardon pour Gabriel?» Les paroles de Jillian eurent un réel impact, inattendue, sur Lily-Lune. Avait-elle la foi? C'était une question assez complexe, pour elle. Elle tâcha de ne pas trop y penser, pour répondre dans un petit rire léger : « Oui, pardonnez-moi, je suis Lily-Lune Araé, la Vénus. Votre vieille amie est bien bavarde.» Elle commençait non pas à se douter, mais plutôt à être certaine de l'identité de cette «amie».

    Lily-Lune ne se préoccupa guère des espèces de compliments qu'elle entendit. Elle devait paraître bien froide et insensible, pour les yeux d'un inconnu qui ignorait tout d'elle. Mais derrière un masque d'indifférence, elle était terriblement embarrassée. D'autant plus que comme Maëlith était un village presque exclusivement féminin, elle pouvait se permettre une très grande créativité couturière et créer des vêtements selon ses goûts. Et la robe claire qu'elle portait était le parfait exemple des petites choses qu'elle ne mettrait pas face à un homme. A quoi bon voir l'avenir si on ne pouvait même pas prévoir ce genre de petit désagrément ?

    Le voyage jusqu'à sa demeure ne fut pas long, et ils ne tardèrent pas à se retrouver sur le seuil de son étrange manoir, aux allures exotiques et merveilleux. Elle était sur le point d'ouvrir la porte lorsque Jillian lui fit part de quelques doutes. Silencieuse, la jeune femme réfléchit quelques instants en caressant du bout des doigts la poignée ronde. Les secondes s'écoulèrent jusqu'à ce qu'elle ose prononcer tout bas: « Réellement? J'ai tendance à toujours me sentir en sécurité ici … Et je dois vous avouer que j'ai l'esprit trop remplie pour ressentir ce genre de choses...» Ce lien qui la connectait avec chacun des membres de son peuple était parfois encombrant. « Peut-être est-ce parce que vous n'aimez pas les animaux? J'en possède quelques uns, et ce n'est guère quelques petites bêtes banales comme un chat ou un chien. Suivez moi, je vous en prie.»

    Et Lily ouvra la porte. Presque immédiatement, un tigre à peine adulte déboula du haut d'un escalier pour venir réclamer quelques caresses. Lily-Lune sourit, tapotant doucement la tête de l'animal, avant de longer le grand couloir pour tourner vers le grand salon, illuminé par d'immenses baies vitrées. Dans un coin, roulé en boule, Galatée dormait, immense dragon bleu et jaune, alors que le petit tout juste sortie de son œuf explorait le monde, par terre, tout en essayant de voleter, sans succès. « Désirez-vous boire quelque chose? Asseyez vous où bon vous semble. » D'un geste de la main, elle envoya valser sa théière au dessus du feu. Évidemment, pour elle, ce serait un thé. Galatée se releva subitement, alerte. Ses étranges yeux d'un jaune lumineux se posèrent quelques instants sur Jillian, avant de parcourir les environs, l'air menaçant. « Et bien...» murmura-t-elle « J'ai l'impression que vous n'êtes pas le seul à sentir quelque chose. Êtes-vous certain que personne ne vous a suivis jusqu'ici?» Ce qui serait embêtant. Savoir la Vénus orine libre pouvait attirer quelques envieux.
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Mer 07 Nov 2012, 03:02

    Jillian semblant confiant envers cette inconnue, nous marchions donc vers la demeure de l’orine en cheffe puisque Jillian l’avait reconnu ainsi et que ladite orine ne l’avait pas contesté, il semblait plus intéressant de côtoyer le gratin de la race qu’une subalterne, n’était-il pas Jillian ?

    - Sûrement pas. Le hasard est seul maître de cette soirée.

