Le deal à ne pas rater :
Cartes Pokémon 151 : où trouver le coffret Collection Alakazam-ex ?
Voir le deal

Partagez
 

 [Q] - L’appel du vide

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3843
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Lun 23 Jan 2023, 09:24



Unknown

L’appel du vide

En solo | Freyja & Adriel


RP précédent : Le Fessetival de la Charité : La nuit, tous les chats sont gris.
RP liés : Je crois que je suis coincé avec un cassos ; Les fleurs de la colère ; À trois, je t’étrangle.


Il y avait eu ce mirage, ce dernier éclat avant que mon regard ne se noyât dans la pénombre de ma chambre. Étendu sur le dos, je fixais l’indiscernable plafond, ma rétine peinte des étages enchevêtrés de la cité des péchés. Le subconscient de Laëth m’avait-il imposé cette image ? Sa vertu se morfondait-elle réellement dans l’antre des vices ? Ou ma recherche obsessionnelle de la fille de Réprouvés leurrait-elle mon esprit ? J’inspirais, incertain. Je n’avais aucun doute quant au fait qu’elle eût été capable de s’égarer dans la capitale déchue. Elle était d’un naturel improbable, si ce n’était impossible. Malheureuse, elle aurait bien pu commettre toutes les folies. Je l’avais tenue plus d’une fois dans mes bras, tandis que sa raison bataillait contre ses émotions. Se jeter dans la gueule du loup, ça lui ressemblait. En revanche, qu’elle choisît de fréquenter les mêmes quartiers qu’Adam Pendragon me laissait dubitatif. Aux dernières nouvelles, ils ne s’entendaient pas à merveille. Au-delà de cet élément, séjourner là-bas, c’était prendre le risque de croiser Kaahl. Souhaitait-elle confronter les deux amants ? S’expliquer avec eux ? Je me trouvais limité : j’ignorai tout des motifs de la rupture, de l’équilibre de leurs relations, des ressentis de l’Ange. Seules les rumeurs m’avaient tenu informé – et elles étaient ce qu’elles étaient : souvent, de vulgaires calomnies au creux desquelles on reconnaissait à peine les personnes que l’on croyait savoir, si ce n’était par cœur, au moins un peu. Mon Ange n’était pas ce qu’elles disaient, ou pas uniquement cela. Je refermai les yeux. Devais-je tenter de m’y rendre ? Étais-je désespéré au point de ne pouvoir me fier qu’à un rêve et à un vague instinct ? Un sourire désabusé tordit mes lèvres. J’enquêtais depuis des semaines. N’importe qui aurait sans doute arrêté, depuis. Elle ne désirait vraisemblablement pas être trouvée. Pourtant, moi, je continuais. Je m’en voulais parfois de ne pas respecter ce vœu silencieux. La plupart du temps, je m’en moquais : j’étais convaincu qu’elle n’agissait pas normalement et qu’au fond, elle avait besoin d’aide. Elle fuyait quelque chose, mais je désirais que dans sa fuite, elle ne se perdît pas. Je ne voulais pas la perdre. Je ne pouvais pas. Alors, désespéré, je l’étais sans aucun doute. L’amour faisait souffrir de bien des façons.



Freyja pinça l’une des cordes du violoncelle entre ses doigts. La note arrachée claqua dans l’air, puis s’arrondit jusqu’à s’adoucir dans le plus parfait des silences. Dehors, le tumulte habituel d’Avalon gorgeait les rues d’effervescence, mais dans la chambre de la maison d’Adam, rien ne bougeait. Son regard, figé sur le mur d’en face, semblait se préparer à ce que quelque chose ou quelqu’un en sortît à tout moment. Elle inspira, lentement. Elle avait parcouru la ville plusieurs fois, à la recherche de ce Dotta qu’Ulla souhaitait qu’elle extirpât de sa cachette. Mais partout où elle allait, son regard scrutait chaque recoin de pièce, chaque angle de rue, chaque carré de ciel bleu, chaque lueur dans les yeux de ses interlocuteurs, chaque ride sur leurs visages inconnus, chaque expression qui pût le lui rappeler, lui. Un son, une musique, une voix, une odeur, un parfum, un goût, une sensation, une impression. Elle le faisait malgré elle, inconsciemment, intuitivement. Ses sens s’accrochaient à des ersatz de lui. Des fragments d’eux logés dans sa mémoire. Quelques pauvres illusions jetées devant son cœur affamé. Comme il l’avait promis, il la hantait. Son amour pour lui la pourchassait, féroce, vorace, avide, talonné par les éperons impitoyables de l’espoir. Ce cheval fou ne connaissait ni la paix ni la docilité ; il se rebellait contre tous les assauts, toutes les tentatives d’enrênement, le moindre essai de domestication. S’il fallait mourir d’épuisement, trempé d’écume et vidé d’air, les muscles atrophiés et les os rongés, alors il mourrait. Résister était sa raison de vivre, autant que ce qui l’asphyxiait.

La musicienne se courba et tendit la main vers l’archet posé sur le lit. Ses doigts s’enroulèrent autour de celui-ci, avant de le faire glisser contre les cordes de l’instrument. Elle n’avait pas joué depuis ce qui lui semblait être des années – avant la guerre. Le dernier qui avait touché le violoncelle, c’était lui. Dès qu’elle l’avait effleuré, elle avait entendu les notes que les cordes avaient exhalées sous ses mains. Sous les siennes, elles s’élevèrent à nouveau, chargées d’autant de sensualité et de mélancolie qu’elles pouvaient l’être. Les battements de son cœur s’accrochèrent à leur tempo ; son palpitant dansa sur l’air langoureux et saccadé. Le monde se recréa autrement, comme il se recréait à chaque fois que la musique résonnait. Chaque note était une respiration arrachée aux résistances de l’amour.



Message I – 776 mots




[Q] - L’appel du vide 1628 :


[Q] - L’appel du vide 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3843
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Sam 28 Jan 2023, 23:08



Unknown

L’appel du vide

En solo | Freyja & Adriel


RP lié : Des ailes noires comme l’ébène.


