Rencontre troublante.

Après l'incident à la cité d'euradien, tout était redevenu comme avant. A la différence près que quand Shizuo partait quelques jours, je savais que c'était pour tuer quelqu'un et malgré le fait que je lui avait promis de fermer les yeux, ça me faisait toujours quelque chose. Je me demandais sans cesse s'il allait tuer un pauvre innocent ou pas. En général, ça me prenait la tête toute la journée et j'avais décidé, de me consacrer moi aussi à mon travail quand il partait. Au moins, cela me changeait les idées.

Aujourd'hui, je devais réceptionner une cargaison de plantes exotiques et rares au port. Ces plantes étaient destinées au jardin de Stenfek dont je m'occupais. J'étais plutôt content. Découvrir de nouvelles espèces végétales me mettaient toujours de bonne humeur. Une fois arrivé sur le port, je chercha le bateau qui contenait les plantes, et je me dirigea vers lui. Le déchargement avait déjà commencé. Il avait beaucoup de caisses, mais heureusement, deux seulement me concernait. J'avançai donc vers la personne qui s'occupait de la réception, pour lui demander ou je pouvais trouver mes caisses. Il m'indiqua un endroit du bateau ou une femme était en train d'écrire. De loin, elle avait l'air d'être le genre de femme à être garçon manqué, mais qui n'en perdait rien de son charme. Elle portait un short moulant, un t-shirt décolleté et un petite doudoune qui mettait ses forme en valeur. Elle avait les cheveux mi-long avec un bandeau autour de la tête qui lui donnait un côté sauvage attirant. Doucement, je m'approcha d'elle et je demanda d'un ton des plus calme:

« Excusez moi, ou est-ce que je pourrais trouver les caisses où ils y a des plantes exotiques. »

La femme sursauta légèrement. Elle était tellement concentré dans ce qu'elle faisait qu'elle ne m'avait pas vu arriver.

« Oh, vous devez être monsieur Grif? Excusez moi, mais je n'ai pas finis de les trier. »

Je pris un air qui montrait que je ne comprenais pas vraiment ce qu'elle disait.

« Oui, c'est bien moi. Comment ça les trier? Vous aussi vous en avez besoin? »

Elle me regarda dans les yeux et fit un grand sourire.

« Évidemment, c'est tout de même moi qui est aller les cueillir. » dit-elle d'un ton amusé.

Soudainement, je me trouvais bien bête. Ainsi, son apparence n'était pas trompeuse, c'était une aventurière. J'eus alors une pointe d'admiration pour cette femme qui commençait à susciter mon intérêt.

« Oh, excusez moi. Vous aussi vous êtes passionné par les plantes. Ce n'est pas souvent que l'on à l'occasion de voir une femme qui prend des risques pour ce genre de choses. »

J'étais toujours ainsi avec les femmes, toujours à leur faire des compliments, c'était plus fort que moi. Il faut dire que je les aimais beaucoup. Elles étaient douces et sensibles. Rien avoir avec la rudesse de certains hommes. Même si ces derniers avaient tout autres qualités. L'inconnue me lança un nouveau grand sourire. Cependant, elle ne répondit rien, prouvant combien elle avait un côté sauvage. Je ne le pris pas mal, bien au contraire et j'ajouta:

« Laissez moi vous aider. »

C'est ainsi, qu'elle me montra comment faire pour trier les plantes qu'elle voulait et celle qu'elle me donnait. Tout en l'aidant, je ne pouvais m'empêcher de la regarder, fasciné par cette beauté sauvage qu'elle avait.

Une bonne entente trompeuse.

Alors que l'on travaillait ensemble, j'en profita pour parler plante. C'était passionnant de parler avec elle car elle en savait plus que moi. Elle me décrivit les lieux sauvages qu'elle avait visité, des plantes si rare qu'elle n'avait jamais osé les ramasser. Et moi, j'étais totalement fasciné. Je ne pouvais que lui raconter les grands jardins connus dont je m'étais occupé. Elle avait l'air intéressé et pourtant, je trouvais mes récits bien fade à côté des siens. J'en profita pour lui demander son prénom: Kesia. Je songea alors qu'il était tout à fait à son image.

