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 [Quête] - N'en prenez pas ombrage

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Kaahl Paiberym
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◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
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Kaahl Paiberym
Sam 24 Sep 2022, 15:24



N'en prenez pas ombrage



Objectif : Kaahl se rend à un bal avec Lucius. Au cours de ce dernier, il rencontrer l'Archimage Iten qui lui confiera une mission.

Je me dirigeai vers le buffet, une canne en marbre dans la main droite. Les mets étaient exquis mais ces derniers ne me préoccupaient pas le moins du monde. Mon attention était entièrement dévouée à la jeune femme blonde, plus loin. Mirabelle Vaughan, dans une robe immaculée, socialisait avec un bonheur non dissimulé. Entre deux conversations ou affirmations, elle ne manquait jamais de tourner les yeux vers moi. Lorsqu’elle parlait de sa fille, elle plaçait également habilement ses prunelles en ma direction. Les rumeurs quant à mon éventuelle relation avec Adam Pendragon n’allaient pas dans le sens de mon innocence dans l’affaire qui concernait la fille de l’Iten. Le fait que la blonde ne fût toujours pas mariée en étonnait plus d’un, à raison. Le père, inconnu, aurait pu être n’importe qui, y compris l’homme qui avait pris ma place et assassiné Constantine et sa fille. Néanmoins, la vérité – avouée par Ârès – n'avait aucune place dans le flot des bruits de couloir. Les fantasmes incessants des Magiciens se répercutaient magnifiquement sur les réputations. Bien sûr, la défaite des Réprouvés était sur toutes les lèvres, ainsi que la situation fâcheuse de celle qui était, aux yeux de beaucoup, ma fiancée. Certes, les Mages Blancs étaient bien plus bienveillants que les Mages Noirs. Il restait que les médisances n’étaient pas écartées pour autant. Mirabelle jouait son rôle à la perfection, celui qu’elle s’était créé sur mesure pour arriver à ses fins. Pourtant, si elle actait contre moi, je ne pouvais m’empêcher de ressentir pour ses talents d’actrice une forme d’admiration. Cette femme était empoisonnée. Jadis, je l’aurais tuée. J’aurais dû le faire. Néanmoins, l’aura de Magie Bleue qui entourait ma silhouette ne laissaient aucun doute quant à mon alignement. Si je voulais la mettre hors d’état de nuire, il me faudrait entrer dans son jeu, jusqu’à la coincer.

