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 | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas |

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Stanislav Dementiæ
~ Sorcier ~ Niveau II ~

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◈ Parchemins usagés : 1372
◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2016
◈ Âme(s) Soeur(s) : Aggripina, la seule, l'unique.
◈ Activité : Mangeur officiel de chaire fraiche
Stanislav Dementiæ
Dim 23 Avr 2023, 16:56


Images par Irina Mayorova & Akin A..
Les portes - Chapitre V
Stanislav

Rôle - Alembert De Lieugro:
Alembert détourna le regard, qu'il avait maintenu sur le paysage défilant à travers la fenêtre, pour s'attarder sur la vision que lui offrait sa demi-sœur. Il avait cru sentir le brun de ses iris brûler sa peau, tandis qu'elle l'avait épié. Maintenant qu'elle avait détourné ses yeux, c'était à lui de s'adonner à l'inspection. Durant le long trajet qu'ils avaient entamé depuis Lieugro, le brun avait été régulièrement surpris par cette sensation d'être épié. Il ne s'était pas retenu pour en faire de même et, de là avait commencé leur petit jeu du chat et de la souri : lorsque l'une s'attardait un peu trop longtemps, on faisait semblant de s'intéresser à une poussière dans les cheveux, lorsque l'autre ne se montrait pas assez discret, il détournait le mal aise en en créant un autre, posant une question sur la vie de l'adolescente. Le futur roi se révélait curieux, à l'encontre de la rousse. De cette sœur dont il n'avait jamais soupçonné l'existence. Il en voulait un peu à Garance, de lui avoir caché la vérité, de ne jamais lui avoir parlé de Rosette, mais il comprenait que la cadette de l'ancien Roi n'avait pas voulu risquer qu'il se dispersât en pensant à une sœur qu'il ne pourrait pas connaître avant d'avoir accompli sa mission. Le sang royal, s'il octroyait bien des avantages, s'accompagnait également de sacrifices. Le lien fraternel qu'il n'avait jamais pu nouer avec la d'Eruxul faisait partie de ces sacrifices.

Le regard clair d'Alembert descendit sur les mains nouées du couple en face de lui. Il le remonta presque aussitôt pour toiser le troisième passager. Clémentin. Un autre élément imprévu. Les De Lieugro semblaient posséder un talent certain pour cacher leur descendance. Bien que le bâtard du roi n'eut pas été sciemment dissimulé par son géniteur, il n'en demeurait pas moins que son existence était une épine dans le pied de l'héritier et de sa mère. Se débarrasser de Placide, ou lui faire renoncer au trône dont il n'avait jamais voulu se révèlerait facile. Mais qu'en était-il de celui-ci ? Si le Prince déchu abandonnait sa place, serait-il remplacé par ce demi-frère dont personne n'avait entendu parler avant peu ? Alembert ne connaissait guère son père mais de ce que lui avait rapporté Garance, son allégeance envers Montarville surpasserait la mort de celui-ci. Il veillerait sur la descendance de l'ancien monarque, qu'elle soit légitime ou non. Cela signifiait il que Lambert montrerait plus d'importance envers une amitié avec un défunt plutôt que de veiller sur la vie de son propre fils ? L'idée était plutôt désagréable mais le brun n'avait pas de difficulté à s'y faire. Il devrait simplement prendre cela en compte dans l'équation de son plan.

« D'accord. Quel jeu vous intéresserait... cette fois-ci ? » Alembert se retint de l'appeler petite sœur, bien qu'il rêva de voir son expression en l'entendant le dire. Il devait d'abord apprendre à l'apprivoiser, à déchiffrer ses réactions pour pouvoir les anticiper par la suite. L'hypocrite dessina un sourire sur son faciès pour masquer l'ennui qui le prenait - ils avaient essayé de tuer le temps de cette manière à plusieurs reprises, mais les jeux finissaient toujours par retomber et le trio replongeait dans le silence, ou dans un dialogue entre les deux adolescents, laissant le loisir au brun de se remémorer ce qu'il avait appris au sujet de la contrée dans laquelle ils s'aventuraient pour trouver de l'aide. Son rictus disparut bien vite lorsqu'il vit la fille de Lambert se pencher par dessus la fenêtre. Il grimaça en comprenant qu'elle régurgitait ce qu'elle avait avalé, les bruits comme l'odeur l'incommodant. Galant, il se saisit néanmoins de son outre de voyage et la lui tendit, alors que Clémentin lui proposait son mouchoir. « Tenez, buvez un peu, et rincez-vous la bouche. Vous vous sentirez mieux. » Alembert eut à peine le temps de terminer sa phrase qu'une deuxième explosion gastrique eut lieu en face de lui. Cette fois-ci, il poussa un gémissement écœuré. « Fais attention ! » réprimanda-t-il le palefrenier, ignorant son excuse. Avec un soupir, il se leva, autant pour fuir la flaque de vomi qui avait failli l'asperger, que pour se rapprocher de Rosette. Délicatement, il attrapa ses cheveux et les maintint dans sa nuque, de manière à ce qu'elle n'entacha pas sa magnifique chevelure. « Tenez. » dit-il d'une voix douce, lui tendant de nouveau sa gourde. « Il n'y en a plus beaucoup mais vous pouvez la terminer. »

La calèche s'ébranla une dernière fois puis s'arrêta. Jetant un regard par la fenêtre, l'adolescent vit ses parents s'approcher de leur voiture. Les apercevoir avancer ainsi, à deux, était une vision quelque peu déconcertante. Le brun n'était pas certain de l'aimer. Serrant la mâchoire, il reporta son attention sur Rosette et passa une main dans son dos, pour essayer d'apaiser son mal, avant de l'aider à descendre lorsque le cocher leur ouvrit la porte. Face à Lambert, il échangea un sourire, qui avait quelque chose de maladroit et de timide. Il ne savait pas comment se comporter avec l'homme, valsant entre désir de le connaître et jalousie. Le voyant s'occuper de sa fille, il se tourna vers Clémentin, toujours mal en point. Luttant contre son dégoût, il traversa la calèche et regagna le côté du bâtard. « Tiens. » dit-il en lui tendant le mouchoir de poche que l'amoureux avait initialement tendu à sa dulcinée. « Le long voyage nous rend tous plus sensible. » déclara-t-il, comme pour essayer de dédramatiser la situation et de rassurer l'adolescent. « Nous arrivons bientôt, tu pourras manger et reprendre des forces. »
1000 mots.



Merci Kyky  nastae
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Min Shào
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Min Shào
Dim 23 Avr 2023, 17:30

Les portes - Chapitre V
Lénora


Je resserrai les pans de mon tissu froissés par notre longue journée passée à cheval. A mesure que les murs s'approchaient inexorablement de nous, une ombre s'étendait à l'horizon. Quitter le Royaume De Lieugro avait provoqué des sentiments contradictoires qui me tiraillaient encore. Et maintenant, d'autres inconnues ajoutaient à la confusion. « Alors nous y sommes. Narfas... le joyau du désert », murmurai-je pour moi-même d'une voix neutre ne trahissant aucune émotion. Dans ma vie passée de Princesse, j'avais rencontré des membres de la famille royale. Heureusement, je n'étais encore qu'une enfant et je doutais que quiconque puisse me reconnaître. De plus, Adolestine était partie sur son propre chemin et elle était la seule à connaître mon secret. Non, mes inquiétudes étaient ailleurs.

Mon esprit était en proie à une tempête qui n'en finissait plus. Le deuil s'était mêlé à la perte d'un autre être cher : Ernelle, dont nous n'avions toujours pas retrouvé la trace. Pour survivre à ce chaos, je m'étais lovée au creux d'un arbre infléchissable : Childéric. J'étais maintenant officiellement à son service et cela n'avait pas semblé déranger la famille royale. Placide avait, de toute façon, d'autres préoccupations. Depuis cette nuit passée dans l'atelier d'Ernelle, le militaire s'était invité dans mon quotidien. Mon amie nous avait naturellement rapprochés. Une confiance aussi précieuse que fragile s'instillait entre nous, petit à petit. Il me semblait très seul, lui aussi. Il s'était séparé de sa famille pour accomplir son devoir auprès de la famille royale, peut-être même pour rechercher une forme de rédemption. Je me retins de lui jeter un regard. Un trouble se lovait au fond de mes prunelles et je faisais de mon mieux pour le dissimuler. Quelques jours auparavant, j'avais passé une soirée séparée de lui ; son absence avait révélé la couleur de sentiments naissants que je pensais à jamais éteints en moi, sur lesquels je n'exerçais aucun contrôle. Soudain, je sentis le poids du regard de Childéric, comme en réponse à mes interrogations.

Je détachai mes prunelles du monstre de pierre et me tournai vers lui. Un sourire éclaira mon visage en réponse au sien. Ses traits trahissaient quelque peu l'effort du voyage sur son corps et son esprit. Lui non plus, ne voyageait pas léger. Ses bagages étaient certainement plus lourds à porter que les miens. Une douce chaleur qui n'était pas due au soleil m'envahit quand il approcha son cheval du mien. « Oui, vous avez fort besoin de repos », répondis-je, en pensant à ce qui nous attendait à la Cour. J'avais de nombreuses inquiétudes à propos de la politique de Narfas. La majorité concernait Childéric. Il pouvait devenir le catalyseur des rancœurs, le cavalier que l'on sacrifierait pour la cause. Son destin allait se jouer bientôt. Ces inquiétudes ne franchirent pas mes lèvres, néanmoins. « Je m'assurerai que les domestiques vous accueillent comme il se doit. Vous n'aurez à vous inquiéter de rien. Je m'occuperai de vos bagages, vous vous sentirez comme chez vous », poursuivis-je en souriant.

Je maintenais un formalisme dans mes échanges avec lui, mais mon langage verbal trahissait un certain degré de promiscuité. L'homme m'avait trouvée dans un piètre état, mais il n'avait jamais usé de ma vulnérabilité. Cela en disait long sur sa nature. Il avait ses propres démons à combattre, c'était évident. Mais ils ne prenaient pas le dessus... je ne pouvais pas en dire autant pour tout le monde dans ce convoi. « Ma priorité sera votre installation », répondis-je en me penchant légèrement vers lui, sans y prêter attention. « Et puis... faire connaissance avec les domestiques sur place. Pour le reste, je serai à vos ordres, bien entendu. » Je souris. L'homme n'avait rien à voir avec certains nobles qui ne savaient pas faire la moindre chose eux-mêmes. En réalité, il me laissait jouir d'une liberté que m'enviaient d'autres domestiques. Parfois, mes oreilles sifflaient, mais je n'y prêtais guère d'attention. Ils pouvaient parler, j'avais vécu bien pire à la Cour de Xirtam. Pour ne pas attiser plus de rancœurs, je les assistais sur mon temps libre et ne laissais rien paraître.  