Finalement, nous avions finis le travail assez rapidement, mais naturellement j'étais resté près d'elle pour continuer notre conversation. Cela faisait très peu de temps que nous nous connaissions et pourtant, j'avais l'impression de bien la connaître. C'était une femme intelligente et drôle. Et de temps en temps, nous riions aux éclats. Cela faisait tellement longtemps que je n'avais pas fait une rencontre pareil. Nous étions sur la même longueur d'onde et tout ce qui se passait autour de mous n'existait plus.

« J'aimerais tellement avoir votre courage, une fois je suis allé moi même chercher des fleurs sur les terres arides, ça c'est vraiment mal passé, je ne vous raconte même pas toutes les galères qu'ils me sont arrivées. »

J'avais dis cela sans vraiment sans réfléchir. Parce que, malgré toutes ses galères, une chose formidable était arrivé, j'avais rencontré Shizuo. Mais bien sûr, ça je ne lui avais pas dis.

« Arrêtons de nous vouvoyez veux tu? » fit elle remarquer.

Un large sourire s'étira sur mes lèvres.

« Bien sûr »

« Allez, raconte moi quand même. Avec tout ce que je t'ai raconté, c'est un peu à toi. »

C'est alors que je lui raconta dans les grandes lignes ce qui m'était arrivé. Elle rigola quand je lui dis que je m'étais fais agresser par une personne mystérieuse qui m'avait volé tout mon argent. J'oublia soigneusement de lui dire que j'avais failli me laisser mourir après que Shizuo m'ait tabassé. Je lui raconta tout de même que j'avais trouvé un homme mort et que quelqu'un m'avait aidé à l'enterrer et que juste après, un oiseau gigantesque l'avait attaqué.

« Enfin voilà, le seul point positif dans tout cela, c'est que j'ai un oeuf qui ne veut pas s'ouvrir. Si tu veux mon avis, je le chouchoute un peu trop. » je conclus en me moquant de moi même.

Ce n'étais pas évident de raconter ça, car j'avais fais des choses dont j'étais peu fière. Elle finit tout de même par rire à ma conclusion. Il commençait à se faire tard et j'eus une idée. Je plongea mon regard dans celui de Kesia, et doucement, j'approcha mon visage de son oreille pour lui murmurer:

« Je ne suis peut être pas un aventurier mais je suis plutôt bon cuisinier. Je suis sûr que tu commences à avoir faim, il y des cuisines dans ce bateau? »

Pour toute réponse, elle me sourit en acquiesçant. Puis, elle me prit la main, m'entraînant dans les soutes du bateau.

Dangereux rapprochement

Pendant que je faisais à manger, moi et Kesia continuions à discuter sur les plantes. Elle me posa quelques questions sur ma vie, mais je les évita un maximum. Je n'aimais pas vraiment parler de moi. Et puis, ma vie n'avait rien de bien intéressant contrairement à la sienne. Ce fut elle qui mit la table en y mettant des bougies, disant qu'il faisait trop sombre et que cette ambiance serait amusante. Cela était plutôt troublant. On aurait dit un diner en amoureux. En tout cas, quand tout fut près, le résultat était vraiment bien. J'avais même mis quelques plantes exotiques dans les plats pour tester de nouvelles saveurs et Kesia m'avait aidé à les choisir.

Une fois en face à face, c'était vraiment comme si le monde avait cesser de tourner. Plus rien n'avait d'importance à part elle et ce repas. C'était comme si elle m'ensorcelait. Bien que j'aimais Shizuo, je ne restais pas insensible aux femmes et à leur charme envoutant. Je remarqua alors, pendant le repas, qu'il commençait à y avoir des jeux de regards. Il y avait du vin sur la table et les verres partaient sûrement un peu trop vite. Nous rigolions de plus en plus pour de futiles raisons. Cela me faisait tellement de bien d'être en sa compagnie, c'était comme une grande bouffé d'air frais. Nous avions presque terminé le repas qu'elle déclara presque d'une voix charmeuse:

« C'est vrai que tu es un excellent cuisinier. J'aimerais bien que ce soit toi qui me fasse la cuisine tous les jours »

Je me mis alors à rire, un peu flatter par cette remarque.

« Ce serait en effet une expérience intéressante. Nous voyagerons sur les mers à la recherche de plantes rares et pendant que tu partirais en excursions, je préparerais de nouveau plats délicieux et tout aussi exotiques. »

Bien sûr, je plaisantais. Je ne me voyais pas du tout vivre sur mer. Cela avait bien trop le goût de l'aventure pour moi. Mais il est vrai que cela paraissait être le rêve.

