Mancinia Leenhardt ~ Humain ~ Niveau IV ~
 ◈ Parchemins usagés : 11113 ◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015 ◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon ◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II] | Dim 23 Oct 2022, 23:00 | |
|  Illustration - Abdulrahman Noureldin
Liaison Épistolaire
J'étais assez dépitée de la situation.
Je venais de rentrer de ma session hebdomadaire chez le médecin qui m'avait été assigné et il s'avérait que mes membres inférieurs allaient retrouver leur mobilité. C'était une excellente nouvelle, me diriez-vous ... Pourtant, la Colère en moi me faisait détester cet homme qui ne réalisait que son travail. Pourquoi se voulait-il aussi pessimiste ? Pourquoi m'avait-il dit que conserver mon attelle à la cheville et ma béquille d'appui serait une excellente solution pour le reste de ma vie ? Pourquoi ne cherchait-il pas une solution ?!
Ça me dépassait.
J'avais conscience que ma mère serait mise au courant par son confrère. Je savais d'avance qu'elle me ferait un discours sur les limites inhérentes de la magie devant quelque chose de plus sombre et vorace ... Je savais que c'était Injuste, mais je savais aussi qu'ils faisaient de leur mieux pour moi. Pourtant, ils semblaient limités par leurs habitudes. Ne m'avait-on pas dit que je ne remarcherais jamais ? Qui s'était opposée au médecin en disant qu'il fallait user de tous les moyens ? Qui avait dit que l'Antimagie pouvait être une solution à exploiter ? Qui avait suggéré que je restasse chez les Humains, avant de revenir suivre un traitement nocturne chez les miens ? Qui avait été moquée pour moi si ce n'était Mancinia Leenhardt ? La Marquise de Nylmord qui réfléchissait avec sa tête en prenant en compte les sentiments de ses patients. On l'avait dit folle, on avait dit qu'elle me donnait de faux espoirs et qu'elle n'apprenait pas la médecine depuis longtemps ... Mais je n'étais pas en fauteuil roulant. Je n'étais pas coincée chez à moi à tourner en rond. Je parvenais à marcher. J'y arrivais ! L'Antimagie des Humains avait réussi à résorber une majeure partie du maléfice qui dévorait ma jambe et la magie des miens avait également fait des miracles sur mon état de santé. J'avais de la chance, alors pourquoi baissait-on les bras à ma place ?!
J'étais amère.
Père l'avait vu lorsque mes pieds étaient entrés dans notre demeure. Il avait choisi de ne rien dire, de faire comme si de rien n'était et je lui en étais reconnaissante. Ce n'était pas facile pour mes parents, ni pour mes frères ... Ni pour ma soeur. Nous avions du mal à construire une véritable relation même si les années passants nous rapprochaient inexorablement. J'étais montée dans ma chambre. J'avais envie de m'allonger et de réfléchir. Je ne voulais pas admettre. Je ne voulais pas abandonner. Je voulais essayer ... J'avais survécu à la Chute de ma Nation, à dix années d'esclavage et aux combats sur la Terre Blanche. Ça ne pouvait pas s'arrêter maintenant ! En rentrant dans ma pièce personnelle, une nouveauté attirait mon attention. Là, sur le bureau, il y avait un nouvel ensemble de lettres et d'écritoire ; un cadeau qui ne manquât pas de déclencher une vague émotionnelle en moi, puisque voilà bien longtemps que j'aurais dû écrire à ma Famille pour prendre de ses nouvelles, dispersée ainsi à travers les territoires. Je n'en avais jamais eu le courage, comme eux n'avaient jamais eu le temps. Peut-être était-ce le moment ? Qui avait eu cette idée ? Je devais remercier cette personne ... L'écriture était toujours une échappatoire agréable aux maux de mon esprit. J'avais envie de pleurer. J'atteignais un immense débordement de sentiments. Je savais d'expérience que la situation pouvait être dangereuse si mes ailes devenaient malades ... Je devais demander son avis à un autre médecin. Ce n'était pas parce que le premier était incompétent ou me disait des choses que je ne voulais pas entendre, mais la négativité aurait pu me coûter ma jambe, là où la volonté et l'optimisme l'avait sauvée.
Il n'y avait qu'une seule personne qui pouvait me faire accepter mon état.
À la Doctoresse Leenhardt,
Comment vous portez-vous ? J'espère que votre voyage vers le Continent des Mages Noirs s'est bien passé et que les Enfants de Sympan sont rentrés chez eux en toute sécurité.
Les Terres du Lac Bleue se sont rafraîchies ces derniers temps et l'hiver s'installe doucement ; Je ne saurai que vous conseiller de vous couvrir lors de votre prochaine visite. J'imagine aisément que les températures d'Utopia sont plus élevées que chez nous ...
J'ai entendu parler de la création du Collier des Sables et de votre succès auprès de Sa Majesté la Reine. J'aurai bien aimé voir votre réalisation de mes propres yeux lors de son passage sur les Terres d'Iyora, mais comme vous le savez, mon état ne me permet pas de voyager - puisque vous m'avez conseillé d'attendre mon rétablissement complet. J'écoute bien les recommandations des médecins - ce qui est autant un choix et une contrainte, puisque ma mère fait elle-même partie du corps médical des Jardins de Jhēn !
