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 [Q] Enfant de nuit, enfant de sang

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Stanislav Dementiæ
~ Sorcier ~ Niveau II ~

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◈ Parchemins usagés : 1372
◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2016
◈ Âme(s) Soeur(s) : Aggripina, la seule, l'unique.
◈ Activité : Mangeur officiel de chaire fraiche
Stanislav Dementiæ
Lun 22 Mai 2023, 15:28


Enfant de nuit, enfant de sang.
Thessalia

Intrigue ; Thessalia, nouvellement transformée, va essayer de regagner les lignes Eversha afin de se laisser mordre et retrouver sa race d'origine. Ca ne se passera pas tout à fait comme ça.
RPs liés ; Les crocs dans la chaire ; La guerre des crocs II

Tu t'approches du rideau et tires dessus. Avant d'avoir pu l'écarter, la morsure du soleil sur tes doigts te fait lâcher prise et tu recules précipitamment, te plaquant contre le mur d'un bon. Tu observes ta main : rougeoyante, un filet de fumée s'en dégage, libérant une odeur de chaire brûlée qui te donne un haut le cœur. La douleur porte des larmes à ta cornée, mais c'est le sentiment de rage qui finit par les faire couler. Un monstre. Tu es devenu l'un de ces monstres. Tu refuses toujours cette réalité. L'épais tissu ayant légèrement bougé, la fenêtre laisse filtrer un rayon lumineux. Tu fixes sa trace, sur l'épais tapis au sol. Le ventre noué par l'appréhension, tu t'approches de nouveau. Tu tends le bras devant toi, tremblante... Vas-y. Tu peux le faire. C'est presque une injonction que tu te lances à toi-même. Pourtant, à peine le faisceau de l'astre solaire effleure-t-il ta peau qu'une sensation atroce, insupportable, irradie dans ton membre. Tu ne parviens pas à luter et rapatrie ta main aussitôt, la portant contre ta poitrine dans un geste de protection tout en lâchant un cri de douleur. Alors voilà, tu es maudite ? Condamnée à ne plus jamais sentir le souffle chaud du jour ? Destinée à te cloîtrer dans un donjon en patientant que la nuit tombe ? Non. Tu ne peux tolérer cette idée. Ce ne serait pas une vie. Tu ne peux pas rester dans cet état. Il faut absolument que tu trouves une solution. Que tu redeviennes comme avant. Oui, voilà : tu dois te retransformer en Eversha. Si tu retrouvais ta meute, ils pourraient te mordre et te changer de nouveau. Tu ne serais plus une Evergrim. Rien qu'une vulgaire Hessha. Mais la pire des créature valait toujours mieux que ton statut actuel. Il fallait que tu t'échappes, que tu regagnes la forêt et que tu retrouves Kellam. Il comprendrait. Tu t'approches de nouveau de la fenêtre et t'entêtes une fois de plus : le soleil te piège dans ta prison nocturne. Dans un excès de rage, tu bouscules un vase qui tombe de son perchoir et s'écrase sur le sol. Tu te moques éperdument des dégâts.

Il te faut attendre la nuit pour pouvoir t'échapper. L'impatience, pourtant, pulse dans tes veines. Pulse... Ai-je au moins encore un cœur ? La légende voulait que les Vampires n'étaient que des statues de pierres. Pourtant, tu perçois ton palpitant s'emballer sous tes côtes, à mesure que tes émotions le ravagent. Il est toujours là, éclat de vie dans ce corps muté. Tu t'immobilises et observes ton corps. Il reste inchangé, à l'exception d'un teint légèrement plus pâle qu'à l'accoutumée. Tes sensations, en revanche, sont totalement nouvelles. Tu sens une force différente affluer à travers tes doigts. Ta vue et ton ouïe fine semblent capter davantage de détails qu'à l'accoutumé - une porte qui claque au lointain mais qui semble résonner à côté de ton oreille, une fêlure dans la poutre en bois que tu perçois parfaitement malgré la hauteur du plafond et l'obscurité. Quand à ton odorat, naturellement développé, sa portée semble encore plus décuplée que tout le reste. Réalisant cela, tu inspires malgré toi et ton cerveau capte les odeurs environnantes. A l'extérieur, des Non-Vampires s'activent à l'effort de guerre. Il serait si simple d'exploser la vitre pour leur bondir dessus... Tes dents s'allongent malgré toi, t'arrachant une complainte à mi-chemin entre le gémissement et le sanglot. Soif. Elle te consume de l'intérieur : elle bouleverse tes entrailles, enserre ta gorge, gonfle tes muscles. De nouveau esclave de tes pulsions, tu te jettes en direction de la fenêtre. Seule la douleur de la brûlure t'empêche de te jeter sur le carreau de verre. Pourtant, à peine la douleur s'apaise-t-elle que tu réitères tes vaines tentatives pour regagner l'extérieur.

Le cliquetis de la porte te rappelle à l'ordre. Tu sais ce qu'il signifie : quelqu'un t'apporte à boire. Changeant soudainement de direction, tu t'élances sur la porte alors que celle-ci n'est pas même ouverte, lacérant le panneau de bois de tes ongles élimés. « Laisse-moi entrer, sotte ! » Tu n'écoutes pas la voix, trop obnubilée par le désir de te sustenter. Tu rappes d'autant plus violement la porte : le sang commence à s'échapper du bout de tes doigts à mesure que tu uses ta peau. Un violent coup est porté de l'autre côté du battant, te renversant à terre. L'intrus en profite pour entrer à l'intérieur, ainsi que la carcasse d'un gibier. Ouverture. Dehors. Sang frais. Tu repenses au parfum des ouvriers, à l'extérieur, et tu essayes de te faufiler dans l'entrebâillement. Une main te retient néanmoins avant que tu ne l'atteignes et te repousse en arrière. « Non. » L'ordre claque aussi violement que la porte. Soif. Aveuglée par cette unique pensée, tu te jettes sur la silhouette qui t'empêche d'atteindre ton but. Tu l'attaques, dirigeant sur elle toute ta hargne et ta frustration. La femme te maintient à distance, tendant son bras devant elle. Elle est plus grande et imposante que toi, aussi n'arrives-tu pas à atteindre son visage que tu souhaiterais déchiqueter. Tu reportes tes attaques sur chaque bout de chaire que tu parvient à atteindre : rapidement, son avant bras et son épaule se retrouvent marqués de griffures et de morsures frénétiques. « Calme-toi. » Malgré toi, tu sens l'aliénation ramper jusqu'à ton subconscient et prendre le contrôle de ton corps. Tu laisses tes bras tomber, ballant le long de ta silhouette soudainement amorphe. Ton calme physique ne concorde pas avec le brasier qui enflamme tes pensées. Tu enrages. Tu voudrais hurler, te débattre, mordre cette abomination et lui arracher la tête. Tu n'en fais rien. « Là. Bois. » Ton regard descend vers le gibier inerte qu'elle a pointé. Tu te précipites dessus et y plantes tes canines, buvant goulument.

