Du bout des lèvres
Day 1 : First

Intrigue ; Bellada fait des bisous à tout le monde.  

Bellada laissa un rire tendre lui échapper, essayant de le retenir en plaçant sa main devant sa bouche. Gilbel, entendant ce son qui faisait vibrer son cœur, s'arrêta de parler un instant pour observer celle qu'il avait invité. « Quoi, j'ai encore recommencé ? » s'inquiéta le mage. « Un peu. » avoua la demoiselle. « Ah. » Embarrassé, le Ward passa sa main dans ses cheveux tout en fuyant le regard azuré de sa partenaire de promenade. « Je ne m'en étais pas rendu compte... Mais à la réflexion, il est vrai que je me suis peut-être encore emporté... Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous ennuyer avec mes histoires. Changeons de sujet ! » La Boggins n'affichait aucune once de remontrance ou d'agacement, bien au contraire, elle affichait un sourire malicieux et dans son regard brillait une étincelle intriguée. « Non, ne vous arrêtez pas. » le contredit-elle. « Continuez. J'adore vous entendre en parler. Vous êtes si passionné par le sujet que vous en devenez émouvant. A vrai dire, je n'y connais pas grand chose et si quelqu'un d'autre que vous avait essayé de me parler de la différence entre deux papillons, je n'aurais sans doute porté qu'une oreille distraite. Mais lorsqu'il s'agit de vous, mes oreilles sont fermement rivées sur vos paroles. Votre engouement est communicatif. Je pense que je ne me lasserai jamais de vous écouter en parler. » Bellada avait vite remarqué ce loisir et cette fascination étrange que cultivait le jeune Ward. Mais elle ne s'en était pas offusquée, bien que la chose l'ait surpris au début. « Ah, vraiment ? » Le rouge avait recouvert le faciès du garçon. Il était autant flatté qu'embarrassé par la déclaration de sa camarade. Il avait la drôle d'impression d'avoir eu le droit à une déclaration d'amour et, en même temps, il avait peur de s'imaginer des sentiments là où il n'y en avait pas.

Les adolescents croisèrent leurs regards un court instant : le bleu azure s'entrechoqua au brun profond. Les cœurs tambourinaient. Les seconds s'effilèrent. Gilbel tourna légèrement la tête. Leur chaperonne était à quelques mètres en retrait. Elle était occupée à sermonner un enfant qui lui avait lancé un sort dessus, par mégarde. C'était le moment ou jamais. Bellada, elle, avait la sensation d'être au bord de l'explosion. Elle avait compris ce que son prétendant s'apprêtait à faire. D'autres avaient essayé avant lui, si bien qu'elle avait appris à reconnaitre les signes avant-coureurs. Mais elle avait toujours tourné la tête, ou bien reprit la parole et la marche, coupant court aux espoirs juvéniles. Cette fois-ci, elle ne se déroberait pas. Cette fois-ci, elle espérait bien que le Ward oserait se lancer, et qu'il n'hésiterait pas comme les fois précédentes. Elle en avait discuté avec Hortanse - cette dernière, peu intéressée par ces histoires d'amour, lui avait conseillé de prendre les choses en main si la situation ne lui convenait pas. Aussi, dès que le mage bleu reporta son attention sur elle, la blonde avança d'un pas, rapprochant leurs corps dans une proximité que leur surveillante aurait tôt fait de briser, si elle n'avait pas été distraite. Gilbel eu une seconde de surprise, se mordillant furieusement la lèvre, avant de se lancer, le cœur martelant ses oreilles, son ventre tendu par l'appréhension. Il fut surpris de constater que la jeune femme en face de lui s'était déjà hissée sur la pointe de ses souliers, comme si elle avait déjà engagé le baiser de son propre côté.

Les lèvres se frôlèrent d'abord doucement, avant de se retirer presque aussi subitement. Puis, comme s'il s'était agit d'une drogue particulièrement addictive, les lèvres se cherchèrent de nouveau, se pressèrent plus intensément, plus justement également. Certaines tensions se libérèrent pour mieux laisser place à d'autres, plus instinctives et primitives.

Trop tôt, mais déjà bien après que ce qu'aurait autorisé l'étiquette, les adolescents se séparèrent.

Gilbel ressemblait à un coquelicot : il l'avait fait, enfin ! Ca lui avait demandé beaucoup de courage, mais il avait osé l'embrasser, cette fille passionnante et impressionnante, qu'il avait courtisé durant des mois. Bellada, elle, ressemblait à un bouton de rose qui venait d'éclore, toute pimpante et fraiche. Elle avait des rêves plein la tête, des papillons plein le ventre. Elle l'avait fait, enfin. Finalement, Hortanse avait eu raison. La magicienne avait bien fait de prendre les reines et de se lancer - peu importait ce que les autres raconteraient sur les convenances.

Bellada tourna les talons et reprit la marche, son sourire ne s'effaçant pas - à vrai dire, il s'emblait s'élargir de seconde en seconde. Gilbel la suivit prestement et approcha timidement le dos de sa main contre celle de son amoureuse. Celle-ci noua discrètement leurs doigts. « Alors, qu'est ce que vous vouliez me dire, au sujet des insectes ? »

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Du bout des lèvres
Day 2 : Sleepy

« Et ils vécurent heureux, durant des ères. » Bellada, le sourire aux lèvres, referma son livre de contes le plus silencieusement possible. Il n'y eu aucune réaction. Les enfants s'étaient déjà tous endormis, en l'écoutant lire l'histoire. Orlane, la tête posée sur l'épaule de sa grand-mère, avait veillé le plus longtemps, s'accrochant désespérément aux paroles de la conteuse, luttant contre la fatigue et ses paupières lourdes. Elle avait vacillé à l'avant dernier chapitre, avait abandonné la bataille lors du chapitre final. La liseuse n'avait pas arrêté son activité pour autant, laissant le temps à tous ses protégés de rentrer dans les bras d'Harabella, pour s'assurer que leur sommeil soit profond. C'était le cas, à présent.

