« La magie est puissance. » C’est une phrase qu’Elena avait très souvent entendu et elle était bien consciente de sa véracité. En effet, il est évident que nulle force physique ne peut s’opposer à la puissance de la magie. Oui, c’est elle qui domine par-dessus tout et confère un grand pouvoir à ceux qui ont la chance de pouvoir en user. En revanche, ces pauvres guerriers, aussi forts qu’ils puissent être, ne sont que de vulgaires marionnettes, de simples pions lors des batailles. Ainsi, la jeune femme savait que la magie était la réponse à tout, la chose qui lui permettrait d’avancer, de se pousser au-delà des limites qu’elle avait pu se fixer et qui sait, peut être un jour découvrir la vérité. Etant, depuis sa naissance entourée par toutes sortes de magies, c’était ce qu’elle chérissait le plus, ce qui la motivait et parvenait encore à raviver cette flamme en elle qui s’était éteinte plusieurs années auparavant.
Il lui fallait donc accroître ses pouvoirs, étendre ses connaissances comme jamais elle ne l’aurait imaginé et pour cela, elle s’était fixée un objectif précis. Elle avait fait beaucoup de recherches sur ce cristal autrefois détenu par un humain qui avait décidé de le briser afin que jamais personne ne puisse reprendre ses pouvoirs et en faire un mauvais usage. La déchue décida donc de partir à la recherche de l’un des fragments de ce cristal espérant, si jamais elle parvenait à l’obtenir, de pouvoir poursuivre sa quête et en trouver d’autres. Il y en avait un qui l’intéressait particulièrement. L’opale… le fragment qui lui donnerait le pouvoir de faire perdre la mémoire à des personnes pendant un certain temps. Cela pouvait être un atout indéniable lors d’un combat, un pouvoir qui lui permettrait de déstabiliser complètement son adversaire et de le vaincre sans encombre.

Bien entendu, Elena n’avait pas choisi le fragment le plus facile à trouver étant donné qu’il se trouvait dans la tour inconnue. Tour qui apparaissait et disparaissait à divers endroits selon ses désirs, comme si elle eut été vivante. Alors comment chercher ce que l’on ne peut trouver ?

*Ton intuition a toujours été bonne à suivre alors pourquoi ne pas t'y fier, tout simplement ?*

La jeune femme regarda Eden. L’immense tigre blanc était assis près de l’arbre auquel elle s’était adossée.

*Mais par où commencer ? Que dois-je faire ?*

*Suis ton instinct, voilà tout. Je n’en sais pas plus que toi au sujet de cette tour.*

La déchue fronça les sourcils. Se fier à son intuition et puis c’est tout ? Mais est-ce que cela pouvait-il réellement la mener à ses fins ?
Elle finit par se lever.

*Il me faut une monture.*

*Je pourrai te suivre, je n’aurais aucun mal à m’adapter à la vitesse du cheval.*

Elena le regarda, perplexe.

*Tu es sûr de vouloir venir ?*

Eden se leva à son tour.

*Te sens-tu réellement obligée de me poser la question ?*

*Bien.*

La jeune femme partit alors, accompagnée de l’animal. Elle s’arrêta aux premières écuries qu’elle put trouver, au village le plus proche puis prit le soin d’hypnotiser les personnes qui s’y trouvaient afin de pouvoir voler un cheval.

Ainsi, ils se mirent en route à la recherche de cette tour. Plusieurs jours passèrent sans qu’elle ne sente s’en être ne serait-ce qu’un peu approchée. Puis une semaine. La déchue s’arrêtait de temps à autre pour pouvoir se nourrir et pour laisser Eden chasser, puis quelques heures la nuit pour dormir.

Ils finirent par arriver sur un désert ce qui déplaisait à Elena au plus haut point. La chaleur était insupportable, surtout pour elle qui était habituée au froid des plus extrêmes. La lumière du soleil elle aussi perturbait la jeune femme, qui gardait ses yeux plissés en permanence, ne parvenant pas à s’y accommoder. Une heure passa puis elle sentit soudain une vague de fatigue monter en elle, qu’elle ne parvint pas à contrôler. Quelques instants plus tard, ses yeux se fermèrent avant qu’elle ne se laisse tomber du dos de sa monture, sombrant dans les tréfonds de l’inconscient.

Lorsque la déchue se réveilla, le jour avait laissé sa place à la nuit. Une fraîcheur agréable s’était installée ce qui la soulagea quelque peu.

*Tu as de la chance qu’il fasse froid la nuit dans les déserts car visiblement, tu as du mal à supporter la chaleur…*

*Je sais oui, mais je ne pensais pas que ce serait à ce point là.*

Elena se releva, essuyant la petite quantité de sable qui s’était installé sur sa robe puis elle s’approcha de la selle de son cheval à laquelle se trouvait accrochée une gourde. Après s’être désaltérée, la jeune femme put constater avec surprise qu’une sorte de tour d’observation était sortie de nulle part, se présentant face à elle. Ses yeux s’écarquillèrent. Elle resta immobile un instant, ne réalisant pas encore ce qui venait de se passer.