Le sang n'a pas la même saveur qu'avant. Il est dix fois - non, cent fois, voire même mille fois plus délicieux que tout ce que tu as pu manger jusqu'à présent. Même ce tas de chaire active tes papilles et les affole. Si l'on t'ordonnait de t'arrêter, tu ne serais même pas sûre d'obtempérer, tant la sensation te rapproche de l'extase. Le liquide coule dans ta gorge et apaise l'incendie qui y dévore ta raison. Il rampe jusque dans ton estomac, semblant calmer la faim insatiable qui te tiraille depuis ton Eveil. « Grrmph ! » Tu grognes, les yeux vissés sur la silhouette de la cendrée. Elle t'observe attentivement et dessine un cercle autour de toi. Tu crains qu'elle ne cherche à te voler ton repas. « Tu fais un tel raffut. » constate-t-elle. « On t'entend depuis l'extrémité du couloir. Bien avant même. » Tu n'écoutes qu'à moitié ce qu'elle te raconte, peu intéressée. Tu te contentes de lâcher des sons gutturaux en signe de menace à chaque fois qu'elle te paraît trop proche. Lorsqu'elle passe dans ton dos, tes sens en alerte te hérissent les poils et tu lâches quelques jappements meurtriers avant de replanter tes crocs dans une autre partie du cadavre. Heureusement, elle ne s'attarde jamais longtemps hors de ton champ de vision.

Finalement, le corps froid se vide. Bien trop vite à ton goût. Déjà ? Tu as encore Soif. Tellement soif que ce constat te fais enrager. Tu bouges la carcasse et essayes de mordre à plusieurs endroits différents : tu ne parviens plus à aspirer la moindre goutte du liquide carmin. Contrariée, tu recommences à lâcher des grognements plaintifs puis te mets à marteler la chaire de tes poings. « Tu as terminé ? Bien. Mère a un cadeau pour toi. » Tu souhaites répondre que cette affreuse qui t'a mordu n'est pas et ne sera jamais ta mère. Tu n'en prends pas la peine, trop occupée à imprimer ton emprunte dentaire sur l'animal mort. Derrière toi, le couinement de la porte sonne. « Entre. » Des bruits de pas. La porte se ferme. « Thessalia. » Tu ignores ce nom que tu rejettes. Tu te souviens encore de la fois où la femme s'est présentée à toi. « Je suis Lavinia. Je suis ta Mère et, puisque tu es mon enfant, je te renomme ainsi : Thessalia. » Non. Tu n'es pas Thessalia. Tu es Oana. Oana du clan Kheros. « Thessalia ! » Cette fois, tu redresses la tête, prête à insulter la malheureuse. Les mots restent bloqués dans ta gorge tandis que tu hoquètes. Un homme se tient debout, entre ta geôlière et toi. « Il est à toi. » Elle n'a même pas le temps de terminer sa phrase que tu es déjà à la gorge de l'inconnu. Tu ignores le gémissement de plainte. Du sang frais. Encore vivant. D'un humanoïde. Le gibier te sembla fade, à côté : comme faisandé, avarié alors même que la chasse est encore fraiche. Mais ici, nichée dans la nuque de l'esclave, la dégustation semble ravir ton palais. Des bruits de succion saccadée recouvrent les gémissements de ta victime. Cette dernière tente de te repousser vainement. Tu passes un bras de chaque côté de sa silhouette pour l'empêcher de gigoter et de te gêner pendant ton repas. Rapidement - il est plutôt chétif - tu le sens vaciller. « Son sang n'est pas de la meilleure qualité. Il s'agit d'un esclave sorcier. Il est vicié par ses méfaits. Mais c'est déjà un privilège que de pouvoir te nourrir sur lui. » L'homme s'alourdit dans tes bras à chaque gorgée. Bientôt, il ne tient debout que parce que tu l'y maintient dans cette position. Même pour toi cependant, son corps inanimé devient trop lourd et vous tombez à la renverse. « Bon. Ca suffit maintenant. » Ces mots déclenchent un long et rauque grognement. Lorsque tu vois, du coin de l'œil, sa main approcher, tu lâches ta prises et la niaque, passant à quelques centimètres à peine de ses doigts. « Tu vas le tuer. On a encore besoin de lui, pour les autres. » La poigne sur ton épaule te force à lâcher priser. Possédée par une nouvelle frénésie, tu te débats pour échapper à sa prise et continuer de t'abreuver librement. « Tu n'as plus faim. La Soif ne te brûle plus. Tu te contrôles. » Le regard anthracite de la cendrée ancrent ses paroles. Comme une coulée de miel dégoulinant sur ton épiderme pour soulager tes blessures, tu as la sensation que le feu s'éteint. Tes pensées parviennent à s'organiser davantage et, honteuse, tu jettes un regard sur l'homme évanouit. Tu étais prête à le tuer pour lui extirper ce dont tu avais envie. Son sang. En voyant quelques filets couler de la plaie que tu lui a infligé, tu sens ta gorge se serrer. Pourtant, la douleur n'est plus aussi vive que lorsque tu as perdu pied. Il s'agit davantage d'une démangeaison piquante, mais supportable. Répugnée par ton comportement, tu trembles, portant tes mains autour de tes flans dans un geste de protection. Puis, après avoir déglutit, tu portes les doigts à ta bouche. Lorsque tu les en retire, ils sont maculés de sang.