Posé sur le lit, le tissu noir jurait avec la clarté des draps et l’éclat opale des roses. Freyja suivit des yeux l’une des arabesques qui ornaient le corset de la robe. Debout, elle tenait dans sa main gauche un pan de la jupe, dont le velours caressait ses doigts. Dans la droite, coincé entre son pouce et son majeur, le carton d’invitation. Aucune signature ne parait le mot qui la conviait au bal du Comte de Tournelle. Elle n’en avait pas besoin. À chaque souffle d’air, le bruissement des pétales murmurait son nom. Comme les cordes du violoncelle, comme les secondes de l’horloge, comme les battements de son cœur. Elle inspira, puis déposa le papier sur le vêtement. Sa magie vibrait contre sa peau, tressautait le long des émotions qui la parcouraient. Il n’était pas là, et pourtant, elle aurait juré qu’elle pouvait sentir son souffle sur sa nuque. Elle l’entendait susurrer à son oreille les mots qu’il lui avait martelés au visage, pour les ancrer à tout jamais dans ses yeux. Quiconque croisait son regard devait deviner l’espoir, l’interdiction et la malédiction qu’il avait scellés en sa personne : tu auras toujours mal et je te manquerai toujours. C’était une marque impérissable. Elle lui appartenait. Parce qu’elle lui appartenait, elle était intouchable. Parce qu’elle lui appartenait, elle l’attendrait. Parce qu’elle lui appartenait, elle accourrait, à chaque fois qu’il esquisserait le moindre geste dans sa direction. Son palpitant l’y poussait. Il voulait se ruer chez les Magiciens, tourner comme un loup en cage jusqu’au moment du bal, puis bondir dans l’arène et sauter au cou de Kaahl. Il était fou. Cet homme la rendait folle. Chaque jour, elle se sentait vaciller au bord d’une falaise. En contrebas, un océan d’insensés, de folies et d’aliénation. L’appel du vide l’enivrait. L’Ange serra les dents, et un sourire amer plissa ses lèvres. Un mince rempart de raison la maintenait en équilibre. Un chuchotement qui grondait que c’était le fantôme qui s’exprimait. Il se contentait de la hanter, puisqu’il n’était pas vraiment là. Peut-être que de toutes les promesses qu’il lui avait faites, il ne tiendrait que celle-ci.

La brune regarda autour d’elle. Il la faisait sans doute toujours espionner. Ses moindres faits et gestes devaient lui être quotidiennement rapportés. Depuis toujours, il lui offrait l’illusion de la liberté, quand il avait créé tout autour d’elle une prison dont elle ne devinait même pas les contours. « Vous le remercierez pour les fleurs et lui direz que malheureusement, j’ai d’autres obligations, plus importantes. » Le formuler recollait et déchirait sa poitrine. Le cheval fou ruait, frappait le sol de ses sabots, faisait claquer l’air entre ses dents, soumis à une rationalité dont il ne voulait rien savoir. Elle devait se forcer, se contraindre, aller contre elle-même. Appliquer quelques maigres principes de la fierté réprouvée qu’on lui avait inculquée pour contrer tous les mécanismes malsains de l’amour que l’on avait inséré dans son cœur mutilé. Rester une Ange fidèle à ses engagements, une guerrière prête à mener sa mission à bout, sans s’éparpiller et sans trépasser. Elle demeura quelques instants immobile, avant de se pencher pour attraper les roses. Les narines effleurant la couronne de pétales, les yeux fermés, elle les respira. Elles avaient le parfum des promesses.



Une fois dehors, la couronne réprouvée fixée sur le crâne, elle s’engouffra dans la nuit avalonienne. Chaude, enveloppante, festive. Le moment parfait pour perdre la tête ; l’instant idéal pour déceler les trésors de la cité. Les corps se mêlaient dans des danses tantôt lascives, tantôt violentes, parfois légères ou juste amusantes. Les péchés rythmaient les relations et le quotidien des habitants. Ça n’avait rien à voir avec Sceptelinôst : ici, on ne risquait pas sa vie à chaque coin de rue.

Parvenue au point de rendez-vous, elle entra dans le bar et alla s’asseoir au beau milieu de la salle. Elle commanda une pinte. Quelques minutes après son arrivée, on l’aborda. Il s’agissait d’un homme, petit mais trapu. Ses muscles roulaient sous la peau de ses bras. Sur ses tempes, deux veines sinuaient jusque dans son épaisse tignasse blond cendré. Il portait une chemise soigneusement taillée, aux manches retroussées, et un pantalon cintré. Une épaisse boucle dorée fermait sa ceinture, en écho à la boucle d’oreille qui pendait près de sa mâchoire gauche. Elle avait rencontré l’Avare quelques jours plus tôt, alors que, complètement saoul, il se targuait d’être le meilleur voleur de tout Avalon. Il planta sur elle son regard avide, paré d’une couleur à mi-chemin entre l’or et le bronze. « Bon alors, qu’est-ce que tu veux que je vole pour toi, la Réprouvée ? Je te préviens, ça va te coûter cher. » - « Rien. » Il fronça les sourcils. « Quoi ? Tu m’as fait venir pour me faire perdre mon temps ? » Ses doigts épais tapotèrent le bois de la table. Le regard attiré par leur mouvement, elle les imagina une seconde sur son corps, avant de relever le visage vers lui. « Non. Je veux que tu m’apprennes. » Il y eut un instant de flottement, durant lequel il cligna des yeux, puis il répondit : « Bah, ça va te coûter cher aussi. Encore plus cher. » Les paupières plissées, il demanda : « Mais tu veux voler qui ? J’aime pas trop qu’on empiète sur mes plates-bandes. » - « T’occupe. Ils sont pas d’ici. C’est oui ou non ? Je trouverai quelqu’un d’autre, si tu veux pas. C’est pas ce qui manque, ici, d’après ce que j’ai compris. » Il leva les mains devant lui en signe de protestation. « Eh, ça va, ça va, j’ai pas dit non ! Et puis, tu trouverais pas meilleur que moi. » Elle arqua un sourcil inquisiteur, pour l’inviter à poursuivre. « Je vais t’apprendre. Mais je te préviens : à la moindre entourloupe, je te détrousse. » - « Je préférerais que tu me trousses. » rétorqua-t-elle en haussant les épaules, l’air de rien, juste avant qu’un mince sourire ne vînt troubler son expression. Il la fixa une seconde, puis éclata de rire. « Vous, les Réprouvés, vous en ratez pas une ! »



