Min Shào ~ Orine ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 269 ◈ YinYanisé(e) le : 25/03/2022◈ Âme(s) Soeur(s) : Elle m'attend quelque part.
Dim 27 Nov 2022, 15:25
Les Portes - Chapitre V
Rôle:
Natanaël est le fils d'Ernelle d'Ukok et d'un père inconnu. Il forme, avec ses cinq comparses, un groupe particulièrement soudé depuis leur enfance. Natanaël se sent chanceux dans la vie. Il a réussi à être fiancé à Yvonelle D'Etamot, qu'il trouve au demeurant fort sympathique et, en plus, il se tape sa copine, Rosette D'Exuru. Il plaint régulièrement les deux autres garçons du groupe mais adore l'idée qu'il ne leur ait rien laissé et qu'il puisse continuer sa petite liaison dans le dos de tous. Il n'a absolument pas idée du fait que sa fiancée couche régulièrement avec Elzibert (et étant donné qu'ils sont frère et sœur, ça ne lui vient même pas à l'esprit) et que Rosette est bien plus bavarde qu'elle n'y paraît au sujet de ses exploits sexuels. Plus tard, il veut travailler dans la marine. Il adore l'océan.
Natanaël fut alerté par un bruit de choc contre un mur. Il se tourna vers une porte, qui s'ouvrit soudain en laissant apparaître le visage de Déodatus. Avant que le blond puisse dire quoi que ce soit, il le tira à l'intérieur de la pièce et referma derrière lui. Il fut estomaqué en constatant l'état de panique extrême dans lequel Déodatus était plongé. Il voulut lui demander de lui raconter sa version des faits, n'étant toujours pas au courant de ce qui causait une telle agitation. Mais son ami d'enfance ne semblait pas en état d'aligner trois mots qui fassent sens. « Oui... oui, je te crois, bien entendu, frérot ! » Affirma Natanaël d'une voix tremblante, secoué par la détresse de son ami.
« Tout va s'arranger... » Arranger quoi ? Comment ? Il l'ignorait, mais il n'y avait rien d'autre à dire. Natanaël posa une main rassurante sur l'épaule de Déodatus. A la fois pour le rassurer et le tenir à distance. Qu'avait-il fait avec Zébella pour se mettre dans de tels draps ? Zébella, en plus... elle n'avait de femme que le nom. Il aurait dû lui dire combien de rumeurs circulaient sur ses comportements de paysanne sans vertu. Comment elle avait flatulé par tous les trous pendant des jours après avoir englouti des kilos d'abricots secs. Comment il fallait s'en tenir éloigné, en tant qu'homme, si l'on tenait à sa virilité. Mais c'était trop tard et désormais, le mal était fait. Déo s'était acoquiné de la mauvaise graine. Son goût en matière de femmes n'avait pas mûri avec l'âge, c'était certain. « Viens, je vais te ramener chez toi. Ma soirée est autant un désastre que la tienne. » Il ignorait à quel point il était dans le vrai. A l'exception près que leurs rôles avaient été inversés.
Déodatus commença à répondre, mais la fin de sa phrase resta à jamais en suspens. La porte s'ouvrit dans un fracas. En reconnaissant le visage de Merlin, et en décelant la colère froide dans son regard, Natanaël se pétrifia. Il eut un mouvement de recul quand le Prince entra dans la pièce, près à balbutier des excuses. Mais Merlin ne se dirigea pas vers lui : sa cible était Déodatus. Le blond se laissa empoigner par ses servants, sans comprendre. Quand une lueur éclata dans sa main, seulement, il fut parcouru d'un électrochoc en saisissant l'urgence de la situation. « Déo ! Non !!! » Cria-t-il, en essayant de se jeter sur Merlin. La force de Natanaël prit un servant par surprise, et il faillit se défaire de son emprise. Mais au même moment, il perdit l'équilibre et chuta sur l'autre domestique. Il se débattit pour se relever en continuant à crier, quand les derniers mots de Déodatus parvinrent à ses oreilles.
Natanaël se tourna vers lui. Son ami ne le regardait pas. Ses yeux étaient relevés vers Merlin. La terreur qui perçait dans ses prunelles lui glaçait le sang. Il ne voulait pas que ça se passe comme ça. C'était impossible. Déodatus ne pouvait pas mourir. Pas maintenant. Pas ici. Son cerveau refusait d'accepter la réalité : le blond s'était pétrifié une nouvelle fois, plus aucun son ne sortant de sa bouche. Il voulait fermer les yeux. S'épargner la violence. Mais il ne pouvait pas. Son corps refusait de lui obéir. Soudain, une lame émergea du ventre de Déodatus. Une tâche de sang apparut et coula le long des vêtements de son ami. Et une seconde plus tard, ce dernier s'effondrait au sol.