La femme se coupe le poignet puis fait glisser de son propre liquide vital dans la gorge de l'esclave. Tu te demandes à quoi sert ce jeu macabre, tout en essayant de te souvenir de son prénom, sans y parvenir. « Prépares-toi. Mère voudrait te parler. » « Je ne veux pas lui parler. » répliques-tu, hargneuse. « Peut-êre mais tu n'as pas le choix. Tiens. Les vêtements sont sur le lit. »
1985 mots.



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Stanislav Dementiæ
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Stanislav Dementiæ
Mar 23 Mai 2023, 11:37


Enfant de nuit, enfant de sang.
Thessalia

RP lié ; La guerre des crocs III
Les vêtements enferment ton corps dans un carcan insupportable. Tu n'as jamais eu à porter de vêtement - du moins, jamais quelque chose d'aussi serré. Lors de réunion de clans, tu t'es déjà vu revêtir un pagne pour donner un semblant de pudeur mais ton clan fait partie de ceux qui ne s'encombrent pas de manières inutiles. Phoebe vous aurait naturellement paré de vêtements, si elle avait désiré voir vos corps recouverts. Puisque la naissance n'offrait rien de tel, ton peuple avait pris l'habitude de rester nu. Aussi, lorsque la Cendrée t'avait ordonné de t'habiller, tu étais restée pantoise, observant les morceaux de tissus sans savoir quoi faire. Elle avait été obligée de t'aider. Fort heureusement, ta tenue ne ressemblait pas à ces robes à froufrous que tu avais pu apercevoir sur d'autres femmes de la nuit. Ces choses là ressemblaient tout autant à des prisons mortifères que les murs du manoir dans lequel on te retenait contre ta volonté. La gardienne t'avait apporté une chemise en jute, un pantalon en tissu brun et épais ainsi qu'une ceinture, et des chaussure en cuir souple qui semblaient avoir déjà été portées. Quelque chose de confortable, avait-elle assurée. Pourtant, alors que tu la suis en silence à travers les couloirs du manoir, tu ne peux t'empêcher de gigoter, essayant de déplacer une couture qui gratte ou de tirer sur un col trop étroit à ton goût. Comment ces gens pouvaient préférer ces atrocités à la parure naturelle offerte par dame nature ? Tandis que tu te grattes l'aisselle de façon peu gracieuse, la cendrée tourne dans un couloir un peu plus étroit, sans fenêtre menaçante. Tu hésites à t'y engouffrer. Tu es perdue mais tu te souviens avoir grimpé un long escalier, avant que l'on te jette dans ta chambre. Celui sur ta gauche te conduirait-il à ta liberté ? « Avance. » t'appelle ta geôlière. « On ne te laissera pas rôder tranquillement dans les parages. » t'informe-t-elle, comme si elle avait été capable de lire dans tes pensées. Avec regret, tu abandonnes ta porte de sortie, te promettant d'y revenir à la première occasion. Pourtant, la jeune femme te perd dans un dédale de couloirs et de portes.

« C'est ici. » La Cendrée s'est arrêtée devant une pièce. Elle toque puis attend d'y être invitée. Tu la suis, méfiante. Dès que tu as passé le chambranle, on referme la porte derrière toi. « Merci, Aubrey. » Aubrey ! Voilà le nom de la sangsue qui te colle depuis plusieurs jours. Celle-ci vaut mieux que la rousse, ceci dit. Celle-là a un caractère exécrable et revanchard. Ton regard se pose sur la silhouette de la femme, installée derrière une imposante table rectangulaire. Elle ne ressemble pas aux autres tables que tu as pu voir jusqu'à présent : le bois est gravé de dessins et d'arabesques, il luit d'une manière non naturelle. Le mobilier est recouvert de papiers et de livres anciens. « Thessalia. » « Oana. » rectifies-tu du tac au tac. Les pupilles glacées que Lavinia pose sur toi te font frémir mais, dans un élan de défiance, tu maintient le contact visuel, levant légèrement la tête d'un air hautain. Tu te mords l'intérieur des joues pour ne pas flancher, serrant d'autant plus les mâchoires que son regard se fait perçant. La tension monte et, pendant un instant, tu es persuadée qu'elle s'apprête à t'arracher la tête. Toujours mieux que de vivre parmi eux, te répètes-tu sans le penser sincèrement. A ta grande surprise, la blonde soupire puis détourne le regard. Elle se lève de sa chaise et contourne l'étrange table, s'approchant de toi. Tu esquisses un pas en arrière mais te trouves vite bloquée contre le mur. « Tu n'as pas à avoir peur de moi. » dit-elle en articulant et parlant lentement. Elle avait constaté, lors de vos échanges, que tu maîtrisais mal le langage commun et qu'il fallait parfois te répéter les choses pour que tu les saisisses correctement. Les autres faisaient également des efforts pour se faire comprendre - qu'il s'agisse de leur intonation ou de leur flux de parole. Seule la femme à la chevelure ardente te témoignait du mépris, s'adressant à toi non pas en langage commun mais dans un dialecte inconnu - sans doute celui de leur race. Lavinia redresse lentement les mains et s'empare tendrement de ton visage. « Tu n'es plus Oana. Cette part de toi est morte. » Tu te révoltes intérieurement : tes muscles se tendent, ton estomac se tord, tes pensées s'enveniment. Pourtant, tu n'oses rien faire de plus que de continuer à lui montrer ta haine par le biais de ton regard. « Ton ancienne vie... Tu ne pourras jamais y retourner. » Sentant ton malaise, la femme se retire, te laissant de nouveau respirer. « Si tu venais à traverser en territoire ennemi... Tu serais aussitôt attaqué par ceux qui étaient autrefois ton camps. Crois-tu sincèrement qu'ils prendront le temps d'écouter ton histoire ? » Non. Tu le savais. Si tu ne croisais pas d'abord un membre de ta Meute, alors ton destin serait scellé. Mais c'était un risque à prendre malgré tout. « Tu es l'une des nôtres, maintenant. Dans cette vie, tu te nommeras Thessalia. » Sa voix avait pris des accents chantant. La sensation était différente de lorsqu'Aubrey ou l'homme t'ordonnaient des choses. Ses paroles à elles s'imprégnaient plus profondément en toi, si bien qu'il était parfois complexe de définir la limite entre tes pensées et ses ordres, de discerner ce qui venait de toi et ce qui t'était imposé par cette sangsue. Je suis Thessalia.