« Oh arrête! Tu vas me donner envie... Je commence à en avoir marre de ses brutes qui naviguent avec moi. Je vois bien dans leur regard qu'il voudrait me sauter dessus à tout instant. Et heureusement que je sais me défendre, car sinon, je n'ose imaginer ce qui pourrait bien me faire. »

Peut être était ce l'effet de l'alcool qui lui faisait se confier à moi. Dans tous les cas, j'en étais heureux, mais peu surpris. J'étais de nature très à l'écoute et les femmes se confiait facilement à moi. Je posa alors délicatement main sur la sienne. Tout cela faisait vraiment très cliché, mais je voulais surtout me montrer rassurant. Elle me sourit alors, acceptant cette marque de tendresse.

« Toi au moins, tu es doux et gentil. Comment ça se fait que tu sois seul dans ta vie? »

Cette réplique me surpris. Doux et gentil? Peut être, mais cela ne plaisait pas toujours aux femmes. Ce qu'elle ne savait pas, c'est que je n'étais pas si seul que cela. Il y avait Shizuo. Toutefois, je n'eus pas le temps de répliquer quoi que ce soit, que je voyais son visage se rapprocher dangereusement du mien. Si j'avais voulu protester, je ne le fis pas. Je ne voulais pas la décevoir. Peut être que ce baiser la réconforterait. Alors doucement j'approchai mon visage du sien pour lui offrir un doux baiser. Cependant, je fis en sorte qu'il dure le moins longtemps possible. Des images de Shizuo me remontait à l'esprit et je trouvais cela malsaint.

Jalousie ou trahison?

J'allais repousser Kesia doucement, quand un grand fracas vers la porte nous sépara beaucoup plus brusquement. Shizuo apparut à l'entrée et cela me paralysa. Je ne m'attendais pas du tout à le voir ici. Il avait l'air vraiment en colère. Le genre de colère qui annonçait un nez cassé. Je n'eu même pas le temps de me demander ce qu'il faisait là, que la table était déjà au sol. Je ne comprenais pas ce qu'il faisait là, ni pourquoi il était en colère. Il faut dire que j'étais encore un peu étourdi par l'alcool et par Kesia. Pour me faciliter la tâche, j'usa de mon pouvoir d'empathie qui me révéla que Shizuo n'avait pas supporté de me voir embrasser Kesia. Cela aurait put paraître évident, mais on ne pouvait jamais vraiment savoir avec lui. Il était donc jaloux et quelque part, cela me faisait très plaisir. Mais je n'eu pas le temps de me poser d'avantage de questions que je sentis une violente douleur au nez. Il s'était encore défoulé sur moi, en le cassant. Hélas, je n'eu pas le temps de me soigner car je l'entendis dire que je pouvais me la taper cela ne lui faisait plus rien. J'étais totalement éberlué. Jamais je n'aurais cru que Shizuo pouvait être aussi jaloux. Il était évident que cela ne lui faisait pas rien. Cela le toucher au plus profond de son être et je ne pouvais m'empêcher de ressentir la même chose à cause de mon pouvoir. Il se sentait abandonné et trahis, et par conséquent, moi aussi. Un grand vide s'installa en moi.

Il finit par se retourner pour partir, sûrement pour toujours. Je ne pouvais pas le laisser faire. J'avais trop besoin de lui, trop besoin qu'il ait encore confiance en moi, trop besoin qu'il m'aime encore à sa façon. Je commençais sérieusement à culpabiliser. Mais d'un autre côté, je rejetais un peu la faute sur lui. Il n'était pas clair avec moi. Je ne savais pas ce que j'étais à ses yeux. Son ami? Son amant? Son grand frère? Ou je ne sais quoi d'autre encore. Je ressentais une sorte de manque, et sûrement que inconsciemment, j'avais cherché à le comblé en allant vers Kesia.

Je n'avais pas réagis immédiatement, encore sous le choc de cette apparition si soudaine et si violente. Ma main compressais mon nez qui saignait abondamment et une fois que Shizuo était hors des cuisines, Kesia s'approcha de moi pour voir comment j'allais. Elle aussi était encore stupéfaite, mais je n'avais plus de temps à lui accorder. Il fallait que je rattrape la personne qui avait plus d'importance à mes yeux. Je lança alors un regard désolé à Kesia.