« Déo... » chuchota le blond. Ses forces l'abandonnèrent et il s'effondra au sol, lui aussi, quand les servants relâchèrent leur prise sur lui. Des gardes avaient accouru. Natanaël rampa vers Déodatus. Ses yeux étaient plantés dans son regard sans vie, comme s'ils cherchaient quelque chose au fond de ses prunelles. Mais le blond ne trouva rien. La réalité s'imposait à lui, froide et cruelle. « Lève-toi... » Natanaël le secoua. Il n'avait pas remarqué la flaque de sang qui s'étendait sous ses jambes, ni l'odeur métallique qui émanait du liquide. « Lève-toi, bon sang ! » Sa vision devint floue alors qu'il continuait à secouer le corps de Déodatus. Des larmes coulaient sans qu'il ne s'en aperçoive. A chaque secousse, son chagrin redoublait. Ce n'était pas possible. Il le refusait.
« Ecartez-vous, s'il vous plaît. » Quelqu'un tenta de l'éloigner de la victime, mais Natanaël refusa. Il pris son visage entre ses mains et le porta vers lui, dans une ultime tentative de le réveiller. « Emmenez-le dans la chambre d'à côté. » Des gardes le saisirent par les épaules, d'un geste plus ferme, cette fois. Quand ses mains se détachèrent du visage de Déodatus, il retomba lourdement au sol, le nez contre la flaque de sang. Et seulement à ce moment-là, Natanaël remarqua le rouge qui avait envahi son champ de vision. Il était partout : sur les murs, au sol et sur ses mains. Le blond sécha ses larmes d'un geste, le liquide se mélangeant avec le sang qu'il avait répandu sur ses vêtements en se ruant sur son ami.
En voyant ses mains sanglantes, le blond eut un cri d'effroi et son estomac fut pris d'une violente secousse. La sombre réalité le frappa alors. Déodatus était bel et bien mort. « On aura besoin de son témoignage. Mais avant, ramenez sa mère ici. C'est Ernelle d'Ukok », entendit-il. Les murs tournaient autour de Natanaël. Il cessa de marcher et fut trainé par les gardes dans la pièce d'en face. Ses forces l'abandonnèrent encore une fois. Il ne voulait pas y croire. Il devait y avoir une erreur. C'était un cauchemar. Le plafond devint flou et les bruits s'évanouirent dans un écho lointain. Natanaël perdit connaissance.
Rappel sur les rubans : - Montarville & Madeline (ruban jaune à pois roses) - Gustave & Clémentine (ruban rose à étoiles vertes) - Déodatus & Eléontine (ruban bleu à rayures vertes) - Ludoric & Adolestine (ruban orange à losanges bleus) - Clémentin & Rosette (ruban vert à fleurs rose) - Ezidor & Placide (ruban marron à pois noirs) - Hermilius & Zébella (ruban violet à cœurs bleus) - Elzibert & Coline (ruban rouge à papillons noirs) - Merlin & Garance (ruban noir à potimarron orange) - Natanaël & Yvonelle (ruban gris à rayures noires) - Childéric & Adénaïs (ruban blanc à rayures dorées) - Lambert, Ernelle et Lénora (ruban bleu à rayures dorées) - Judas & Irène (ruban doré à rayure rouge)
Longueur des messages ? - 720 mots minimum.
Objectif secret : N'hésitez pas à mettre tout en œuvre pour le réaliser ^o^
Secret : Pareil, n'hésitez pas à vous en servir lâchement 8D
Voilà !
Si vous avez des questions, n'hésitez pas ! Amusez-vous bien
Participants
La liste des participants est >> ICI << avec les rôles associés.
- Babelda (Montarville) : XI - Hélène (Garance) : XII - Kiara (Coline) : XII - Kyra (Adolestine) : XII - Ikar (Placide) : XII - Faust (Gustave) : XII - Lucillia (Eléontine) : XII - Laen (Hermilius) : XII - Dastan (Ludoric) : XII - Latone (Madeline) : XI - Adriaen (Lambert) : XII - Yngvild (Rosette) : XII - Chelae (Clémentine) : XII - Léto (Ernelle) : IX - Tekoa (Childéric) : IX - Min (Natanaël) : IX - Eibhlin (Adénaïs) : XII - Lucius (Elzibert) : XII - Stanislav (Déodatus) : IX - Lana (Yvonnelle) : XII - Thessalia (Irène) : IV - Chuan (Lénora) : IX - Dorian (Ezidor) : X - Gyzyl (Judas) : VI - Wao (Merlin) : IX - Susannah (Zébella) : XII - Erasme (Clémentin) : XII
Deadline Tour n°12
Dimanche 11 décembre à 18H
Gain Tour n°12
- 1 point de spécialité au choix ET - Pluie de sang : Permet de changer l'eau de la pluie en sang.