Je ferais tout mon possible pour aider les De Lieugro à obtenir le meilleur de leurs négociations avec les De Narfas. Leur survie était étroitement liée à la mienne tant que je restais Lénora, la domestique. Être une femme de statut inférieur n'était pas une situation enviable dans ce Royaume et je ne comptais pas m'y résoudre. Mon regard se perdit un instant derrière Childéric, sur les palmiers qui tressaillaient au loin. Je songeais à mon avenir, à mes désirs de famille sans cesse repoussés. Le temps était compté pour moi aussi. J'allais poursuivre la conversation quand une odeur vint déranger mes narines. Garance réagit instantanément et alla au secours de Rosette, qui avait vomi son repas. Je songeai qu'elle avait été submergée par les émotions, si proche de l'arrivée. La jeune femme me semblait être dotée d'une grande sensibilité. Malheureusement, ce n'était pas un avantage dans sa situation. « Dois-je aller les aider, Sire ? » Demandai-je, espérant obtenir une réponse négative. Je n'avais aucune envie d'aller nettoyer le vomi des nobles et, surtout, de m'éloigner de Childéric.

Mots : 937
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Miraneiros
~ Ygdraë ~ Niveau I ~

~ Ygdraë ~ Niveau I ~
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Miraneiros
Dim 23 Avr 2023, 17:35

| Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 2 Lisa-b10
Image : 2ha - Mo Ran to the Underworld by Lisa Buijteweg
Les Portes : L'arrivée à Narfas
The Lost Tales - Dzivia


Rôle - Balthazar De Narfas:


Sous les regards des nobles et autres membres de la cour, je gravis une à une les marches qui me séparaient du trône sur lequel je m'installai en posant mes avant-bras sur les accoudoirs. Dans mon sillage, un homme se détacha du cortège formé par mon entourage pour apporter ma couronne, qu'il transporta sur une étoffe de soie rouge drapée au-dessus d'un coussin de même couleur. Suspendant brièvement ses pas devant les marches que je venais de fouler, il s'inclina en déposant un genou au sol avant de se redresser et débuter son ascension jusqu'à mes côtés, où il réitéra sa révérence en me présentant l'objet royal. Attirés par ses reflets d'or et de diamants, mes yeux se rivèrent sur le diadème qui miroitait comme une étoile sur son arrière-plan vermeil. Pourtant, malgré les éclats qu’elle faisait danser au creux de mes pupilles saphir, c’est avec une douceur hautement raffinée que je plaçai la couronne sur ma tête après m’en être saisi avec tout autant de parcimonie. Je savais que ce protocole à l’aspect cérémonial n’était rien de moins qu’une farce, une manœuvre ne servant qu’à dissimuler les rouages d’un système où j’étais, en réalité, dénué du véritable pouvoir. Cet homme, comme tous les autres qui occupaient la salle, étaient dans la même position que la mienne, à la différence près qu’ils étaient subordonnés à mon autorité à titre de Roi en apparence incontesté. Qu’ils soient conscients ou non des dynamiques qui rythmaient les intrigues politiques en coulisse, les membres de la noblesse étaient contraints de jouer – de bonne ou de mauvaise foi – le jeu, une conduite qui leur avait été conditionnée par la nécessité de préserver à tout le prix le secret contenu à l'intérieur du Livre Sacré. C'est pourquoi j'étais en permanence suivi par un groupe d'aristocrates, de conseillers et de serviteurs dont le rôle, bien qu'officiel, visait essentiellement à cristalliser l'illusion auprès de la plèbe, qui croyait encore en l'immuabilité de mon pouvoir, ignorante des ficelles qui se tiraient dans l'ombre. Malgré tout, ma situation me convenait comme elle l'était présentement et j'endossai mon rôle de marionnette sans me plaindre de l'inégalité des rapports de force qui opposaient les femmes aux hommes. J'étais peut-être dépourvu de pouvoir effectif au profit de mon épouse, la Reine de Narfas, mais je conservais néanmoins une influence étendue sur le peuple qui me vouait un respect semblable à celui d'un Dieu.

Mes réflexions furent interrompues par Gaspard D’Epilut dont un garde m’annonça la venue imminente en pénétrant dans la salle du trône. Lorsque les portes s’ouvrirent de nouveau sur la silhouette du Grand Prêtre, mon attention s’était instantanément focalisée sur lui, reléguant les autres nobles à des figurants d’arrière-plan dont les murmures s’étaient brièvement tus au passage de l'homme d'Église qui avait traversé la pièce pour mieux s'arrêter devant les fenêtres. « Partez. Je souhaiterais m'entretenir avec le Grand Prêtre seul à seul » ordonnai-je aux membres de la cour. Même si j'avais à peine haussé le son de ma voix, ceux-ci s'empressèrent de vider l'espace, me laissant seul avec le D'Epilut tel que demandé. Redressant le coude afin d'appuyer mon menton sur le dos de ma main, j'écoutai sans interruption la longue tirade qui s'évada de la bouche de Gaspard dès que le dernier indésirable quittât la salle. Les paupières closes, je retenais chacun de ses mots sans égard à leur connotation qui traduisait un mépris bien ancré à l'encontre des réfugiés que nous nous préparions à accueillir. En dépit de l'hostilité dont j'étais le témoin exclusif, mon visage ne trahissait aucune émotion particulière. Il le faisait rarement. Ça n'avait pas toujours été le cas, mais à la longue, ce masque d'impénétrabilité m'était devenu indispensable dans l'exercice de mes fonctions, ne serait-ce que pour parfaire l'illusion du rôle que j'étais censé jouer : celui d'une divinité qui coexistait parmi les Hommes sans toutefois prétendre être leur égal. Le détachement émotionnel était un trait que les gens du peuple avaient tendance à associer aux figures d'autorité, celles qui, d'un simple mot ou geste, avaient le pouvoir de changer radicalement leur destinée. En tant que dirigeant suprême de Narfas, il me fallait garder les apparences d'un être incontestablement supérieur au commun des Mortels afin de maintenir cette image divine dans l'esprit des croyants. Une seule erreur, un seul faux pas qui menacerait de révéler un vice de mon humanité derrière l'omnipotence de ma prétendue divinité mettrait à risque la légitimité de mon statut aux yeux de la population, mais pas seulement. Si la religion était un moyen de pression que je pouvais utiliser pour faire taire les voix suspicieuses de mes sujets, je doutais qu'elle s'avérait aussi efficace face aux ressortissants de Lieugro, qui ne partageaient pas la même confession religieuse que la nôtre. Leur présence entre nos murs m'obligerait clairement à redoubler de prudence pour éviter que la vérité ne parvienne à leurs oreilles. Plus que jamais, il me faudrait performer mon rôle de Roi avec un doigté n'équivalent à rien de moins que la perfection.

Lorsque le silence finit par tomber, je profitai immédiatement du moment pour articuler ma propre pensée sur la situation qui nous préoccupait : « Je comprends vos réserves à offrir le gîte à ces étrangers, mais écoutons d'abord ce qu'ils ont à nous dire avant de les chasser de nos terres. » C'était une exagération. Quand bien même j'aurais désapprouvé la décision de les accueillir pour des questions de sécurité, la Reine semblait disposée à braver le danger. Ma volonté n'était que le reflet de la sienne, et ce n'était pas un état de fait que je pouvais contester. Et puis, je mentirais si j'admettais ne pas éprouver de la curiosité. Sur les trois héritiers laissés par Montarville, deux d'entre elles manquaient à l'appel. Il ne restait plus que le plus jeune – Placide – sur lequel reposait vraisemblablement le futur de Lieugro, mais serait-ce suffisant pour garantir leur victoire sur l'ennemi? Quant à Merlin D'Uobmab... « J'ose espérer que votre sœur saura faire honneur à sa réputation et n'échouera pas à contrer une éventuelle menace de représailles, de préférence avant que cette dernière ne se présente à nos portes. » Il était inutile de déclencher une guerre contre la nouvelle régence de Lieugro, pour autant que nous n'étions pas assurés de la remporter cette fois-ci. Une seconde défaite contre les D'Uobmab serait une insulte dont notre royaume ne se remettrait jamais.

✠ 1 166 mots

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Fawëlysa En Auraushnee
~ Alfar ~ Niveau I ~

~ Alfar ~ Niveau I ~
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◈ YinYanisé(e) le : 19/02/2023
◈ Âme(s) Soeur(s) : Quelqu'un de très stylé et très puissant
◈ Activité : Lycéenne
Fawëlysa En Auraushnee
Dim 23 Avr 2023, 20:08

Les portes - Chapitre V
Wesphaline


Rôle:

Wesphaline ouvrit la porte de la chambre de sa fille et entra. Tous les préparatifs avaient été faits pour accueillir les réfugiés De Lieugro. La Reine avait abattu un travail considérable pour organiser leur arrivée. Elle n'avait pu passer à côté d'une opportunité pareille. Au pire, les réfugiés offriraient un rééquilibre, quoique modeste, de la démographie du Royaume. Au mieux, ils feraient pencher la balance contre l'immense Royaume D'Uobmab. Maintenant que tout était prêt, la Reine n'avait plus qu'à disparaître au second plan et laisser son mari exécuter le peu de tâches qu'il avait à accomplir.

Même si elle lui avait laissé des instructions précises, elle n'avait pas l'esprit tranquille : Balthazar était si stupide qu'il lui arrivait d'échouer là où même un vulgaire laquais aurait réussi. Plus le temps passait, plus elle voyait les failles béantes que constituait son mari pour l'avenir du Royaume. Si les Dieux les avaient maudits pour les vices de leurs prédécesseurs, Balthazar ne relevait certainement pas le niveau. Ce n'était même pas comme si son physique pouvait rattraper son intellect primitif : il avait hérité d'un corps de faible, et il n'avait pas l'énergie de le sculpter un minimum. Là où Wesphaline visait la perfection, Balthazar se complaisait dans la médiocrité.