Gilbel, assis sur son fauteuil, en face de son épouse et de l'attroupement de ses petits enfants, posa son journal. Lui aussi esquissa un sourire. Le tableau qui se dessinait devant lui était toujours aussi attendrissant ; malgré les années passées , il ne s'en était jamais lassé. « Je pense qu'on peut y aller. » murmura-t-il tout bas tout en se levant. Madame Ward acquiesça, replaçant une mèche de cheveux derrière l'oreille d'Orlane. Doucement, le mage bleu s'approcha et passa ses bras sous le corps assoupi de Gontrand. « Ho-hisse. » fit-il tout en soulevant le garçon. Sa tête dodelina, ses lunettes glissèrent légèrement sur son nez, mais il resta assoupi. Bellada, elle, récupéra Valentine qui s'était assoupie sur ses genoux. Le couple porta leurs descendants jusqu'à la chambre qui leur était réservée cette fois-ci. Ils retournèrent dans le salon et répétèrent l'opération jusqu'à ce que tous les enfants soient confortablement installés sous leurs couvertures. Bellada prit le soin, comme à chaque fois, de tirer les draps jusque sous leurs mentons et de les border. Elle déposait un baiser sur leurs fronts et leur murmurait de faire de beaux rêves. C'était un peu son rituel. Elle aurait pu user de sa baguette magique pour ordonner aux draps de se replacer, ce qu'elle faisait parfois lorsqu'elle se contentait de vérifier que tout le monde dormait paisiblement avant d'elle-même aller se coucher. Mais elle pensait qu'il était important de le faire elle-même, au moins une fois avant de les laisser pour la nuit.

« Il ne reste plus qu'Orlane ? » demanda tout bas Bellada en poussant la porte de la chambre. Gilbel acquiesça. « Je m'en occupe, mon Bichon, vas te reposer, tu as eu une grosse journée. » « D'accord, à tout de suite, Pomme d'Amour. »

La magicienne déposa la petite blonde dans son lit. Elle retira précautionneusement ses lunettes, qu'elle déposa sur la table de chevet. Elle remonta les couvertures, déposa son baiser et s'apprêta à partir. « Papi et toi, vous ressemblez un peu à Odette et Thénolius. » grommela l'endormie. Ses yeux se rouvrirent difficilement, pour s'ancrer sur la silhouette de sa grand-maman. « Ah oui ? » chuchota la concernée, son sourire se redessinant aussitôt. « Mmh... Vous vous êtes battus ensemble. Et vous avez fondé une grande famille. Et vous vivez heureux depuis toujours. » énuméra la fillette d'une voix rendue rauque par le sommeil. Bellada passa le dos de son doigt sur la joue de la petite. « Tu as raison, mon Loustic. Allez, il est temps de dormir. Fermes tes petits yeux. Bonne nuit. » « Bonne nuit mamie. » Bellada se pencha en avant, et déposa ses lèvres sur le front de sa petite-fille. Tel un charme, la demoiselle sembla replonger dans le royaume de Harabella presque immédiatement.

Bellada retourna dans sa chambre. Elle passa derrière le paravent pour se changer, tout en racontant à Gilbel la comparaison qu'Orlane avait fait d'eux. L'anecdote fit rire le vieil homme. Ce n'était pas la première fois qu'il entendait cela. C'était attendrissant, d'autant plus lorsque l'on connaissait l'amour qu'avait nourri Bellada pour ce conte de Fae. « Bien, il est temps pour nous aussi de faire de beaux rêves. » rappela Gilbel, une fois que son épouse l'eut rejointe. Il rapporta les draps sur sa silhouette, tout en passant un bras sur elle, dans une étreinte tendre. L'un comme l'autre tournèrent la tête pour se faire rencontrer leurs lèvres. Puis ils fermèrent les yeux et se laissèrent happer par le sommeil.

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Day 4 : Chaste

Bellada était accroupie au milieu du parterre de fleurs, travaillant la terre de ses mains. Elle ne parvenait pas encore à manier sa magie, pas suffisamment du moins pour réussir à en user de façon efficace. Lorsqu'elle s'y essayait, elle se retrouvait à faire plus de dégâts et perdait davantage de temps à les réparer qu'à en gagner. Mieux valait continuer à s'entraîner sur des plantes en pot et ne s'y risquer qu'une fois qu'elle serait certaine de faire du bon travail. La jardinière releva une main, qu'elle passa sur son front, y laissant une marque brune de terreau. « Bellada. » L'interpellée redressa la tête vers l'homme qui se rapprochait d'elle. Un sourire fendit son visage, comme à chaque fois qu'elle regardait son amoureux. Le simple mot lui provoqua une embardée de papillons au creux de l'estomac. « Oui ? » Gilbel s'arrêta devant le lopin fleuri. Il leva la main pour montrer l'objet qu'il tenait. « Tu as oublié ton chapeau sur la table. » indiqua-t-il avant de le lui tendre. Il se pencha légèrement, de façon à atteindre sa chérie, et lâcha le couvre-chef sur le sommet de sa tête. « Fais attention à ne pas attraper un coup de soleil ou une insolation. » s'inquiéta-t-il. La magicienne, replaçant le chapeau de paille, partit dans un rire léger et attendri. « Qu'y a-t-il ? » « Rien. » s'amusa la jeune femme en se redressant. Elle essuya ses mains terreuses sur son tablier avant d'effectuer une grande enjambée pour gagner le côté de son partenaire. « Je te trouve simplement mignon, à t'inquiéter pour moi de la sorte. » Gilbel fit la moue, embarrassé par le compliment. « C'est une bonne chose. » rappela la blonde. « Si j'avais voulu d'un rustre qui ne prend pas soin de moi, je serais allée voir un Réprouvé. » taquina la jeune femme avant de s'approcher de son compagnon.

Tout naturellement, parce que le temps avait tissé entre eu une complicité instinctive et puissante, Bellada noua ses bras autour des épaules du garçon. Elle posa son front contre le sien, les yeux clos. Il fit de même. Lui, sentait la lotion qu'il avait aspergé sur sa toilette ; elle, avait été parfumée par les fleurs dont elle s'était occupée, ainsi que l'odeur fumée du soleil ayant tanné sa peau. Gilbel lia ses mains dans le creux de son dos, caressant la courbe de ses reins du pouce. Ils restèrent un instant ainsi, profitant du contact de l'autre dans un silence appréciateur. C'était la marque d'une confiance sans borne : il n'y avait plus besoin de meubler les blancs pour se sentir à l'aise ; la tranquillité était aussi bavarde que les discours et, dans ces moments d'intimités sans paroles, mille messages pouvaient passer.