Message II – 1028 mots




[Q] - L’appel du vide 1628 :


[Q] - L’appel du vide 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3843
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Lun 30 Jan 2023, 21:33



Unknown

L’appel du vide

En solo | Freyja



« Regarde-moi faire, d’accord ? » Doucement, elle acquiesça. Son regard avait du mal à se focaliser sur lui. Il bondissait de couleur en étoffe, de visage en main, de pierrerie en tapisserie. Le marché d’Avalon ressemblait à un arc-en-ciel pris dans un tourbillon, ponctué d’odeurs et de sons tous plus intrigants les uns que les autres. Chaque étale attirait son corps, mu par une curiosité indépendante de sa volonté. Elle n’oubliait pas, aussi, les menaces qui pesaient sur elle : même cachée, elle devait rester vigilante. « Eh, Freyja. » Elle le regarda. « Ouais, Zéfiro ? » L’Avare avait opté pour un physique différent. Pas nécessairement plus grand, mais plus fin, plus élancé. Ses cheveux blonds avaient poussé et tombaient autour de son visage en mèches vénitiennes. La couleur froide de l’argent parait ses yeux, réchauffée par sa peau très légèrement halée et pigmentée d’éphélides. Avec sa tenue, agrémentée de nombreux bijoux, on lui accordait des airs de diseur de bonne aventure. Il portait de hautes bottes, qui claquaient sur les pavés. « Concentre-toi. C’est pas un métier fait pour les feignants, mon affaire. Viens, on va aller là-bas. » Il tira légèrement sur sa manche pour l’entraîner vers une boutique éphémère de boucles d’oreilles.

Il s’arrêta devant, adopta un air songeur et, après avoir salué le marchand le plus naturellement du monde, fit mine de s’intéresser aux bijoux accrochés aux présentoirs. « Celles-ci t’iraient bien, non ? » demanda-t-il à la jeune femme en effleurant une paire mauve. « Avec tes cheveux blonds. » Après s’être approchée, elle prit le temps de les détailler. « C’est vrai, elles sont jolies. » Du bout des doigts, elle caressa distraitement les boucles d’oreille, en s’attardant exprès sur la main de son partenaire. « Tu me les prendrais ? » demanda-t-elle en plongeant son regard dans le sien, souriante. Elle souriait pour le rôle de compagne qu’elle venait de s’octroyer, mais aussi parce que le provoquer sur ce terrain-là l’amusait. Son Avarice venait sans doute agacer la partie angélique qui sommeillait en elle, même lorsqu’elle portait la Couronne des Zaahin. « S’il te plaît. » Elle cligna des yeux, ses cils papillonnant. Un peu de générosité ne lui ferait pas de mal. Zéfiro se redressa en bougeant ses lèvres de droite à gauche, visiblement embêté. « Tu en as déjà beaucoup… » - « Mais je n’ai pas celles-là. » - « Elles iraient extrêmement bien à madame, c’est vrai. » Par-dessous son sourcil, il jeta un regard noir au commerçant. « Allez, chéri, je mérite bien ça. » Délicatement, elle lui prit le poignet. Son mécontentement se tourna vers elle. Il fit un effort considérable pour lui sourire. « Très bien. Mais pas d’autres folies, hein ? Tu sais bien qu’on a du mal à boucler les fins de mois. » - « Oui ! Merci ! » Elle lui sauta au cou. « Tu es adorable ! » - « Le prix de ta formation vient d’augmenter du double du prix des boucles d’oreille. » murmura-t-il à son oreille, en osant à peine poser ses mains sur sa taille.

« Arrête de ronchonner. » fit-elle, après qu’ils s’étaient éloignés de l’étal en traversant plusieurs allées. « Un peu de charité, ça fait du bien à tout le monde. » - « Ah ouais ? J’ai deux ailes noires dans le dos, pas blanches, au cas où t’aurais pas remarqué. » Elle lui décocha son plus beau sourire. « Moi, justement, j’ai les deux. » Comme pour mimer leur action, elle roula des épaules, avant de plonger les mains dans ses poches. « Et pendant que le marchand voyait l’Ange, mes petits doigts de Démone ont récupéré ça. » Elle les ressortit et lui montra deux paires de boucles d’oreille. Il s’arrêta en plein milieu de la rue, bouche-bée. « Comment t’as fait ? » - « Je t’ai regardé faire. » Et elle avait passé des semaines à Sceptelinôst. « J’ai rien pris. » - « Mais tu as très bien occupé le marchand. Merci. » Elle recommença à marcher. « Je croyais que j’étais là pour t’apprendre. » bougonna-t-il, blessé dans son ego. « J’apprends vite, c’est tout. Distraction égal : il faut profiter du moment pour prendre ce qu’on veut. C’est fait. On prépare quoi, maintenant ? Un cambriolage ? » Elle termina sa question dans un chuchotement, l’œil malicieux. Il secoua la tête. « Si j’étais pas un Avare, je serais presque dépité d’être payé à rien foutre. » La Bipolaire fit la moue en haussant les épaules, avant d’attraper un journal tendu par un crieur public.



Message III – 773 mots




[Q] - L’appel du vide 1628 :


[Q] - L’appel du vide 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3843
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Jeu 02 Fév 2023, 21:21



Unknown

L’appel du vide

En solo | Freyja & Adriel


RP lié : Des ailes noires comme l’ébène.