« Je suis vraiment désolé »

Et sans rien ajouter, je partis en courant hors des cuisines, tentant de soigner mon pauvre nez.

« Shizuo! SHIZUO! Attend, je t'en supplie, attend! »

Je l'attrapa immédiatement par le bras et sans attendre, je déversa ma magie blanche en lui pour le calmer. Il fallait absolument qu'il m'écoute et je tenais pas particulièrement à me recevoir une nouvelle droite.

« Je n'ai pas envie de me la faire comme tu dis, ni même qu'il se passe quoi que ce soit entre nous... C'est vrai, je n'aurais pas dû l'embrasser parce que je ne pensais qu'à toi à ce moment là. »

Je priais intérieurement pour que Kesia n'entende pas ses mots. Même si j'avais moins peur de lui faire du mal à elle qu'à Shizuo, je ne voulais tout de même pas la blesser. Je finis par lâcher son bras. J'avais enfin dis le principale, il pouvait maintenant encore me frapper, me dire tout ce qu'il voulait maintenant. Cependant, je poursuivis:

« C'est toi aussi, tu n'es pas claire avec moi. J'ai juste l'impression d'être ton doudou. » Je baissa alors la tête honteux. « Excuse moi Shizuo, je ne pensais pas que tu serais jaloux. »

Peut être que je culpabilisais, mais je trouvais aussi que c'était un bon moyen de faire bouger les choses. Je commençais à avoir du mal à supporter cette situation qu'il y avait entre nous.

Cela ne se finira pas comme ça.

Étrangement, il ne déversa pas sa rage sur moi, mais sur le mur, faisant un gros trou dedans. Je me demanda alors si c'était bon signe ou non. S'en suivit alors un long discours où il déversa toute sa rage, tout ce qu'il avait sur le coeur. Jamais il n'avait dit autant de mots à la suite et cela montrait à quel point sa détresse était grande. Chaque mot était plus blessant les uns que les autres. Pourquoi je n'avais pas dis que j'avais quelqu'un? Je ne savais pas exactement, peut être pour savoir si quelqu'un pourrait m'aimer autrement et plus visiblement que Shizuo. C'était peut être lâche, mais comme il le disait si bien, j'étais lâche de toute façon. Je fus totalement sans voix quand il dit qu'il pensait que je mentais, que je ne l'aimais pas. Comment pouvait-il croire ça après tout ce que je faisais pour lui. J'avais même fermé les yeux sur des meurtres pour lui, je le laissais me rouer de coup quand sa colère devenait incontrôlable. Qu'est-ce qu'il lui fallait de plus? Que je tus Kesia devant ses yeux pour lui prouver? La suite fut encore plus blessante. Il me prenait pour une femme? Voilà ce que j'étais à ses yeux. Une femme... Je ne savais vraiment plus quoi penser. Et un total désemparement m'envahit. Le pire dans tout ça, c'était qu'il avait raison. J'avais souvent un comportement de femme, mais qu'est-ce qu'il y avait de mal à ça? Dans tous les cas, cela n'avait vraiment pas l'air de lui plaire et je le dégoutais sûrement. De plus, j'avais envie de m'effondrer au sol pour pleurer comme certaine femme aurait put le faire. Si Shizuo me voyait ainsi, alors je n'avais vraiment plus aucune raison de vivre. Oui, il avait raison, lâche et femme.

Cependant, comme si un instinct de survie inattendu avait fait son apparition, je ne m'effondra pas en pleure, je n'avais plus envie de mourir et un tout autre sentiment, bien plus rare chez moi, vint emplir tout mon corps: la colère. Je détestais cette émotion car je ne la contrôlais pas du tout et qu'elle me faisais faire des choses que je regrettais par la suite. Je la sentait monter progressivement dans mes veines d'habitude, si bien que des fois, j'arrivais tout de même à l'arrêter ou à la canaliser. Or, cette fois-ci, elle fut si soudaine et imprévisible que ce fut comme si une autre personne avait pris possession de mon corps.