Mais au moins, il était docile. Elle ne pouvait le nier. Il avait sagement respecté sa décision d'accueillir les réfugiés, même si elle ne faisait pas l'unanimité. Elle se fichait bien de l'opinion de ceux qui avaient tort, mais elle avait tout de même pris le temps de rassurer et convaincre les plus récalcitrants, quand bien même c'était une cause perdue. Wesphaline était une femme rationnelle dont les sentiments ne passaient toujours qu'en second plan. Son ego n'entrait pas en ligne de compte. C'était ainsi qu'elle avait obtenu et gardé sa couronne jusqu'ici.

Et pourtant. « Anthonius », salua-t-elle avec formalisme, le temps de fermer la porte derrière elle. Sa fille était l'exception à toutes les règles qui régissaient sa vie. Donner naissance à un bébé de sexe féminin lui aurait prodigué plus d'influence, plus d'opportunités à saisir. Mais Wesphaline avait choisi de tout sacrifier pour elle. Anthonius était un garçon aux yeux de tous. Elle avait été éduquée ainsi. « Quel bricoleur tu fais, encore en train de t'amuser avec les meubles, à ce que je vois ? » Poursuivit-elle en s'approchant d'elle, d'une voix adoucie qu'elle n'employait que pour l'enfant. La Reine ne s'adressait jamais à sa fille au féminin. Elle était la première à ignorer la réalité, comme pour la faire disparaître d'elle-même.

Pourtant, cette méthode avait ses limites. Le pire ennemi d'Anthonius était le temps. Chaque année, la féminité s'enracinait un peu plus en elle. Ses formes s'arrondissaient, sa voix tardait à muer. Mais ce n'était pas ses transformations physiques qui l'inquiétaient le plus : l'enfant devenait une adolescente, ce qui impliquait le bourgeonnement d'une identité propre et, peut-être, d'attirances qui lui feraient défaut à l'avenir. Pour cette raison, la Reine ne pouvait se permettre de relâcher son attention. « Tiens, Cléodolphe t'as adressé un petit mot dans sa dernière lettre. » Wesphaline posa la feuille sur le secrétaire d'Anthonius. Ses frères ne connaissaient pas son secret non plus. « Apparemment, ton frère a enfin trouvé un bon parti à ramener dans notre Royaume. »

Elle alla s'agenouiller près de son enfant. « Tu vois, s'il se marie, Cléodophe pourra poursuivre ses ambitions en politique. Alors que sa femme, elle... qui sait à combien de grossesses elle survivra ? » Soupira-t-elle. Wesphaline lui rabâchait sans cesse les déboires des femmes du Royaume. C'était une constante ritournelle, un lavage de cerveau. Sa mère redoublait d'efforts pour la convaincre, encore et encore, que se faire passer pour un garçon était la meilleure solution pour non seulement mener une vie épanouie, mais aussi survivre.

La Reine était une femme froide et impassible. Certains disaient qu'elle avait un cœur de glace. Mais en présence d'Anthonius, son masque tombait en morceaux. Ses enfants étaient tout pour elle et la relation qu'elle avait noué avec elle était plus fusionnelle encore. La brune aurait réduit des Royaumes entiers en cendres pour elle. « Montre-moi comment tu fais », dit-elle en passant sa main dans les cheveux de sa progéniture. La mère ne comprenait pas cette passion pour les meubles, mais cela avait l'avantage de correspondre aux standards masculins et de la distraire.

Mots : 842
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Mitsu
♚ Fondatrice ♔

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Mitsu
Dim 23 Avr 2023, 22:28


Image par un artiste inconnu

Explications


Bonjour / Bonsoir !

On continue gaiement  | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 2 1515

Narfas : Le Royaume de Narfas était avant séparé en deux territoires (celui dans lequel on joue) et un autre, bien plus éloigné, qui a été pris par Luce d'Uobmab, le père de Judas d'Uobmab, lui-même père de Zébella et Merlin d'Uobmab. Aujourd'hui il ne reste plus que ce Narfas là. Vous avez la carte du monde là >>> Carte <<< Narfas est un mélange de la culture Humaine et de la culture Orine de l'IRL des personnages. On joue dans un climat plutôt chaud mais y a des oasis et de l'eau, des palmiers, de la végétation (on est avec Astriid en vacances quoi o/). L'architecture est plutôt celle des Orines donc temples asiatiques, avec, en plus (c'est pas Orine) quelques touches de cités grecques avec des colonnes sous les bâtiments. Les vêtements sont fait d'étoffes et ressemblent à l'image que j'ai mise en en-tête pour les nobles. Voilààà o/ Le reste vous pouvez inventer. Lisez bien les nouveaux rôles car il y a beaucoup de contexte dedans ^^ Pour l'invention, faites en fonction du rôle de votre personnage (si c'est un marchand vous pouvez inventer des choses par rapport à ça, si c'est un religieux détailler les monuments de culte etc etc).

Rps importants
- Le Royaume de Lieugro - Partie I
- La mort de Montarville et la prise de Lieugro
- Transition - Quand Lieugro devint Uobmab

Longueur des messages ? - 720 mots minimum.

Objectifs secrets et secrets : 8D

Voilà !  | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 2 002

Si vous avez des questions, n'hésitez pas ! Amusez-vous bien  | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 2 1628

Participants


La liste des nouveaux rôles est >> ICI << avec la description des rôles sur la page précédente.

En jeu :
- Hélène (Garance) : VI
- Ikar (Placide) : XVIII
- Stanislav (Alembert) : V
- Dastan (Ludoric) : VI
- Adriaen (Lambert) : VI
- Yngvild (Rosette) : VI
- Tekoa (Childéric) : VII
- Chuan (Lénora) : VII
- Susannah (Zébella) : V
- Erasme (Clémentin) : VI
- Miraneiros (Balthazar) : I
- Fawëlysa (Wesphaline) : I
- Jil (Anthonius) : I
- Claer (Jésabelle) : I
- Ammon (Gaspard) : I
- Eméliana (Tamara) : I
- Zeryel (Adolphe) : 0
- Lysium (Melchior) : I
- Sympan (Gao) : I
- Oriane (Pénélope) : I

En pause :
- Kiara (Coline) : V
- Kyra (Adolestine) : IV
- Faust (Gustave) : V
- Lucillia (Eléontine) : XIII
- Laen (Hermilius) : V
- Chelae (Clémentine) : XVI
- Min (Natanaël) : XIV
- Eibhlin (Adénaïs) : IV
- Lucius (Elzibert) : V
- Lana (Yvonnelle) : V
- Thessalia (Irène) : VIII
- Dorian (Ezidor) : X
- Gyzyl (Judas) : VI
- Wao (Merlin) : XIX

Les morts :
- Babelda (Montarville) : XI (dead)
- Léto (Ernelle) : II (dead)
- Stanislav (Déodatus) : IX (dead)
- Latone (Madeline) : 0 (dead)


Deadline Tour n°2


Dimanche 30 avril à 19H

Pour information, il reste 11 tours ^^

Gain Tour n°2


- 1 point de spécialité au choix
ET
- Création de sable

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En ligne
Kyra Lemingway
~ Déchu ~ Niveau III ~

~ Déchu ~ Niveau III ~
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◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016
◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Kyra Lemingway
Lun 24 Avr 2023, 12:08


Les Portes V

La vocation... En voilà une belle blague. Défendre le pays était une vocation, surtout pour le sexe faible qui s'en trouvait alors dépourvu. Prendre la charge des hospices et fréquenter pestiférés et galeux était une vocation. Ça, ça n'avait rien d'une vocation. Alors le sourire jusque-là avenant de Pénélope se crispa à la seconde où Melchior évoqua l'emploi de son frère. Puis ce furent des raideurs dans sa nuque qui la saisirent à la surenchère de ce dernier. Parfois elle maudissait ceux qui l'avaient menée ici. Ces parents qu'elle avait pour ainsi dire à peine connus et qui l'avaient enchaînée à ce pitoyable fiancé. Parfois elle se demandait si cette société était réellement matriarcale tant elle se trouvait pieds et poings liés à cause de son manque affreux de coopération. La mâchoire serrée et une pierre brulant dans sa poitrine, le seul mouvement qu'elle effectua lorsque Gao s'écarta fut son bras se posant au sol pour la soutenir, échappant dans un même temps un long tchip agacé. Ce n'était pas le genre de chose qui se faisait dans ce royaume. Probablement était-ce le seul héritage qu'elle avait ramené d'Esirec. C'était également pour cela qu'elle travaillait à éviter de le faire. C'était ce genre de comportement qui maintenait la frontière entre les locaux et elle. Une frontière qu'elle comptait bien effacer. Seulement Gao avait le don pour l'amener à tchiper, et pas pour de bonnes raisons. Pourquoi fallait-il qu'il rende les choses si compliquées ? « Eh bien, comme il semblerait que ces nouveaux arrivants soient hébergés au sein même du palais, il est peu probable que nous puissions échapper à une rencontre avec eux. » commenta la brune en récupérant la tasse qu'elle avait délaissée plus tôt, ne s'empêchant pas d'exprimer une grimace de mécontentement alors que les jumeaux lui tournaient le dos. « Cela étant — ». Elle marqua une pause, le temps de siroter un peu du thé et, surtout, d'ordonner clairement sa pensée avant de l'exposer, ce qui l'amena à ne pas s'épancher plus sur ses idées. Elle s'apprêtait à attaquer l'activité de Gao et, par la même, celle de Melchior. Ce dernier détail, elle en prit conscience uniquement à l'instant. Sans compter que cela aurait pu se retourner contre elle. « La proposition que vous fait Gao est à méditer. » se reprit-elle donc en fixant le dos nu de ce dernier. Ce n'était pas du désir qui la brûlait à cette vision. C'était la rancœur qui la consumait. Cette colère de songer que ses mains avaient palpé bien des corps sans jamais daigner toucher le sien, comme s'il en était allergique. « Si une femme importante tombait en pâmoison sur vos préparations, votre renommée se trouverait être proportionnelle à son influence. ». Dire qu'elle aurait pu devenir une femme puissante elle aussi. Quelqu'un de désiré non pas seulement pour sa plastique, mais également pour ce qu'elle aurait pu être : éminente. « Et cela arrivera, car vous savez marier les saveurs entre elles, c'est indéniable. » ajouta-t-elle avant de porter le breuvage à ses lèvres, en savourant les dernières gouttes. Une simple vérité était parfois bonne à placer, qu'elle soit élogieuse ou dénigrante. Elle évitait de n'avoir que des regards soupçonneux posés sur soi. « Qui plus est, considérant le nombre de femmes que Gao fréquente, la probabilité qu'un palais notable y succombe ne peut être qu'importante. ». Elle s'était retenue de cracher cette dernière phrase. Elle les haïssait toutes, sans exception, ces femmes qui leur avaient tout d'acquis, y compris son fiancé. Parfois elle se les imaginait être violées par un paysan trop longtemps méprisé, égorgées par un être totalement détraqué, ne donner naissance qu'à des mort-nés, ou même simplement périr en couche. Alors elle allait un peu mieux. « Cette reconnaissance pourrait même s'étendre aux petites gens. Il se dit qu'ils aiment à reproduire à leur échelle les goûts et les couleurs de la noblesse. ». Même s'ils devaient vendre un rein pour ça. Certains faux bourgeois étaient prêts à tout pour paraître important aux yeux de leurs misérables voisins. Elle reporta son attention sur son fiancé. « Je me suis toujours questionnée sur la raison vous poussant à vous teindre les cheveux ainsi, Gao. » fit-elle, sans transition, songeant qu'elle l'avait toujours connue ainsi. « A défaut de votre virilité, aurais-je le droit un jour de vous voir au naturel ? » demanda-t-elle, un brin de reproche dans la voix, avant de poser son regard sur la silhouette de son frère. C'était difficile d'imaginer Gao brun. « Ai-je le droit également à une nouvelle tasse, ou est-ce un privilège que vous n'offrez qu'à notre frère ? » interrogea-t-elle ensuite Melchior, amène, avant de recevoir toute réponse désobligeante du faux blond pouvant l'irriter plus encore qu'elle ne l'était présentement.
©gotheim pour epicode