    Et il squattait mes pensées, il était vraiment étrange ce soir. D’habitude, si froid, il semblait tenir à cette visite. Une fois entré dans les lieux, l’esprit jeta quelques regards à la décoration et aux animaux qui jonchaient partout, dragon et tigre, la voilà bien entourée pour une orine, elle ne voulait sûrement pas d’une compagnie masculine, ça se voyait ; bon peut-être que pour ce soir, elle ferait exception mais si Jillian s’y refusait, moi je sentais de plus en plus de mauvaises ondes, ici. Veille amie ou pas, plus vite nous repartirions, mieux je me sentirais. Et ceci n’avait rien à voir avec le fait que Jillian ne m’avait pas laissé courtiser l’orine de tout à l’heure dans les rues du centre alors que lui s’y adonnait à cœur joie en me laissant dans les méandres de mon esprit à divaguer alors qu’il pouvait converser à son bon cœur. Mais au-delà de ça, vu qu’en général, je prenais le fil des discussions, pour une fois qu’il montrait un élan de sociabilité, je n’allais pas le freiner, lui, vouloir discuter avec quelqu’un d’autre que moi, c’était plutôt rare.

    Suite aux recommandations de la venus, nous nous installâmes sur un large fauteuil dont le confort n’était pas à remettre en cause, Jillian consentant au thé proposé avant de se souvenir que moi, je n’aimais pas ça et que jusqu’à preuve du contraire, il s’agissait surtout de mon corps que je lui prêtai.

    « Ce sera un simple un verre d’eau, Gabriel n’aime pas le thé. »

    Regardant autour de lui, Jillian semblait chercher quelque chose, un indice qui lui aurait échappé, nous partagions pourtant notre esprit mais je ne comprenais pas ce qu’il voulait, il semblait qu’il s’agissait de l’absence d’une chose en réalité et non de la chose à proprement parlé.

    « Vous en dire plus, là était votre souhait il y a quelques instants de cela. Je ne saurai quoi vous dire. Je suis ce que l’on peut appeler un esprit plutôt vieux. Dans ma quête pour le savoir, j’ai été amené à voyager quelques temps avec une orine qui désirait l’indépendance plus que tout, je n’ai à ce titre, jamais cherché à deviner son énigme dont je connaissais pourtant la réponse. Elle savait d’ailleurs que je le savais. C’était plutôt drôle comme histoire. Et lorsque je suis devenu esprit de la mort, j’ai dû me résoudre à faucher son âme lorsque son glas eut sonné à mes oreilles. Et si elle avait peur de la mort, elle n’avait pas peur de moi, je la rassurai. Mais je n’ai jamais oublié le peuple dont elle faisait partie. Et vous, Venus, avez-vous peur de la mort ? »

    - Charmante question que celle-ci, elle va nous prendre pour des psychopathes et dormir avec un couteau sous l’oreiller. Aucun doute, tu sais y faire.

    Jillian disait toujours les choses froidement, sans émotion, comme si rien ne l’atteignait. C’était faux mais il le faisait clairement ressentir aux autres. Pourtant, aucune haine n’animait ses paroles, aucune méchanceté, aucune menace surtout, mais si moi je le savais, ce n’était pas le cas de l’orine et je le fis immédiatement remarquer à mon compagnon qui rectifia immédiatement le tir.

    « N’y voyez là aucune tromperie de ma part. Je me questionne juste. Vos rapports avec la mort sont différents de ceux que peuvent entretenir les autres peuples. En effet, si vous enfantez, à l’âge de raison, sa majorité en d’autres termes, vous mourrez si j’ai bonne mémoire. Et pourtant, vous acceptez cela. C’est étrange, c’est fascinant. Ça vous rend unique. Surtout vous, qui dirigez la politique de votre peuple. Vous acceptez la soumission, ô vous pouvez la rendre moins effectif en leur apprenant à se battre, mais vous acceptez cette finalité, la soumission. C’est un équilibre. J’ai accepté votre culture sans le comprendre, je l’ai respecté sans l’avouer. Mais ceci m’a toujours laissé interrogatif. Et même après tout ce temps, j’ai peu d’espoirs envers le changement des mœurs. La tradition a ce côté rassurant n’est-il pas que le chaos n’admet pas. Et vu l’époque trouble que nous vivons, le rassurant est ce qu’il nous reste de meilleur pour ne pas perdre pied. Mais il n’en a pas toujours été ainsi, toujours est-il qu’il faut vivre avec son temps, vous en conviendrez, même pour quelqu’un comme moi. »

    Je laissais Jillian parler, il savait de quoi il parlait mais je l’écoutais avec attention. Il ne m’avait jamais raconté cette histoire sur l’orine, sur ce peuple, il était muet jusqu’à ce soit de cette infime période de sa vie, mais je respectai son silence, c’était son droit, peut-être aussi un besoin pour se préserver de mauvais souvenirs envahissants car s’il pouvait contrôler les miens, il restait incapable de faire de même pour les siens, comme un fardeau indélébile.

