Helsinki fixait le papier depuis plusieurs minutes. Il était posé sur son bureau, accompagné du matériel pour écrire. Elle n'avait jamais vu tous ces objets, ils n'étaient pas à elle. La jeune femme jeta un regard par-dessus son épaule. Méryl avait-elle posé cela ici ? C'était trop curieux. Cette dernière ne lui en avait jamais parlé et elle n'entrait jamais dans sa chambre sans lui avoir demandé son autorisation. Ça ne pouvait pas être elle. Mais dans ce cas... Qui ? L'Ange s'approcha du set d'écriture comme elle aurait pu s'approcher une grosse araignée velue. Elle en avait peur, mais elle était curieuse. Elle avait besoin de regarder de plus près, seulement de s'approcher... C'est ce qu'elle crut avant qu'elle ne s’asseye, puis ne s'empare machinalement d'une plume. Elle retint son souffre. Ecrire ? Pourquoi ? Pour qui ? Elle n'avait rien à dire. Et pourtant, là, elle avait très envie de marquer le papier de son encre et de ses mots. Elle avait très envie de parler à quelqu'un. Mais elle ne savait pas qui, ni pour lui dire quoi.
"Bonjour."
Helsinki se mordit la lèvre. Elle était nulle en rédaction, encore plus lorsqu'il s'agissait d'écrire des lettres. D'avance, elle avait un peu peur de ce qu'elle allait bien pouvoir écrire. Elle n'avait pas d'inspiration. Puisque sa boîte crânienne restait irrémédiablement vide, elle décida de commencer par les bases : se présenter.
"Je m'excuse, je ne sais pas pourquoi j'écris cette lettre. Je crois que j'en ressens le besoin.
Je m'appelle Helsinki. Je suis une Ange et j'habite aux Jardins de Jhen. Je ne sais pas quoi dire de plus. J'habite chez une Magicienne, Méryl."
C'était étrange, parce qu'il lui semblait qu'elle répétait le même discours à absolument toutes les nouvelles personnes qu'elle rencontrait. Ni plus, ni moins. Elle chercha quoi rajouter pour la suite, mais rien de plus fantastique ne lui venait à l'esprit. Au bout d'un moment, elle décida de rédiger ce qui lui venait spontanément en tête.
"Pour le moment, je ne fais pas grand-chose. Je cherche encore ma voie, même si je pense, peut-être, avoir trouvé une piste. Je l'espère en tout cas. Les métiers que j'ai exercés jusqu'à présent m'ennuient. Méryl est gentille : elle a cherché ces emplois pour moi, mais je les trouve répétitifs, et je finis toujours par me plonger dans mes pensées, alors même qu'effectuer ces activités devraient m'en extirper. Mais là, c'est différent. Je crois que j'ai envie de voir de quoi je suis capable. Tester mes limites, peut-être ? Je ne sais pas.
Je n'ai pas vraiment l'habitude de parler de moi. Je n'aime pas ça.
Et vous, qui êtes-vous ? Venez-vous d'un autre endroit ? Comment est-ce ? Je ne connais pas vraiment le monde extérieur. Je n'y connais personne non-plus. Une partie de moi souhaiterait le connaitre, mais cela me terrifie tout autant."
Comment finissait-on une lettre, d'ailleurs ? Helsinki aurait pu aller demander à Méryl, mais elle n'avait pas envie de se confronter à sa curiosité par la suite. Bien que la savoir sociabiliser lui ferait certainement plaisir, elle préférait que cela restât un secret. Son petit truc à elle. Comme beaucoup d’autres.
"Prenez soin de vous.
Helsinki"
Dès qu'elle apposa sa signature, l'Ange eut à peine le temps de se relire ; la missive disparut. Elle écarquilla les yeux.
-Non...
Et si... Et si elle avait mal écrit ? Si ce n'était pas bon ? Elle ne savait même pas entre les mains de qui le papier allait tomber, qui allait lire ses mots, les considérer et peut-être, y répondre. Helsinki réalisa alors à quel point ce qu'elle venait de faire était effrayant, voire dangereux. Elle venait de dévoiler sa vie et son existence à un, ou une, parfait.e inconnu.e. Et maintenant ? Maintenant, elle ne pouvait qu'attendre. Elle commença à se ronger un ongle. L'Ange espérait que cela n'aurait pas de conséquences. Elle s’en voudrait tellement.