« Je veux que tu la ramènes au Manoir de Myngrimu. » La blonde s'était tournée vers sa fille et avait recommencé à s'adresser à elle, t'oubliant tout à fait. Elle s'était remise à utiliser cet accent qui rendait son phrasé plus complexe à décrypter pour toi. « Utilises le portail et conduits-la là-bas. Je ne veux pas qu'elle rôde trop prêt des lignes ennemies. Qu'elle soit tentée de retrouver sa meute de chiens. Tu veillera sur elle jusqu'à ce que je rentre, lorsque la guerre sera terminée. » « N'aurez-vous pas besoin de mon aide ici ? » « J'ai plus besoin de la savoir en sécurité, et tu es la mieux placée pour t'en occuper. » La Cendrée acquiesce. « Lucian et Lullaby resteront avec moi pour l'instant. » « Et Thessalia ? » Tu tiques en entendant ton prénom. « N'avez-vous plus besoin d'elle ? » « Je lui ai déjà soutiré toutes les informations dont j'avais besoin pour cette guerre. Elle ne me sera plus d'aucune aide pour l'affrontement, sa place n'est plus près du champ de bataille. » Lavinia reporte son regard bleuté sur toi. Tu te raidis aussitôt. « Elle manque cruellement d'éducation. Confie la à des précepteurs pour lui enseigner les bases et d'en faire quelqu'un de... » Soupir. « D'un minimum décent. Initie la à notre culture. Quand à la chasse... » Cette fois, les deux femmes se tournent vers toi, et tu prends une position défensive, comme pour t'apprêter à leur tourner le dos et à courir. « Elle ne sera peut-être pas trop mauvaise. Vous partirez une fois la nuit tombée. »



« C'est quoi ? » tu demandes en pointant du doigt l'espace vers lequel vous vous dirigez. Une longue file vous en sépare encore mais, depuis que vous attendez, tu observes des gens traverser et ne jamais revenir, remplacés par des cargaisons ou des visages inconnus. Aubrey te réponds sans lever le regard de ses parchemins. « Un portail. » « Quoi ? » Le mot t'es inconnu. « Un portail. » répète la jeune femme en articulant. « Nous rentrons chez nous. » Chez nous. Chez eux. « Partir d'ici ? » interroges-tu, en essayant de masquer ton angoisse grandissante. Non. Vous ne pouvez pas partir. Car sinon, comment ferais-tu pour t'échapper. Comment retrouveras-tu Kellam et les autres ? « Oui. » « Où ? » « Myngrimu. » Tu ne connais pas le lieu. Ne parvenant plus à te contrôler, tu te sens commencer à paniquer. Ta vue se trouble. Tu dois trouver un moyen de partir, maintenant. Plus tard sera trop tard. Essayant de rester le plus stoïque possible, tu observes les alentours. La forêt entour le campement. Tu pourrais t'y jeter et essayer de courir pour ta vie. Si tu t'y prenais au bon moment, on ne te rattraperais pas. Et une fois sous le couvert des arbres, on n'oserais plus te suivre, afin de ne pas gaspiller des ressources militaires. N'est ce pas ?

« Vos papiers. » La voix de l'homme te tire de tes plans. Tu dardes sur le soldat un regard accusateur, qu'il ignore superbement. « Pour aller où ? » « Myngrimu. » L'homme note la destination dans un épais registre. « Avancez. Attendez votre tour. » Avec désespoir, tu te rapproches du passage magique, t'éloignes de la forêt. Chaque pas vers ce portail est un pas de plus vers ta tombe. Puis, soudainement, tu prends conscience d'un détail. Entre chaque passage, une pause est effectuée par les mages, le temps qu'ils effectuent leurs réglages. Puis, une fois les rectifications effectuées, les passagers sont invités à s'avancer. C'était ça. Tu devais t'enfuir. Tu ne savais pas où tu atterrirais mais peu importait : du moment que tu n'étais pas surveillée par la sangsue, tu parviendrais à trouver un moyen pour retourner auprès des tiens. Tu n'aurais qu'à regagner votre territoire, au Clair de lune. Le Clan s'y rendrait une fois la guerre terminée. Y survivre seule ne serait pas aussi aisé mais au moins pourrais tu te considérer chez toi. Peut-être pourrais-tu demander à un Eversha de te transformer, là-bas. Trois. C'est le nombre de passagers dans la file, avant votre tour. Deux semblent voyager ensembles, mais le dernier est seul. Le duo est appelé. Il est trop tard pour cette fois là.  Mais, dès qu'ils seraient passés, il te faudrait y aller. Le couple s'évapore en traversant le portail puis, comme à chaque fois, les Mages s'abaissent pour modifier les runes et pentacles. Maintenant, penses-tu. Sans crier gare, tu t'élances, bousculant le passager suivant.