    « Ne vous en faites pas pour vos consœurs, elles s’habitueront à notre passage aussi éphémère soit-il. J’aimerais, si je n’abuse pas de votre temps, que vous nous fassiez visiter le village demain. Je me demande s’il est différent par rapport à mon dernier passage ici. Je suis souvent venu, rendre visite à l’orine que je connaissais. Cependant lorsque je parlai d’une veille amie… » Je me demandais s’il allait mentir ou en rester à sa version des choses.

    « Je fus l’esprit de la mort, j’étais lié à l’esprit de la nature, ne connaissez-vous pas la légende ? Elle est aussi veille que ce monde, et à juste titre. Elle se manifeste partout mais jamais comme ici. Je voulais la rassurer, elle s’inquiétait pour moi. Mais plus j’y repense, plus je me dis que c’est à moi de me soucier d’elle, plus ce monde vit, plus il détruit mon amie. Ce village par exemple, est à protéger des envieux. Vous me demandiez tout à l’heure en quoi notre venue aiderait Gabriel à trouver la rédemption. Nous ne cherchons pas la solution miraculeuse qui lui rendrait ses ailes blanches. Mon ami a perdu foi envers l’humanité. Je veux lui redonner cette foi. Lui montrer que nous sommes aussi capables du meilleur, et non seulement du pire. Défendre des peuples fragiles est un combat noble que j’aimerais qu’il mène, lui, comme moi. Mon amie n’a cessé de me répéter que vous vous battiez seule. C’est une bien mauvaise tactique que celle-ci mais ça, vous le savez, ce n’est pas tant un choix mais un dépit, si vous voulez que les choses se fassent, elles doivent se faire par votre seul consentement. Mais j’aimerais vous aider. Je lui dois bien ça, à mon amie. » Et même si j’étais incapable de savoir s’il disait toujours vrai, je savais qu’il était sincère, et à moi, cela me disait bien.
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Sam 10 Nov 2012, 18:38

    Lily-Lune avait déposé sur la table en verre qui la séparait de son étrange invité l'eau et une coupe de fruits au parfum sucré, et elle prit délicatement du bout des doigts une petite framboise. Attentive, elle gardait entre ses mains sa tasse de thé brulante qui embaumait le cerisier, la rose et la violette, tandis qu'elle écoutait les paroles de Jillian qui se lançait dans de plus amples explications sur les raisons de sa présence ici, avec Gabriel. La jeune femme laissa glisser son regard sur le visage de l'esprit qui avait prit le dessus sur le déchu. S'en était troublant, de savoir deux âmes face à elle, mais un seul corps. Deux volontés, deux personnalités surement très différentes. Mais c'était ce genre de drôle de personnes qui retenait souvent son attention, dont elle se souvenait et qui la marquait, sans qu'ils aient besoin de faire quoique ce soit. Mais comment ne pas s'étonner des dires que Jillian lui confiait? Le visage teinté d'une expression de surprise, ses grands yeux noirs plantés dans ceux de l'autre, elle qui avait déjà la peau d'une pâleur de craie, blêmit davantage. Troublée, elle se courba pour poser, légèrement tremblante, la tasse devant elle, puis croisa ses longues jambes en se redressant.

    Il n'était pas rare qu'on s'intéresse à son peuple, qu'on la questionne et s'étonne des mœurs plutôt inhabituelles qui étaient les leurs. Seulement, jamais personne n'avait osé formulé les choses ainsi, demander de façon si crue pareilles informations, qui touchaient particulièrement Lily-Lune. Embarrassée, elle écarta d'un geste de la main les longues mèches noires devant elle pour les renvoyer derrière elle. « Peur de la Mort ? Et bien je suppose que je ne suis pas différente des autres, je la crains certainement, mais je ne peux m'empêcher de la chercher et de la tenter.»

