Les guimauves grillées
Læn & Perséphone

☙ Sia - Snowman

Les flammes montaient haut en crépitant, exhalant des bouffées d'étincelles à l'assaut de la voûte étoilée. Des troncs couchés formaient un cercle tout autour sur lequel des étudiants étaient perchés. Des rires éclataient parfois, Perséphone pouvait les entendre de là où elle se tenait, juste à la lisière ombrée où l'éclat du feu ne l'atteignait pas. Machinalement, ses doigts jouaient avec son pendentif. Elle hésitait. Y aller, ne pas y aller. Il y avait une odeur intéressante aussi et c'est ce qui la décida finalement. Il y avait quelques heures déjà que les effets de la piqûre s'étaient dissipés et son faciès était lissé de tout sourire ou expression. Quand elle repensait à son comportement avec Faust dans la journée, la perplexité l'envahissait. Plus que la drogue, la Sorcière était persuadée avoir été possédée par un esprit joyeux.

Arrivée à proximité, Perséphone renifla dans l'air et conclus que l'odeur provenait des morceaux rosâtres piqués sur des brochettes mises à disposition. Elle se servit, s'installa sur une place libre près d'un garçon aux cheveux longs qu'elle ignora comme si elle était seule au monde et contempla la friandise sans faire mine de la toucher. Ses analyses précédentes lui avaient appris que cela se mangeait tel quel ou bien en les plongeant dans le feu. Elle se concentra sur sa brochette et pointa un index sur la boule de guimauve jusqu'à ce qu'une langue orangée s'étire jusqu'au bonbon qui se mit aussitôt à se rétrécir au contact de la chaleur. Intriguée, elle le porta jusqu'à sa bouche, tressaillit en se brûlant les lèvres, puis mâcha longuement la guimauve. Décidant que le goût était satisfaisant, Perséphone s'orienta vers le garçon près d'elle et planta ses yeux dans les siens, enhardie par ce succès. « Je vais te le faire aussi, c'est bon. » L'informa-t-elle avant de s'exécuter. Sa paume s'ouvrit et une flamme bondit jusqu'à la guimauve. Sans doute s'était-elle un peu enhardie car une seconde langue orangée jaillit jusqu'à l'écharpe qui s'enflamma instantanément. Elle referma le poing et fixa le vêtement autour du cou du bleu. Elle songea qu'il ferait une étrange torche. « Ah. Tu devrais mettre de la neige dessus. » Suggéra-t-elle calmement en repensant à combien cela l'avait soulagée quand elle s'était brûlée plus tôt.

Et les Sorcières giflées

Musique

Læn avait fui ses potes dès qu’ils avaient commencé à parler d’infiltrer le lendemain soir la partie non chaste du Fessetival. Sympan était de loin le plus excité. Il avait tout orchestré et connaissait déjà par cœur la plupart des activités qui étaient normalement réservées aux adultes. Adriæn ne semblait pas avoir hâte mais écoutait patiemment, en commentant de temps en temps. Le blanc semblait intéressé par les événements coquins et comptait bien aller chercher l’un des fameux Eemæ mis à disposition. En réalité, le faux Magicien avait du mal avec toutes ces nouvelles préoccupations. Il préférait ne pas songer aux filles, ni à rien d’autre. Son aventure de la veille avec Rose-Abelle lui avait suffi. Il avait, en plus, dû réfréner les avances d’une étudiante visiblement Déchue de la Luxure. Il ne l’avait pas revue depuis. Aussi, il se demandait encore si elle était véritablement élève à Basphel ou si elle avait simplement décidé d’infiltrer l’auberge pour voir si un ou deux garçons ne voudraient pas s’occuper d’elle. Il soupira. Il avait cru ne pas pouvoir lui échapper. Nu comme un ver, il avait dû se jeter sur son sac pour trouver des vêtements, tout en l’empêchant de trop s’approcher. La scène avait été digne d’une comédie. Finalement, il avait réussi à fuir, en passant par la porte. Dans la salle commune, plusieurs rires étouffés avaient retenti. Certains de ses camarades avaient probablement vu ses fesses, plus tôt. Il s’était énervé et avait fini par sortir dans la neige pour une longue balade.

À présent que le premier jour du Fessetival était terminé et qu’il pouvait souffler un coup autour du feu, il se sentait mieux. La journée avait été complexe. Beaucoup d’enfants avaient désiré lui faire des câlins et des bisous. Il n’y avait pas eu que des enfants. L’attention qu’il avait dû porter aux autres l’avait fatigué. Il ne comprit donc pas tout de suite ce que lui voulait la fille, Perséphone. « Quoi ? » Il allait lui faire remarquer qu’il ne lui avait rien demandé quand une gerbe enflammée passa très proche de son visage. Il écarquilla les yeux lorsqu’il sentit la chaleur et se débarrassa de son écharpe comme il aurait lancé une araignée s’étant aventuré dans ses cheveux. Essoufflé par la surprise, le geste brusque et la colère qui commençait à pulser, il se retourna vers la harpie. Ni une ni deux, il se jeta littéralement sur elle pour l’étaler dans la neige, sous lui. Là, il se redressa un peu et lui envoya sa main dans la face. « Sale conne ! » cria-t-il, à bout de nerfs.