« EH ! » Dans ton dos, Aubrey a enfin relevé la tête, réalisant que tu essayes de t'enfuir. Elle essaies de te rattraper. Elle est rapide, mais tu l'es tout autant et tu as gagné quelques secondes d'avance en la prenant par surprise - sans oublier l'homme qui, déséquilibré, lui a bouché le chemin. « THESSALIA, REVIENS ! » Peut-être est-elle paniquée, ou bien trop loin pour que son aliénation fonctionne sur toi : l'ordre coule sur toi sans te toucher. Libre de tes mouvements, tu continues à avancer. Un garde essayes de t'attraper - tu l'esquives d'un saut. Il est lent et tu y parviens sans difficulté. Le portail n'est plus qu'à quelques mètres de toi. « FERMEZ LE PORTAIL ! » crie, paniquée, la cendrée. Les mages réagissent trop tard. Tu te jettes sur l'écran de magie. Au prochain battement de cil, tu n'es déjà plus là.
1859 mots.



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Stanislav Dementiæ
Mer 24 Mai 2023, 10:06


Enfant de nuit, enfant de sang.
Thessalia

RP lié ; La guerre des crocs III
Tu n'as jamais emprunté de moyen de transport magique pour te déplacer. Ta Meute est nomade et tous les déplacements entrepris se font sur de longues durées, à la force de vos pattes, s'adaptant aux intempéries et aux rythmes des plus faibles - souvent des blessés ou des personnes plus âgées. Aussi, tu n'as pas d'élément de comparaison pour savoir si ce qu'il se passe ici est normal. Tu détestes. Aussitôt aspirée par le vortex, une sensation vertigineuse te coupe le souffle. Tu tourbillonnes : rotation sur le côté doublée de pirouettes verticales. Ta tête tourne si rapidement que tu en as vite la nausée. Bien vite, ton corps semble s'étirer dans toutes les dimensions. Tu as l'impression d'une main invisible presse tes membres et essaye de les arracher au reste de ton corps, décidé à te déchiqueté en un millier de morceaux. La pression est suffocante, tu n'arrives plus à respirer. Tes tympans vibrent de façon incontrôlable, créant une variété de bruits dissonants. Tu essayes de fermer les yeux, bien que tu ne puisses rien voir dans ce tunnel d'obscurité et de vide. Tu pries les Aether que ce cauchemar se termine et que tu réchappes à ce manège chaotique. Ton insubordination semble leur avoir déplu puisqu'il te faut supporter cette punition pendant un temps indéfiniment long : tu l'éprouves comme une éternité.

Lorsqu'enfin le sortilège te recrache, tu chutes de plusieurs mètres de haut avant de t'écraser au sol dans un bruit sourd. Tu ne parviens même pas à crier. A l'impact, ta tête rencontre violement la roche qui s'explose contre ta tempe. Tu glapis, tout en essayant de te rouler en boule, dans une posture défensive. La tâche est ardue. Tu es déboussolée, encore prise des effets néfastes du voyage. Ta tête tangue dangereusement, t'empêchant de différencier le ciel de la terre. Ton estomac se soulève d'une nausée brutale et tu convulses pour essayer de le libérer - rien ne sort, sinon un filet de bave mélangé à la boue qui est entrée entre tes lèvres lorsque tu as atterri. Tes membres sont engourdis et il te faut plusieurs longues inspirations pour parvenir à les sentir de nouveau - quelques secondes supplémentaires son nécessaires pour que tu puisses les bouger consciemment. Peu à peu, ton corps prend conscience de l'environnement dans lequel tu te trouves. Le froid mordant du tapis de neige te glace jusqu'aux os et tu te mets à trembler - la tenue légère prêtée par la Cendrée n'est pas suffisante pour te protéger de la température glaciale. Tu tentes de faire appel à ton Totem pour te transformer en Louve, comme un réflexe, avant de te heurter au vide intérieur qui t'habite. Tu n'es plus une Eversha. Tu ne peux plus te métamorphoser. Les crocs acerbes du désespoir empoigne ton cœur pendant un instant. Tu n'as pas le temps de t'apitoyer sur ton sort, cependant. Il te faut déguerpir, et vite : Aubrey fait sans doute tout son possible pour te retrouver. Tu ne sais pas dans quelle mesure ton trajet a été exacte ou non et à quel point il serait aisé pour les mages de la renvoyer à tes côtés.

La détermination te donne un élan de concentration et tu esquisses les gestes pour te redresser. Pourtant, à peine t'es-tu mise sur tes jambes que celles-ci vacillent puis cèdent sous ton poids. Tu es encore trop sonnée par ta mésaventure et te trouves incapable d'avancer debout. Une pointe de rage te fait taper des poings sur la neige mais tu ne lambines pas davantage. Si tu ne peux marcher, alors il te faut ramper. C'est ce que tu t'efforces de faire. Tu plantes tes mains dans le sol, tes doigts s'accrochant aux cavités rocheuses, puis tu te hisses à la force de tes bras, essayant d'user tes membres inférieurs pour te propulser autant qu'ils te le permettent.

« Est ce que vous allez bien ? » s'inquiète une voix dans ton dos. Tu t'immobilises, craignant un instant qu'il s'agisse de tes bourreaux. Non. La voix t'es étrangère. Tu soulèves le haut de ton buste pour te permettre de jeter un coup d'œil par dessus ton épaule. Une jeune femme, le visage teinté d'anxiété, s'approche de toi. « Je vous ai vu tomber du ciel ! Vous n'avez rien de cassé ? » Tu t'apprêtes à lui demander de l'aide mais ta supplique s'évanouit avant de faire vibrer tes cordes vocales, lorsque le rose de ses pommettes te saute aux yeux. Tu devines, derrière cette pigmentation, le sang affluer, couler tel une rivière. Aussitôt, ton envie grandit. De sauveuse, elle devient cible. Tu voudrais planter tes crocs dans sa carotide et la vider à sec. Ton corps agit de lui-même, sans que tu n'aies à le contrôler : tu te redresses, accroupie, puis bondit en rugissant. Une sensation de chaud désagréable te monte à la tête puis, de nouveau, le monde tournoie autour de toi, avant de s'évanouir dans un fondu noir.