*Et bien ce n’est pas trop tôt.*

La déchue eut un léger sourire puis se mit à marcher en direction de l’entrée. Une fois devant, elle poussa la grande porte en bois, appréhendant toute fois ce à quoi elle devrait faire face une fois à l’intérieur…

Une fois à l'intérieur de la tour, Elena jeta un coup d'œil autour d'elle. L'endroit était plutôt sombre, ne laissant pas la lumière y pénétrer, ce qui ne lui déplaisait guère. De plus, la fraîcheur entretenue par les murs en pierre se présentait comme un atout pour la jeune femme qui se sentait quelque peu rassurée. Refermant la porte derrière elle, elle décida de s'avancer doucement et avec prudence vers l'escalier qui se présentait face à elle. Gardant, les poings serrés au cas où il lui faudrait en sortir ses griffes, elle s'efforçait de mettre chacun de ses sens en éveil, afin d'être alertée en cas de danger, tout en conservant les barrières qui protégeaient son esprit d'une quelconque intrusion.

*Parviens-tu à entendre les pensées d'une quelconque personne se trouvant ici?*

Le tigre attendit un instant avant de répondre, s'assurant lui aussi du danger qui planait en ces lieux en avançant lentement près de la déchue. Soudain, il put intercepter une sorte de message qui était visiblement destiné à Elena.

*Il y a une orine quelque part ici qui a essayé de communiquer par télépathie avec toi mais tu ne pourras pas l'entendre si tu continues à bloquer ton esprit.*

La jeune femme fronça les sourcils, méfiante.

*Contente toi de me transmettre ce qu'elle a à me dire, je ne me hasarderais en aucun cas à baisser ma garde dans un lieu comme celui-ci, quelques soient ses intentions vis à vis de moi.*

Eden obéit et communiqua aussitôt les pensées d'Alika à la déchue qui hocha la tête.

*Très bien.*

Le tigre s'efforça alors de trouver à nouveau les pensées de l'orine, lui communiquant à présent les siennes par télépathie.

*Bonjour Alika. Ma maîtresse ne peut entendre vos pensées mais je vous servirai d'intermédiaire. Quelle est cette énigme ?*

Elena avança encore de quelques pas, attendant de connaître la réponse de l'orine. Bien qu'elle n'était pas sûre de l'efficacité de cette dernière, son aide ne serait pas à refuser, cela pouvait toujours servir à la jeune femme dans ses recherches.

Alika dut attendre un petit moment avant de capter quelque chose de nouveau. C'était vraiment étrange ce silence car normalement, après avoir capté son message télépathique, les personnes répondaient oralement, étant parfois surprises, parfois apeurées ou parfois ne montrant aucun de ses signes et se contentant de répondre. L'orine avait eu l'impression que son pouvoir ne fonctionnait pas pendant un court instant mais il s'avéra qu'elle perçut une réponse qui l'éclaira quelque peu sur l'origine de ce long moment de silence.

En fait, elle comprit bien vite que si la personne qu'elle ressentait maintenant comme une femme ne lui avait pas répondu, c'est qu'elle se protégeait, laissant l'autre répondre à sa place. Si cela était possible c'est que ce dernier être pouvait, lui, communiquer avec la femme et donc, par conséquent, qu'elle avait confiance en lui. Le mot "maîtresse" lui indiqua qu'il s'agissait en fait d'une femme avec son familier, probablement un animal donc.

Alika décida de répondre rapidement au familier :

*Voici mon énigme :
Celui qui me fais me vend,
Celui qui m’achete ne se sert pas de moi,
Celui qui se sert de moi ne le sais pas.
Que suis-je ?*

L'orine attendit donc que l'animal et compagnon de sa future maîtresse, si elle trouvait la réponse, communique cela à celle-ci.


Un peu plus loin, dans les méandres de la tour inconnue, quelque chose d'étrange se préparait. On pouvait entendre ici des petits bruits semblables à des chuchotements, des chuchotements qui se répondaient d'une manière étrange, certains se faisant échos mais tous parlant de la même chose : il y avait une étrangère dans la tour et cela signifiait sans doute que les "choses" à qui appartenaient ces murmures allaient bientôt pouvoir passer à table...

Elena écouta attentivement l’énigme de l’orine qu’Eden prit le soin de lui communiquer. Elle ne tarda pas à trouver la réponse mais se laissa un moment de réflexion pour être sûre de ne pas se tromper. Elle consulta Eden pour voir ce qu’il en pensait. Celui-ci approuva son raisonnement aussitôt. Ainsi, la jeune femme lui demanda de le transmettre sans tarder à l’orine.