« Je ne veux plu te voir... »

Ce fut sûrement cette phrase qui déclencha tout. Effectivement, il n'allait plus voir le Aaron qu'il connaissait. Shizuo avait repris son chemin et je trouva un balai par terre que je m'empressa de ramasser. Heureusement, en se retournant ainsi, il avait baissé sa garde et sournoisement, je le suivit de près et d'un geste vif et brusque, je lui fit un croche pied avec ma toute nouvelle arme. Comme je l'avais prévu, il s'étala de tout son long. Puis, sans hésitation, je le sauta dessus et je le retourna pour qui se retrouve sur le dos. Je fus bien content qu'il soit un peu étourdi par la chute, car sinon, je ne pense pas que j'aurais réussis cet exploit aussi facilement. Une fois dans cette position, je me mis à califourchon sur lui et je lui lança un coup de poing bien placé dans le nez. Je n'avais pas retenu ma force, et contrairement à la première fois que je lui avait fait ce coup, j'avais maintenant plus de force. Je sentis les os de son nez craquer sous ma main, mais ce n'était pas cela qui m'arrêta dans mon hélant de rage. On pouvait certainement voir la colère sur mon visage. Je serrais la mâchoire et mes yeux étaient devenus comme noir de haine.

« Tu m'emmerdes Shizuo! » Je lui cracha à la figure.

Un autre coup partit, mais cette fois dans le bas la mâchoire et certainement moins puissamment. Dans ma tête j'avais encore les mots qu'il m'avait dit et cela nourrissait ma colère. Je n'employais même plus des mots correctes tellement je ne me contrôlais plus.

« Tu m'emmerdes avec tes préjugés à deux balles »

Cette fois, je pris le balai pour le placer sous la gorge de Shizuo et je pressa un maximum quitte à lui faire mal. Seul ma colère s'exprimait.

« Elle doit se comporter comment une femme pour toi? C'est elle qui doit faire à manger, faire le ménage et être toujours présente pour son mari? Tu crois peut être qu'elles sont plus faibles, moins courageuse que les hommes? Trop sensible? Mais tu t'es vu Shizuo? Tu n'es même pas capable de me dire ce que tu ressens vraiment, tu parles jamais comme si c'était trop dur pour toi... Tu crois que ce n'est pas de la faiblesse ça peut être? Et quand quelque chose te touche trop, tu peux pas t'empêcher de partir au quart de tour, tu crois c'est pas de la sensibilité ça aussi? Je n'ai rien à envier d'un homme, s'ils sont tous comme toi! Alors oui Kesia vit comme un homme selon ta vision restreinte des choses, mais elle n'est certainement pas comme toi »

Je fis une courte pause pour reprendre mon souffle et desserrer légèrement la pression sur son cou. La colère s'était presque évaporé mais il me restait une dernière chose à lui dire, mais pas des moindres.

« Et c'est bien pour ça que je t'aime toi et pas elle... Je ne sais vraiment pas ce qu'il te faut de plus pour te prouver combien je t'aime... »

J'avais dit la dernière phrase dans un souffle, mon dernier souffle de colère. J'étais maintenant vidé et je lâcha distraitement le balai. Toutefois, mon regard était encore sévère et accusateur dans le sien. Je le fixai toujours, attendant sa réaction.

Kesia, qui avait sûrement tout entendu de la scène passant devant nous, sûrement pour quitter le bateau et on pouvait nettement voir sur son visage qu'elle pleurait.

Confession

Aucune réaction de la part de Shizuo, il avait l'air vide. Et d'un coup, ma colère s'estompa totalement. J'avais été tellement surchargé par mes propres émotions que je n'avais pas vue les siennes. Maintenant que tout allait mieux pour moi, je pouvais ressentir toutes les émotions de Shizuo comme je le faisais souvent. Cela était très étrange d'ailleurs. C'était comme si avec lui, mon don d'empathie était emplifié à certain moment et à d'autre il ne fonctionnais pas du tout. Heureusement, j'étais dans le moment où il fonctionnait à plein régime et j'avais l'impression que les émotions de Shizuo étaient les miennes. Il avait en lui une grande souffrance, tel que si je ne m'étais pas retenu, j'aurais versé des larmes. J'avais beau ressentir toutes ses émotions, je ne comprenais pas pourquoi il éprouvait tout cela. Pour moi, ce baiser ne signifiait rien du tout. J'avais essayé de lui faire comprendre, mais il n'avait pas l'air de saisir. Finalement, il n'aurait jamais dû se trouver là et je serai rentrée et tout aurait été comme avant. Shizuo ne se serait pas sentit trahis.