    Elle rit doucement. Combien de fois avait-elle faillis rejoindre l'Autre Monde? C'était le risque à prendre lorsqu'on courait après les ennuis. Si elle avait l'allure de la parfaite jeune femme, sage et réfléchie, son comportement et ses idées souvent loufoques lui faisaient défaut. Surement faisait-elle de ses gens qui prenaient plaisir à défier constamment la mort, de ceux qui se démèneront comme des diables pour survivre alors que leur heure est arrivée. Après tout, n'avait-elle pas déjà réfléchis à quelques moyens de s'en sortir? « Nos rapports avec l'au delà ne sont pas tellement différents que ceux des autres races. Seulement, notre esprit ne fonctionne pas de la même façon que les vôtres. Oui enfin vous avez raison, nous avons une façon d'envisager les choses assez différentes. Enfin, pour celles qui ont un maitre, du moins. Le lien qui nous unit est à la fois une merveille et une malédiction, on ne vit plus vraiment pour soit. Et la mort du maître entraîne l'enfantement étrange dont vous parler, et la mort de la mère lorsque l'enfant a atteint l'âge de partir du village. Et d'après ce que j'ai vu, l'enfant devient le centre du petit monde, la raison de vivre, puisqu'il est tout ce qu'il reste du défunt maitre. J'ai entendu certaines vielles Orines désirer ardemment mettre fin à leur jour pour rejoindre l'homme qu'elle avait servis et aimé. Il est vrai que les Orines acceptent assez facilement ce sort, et c'est plutôt pour les jeunes qui savent ce que leur départ signifie que cette situation est plus dur.»

    Elle ferma à peine une seconde les yeux pour revoir le doux visage de sa mère, ses cheveux blonds et ses yeux bleus. Lily-Lune ne lui ressemblait absolument pas, physiquement, mais elle agissait comme elle, comme elle s'en souvenait du moins. Elle avait eu tant de mal à accepter le départ de sa mère, alors que celle-ci était souriante, ce jour-là. Apaisée.

    « Quand à la question de la soumission...» Gênée, une petite moue sur les lèvres, Lily-Lune marqua une pause dans son discours, le temps de boire une gorgée de thé chaud. « Disons que certaines l'acceptent bien mieux que d'autres» murmura-t-elle. « Et si vous attendez de moi une franchise sans faille, la voici : je n'ai jamais aimé l'idée de devoir servir sans broncher un homme, ni l'effet que le lien eut sur moi. Il nous fait changer. Et je répugnais cela.» Allait-elle le dire? Dire ce qu'elle ne devrait pas ? Si une Muse l'apprenait, elle était bonne pour faire un long discours, encore une fois, pour replacer les choses, les mettre au clair. Un passage délicat et malheureusement obligé, pour rassurer le Conseil qui ne tenait pas particulièrement à ce que la Vénus se mette dans des situations tendues et révèle la vérité. « Et c'est pour cela que malgré tout l'amour que je portais à Vlad Sparrow, j'ai profité de sa disparition pour me débarrasser de lui. Je suis vraiment une très mauvaise Orine.» Et elle rit.

    Elle l'avait dit. Galatée, dragon plus intelligent d'une simple bête, releva la tête pour observer sa maitresse, le regard accusateur. Mais Lily-Lune n'était pas non plus une idiote, elle se doutait que ni Jillian ni Gabriel n'oseraient lui demander son énigme. Auquel cas, les choses dégénéreraient assez vite. Elle ajouta avec un sourire plus sincère : « C'est surtout pour cela que les Orines sont hystériques dès que je sors et qu'elle n'apprécie guère de vous savoir avec moi. Il suffirait que je tombe dans de mauvaises mains pour que ma façon de penser change du tout au tout, et que je serve les intérêts de mon maître, au détriment des miennes. »

    Un petit cri plaintif résonna. Ezio rampait par terre pour s'approcher, curieux, de Jillian. Le bébé dragon entreprit d'escalader le fauteuil, mais du s'y reprendre à plusieurs fois. Lily-Lune le contempla quelques instants avant d'ajouter : « Enfin, les Orines sont décidément compliquée. Une race comme maudite. A l'origine, nous avons très certainement été créées de toutes pièces, pour servir d'esclaves. Et c'est pour cela qu'il est rare de voir une Orine disgracieuse. Nous sommes nées pour servir, pour plaire, pour le plaisir des autres. Mais étrangement, si j'avais la possibilité de devenir autre chose, un vampire ou je ne sais quoi, je refuserais.» Elle rit quelques brefs instants en repensant aux changements qu'elle avait opéré récemment au sein de sa race : « Et ne vous inquiétez donc pas pour le bouleversement dans les traditions, je commence avec douceur à changer les choses. Les plus Anciennes ne voient pas cela d'un très bonne œil, mais qu'importe.»