Conscient que si je laissais faire, elle continuerait à accentuer les doutes dans l’esprit des invités, je posai mon verre vide sur la table et confiai ma canne à un domestique. Je marchai vers elle, interrompant par-là même la conversation. « Kaahl ! » s’exclama-t-elle, avec une familiarité presque adorable. « Marquise Vaughan. » répondis-je, en prenant la main qu’elle me tendait. Je frôlai sa peau de mes lèvres et me redressai. Elle sourit. « Laissez-moi deviner... Vous êtes venu m’inviter à danser ? » Bien sûr. C’était ce qu’elle désirait. « Tout à fait. » Je lui souris à mon tour et portai mon attention sur sa cour. « Veuillez m’excuser de vous ravir si bonne compagnie. » Il y avait un malaise depuis qu’elle m’avait appelé par mon prénom. Tous tentaient de cacher les nombreuses questions qui se bousculaient dans leur esprit. Lorsque nous nous fûmes éloignés, elle laissa échapper un rire. « Je préfère de loin être en votre compagnie. Ces gens m’ennuyaient, à boire mes paroles. » Je me retournai et l’amenai contre moi, une distance raisonnable seule nous séparant. Je souris. « Je vois. Tous les regards que vous me lanciez étaient donc faits pour que je vienne vous sauver ? » « Vous m’avez déjà sauvée une fois de prétendants ennuyeux. Je me suis dit que vous recommenceriez volontiers. » Si elle aimait se donner des airs de demoiselle en détresse, ce qualificatif était parfaitement opposé à ce qu’elle était en réalité. Elle avait réussi à m’abuser une fois. Elle n’y parviendrait pas une seconde fois. « N’oubliez pas que vous êtes à mon service exclusif, Chevalier Paiberym. » Je restai silencieux, bien conscient que je m’étais agenouillé devant elle. Au-delà de ce statut tout particulier, l’existence même de cette femme me rendait curieux. Elle avait survécu à Ârès. Il ne l’avait pas tuée et elle lui avait offert un enfant. Pourquoi ? Pourquoi ne l’avait-il pas tuée ? Que s’étaient-ils avoués ? « Vous semblez bien songeur. » murmura-t-elle. « Êtes-vous en train de vous remémorer notre première rencontre, lorsque nos mains se sont tenues dans ce brouillard épais et lorsque je vous ai embra… » « Arrêtez, ce n’est pas un jeu. » Elle passa sa langue entre ses lèvres afin de se les humecter et sourit. « Vous adorez cette phrase : ce n’est pas un jeu. Pourquoi est-ce que ça ne serait pas un jeu ? Tout est un jeu. Simplement, peu en connaissent les règles. » Je la rapprochai de moi. « Je vais me marier. » lui assénai-je. « Vous me l’avez déjà dit cent fois mais vous n’êtes toujours pas marié. Je serais vous, je commencerais à me poser des questions. Surtout que les rumeurs me laissent à penser que vous êtes de nouveau célibataire. » Elle sourit. Je la fixai. « Ne me faites pas ces vilains yeux. Si je n’avais aucune importance pour vous, nous ne serions pas là, à danser. Il vous suffirait d’avouer… » « Je n’ai rien à avouer. » fis-je, en détournant les yeux. Elle me rendait bougon à affirmer des choses avec tant de facilité. Elle était convaincante, quoi qu’elle fît. Peut-être même était-elle sûre de sa version des faits, ce qui rendait ses répliques d’autant plus troublantes. « En tant que psychologue, permettez-moi de vous faire remarquer que vos gestes contredisent vos paroles. » Il y eut un silence et elle éclata de rire, si bien que tous les couples nous entourant tournèrent les yeux vers nous. « Je plaisante, voyons. Ne faites pas cette tête. » Le fait que nous soyons en public m’empêchait de réagir plus rudement. Elle tenait les apparences. Elle en jouait. Si je voulais reprendre le dessus, il nous faudrait être seuls, elle et moi. En attendant, il me faudrait maintenir un comportement respectueux, un comportement qui ne souffrirait d'aucune familiarité.

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Sam 24 Sep 2022, 16:33



N'en prenez pas ombrage



« C’est votre fils ? » Mon regard se posa sur Lucius. Il discutait avec une jeune femme, en se tenant le ventre comme s’il avait encore mal. Je soupirai face à son jeu d’acteur. J'acquiesçai. « Il vous ressemble. C'est amusant, pour un enfant adopté. Si je pouvais me permettre, je dirais qu’il a cependant l’air beaucoup plus détendu que vous. » Elle le fixa encore, avant de reporter son attention sur moi. Ses prunelles rencontrèrent les miennes et elles ne les lâchèrent plus. « Il vous cause du tracas ? » « C’est de son âge. » répondis-je, sans détourner le regard cette fois. « Oui, c’est vrai. Heureusement que vous êtes voué à rester jeune et beau. Ça vous évitera de prendre ombrage de la vigueur montante de votre enfant. » « Prendre ombrage ? » « Tout à fait. Beaucoup d’hommes, en vieillissant, regrettent leur jeunesse et l’époque où il leur était permis de faire ce qu’ils désiraient, avec qui ils le désiraient. » « Je n’ai jamais été comme ça. » me défendis-je, d’une voix calme. « Les rumeurs sur vous et Adam Pendragon seraient-elles fausses ? » Elle sourit. « C’est amusant, vous imaginer avec lui vous rendait moins strict à mes yeux. J’ai d'ailleurs lu quelques histoires très intéressantes sur vous deux. » Je grimaçai. « Des histoires ? » « Oui, vous savez… ces histoires écrites dans les cercles littéraires. Certaines Magiciennes sont même allées jusqu’à décrire très précisément votre ancienne fiancée entre vous deux. » L’idée me dégoûtait. « Vous devriez éviter de lire ce genre de choses. La stupidité de ces écrits pourrait à elle seule altérer votre cerveau. » Elle rit. « Au contraire, j’aime beaucoup en lire. Surtout lorsque ces récits nous concernent tous les deux. » souffla-t-elle. Ma mâchoire se contracta. « Ce n’est pas convenable, Mirabelle. » « Ce n’est pas convenable, Mirabelle. » répéta-t-elle en m’imitant pour mieux se moquer. « Ce qui n’est pas convenable, c’est de me repousser alors que vous savez très bien que je désire me marier avec vous. Avant, j’aurais pu comprendre car vous aviez votre Ange. Mais maintenant… Comptez-vous vous marier avec une chimère ? » « Ma relation avec Laëth ne vous regarde pas. » dis-je, sèchement. « Bien sûr qu’elle me regarde. »