L'odeur du pin et de la sève. L'odeur de graisse ruisselante et d'un repas grassouillet. Le parfum d'une toilette coquette - une fragrance de lilas et de lavande. Ton odorat s'emplit de nouvelles odeurs. Pourtant, aucune ne retient ton attention, jusqu'à ce que tu détectes l'effluve du bétail - elle t'excite, fait gronder ton estomac affamé. Le crépitement d'un feu. Les babillages d'un nouveau né et les rires d'un enfant dans sa prime jeunesse. La discussion ténue emplie d'orage. « Je ne pouvais pas la laisser là-bas, elle serait morte de froid ! » « On ne sait pas qui est cette femme, Armelle. Et vu l'état dans lequel tu l'as trouvé, ça ne présage rien de bon. Elle est peut-être recherchée ! » « Ou peut-être fuit elle des brigands ! Tu sais qu'il y a eu plusieurs cas ces derniers temps. On sait qu'ils se rapprochent du village, peut-être est-ce là le début du - » « On n'en sait rien ! C'est peut-être l'une de leurs ruses ! Dans tous les cas, ramener une inconnue, qui a essayé de s'en prendre à toi qui plus est, sous le toit de nos enfants, c'est inconscients. » « Je ne pouvais pas la laissé dehors. » « Haa.Tu as bon cœur, mais il ne faut pas en prendre des risques inconsidérés pour autant. Dès qu'elle se réveille, elle devra partir. Si elle n'est pas en état, il faudra aller chercher le médecin. » « Dans ce cas, tu ferais mieux d'y aller de ce pas. Elle ne sera pas en état. » répond, teigneuse, la femme. Bientôt, tu entends le bruit étouffé d'une porte qui s'ouvre et se ferme, tandis que tu continues d'émerger de ton sommeil lourd.

Lorsque tu ouvres les yeux, tes prunelles rougeoyantes se braquent presque aussitôt sur le visage qui est penché au dessus de toi. « Oh, maman maman ! Regarde, la dame est rév- » La phrase ne se poursuite pas. Tu t'es soulevée d'un coup, ton élan emportant la silhouette frêle de l'enfant dans ton sillage. Tu l'entends se noyer dans le sang qui gargouille de sa gorge - que tu aspires à grosses goulées. Tu maintient son corps encore chaud contre toi, comme tu aurais pu serrer une poupée de chiffon, dans une étreinte passionnelle et éprise d'amour possessif. Le sang volé n'atténue en rien ta folie - sinon, elle l'accentue, te faisant totalement perdre pieds avec la réalité : cette chose que tu tiens dans ton étreinte n'es pas un enfant - c'est ta proie, ta charogne, ton buffet. Les cris, dans ton dos, te font lâcher la dépouilles du bambin, qui s'affaisse sur le sol dans un bruit mat d'os crissant. La mère s'est précipitée sur sa marmaille, la protégeant de son corps. Tu fonces sur elle et, repoussant le bras qu'elle lève pour essayer de te tenir éloignée, tu lui réserves un sort semblable à celui de son fils. Elle est un peu plus robuste que le marmot. Aussi, tu t'appuis de tout ton poids sur elle, pour la maintenir en place. Lorsqu'elle tire sur tes cheveux pour essayer de t'éloigner, tu t'empares de sa main et mord sauvagement dans son bras - la douleur, en plus de lui arracher un cris, lui fait lâcher prise. Tu la mords de nouveau, dans un endroit plus veineux, où l'afflux sanguin se fera abondant. Un instant plus tard, la résistance se fait de plus en plus fantômatique. Sous vous, la petite suffoque. Elle agite ses jambes, que tu finis par saisir - tu plantes tes canines dans l'un des mollets.

« NON ! » Le hurlement d'une proie supplémentaire te fais lever la tête de ton festin. L'homme est revenu. Il est grand - plus que toi. Pourtant, il ne te fait aucun doute que tu pourrais te repaitre de son sang, jusqu'à la dernière goutte. Aussi, lorsqu'il fonce sur toi, tu ne fuis pas. Au contraire, tu cours pour aller à sa rencontre. Obnubilée par l'idée de planter tes crocs en lui, tu ignores la hache qu'il a attrapé. Alors, lorsqu'il abat son arme sur toi, tu ne parviens qu'à te décaler légèrement sur la trajectoire, sans parvenir à esquiver totalement. Il te touche mais au moins le coup n'est-il pas mortel. La douleur t'arrache un feulement tandis que tu esquisses quelques pas en arrière, une main appliquée sur ton épaule ruisselante de ton sang, cette fois-ci. Comme pour le mettre en garde, tu retrousses les lèvres sur tes canines et pousses un nouveau sifflement menaçant. Cela ne semble que décupler son désir de te couper la tête. De nouveau, il lève son bras pour te porter un coup fatal. La douleur encore vive te permet de prendre le danger en compte, bien que ta gorge brûlante t'incite à lui sauter sauvagement dessus. Cette fois-ci, tu parviens à esquiver son attaque mais, tandis que tu essayes de l'attraper par derrière, il envoie violement son coude dans ton nez. Assommée, tu titubes en arrière puis tombes à la renverse en butant sur la dépouille de l'une de tes premières victimes - l'enfant qui attendait à ton chevet. L'homme beugle, hurle sa rage et sa peine tout en se positionnant au-dessus de toi, la lame perchée au dessus de sa tête pour l'abaisser de toute sa force. Tu essayes de fuir mais il maintient sa jambe sur ton buste, ravivant la douleur dans ton épaule. Avec des yeux horrifiés, tu le vois abaisser les bras, come au ralenti. Dernière défense, tu essayes de le niaquer, pour le repousser - il ne vacille pas, ses yeux cruels vissés sur toi.