    Lily-Lune soupira. Qu'il était dur de faire bouger les choses. Mais elle se révélait plus têtue que tout le village réuni. « Oui, je connais cette légende. Et quant à cette chère Dame Nature, je pense que ce n'est guère par hasard qu'elle s'est réfugiée auprès des miennes. Elle n'a rien à craindre ici, elle est respectée et aimée. Maëlith n'est que la capitale des Arts et des Beautés, nous ne cherchons pas la modernité ni la guerre. Tout ici est préservé. Malheureusement, ce sont les autres qui viennent combattre jusqu'au cœur du village. Vous ne vous en rendez peut-être pas compte, mais nous venons tout juste de poser les dernières briques, la reconstruction s'est achevée depuis peu. J'ai tâché de respecter ce que je me souvenais de l'âme de mon ancien village. Mais il ne fut pas aisé de tout remettre en ordre, surtout seules. Nous ne pouvons faire appel aux autres, c'est trop risqué. Et certes, votre vieille amie a raison, depuis toujours, nous nous battons seules, mais j'envisage depuis peu quelques alliances, je ne peux pas ignorer le fait que nous ne pourrons survivre seules encore bien longtemps, dans un tel monde.» Le tigre qui était discret jusque là s'approcha lentement de Lily-Lune pour poser sa tête sur ses genoux, et se mettre à ronronner, comme un petit chat de deux cents kilos tandis que la jeune souveraine lui caressait les oreilles. « Je serais ravie de vous faire visiter le village, tel qu'il est aujourd'hui. Mais je préférerais commencer tôt, lorsque la plupart des villageoises ne seront qu'à peine réveillées.» Elle aspirait au calme et à la sérénité, mais il était dur pour elle de faire quelques pas sans qu'on vienne à elle. Lily-Lune baissa les yeux, pensive, et les traits attristés, songeant à son peuple, opprimé, réduit en esclavage pour le bon plaisir des autres. Il était presque évident qu'elles étaient des créations de la main de l'homme. Il n'y avait que lui, assez envieux et pervers, pour faire pareille chose. Créer des esclaves à la chaîne. Tâchant de ne pas trop y penser, elle ajouta dans un souffle : « Je vous emmènerais voir quelque chose que vous ne pouvez pas avoir déjà vu, et seule reste des villages d'antan.»
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Dim 25 Nov 2012, 02:41

    Pris de tremblements, Jillian lâcha son verre et le reposa sur la table avant de le faire tomber par inadvertance. En vérité, et même s’il n’aimait pas l’avouer, il avait énormément de mal à comprendre les signaux qu’envoyaient le cerveau, telle que la fatigue, seul moi les comprenait. Et en l’occurrence, mon corps tombait sous la fatigue, les muscles se relâchaient mais Jillian forçait la cadence, il n’avait pas envie de partir se coucher, pas tout de suite, il était en trop bonne compagnie pour cela.

    « Vous savez, Venus, contrairement à ce que l’on croit, je ne connais pas grand-chose à la mort. Je ne sais qu’une chose, elle n’est jamais comme on la pense, peu importe ce que l’on pense et même si l’on ne pense rien d’elle, elle vous surprendra toujours. Je ne dis pas qu’elle vous déçoit, non, juste qu’elle n’est pas ce que vous pensez, et c’est mieux ainsi. Le mystère est conservé. » Songea-t-il en repensant à bien trop de choses simultanément pour que je puisse en comprendre une seule.

    Il songea ensuite un instant, je sentais son hésitation palpable se dessiner sur ses lèvres grisées.