Je la fis soudainement tourner, afin de l’éloigner de moi au maximum, tout en sachant qu’il me faudrait la réceptionner de nouveau ensuite. Je la ramenai à moi et parlai, avant qu’elle n’ouvrît la bouche. « Vous ne pensez qu’au mariage là où je pense à la situation mondiale, aux problèmes liés au ciel et à ces étranges objets flottants… » Elle sourit. « Certes, et je suis au courant, mais ces étranges objets flottants, comme vous le dites, ne m’importent pas. D’autres que moi sont bien plus aptes à régler ce genre de problèmes. » Elle se tut quelques secondes. « Vous n’avez jamais songé à vous reposer un peu ? À laisser quelqu’un s’occuper de vous ? » « Je ne suis pas un enfant. » « Il ne s’agit pas de ça. Il s’agit de se détendre, de pouvoir compter sur la présence d’un être cher qui n’aurait en tête que votre bien-être et votre futur. » Je ne répondis pas. Elle enchaîna, en caressant mon bras avec sa main, l’air de rien, un geste qui ne passa pas inaperçu aux yeux de ceux qui ne cessaient de nous observer. « Je suppose que vous n’allez pas vous contenter de rester sagement Architecte de Lys. » J’ignorais de quoi elle avait bien pu parler avec Ârès. J’ignorais ce qu’elle savait ou non. Cette femme me posait de réelles difficultés. « Vous vous trompez. » soufflai-je. « Je ne crois pas. » « Quand bien même, je ne vois pas où est-ce que vous voulez en venir. » « C’est simple, pourtant. Vous avez besoin d’un foyer stable, de quelqu’un qui sera là pour vous accueillir le soir quand vous rentrerez épuisé. » « Et laissez-moi deviner : vous vous proposez pour jouer ce rôle ? » « Exactement. Je n’ai pas d’ambition pour moi-même. Être votre femme me suffirait. » « Et si je préfère une femme qui a de l’ambition pour elle-même avant d’en avoir pour moi ? » Elle sourit. « Il y a des modes de vie incompatibles et vous le savez très bien. Lorsque l’on est Roi, on ne peut pas se permettre d’avoir une femme assez folle pour se jeter dans la gueule de l’ennemi ou pour mettre à mal ses projets par un comportement aussi passionnel que stupide. » Je serrai les dents. « Faites attention à ce que vous dîtes sur Laëth... » Elle haussa les sourcils. « Mais je n’ai jamais parlé d’elle. » articula-t-elle, victorieuse.

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Kaahl Paiberym
Sam 24 Sep 2022, 19:22