Freyja se sentait d’excellente humeur. Ces derniers temps, c’était assez rare. Elle purgeait sa peine dans des nuits blanches et des colères noires. Mais cette fois, elle était fière. Fière d’avoir dit « non » et de s’y tenir. Il croyait qu’elle allait ramper à ses pieds, telle une chienne docile, dès qu’il la sifflerait ? Il se foutait le doigt dans l’œil jusqu’à ce qu’il lui ressorte par le cul. Elle était libre. Il ne voulait pas d’elle ? Très bien. Même si c’était temporaire, c’était suffisant pour qu’elle réclamât et reprît sa liberté. Pourquoi se serait-elle pliée à ses exigences ? Pour se faire pardonner ? Elle n’avait rien à se faire pardonner. C’était à lui d’accepter cet amour qu’elle éprouvait pour un autre que lui, comme elle avait accepté tous ses travers, ses mensonges et ses tromperies. Il s’en sentait incapable ? Tant pis pour lui. Il avait décidé de ne pas faire d’elle une des priorités de sa vie ; elle n’avait aucune raison de lui accorder plus d’importance. Il demeurait toujours dans un coin de sa tête et dans la totalité de son cœur, bien sûr, mais elle ne voulait pas plier. Elle ne le devait pas. Elle déplia le journal.



Devait-elle s’y rendre ? Devait-elle lui faire parvenir un mot, quelques excuses pour sa réponse impulsive, et lui promettre de venir à son bras au bal ? Avait-il agi par volonté de rédemption ? Était-il trop ému pour écrire une invitation de sa propre main ? Et le retour quant à son refus ? Lui avait-elle brisé le cœur ? Elle n’y croyait pas, mais par moment, elle aurait aimé être aveugle et sourde face à la vérité qui se criait à son visage aussi fort qu’elle le pouvait. Si elle ne venait pas, l’oublierait-il ? S’y rendrait-il tout de même ? Si oui, par qui la remplacerait-il ? Tous ses efforts pour la chasser de son esprit n’y suffisaient pas : elle pensait toujours à Mirabelle Vaughan. Maintenant que leur rupture était officielle, maintenant qu’elle avait supposément disparu, maintenant que le brun éprouvait contre elle une colère injustifiée, pourquoi ne profiterait-elle pas de la situation ? Elle aurait été stupide de ne pas le faire – elle qui avait à la fois la réputation et les titres adéquats, un enfant d’Ârès qu’elle clamait être celui de Kaahl et l’esprit suffisamment retors pour profiter des déboires des autres. Peut-être fallait-il accepter l’invitation au moins pour empêcher cette configuration d’advenir. Parfois, elle était d’excellente humeur ; souvent, elle se sentait aspirée par le gouffre que son rejet avait ouvert sous ses pieds.



« C’est quoi cette merde ? » fit-elle en fronçant les sourcils. Son regard avait été attiré par une image. Même au milieu de centaines d’autres, elle n’aurait pas pu la manquer. Il s’agissait d’un portrait de Kaahl, accolé à un autre qui représentait Mirabelle Vaughan. Le petit encart – ce n’était même pas un article – titrait : « Après sa rupture avec l’Aile d’Acier, le cœur de l’Honorable aurait-il trouvé une nouvelle élue ? ». Elle serra les dents, le palpitant broyé. Zéfiro se pencha sur le côté pour voir ce qui provoquait tant de crispation chez son acolyte. « Tu lis les rubriques de ce genre, toi ? » - « Non. » gronda-t-elle en parcourant rapidement les lignes du torchon. On y rappelait avec emphase la terrible séparation qui avait brisé le cœur du Duc, la disparition de l’Intrépide aux ailes blanches, encore introuvable à ce jour, et le retour inattendu – mais pas moins plaisant – de la Marquise Vaughan sur le devant de la scène. On l’encensait et on s’interrogeait sur sa capacité à apaiser les maux du nouvel Archimage du temple de Lyre. On se demandait aussi si ce rapprochement – il l’emmenait au bal du Comte de Tournelle – augurait la reconnaissance de l’enfant qu’elle clamait être de lui. Le visage de Freyja se contracta. Avec virulence, elle froissa le magazine et le jeta à l’autre bout de la rue. Elle avait envie de hurler. Ses poumons s’activaient aussi vite que les battements de son cœur. Le Déchu d’Avarice cligna des yeux, étonné. « J’en ai vu des gens s’emporter pour les histoires des autres, mais t’es intense, toi, dis donc. » - « Non, j’en ai rien à foutre. » cracha-t-elle, en lui décochant un regard noir. « Enfin, si. Mais ça te regarde pas. » Malgré son air peu avenant, il demanda : « Tu les connais ? » - « Ouais. Surtout l’Aile d’Acier. On a grandi au même endroit. » - « Ah bon ? T’es de Bouton d’Or ? C’est rare, en général vous avez tendance à rester là-b- » - « Ouais bah moi je suis partie. Je suis pas faite pour planter des patates toute ma vie. T’avais autre chose à me montrer ? » Elle espérait que non. Elle avait envie de partir. Loin. L’ombre d’une hésitation passa sur le visage du blond, avant qu’il ne lâchât : « Nan, c’est bon. » - « On se revoit quand ? » - « Après-demain, même bar ? » - « Ouais. Bonne journée. » - « Toi aussi. » Elle n’aurait pas parié là-dessus. Cette journée commençait mal. Très mal. Elle déploya ses ailes et s’envola.



Message IV – 882 mots




[Q] - L’appel du vide 1628 :


[Q] - L’appel du vide 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3843
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Sam 04 Fév 2023, 22:40



Unknown

L’appel du vide

En solo | Freyja & Adriel


RP lié : Des ailes noires comme l’ébène.