Puis, tout à coup, il disparait. Le poids qui pesait sur ta poitrine s'envole d'un coup - tu prends une grande goulée d'air avant de te redresser dans un bon. Ton esprit, trop embrouillé par la Soif et la panique, ne parvient pas à analyser ce qu'il vient de se passer. Debout, tu tournes la tête frénétiquement pour retrouver ton assaillant. Finalement, ton regard se pose sur sa silhouette inanimée, au sol. Au dessus de lui, la Cendrée est campée, droite, le regard rivé sur toi dans un air sévère et réprobateur. « Tu nous a fait un sacré carnage. » dit-elle d'un ton calme qui n'a pourtant rien de rassurant.
1950 mots.
Super vitesse + super force



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Stanislav Dementiæ
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Stanislav Dementiæ
Mer 24 Mai 2023, 11:46


Enfant de nuit, enfant de sang.
Thessalia

Elle est là. La Cendrée t'a retrouvée. Les sens en alerte, les muscles bandés jusqu'à en devenir douloureux, tu restes sur le qui-vive, l'adrénaline de ton altercation courant encore dans tes veines. La présence de la sangsue semble donner un nouveau coup de fouet à ton instinct de survie. Si elle est ici, c'est pour te ramener de force dans ta prison. Hors de question. Tu ne retourneras pas là-bas. Il te faut fuir. T'échapper de nouveau. Ton pied gauche glisse légèrement, subtilement vers l'arrière. « Inutile d'essayer de fuir. » Tu ne comprends pas ce qu'elle dit mais son intonation suffi à traduire son intention. « Je te retrouverai où que tu ailles. Tu empestes le sang. » Tu as cessé de l'écouter. Dans ton dos, la porte. Alors, avant qu'elle n'ait terminé sa phrase, tu exécutes un demi-tour puis commences à courir. Tu te stoppes. La chasseuse, plus rapide que toi et parvenant à anticiper tes actions, s'est placée devant la porte de sortie. Comment ? La seconde précédente, elle était à l'autre bout de la pièce. Peu importe, tu n'as pas le temps d'y réfléchir. Tu rabats ton choix sur l'une des fenêtres. Pivotant de nouveau, tu t'engages dans la direction choisie. Tu te heurtes à la silhouette robuste de la femme qui, de nouveau, semble s'être téléportée. Elle t'attrape par les épaules, évitant cependant d'appuyer sur ta blessure qui coule encore abondamment. « Arrête de chercher à t'enfuir. » déclare-t-elle en te regardant dans les yeux. L'aliénation se saisit de nouveau de toi et, malgré tes efforts pour la combattre, ta volonté s'effiloche, jusqu'à ce que tu ne parviennes plus du tout à réfléchir à un plan d'évasion.

Aubrey relâche sa prise, te constatant docile. « Il ne t'a pas loupé. » déclare-t-elle après avoir examiné ta plaie. « Il t'aurais décapité, si j'étais arrivée une seconde plus tard. Il en avait la force. La vengeance donne la puissance aux plus désespérés. » Tu papillonnes des yeux. Ah oui, c'est vrai. L'homme. Ton regard retombe sur sa silhouette. Est-il mort ? Il ne bouge plus. Alors, sans doute. « Ce n'est rien qu'un peu de sang ne saurait guérir. Vas-y. Bois. » Ta gorge ravage de nouveau ta conscience. Tu réalises le champ mortuaire dans lequel tu te tiens. L'homme, tué des mains d'Aubrey. Mais surtout, la femme, et le garçon... C'est moi. C'est moi qui les ai tué. Parce que la soif avait été insupportable. Parce que tu n'avais jamais ressentit cette pulsion aussi violamment. « Je... J'ai fait ça... » lâches-tu dans un murmure horrifié. Tes pupilles carmines remontent le long du chemin de cadavres. Les marres pourpres déclenchent une réaction physiologique que tu ne parviens pas à retenir : tes dents semblent s'allonger de nouveau, s'affuter. Ton odorat est saturé et aussitôt, tu désires te jeter au sol pour récoler le précieux liquide carmin. Cet instinct te répugne et t'arrache un sanglot. Tu te recules, courbée en deux, lutant entre raison et folie. Malgré toi, tu esquisses un pas en avant. Non... Si. Le Sang... Non. Boire... Tu t'affaisses par terre, la gueule béante. Des larmes de culpabilité coulent le long de tes joues. « Qu'est ce que j'ai fait... » croasses-tu, commençant un mouvement de balancier d'avant en arrière. « Tu n'as pas à t'en vouloir. Les Rhazdens ne parviennent jamais à résister à leurs pulsions. Ca fait partie du processus de transformation. Apprendre à contrôler sa soif. » Les paroles de la cendrée ne semblent pas te réconforter. Je suis un monstre. Tu es bel et bien devenu l'une des leurs. Une dégénérescence de la nature. Tu n'as plus rien d'humain. Comme pour te le prouver, tu ne peux t'empêcher de ramper un peu plus en avant, vers la femme qui t'a recueillie. Non, tu ne peux pas faire ça. Tu ne veux pas. Mais la Soif est plus forte que tout. Elle t'ordonne, t'esclavagise, t'asservi.