N'en prenez pas ombrage



« C’est vrai ce qu’on dit ? Que votre père a rompu avec sa fiancée ? » Je tournai les yeux vers le concerné. Il dansait avec la Marquise Mirabelle Vaughan, la fille de la Duchesse du même nom, l’Iten. « Je ne sais pas si c’est lui qui a rompu ou elle qui est partie, à vrai dire… » dis-je, avant tout parce que je me remettais difficilement du savon qu’il m’avait passé à la suite de la venue d’Eméliana. Je ne l’avais jamais vu autant en colère contre moi. À un moment, j’avais même cru qu’il allait me frapper mais il s’était contenté de m’expédier magiquement dans ma chambre et de sceller la pièce, en me promettant que j’allais avoir le droit à des séances éducatives sur le consentement, sur l’art de recevoir et sur d’autres thèmes que je n’avais pas retenus. Au moins, il m’avait soigné. « C’est dommage qu’il soit seul… même si j’imagine qu’il ne va pas le rester longtemps… » Il y avait un ton agaçant dans sa voix. J’eus l’impression qu’elle s’imaginait à son bras, alors même qu’elle devait avoir mon âge. Je soufflai par le nez. « Je pense que la femme qui pourra remplacer Laëth n’est pas encore née. Personne ici ne lui arrive à la cheville. » articulai-je, un peu mesquin. Son attention se focalisa de nouveau sur moi. « Ah oui ? » « Oui. En plus d’être belle, elle sait ce qu’elle veut. Elle ne se cache pas derrière des faux-semblants et des principes de bienséance complètement démodés. » Je la regardai. « Elle voulait mon père, elle l’a pris, sans se soucier du qu’en dira-t-on. » Je mentais et le faisais à dessein. Shür m’avait raconté que les femmes détestaient être comparées entre elles, qu’il suffisait de vanter les mérites d’une autre pour gagner le cœur de son interlocutrice une fois sur deux. L’autre fois, celle-ci préférait s’en aller. Néanmoins, je n’avais rien à perdre et Eméliana m’avait laissé un goût amer dans la bouche. J’aurais aimé que nous pussions parler. J’aurais aimé que les choses se déroulassent différemment. Depuis, je n’arrêtais pas de penser à elle. Et dès que je pensais à elle, je me touchais le ventre en grimaçant sur la marque invisible qu'elle avait laissée.

« Qu’est-ce que vous vous êtes fait ? Vous avez mal ? » « Non ce n’est rien… » commençai-je. « C’est un dragon vert d’Aeden qui m’a planté sa griffe dans le ventre. J’ai été soigné depuis mais, parfois, un peu comme un poison qui agirait à retardement, je ressens une douleur à cet endroit-là… » « Un dragon ? Vous avez dû avoir peur… » « Je ne l’ai pas vu venir à vrai dire… la griffe, je veux dire. Le dragon, je savais qu’il était là… » Je lui souris. « Je vois des dragons tous les jours alors… Mais j’avais baissé ma garde avec celui-là. Je le croyais inoffensif malgré son regard un peu hautain… Je dois avouer qu’il m’a bien eu. » Eméliana m’avait bien eu. Avec son corps frêle, j’avais pensé qu’elle manquait de ressources. J’avais été idiot. J’avais été idiot et je m’en voulais à présent. J’avais envie de la retrouver et de m’excuser. J’avais envie de la serrer dans mes bras et de la convaincre de recommencer ce que nous avions abandonné. Pourtant, je savais aussi qu’elle était trop orgueilleuse. Et puis, il y avait ce fameux fiancé. « Vous me montreriez ? Votre blessure ? » « Il n’y a vraiment plus rien. » lui dis-je. « Ce n’est pas grave. J’aimerais voir quand même. » « Ah ? » Elle me sourit. Ses yeux avouaient ses intentions pour elle. Mes lèvres s'étirèrent en un sourire en coin entendu. Elle se justifia néanmoins. « Ce que vous avez dit sur cette Ange, je trouve que c’est inspirant. On ne devrait pas avoir à attendre, lorsqu’on veut quelque chose. » Elle envoya une œillade à mon père et à la Marquise. « Elle n’a pas l’air de vouloir attendre non plus, si vous voulez mon avis. » Je les regardai à mon tour. « C’est vrai… » murmurai-je. Mais, à ma différence, mon père était un homme sérieux, bien trop raisonnable pour se laisser aller avec la première femme venue. Ou alors… Ou alors il cachait bien son jeu. Quoi qu’il en fût, même si j’avais un peu modifié l’histoire entre Laëth et lui, en avançant qu’elle l’avait voulu et qu’elle l’avait pris, j’étais certain d’une chose : il n’allait pas la remplacer de sitôt. Il passait ses journées le nez dans des papiers et des livres, à étudier je ne savais quoi, et à faire à manger sans daigner se nourrir correctement. Je l’entendais jouer du piano la nuit et, parfois, lorsque je me levais pour aller grignoter ou boire, je voyais les lueurs bleues de sa silhouette entourée de magie se déplacer dans le château. La journée, il semblait anormalement normal, hormis cette récente perte d’appétit. La nuit, il ne dormait pas et errait dans les couloirs. Je ne savais pas quoi en penser et cette rupture rendait mon rapport à Laëth d’autant plus complexe. Avant, je pouvais fantasmer sans que le fantasme ne pût devenir réalité. Maintenant… je pouvais envisager de faire plus que fantasmer, mais elle me restait toujours inaccessible à cause de lui. Je me voyais mal la séduire alors même qu’ils venaient de rompre. Peut-être d’ici quelques années, lorsqu’il aurait refait sa vie… s’il la refaisait.