Styvan Khanis ~ Vampire ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 123 ◈ YinYanisé(e) le : 16/01/2022
Sam 19 Nov 2022, 13:50
Lettre humide.
« Hm ? Qu’est-ce que ça fait là ça ? » s’interrogea le garçon. Il venait de voir une enveloppe apparaitre comme par magie sur ses genoux. Avant que cette étrange anomalie vînt l’interrompre, il était en train de bouquiner le seul livre qu’Exenophas avait accepté de lui prêter afin qu’il s’occupât un petit peu. Cela faisait maintenant plusieurs jours que l’esclave était installé dans sa nouvelle chambre à Amestris, et il n’avait jamais cru qu’il pût s’ennuyer de la sorte sans son cousin pour l’emmerder. Sa curiosité pathologique lui fit ouvrir cette dernière et en son sein, une lettre y était entreposée. Était-ce pour lui ? Peut-être était-ce sa mère qui l’avait retrouvé et qui le prévenait de son arrivée ? Il se saisit brusquement de cette feuille de papier et commença à la lire. L’écriture était tremblante, mais les traits restaient tout de même élégants. Il sourit. Une fois. Deux fois. Trois fois. C’était une belle lettre. Une fois qu’il eut fini de la lire, de multiples questions lui traversèrent l’esprit. S’était-elle trompée de destinataire ? Si ce n’était pas le cas, alors comment une lettre si personnelle était arrivée jusqu’à lui ? Personne ne savait qu’il était ici. Ce ne fut que lorsqu’il vit un set de papier ainsi qu’un crayon apparaître sur son bureau qu’il commença à comprendre le subterfuge. Avait-elle ressenti la même chose que lui en voyant ce bout de papier ? Il se jeta sur sa chaise, et agrippa le crayon de toutes ses forces.
« Pourquoi ai-je à ce point envie de vous répondre ? Je n’aime même pas écrire. Alors comment se fait-il que ce papier et ce crayon m’attirent tant ? Je présume que vous avez subies la même attirance que moi et c’est la raison pour laquelle j’ai pu lire votre lettre.
Bonjour Helsinki,
J’espère que tout ira pour vous et que vous aurez réussi à éclaircir certains points d’ombre quand vous lirez ma lettre.
Sachez que j’ai beaucoup apprécié lire la vôtre.
Je vais commencer par me présenter. Moi, je m’appelle Styvan Khanis. Je suis un jeune vampire et »
Il s’arrêta. Devait-il être honnête et lui raconter ce qu’il vivait réellement ? L’idée que tout cela fût un test lui traversa l’esprit. Pour lui, Eméliana était forcément derrière tout ça. Elle devait avoir les capacités d’enchanter des objets et lui avait tendu un piège pour tester sa fidélité. Il adopta rapidement ce scénario, car cela expliquait l’attirance qu’il ressentait pour ces futilités. Enfin, c’était surtout qu’il préférait accepter cela, plutôt que de se doper d’espoir en espérant que cette inconnue pût l’aider à sortir de cet enfer. Le garçon continua alors sa phrase en écrivant ce que le lui d’avant aurait écrit avec ce crayon dans ses mains.
« j'habite Myngrimu avec ma créatrice, mon oncle et mon cousin. À quoi ressemble votre chez-vous ? Moi, c'est une forêt avec des arbres gigantesques qui doivent surement avoir mille ans. Leurs épais feuillages empêchent les rayons du soleil de venir jusqu’à nous. Pratique non vu que cet astre est capable de me tuer à la vitesse de la lumière. J’aime beaucoup chasser dans ces bois et »
Il s’arrêta de nouveau. Le vampire ne pouvait plus réfléchir convenablement. Plus la description de son ancienne vie avançait et plus l’adolescent trimait à contenir sa tristesse. Ses traits devenaient de moins en moins régulier, et ses larmes s’écrasèrent sur le bas de la feuille. Cette foutue forêt lui manquait. Sa famille lui manquait. Son ancienne vie lui manquait. Il continua malgré tout, mentir lui faisait un peu de bien.