« Ca va être l'heure, n'est ce pas ? » murmura Bellada. « Il ne va pas falloir tarder. » confirma le mage bleu. A contre cœur, la blonde retira sa tête, sans se séparer de leur étreinte. Leurs regards s'ancrèrent, comme pour rétablir le lien que leur peau ne pouvait plus assurer. « Tu ne m'en veux pas, d'avoir promis de faire cette lecture ? » « Quel odieux personnage serais-je pour empêcher une bibliothécaire de se plonger dans les pages de ses meilleurs amis ? » ironisa le roux. Chacun avait ses passions et il lui paraissait normal que chacun la vive pleinement. Après un léger rire, il reprit : « Je suis certain que ces grands-mères vont être ravies d'avoir un peu de compagnie. Vas-y, et amuse toi bien. » La dévoreuse de livres acquiesça avant de se hisser sur la pointe des pieds, tirant délicatement sur la nuque de son amoureux. Elle déposa ses lèvres sur les siennes. Ce fut comme une caresse au creux de la nuit, une brise légère mais savoureuse. Il fut court et, en même temps, il avait suffit pour transmettre toute la tendresse qu'elle éprouvait à son encontre. Gilbel y avait répondu avec autant de délicatesse. C'était le genre de baiser qui en appelaient à un second, et à cent de plus. De ceux que l'on effectue lorsque l'on sait avoir tout le temps devant nous : les retrouvailles sont certaines, et les attentions débordent.

La magicienne s'écarta tout à fait. « Bien, je vais me changer. Madame Rotzenfild n'appréciera pas que je salisse son salon avec toute cette terre. »

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Du bout des lèvres
Day 3 : Worship

Le couple était posé sur le lit; sa tête à elle reposait sur son torse à lui. Le garçon avait passé son bras derrière sa tête, et de sa main libre, il jouait avec les cheveux de sa partenaire, y enroulant son index. Parfois, il s'arrêtait pour plutôt laisser courir le bout de ses ongles sur son épiderme, déclenchant une traversée de frissons sur son passage. La fenêtre de la chambre avait été ouverte, laissant un vent frais traverser la pièce de part en part, apportant l'odeur chaleureuse de l'extérieur : la pluie faisait ressortir le parfum du gazon, dans la cours de leur petite maison.

Bellada plaça une main sous son menton, au creux des pectoraux de son mari. Elle darda son regard perçant - qui n'était pas encore caché derrière une épaisse monture - sur le visage de son concubin. Elle se mordilla légèrement les lèvres. Remarquant l'attention et la tension dans la posture de sa femme, Gilbel croisa son regard et amorça un sourire, comme pour l'inviter à se confier. Nerveuse, la magicienne inspira un grand coup. « J'ai une surprise pour toi. » souffla-t-elle, comme si ses poumons manquaient d'air ou que sa gorge était trop nouée pour parler librement. « Ah oui ? » demanda, curieux, le Ward. Un sourire enjoué s'était dessiné sur son faciès : il était friand de surprises. « Qu'est ce que c'est ? » Bellada se redressa. « Ce n'en sera plus une, si je te le dis maintenant. » répliqua la jeune femme, s'enveloppant dans un peignoir en soie, d'une couleur lavande. A pas légers, elle se dirigea vers une armoire, qu'elle ouvrit pour récupérer un sac de toile qu'elle serra contre elle, comme pour y puiser du courage. Après avoir expiré une dernière fois, elle tourna les talons et retourna sur le lit, offrant le sachet à son mari qui ne l'avait pas lâché des yeux, de plus en plus perplexe face à son comportement inhabituel. « Est ce que... Est ce que tout va bien ? » interrogea-t-il. Sans parler, la blonde acquiesça vivement, ne pouvant retenir un sourire timide. « Ouvre, tu verras ! » le pressa-t-elle.

Gilbel retira un album. Il avait une jolie couverture verte, cirée : l'illustration représentait un portrait des deux amoureux, main dans la main. Un sourire attendri naquit sur les lèvres du lecteur. « Est ce déjà mon anniversaire ? » « Tu es né à la saison de l'empereur. » rétorqua Bellada. « Ouvre le. » insista-t-elle de nouveau, enroulant ses bras autour de ses jambes, repliées contre sa poitrine. L'homme se soumit à la requête, ouvrant l'ouvrage. Là encore, un portrait les représentant tous les deux, dans leur adolescence. Sur la page de gauche : des annotations. Des anecdotes sur la façon dont ils s'étaient rencontrés; un croquis de papillon : le premier dont il lui avait parlé ; un poème sur le souvenir de leur premier baiser. La page suivante était similaire, retraçant leur premier bal du cygne bleu - une fleur séchée, rappelant leur boutonnière, ainsi qu'un ruban soigneusement repassé. Toutes les pages étaient ainsi : un portrait, et des souvenirs rédigés. Peu à peu, Gilbel était témoin de leur histoire commune, qu'il retraçait au fur et à mesure : leur mariage, leur maison, leurs passions. Puis, finalement, il arriva sur la dernière double pages qui avait été décorée - mais le livre comportait encore beaucoup de pages vierges, après celle-ci. « Qu'est ce que... » Leurs mains étaient noués, sur la silhouette d'un ventre arrondi. A l'intérieur, l'illustration montrait un petit cœur qui pulsait, gagnant en intensité à chaque battement. La légende ne comportait que quelques phrases : « Surris a entendu nos prières. Puissions-nous fonder une famille heureuse. »

Le roux bondit du lit, se tenant face à sa femme, les yeux écarquillés, les mains plaquées contre sa tête. « Tu es... » Bellada, qui l'avait observé très attentivement durant tout le processus, ne put s'empêcher de rire à gorge déployée, des larmes d'émotion venant recouvrir sa cornée. Elle hocha la tête, la gorge nouée. « ENCEINTE ! Tu es enceinte ? » Gilbel s'empara d'elle, la portant dans ses bras avec la facilité d'un homme ayant reçu des ailes. Il tournoya légèrement, la serrant contre lui, mêlant son rire euphorique au sien. « Bella, nous sommes parents ! » Finalement, il la reposa et s'agenouilla devant elle, de façon à se trouver face à son ventre. Celui-ci était encore plat, ne trahissant aucun signe de l'heureux miracle. « Bonjour, petit bébé. » Le père en devenir embrassa passionnément le bas du ventre, y déposant tout l'amour qui débordait déjà pour cet enfant qu'il ne connaissait pas encore. Il réitéra l'action, célébrant la nouvelle tel un cadeau divin.