Post II | Mots 800 | Voilà, à partir d'aujourd'hui on tchip à Esirec 8D (déso Mitsu)
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Mar 25 Avr 2023, 07:50




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Yngvild


Rôle :


La bouche et la trachée inflammées par l’acide, les larmes aux yeux, Rosette tenait son ventre à deux mains. Elle avait l’impression qu’à tout moment, elle pourrait vomir une seconde fois. Tremblante, elle voulut attraper le mouchoir de Clémentin et saisir la gourde d’Alembert quand elle vit le premier se tordre vers l’avant et rendre ce qu’il avait ingurgité quelques heures plus tôt. Elle fut prise d’une deuxième nausée, violente, et plaqua sa main sur sa bouche en se détournant. Quand elle sentit qu’elle ne pourrait pas se retenir, elle libéra ses lèvres et expulsa ce nouveau haut-le-cœur par-dessus la fenêtre, tandis que le convoi ralentissait, prêt à s’arrêter. Des larmes griffèrent aussitôt sa cornée, attirées par la violence des secousses qui lui arrachaient les tripes. Dans ses cheveux, elle sentit une main qui n’était pas celle de son amant. Alembert. Un frisson répugné la parcourut et, malgré son état, elle songea avec amertume que c’était la première fois qu’ils se touchaient et que ce contact lui était aussi désagréable que la vue du garçon. Elle attrapa néanmoins son outre, sans pour autant en boire le contenu tout de suite. Ses doigts dans son dos la crispèrent, et elle creusa les lombaires pour s’y soustraire, tandis que le cocher ouvrait la porte de la voiture. Elle en sortit, fébrile. « Ça va, je peux me débrouiller seule. » lâcha-t-elle, un brin cinglante, à l’attention de son demi-frère, en se dégageant de son étreinte. Elle baissa les yeux sur sa robe : fort heureusement, elle ne l’avait pas tachée. Tout avait fini au sol, dans la terre brûlante de Narfas. Du bout de l’index et du majeur, elle essuya les larmes qui avaient roulé sur ses joues. Rosette avait horreur d’être malade ; mais surtout, elle détestait faire la démonstration de sa faiblesse en public. Elle sentait sur elle les regards de tout le convoi, et c’était peut-être ce qu’il y avait de pire. Cette sensation était même accentuée par l’apparente cause de son état. Elle avait honte et aurait voulu disparaître sous terre.

Ce fut d’autant plus vrai quand elle vit son père et Garance s’approcher. Sans pouvoir l’empêcher, elle sentit des pleurs revenir mouiller ses joues – elle les essuya aussitôt. Si elle était vraiment enceinte… Lambert serait déçu. Elle avait conscience d’entretenir chez lui, depuis des années, une illusion : elle n’était pas la petite fille sage, prude et réfléchie qu’il croyait chérir. Elle était imprudente, dévergondée et sotte. Depuis que leurs ébats étaient réguliers, Clémentin et elle se protégeaient, mais la première fois… La première fois, il n’y avait rien eu du tout, et plus elle y réfléchissait, plus elle se rendait compte qu’il était plus que probable qu’elle eût été en période féconde. Son regard se posa sur la régente, postée devant elle. Ça se voyait, non, que ça n’allait pas ? Elle venait de vomir, Clémentin aussi, et tout autour d’eux empestait. Pour s’empêcher de répondre vertement, Rosette serra les dents. Elle attrapa le mouchoir que Garance lui tendait en soufflant un « merci » qui laissa transparaître son agacement. Elle se tamponna la bouche, puis se moucha, avant de prendre de l’eau. Elle la fit tourner un peu dans sa bouche, puis se détourna pour cracher. Elle répéta l’opération une seconde fois. Le goût de la régurgitation était persistant. Allait-il en être ainsi durant les huit prochains mois ? Était-il raisonnable de garder le bébé, s’il existait bel et bien ? L’idée qu’elle dût savoir au plus vite ce qu’il en était pour pouvoir s’en débarrasser sans perdre de temps la frappa. Quand elle sentit la main de son père sur son épaule, elle releva le visage vers lui. Elle eut envie de se pelotonner contre lui, comme elle le faisait lorsqu’elle était petite. Quand elle se réveillait d’un cauchemar, quand elle tombait et s’égratignait les mains et les genoux, quand elle était triste parce que l’un de ses oiseaux allait mal. Elle en avait emmené quelques-uns, mais elle avait dû laisser la vaste majorité d’entre eux derrière elle. Alors, avant de partir, elle avait ouvert la volière. Certains s’étaient envolés, et d’autres étaient demeurés là, à la regarder, sans comprendre qu’il s’agissait d’adieux. Elle les avait abandonnés comme elle avait abandonné sa mère : à regret, dans la douleur. Madeline lui manquait. Il aurait été plus facile de parler de cette grossesse avec elle. Elle aurait su la conseiller, et surtout, la rassurer. Les lèvres de Rosette se mirent à trembler, et elle fondit en larmes. Laissant tomber les conventions et le peu de contenance et de crédibilité qu’il lui restait, elle enlaça son père et se blottit contre lui, secouée par les sanglots. « Pardon. » hoqueta-t-elle entre deux d’entre eux.



Message II – 788 mots

On reprend dans la joie et la bonne humeur <3²




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Zeryel
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Zeryel
Mar 25 Avr 2023, 16:46

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Les Portes V - L'arrivée à Narfas
Zeryel, dans le rôle d'Adolphe




Rôle - Adolphe d'Epilut:

À quelques mètres des deux femmes, Adolphe s'arrêta et leur tourna le dos avant de déboutonner son pantalon. La brise aride jouant avec des rubans de poussière souleva quelques mèches sur ses tempes, frugal rafraîchissement. La paume solaire s'appuyait implacablement sur leurs crânes, emprisonnait chaque morceau de peau dénudé dans une gangue brûlante. Sa main qui n'était pas occupée à son affaire vint essuyer le fin film de sueur qui se formait entre ses sourcils broussailleux avant de se placer en auvent pour laisser son regard d'ambre scruter l'horizon. Le nuage épais précédant le convoi des réfugiés miroitait en filigrane, similaire à un mirage. Dans quelques instants, ils viendraient à leur rencontre, enfin.

Que cela plaise ou non aux Narfasiens, ce sang neuf allait nécessairement apporter son lot de changements, chose que le garçon voyait d'un bon oeil. Depuis l'annonce de leur arrivée, il avait mûrement réfléchi et conclu que les inévitables problèmes inhérents à leur présence sur leurs terres seraient à double tranchant. Il suffisait de manœuvrer pour se placer du bon côté de la lame. Adroit avec ces dernières, il espérait aussi l'être sur cette nouvelle joute. Le terrain était simplement différent, il suffisait de procéder à quelques ajustements, à s'entraîner avec de nouvelles armes, plus subtiles. Il était temps de devenir pro-acteur d'une correction nécessaire sur ce que subissaient les hommes. Actuellement, la politique actuelle se positionnait nettement en sa défaveur. Malgré son sang noble, malgré la glorieuse renommée de sa génitrice, malgré ses efforts exemplaires, le joug d'une punition étendue à tous les représentants masculins lui pliait de force l'échine. À cause de ce qu'il tenait dans sa main, son avenir n'avait rien de beaucoup plus reluisant que celui de bétail, d'esclave docile. En théorie. Pour commencer, le futur soldat allait se débarrasser de ce morceau de chair pour obtenir le premier gallon. Nulle femme n'irait encercler son cou de son autorité. Pas même sa mère.

L'arrivée des fuyards saurait peut-être lui offrir les opportunités qui lui manquaient pour passer à l'action. Ouvrir l'oeil était non seulement ce qui était attendu de lui en tant que fils de la Cheffe des Armées, mais aussi un prérequis indispensable pour repérer parmi eux de potentiels alliés à sa cause. Il fondait beaucoup d'espoirs sur eux, mais n'oubliait pas que son futur dépendait en premier lieu de lui-même. Bien qu'encore jeune, son corps était déjà modelé de muscles entretenus quotidiennement pendant plusieurs heures. Il en prenait soin autant que de ses lames, artisan d'un outil sec et nerveux comme un fouet. Dépasser ses limites physiques et mentales était un défi de chaque instant pour caresser l'espoir d'un jour surpasser sa mère. En la regardant lorsqu'il revint, la griffe du doute chanta avec celle du désespoir. Il paraissait impossible de ne serait-ce que toucher du doigt Tamara, ou du moins, pas dans le sens où son fils l'entendait. L'ombre de la guerrière s'étendait bien au delà de lui-même, bien au delà de tous pour les plonger dans l'obscurité de leur infériorité. Sur le terrain comme dans son lit, elle croquait les hommes, disposait d'eux avec une aisance qui ne pouvait que forcer une admiration craintive de son entourage. Adolphe en était la première victime. Sa tenue jumelait la sienne, jusqu'à l'épée fixée dans son dos et il imitait inconsciemment sa façon de se tenir debout. Avec retard, il s'aperçut qu'il la fixait intensément sans dire un mot depuis plusieurs secondes et il détourna le regard pour pointer de l'index le lointain. « On voit déjà la poussière soulevée par leur convoi. Ils ne devraient plus tarder. » Une certaine impatience mâtinait sa voix et il crispa involontairement les doigts sur le foulard noué sur son cou, préalablement humidifié pour lui octroyer un semblant de fraîcheur.