Alors que je réfléchissais, l’Iten traversa la piste afin de parler au couple. Je les observai et, après seulement quelques secondes d’échanges, Mirabelle me rejoignit. « Bonsoir Lucius. Je suis la Marquise Mirabelle Vaughan. J’espère que je ne vous dérange pas. » « Non, nous allions juste faire une promenade. » dis-je. Cette femme était belle. « Oh je vois ! Je ne vais pas vous embêter davantage. Je voulais juste vous dire que votre père va être retenu pour la soirée. Je ne doute pas que vous puissiez rentrer seul mais… je préférerais vous faire raccompagner quand vous voudrez partir. » « Retenu ? » « Oui, le devoir. Je ne peux vous en dire plus. J’espère que vous comprenez. » « Oui, merci. » Elle me sourit, avec une chaleur étrange venant d’une inconnue. Dans son regard, il y avait quelque chose de maternel, ce qui me fit un drôle d’effet. Je n'avais jamais eu de figure maternelle. Pas comme ça. Je me mis à douter. Laëth avait-elle rompu parce qu’il la trompait avec Mirabelle ? L'idée ne me semblait plus si folle, à la voir de près. « Je viendrai vous le dire lorsque je voudrai m'en aller. » dis-je, dans un sourire à moitié conquis. Elle semblait gentille. « Vous venez ? » demandai-je finalement, en tournant la tête vers ma cavalière. « Oui. » Bien sûr, nous n’allions pas nous promener et je n’allais pas faire que lui montrer une blessure inexistante.

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Kaahl Paiberym
Sam 24 Sep 2022, 21:46



N'en prenez pas ombrage



« Ce n’était qu’hypothétique. » Je soupirai. Ce n’était pas hypothétique. Outre ce commentaire, il y avait quelque chose chez elle qui me troublait. Je m’approchai davantage. « Lorsque vous dîtes que vous n’avez pas d’ambition pour vous et qu’être ma femme vous suffirait… » murmurai-je, tout en réfléchissant aux tournures qu’elle avait employées. « Vous… avez en tête mon futur. » « Oui. » « Quel futur ? » Elle me sourit et approcha ses lèvres de mon oreille. « Je peux faire de vous le Roi que vous voulez être. » Je fronçai les sourcils. « Comment ? » « Ne vous occupez pas de comment. » Mes doigts se resserrèrent sur elle davantage. « Mirabelle… ce n’est pas un jeu… » « Vous êtes très proche Baron… » objecta-t-elle. « Les invités vont commencer à jaser. » « Ils jasent déjà. » répliquai-je, implacable. « Mirabelle… Qu’avez-vous fait ? » « Absolument rien. » Mes lèvres se pincèrent et je l’avançai plus encore vers moi. « Dîtes le moi, avant d’avoir des ennuis. » « Non. Ce que je fais, je le fais pour vous. Surtout que… » Elle me fixa. « Surtout qu’il commence à s’impatienter. » Ârès. « Plus vite vous serez Roi, plus vite vous pourrez vous en débarrasser. » « Ce n’est pas ainsi que ça marche. Ne vous approchez pas de lui. Il est dangereux. » « Mais il reste vous. » souffla-t-elle. « Il reste vous. » répéta-t-elle, comme si sa grossesse était une preuve suffisante de ce qu’il existait entre nous, sans exister vraiment. « Il n’est pas moi. » dis-je. Elle inspira et revint au sujet principal. « Kaahl, vous savez que je ne vous trahirai pas. La Reine actuelle ne fait rien pour nous. Elle reste enfermée dans son palais et les Archimages sont obligés de prendre les décisions seuls. Je ne vous dis pas ça parce que je vous aime. Je vous dis ça parce que je crois vraiment que vous pourriez la remplacer. Je veux construire votre grandeur avec vous. Contrairement à elle, je resterai à vos côtés, je ne vous ralentirai pas, je ne vous inquiéterai pas… » « Ce n’est pas une question de ça… » Qu’avait-elle fait ? Lorsque je vis Juvénilda Vaughan fendre la foule de danseurs, quelque chose me dit que je n’allais pas tarder à le savoir.