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Du bout des lèvres
Day 14 : Anything - Mood (Sadness)

Bellada avait les yeux bouffis, d'avoir trop pleuré. Son visage était dépourvu de la gaité qui la caractérisait d'habitude, remplacé par les affres de la douleur et de la tristesse : son nez coulait, le coin de ses lèvres tombaient légèrement vers le bas, ses joues manquaient de couleur. Elle s'était accroupie sur le canapé, une couverture passée sur les épaules venant recouvrir son corps. La nuit avait commencé à s'installer peu à peu, plongeant la demeure chaleureuse dans la pénombre, pourtant la blonde n'avait pas pris la peine d'essayer d'allumer une bougie pour éclairer la pièce. « Pomme d'Amour ? » résonna la voix de Gilbel. La magicienne l'avait entendu arriver chez eux mais n'avait pas eu la force de témoigner sa présence, encore moins d'aller à sa rencontre. « Tu es là ? » demanda, surpris, le mage bleu. Il n'était pas rare que son épouse quitta le domicile familial mais elle lui laissait généralement un petit mot pour lui indiquer sa destination, afin qu'il ne se fit pas de souci. Après avoir constaté qu'aucun parchemin ne l'attendait sur la cuisine, un mauvais pressentiment l'avait saisi. La jeune femme ferma les yeux et inspira intensément, emmagasinant assez de force pour reprendre la parole. Sa poitrine se gonfla, mais le poids qui s'était abattu sur son palpitant et enserrait sa gorge ne disparu pas. « Je suis là. » parvint à croasser la pauvrette, d'une voix vibrante d'émotion. Sentant ses lèvres trembler, la demoiselle posa sa tête sur ses avants bras, qu'elle avait croisé sur ses genoux.

Le bruit des pas se rapprocha, indiquant à la malheureuse que son amoureux s'était approché. « Quelque chose ne va pas ? » s'inquiéta le roux, venant prendre place à côté de son âme-sœur. « Tu ne te sens pas bien, tu es malade ? » L'homme prit place à côté de son amoureuse et passa une main réconfortante dans son dos. Il la regarda secouer la tête. Quelque chose s'était passé, c'était indéniable : il n'avait jamais vu sa compagne ainsi. Malgré ses craintes, de terribles idées fusant dans son esprit, il garda le silence : il ne voulait pas brusquer sa femme, et lui laisserait le temps et l'espace dont elle aurait besoin pour s'exprimer. Il patienta ainsi plusieurs dizaines de secondes, venant poser son menton sur l'épaule de sa moitié. Cette dernière s'était remise à sangloter et, finalement, elle se lova dans les bras de celui qu'elle aimait, profitant des caresses qu'il appliquait sur son crâne, pour essayer de l'apaiser. De nouveau, la blonde prit une grande inspiration. « Hortensia est morte... » lâcha-t-elle dans un souffle douloureux.

Le visage de Gilbel fut traversé par une douleur similaire à celle qu'éprouvait et témoignait Bellada. Ses sourcils s'arquèrent et ses lèvres formèrent un pont. L'étreinte qu'il fit autour des épaules de la magicienne s'intensifia, parce qu'il comprenait sa peine. « Oh, mon amour, je suis désolé... » « Je l'ai trouvé dans le jardin... » expliqua-t-elle. Maintenant que l'information était sortie, elle sentait le besoin de sortir de son mutisme. « Je crois que... Qu'elle est morte de vieillesse... » La chatte avait eu une longue et heureuse vie, choyée par les humains qui lui avaient fait une place dans leur foyer. Mais cette idée n'aidait en rien à alléger la peine qui lacérait le cœur des deux humains. « Je l'ai enterré dans le jardin... » fit-elle. « Sous le pommier où elle faisait toujours la sieste. » Gilbel s'approcha. Il ressentit une bouffée de gratitude envers la blonde pour avoir pris soin de leur animal de compagnie. Il était heureux, également, de ne pas avoir vu la dépouille du félin : cela l'aurait tout à fait chamboulé. Et pourtant, il se sentait désolé pour son amoureuse, qui avait dû s'en occuper seule. Le magicien se pencha pour parvenir à atteindre la tempe de la jeune femme, où il déposa un baiser, autant empli de tendresse que de chagrin. « Merci. » souffla-t-il. « J'ai fait pousser des Hortensias sur sa tombe. » informa Bellada, se doutant que son époux souhaiterait tôt ou tard aller se recueillir auprès de leur ami à poil. « La maison va paraître drôlement vide, sans elle. » souffla-t-elle, fermant les yeux d'épuisement d'avoir trop pleuré;