Freyja poussa la porte d’un coup de pied et s’engouffra dans la pièce, les ailes encore déployées. Des regards se tournèrent vers elle. Sans y prêter attention, elle traversa la salle et planta ses deux coudes sur le bar. « Un whisky, s’il vous plaît. » Elle plaqua quelques pièces sur le comptoir. Un des Déchus qui géraient le débit de boisson acquiesça et la servit. Il s’agissait de l’un des établissements les plus connus d’Avalon. On y croisait toute sorte d’individus, venus de contrées diverses et variées, situées en territoire déchu comme ailleurs. La boisson coulait à flot, la musique pulsait, et le bar avait bâti sa réputation sur la revendication d’une ambiance « digne d’un septième ciel de la fête ». Pour quelqu’un qui souhaitait oublier tous ses malheurs, il s’agissait, en somme, de l’endroit parfait. La Réprouvée attrapa son verre et le vida d’une traite. L’alcool lui brûla la gorge. Elle s’en fichait. Ce n’était pas assez. Elle en reprit un, qu’elle but de la même façon. Aucun bar, aucun whisky, aucun « septième ciel » ne lui ferait oublier ce qu’elle venait de lire et rien ne pourrait apaiser les flammes qui ravageaient son palpitant. Il l’avait fait exprès, évidemment. Il lui avait promis cette souffrance, parce qu’il était incapable de tenir une autre promesse. Pourtant, il en avait fait. Des tonnes. Il lui avait promis d’être là pour elle lorsqu’elle serait trop triste et lorsque la vie serait trop dure à supporter ; pour sécher ses larmes et chasser ses cauchemars. Il était devenu la raison de ses pleurs, de sa tristesse, de ses nuits tourmentées et celle pour laquelle elle pourrait se foutre en l’air. Il avait promis d’être toujours là pour elle, et en un sens, il l’était. Mais pas comme il l’aurait dû, pas comme il l’avait dit. Muré entre les parois de son cœur de pierre, qu’il croyait si solide et qu’elle savait si friable, il jouait avec elle. Et ça lui donnait envie de tout cramer, de regarder les flammes s’élever vers le ciel, de leur tendre la main et de danser avec elles. Les brûlures ne lui faisaient pas peur ; il n’y avait presque plus rien à consumer.

Le verre craquela sous ses doigts ; le récipient explosa. Elle baissa les yeux sur les fines veines entaillées. Le blanc de la paume disparaissait sous l’écarlate. Un sourire bref taillada sa bouche. « Eh, fais gaffe. » intervint le barman, avant de faire disparaître les déchets d’un coup de magie, et de tendre la main vers elle. « Fais-voir ta main, je vais soigner ça. » Pour la première fois depuis son arrivée, elle le regarda droit dans les yeux. Il avait une tête de con. « T’as vraiment une sale gueule. » verbalisa-t-elle. « Pardon ? » Elle lui sourit. « C’est pas grave, ça peut s’arranger. Bouge pas. » De sa main valide, elle l’attrapa par le col, se pencha par-dessus le bar, puis lui étala son sang sur la figure. Il eut l’air moins bête, moins détestable, moins en paix. « C’est mieux comme ça. » La magie des Ténèbres crépita à la surface de la peau de Freyja. Elle était habituée à la faiblesse, contenue par une magie de la Lumière présente depuis trop longtemps dans le corps de l’Ange. Dès qu’elle sentit les vannes s’ouvrir, elle se projeta. Les émotions de la Manichéenne se greffèrent aux clients et dévorèrent les leurs, avides et destructrices. Un sortilège excita leurs bas instincts et, au bout de quelques secondes à peine, les plus virulents se jetèrent sur les plus pacifiques. La musique battit plus fort ; des sons crissants vinrent troubler sa mélodie rythmée. Des illusions se propagèrent dans la foule entremêlée. La Bipolaire lâcha le barman qui, le choc passé, tenta aussitôt de lui envoyer son poing dans la figure. Elle bloqua son coup et lui remonta le bras dans le dos, avant de se fondre dans la masse des combattants. Elle frappa, heurta, griffa, employa sa magie ; reçut les coups et les sorts, aussi. Chaque douleur glissait sur elle, filtrée par l’adrénaline et la colère. Le monde devenait ouateux – presque un cocon. Là où elle les avait imaginées, les flammes enflèrent, grondèrent et se délectèrent du festin offert. Dans ce chaos apaisant, elle perdit la notion du temps.



Message V – 724 mots

Désolée, Adam. Quand c'est pas Kaahl qui explose ta baraque, c'est Freyja qui crame des bars. Va falloir penser à changer de fréquentations /sbaf




[Q] - L’appel du vide 1628 :


[Q] - L’appel du vide 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3843
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Ven 24 Fév 2023, 23:39



Unknown

L’appel du vide

En solo | Freyja & Adriel


RP liés : Le début de la terreur ; Les fleurs de la colère ; Fessetival, nuit une : je crois que je suis coincé avec un cassos ; Des ailes noires comme l’ébène.


Lorsqu’elle se réveilla, une lumière crue grilla ses rétines. Elle plissa les yeux. Un mal de crâne virulent encageait son front, ses tempes et sa nuque. Elle grogna. Le sol était dur et froid. Se tournant sur la tranche, elle voulut s’appuyer sur sa main pour se relever. Des courbatures tordirent ses muscles. Elle grimaça. « Putain. » Sa voix était différente. Elle regarda ses doigts. Leur forme était la plus habituelle de toutes celles qu’elle leur connaissait désormais. Il ne lui fallut guère longtemps pour comprendre qu’elle venait d’ajouter un problème à ceux qui criblaient le champ miné dans lequel elle évoluait désespérément depuis plusieurs mois. Elle inspira. Un de plus, un de moins… « Vous avez failli amocher plusieurs gardes. Un vrai diable. » déclara une voix. L’Ailée releva légèrement la tête, les pupilles toujours agressées par la luminosité. Une femme se tenait devant elle. Des barreaux les séparaient. Un silence s’installa. « Hum. » Freyja essayait de remettre les événements en ordre. De les retrouver, surtout. Elle était allée dans ce bar, et ensuite ? Elle bougea légèrement et fronça le nez. Tout son corps souffrait de contusions. « Vous avez pris de sacrés coups. » - « Ça fait rien. » grogna-t-elle. Elle ne se rappelait pas des détails des altercations ; mais elle se souvenait pourquoi elle les avait pris, ces coups. Ils lui permettaient d’oublier un peu la douleur la plus vive qu’elle pût ressentir : celle du cœur. Au prix d’un effort, elle s’assit. D’épais cheveux noirs bouclés encadraient le visage de la garde. Ses yeux noisette la détaillaient. Elle avait quelque chose de percutant, et ça n’avait rien à voir avec l’aspect soigné, presque rigide, de son uniforme. Freyja lui rendit son regard. « Alors, qu’est-ce qu’il se passe, maintenant ? Vous me coffrez pendant combien de semaines ? » Un sourire torve déforma ses lèvres. « J’aurai le droit à un autre procès ? » - « À votre place, je ne plaisanterais pas trop avec ça. » L’Ange fit la moue. La couronne ne ceignait plus son crâne, cependant, elle se sentait d’une humeur comparable à celle de la Réprouvée. « Je crois que je suis arrivée au stade où je préfère en rire. » En tailleur, elle amena ses mains sur ses pieds et fit courir ses pouces sur le rebord de ses semelles. Elle observa son geste une seconde, avant de relever le regard vers l’agente. L’expression de cette dernière n’avait pas évolué : elle affichait un air toujours aussi sérieux. « Vous avez de la chance : Adam Pendragon est en route. » La prisonnière arqua les sourcils, inquisitrice. « Sans lui, vous seriez sans doute restée ici bien plus longtemps que prévu. La loi prévoit a minima des travaux d’intérêt général, pour ce que vous avez fait. » insista la garde. « Ah, ouais. » Elle haussa les épaules. « Ça manquait d’ambiance, dans ce bar. » Un sourire narquois étira le coin droit de sa bouche. La femme ne releva pas. « Je vais préparer vos papiers. » Elle tourna les talons et s’éclipsa.