Lieugro ne lui était pas totalement inconnu. Outre ce qu'il s'en disait dans les livres ou des rumeurs qui traversaient les frontières, il y avait une personne en particulier qui lui avait délivré de nombreuses informations. Si son rang n'avait pas été de souche royale, ses confessions auraient probablement ennuyé l'adolescent au point de cesser toute forme d'échange, mais les détails délivrés s'étaient révélés de plus en plus croustillants à mesure que le temps passait et entre deux émois épistolaires, il en avait appris suffisamment sur ce pays pour s'être bâti une petite idée des nobles qui marchaient vers eux. De plus, ce serait mentir de prétendre que, le temps passant, il ne s'était pas attaché à cet étranger. Son innocence dénuée de toute souillure le rendait difficile à déprécier. Il craignait que les récents évènements ne l'eussent atteint et jeté une ombre sur sa belle âme, sans parler de ce qui l'attendait ici. Ils restaient préférables à tout ce que Judas pouvait lui faire subir, mais l'étiquette de demandeur d'asile demeurait délicate à arborer. « Savent-ils seulement sur quels termes leur intégration est conditionnée ? » S'interrogea-t-il pensivement à voix basse. La charité n'existait pas, nulle part et les problématiques démographiques de Narfas deviendraient les leurs s'ils devaient s'éterniser.

Il jeta un coup d'oeil en biais à la sœur de la Reine. Il ne doutait pas qu'elle fut capable de les séquestrer tous pour arracher des filles de leurs entrailles. À sa façon, elle était aussi redoutable que sa mère. Encadré de ces deux titanides, piliers du pouvoir, il se perdit une folle seconde en conjectures. Un accident était si vite arrivé, que deviendrait le pays sans elles ? Ses bras se contractèrent et seule la certitude de mordre le sable face à sa mère musela son impétuosité. Il rongeait son frein, mais ignorait combien de temps devait-il encore piétiner avant de passer à l'offensive, combien de temps avant que ses muscles ne se durcissent suffisamment pour faire basculer l'équilibre en place.

Message I | 1017 mots


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Susannah
Mar 25 Avr 2023, 20:02

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Les Portes V - L'arrivée à Narfas
Susannah, dans le rôle de Zébella



Rôle - Zébella d'Uobmab:

L'interruption des soubresauts inconstants du véhicule ébrécha le sommeil de Zébella qui émergea de ses songes avec difficulté. Ses paupières tressautèrent, une ride mécontente se logea dans le coin de sa bouche pour reformer par réflexe la moue perpétuellement provocante ou amère de la bleue, selon son humeur. Avec l'éveil vinrent les inconforts accumulés d'une fuite organisée à la hâte et Zébella renonça à inventorier à nouveau la liste de ses maux. Bien qu'elle les garda pour elle, refusant d'accorder à ceux qui la gardaient la moindre satisfaction d'une seule plainte, il lui avait aussi toujours semblé depuis toute petite que son père parvenait à lire dans ses pensées et qu'il la punirait dans l'éventualité où elle oserait pleurer de quoi que ce soit. Encore à présent, le sentiment qu'il soit témoin d'une éventuelle faiblesse la taraudait tout en sachant cette peur déraisonnable.

Elle étouffa un bâillement et tira le rideau. « On est arrivés ? » Mais un coup d'oeil rapide à l'extérieur lui confirma que l'agitation n'était pas celle espérée et elle se laissa glisser en soupirant contre le dossier dans une position peu royale. Il lui semblait qu'on avait roué de coups son corps. Comment avait-elle pu prendre pour acquis le moelleux d'un matelas tout ce temps ?

Son teint déjà pâle lors de leur itinéraire avait viré au gris lorsqu'on l'avait enfermée dans cette boîte tractée par les chevaux. Cependant, le sentiment d'être barbouillée ne datait pas de la calèche envoyée par Narfas et n'avait arrangé en rien son humeur vénéneuse pendant tout le trajet. Elle en venait presque à regretter les courbatures d'avoir alterné la marche et la chevauchée pendant des semaines, nécessitant une endurance qui avait éprouvé ses propres capacités, à sa grande surprise. Sans savoir si elle se surestimait ou si elle s'émoussait à force de ne plus pratiquer ses sports, elle avait violemment refoulé le moindre grincement musculaire et serré les dents en silence.

Les yeux clos le temps que son estomac cesse de tanguer comme s'ils étaient en pleine mer, Zébella les rouvrit au bout de quelques secondes pour fixer tour à tour le faux prince et l'un de ses geôliers. Le temps passant en leur compagnie lui avait appris beaucoup. La proximité forcée ne laissait pas de place pour la discrétion et ses observations s'étaient muées en conclusions au fil des jours. Pour le moment, elle n'avait pas évoqué la façon dont le regard de Ludoric s'égarait là où il n'aurait pas dû quand il croisait Clémentin. Au départ, elle n'y avait vu qu'une simple appréciation du spécimen qu'était le palefrenier, elle-même ne s'en privait pas après tout. Son vœu de vengeance à son égard côtoyait désormais son attirance pour le brun. N'ayant que ça à faire pour tuer le temps, l'ex - souveraine se plaisait à imaginer les supplices auxquels elle le soumettrait s'il se risquait à se frotter à elle. Puis, à son grand amusement, le trouble du roux s'était accentué et les petits détails s'étaient cumulés, la confortant dans son intuition. Placide s'en était-il rendu compte ? Il lui était difficile de déchiffrer ses pensées tant le jeune blond l'évitait, même ici alors que leurs genoux se touchaient presque. Dernièrement, il lui avait lu une lettre remettant en cause la légitimité d'un des enfants d'Uobmab. L'accusation lui avait arraché un rire et elle lui avait jeté à la tête qu'il fallait trouver mieux que ce tissu de mensonges s'il souhaitait récupérer le trône de son défunt père. Depuis, le sujet n'avait plus été abordé, ce qui n'avait pas empêché la captive d'y songer. L'idée était ridicule tant elle était improbable. N'était-il pas évident qu'elle était la digne fille du souverain ? Qui aurait pu en douter ? Elle excellait dans toutes les disciplines, comme une vraie d'Uobmab. Quant à Merlin, il brillait certes par ses lacunes, mais Zébella restait persuadée que jamais Judas n'aurait laissé un petit bâtard courir dans ses jambes pour hériter après lui. Il ne devait s'agir que d'une tentative des Lieugro pour récupérer leur trône. Elle était toutefois surprise que la manœuvre provienne de Placide lui-même, là où elle aurait plutôt attendu cela de Garance. Cela étant, elle se souvenait encore sa virulente réaction lorsqu'elle avait dévoilé ce qu'elle suspectait à son sujet, difficile d'oublier ce qui lui avait valu une bosse et des migraines pendant un moment en suite. En fait, elle était même certaine que ses malaises étaient une conclusion directe de cette attaque. Le souvenir lui fit décocher un regard noir au coupable. Plus d'un mois avait passé depuis la tempête. Plus d'un mois qu'elle ne pouvait même pas faire ses besoins sans être surveillée, plus d'un mois à devoir suivre ces rats dans leur fuite dans ce four infernal. Mais c'était contre elle-même que sa colère était la plus ardente, de s'être laissée prendre si sottement. Désormais, son père devait avoir appris son enlèvement et à présent, son retour ne pourrait se faire qu'avec le chapelet des têtes de ses kidnappeurs à la main. Une simple évasion ne suffirait pas, elle n'avait d'ailleurs jamais tenté de s'échapper. Lieugro comme Uobmab lui étaient interdits tant qu'elle n'avait pas vengé l'affront fait en la gardant otage.

Message I | 933 mots


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Merci Jil  | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 2 009 :
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Mar 25 Avr 2023, 21:51



Unknown

Les Portes – Chapitre V

En groupe | Dastan


Rôle :