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Day 5 : Stolen

Dégage ! - Brian Adams

La fête battait son plein, la musique peinait presque à se faire entendre par dessus le bourdonnement des conversations et l'entrechocs des verres qui se vidaient progressivement de leur alcool. Les couples dansaient une valse plus ou moins endiablée, et les spectateurs s'amusaient à observer la ritournelle des froufrous et des nœuds. Bellada avait rivé son regard sur Juliette Vaughan. « A ton avis, elle a juste pris du poids ou bien elle a passé des nuits endiablées avec le Comte ? » chuchota Cunégonde en se cachant derrière son éventail. Pourtant, ses œillades appuyées trahissaient son sujet de discussion. Le ventre de la comtesse s'était arrondi depuis la dernière fois et les épaisseurs de sa robe n'étaient pas stratégiquement positionnées pour dissimuler son état. Bellada porta son verre de jus de pomme à ses lèvres mais, avant de l'y déposer, répondit à sa camarade de ragots. « J'ai entendu dire qu'elle avait été malade ces derniers jours - tu sais, c'est pour ça qu'elle n'est pas venue à l'après-midi de criquet de la Duchesse Rhoswen. » murmura-t-elle avec empressement, sur le ton des confidences. « Elle a eut des nausées toute la journée, parait-il ! » Un sourire ravi s'étira sur ses lèvres. « D'après moi, elle ne devrait pas tarder à nous annoncer la bonne nouvelle ! » Contrairement à son interlocutrice, madame Ward ne dégageait aucune malice malveillante. Au contraire, l'idée d'une naissance à venir la ravissait. Elle réfléchissait déjà à quel cadeau offrir à son amie pour la féliciter - des petits bonnets tricotés, ou d'épaisses chaussettes pour le nouveau-né sans doute - d'après ses calculs, sa grossesse arriverait à terme en pleine saison des neiges. « En plus, j'attends toujours qu'elle me raconte comment s'est passé sa lune de miel avec son nouveau mari. On n'a pas eu l'occasion de se voir depuis son retour et - » « Bellaaaaa ! »

L'interpelée haussa les sourcils et se tourna vers la voix qui l'avait ainsi hélé. Son visage fut traversé par une ombre contrariée mais ce voile ne fit que passer : elle se composa un visage affable pour ne pas froisser l'homme qui s'approchait d'une démarche chaloupée. « Henri ! Vous passez une agréable soirée, à ce que je vois. » Elle faisait référence au verre qu'il tenait à la main, vide, bien que le damoiseau le brandit comme s'il était encore rempli de son liquide. « Mmh... Moui, elle n'est pas si mauvaise. » confirma l'homme en s'approchant de celle qu'il convoitait. Il s'arrêta devant elle et passa un bras autour de ses épaules. L'effluve de la boisson tarissait son haleine et arracha une grimace répugnée à la courtisée, qui se raidit en sentant la poigne de celui qui s'imposait à elle. « Mais elle n'est pas encore parfaite, ma douce Bellada. Vous ne m'avez toujours pas accordé votre main pour une dance. » La Magicienne sentit son cœur s'affoler. Elle avait envie de hurler mais cela n'aurait pas été très gracieux. A la place, elle composa un sourire factice pour les yeux curieux qui avaient commencé à se tourner vers eux. Elle jeta un œil à son amie, qui s'était reculée d'un pas pour observer la scène. Bellada compris que ce ne serait pas elle qui la sortirait de ce guêpier. « Oh, Henri, ç'aurait été volontiers mais... » Les méninges en ébullition, madame Ward chercha une nouvelle excuse pour se dérober aux avances de l'insistant. Elle avait trouvé des prétextes durant toute la soirée pour s'esquiver mais elle venait désormais à bout de sa liste d'idées. Elle était passablement agacée, et cela ne l'aidait pas à réfléchir non plus. N'avait-il pas vu qu'elle était plongée dans une agréable conversation avec son amie ? Qu'avait-il cru percevoir chez elle qui l'eut motivé à venir la déranger ? « Je repose un peu mes pieds ! » lâcha-t-elle précipitamment. « Je crain m'être fait écraser les orteils par mon précédent cavalier et mes souliers inconfortables ne pardonnent pas ce genre de maladresse. » « Haa, Bella, Bella, toujours des excuses, n'est ce pas ? » La blonde avait de plus en plus conscience de la grippe qu'il exerçait sur elle. Elle avait beau essayé de s'en défaire, il ne la lâchait pas. « Mais cessons de prétendre que nous ne nous plaisons pas, n'est ce pas ? Je sais que vous êtes au courant des passions qui m'animent à votre égard. Et je sais que je suis charmant alors... » Avec horreur, Bellada vit le visage de l'ivrogne se rapprocher du sien. Elle remua, s'étira en arrière, étira son cou le plus loin possible : l'homme était grand et il parvint à poser ses lèvres sur les siennes dans un relent répugnant.

La claque résonna fort. Elle fit reculer le forceur. Pourtant, les nerfs à vifs, Bellada n'eut pas l'intention de s'arrêter à cette simple remise en place. « Goujat ! » scanda-t-elle. « Vol-vertu ! » l'insulta-t-elle. La colère leva tous les interdits et l'indignée osa jeter le contenu de son propre verre au visage du malotru. Scabreux ! Ignoble personnage ! Pas étonnant que personne ne veuille de vous ! Voilà ce que la jeune femme aurait aimé lui lancer à la figure. Mais elle devenait conscience des regards que son esclandre portaient sur la scène qu'elle donnait. Si elle aimait suivre les potins, se trouver de l'autre côté des murmures était on ne peut moins désagréable. « La prochaine fois, abstenez-vous de boire autant : vous empestez ! Votre penchant pour la boisson ne peut pas justifier indéfiniment votre comportement, et vous venez de franchir la limite de trop ! Ne venez plus me parler. » Bellada tourna les talons en s'en alla sans un regard en arrière.

La magicienne s'écarta tout à fait. « Bien, je vais me changer. Madame Rotzenfild n'appréciera pas que je salisse son salon avec toute cette terre. »

Message VI - 983 mots
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Du bout des lèvres
Day 9 : Denied