Dans la cellule, le silence revint. Les iris de Freyja se perdirent sur le découpage du mur instauré par la verticalité des barreaux. Les événements lui revenaient progressivement. Ce n’était pas vraiment important. Elle songea à l’article de journal. Jamais elle n’aurait dû s’emporter de la sorte. C’était stupide et elle le savait. Il ne méritait rien – même pas sa colère. L’Ange gonfla ses poumons d’une ample bouffée d’air. Chaque respiration trop profonde était douloureuse, comme si ses organes ainsi remplis venaient bousculer ceux que la tristesse avait fragilisés. Sa langue passa sur ses lèvres. Sur les traits de métal brillants qui délimitaient sa cellule, elle distinguait très vaguement des éléments de sa silhouette. L’évanouissement lui avait porté préjudice : elle avait retrouvé sa véritable apparence. L’Aile d’Acier, incarcérée à Avalon pour avoir déclenché une bagarre, celle-ci ayant conduit à l’incendie d’un bar – elle se remémorait, désormais, le parfum et la caresse des flammes. La nouvelle ferait probablement le tour du monde. Jusque-là, elle était portée disparue. On ignorait où elle se trouvait ; depuis sa libération, depuis sa rupture avec Kaahl Paiberym, on avait perdu sa trace. Elle avait été à Lumnaar’Yuvon, sur les Terres du Lac Bleu, à Iyora, et puis, plus rien. La vérité, c’était qu’elle avait fui. À la fois les chasseurs de prime que l’avis de recherche lancé par l’Empereur Noir avaient excité, mais aussi tous les petits détails du quotidien qui pourraient lui rappeler Kaahl, et surtout, elle-même. Elle ne voulait pas penser : ni à la rupture, ni à la guerre, ni à la fausse couche, ni à Priam, ni à rien. Son écart de conduite changeait la donne : les mercenaires, les Sorciers lancés à sa poursuite, les Démons et les membres du clan Hrafnin, les journalistes, Eméliana Salvatore – tous ces gens avides de sa personne et de sa vie –, ainsi que Lucius et Alcide, sauraient désormais où elle se cachait. S’ils le souhaitaient, ils la trouveraient. Elle pensa à Ârès. Il n’avait probablement pas besoin qu’elle se fichât une cible dans le dos pour lui mettre la main dessus, mais peut-être que l’engouement qu’elle risquait de susciter allait le motiver à agir, plus vite, plus fort. Elle soupira. Ses doigts glissèrent sur son front, son coude droit en appui sur son genou. Ça allait être un sacré bordel. Elle demeura immobile un moment ; puis, un sourire étira ses lèvres, jusqu’à ce qu’un rire ne jaillît de sa gorge. L’appel du vide était terrifiant – terrifiant, et grisant. Le problème, c’était qu’une fois qu’on avait sauté, on ne pouvait plus s’empêcher de chuter.



Message VI – 951 mots




[Q] - L’appel du vide 1628 :


[Q] - L’appel du vide 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3843
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Dim 26 Fév 2023, 23:27



Unknown

L’appel du vide

En solo | Freyja & Adriel



Le cliquetis de la serrure magique lui fit relever la tête. L’Ange regarda la Garde, qui lui fit signe de se lever et de la suivre. Elle obtempéra. Elles traversèrent un couloir, puis débouchèrent dans une salle circulaire, aux couleurs chaudes. Les fenêtres, qui déversaient une lumière claire et intense, étaient ornées de quelques arabesques de peinture. La silhouette d’Adam se dessinait sous les rayons solaires. Freyja sourit, contente de le retrouver, malgré tout. Dans sa geôle, elle avait pris une grande décision : celle de rire de tout. Après tout, rien n’était absolument grave, et tout finirait par s’arranger, d’une manière ou d’une autre. Ce n’était qu’une question de temps. Il suffisait de s’accrocher à cette pensée et d’en faire une conviction. Elle leva la main pour lui adresser un signe enjoué. Son sourire s’élargit : elle avança jusqu’à lui et se jeta contre son torse. Le contact lui fit l’effet d’une claque. Son expression joviale se défit immédiatement. Dans une inspiration tremblante, elle referma ses bras autour de lui et le serra contre elle. Un sentiment de culpabilité doux-amer coula dans sa poitrine. « Pardon. » Elle blottit sa joue contre son torse, respira son odeur, scruta la couleur de sa chemise. Sur son crâne, elle crut sentir le poids de la Couronne des Zaahin. « Au moins, cette fois, c’était pas ta maison… » Un sourire bref, acerbe, glissa sur ses lèvres. En réalité, elle avait envie de pleurer et de hurler. Pourquoi devait-il lui infliger tout ça ? Pourquoi n’était-il pas capable d’avoir une discussion claire, nette et saine autour de leur relation ? Pourquoi n’avait-il pas le courage de la laisser partir ou, s’il en était incapable, de revenir près d’elle ? Pourquoi la faire souffrir avec cette catin ? Plus il remuait le couteau dans la plaie, plus elle souhaitait trouver une issue à cette situation. Une fin ou un recommencement. Pas ce marasme nauséeux dans lequel il les poussait tous les deux à s’embourber. Qu’il fût Roi lui donnait envie de rire ; il n’était le Roi que des imbéciles et des connards. « On peut rentrer, maintenant ? »