    « Venus, je vais jouer cartes sur table. Je fus, comme je vous l’ai indiqué, esprit de la mort, il y a longtemps. Je fus déchu de mon rôle après une faute impardonnable. Et après la mort qui-a-t-il ? Je ne pouvais décemment me réincarner en quoi que ce soit. L’esprit de la nature est alors intervenu, et a sauvegardé mon âme jusqu’à ce que je puisse en faire quelque chose. J’ai alors pactisé avec un homme puissant. Tout ça vous parait confus et ne vous regarde pas, je le sais, la finalité est tout autre. Cet homme dont je vous parle et dont je dois taire l’identité vous connait. Il vous observe depuis un certain temps. Vous l’avez entrevue une fois, il n’a pas laissé paraitre son intérêt à votre égard. Je communique avec lui régulièrement par le biais de la porte des songes. Mais vous l’intéressez. C’est cet homme qui est là ce soir, je sens sa présence, partout, c’est effroyable, je ne sais pas comment il fait. Mais bientôt il viendra vous voir. Je ne sais si vous devez avoir peur ou non de sa visite. Mais l’esprit de la nature le connait également bien. Il y a quelque chose dans une immense énigme qui vous concerne et je suis incapable d’en comprendre le fond. Mais je sais que je dois vous préparer à tout ça, à ce qui va arriver, bientôt. C’est comme une tempête qui se prépare, vous serez une actrice d’enjeux qui sont, même pour moi, bien trop confus pour vous en donner une explication sincère et claire. Je me dois de vous préparer à un avenir dont vous vous doutez peu. Car cet homme vous fera un bien étrange cadeau, il semble avoir un plan pour vous. Si je vous demande votre avis sur la mort, c’est évidemment car en vous confrontant à lui, c’est quelque part à la mort que vous aurez affaire. Mais plus j’y réfléchis, plus je pense que vous aurez tout à y gagner. Car le jour où quelqu’un s’en prendra à vous ou à votre peuple, c’est à cet homme que vos opposants auront affaire et n’oubliez jamais, personne ne sait qui il est, d’où il vient, ce qu’il veut ; il obtient juste ce qu’il désire sur l’instant par tout moyen et ses desseins sont insondables. Je vous parais bien impoli, je sais avec un discours qui n’a aucun sens. Mais, vous en saurez bien plus, plus tard. »

    Il ferma ensuite les yeux et mon apparence se transforma à nouveau, Jillian me laissait reprendre le contrôle. Revenu à mon état initial, je me pensai bien bête, j’étais un peu perdu, je n’avais rien ou presque rien suivi à la discussion et je me retrouvai face à la reine des orines en personne qui me dévisageait avec curiosité. Lui faisant les gros yeux, je lui souris tout en disant : « Il fait souvent ça, ne vous en faites pas. » je me levai ensuite, allant à la fenêtre.

    « Jillian est un être compliqué, c’est peu de le dire mais croyez-moi, contrairement à ce qu’il laisse voir de lui, quelqu’un de froid et d’impartial, son fond est plutôt bon, je le sais. Il n’a de cesse de vouloir aider les gens sans rien n’avoir à y gagner. Je crois que c’est sa prise de position qui l’a déchu au titre d’esprit errant alors qu’il ne vienne pas me dire qu’il ne ressent rien. » Mais malgré le calme que je tentais de garder, je me sentais plutôt très mal à l’aise.