Lentement, Ludoric acquiesça. « Oui. Elle pourra sans doute nous en dire plus sur Uobmab. Enfin, il faudrait réussir à la rallier à notre cause. » dit-il, sans repenser à la lettre. Il inspira, avant de souffler doucement. « Elle est dure en affaires. » Engager la conversation avec elle était difficile. Elle avait tendance à rester muette, se braquer, rire au nez de son interlocuteur ou vociférer des insultes. Parfois, le roux avait du mal à croire qu’elle était de sang royal. Quand elle ouvrait la bouche ou bougeait, la différence culturelle entre Lieugro et Uobmab lui paraissait colossale. La main de Placide sur sa cuisse lui fit baisser les yeux sur celle-ci ; puis il les remonta vers son visage, interloqué par l’alliance de ce geste et de sa question. « Oui, ça va. » Il scruta le regard céruléen du Prince, et son cœur se serra un peu. Même s’il lui avait assuré que monter sur le trône ne changerait rien à leur histoire, Ludoric doutait que qui que ce fût le laissât épouser un homme et ainsi compromettre ses chances d’avoir une descendance naturelle. Il en allait de la pérennité de la lignée de Lieugro et de la stabilité du royaume. C’était ainsi et la volonté de rompre les codes ne serait peut-être pas suffisante. Le blond supporterait-il la pression que feraient peser sur lui ses sujets ? Cette attente ne viendrait-elle pas lentement pourrir leur amour ? Parfois, l’aspirant soldat se surprenait à espérer qu’ils ne rentrassent jamais. Durant un bref instant, ils avaient pu envisager un avenir sans royauté ; et cet aperçu avait ébranlé les certitudes de Ludoric. Serait-il vraiment capable d’endurer un Placide roi, un Placide asservi à la couronne, un Placide marié et père ? Il aurait aimé y croire, mais la perspective d’une vie paisible avait balayé ses fondations, et d’autres avaient pris leur place. Peut-être que l’avenir auquel il rêvait se trouvait désormais à Narfas, loin de la tentation du trône ? Il n’osait pas faire part de ses doutes à son amoureux. D’une certaine façon, il était heureux de le voir élaborer des projets, même s’ils étaient faits de vengeance et de violence. Il avait eu peur que la mort de son père ne le terrassât tout à fait et qu’il ne le perdît à tout jamais. Il craignait qu’en allant à contre-courant de ses désirs, il ne détruisît l’équilibre fragile qui semblait l’animer. C’était une appréhension stupide, pour laquelle il se fustigeait régulièrement ; cependant, il ne parvenait pas à passer outre. « Il me fait confiance. » ajouta-t-il pour ramener ses pensées sur un chemin différent. Pourtant, elles en empruntèrent un autre, pas moins pénible. Il y avait eu cette fois où il ne l’avait pas trouvé au chevet de Zébella. Il l’avait cherché dans tout le campement, inquiet. Tous les voyageurs dormaient dans leur tente, néanmoins, lorsqu’il s’était approché de celle de Garance, il avait entendu des à-coups réguliers, une peau contre une peau, et une respiration aussi rauque que profonde. La régente couchait-elle avec le chef des armées ? Les rumeurs étaient-elles vraies ? On leur avait un temps prêté une liaison, comme on en avait imaginé beaucoup, pour bien d’autres personnes. Elles n’avaient aucun fondement autre que des bruits de couloir. Il était néanmoins resté, mu par une curiosité clairement déplacée. C’était bien Childéric qui avait rouvert le rideau. Cependant, ce que Ludoric avait vu sur son visage l’avait encore plus troublé. Il n’avait rien dit, à personne. Il devait s’être fait des idées. Ce n’était pas une respiration, mais deux. Et cette expression… le jeu des feux de l’aube. Depuis, il observait régulièrement les deux protagonistes, prêt à déceler un geste, un mot ou un regard qui trahirait leur accointance. Pour le moment, le guerrier passait plus de temps avec Lénora, et la politicienne avec Lambert ; et lui, il était partagé entre le déni, la stupeur, l’épouvante, le dégoût et la colère. « Et toi, avec ta tante ? » Il savait que leurs rapports étaient compliqués. Mais peut-être avait-il remarqué quelque chose d’inhabituel, à son sujet ? Il posa sa main sur la sienne et faufila ses doigts entre les siens.

Les mouvements en provenance de Zébella le tirèrent de ses réflexions. Trop habitué à devoir se cacher, il se sépara de son amant. « Non, mais on arrive bientôt. » répondit-il. Il la regarda s’étaler à moitié sur la banquette. Elle n’avait vraiment pas grand-chose d’une princesse. « On a dû s’arrêter parce que Rosette est malade. » Il détailla son visage. Son teint aussi était pâle. Décidément, ce voyage ne réussissait à personne. « Bien dormi ? » Il se redressa un peu dans son siège et croisa les bras sur son torse.



Message II – 795 mots




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Mar 25 Avr 2023, 22:22



Les Portes : L'arrivée à Narfas


« Merci. » dis-je à Alembert, en prenant le mouchoir qu’il me tendait : mon mouchoir. Sa gentillesse soudaine ne me fit pourtant pas oublier son comportement précédent, sa façon de me tutoyer et les gestes un peu trop tendres et rapprochés à mon goût qu’il avait pu avoir vis-à-vis de Rosette. Je n’aurais pas dû en être particulièrement méfiant car la douceur existait entre membres d’une même famille. Néanmoins, l’inceste était tout aussi populaire chez les nobles, ce qui expliquait la façon dont un certain nombre d’entre eux avait fini par dégénérer. Beaucoup étaient stupides, hors sol, complètement inaptes à se servir de leurs dix doigts ou à passer de la théorie à la pratique. Les liens qu’ils faisaient, bercés par des thèses inventées dans leur cercle restreint, étaient le plus souvent erronés. L’un des maîtres qu’avait payé ma mère, sans aucun doute avec l’argent de Madeline et Lambert d’Erexul, m’avait dit un jour que les sens étaient la seule voie de salut pour l’espèce que nous étions, que tout devait être expérimenté pour être véritablement retenu et compris. Durant les deux années pendant lesquelles j’avais suivi ses enseignements, il n’avait eu de cesse de me faire passer de la théorie à la pratique. Les livres ne pouvaient pas faire ressentir les courbatures dues au sport, les échardes lors du travail du bois, les difficultés du quotidien et, surtout, ne permettaient pas d’évaluer des progrès concrets ni de s’interroger sur l’utilité des choses et leurs valeurs. Enfermés dans leurs castes, les nobles n’avaient aucune idée de ce qu’était la vie. Alembert me semblait d’autant plus concerné, parce qu’il avait vécu caché et enfermé durant des années. Je ne voulais pas le juger trop vite, parce que je ne le connaissais pas, mais il restait un noble. Seule Rosette trouvait véritablement grâce à mes yeux, parce qu’elle possédait cette sensibilité que j’appréciais chez elle. Les autres me paraissaient n’être qu’une vulgaire brochette de manipulateurs égocentrés, prêts à bondir sur la moindre opportunité pour tirer leur épingle du jeu, quitte à écraser et vendre leur prochain. Ils me dégoûtaient.

« Tu as raison, cousin. » J’avais dit ces mots en souriant. J’aurais très certainement pu le vouvoyer et ne pas lui rappeler le fait que nous étions liés par le sang mais j’avais choisi de ne pas le faire. « Une fois qu’on sera arrivés, on pourra peut-être faire un tour tous les deux ? Quelque chose me dit que t’as pas dû voir beaucoup de filles dans ta vie. » S’il était plus âgé que moi, je doutais que sa mère l’eût encouragé à avoir des conquêtes. Une fois à Narfas, j’espérais qu’il cesserait de regarder Rosette avec cet air de merlan frit. J’étais prêt à devenir son meilleur ami s’il ôtait ses mains de la jeune fille. Dans le fond, peut-être pourrions-nous réellement le devenir, malgré ma méfiance. L’initier à la liberté serait probablement une activité hautement satisfaisante. Cette idée calma mon irritation et je finis par descendre de la voiture, après avoir rendu son sourire à Lambert. Puisqu’il était là, je ne m’approchai pas davantage de sa fille. Le fait que nous nous tournassions autour était pourtant connu. Quelques fois, nos mains s’étaient frôlées en public. Les suspicions avaient laissé derrière elle une trainée de poudre de commérages qui avait fini par prendre feu. Le convoi avait relayé les doutes par ici et les avaient confirmés par là. Rares étaient ceux qui savaient que j’étais le fils de Montarville. Beaucoup me connaissaient comme étant palefrenier. Néanmoins, le fait que je partageasse une voiture avec Alembert et Rosette questionnait. Finalement, la foule chuchotait que je n’étais peut-être pas qu’un simple garçon d’écurie ou que l’amour de la rousse à mon égard m’avait octroyé des droits que je n’aurais jamais dû obtenir. Selon ces derniers, la chute serait terrible, car l’adolescente ne pourrait pas toujours s’amouracher d’un domestique. Un jour, elle reviendrait à la raison.

En regardant Rosette et ses yeux en larmes, j’aurais aimé intervenir, la serrer dans mes bras et lui réciter des poèmes. Néanmoins, ça aurait été mal venu. Surtout, je ne comprenais pas cette réaction. Vomir n’était pas grave. Pourquoi pleurer ? Elle aurait peut-être pu me l’expliquer si nous n’avions été que tous les deux. Je soupçonnais le fait que sa mère et les amis qu’elle avait laissés derrière elle lui manquassent et, dans une autre mesure, qu’elle s’inquiétât pour les oiseaux qu’elle avait abandonnés. Ils étaient probablement morts, à force d’avoir vécu en captivité. Si je restais entouré de noble, peut-être mourrais-je aussi. Je m’approchai d’un garçon qui devait être un peu plus âgé que moi. Il devait avoir le même profil que Ludoric : celui des futurs soldats qui avaient été directement acceptés dans les rangs parce que le temps ne se prêtait plus à une quelconque formation. « Je t’échange ma place dans la voiture contre ton cheval. » lui proposai-je. Le marché fut vite accepté. « Je pars devant ! » déclarai-je, une fois sur ma monture. Je ne laissai place à aucune contestation possible et élançai la bête au galop. Elle dépassa le convoi en peu de temps et fila tout droit vers les murailles. Sur mon chemin, trois silhouettes apparurent. Je ralentis la cadence jusqu’à m’arrêter. Ma peau s’était couverte de sueur. Je posai ma main au-dessus de mes yeux pour protéger mon regard du soleil. Je n’avais pas songé que des Narfasiens nous accueilleraient et demeurai muet, à les regarder, un instant, avant de déclarer : « Mes hommages. Je suis Clémentin. J’appartiens au convoi en provenance de Lieugro. Si je peux vous êtes utile en quoi que ce soit, n’hésitez pas à me le faire savoir. Le voyage a été long et cela commence à se ressentir, surtout chez les femmes. » Ce n’était pas exact mais je ne voulais pas viser Rosette en particulier et avais dû improviser quelque chose.