« je suis même très bon là-dedans. À côté de ça, je m’amuse avec mon cousin Herman. Il est un peu collant parfois, mais il reste gentil et je l’aime beaucoup. Sinon j’étudie. J’étudie beaucoup trop. De temps en temps ça me donne mal au crâne et ça m’agace, mais si j’abandonne ma mère risque de m’arracher les canines.
J’ai cru comprendre que vous n’aimez pas votre quotidien. Que vous empêche-t-il de le changer ? Je ne veux pas vous brusquer évidemment. Loin de là. Je reste juste persuadé que vous vous épanouiriez dans l’inconnu. La preuve. Vous avez plongé dedans comme je suis en train de le faire actuellement en vous répondant. Peut-être avez-vous regretté une fois que vous aviez posé le crayon. Moi, je pense plutôt que vous attendez ma réponse avec impatience comme j’attendrai la vôtre, armé de cette même impatience.
J’ose croire que le destin nous a lié pour quelque chose. Probablement qu’avec ces quelques phrases, nous pouvons nous aider plus que nous le pensons.
J’espère un jour recevoir une autre lettre de votre part, cela m’a fait le plus grand bien. Prenez soin de vous également Helsinki. »
Il posa son crayon, prit la feuille, la plia en trois et la glissa dans l’enveloppe. Une fois que cette dernière eut été fermée, elle disparut. L’adolescent posa sa tête contre le bois de son bureau et fondit en larme. Il aurait dû tout lui dire.
Post I. 900 Mots
Kitoe ~ Démon ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 1533 ◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
Honnêtement ? Elle ne s'était pas attendue à recevoir de réponse. Helsinki avait retrouvé l'enveloppe et le papier à lettre sur son bureau, exactement comme la dernière fois. L'Ange ouvrit le message avec une certaine appréhension. Elle était même fébrile et jugea bon de s'asseoir sur son lit. Impassible, ses yeux défilaient le contenu sans faire la moindre pause. Elle s'abreuvait des mots sans en saisir tout le sens tant le flot d'informations lui paraissait énorme. Ce n'est qu'à la fin qu'elle s'autorisa un sourire, puis reprit sa lecture depuis le début. Elle décortiqua chaque phrase et marqua des temps de réflexion. Elle n'avait pas imaginé qu'un Vampire puisse être aussi doux à l'écriture. Quant à cette forêt d'arbres millénaires, si hauts et à la canopée si épaisse qu'elle cachait le ciel ? Elle leva les yeux vers le plafond pour essayer d'imaginer. Ce devait être un peu comme une cave, mais une cave jonchée de piliers que constituaient les larges troncs des arbres. N'avait-il pas peur ? Comme elle avait du mal à se représenter le contraire, elle passa. La lettre de Styvan l'intriguait, la stimulait. Elle sentait son cerveau bouillonner de pensées nouvelles et de questions qui n'étaient, pour une fois, pas là pour ressasser ses tourments. Au contraire, c'était curieusement libérateur. L'Ange s'approcha de son bureau. Son cœur battait à tout rompre. Elle ressentait l'irrésistible envie de répondre à cet inconnu qui n'en était plus tout à fait un.
"Cher Styvan Khanis,
Je suis heureuse de faire votre connaissance. A vrai dire, je ne m'attendais pas à recevoir de réponse. J'étais, comme vous, attirée par cette feuille de papier sans pouvoir me l'expliquer. En temps normal, je ne parle pas beaucoup. Je n'ai pas vraiment d'amis. Mais ça me va, je suppose.
Je ne connais pas les Vampires, mais j'ai tendance à les imaginer effrayants, bien que ça n'ait pas l'air d'être votre cas. Je m'en excuse. Cette forêt semble être un endroit curieux. Je n'ai jamais rien vu de tel. En fait, je n'ai visité que les Jardins de Jhen et quelques territoires magiciens."
Qu'il soit contraint de vivre dans l'obscurité aurait sûrement dû la choquer, mais ce n'était pas le cas. Helsinki avait longtemps vécu dans de telles conditions et aujourd'hui encore, elle n'aimait pas vraiment le soleil. Sans compter le fait que sa peau brûlait en un rien de temps sous les coups de ses rayons. Ils n’étaient, au final, pas si différents.