Il finit par me repousser doucement et me je me laissa faire, le regardant d'un air inquiet. Qu'est-ce qu'il allait faire? Il commença alors à se lever pour partir me disant qu'il était désolé que j'aime un homme comme lui. Voilà que maintenant il se rabaissait. Ou alors il avait mal compris mes paroles. J'avais juste voulu me défendre et lui faire comprendre que je n'aimais que lui. Et lui apparemment il croyait que c'était horrible pour moi d'aimer un homme comme lui. Encore une fois, ma colère avait fait des dégats et rien ne pouvait me faire plus culpabiliser.

Je le regarda partir, impuissant. J'avais utilisé tous mes arguments. Alors cela allait se terminé comme ça? Juste parce que j'avais embrassé une fille sans vraiment vouloir? Parce qu'il y avait un manque certain de communication entre nous? Or, j'avais trop besoin de lui, malgré tous ses défauts qui à mes yeux étaient plus des qualités. Et si je me basais sur ce qu'il ressentait, lui aussi avait besoin de moi. Nous nous complétions mutuellement et jamais je ne pourrais vivre sans lui. On m'avais déjà enlevé mon frère et voilà que maintenant on m'enlevait Shizuo. Enfin, pour le coup, c'était plus moi le fautif. Je baissa alors la tête, honteux, vidé moi aussi.

Soudain, j'entendis un fracas. C'était Shizuo qui s'était effondré. Mon sang ne fit qu'un tour. Toutefois, je ne précipita par sur lui. Je savais que c'était à cause de toutes les émotions qu'il venait d'avoir et aucun soin d'urgence n'aurait été efficace. Alors doucement, je me leva pour m'agenouiller tout près de lui. Je ne pouvais pas dire que j'étais content qu'il s'évanouisse, mais au moins, cela le retenait encore un peu au près de moi. C'était comme une aide du destin. Je le retourna délicatement , puis je m'asseya. Je savais que ma magie n'y ferrai rien alors j'allais encore lui prouver que je l'aimerais. Ou plutôt que j'avais besoin de lui tout autant qu'il avait besoin de moi. Je resterais au près de lui jusqu'à en mourir de soif s'il le fallait, mais je resterais. Donc ensuite, je mis sa tête entre mes jambes, sur une de mes cuisses et je lui attrapa une main que je mis dans la mienne.

« Je suis là Shizuo, je te laisserais pas. »

Mon visage était vide d'expression et j'effectuais ses actions comme un automatisme, une sorte d'instinct. Je finis par m'adosser au mur et attendre, c'était le mieux qu'il y avait à faire. Les minutes s'écoulèrent et je regardais le vide, d'un regard vide. Je réfléchissais à nous et j'eu envie de lui dire quelque chose, même s'il ne m'entendait pas. En fait, c'était plus simple de parler comme ça, à quelqu'un d'inconscient. Je n'avais pas peur de le saouler, ou qu'il me contredise.

« C'est difficile d'aimer, et ça nous fais faire de belles conneries. Tu veux savoir pourquoi je ne lui ai pas dis que j'avais quelqu'un dans ma vie? Parce que j'avais peur de la décevoir. J'ai déçu tout le monde autour de moi, à part mon frère, mais il est mort... »

C'était la première fois que je lui parlais de mon frère. Et même s'il ne m'entendait sûrement pas, cela faisais un bien fou.

« C'est pour ça, maintenant je cherche à ne décevoir personne. Mais finalement je me rend compte que c'est toi que j'ai le plus déçu... »

Une larme roula sur ma joue malgré mon visage inexpressif et je serra sa main dans la mienne sous l'émotion.

« Si tu savais comme je m'en veux... Je voulais tellement que tu me dise ce que tu ressentais pour moi que je n'ai pas vu que tu me prouvais chaque jour dans tes gestes que tu tenais à moi, que tu avais confiance en moi. Maintenant je sais et je ferais tout pour ne plus te décevoir. Et si jamais tu décide de me laisser, tu devras me tuer. Je veux pas te perdre, j'ai trop besoin de toi. Besoin de tes qualités, de tes défauts. Et je suis même sur que mon nez réclamerait d'être encore cassé par ton poing. Je suis sûr que je serai même capable de tuer si tu me le demandais. »

Cette fois, ce fut plusieurs larmes qui coulèrent sur mes joues. Cela faisait tellement de bien de dire tout ça.