« Duchesse Vaughan. » la saluai-je, après m’être écarté de Mirabelle. « Baron Paiberym. Avez-vous quelques minutes ? J’aimerais m’entretenir avec vous d’un sujet… épineux. » Cette femme avait la charge de l’éducation. Tout en elle était strict, si bien qu’il semblait improbable que Mirabelle fût sa fille. Mirabelle me regarda. « J’ai dit à ma mère que vous seriez probablement là ce soir. » avoua-t-elle. « Oui, c’est exact. Je vous en prie, suivez-moi. » Le ton était tranchant, net. Elle ne devait pas souvent recevoir de réponses négatives. « Très bien. Simplement, j’aimerais prévenir mon fils de ce contre-temps… » « Je vais m’en occuper. » intervint Mirabelle. Je ne le souhaitais pas mais pouvais difficilement objecter quoi que ce fût devant l’Iten. « Très bien. Merci. » Je regardai la mère. « Je vous suis. »

Lorsque nous fûmes seuls, elle me fit asseoir. Elle posa ses mains sur la table. Je l’imitai. « Ma fille ne cesse de me parler de vous, vous savez. » Je restai silencieux. J’avais des impressions de déjà-vu. Je me revoyais boire le thé en compagnie d’Eméliana, en lui conseillant de ne pas jouer avec Lucius. « Je vous assure ne rien faire pour. » Elle ne sourit pas et se contenta d’en venir au sujet principal. « Si je vous ai fait venir c'est parce que l’Archimage Ashiril a disparu. » « Pardon ? » Je l’ignorais. Personne ne m’en avait informé. « La dernière fois qu’elle a été vue sur le sol magicien, c’était en votre compagnie. Nous savons qu’elle était présente au procès de l’Aile d’Acier. Néanmoins, elle n’est jamais rentrée. » « C’est impossible… » Cyrius me l’aurait dit, s’il avait prévu de l’éliminer. Mes espions m’en auraient informé également. Elle ne fit pas état de mon étonnement. « Vous comprenez que la situation est particulièrement délicate. » Je ne l'interrompis pas. « Si un Archimage s’en charge ou si les Mages Noirs ont vent qu’un ordre a été donné les concernant, nous risquons de connaître une instabilité qui ne serait pas la bienvenue, surtout en ces temps troublés. » « Hum. » fis-je, en réfléchissant à Mirabelle. Elle ne pouvait pas être derrière tout ceci. C’était bien trop dangereux. Faire disparaître une Chancelière ? Impossible. Elle avait dû simplement parler de moi à sa mère, lui glisser mon nom au détour d’une conversation. « En temps normal, nous envoyons l’Archimage Ashiril pour effectuer ce genre de missions périlleuses, puisqu’elle a toujours une raison de se rendre en territoire sorcier. Néanmoins, la situation rend cette stratégie impossible. Les espions sorciers sont excellents et il serait risqué d’envoyer nos propres espions à Amestris pour enquêter. » « Donc… vous souhaitez que j’y aille ? » « Vous avez fait partie de l’armée, vous descendez d’une lignée de Sorciers et, surtout, personne ne sera étonné de vous voir à Nementa Corum avec ce qu’il s’est passé avec Laëth Belegad. » « C’est une mission particulièrement dangereuse… » « Nous ne vous demandons pas de la retrouver, mais simplement de rechercher des indices permettant de penser que les Sorciers ont pu lui faire du mal. Vos frères sont proches du pouvoir, ils pourraient avoir des informations. De plus… » Elle mesura ses mots. « … d’après mes informations, vous êtes proche de l’actuel Empereur Noir. » « Uniquement par la musique. » « La musique semble être toute sa vie. Invitez-le à jouer et interrogez-le discrètement. » C’était de la folie. « Cyrius Windsor ne me dira rien… » « Il semble assez instable pour que des informations lui échappent. » « Avec tout mon respect, je pense que vous le sous-estimez. On ne devient pas Grand Chaos en étant instable. Paraître instable et l’être sont deux choses différentes. » « Vous refusez la mission ? » « Non. Simplement, j’aimerais la mener comme je l’entends et, surtout, sans être moi-même suivi. Parce que je connais vos discours, ceux qui garantissent qu’il est trop dangereux d’envoyer des espions en territoire sorcier. Ne me prenez pas pour un idiot. Je sais parfaitement que des espions magiciens parfaitement formés se trouvent actuellement chez les Sorciers. » fis-je, en la regardant dans les yeux. Contrairement à ses étudiants, elle ne m’inspirait aucune peur. J’aurais pu la tuer. Je l’avais déjà envisagé, par le passé. « Toujours est-il que je doute que les Sorciers aient pu faire quoi que ce soit à l’Archimage Ashiril. » « Vous semblez bien renseigné. » « J’étudie la diplomatie depuis des mois déjà. Mais qu’importe. Les deux peuples se sont trop rapprochés. Il me semblerait idiot de la part des Sorciers d’éliminer une Chancelière magicienne alors même qu’ils sont les premiers à chercher le rapprochement de nos deux peuples. » « Le changement de Roi a peut-être entrainé un changement de politique. » « Non, ça m’étonnerait. Cyrius Windsor suit la ligne d’Elias Salvatore. »