Je ne sais comment vous remercier d'avoir pris soin de moi toutes ces années ... D'avoir trouvé l'Espoir où il n'y en avait pas. Quand on me disait que personne ne serait en mesure de sauver ma mobilité devant le maléfice rongeant mon corps, vous y êtes parvenue et, pourtant, je me dois encore de solliciter votre expertise.
Vous m'avez dit de vous écrire si j'avais des doutes ou des interrogations plus spécifiques quant à l'état de ma jambe. Et bien ... Je n'en ai pas encore parlé à mes parents, mais je souhaiterai savoir, en toute honnêteté, si je pouvais envisager une carrière militaire ?
Oh, je sais que ce ne serait pas pour tout de suite !
Mais est-ce que mon état me permettrait de l'envisager à l'avenir ... ou dois-je y renoncer ? Est-ce que je suis contrainte à porter une attelle à ma cheville pour le reste de mon existence et à me soutenir avec une béquille ou bien pourrais-je laisser cela derrière moi d'ici quelques temps ?
Ma Famille est une longue lignée de militaires et vous comprendrez que demeurer à l'écart me pèse. Je suis revenue de la Terre Blanche après une décennie entre les mains des Vils et nous réapprenons à nous connaître mutuellement. Si cela a toujours été dans mes intentions d'intégrer les rangs de la Compagnie de Yüerell ... peut-être était-ce un choix sans réflexion à l'époque, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui.
Elle n'existe plus comme tel, désormais, mais quel que soit le nom de notre armée, ma volonté d'agir est désormais plus forte. Je ne peux supporter que mon peuple subisse des Injustices tandis que je suis chez moi, comme un animal en cage, en me disant que rien n'est de ma faute puisque je suis encore en convalescence. Je sais que personne ne me tiendrait rigueur quant au choix d'une autre voie, mais ma décision est prise ! Comme mes ancêtres avant moi, je dois tout faire pour rendre cela possible !
C'est pourquoi je vous demande un avis médical juste et honnête, pour vous qui avez tant suivi mon évolution ces dernières années. Je me conforterai à ce que vous me suggérer ...
Je relâchais un soupir en enlevant la pointe de ma plume du parchemin. Était-ce utile d'envoyer cette lettre ? Elle avait sans doute autre chose à faire que de se soucier de mes états d'âme, même si la simple écriture de mes sentiments actuels sur un support m'avait procuré un bien immense. Je soupirais. Je me sentais épuisée, comme si j'avais couru un marathon, mais je devais avoir meilleure mine que tout à l'heure. Lorsque ma soeur appelait mon nom pour le souper, je rangeais mon bureau dans la précipitation, en quelques gestes, tout en déposant ces quelques pages dans un support prévu à cet effet, dissimulé en haut d'une boite. Ce serait dommage que mes parents ne tombent dessus avant que je ne leur parle de ma décision. Je savais par avance qu'ils seraient contre, alors je devais réfléchir aux bons mots à employer. J'aurai pu quitter la maison en cas de refus, l'Armée m'aurait offert le gîte et le couvert pour au moins deux ans, il n'était pourtant pas question pour moi de rompre mes liens avec eux. Jamais. J'avais assez souffert de leur absence sur la Terre Blanche, à ne rien savoir, à douter de leur survie ... Je refusais de m'infligé cette peine volontairement.
— Tu te sens mieux, Valy ? — Oui, Père, merci. — Tu as l'air fatiguée, nota sa mère. — Valy, viens t'asseoir avec moi !
Mes parents battaient en retraite devant l'enthousiasme soudain de ma cadette. Avait-elle ressenti qu'on allait embêter sa soeur ? Vykenia essayait toujours d'être près de moi et ce, même si nous parlions peu. Nous restions comme des étrangères qui s'entendaient bien malgré les années à vivre sous le même toit. C'était une adolescente respectueuse et adorable, je ne comprenais pas pourquoi nous avions tant de mal. Étais-je inaccessible ? Devrais-je faire plus d'efforts ? ... Je devais essayer cela aussi. Cette saloperie de Guerre avait brisé bien des Familles et les retrouvailles pouvaient s'être avérées complexes. Nous n'étions pas les seuls dans ce cas ... Certains n'avaient même plus des leurs. Certaines Dynasties s'étaient fracassées, d'autres avaient cessées d'exister. Nous avions de la chance dans notre malheur. Nous pouvions remercier les Aetheri ... ou les maudire. En revenant après mon repas, en cherchant ces morceaux de pensées éparpillés, je ne les retrouvasse pas. S'étaient-ils envoyés magiquement ? Était-ce possible ? Avais-je bien signé la lettre ... ? Si ce n'était pas le cas, ce n'était pas grave, la Prophétesse saurait qui j'étais rien qu'à son contenu, même si l'embarras de l'avoir ainsi mandaté me pesait désormais.
Enfin ... Si c'était bien elle qui recevait la missive !
1810 mots
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Dürdane Bēkara ~ Eversha ~ Niveau I ~
 ◈ Parchemins usagés : 125 ◈ YinYanisé(e) le : 09/01/2022 | |