« Je t'aime et n'en sois pas désolé. Malgré toutes ses souffrance, tu es ce qui m'est arrivé de mieux dans la vie. »

Douce réconciliation

Sans comprendre ce qui m'arrivait, je me retrouva sur le torse de Shizuo ce qui eu don de me calmer légèrement, comme à chaque fois que j'étais collé à lui. Je finis par me rendre compte qu'il s'était réveillé. Il me serrait tout contre lui et j'avais la tête dans son cou. Mon soulagement était immense. Visiblement il ne m'en voulais plus et il réclamais un câlin. Cependant, ce n'était pas ce que je croyais. Si j'en croyais ses dires, Shizuo ne voulait pas se réconforter en m'utilisant comme doudou mais me réconforter moi. Une nouvelle vague d'émotion m'envahit alors. J'étais toujours aussi étonné quand il se montrait attentionné. Il me confia que même s'il n'aimait pas me voir pleurer, cela le rassurait car il ne savait jamais ce que je pensais. Là encore j'étais surpris, je ne pensais pas être aussi froid. Il est vrai que j'évitais de parler de moi, mais je ne pensais pas que cela le touchais autant. Moi qui pensais que s'il me voyais pleurer, il me prendrait encore plus pour une femme, or il en était rien. Il ajouta même qu'il voulait que je pleure pour nous deux. Et je ne me fis pas prier, cependant, je resta silencieux. Des perles salées silencieuse coulaient abondamment sur mes joues pour venir s'écraser dans le cou de Shizuo. Ma main vint se glisser sur sa nuque pour le serrer tout contre moi. Lui aussi me serrait et cela faisait un bien fou.

Je cru qu'il avait finit de parler, lui qui disait si peu de choses et pourtant, il dit une chose qui me surpris mais surtout qui m'emplis de joie. Jamais je ne l'avais entendu dire des choses aussi gentil. Cela prouvait combien je ne m'étais pas trompé à son sujet. C'était un homme bon et quoi qu'il fasse, je le penserais toujours. Cet aveu, c'était comme s'il m'avait dit qu'il m'aimait, et rien ne pouvait me faire plus plaisir. Mon coeur s'emballa, mais mes yeux ne cessèrent pas de pleurer pour autant, au contraire. Pour rien au monde je quitterais ce grand blond. Je devais sûrement le connaître mieux que quiconque et cela m'emplis de fierté et de joie. Peu à peu, mes larmes de tristesse se transformaient en larmes de joie et de soulagement. De ma main encore inoccupé, j'attrapa la sienne pour la serrer. J'aimais bien faire cela, ça prouvais sans les mots, que je le remerciais, que je l'aimais et que j'avais bien entendu tout ce qu'il m'avait dit, bien que les mots ne venaient pas.

Les minutes s'écoulèrent et mes larmes se calmèrent peu à peu. Cependant, mon coeur ne l'entendait pas de cet oreille. En effet, il battait toujours aussi vite et aussi fort dans ma poitrine, si ce n'est plus et je commençais même a avoir chaud. Je ne savais pas vraiment pourquoi ça me faisait ça, mais je songea que c'était la première fois que je l'enlaçais de cette manière. D'habitude, c'était toujours mon dos qui était collé à lui. J'avais réussis à calmer mes envies, mais là, c'était trop dur. Une fois que j'eu totalement fini de pleurer et que le cou de Shizuo était tout mouillé de mes larmes, j'approcha alors ma bouche pour l'embrasser. Je passais ma bouche partout pour essuyer toute l'eau. Quand il ne resta plus rien, je poursuivis mon chemin sur sa joue pour aller cueillir sa bouche qui me tentait tant. Je ne réfléchissais plus à si cela allait lui plaire ou non, j'en avais envie, c'est tout. Je restais très doux pour ne pas le brusquer, mais surtout parce que toutes ses émotions nous avaient terrassé. Il fallait de la douceur après la tempette. J'adorais le goût de ses lèvres qui me faisait penser à du cacao. Ma main serra alors plus la sienne. Inconsciemment, je lui montrais que je le désirais. Je le désirais lui et personne d'autre en y mettant tout mon amour.

Comme des vacances en amoureux.