Parfois, la nuit, elle quittait sa chambre. L’œil blanc de la lune la suivait, éclairant les murs de la maisonnée. À pas de velours, elle traversait le couloir, abaissait la poignée et, nimbée de silence, se faufilait entre les draps d’Adam. Plus le temps défilait, moins elle lui en voulait, et plus elle trouvait en lui un refuge. Elle se pressait contre la peau brûlante de son dos, puis passait un bras autour de sa taille, alternativement soulevée par sa respiration comme les vagues par le vent calme. Si elle croyait sentir l’odeur de Kaahl imprégnée dans ses pores, elle se retenait de lui demander s’il l’avait vu, s’il allait bien, s’il lui avait parlé d’elle. Elle calfeutrait tous ses espoirs – ou toutes ses rages – dans un mutisme muselant. Ne pas savoir, c’était mieux. Ne pas savoir, c’était un chemin vers l’oubli. C’était commencé à abandonner – à le défier et à se sauver à la fois. Dans ces moments-là, son cœur se délogeait de sa poitrine et se posait paisiblement entre les mains du Déchu. Là, il ne risquait rien d’autre qu’un peu d’agacement, voire de colère quand il allait trop loin dans ses plaisanteries – mais tout était moindre comparé à ce que son palpitant subissait quand il était coincé derrière ses côtes. Alors, tout contre lui, sans dire un mot, elle finissait toujours par s’endormir, auréolée de la chaleur de son corps. Sa présence n’éloignait pas ses cauchemars, mais elle faisait au moins fuir ses insomnies.

Ce soir-là, au retour de prison, elle se blottit aussi contre lui. Il n’y avait que chez le Déchu qu’elle pouvait être elle-même et déployer la blancheur de ses ailes ; partout ailleurs, elle avait traîné sa carcasse de Bipolaire, la couronne fièrement vissée sur son crâne. Durant des semaines, elle avait fouillé la ville à la recherche des Dotta ; c’était une traque à grande échelle, dont elle n’avait dit mot à personne – pas même à Adam. Elle s’était perdue dans les tréfonds de la cité des péchés. De nuit comme de jour, elle avait chassé sa solitude. Elle y avait si bien réussi que, dans quelques heures, une journée tout au plus, le monde entier saurait où elle se trouvait. Elle devrait redoubler de vigilance. Kaahl demanderait-il à ses espions de la surveiller davantage ? D’intervenir, si quelqu’un cherchait à s’en prendre à elle ? Se montrerait-il ? Fallait-il cela, pour le faire venir, pour recevoir autre chose que de plates invitations à des bals inutiles, pour ne pas avoir à lire ces horreurs dont se régalaient les journaux ? Mettre sa vie en danger, osciller au bord du gouffre ? Viendrait-il seulement ? Elle ne pouvait pas s’empêcher d’espérer, et pour cela, elle se détestait. Elle aurait dû vouloir parfaitement l’abandonner.

Et Jun ? Le souvenir de son visage vrilla dans son cœur. Freyja inspira, puis soupira doucement entre les omoplates d’Adam. Elle avait entendu dire qu’il était présent, au Fessetival. Il ne s’était pas montré, pas à elle. Pas un signe, pas une taquinerie, rien. À l’édition précédente, il lui avait joué un mauvais tour, la propulsant sur un podium en lingerie fine ; mais cette fois-ci, seul son silence était venu piquer son cœur, et ce n’était pas de la colère qui en avait coulé, mais de la tristesse. À tous les événements de ce type, il venait la voir. Toujours. Même si ce n’était que pour quelques secondes, même si c’était exclusivement pour l’embêter, même si c’était pour lui raconter des inepties. À son égard, il avait toujours une attention, un geste, un sourire. Pas cette fois. Maintenant qu’elle savait, maintenant que le passé du Dieu avait été acté dans son présent, il semblait s’éloigner. Comme si ce qui les reliait rendait tout irréconciliable. Comme si l’union avait signé la rupture. Il lui manquait. Ezechyel lui manquait, mais Jun aussi. Jun et toutes ses facéties qu’elle adorait détester, Jun et ses mystères qu’il ne se lassait pas de garder secrets, Jun dont elle était tombée amoureuse sans même s’en rendre compte. L’Ange renifla et passa sa main libre sous son nez. Dès que Kaahl lui avait brisé le cœur, il l’avait réconfortée. Il ne viendrait plus pour cela, c’était évident. Le premier palpitant explosé, pour une fois, avait été celui de son fils, et tout ça, c’était un peu de sa faute, et de celle de toutes ces étoiles qu’il haïssait. Mais ça lui manquait tout de même. Elle aurait aimé qu’il apparût soudainement dans sa chambre, avec son plateau de thé, ses mochis et son kimono, et qu’il se mît à déblatérer d’étranges théories sur le monde. Elle n’aurait rien dit, elle n’aurait pas posé de questions, elle ne se serait pas énervée. Elle avait compris.

L’Ange se pressa un peu plus fort contre le corps endormi du Déchu. Sans lui, l’appel aurait tonné plus fort encore, et la chute aurait été bien plus périlleuse.