RP lié ; Les coeurs rient et l'amour s'épanouit

Hercule - Jamais je n'avouerai

Amandine se plaça aux côtés de Sylvie. « C'est un bal très réussi. » lâcha-t-elle sur le ton de la conversation. L'adolescente retint un rire. Elle savait que la blonde n'aimait pas particulièrement ce genre de mondanité. Elle ne s'y rendait aussi souvent que pour deux raisons : pour lui faire plaisir à elle, qui adorait danser et parader, et pour pouvoir la voir dans des tenues ravissantes - bien qu'elle préféra l'admirer sans. « Oui. » répondit sagement la jeune fille. Elle laissa son regard courir sur la foule de danseurs. « Ta grand-mère a déjà repéré au moins trois nouveaux couples et une possible rupture. Bien sûr, elle s'est empressé d'aller essayer de les rabibocher. Je crois que ça a peut-être marché. » Bellada avait l'œil et l'oreille pour ces choses là. Sylvie s'en amusait drôlement. « Ah oui ? » demanda la Ward, habituée à la curiosité de son aïeule. « Et que dirais-tu de lui donner un quatrième couple sur lequel bavarder ? » Avant que la brune ne puisse réagir, Amandine s'était collée à elle et, ouvrant son éventail pour leur offrir une couverture, elle vint dérober les lèvres de son amoureuse. Elle se retira presque aussitôt, si bien que l'on aurait pu croire qu'elle s'était contenté de lui glisser un secret au creux de l'oreille. « Pas ici ! » persiffla la demoiselle à la robe rose, tout en jetant des regards alertes autour d'elle pour s'assurer que personne ne les avait surprise. Ne voyant aucun regard la dévisager, elle se détendit légèrement, mais la ride sur son front ne disparut pas. Leur homosexualité n'avait jamais été exposée au grand jour, sous sa demande. Issue d'une famille de sorcières, l'amour entre deux femmes n'était pas quelque chose de bien vu. Elle avait grandi en se pensant repoussante, répugnante, une erreur de la nature. Bien sûr, les choses étaient bien différentes ici. Pourtant, il était complexe de s'adapter à un changement de mœurs si opposé de la culture dans laquelle elle avait grandit. Amandine était en grande partie la raison pour laquelle elle avait cessé de détester son corps. Elle lui avait montré qu'il était désirable, qu'il n'avait pas à subir la violence et l'assaut d'un organe qui la révulsait. Qu'il était désirable, et que leur attirance n'était pas contre-nature. Tout au plus, cette attraction était belle, bonne et revigorante. Avec elle, son cœur coulait de passion et de tendresse. Mais il y avait une différence entre les moments d'intimités et les témoignages publics.

La jeune Ward se mordilla la lèvre, la culpabilité l'empoignant. Elle essayait de respecter le besoin de pudeur de sa partenaire, mais certains élans lui prenaient parfois, sans qu'elle ne réfléchit aux conséquences de ses actes, ni de l'impact que cela pouvait avoir sur son amoureuse. Il lui était tant naturel de démontrer ses sentiments qu'elle avait parfois du mal à se réfréner. « Désolée, je ne voulais pas te brusquer. » s'excusa-t-elle. Sylvie secoua doucement la tête, comme pour témoigner que ce n'était rien de grave, et cette réaction soulagea la fautive, autant qu'elle accentua sa culpabilité. Lorsqu'elle avait été chez les sorciers, elle avait subit tant de pression qu'elle avait intégré comme étant normal qu'on ne prit pas ses désirs et ses limites en considération. La jeune femme présenta son bras. « Allons nous promener. » proposa-t-elle. Elle attendit consciencieusement que celle qui faisait battre son cœur s'en saisisse pour l'entrainer avec elle dans une promenade chaste.

« Est ce que tu penses que ta grand-mère est au courant, pour nous ? » interrogea l'ancienne mage noire. Son interlocutrice pouffa de rire, son élan laissant ensuite un sourire flâner sur son visage. « Je pense qu'elle était au courant avant nous. » confirma la blonde. Cette pensée troubla la Mayfair. « Dans ce cas... » Elle se pinça les lèvres, le cœur battant. « Peut-être qu'on pourrait le lui dire ? Juste à elle. » Amandine écarquilla les yeux. Elle s'arrêta pour observer sa compagne. Voyant la timidité la faire rougir, elle comprit qu'elle le pensait vraiment. « Pour de vrai ? » La prude acquiesça lentement, le sourire de sa partenaire la contaminant progressivement. « Sylvie, tu es la meilleure ! » s'écria la Ward en se jetant dans ses bras.

Message VII - 732 mots
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Du bout des lèvres
Day 13 : Farewell

The Greatest Showman - Never Enough

Bellada entra dans la tente. Assis sur le lit de campement, Gilbel tenait un parchemin entre ses mains, fébrile. Il avait la mine lugubre, le teint pâle d'avoir si peu dormi ces dernières semaines. La guerre avait ce genre d'effet. Elle laissait les nuits agitées, s'insinuait dans les songes pour parasiter le sommeil réparateur que l'on attendait pour obtenir la délicieuse délivrance. Les yeux clos, on espérait chasser les horreurs, les massacres, les souvenirs repoussants. Pourtant, les nuits en étaient plus emplies encore que le jour. Bellada avait également de larges cernes creusées sous les yeux. Pourtant, son regard était perçant, en cet instant - plus affuté encore que lorsqu'elle devait soigner les blessures des blessés qui revenaient du champ de bataille. Sans hésiter, elle avança jusqu'à son mari et se planta devant lui. « C'est vrai ? » interrogea-t-elle d'un air furibond. La colère suintait dans sa voix tremblante. « Ton équipe va être déployée ailleurs ? » insista-t-elle puisque l'homme ne répondit pas immédiatement. Sa mine accablée et son long silence avaient cependant été plus éloquents que tout les mots qu'il aurait pu trouver. « Ce n'était qu'une question de temps... » maugréa-t-il en se redressant, soufflant un long soupire. Bellada fronça les sourcils. « Non. » protesta-t-elle, comme si son désaccord avait le moyen de changer la situation. « On a eu de la chance que nos deux équipes soient réunies aussi longtemps. » rationnalisa le cartographe. « Je ne connais pas d'autre couple qui ait eu ce privilège. » On évitait de réunir les amants, de peur que la mort de l'un entraîne celle de l'autre - le chagrin pouvait faire plus de malheurs encore qu'un sortilège en pleine poitrine. « Je ne veux pas. » nia cependant la blonde, se mettant à secouer la tête de gauche à droite avec frénésie. « Je ne veux pas qu'on soit encore séparés. » Le début de la guerre avait été terrible : ne pas savoir où se situait l'autre, ni s'il était blessé ou même en vie. Ca avait été épouvantable. Les pires jours de sa vie, pour dire vrai. Elle se souvenait de la boule qu'elle ressentait au ventre lorsque les courriers arrivaient et qu'elle ne recevait pas de missive, elle se souvenait de la crainte qui lui enserrait le cœur, les doutes qui lui tordaient les boyaux, les cauchemars qui la réveillaient en pleine nuit. Elle ne voulait pas revivre ça.