437 mots
C'est un garçon charmant 8D

Aled
Læn & Perséphone

☙ Halsey - Hold Me Down

Perséphone ne savait pas trop à quoi s'attendre en embrasant par mégarde son camarade. C'était simplement arrivé, et c'était aussi définitivement de sa faute. À l'inverse de nombreux de ses congénères, la vision ne lui inspira pas de satisfaction particulière, il ne lui avait rien fait qui justifie qu'elle s'en prenne à lui. Il n'y eut pas non plus d'apitoiement. Son manque d'empathie était tel qu'il aurait pu s'agir d'un morceau de bois prenant feu, elle n'aurait pas paru moins neurasthénique. Son esprit était blanc, comme éteint, ses émotions engourdies sous une couche de fatigue sociale. S'il se passait des choses autour d'elle, la Sorcière les contemplait avec la passivité d'un mobilier, notant les informations dans un coin de sa tête pour faire le point plus tard. En l'occurence, la journée avait été riche et il lui fallait du temps pour l'intégrer et digérer la nouveauté. Or là, il n'y avait rien de nouveau à observer. La rage qui remplaça la surprise du garçon, elle l'avait vue se peindre des centaines de fois déjà mais cela n'empêcha pas le tressaillement de peur qui crispa ses muscles. Ses épaules se resserrèrent dans un spasme de réflexe dans l'espoir de mieux encaisser en le voyant fondre sur elle. Le temps d'une seconde, elle dissocia et songea que son manteau compenserait peut-être l'impact. Leurs poids conjugés lui prouva son tort et elle eut le souffle coupé en se prenant le sol dans le dos. Une douleur se généralisa dans toute sa poitrine, lui arrachant un grognement muet. Sa grimace de douleur fut gommée par le revers dont il la gratifia et sa tête partit sur le côté. De pâle, elle devint blême, hormis pour la tâche pourpre qui se propagea sur sa pommette. Les cris de ceux qui profitaient du feu lui parvinrent comme dilués et quand sa vision regagna en netteté, elle lut dans le regard du Basphélien qu'il était prêt à recommencer. « Lâche-moi. » Articula-t-elle d'une voix rauque. Elle tâcha de remuer pour s'écarter mais il était trop lourd, trop grand et elle modifia aussitôt sa stratégie. Son corps devint tout mou. Son regard se vida, fixé vaguement sur un point par dessus on épaule et elle attendit, dans un détachement d'apparence, espérant qu'il se lasserait vite. Puis, presque aussi vite qu'il l'avait percutée, il ne fut plus sur lui. D'autres l'avaient relevé et elle s'assit à demi, ignorant les autres qui lui demandaient si elle allait bien. Son regard resta rivé sur son agresseur, vérifiant qu'il ne pouvait plus l'attaquer. Fermement, elle récupéra son bras que quelqu'un avait pris pour l'aider à se relever, se mit debout par ses propres moyens et sans demander son reste, elle prit la fuite sans un regard en arrière pour mettre le plus possible de distance entre eux, la peur mordillant ses talons.

Elle va fuir dans le sens opposé dès qu'elle le croisera à Basphel maintenant 8D.

La culpabilité

Musique

Læn était furieux et, dans sa fureur, une folie dévastatrice s’était invitée. Il allait la frapper de nouveau, sans tenir compte de son état, de la peur qui brillait dans ses yeux, en alternance avec les moments d’absence. Heureusement, plusieurs de ses camarades vinrent le retenir. Il sentit son corps lui désobéir, être tiré vers l’arrière pour être ramené dans une réalité plus civilisée. Un moment, le silence s’imposa. Les voix lui semblèrent lointaines, comme des échos mal assurés, puis, tout revint avec violence. « Johannês putain, qu’est-ce qu’il te prend ? » Il sentit ses fesses heurter le sol sous l’impulsion de bras plus musclés que les siens. Ça lui fit à peine mal. Sa peau était comme anesthésiée par l’adrénaline. Son cœur battait bruyamment à ses tempes. « Lâchez-moi bande de connards ! » cria-t-il, sans regarder sa victime. Il savait qu’elle le fixait. Il le sentait, mais il n’avait pas la force de lui faire face. Il ne culpabilisait pas, pas encore. Il était simplement en colère. S’il la regardait maintenant, il aurait envie de la frapper encore. Il se débattit mais ce fut vain face aux mains qui le tenaient.

La tension finit par retomber, comme le flot des questions et des paroles inquiètent. Pourquoi avait-il fait ça ? Parce que cette connasse avait sciemment foutu le feu à son écharpe et qu’il en avait marre des grognasses dans son genre qui se croyaient tout permis. Néanmoins, dans le creux de sa poitrine, une petite voix résonna, en lui demandant s’il était bien sûr de lui, s’il n’avait pas mal interprété ? S’il ne l’avait pas frappée pour d’autres raisons, des raisons qui n’avaient rien à voir avec elle ? Il n’en savait rien. Cette voix l’agaçait. Peut-être aurait-il pu essayer de gérer la situation de façon pacifique ? Peut-être. « C’est bon, lâchez-moi je vous dis. » grogna-t-il, essoufflé. « T’es sûr ? Ne recommence pas tes conneries, hein. Pourquoi tu l’as frappée ? Elle est toute petite par rapport à toi… Sérieux mec… Tu tapes les meufs maintenant ? » « Je frappe les connards, garçons ou filles. » se défendit-il. Pourquoi ne devrait-il pas s’en prendre aux filles ? Certaines étaient horribles. « En tout cas… je crois que tu lui as foutu une sacrée frousse… » « Ouais… La pauvre. Tu devrais t’excuser. » « … » Il ne s’excuserait pas. Plutôt crever. Elle l’avait bien mérité. « C’est pas elle l’orpheline là ? Y en a d’autres qui sont arrivés comme ça, après la chute de la Lune Noire sur Amestris… » « Putain t’exagères… Elle a dû perdre ses parents et tout et toi tu la frappes… » Cette fois, le poids de la culpabilité s’immisça dans la poitrine de Læn.

459 mots