Message VII – 1181 mots




[Q] - L’appel du vide 1628 :


[Q] - L’appel du vide 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3843
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Sam 18 Mar 2023, 08:17



Unknown

L’appel du vide

En solo | Freyja & Adriel



J’étais arrivé à Avalon quelques temps plus tôt. J’avais fouillé les rues, questionné les habitants, utilisé ma magie autant que possible : je ne l’avais repérée nulle part. Dans cet entrelacs de vices et de péchés, j’avais longuement prié Ahena et nos Ætheri majeurs. Mes pérégrinations en dehors de ma chambre d’hôtel avaient presque toutes été des mises à l’épreuve de ma vertu. Voir une Aile Blanche se promener semblait exciter les ardeurs des Déchus. Nos relations diplomatiques n’étaient pas bonnes – c’était le moins que l’on pût dire. L’absence de Déchéance, bien que la démographie des Ailes Noires n’en dépendît plus depuis longtemps, était un manquement symbolique qui impliquait entre nos peuples une rupture. À l’époque, j’avais été convaincu de la nécessité de cette mesure. Le génocide nous avait décimés, et les traumatismes des survivants les poussaient dans les bras des Péchés. Si nous avions maintenu la Déchéance, notre avenir aurait été plus qu’incertain. D’autres raisons politiques avaient influencé ce choix. Aujourd’hui, ni elles ni les nécessités du passé ne justifiaient ce maintien du statu quo. Pour autant, rien ne bougeait. Les taquineries des Déchus – car ils allaient rarement plus loin – se comprenaient. J’avais néanmoins du mal à cacher mon malaise. Mon essence et ma magie réagissaient aux leurs. Nos natures s’exprimaient et s’entrechoquaient. J’essayais de passer outre, de poursuivre mes recherches envers et contre tout. J’avais même fouillé les lupanars et les quartiers les plus festifs ; mais là non plus, je ne l’avais pas trouvée. Pourtant, désormais, je savais qu’elle s’y était rendu. Les gros titres avaient parlé de l’Aile d’Acier, parce qu’elle avait été à l’origine d’une rixe qui avait conduit à ce que l’un des plus fameux bars d’Avalon prît feu. Dans le même temps, j’avais su qu’elle avait passé du temps avec Adam Pendragon, au Fessetival, ce qui expliquait sans doute qu’il fût venu la sortir de cette impasse et qu’elle logeât chez lui. Les nouvelles allaient vite. J’étais juste devant la maison. Je savais que je n’étais pas le seul à la chercher. La capitale des Déchus faisait figure de ville sûre – la nécessité de gestion des différents péchés avait poussé le gouvernement à former une milice propre aux interventions rapides et efficaces. Mais avec Laëth Belegad et sa traîne de problèmes dans les parages, ce n’était peut-être pas suffisant. Je ne pouvais pas m’empêcher de m’inquiéter.

Je m’approchai lentement, jetant des coups d’œil tout autour de moi. L’habitation était-elle gardée ? Adam Pendragon avait-il fait déployer des soldats pour protéger les alentours ? Je ne voyais ni ne repérais qui que ce fût. Face à la porte, je toquai, puis attendis. Elle finit par s’ouvrir à la volée ; une bouffée de soulagement dissipa une part de mes angoisses. « Laëth. » Mon cœur tambourinait dans ma poitrine tandis que je détaillai les traits de son visage, marqués par la surprise, mais aussi par ce que je pensais être de la fatigue et de la tristesse. « Par Ahena. » Je la pris dans mes bras et la serrai contre moi. « J’étais tellement inquiet… » Il y eut un silence. Je la sentais immobile ; je la lâchai et reculai d’un pas. Son regard vert se planta dans le mien, brutal et incisif. « Pourquoi est-ce que tu es là ? » J’inspirai. « Tu sais pourquoi. » - « Tout va très bien. » Ses prunelles allaient de l’une à l’autre des miennes. « Tu n’aurais pas dû venir. » - « Laisse-moi t’aider. » - « Je n’ai pas besoin d’aide. Tu l’as bien lu dans les journaux, non ? Je mène ma vie comme personne. » Au moment où elle allait refermer la porte, je glissai mon pied dans l’embrasure pour la bloquer. « Ne sois pas stupide. » - « Je préfère être seule. Va-t’en. » - « Je peux être aussi buté que toi, tu sais. » Elle ne répondit rien. « Laëth, ta place n’est pas ici. Rentrons chez nous. » Elle rouvrit la porte et me dévisagea. « Ce n’est plus chez moi. Qu’est-ce que tu veux que j’aille faire aux Jardins ? Vivre dans la maison où j’ai vécu avec mon frère alors qu’il ne m’adresse plus la parole ? Être aux premières loges du mariage de Kaahl et Mirabelle Vaughan ? Me justifier, encore, sur mes choix politiques et guerriers ? Me repentir ? Je ne serai jamais ce qu’on attend de moi là-bas. » Je serrai les poings. « Tu seras plus en sécurité parmi les Anges. » - « Je m’en fous, d’être en sécurité, Adriel. » - « Pourquoi ? Tu penses que ton frère ou Kaahl vont subitement se rappeler de ton existence si tu es en danger de mort ? Ils savent parfaitement que tu existes et où tu vis. Est-ce qu’ils sont là ? Est-ce qu’ils sont venus ? Est-ce qu’ils ont eu un seul geste ou un seul mot pour t’aider ? Non, ils te regardent te morfondre et souffrir, et s’ils ne s’en fichent pas, ils ne font rien pour t’en sortir. Tu pourrais être en train d’agoniser qu’ils ne se déplaceraient pas plus. » Les émotions défilèrent sur le visage de l’Aile d’Acier. Je vis nettement les larmes gonfler ses yeux. « Je ne suis sans doute pas la personne que tu attendais, mais j’ai le mérite d’être là et de vouloir te soutenir. Si tu ne veux pas rentrer, tant pis, on restera ici le temps qu’il faudra. Je veux bien subir cet endroit encore un peu. Mais laisse-moi t’aider. » conclus-je, tranchant.

Fin [Q] - L’appel du vide 3298876942



Message VIII – 930 mots




[Q] - L’appel du vide 1628 :


[Q] - L’appel du vide 2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

[Q] - L’appel du vide

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» La mélodie du vide (pv Raphaël)
» Le siège vide du Hlendrisa
» [Événement] - L'Appel
» [A] - L'appel de la Voûte I | Solo
» [A] - L'appel de la Voûte II | Solo
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Ouest :: Côtes de Maübee :: Avalon-