Shizuo semblait aussi prendre goût à ce baiser passionnel et doux. Jamais je ne l'avais sentis aussi réceptif et présent. D'habitude, il avait l'air plus ailleurs, alors que là j'avais complètement l'impression d'être avec lui. J'ouvris furtivement les yeux pour le regarder et je me rendis compte qu'il avait encore le nez cassé, et mon coeur rata un battement. C'est moi qu'il lui avait infligé ça et une nouvelle vague de culpabilité m'envahit, mais je fis comme si de rien était, diffusant ma magie curative par mes lèvres pour réparer mon erreur. C'était comme un baiser magique. On pouvais peut être dire que cela n'était pas vraiment grave car lui m'avait fait bien pire, mais je m'en voulait beaucoup plus que lui.

Toutefois, il me fit oublier ses pensées nuisibles en passant sa main sous mes vêtements. Un frisson de désir me parcourra le corps. J'avais vraiment l'impression de redécouvrir Shizuo, la part de lui qu'il m'avait caché et rien de pouvait me faire plus plaisir. C'était une sorte de victoire. Tous ses efforts pour qu'il m'apprécie avait payé et je ne m'arrêterais pas en si bon chemin. Pour la première fois, j'avais le sentiment d'être désiré par lui, ce qui fit augmenter mon propre désir. J'avais tellement envie de lui que j'étais près à le faire dans ce couloir. Hélas, le destin en avait décidé autrement. Des bruits de pas se firent entendre dans le couloir et je savais qu'il fallait que je me sépare de lui mais j'en avais pas la force. Je m'agrippais à lui, comme si j'avais encore peur de le perdre. Heureusement Shizuo réussit, lui, à nous séparer. J'avais beau ne pas avoir honte de m'afficher avec un homme, ce n'était pas vraiment l'endroit pour faire ça. Si quelqu'un nous voyait, ce serai certainement très mal vu.

Nous fûmes tous les deux debout et séparés juste avant que le capitaine du bateau nous vois. J'essaya alors de prendre une expression neutre, mais j'étais encore un peu gêné et je passa une main dans mes cheveux pour tenter de reprendre mes esprits. J'étais tout de même très frustré, pour une fois que Shizuo répondait à mes avances il fallait que le destin en décide autrement. Apparemment le bateau était déjà repartit mais ce n'était pas ça qui affectait mon moral. Au contraire, une petite balade en bateau avec Shizuo ne pouvait que nous changer les idées, comme une sorte de petite vacance. Mon visage s'illumina quand le capitaine nous proposa une cabine. En effet, ce genre d'endroit était beaucoup plus approprié qu'un couloir. Il finit par me prendre par l'épaule pour me montrer notre cabine.

Elle était petite, mais cela me convenait parfaitement. Il y avait un lit assez petit, tout juste assez grand pour deux personne et une toute petite table avec une unique chaise. Une commode prenait place dans un coin avec quelques bibelots et la décoration était assez cliché, faite de bouées et de nœuds marin. Je me dirigea alors machinalement vers la commode pour voir ce qu'il y avait à l'intérieur et j'y trouva des dizaines de bougies. D'abord je me demanda bien ce que cela pouvait faire ici mais bien vite une idée surement un peu trop cliché me vint à l'esprit. J'avais envie de les disposer un peu partout dans la pièce pour créer une ambiance particulière. C'était sûrement mon côté féminin qui ressortait mais si cela ne déplaisait pas à Shizuo, alors pourquoi pas.

Tout en plaçant les bougies, je me rappela alors soudainement que Shizuo n'avait sûrement pas mangé et je grimaça. Pour une fois, j'avais complètement oublié de lui préparer quelque chose. Heureusement, la cuisine n'était pas très loin et je m'empressa d'aller chercher les reste de ce que j'avais fait pour Kesia. Ce n'était peut être pas la meilleur chose à faire vu les circonstances, mais je n'avais que cela sous la main. Je mis la table avec des bougies et une fois que tout fut près, je m'asseya au bord du lit, regardant par le hublot, songeant à tout ce qu'il venait de se passer. Avec toute ses bougies, on avait l'impression d'être dans le ciel étoilé, cela faisait irréel et je songea que cela convenait parfaitement avec la situation. Je ne savais pas si cela plairait à Shizuo, mais il fallait vraiment être insensible pour ne pas trouver cela beau. Et Shizuo n'était pas insensible, bien au contraire.