Le silence s’installa. J’avançai mes mains sur la table et croisai mes doigts. « J’irai seul mais si j’ai besoin de renforts, j’entends pouvoir faire appel à vous sans délai. » J’étais si autoritaire qu’elle en fut étonnée. « Oh et… encore une chose… Je ne compte pas agir sous couvert d’un quelconque motif propice à ma venue. Je serai franc avec les Sorciers. J’estime que si nous voulons sauvegarder de bons rapports, nous nous devons d’être francs avec eux, quand bien même ils ne le seraient pas tout à fait avec nous. C’est à prendre ou à laisser. » Elle soupira mais signa l’ordre de mission. Elle me le tendit. « Je ne vois pas ce que ma fille vous trouve. » Je signai à mon tour. « Moi non plus. » Nous nous regardâmes. « Si vous pouviez éviter de lui donner de faux espoirs… » « Ce n’est pas ce que je fais. » « Mais vous êtes intervenu la dernière fois, lorsque j’ai organisé le tournoi. » « Elle ne voulait pas se marier. » « Et maintenant elle veut se marier avec vous. » « J’en suis navré. » « Et il y a cet enfant. » « Je ne suis pas le père. » « Certes, mais je pense que vous devez porter la responsabilité de sa conception. C’est parce qu’elle a pris ce… monstre pour vous qu’elle est tombée enceinte. » Je fronçai les sourcils et me levai. « Chancelière Iten, je pense qu’il vaut mieux que cette conversation s’arrête ici, avant que je prenne vos paroles pour des insultes alors qu’il est évident que si vous aviez mieux éduquer votre fille, elle n’aurait jamais accepté de s’adonner au coït avant le mariage, surtout pas avec un Sorcier. » Son visage était à présent fait de pourpre. « J’accepte donc la mission mais je me passerai de vos commentaires concernant ma façon de gérer ma vie. Et quand bien même je décidais de reconnaître cet enfant, ce ne serait pas parce que vous l’exigez de moi. » Je me tus et repris, avec colère. « Je trouve cela déplorable que vous, en tant que Chancelière, n’ayez pas pu protéger votre fille de ce monstre, comme vous l’appelez. Et sachez que lorsque je vois que vous n’êtes pas capable de protéger le fruit de vos entrailles, je me questionne réellement sur la capacité du gouvernement à protéger les Magiciens. » J’y allais fort, je le savais. Je savais aussi pourquoi. Parce que depuis que j’avais rompu avec Laëth, j’étais resté silencieux. J’étais resté calme, en refoulant mes émotions, en attendant que les choses passassent seules. Mais rien ne passait et j’en avais marre de respecter des femmes et des hommes qui ne connaissaient rien de plus que leur petit nombril désaxé. « Veuillez m’excuser. » lui assénai-je, d’un ton froid qui ne réclamait aucune réponse, avant de sortir avec le papier. Contrairement à ce que Mirabelle avait dit à Lucius, ma soirée entière ne serait pas prise. Néanmoins, il me fallait absolument calmer mes nerfs. L'avantage c'est que l'Iten ne risquait plus de courber l'échine face aux caprices de Mirabelle quant à nos épousailles.

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