"Méryl et moi habitons dans une petite maison aux Jardins. Nous avons toutes les deux notre chambre. Il y a aussi une salle à manger, une cuisine, un salon, et un carré de jardin à l'extérieur. Ce n'est pas aussi grand que ça en a l'air, mais c'est très bien. Méryl a un fils, Léonce, qui travaille dans le commerce de fleurs. Son mari est mort, je crois. Elle n'en parle pas souvent. Nous habitons en ville. C'est assez paisible, il fait souvent beau et doux. Ça devrait être agréable, mais je trouve qu'il y a beaucoup de monde, alors je reste la plupart du temps à la maison. Il parait que je devrais sortir plus mais"
Elle laissa sa phrase en suspens. Elle n'avait pas envie de se justifier, comme elle devait parfois le faire avec sa tutrice. Ces moments l'agaçaient autant qu'ils l'angoissaient. Pourquoi fallait-il tout expliquer, tout le temps ? Pourtant, elle se forçait à le faire.
"c'est assez fatigant pour moi.
Rien ne m'empêche de changer mon quotidien sinon moi-même, je crois. J'ai peur de me lancer. C'est un peu comme sauter dans un gouffre où l'obscurité risque de m'engloutir alors que je n'ai qu'une simple chandelle pour m'éclairer. J'ai eu une vie courte et j'ai longtemps appris à me plier aux exigences d'autrui, à ne pas prendre de risques pour survivre."
Une seule fois, Helsinki avait choisi de prendre un risque : lorsque ce soldat angélique lui avait tendu la main, en Terre Blanche. Elle avait été si terrifiée de la prendre : que se passerait-il si Asborn ressurgissait à ce moment-là ? Que lui ferait-il subir si ce soldat mourait et si elle ne parvenait pas à s'échapper ? Et surtout, qu'y avait-il dehors ? Était-ce réellement mieux que cette cave froide et humide ?
"Reprendre les rênes de sa propre vie est plus long et délicat qu'il n'y parait. Les gens ont parfois du mal à le comprendre. Je ne vous en voudrais pas si c'est également votre cas. Maintenant, j'aimerais apprendre à me battre et à manier les armes, afin de repousser l'obscurité de ce gouffre plus facilement. J'aimerais avoir une plus grande force de caractère. J'aimerais apprendre à être autonome. Vous qui chassez, vous devez être doué dans tout ça."
Elle eut une moue. Elle voulait lui demander s'il chassait des êtres humains, mais elle craignait que la question soit stupide. En plus, elle n’était pas certaine de vouloir savoir.
"Pourquoi êtes-vous devenu un Vampire ? Je ne sais pas grand-chose de votre peuple, mais je tâcherais de me tenir informée pour la prochaine fois."
Elle connaissait la bibliothèque comme sa poche, à présent.
"J'ai honte de dire que je n'ai que des stéréotypes en tête, alors que beaucoup d'entre eux doivent être faux. Qu'étudiez-vous ? Est-ce que cela vous plait malgré tout ?
Je vous suis très reconnaissante pour votre lettre, Styvan. Cela m'a aussi fait du bien. C'est étrange de ne pas se connaitre réellement, mais j'aime bien vous parler. Peut-être justement parce que je ne sais pas qui vous êtes. Ou alors parce que le destin nous a lié, vous avez raison. Dans ce cas, comment pourrions-nous être utile l'un à l'autre à votre avis ?"
Ce n'est que là qu'elle remarqua, sur le message de son interlocuteur, que le papier était ondulé. Styvan avait-il pleuré ? Pourquoi ? Elle eut un pincement au cœur. Elle-même était emprise d'émotions lorsqu'elle lisait leur échange. Devait-elle lui demander, ou bien était-ce indiscret ? Ils venaient à peine de faire connaissance...
"Il me tarde de recevoir votre réponse. En attendant, j'espère que vous allez bien."
Elle laissa ses doigts pianoter sur le rebord de son bureau. Son autre main soutenait son menton, alors qu'elle dévisageait avec inquiétude le papier à lettre. Devait-elle lui écrire ? Ou devait-elle attendre ? N'était-ce pas elle qui se précipitait ou s'inquiétait pour un rien ? C'était probablement cela, elle s'inquiétait pour rien. Peut-être qu'il n'avait simplement plus envie de lui parler. Peut-être que sa dernière réponse l'avait heurté, d'une façon ou d'une autre. Mais comment pouvait-elle en être certaine ? Elle n'avait plus le papier sous les yeux pour vérifier les mots qu'elle y avait posés.