Soudain, un éclair de lucidité te percute. La douleur. C'est elle qui, un instant, t'a permis de retrouver tes pensées, en prenant en compte le danger qui se trouvait face à toi. Alors, sans réfléchir, tu commences à te lacérer le visage, y insérant tes ongles. La douleur te fais vaciller mais à peine l'odeur du sang t'hypnotise-t-elle que tu réitères ton geste, encore, encore, jusqu'à ce que le rythme devienne frénétique. Tes gémissements de douleur témoignent de ta souffrance mais tu t'efforces de continuer, t'accrochant à ce maigre éclat de lucidité. « Thessalia... Thessalia, arrête. » Tu ignores l'ordre. Tu sens la femme s'approcher et s'accroupir face à toi. Elle se saisie de tes poignets, t'empêchant de continuer ta mutilation. Tu protestes, forces sur sa prise pour te libérer sans y parvenir. « Thessalia, ce n'est pas de ta faute. » assure-t-elle d'une voix compatissante, qui se veut bienveillante. « Si... Tout est de ma faute... » C'est bien toi qui t'es jetée sur l'enfant. Tu te souviens, désormais, de la sensation de l'enfant qui se débat pour rester en vie, et du besoin primaire d'annihiler cet espoir. Tu te souviens de l'amusement morbide en voyant la mère luter : cela n'avait rendu ton repas que plus savoureux. « Tous les Rhazdens passent par cet état. Tu n'es pas différente. » Même en niant ta responsabilité dans ton état, ce massacre n'aurais jamais eu lieu, si tu n'avais pas essayé de fuir. Si tu ne t'étais pas bercée d'illusion en essayant de refuser la réalité. Tu n'est plus une Eversha. Tu es une Vampire. Un monstre de la nuit. L'idée t'es atroce. Tu souhaites mourir, pour expier ton tort. Etonnement, chasser des proies sous ta forme de Louve ne t'avait jamais dérangé. Mais ça... Ce n'était pas la même chose. Tes proies n'étaient que des animaux : les manger pour respecter la chaîne alimentaire était naturel. La configuration est toute autre, maintenant que tu t'en prends à des êtres humains. Des innocents, dont la bonté les a conduit à leur perte. Ce cycle là n'a rien de naturel. C'est un outrage à la Nature et à ses lois.

« Il faut que tu boives leur sang, pour te soigner. » Tu nies férocement de la tête. Non, tu ne toucheras plus à une goutte de sang. Jamais. « Thessalia... Ils sont déjà morts. Tu ne peux plus leur faire de mal. » La voix d'Aubrey est étonnamment douce. Tu ne sens pas l'effet de l'hypnose te déposséder de ton libre-arbitre. « Mais boire peut te sauver. Il le faut, d'accord ? » Tu essayes de luter mais la douleur à côté de ton cou te rappelle à l'ordre. « Ils n'en ont plus besoin, mais toi si. » Un nouveau sanglot te secoue. Confuse, tu te penches en avant - la femme t'accueille volontiers sur son épaule, passant une main réconfortante dans tes cheveux. « Ca va aller. » assure la cendrée. Après un moment dont la durée t'échappe, elle t'aide à te relever puis, lentement, te conduit non pas vers la femme mais vers l'homme, encore rempli de son liquide vital. Tu t'accroupies et te penches sur lui, avant de commencer à te nourrir. La sensation de bien-être qui t'étreint te répugne, mais tu ne cherches plus à luter contre. La femme a raison. Il est déjà mort, essaies-tu de te convaincre. La douleur sur ton visage s'amenuise à chaque gorgée. Puis, lentement, c'est la plaie à ton épaule qui semble se résorber. Pas tout à fait, mais au moins ne pulse-t-elle plus désagréablement à chaque mouvement. Le sang semble avoir cessé de couler.

« N'aies pas peur. » Tu dégages ton visage du corps de l'homme, pour voir à qui s'adresse Aubrey. Tu ne parvient pas à percevoir ce qui se cache derrière le meuble. Alors, nerveuse, tu te redresses. Puis tu l'aperçois. Tu reconnais immédiatement le bambin que la mère essayait de protéger de son corps. Il pleure silencieusement, serrant contre lui un morceau de tissu froissé. Ta gorge se noue : il couine lorsque son visage se tourne vers toi, attiré par le mouvement. Sa réaction te crève le cœur. « Tu n'as pas de crainte à avoir. Elle ne va pas t'attaquer. » assure la Vampire. Etonnement, tu parviens à te retenir, enfonçant tes ongles dans les paumes de tes mains. A pas lents, comme pour ne pas faire fuir la fillette, la Cendrée s'approche. Elle se met à hauteur de l'enfant avant de s'adresser à lui. « Tu as vu tout ce qu'il s'est passé. » commence-t-elle. « C'était des bandits. Ils sont entrés tandis que vous vous apprêtiez à diner. Ils ont attaqué ton papa et à ta maman. Ils ont pris ton frère en otage, pour les empêcher de riposter. Ils ont commencé à voler vos objets de valeur alors ton père a essayé de réagir : c'est là qu'ils ont tué ta maman. Ton papa s'est battu mais ils ont réussi à l'abattre, ainsi que ton frère. » Tu observes la scène avec un mélange d'horreur et de fascination. « Toi... Tu t'es caché durant toute l'attaque. Tu n'es sortie qu'une fois qu'ils sont partis. D'accord ? » A ta grande surprise, la fillette acquiesce. « Reste sagement ici. Ferme les yeux. Tu pourras aller alerter les voisins, une fois que nous serons parties. »

« Il faut maquiller la scène. » La femme s'empare de la hache et de son poignard et commence à exécuter son labeur. Elle plante ses lames pour masquer la marque de tes crocs, s'acharnant parfois sur certaines zones pour conduire en erreur l'examen qui aura sans doute lieu. « Pourquoi... » « Pour qu'ils n'essayent pas de s'en prendre à des Vampires. Nous ne craignons personne mais il est plus simple d'agir si nous n'avons pas la moitié de la population mondiale à notre dos. » Tu ne comprends pas tout ce qu'elle te raconte, mais ne cherche pas à lui faire répéter. Une fois les corps mis en scène, tu vois ta sauveuse s'emparer d'un sac et commencer à y mettre des objets de valeur - il n'y a pas grand chose. Vous êtes chez un couple de paysans. Ton regard se pose sur la fillette. Que va-t-elle devenir ? Tu l'as rendue orpheline. La culpabilité créé un malaise insupportable. Tu voudrais tant pouvoir réparer ton crime. C'est impossible. On ne ramène pas les morts à la vie.

« C'est bon. Rentrons chez nous. » Déboussolée, tu te contentes de suivre la cendrée. Chez nous. Quelle drôle d'idée.
1846 mots.
FIN.



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[Q] Enfant de nuit, enfant de sang

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