    « Vous savez quoi ? Je trouve que l’on a assez parlé, pas vous ? La mort, la vie, c’est le pain quotidien de tout un monde et le débat n’existe pas réellement. Du moins, je préfère me dire que chaque cause à son importance, comme toute finalité a sa justification, même confuse. Mais ce que nous faisons entre deux finalités est, à mes yeux, aussi important que le reste. Alors peu importe ce qu’il arrivera à ce monde, ce que nous ferons a son importance. Et il y aura toujours des contre balanciers pour nous sauver la mise. J’ai perdu la mémoire, je ne me souviens plus de grand-chose concernant ma vie d’avant. Juste que j’étais un homme, sage. Et que m’a apporté la sagesse ? Le malheur. On dit souvent qu’heureux sont les idiots, parfois j’y consens. S’il n’y a rien de bon à prendre du temps, alors autant ne pas le perdre à débattre sur l’immuable. » Puis comme un cheveu sur la soupe, je rajoutai : « Allons-nous baigner. Cela fait une éternité. » Mais je parlai très sérieusement. Je m’approchai de l’orine et lui tendis mes deux mains pour qu’elle les prenne. J’avais repéré un point d’eau non loin et j’avais grand envie d’y passer la nuit. Je l’entrainais dehors et vis au loin une ombre sur un saule pleureur, agenouillé parmi les branches. J’espérais que l’orine ne le voit, cette ombre était comme un fantôme effrayant et j’eus presque peur de lui, moi aussi, sans le connaitre. Il semblait nous observer. Alors, je pris l’initiative d’un autre chemin, entrainant l’orine plus loin dans une direction presque opposée, je ne voulais pas qu’elle s’inquiète plus que nécessaire, le temps des inquiétudes n’était pas venu et il fallait un peu de légèreté.

    Arrivés audit point que j’avais repéré en venant, j’adressai un nouveau sourire à la demoiselle.

    « Alors Venus, est-il vrai que vous êtes née dans un coquillage ? » je fabulais et riais. Elle devait vraiment me prendre pour un dingue. Je sautais alors tout habillé dans le petit lagon que de nombreuses verdures cachaient des regards indiscrets.
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Sam 29 Déc 2012, 23:04

    Déjà si pâle de peau, Lily-Lune blêmit davantage en entendant les étranges et sombres paroles que prononçaient Jillian le plus naturellement du monde, comme s'il ne disait que quelques banalités sans importance. Était-il conscient de ce qu'il livrait, de la portée pour le moins inquiétante de ces mots ? De toute évidence, non. D'apparence toujours aussi calme bien qu'elle se faisait soudainement plus fuyante du regard, la jeune femme déposa sa tasse sur la table basse à l'instar de Jillian, pour ne pas renverser le thé sur ses vêtements au cas où elle serait prise de quelques tremblements incontrôlés. D'un geste vif et sûrement nerveux, elle passa ses doigts sur ses lèvres, pensive et mal à l'aise. Fouillant dans les méandres de son esprit, elle tâcha de retrouver dans sa mémoire un homme qu'elle ne connaîtrait que peu, qu'elle n'aurait vue qu'une seule fois, mais la liste était longue. Savoir qu'il s'agissait d'un homme puissant réduisait considérablement la liste. Qu'il ne lui ai manifesté aucun intérêt aussi, par ailleurs. Mais la Vénus peinait à se concentrer car, d'après ce que venait de dire l'ancien Esprit de la Mort, cet homme se trouvait dans les parages en ce moment même. Ce n'était pas très apaisant.

    Et Dame Nature était au courant de tout. Lily-Lune tourna légèrement la tête observant d'un regard noir la fenêtre entrouverte qui se ferma sans crier gare. Cette chère Mère Nature devait être elle aussi troublée, ne voulant très certainement pas que la jeune femme apprenne ceci, à n'en pas douter, et elle lui faisait savoir assez peu délicatement qu'il n'y aurait aucune conversation à ce sujet. Soit. La jeune femme aurait donc à faire sous peu à la mort, mais elle ne devait pas s'inquiéter. Elle était en présence de personnes ayant l'art de rassurer les esprits troublés par de macabres révélations. Lily-Lune fit par murmurer avec un sourire résigné et désolé : « Et bien... C'est délicat de la part de cet homme de me faire un cadeau, même si je n'en connais pas la nature.» Autant tenter de tirer les bons côtés de la chose. Mais quel genre de plan pourrait-on avoir à son égard ? Lily-Lune en était confuse et embarrassée. « J'aurais simplement une question qui me tient à cœur. Cet homme, est-il souvent dans les parages?» Car la Vénus se sentait démunie de savoir que quelqu'un l'observait à son insu. Une fois passait encore. Mais plusieurs...