« Bella, on n'a pas le choix... » Le corps de l'infirmière se mit à trembler sous l'effet de ses sanglots. Evidement qu'ils n'avaient pas le choix, mais son cœur réclamait qu'ils se débattent, qu'ils bravent l'interdit et ignorent l'appel. Son époux passa les bras autour de sa silhouette et la serra contre lui, dans une étreinte douloureuse d'émotions. La blonde passa à son tour ses bras autour de sa taille et le pressa un peu plus contre elle, comme si elle avait peur qu'on le lui arracha, la priva de cette étreinte. « Quand ? » demanda-t-elle à travers ses larmes, son visage niché dans le creux de l'épaule. Il y eu un nouveau silence, à peine trop long, mais se fut suffisant pour donner un mauvais pressentiment à la magicienne. « Je t'attendais pour pouvoir te dire au revoir avant de partir. » Bellada se mordit fortement la lèvre. Son corps se mit à trembler, mais plus seulement à cause de ses pleurs. « C'est injuste. » se plaignit monsieur Ward. Son épouse acquiesça en silence.

Le couple prolongea l'étreinte durant de longues minutes. Ici, une caresse dans les cheveux, là, une main qui s'accroche au vêtement. Finalement, un soldat vint passer la tête au travers de l'ouverture de la tente. « Eh, Ward, on t'attend. » le pressa-t-il. Bellada dû user de toute sa volonté pour ne pas l'injurier. Elle en voulait à la terre entière de mettre ainsi fin au temps qu'ils avaient encore ensemble - il était déjà si précaire, même en vivant dans le même camp. A contrecœur, elle laissa Gilbel se détacher d'elle. Ils échangèrent un regard empli de tous les mots qu'ils n'avaient pas eu le temps de formuler, mais qu'ils devaient se faire passer avant le départ du soldat. La gorge nouée, les mains tremblante, la jeune femme se hissa sur la pointe des pieds et alla sceller ses lèvres à celles de son époux. Elle mit toute sa concentration pour se souvenir des moindres détails. Dans les mois à venir, c'est tout ce dont elle pourrait se rappeler.

VIII - 779 mots
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Du bout des lèvres
Day 26 : Forehead

Le carnaval des animaux. Aquarium. Camille Saint-Saëns.

L'homme glissa le ruban entre les pages puis referma le conte. « C'est tout pour ce soir. » dit-il. Bellada, allongée dans son lit, la couverture remontée jusque sous le menton, avait les yeux grands ouverts. Elle n'avait pas du tout sommeil et il lui semblait qu'elle ne s'endormirait pas avant d'avoir entendu la fin de l'histoire. « Juste un dernier chapitre ? » implora-t-elle en agrandissant des yeux emplis d'espoir. Sa mine arracha un sourire à monsieur Boggins, qui déposa le livre sur la table de chevet de sa cadette. « C'est ce que tu m'as déjà dit pour les deux derniers chapitres. » souligna-t-il avec un air faussement accusateur. La fillette esquissa un sourire malin, témoin de son méfait. « Jamais deux sans trois ? » tenta-t-elle de négocier. Cette fois-ci, son papa rigola. « Pas cette fois, ma crapouille. Il est tard, il est l'heure de dormir, d'accord ? » La blondinette inspira profondément puis soupira, l'air de dire qu'on n'y pouvait rien : elle comprenait au ton employé qu'elle avait perdu son avantage. La décision était prise : elle n'aurait pas la suite des aventures d'Odette ce soir-là. « D'accord... » maugréa-t-elle dans une moue déçue. « Toi aussi, friponne. » rappela l'adulte en s'adressant au fantôme du lit d'à côté. Hortanse, le drap rabattu par-dessus sa tête de sorte que sa silhouette formait un vallon sur le lit, se mit à gigoté et émergea de sa grotte improvisée. Elle avait les joues légèrement rosies dû à la chaleur emmagasinée sous ses couvertures. « Déjà ? » se plaignit-elle. « Oui, tu as école demain matin. » L'ainée ronchonna quelque chose à propos des pentacles et de la magie bleue mais rangea malgré tout sa lecture.

« Qu'est ce que tu penses qu'il va arriver à Odette, ensuite ? » interrogea Bellada. Elle connaissait parfaitement la réponse. Les aventures d'Odettes était son conte préféré. Ses parents le lui avaient déjà lu plusieurs fois, même sa sœur avait dû s'y coller tant elle s'était montrée insistante. Elle connaissait désormais le texte presque par cœur - parfois, on pouvait la voir remuer silencieusement les lèvres en même temps que le lecteur. « Mmh, c'est une bonne question. » prétendit le mage bleu en se levant et en commençant à border sa fille. « Peut-être que les Faes sont venues changer la fin du conte, depuis la dernière fois... » Excitée, la fillette se redressa. « Anh, c'est vrai ? Tu crois ? Qu'est ce qu'elles ont fait ? Qu'est ce qu'il lui arrivera ? » « Je ne sais pas. » répondit patiemment le père en appuyant délicatement sur les épaules de son enfant pour l'inciter à se rallonger. « Il faudra attendre demain soir pour le découvrir. » « Demain soir ? Mais c'est dans trop longtemps ! » se morfondit la blonde. « Dans ce cas, tu n'as qu'à vite t'endormir ! Ca fera passer le temps plus vite. Et puis, peut-être que la Fae des rêves viendra te donner un indice ou deux dans tes rêves. » « Tu penses ? » « Si tu es sage et que tu t'endors vite. » « D'accord ! Alors bonne nuit ! » Et, un sourire aussi large qu'éclatant dessiné sur le visage, la petite fille ferma les yeux. Elle agita ses pieds, comme elle le faisait parfois : elle suivait le chemin aux songes - c'est ainsi que ses parents lui avaient appris à s'endormir toute seule, en suivant le sentier de la Fae des rêves. Elle n'y voyait jamais la même chose : un jour, c'était un éléphant, le lendemain, un dragon, et celui d'après, un lac avec des nénuphars. « Bonne nuit Bella. » souhaita monsieur Boggins en se penchant sur le visage de sa fille. Il déposa un baiser sur son front. « Bonne nuit Papou. »

On éteignit les bougies, puis la porte de la chambre se ferma. Quelques minutes s'écoulèrent avant que la plus jeune ouvre un œil. La lumière de la lune passait par la fenêtre et traçait sur les murs l'ombre de l'arbre du jardin. Son feuillage et ses branches dansaient au gré du vent. Bellada longea l'un des rameaux et, caché à son extrémité, une silhouette se cachait derrière une feuille. En captant son regard, elle sortit de sa cachette puis lui fit un signe du bras. Elle l'invitait à la suivre.