973 mots
Erasme (Clémentin):
Promis je prends du temps ce weekend pour actualiser son rôle  | Les Portes Chapitre V - L'arrivée à Narfas | - Page 2 943930617

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Ammon Bethralas
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Ammon Bethralas
Mer 26 Avr 2023, 23:29


Image par Philip Sh

Les portes: l'arrivée à Narfas


Rôle :

Si l’hypocrisie de leurs rôles respectifs avait permis le rapprochement des deux hommes, l’initié pouvait aisément reconnaître les disparités qui les séparait. L’Ecclésiastique ne se contenterait jamais d’un simple rôle de figuration et d’apparat où il se contenterait de donner le change et de pourvoir avec servilité aux volontés d’une autre. Le Grand Prêtre daignait se conformer aux velléités de son homologue féminin non pas du fait d’une prétendue légitimité de l’autorité de sa consœur mais seulement parce que les écrits sacrés lui en imposait le commandement. Le sacerdoce de sa mission l’obligeait à œuvrer à la grandeur du royaume en pleine lumière, prodiguant saintes paroles et bénédictions à ses ouailles captives, tandis que l’harpie infâme dans son sillage se contentait de récolter en sous main les fruits de son office. La sœur du roi incarnait cette rombière austère en devenir, à la moue invariablement sévère et ombrageuse et dont les affres de la beauté déclinante s'étendaient à mesure que la Narfas tentait vainement d’en camoufler les vestiges derrière la surabondance de couches de fond de teint. De nombreuses rumeurs toutes plus folles les unes que les autres couraient à son sujet, Gaspard avait bien entendu été l’instigateur d’un certain nombre d’entre elles. La plus tenace à ce jour voulait que la Grande Prêtresse traquait les jeunes femmes chastes pour recueillir le sang de leurs règles et procéder à des rites païens qui empruntaient à l’occulte. Certains allaient même jusqu’à prétendre qu’elle s’abreuvait de ce sang tel un élixir de jouvence ou qu’elle l’employait lors de messes noires secrètes où elle invoquait des créatures de l’Autre Monde. D’autres laissaient entendre qu’elle avait des mœurs excessivement dissolues et qu’elle s’adonnait à des parties de jambes en l’air débridées avec des hommes objets sur qui elle passait tous ses fantasmes avant de les sacrifier pour emporter ses secrets dans leurs tombes. Pour Gaspard, cette femme constituait un écueil dont il devait supporter les aléas des caprices, les instructions versatiles et les prescriptions infondées lorsqu’elles n’étaient pas simplement absurdes. En dépit de toute l’aversion qu’il lui vouait, Jésabelle était ce chemin de croix dont il ne pouvait renoncer à la charge...tout du moins jusqu’au jour heureux où il finirait par concrétiser ses desseins.

L’Homme d’Église prêta une oreille attentive à la répartie toute étudiée du Monarque. Le masque d’apparente aménité de Balthazar avait cette propriété fascinante d’indifférence et d’impassibilité. Tout semblait glisser le long du vernis de sa surface lisse sans que rien n’y parvienne à s’y fixer et à s’y maintenir durablement. Parfois, l’Homme de foi se consternait de ce manque cruel d’à-propos chez son vis-à-vis. Il voulait désespérément apercevoir cette lueur de résolution au creux de ses pupilles pour y déceler le moindre interstice, la moindre entaille susceptible de fissurer ce masque de cire et à travers elle cette exigence pleine d’audace et de libre arbitre de ne plus être le pantin fantoche et désarticulé s’alignant sur les décisions de son épouse. Est-ce que Wesphaline avait broyé son esprit à tel point qu’il était devenu si apathique et passif qu’il avait délibérément pris fait et cause pour la Reine  ? Avait t’il seulement eu voix au chapitre quant à la venue de ces immondices dégénérés sur ses terres ?

« Oui, on peut vraisemblablement espérer que les lignes de défense de nos remparts seront mieux protégées que celles qui mènent à son entrejambe »

Mieux valait pour lui si Balthazar voulait connaître un sort plus favorable que le décapité du royaume voisin dont les prétendues couilles dépressives faisaient désormais l’objet des sonnets chantés par Troubadours et Ménestrels qui l'en disaient pourvu. La réputation sulfureuse de la Cheffe des armées n’était en rien usurpée. Les aptitudes martiales sans équivoque de la D’Epilut dans l'arène n’avaient d’égal que son appétit insatiable pour les hommes. On racontait qu’elle disposait du sexe masculin comme elle menait avec pugnacité ses troupes à la conquête des bastions ennemis : en se lançant à corps perdu dans la bataille jusqu’à les faire tomber à genoux et les soumettre à ses prétentions. A bien des égards, Gaspard estimait qu’elle avait indûment profité de la renommée et des exploits à son actif pour obtenir l’assentiment du Roi et occuper ses nouvelles fonctions. En somme, Tamara lui devait tout et cette petite ingrate s’évertuait à en nier l’évidence. Dans son bon droit, le Saint Père exigeait naturellement que la Belliqueuse daigne à minima s’acquitter de certaines de ses doléances. La D’Epilut bénéficiait de l’avantage manifeste d’être dans la confession du triptyque féminin qui gouvernait officieusement le royaume. En l’érigeant comme nouvelle cheffe de ses armées, Balthazar avait fait entrer le loup dans la bergerie. Gaspard avait tout au moins le mérite de connaître la soif d’ambition dévorante de sa sœur. Tamara avait goûté aux fastes et à l’opulence de la vie de château et elle ne contenterait jamais de faire office de petite main docile et diligente assujettie aux souhaits de la royauté. Si l’Ecclésiastique n’avait pour le moment aucune preuve de sa forfaiture, les espions à sa solde lui avait répertorié ses allées et venues impromptues sur le versant occidental du royaume sous couvert d’examen des fortifications. Le religieux finirait tôt ou tard par élucider les tenants et aboutissants de cette affaire.

« Votre Altesse, je crains que ces exilés ne soient aveuglés par le ressentiment de leur nouvelle condition. Je veux bien écouter leurs revendications mais je doute qu'elles bénéficient du recul et la lucidité suffisante pour que l'on puisse réellement en tenir compte. Qu'envisagez vous pour les quelques femmes qui les accompagnent ? Comptez vous mettre à contribution le Grand Semencier ? Il s'agirait d'un tribut tout à fait légitime pour l'hospitalité que vous daignez leur accorder »

Post II - 968 mots




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Priam et Laëth
Jeu 27 Avr 2023, 13:10




Les Portes – Chapitre V

En groupe | Hélène


Rôle :


La blonde perçut nettement l’agacement qui tintait dans la voix de Rosette lorsqu’elle prit son mouchoir, mais ne le releva pas. Le moment n’était pas aux sermons. Au demeurant, elle comprenait l’inimitié de la fille de Lambert. Elle avait ramené dans sa vie un demi-frère dont elle n’avait jamais entendu parler et, avec lui, le fantôme d’une relation qui avait précédé celle de ses parents. Dans son jeu de dupe et de vérité avec le blanc, la femme oscillait volontairement entre la discrétion et la révélation, comme s’il y avait quelque chose à cacher mais que l’on ne pouvait pas s’empêcher de montrer. Peut-être que Rosette avait été attentive aux échanges entre son père et elle, et repéré le manège auquel ils s’adonnaient – et, comme eux, sans savoir ce qui tenait du vrai et ce qui tenait du faux. Comme l’adolescente se détournait, Garance jeta un œil à l’intérieur de la calèche. Son fils aidait le bâtard qui, de toute évidence, venait aussi de vomir son repas. Elle s’apprêtait à prendre des nouvelles d’Alembert lorsque les sanglots soudains de Rosette la firent pivoter dans sa direction. Elle l’observa quelques secondes, avant d’adresser à Lambert un regard qu’elle voulait compatissant. Pour mettre à exécution son projet de reconquête, elle avait besoin de son soutien. Et pour avoir son soutien, parfois, elle devait aller dans son sens. Elle devait lui montrer que les difficultés de leur entourage lui importait, qu’elle se désolait des vicissitudes du voyage qu’elle avait imposé à chacun, qu’elle comprenait mais que ce n’était qu’une étape vers un avenir meilleur. Elle devait faire preuve de cette sensibilité qu’il avait tant adorée chez Montarville et qui avait fini par lui faire perdre la tête, aussi figurativement que littéralement.

Une exclamation l’arracha à la contemplation des images du crâne pourri de son frère. Reconnaissant la voix du palefrenier, elle se tourna vivement vers lui. Avant qu’elle eût pu dire un mot, il lança son cheval au galop. La régente inspira et bloqua sa respiration, le cœur battant. Elle exécrait les imbéciles qui agissaient avant d’avoir réfléchi. L’impulsivité de Clémentin, à ce stade, allait commencer à devenir légendaire. Petit con, pensa-t-elle si fort qu’elle eut presque peur de l’avoir prononcé. Elle chercha aussitôt des yeux Childéric. Rapidement, elle le repéra, perché sur son cheval aux côtés de Lénora, une ancienne domestique du château qu’il avait pris sous son aile. À leur sujet, les rumeurs allaient bon train. L’amour que nourrissait le chef des armées pour Adénaïs d’Etamot n’avait rien de secret ; cependant, le fait qu’elle fût restée à Lieugro et que la brune marchât dans les pas du soldat avait remis en perspective bien des choses. Garance écoutait, mais ne disait rien. Participer aux commérages sans aucun dessein ne l’intéressaient pas ; en revanche, elle avait à cœur de connaître les liens qui unissaient les différents membres du convoi. Il lui semblait important d’être capable d’identifier les relations de proximité, les inimitiés et les indifférences. Depuis sa lecture de nombreux philosophes dans sa jeunesse, elle était convaincue que la connaissance était intimement reliée au pouvoir.

Elle s’approcha vivement du duo, et s’arrêta tout près d’eux. « Partez à sa suite et ramenez-le ici. » Après avoir marqué un bref temps de réflexion, elle ajouta : « Si, quand vous le retrouvez, il est déjà en présence de la délégation qui doit venir nous rencontrer, je vous charge de représenter la couronne de Lieugro et de les guider vers nous. Nous allons repartir tout de suite. » Son regard azuré rencontra celui de Childéric et durant une fraction de seconde, une sensation si étrange commença à se manifester en elle qu’elle crut qu’elle allait vomir à son tour. Elle ferma les paupières une seconde et s’humecta les lèvres. « Je compte sur vous. Et je tiens aussi à ce que le garçon qui a laissé son cheval à Clémentin soit réprimandé. » acheva-t-elle avant de retourner près de Lambert et de leurs enfants. Elle posa aussitôt les yeux sur son fils. « Alembert, est-ce que tout va bien ? » Dès qu’elle eut sa réponse, elle se tourna vers son conseiller et sa fille : « Il faut que l’on reparte. Nous arrivons bientôt et je préfère ne pas laisser Clémentin seul face aux représentants de Narfas trop longtemps. » Elle pivota à nouveau vers son garçon : « Je compte sur toi pour prendre soin de Rosette durant le reste du trajet. » Puis, elle la regarda. « Si vous le souhaitez, je peux demander au médecin de vous faire parvenir des herbes contre les nausées. » Quand tout fut réglé, la blonde remonta dans sa voiture.