Helsinki était campée devant son bureau depuis une bonne vingtaine de minutes. L'incertitude la taraudait depuis plus longtemps encore. Cela était de l'ordre de plusieurs jours, certainement une dizaine. Mais le doute l'avait en tenaille. En s'établissant aux Jardins de Jhen, l'Ange avait intégré qu'elle s'inquiétait trop souvent pour pas grand-chose. En effet, jusqu'ici, de toutes ses angoisses ou de ses hypothèses tordues où elle envisageait le pire, aucune ou presque n'avait été fondée. Elle avait compris que la vie n'était pas qu'une enfilade de représailles comme elle l’avait longtemps connue, mais qu'elle était au contraire plutôt douce. Pour autant, il lui arrivait d’oublier et de retourner instinctivement à ce schéma de pensée, celui où un malheur imminent risquait de s’abattre sur elle. Quand elle quittait ces états d’hypervigilance, qu’elle se rappelait l’anormalité de ce qu’elle avait vécu et par opposition, l’affreuse normalité que devait être son quotidien aux Jardins – un miracle –, elle fondait en larmes.
L'Ange souffla par le nez et saisit sa plume. Elle appréhendait l'écriture puis l'expédition de son message, mais elle devait se faire une raison : ne pas lui écrire aujourd’hui ne ferait que reporter le problème à plus tard. Si elle s'y mettait dès à présent, elle serait débarrassée du poids de n'avoir pas réagi. De plus, pouvait-on lui reprocher de prendre des nouvelles ? Elle s'accrocha à ces pensées rationnelles.
"Cher Styvan Khanis,
J'espère que vous allez bien, vous comme vos proches. Cela fait longtemps que je n'ai pas reçu de vos nouvelles, c'est pourquoi je vous écris. J'ai tendance à m'inquiéter trop facilement, mais j'ose espérer que je m'appuie sur ses idées infondées. Peut-être n'avez-vous simplement pas le temps, ce que je comprendrais.
Depuis la dernière fois, j'ai eu le temps de lire quelques ouvrages sur les Vampires. C'était très intéressant. Nos modes de vie respectifs sont très différents. Si je ne dis pas de bêtises, vous faites partie d'une lignée, n'est-ce pas ? Laquelle est la vôtre ?"
Helsinki avait dévoré trois livres d'affilée sur le sujet. Autant dire que la bibliothécaire, qui la connaissait depuis le temps, l'avait regardée de travers en enregistrant ses emprunts. Cela l'avait fait rougir d'embarras, mais elle n'avait pas fait de commentaire. Nul n'était au courant de la liaison qu'elle entretenait avec l'Enfant de la Nuit. Elle craignait que l'on pensât qu'elle songeait à la transformation. Ce n'était pas le cas ; cela semblait terrifiant. Elle se demandait justement comment quiconque pouvait en arriver là.
"De mon côté, j'ai le sentiment que le cours de ma vie est sur le point de s'accélérer. J'ai participé à l'organisation d'un mariage. C'était une première pour moi et je ne vous cache pas que j'avais très peur, mais cela s'est finalement bien passé. C'était un bel événement et j'ai rencontré beaucoup de monde. Ça me change de mon quotidien.
J'ai également parlé de mes ambitions à Méryl, celles dont je vous avais fait mention dans les précédentes lettres. Elle ne l'a pas très bien pris. Elle ne s'attendait probablement pas à ce que je lui annonce que je voulais apprendre à me battre. Mais elle a peur également, pour des raisons qui la regardent et que je comprends. Je pense être parvenue à lui faire entendre raison, ceci dit. Toutefois, je me sens mal de l'avoir mise dans cette position. Je me demande ce que vous en pensez ? Est-ce qu'à vous aussi, cela vous parait dément, que je souhaite apprendre l'art du combat ? Je n'ai pas l'intention de m'enrôler dans l'armée ; je pense simplement que cela m'aiderait à avancer et à devenir plus forte.
J'attendrai votre réponse avec impatience. En attendant, portez vous bien.