736 mots
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Du bout des lèvres
Day 6 : almost

It's over isn't it ?

La porte s'ouvrit subitement. Pourtant, comme si elle s'était tenue sur le qui-vive dans l'attente de ce moment, Bellada se retourna sur sa chaise, le visage illuminé d'excitation. « Alors ? » demanda-t-elle. « Comment ça s'est passé ? » Mertle lui lança un regard menaçant, presque rancunier voire accusateur. D'un geste tempétueux, elle claqua la porte derrière elle puis courut jusqu'à son lit, sur lequel elle sauta - ou plutôt se laissa choir de tout son long. Elle croisa les bras autour de son oreiller, dans lequel elle avait enfoui sa tête, puis se mit à hurler du plus fort qu'elle pouvait, à s'en épuiser les poumons. Elle s'était mise à battre furieusement des jambes également, marquant sa contrariété. La blonde, les yeux écarquillés, trop abasourdie pour réagir autrement que par la consternation, observa le spectacle que donnait sa jeune sœur. « Oh... » finit-elle par lâcher après plusieurs longues secondes. « Si mal que ça ? » La tristesse transparaissait sur le visage de la fleur bleue. Elle s'était vraiment réjouie lorsqu'elle avait entendu qu'un garçon avait invité Mertle à la rejoindre pour une après-midi romantique. Elle s'était rapidement imaginé une idylle entre le couple, en avait discuté avec enthousiasme à la concernée qui, dans un premier temps, avait décidé de décliner la proposition avant de céder sous l'insistance de son aînée. La culpabilité tordait déjà le ventre de la mage bleue : elle avait sa part de responsabilité si sa benjamine avait été blessée. Du moins, elle se doutait que celle-ci interprèterait la situation ainsi. Pourtant, elle avait tout fait pour que leur rendez-vous se passe pour le mieux. Elle avait aidé sa sœur à trouver une toilette qui la mette en valeur, avait soigneusement brossé ses cheveux en une couronne de tresses, et avait coloré ses paupières ainsi que ses pommettes avec du maquillage. Mertle était ravissante ! Elle ne comprenait pas comment les choses avaient pu mal tourner. Elle lui avait donné tout un tas de conseils pour charmer le garçon, bien qu'elle eut déjà fait le plus dur puisqu'il avait fait le premier pas pour la cotoyer et passer du temps en sa compagnie. Le mauvais caractère de la plus jeune Beggins avait-il encore fait des étincelles ?

La future madame Ward inspira profondément puis vint s'assoir à côté de la fille en pleurs. Délicatement, elle se mit à passer la main dans ses cheveux. « Raconte-moi ce qu'il s'est passé, Mimi. » La brune renifla disgracieusement puis, après un instant de réflexion, se redressa. De nouveau, ce regard méchant, jaloux, accusateur. Qui jetait des éclairs, crachait des étincelles. Bellada pressa ses lèvres l'une contre l'autre. Elle se préparait déjà à recevoir la perfidie du cœur blessé cherchant à se défendre. « On s'est baladé près du jardin de Suris, où il a installé un pique-nique. » cracha la cœur-brisée. « Et... La discussion ne s'est pas bien passé ? » demanda timidement la blonde après qu'un silence ce soit installé. « Oh si, il a beaucoup parlé de lui - de ses études si impressionnantes de voyageur des pontons. » moqua l'aigrie. « Il a parlé de sa stupide équipe d'Ublys, de ce qu'il voulait faire plus tard, de ses rêves et je sais plus quelle autre absurdité. » pesta la rancunière avant de replonger la tête dans sa cachette. Bellada, les sourcils froncés, analysait la situation dépeinte par sa jeune soeur. « Ah... Donc il ne s'est pas intéressé à toi, c'est ça ? » Nouveau silence. « Si c'est le cas, c'est lui l'idiot, et tu trouveras bien mieux ailleurs et - » « C'est pas ça. » trancha la brune avec amertume. « Alors quoi ? » Il fallut plusieurs longues secondes pour que Mertle daigne relever le visage. Lorsqu'elle le fit, ses joues étaient pigmentées d'une coloration rosée qui n'avait plus rien à voir avec le maquillage qui avait été appliqué là plus tôt. « A un moment, il m'a regardé, et là, c'était comme tu m'as dit. Les regards qui se croisent, les papillons dans le ventre, les lèvres qui tremblent. Alors j'ai pensé que... Que c'était le bon moment. Et là je me suis penchée pour l'embrasser mais... » Bellada, horrifiée, ne pouvait plus décoller son regard des prunelles de la malheureuse. La pitié peignait ses traits alors qu'elle devinait la suite. « Il s'est reculé comme si j'étais une pestiférée. » en vérité, il n'avait réussi qu'à tourner la tête, tant elle avait été vive pour s'arracher ses lèvres. « Oh Mimi, je suis désolée... » La blonde s'approcha pour enlacer celle qui s'était fait évincer. « Non. » se déroba néanmoins celle-ci tout en roulant sur le côté pour refuser l'étreinte. « Tu sais pourquoi il m'a invité ? » « Pourquoi ? » « Parce qu'il avait trop peur de venir te demander à toi. Au dernier moment, il s'est dégonflé, et c'est à moi qu'il a proposé le rendez-vous. Et finalement, il s'est dit qu'il pourrait me tirer des infos sur toi. Mais il n'a jamais eu de sentiment pour moi. Il a jamais eu l'intention de m'embrasser non plus. » Les larmes dévalaient le visage de l'esseulée. « C'est trop la honte. Je veux plus jamais le revoir. » fit la brune. « Et toi non plus ! Si t'étais pas venu me brouiller la tête avec tes histories à l'eau de rose, j'aurais jamais eu à subir ça ! Donc c'est bon, plus besoin de tes conseils maintenant, fiche moi la paix ! »

Message X - 923 mots
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