Message II – 776 mots

Le convoi repart 8D




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Image : 2ha - Mo Ran to the Underworld by Lisa Buijteweg
Les Portes : L'arrivée à Narfas
The Lost Tales - Dzivia


Rôle - Balthazar De Narfas:


Durant le moment d'intermittence qui suivit ma prise de parole, mon regard s'égara brièvement dans le vide, captivé par les immenses tours d'ivoire que le verre translucide des fenêtres me laissait apercevoir à l'horizon. Rêveur, je fermai un instant les paupières, m'amusant à imaginer le son des cloches résonner au-dessus du palais avant de reporter mon attention sur le Grand Prêtre. Je voyais flotter, au creux de ses pupilles acérées, l'ombre de son insatisfaction, de son profond désaccord envers la décision que, nous le savions tous les deux, j'avais prise en fonction des attentes de la Reine et non pas des miennes. Comme toutes les affaires qui préoccupaient les politiques d'État, ma voix faisait tout simplement écho à la sienne, répétant mot pour mot les lignes des discours qu'elle me préparait à l'avance. Néanmoins, en présence de Gaspard, je me permettais quelques libertés en matière d'improvisation qui déviaient timidement des scripts que j'avais l'habitude de réciter avec un calme presque désintéressé, trahissant une forme de complicité entre nous deux. Même si le terme « ami » me paraissait peu approprié en l'espèce, nous étions suffisamment proches – autant que deux hommes soudés par la similitude de leurs circonstances pouvaient l'être – pour se parler sans faux semblants. Et pourtant, nous ne pouvions être plus différents : là où l'ecclésiastique jalousait le pouvoir qui était conféré à la gent féminine, en particulier celui sur lequel Jésabelle avait la mainmise, je n'éprouvais aucune hostilité semblable à l'encontre de Wesphaline, ni d'aucune autre femme d'ailleurs. Évidemment, cette absence de rivalité ne rimait pas forcément avec amour : j'avais mes propres divergences d'opinion avec mon épouse, mais contrairement au du D’Epilut, je préférais les garder secrètes afin de simplifier mes interactions avec la Reine. Gouverner était une fonction que je prenais très au sérieux, mais j'avais également d'autres occupations annexes que j'estimais plus constructives que de jouer les vulgaires marionnettes sur un trône de mensonges. Bien que je ne fusse pas opposé au statu quo, je n'aimais pas spécialement la position que les erreurs de mon prédécesseur m'avaient inévitablement contraint à assumer. Qui le serait? Il n'y avait rien de plus humiliant, pour un Roi, que de porter une couronne sans valeur, condamné à n'être que le pantin d'un autre. Mes sentiments à l'égard de Wesphaline traduisaient parfaitement le ressentiment qu'un individu qui n'exerçait plus aucun contrôle sur ses choix personnels était amené à ressentir à l'encontre de ses bourreaux. L'alliance qui m'unissait avec mon épouse n'en était pas une où l'amour fructifiait entre nous, mais plutôt, elle était fondée sur une question d'intérêts – ses intérêts – à assouvir au nom de la prospérité de notre nation. Si j'avais autrefois envisagé la possibilité de lui ouvrir mon cœur malgré la disparité de nos rapports de force, cette idée ne rencontrait désormais qu'un mur d'indifférence et d'exaspération. J'avais complètement abandonné le projet de conquérir son cœur, désillusionné par le mépris qu'elle me réservait à chacune de nos rencontres. À force de me heurter contre sa froideur dédaigneuse, j'avais fini par comprendre qu'il était vain de continuer à faire des avances à une femme qui me considérait comme un moins que rien, un faible d'esprit dont la seule qualité rédemptrice était de se montrer docile face à ses commandements. C'était de cette réalisation particulièrement amère qu'était née ma résignation à accepter tout ce que la Reine m'ordonnait de dire ou de faire sans broncher, et ce, au détriment de mes propres convictions que je cachais derrière un masque d'impassibilité construit à l'image du sien. De toute façon, ma voix n'avait de l'importance que lorsque j'étais en présence d'une population dupée par des discours de propagande bien ficelés ou d'étrangers tout autant floués par cette politique qui se jouait secrètement à deux niveaux.

Rompant le silence qu'il conservait depuis quelques minutes, Gaspard réalisa l'exploit de m'arracher un sourire qui s'effaça presque aussi vite qu'il était apparu. « Si Tamara manie aussi bien l'épée que les hommes, alors la défense de Narfas est laissée entre de bonnes mains. » commentai-je, sans trahir la moindre émotion. Le mépris avait été palpable dans la voix du Grand Prêtre, mais comme à mon habitude, je ne m'en formalisai pas. Si, au fil des années, je m'étais résigné à accepter le sort dont souffrait tous les représentants du sexe masculin, je savais aussi que ce système ne faisait pas entièrement l'unanimité chez les hommes qui, pour certains, se sentaient lésés par les inégalités que ce dernier avait créé en faveur des femmes. Ils étaient très peu, cependant, à oser dénoncer ces iniquités de vive voix, notamment par crainte de s’attirer le courroux des Dieux, mais leurs actions parlaient souvent pour elles-mêmes. C’était d’autant plus vrai dans le cas du D’Epilut : il suffisait de prêter l’oreille aux rumeurs qui circulaient sur lui pour le comprendre aisément. « Je vous l’accorde, mais ils demeurent nos alliés. » renchéris-je. La perte de leurs terres couplée à la mort de Montarville les plaçait indéniablement dans une position désavantageuse, mais je ne crus pas nécessaire de le mentionner. « Quand bien même la colère n’aveuglerait pas leur jugement, je crains que nous ne puissions éviter le sujet. » Ce n'était pas qu'une supposition, mais un fait. « Cependant, nous ne sommes nullement contraints de répondre positivement à toutes leurs demandes, encore moins de façon inconditionnelle. » Chaque acte de générosité avait un prix, une valeur proportionnelle à la nature du service qui était réclamé, d'autant plus que la Reine avait d'autres plans à leur égard. « Nous souhaitons qu'elles s'accouplent avec nos hommes afin de résoudre nos problèmes démographiques. » admis-je doucement. « Les services du Grand Semencier nous seront effectivement utiles pour atteindre ce but. » Quant aux hommes de Lieugro, leur sort nous indifférait complètement : et par nous, je faisais surtout allusion à Wesphaline et à sa sœur qui ne semblaient leur accorder aucune considération, en dehors de la méthode pour s'en débarrasser.

✠ 987 mots

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Jil
Sam 29 Avr 2023, 17:18

— « Oh, c’est vous mère ! »

Elle poussa un soupir de soulagement perceptible, et ses épaules se relâchèrent ; c’était la seule personne devant laquelle elle pouvait se permettre de commettre une erreur. Au prix d’une remontrance, bien sûr, mais au moins ça ne serait pas la fin du monde. Elle était stricte, et ne laissait pas la place au moindre doute en ce qui concernait son fils. De mémoire, Anthonius ne l’avait jamais entendue se tromper dans les pronoms, conjugaisons et autre détails mineurs qui auraient pu alerter une oreille attentive. Si elle n’avait pas passé, pendant son enfance, de longues heures à lui expliquer le pourquoi de cette mascarade, on aurait pu être aisément amené à penser qu’elle ignorait réellement le véritable sexe de son propre enfant. Face au royaume et à ses sujets, elle était parfois implacable ; en privé, les choses étaient bien différentes. Avec engouement, la princesse répondit en se redressant :

— « Je viens de commencer, je vais tout ranger, ne vous inquiétez pas. Et mes vêtements sont bien pliés là-bas ! »

Debout à côté du meuble désossé, un pied à côté d’un tiroir et l’autre entre quatre planches triées par taille, elle tripotait nerveusement un tournevis en attendant d’apprendre la raison de la présence de Wesphaline. Elle s’approcha, et se faisant, Anthonius ne put s’empêcher de remarquer le regard qu’elle lui lança, comme si elle la jaugeait de haut en bas. Sans doute en train d’examiner comment son corps changeait. La princesse arrivait après tout à un âge de changements rapides. Elle fit comme si elle n’avait rien vu, et suivi des yeux la lettre que la reine lui avait apportée. Cléodolphe, l’un de ses deux grands frères désormais à l’étranger pour entretenir les relations diplomatiques avec les pays voisins, avait donné des nouvelles, et avait glissé un mot à son égard dans sa dernière missive. Un sourire éclaira le visage de la princesse. Cela faisait longtemps déjà qu’ils étaient partis, longtemps pour elle, en tout cas. Avant que ne commencent à se développer les premiers signes de sa féminité, elle n’avait aucun mal à dissimuler son véritable sexe, et devoir passer pour un garçon impliquait de devoir jouer avec les garçons, ce qui était sans le moindre doute la meilleure partie de sa petite malédiction.

— « Il va se marier ?! Déjà ! Ça veut dire que je vais être t… Oncle ! »

Son large sourire s’atténua bien rapidement quand sa mère vint s’agenouiller à côté d’elle en commençant son sempiternel sermon. La mâchoire d’Anthonius se crispa légèrement en attendant que la tirade s’achève. Elle répétait toujours les mêmes histoires ; pauvre femme morte en couche, des détails affreux sur les conséquences sur son corps. Ça, pour dissuader sa fille d’avoir un jour des enfants, c’était efficace. Mais celle-ci se serait bien passée de ce rappel constant. Elle n’avait pas besoin qu’à chaque fois qu’elles discutaient, mère et elle, la conversation ne finisse par évoluer vers une admonestation bête et méchante au sujet de la condition de la femme dans ce royaume. À ce stade-là, elle n’avait plus besoin d’être convaincue, elle avait besoin d’un peu de gaieté. Mais c’était sa mère. La seule personne a qui elle pouvait se confier, la seule personne à pouvoir lui donner des réponses sur ce que cela signifiait de devenir femme, et surtout, la seule personne à s’intéresser réellement à ce qu’elle faisait et qui elle était. Après tout, si personne n’avait encore eu de doute ou compris ce qu’elle était vraiment, c’est que personne n’avait réellement pris le temps de s’y intéresser. Elle lui passait donc cette mauvaise habitude, et changeait de sujet. Cette fois-ci, c’est Wesphaline qui y mis un terme d’elle-même. Avec joie, la princesse se lança dans quelques explications sur le fonctionnement de la commode, les matériaux utilisés et la méthode d’assemblage. Au bout de quelques minutes cependant, elle fit une pause, et demanda :

— « Comment se passent les choses à la cour ? Du nouveau ? Et les réfugiés de Lieugro ? »

Elle n’était certes pas au courant de tout, mais elle savait au moins ça. Sa jeunesse l’empêchait pour l’instant d’être intégrée aux conversations sur l’avenir du royaume, ou sur les intrications politiques avec lesquelles jonglait ses parents, mais elle espérait faire preuve d’assez de maturité pour changer la donne.
Résumé et mots :


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