*Ma maîtresse dit que c’est un cercueil. En effet, c’est le croque mort qui le fait et qui le vend, celui qui l’achète, le fait pour un défunt et le mort lui ne peut pas avoir conscience de s’en servir étant donné qu’il est mort. Est-ce la bonne réponse ?*

La déchue attendit que le tigre lui communique à nouveau les pensées de l’orine, espérant qu’elle avait vu juste. Pendant ce temps, elle s’avança à nouveau, commençant à monter doucement les marches de l’escalier de la tour. Un léger sentiment de crainte s’installa en elle, comme si quelqu’un ou quelque chose n’appréciait guère sa présence en ces lieux. Elle savait que la recherche de la pierre ne serait pas une chose facile mais néanmoins, elle espérait tout de même de ne pas se faire attaquer par des vingtaines de créatures en touts genres. Elle aimait le combat, certes, mais elle ne tenait pas non plus à trouver la mort en ces lieux alors qu’elle était déjà si proche du but…
Ainsi, gardant tous ses sens en éveil par prudence, elle put soudainement entendre comme des murmures s’élever jusqu’à l’endroit où elle se trouvait. Des murmures pour le moins inquiétants. Eden mit ses oreilles en arrière tout en suivant Elena, marchant avec la plus grande des méfiances et laissant apparaître quelque peu ses crocs. La jeune femme posa aussitôt sa main sur l’épée qui se trouvait à son ceinturon, s’efforçant de garder sa concentration intacte afin de pouvoir user de sa magie sans problèmes au cas où ils se feraient prendre par surprise…

[Oups je n’avais pas remarqué qu’Alika était en face d’Elena, je pensais qu’elle était à un autre endroit de la tour xD je sors]

Elena s’arrêta un instant, attendant d’avoir la confirmation de l’exactitude de sa réponse, même si elle était déjà persuadée d’avoir vu juste. Elle entendit alors aussitôt Eden lui faire partager ses pensées.

*Tu as bien répondu à l’énigme, tu seras à présent la maîtresse de cette orine qui s’engage à te servir.*

*Bien. Je pense qu’elle pourra nous être très utile pour chercher la pierre, elle doit bien connaître cette tour et… ses habitants. Pour cela, il serait bien plus pratique de lui ouvrir mon esprit mais je veux en premier lieu m’assurer de ses intentions vis-à-vis de nous. Es-tu sûr que c’est une orine ? Après tout, cela pourrait aussi bien être un piège... *

La jeune femme attendit, laissant Eden sonder les pensées d’Alika.

*Elle n’a pas menti, elle va réellement faire de son mieux pour t’obéir et t’aider dans ta quête.*

*Très bien. Néanmoins je préfère tout de même attendre de la voir à l’acte avant de la laisser s’introduire dans mon esprit.*

Eden finit par s’adresser à l’orine, répondant à sa question.

*Ma maîtresse se prénomme Elena et quant à moi, je suis Eden.*

Le regard d’Elena se porta sur Alika qui maintenait ses yeux fermés. Etait-elle aveugle ? Et si elle ne parlait pas à voix haute, était-ce parce qu’elle se méfiait du danger qui se présentait dans cette tour où simplement parce qu’elle était muette ? La jeune femme fronça les sourcils. Comment pourrait-elle l’aider si elle n’était pas en mesure de voir ce qui se passait autour d’eux ? Qui sait, elle avait peut être développé d’autres sens qui ont fini par remplacer avec succès ceux qu’elle n’avait plus. Du moins, il fallait l’espérer.

-Je recherche l’opale. As-tu une idée de l’endroit où elle peut se trouver ? demanda la déchue d’une voix froide et sèche, comme à son habitude, voulant vérifier si aux moins l’ouïe de l’orine se trouvait être intacte.

Mais avant qu’Alika n’aie eu le temps de répondre, de petites créatures étranges firent leur apparition, tout autour de nos trois personnages. Elles ne semblaient pas du tout être hostiles, elles se trouvaient même être très mignonnes ressemblant quelque peu à des peluches. Oubliant toute méfiance, Elena ressentit comme un besoin étrange d’en toucher une, un léger sourire, presque chaleureux s’affichant sur ses lèvres, ce qui ne lui ressemblait pas du tout. Mais alors qu’elle n’était plus qu’à quelques centimètres de l’une d’elles, la voix d’Eden résonna dans son esprit.

*Arrête !*

La jeune femme se redressa alors, observant le tigre d’un regard interrogatif.

*Pourquoi, que se passe-t-il ?*

Le tigre tourna alors son regard vers l’orine, se demandant lui-même des raisons pour lesquelles elle s’était précipitée à mettre en garde la déchue.

*Pourquoi ne faut-il pas les toucher ? Qu’ont-elles de si particulier ?*