    Lily-Lune ignorait si elle aurait ou non une réponse à sa question, car elle vit l'apparence du jeune homme face à elle changer. Jillian cédait sa place à Gabriel. Contrairement à son ami esprit, le déchu se voulait plus compatissant et sympathique. La Vénus fit en sorte qu'un sourire plus sincère teinte ses lèvres mais elle sentait ses yeux humides. Cela ne lui ressemblait guère que de laisser ses sentiments prendre ainsi le dessus, mais très vite, elle chassa ce côté larmoyant de ces prunelles pour qu'elles retrouvent leur éclat originel. L'un comme l'autre semblait autant épris de malaise. Lily-Lune ne savait plus quoi dire et se contentait de demeurer muette, ce qui n'allait guère alléger l'atmosphère. Mais c'était sans compter sur ce jeune homme spontané et surprenant qui après un petit dialogue enflammé sur le sens d'une existence, proposa quelque chose inattendu. « Se baigner ?» répéta doucement Lily-Lune ébahie. Était-il sérieux ou était-ce juste une petite blague ? Immobile pendant quelques secondes, elle comprit que ce n'était pas une plaisanterie lorsqu'il se leva pour s'approcher d'elle et lui tendre les deux mains. Lily hésita quelques instants avant de glisser les siennes dans ces paumes.

    Gabriel avait du apercevoir un des deux lacs en arrivant. Lily-Lune était curieuse de voir s'il s'agissait du bon ou du mauvais. Devait-elle dire au jeune homme qu'un des points d'eau était bien moins fréquentable que l'autre ? Non. La jeune femme préférait lui laisser la surprise. Bien qu'elle préférait qu'il la mène aux grottes qu'aux cascades près de la forêt. Alors qu'elle entrouvrit les lèvres pour dire quelque chose à Gabriel, elle aperçut une ombre tapis entre les branchages de l'un des grands arbres qui bordaient le chemin. Elle crut sentir son cœur s'arrêter ou se glacer face à cette vision. Lily-Lune préféra vite détourner les yeux et se rapprocher sensiblement du déchu. Il devait l'avoir vu aussi, car il changea de route pour la mener ailleurs. Lily-Lune ne rechigna pas, elle préférait elle-aussi passer par une direction opposée. Et ils finirent par arriver au point d'eau. La Vénus l'observa avec un sourire, constatant son choix, avant de rire doucement en entendant la petite phrase humoristique de Gabriel. Une autre personne que Lily-Lune l'aurait très certainement cru fou. Mais en vue de la réponse qu'elle comptait lui donner ….

    Lily-Lune attendit que Gabriel sorte la tête de l'eau avant de lui dire, toujours souriante : « Je ne connais personne qui ne soit né dans un coquillage, par contre, je mourrais en fleur.» Elle tourna très légèrement la tête, observant la ligne d'horizon où elle voyait danser quelques lumières violacées. « A propos, ne cueillez pas de fleurs, ce serait vraiment très mal vu pour ne pas dire un véritable scandale. Et vous ne seriez plus vraiment le bienvenue» Elle imagina la situation périlleuse dans laquelle se mettrait un étranger qui ferait un bouquet avec les campanules du village. Ce serait se balader avec les défuntes Orines. Pas de très bon goût. Lily-Lune ne put s'empêcher de rire. Elle aussi semblait perdre la raison en cette drôle de soirée. Elle finit par relever sa robe pour découvrir ses longues jambes blanches et s'asseoir au bord de l'eau pour ne tremper que ces mollets. « Alors ? L'eau n'est pas trop fraîche à votre goût? » En tout cas, Lily-Lune préférait ne pas trop se mouiller. Tout en passant ces doigts dans ses longs cheveux noirs, elle murmura : « Connaissez vous les contes et légendes de Maëlith? Sur les Deux Lacs? L'un serait enchanté, et l'autre maudit, tout deux d'un décor merveilleux. Enfin, si ce sont des fabulations pour beaucoup, je peux vous affirmer que tout n'est pas à prendre à la légère, surtout concernant le Lac Noir. A votre avis, où sommes nous?» Devait-elle ajouter que l'un avait un parfum d'allégresse et l'autre de folie ? Le Lac Noir brouillait les esprits et rendait ceux qui s'y baignaient déments. Lily-Lune aurait presque été curieuse de voir les effets sur un homme, car après tout, seules les Orines avaient fait les frais de ces maléfices.
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L'Homme né de nature et de mort. [Lily-Lune]

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