Lana Kælaria ~ Sirène ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 120 ◈ YinYanisé(e) le : 20/01/2021◈ Activité : En études
Yvonelle est la fille d'Adénaïs d'Etamot et d'un homme dont elle ne se souvient pas. Elle est la sœur de Déodatus d'Etamot et d'Elzibert d'Etamot. Néanmoins, par un fâcheux hasard, Yvonelle a surpris une conversation entre sa mère, Adénaïs, et Gustave De Tuorp, la première avouant au deuxième sa paternité concernant Elzibert (celui-ci l'a tout de suite refusée, d'ailleurs). Yvonelle qui, depuis le début de son adolescence, avait un faible pour son frère Elzibert, décida d'aller voir celui-ci afin de tout lui avouer. Depuis, ils couchent ensemble, malgré ses fiançailles avec Natanaël D'Ukok. Yvonelle sait, néanmoins, que son fiancé la trompe avec Rosette d'Exuru. Natanaël, lui, ignore tout des connaissances et des pratiques de sa fiancée. Quoi qu'il en soit, ils forment tous avec Déodatus d'Etamot, un groupe de cinq amis particulièrement soudés. Yvonelle compose de la musique.
Docile, Yvonelle s’arrêta. « Où vas-tu ? » Elle n’eut pas besoin de la réponse ; il lui suffit de tourner la tête et de discerner le faciès de Gustave de Tuorp pour comprendre. « Elzibert, att- » Trop tard. Déjà, il était parti. La blanche fronça les sourcils. Pourquoi se jetait-il bêtement sur son géniteur ? Ils avaient convenu d’attendre. Ils venaient de le décider. Elle jeta un coup d’œil vers les silhouettes de Placide, de Ludoric et du garde, qui s’enfonçaient inexorablement dans la masse des danseurs. Ils allaient les perdre. Elle tourna la tête vers son demi-frère. Comment pouvait-il l’ignorer ? S’en moquait-il ? Il était en train de manquer une occasion en or : celle de pouvoir affirmer avec certitude à la figure de Gustave que son fils et le prince entretenaient une liaison. Il aurait pu s’en servir pour le menacer, pour le forcer à reconnaître sa paternité. Devait-elle les suivre et ramasser les informations à sa place ? Rester là, à attendre bêtement en regardant Elzibert hausser le ton sur son père ? Les rejoindre ? Il lui faisait honte. Agacée, elle entreprit toutefois de se rapprocher du trio. Avant qu’elle eût pu s’arrêter près d’eux, le brun fit volte-face et la rejoignit en grandes enjambées. Sans perdre de temps, elle l’attrapa par le bras et l’entraîna vers la salle de bal. Il fallait qu’ils s’éloignassent avant que le de Tuorp n’eût l’idée de riposter aux attaques du brun. « Je peux savoir ce que tu croyais faire ? Agresser ton potentiel père t’a semblé être la technique la plus judicieuse pour parvenir à tes fins ? » Ses yeux rivés sur son visage, elle plissa les paupières. « Nous avions convenu d’attendre. On a intérêt à se dépêcher pour les rattraper. » L’énervement perçait nettement dans sa voix mélodique ; pourtant, il n’eut guère le temps de s’étendre plus loin. Comme elle le craignait, Gustave les arrêta. Bouillonnante, Yvonelle pivota vers lui et le salua d’un signe de tête. « Bonsoir, messire de Tuorp. » Les lèvres pincées, elle ne put retenir un pli amer de déformer sa bouche. « Faites vite, je vous prie. Nous devons rapidement rejoindre notre mère. » C’était un mensonge, mais peu importait. Il leur resterait peut-être une chance de saisir un ersatz de conversation entre Ludoric et Placide, un fragment de preuve, rien qu’un petit élément… Elle inspira, fébrile. Elle aurait fait n’importe quoi, pour lui. N’importe quoi pour que Gustave le reconnût. Même planter un couteau dans le dos de ce jeune garçon venu la consoler lorsqu’elle pleurait, seule sur ce banc.
Après une nouvelle inspiration, Yvonelle se tourna vers Clémentine d’Ukok, que Gustave avait abandonnée à ses côtés. Reconnue pour sa beauté, elle déchaînait les fantasmes de plusieurs hommes ; pourtant, elle semblait ne rien en remarquer, comme si leurs regards coulaient sur son ingénuité telle la brise sur un désert. Elle la connaissait bien, puisqu’il s’agissait de la tante de Natanaël. « Dame d’Ukok, je suis navrée que mon frère vous ait privée de la compagnie de messire de Tuorp. Que diriez-vous de retourner à l’intérieur ? Pour ma part, j’en fais une nécessité : l’air commence à se rafraîchir et je ne voudrais pas attraper un coup de froid. » Sans véritablement attendre son assentiment, elle lui prit le bras et s’avança doucement vers l’intérieur de la salle. « Savez-vous où je pourrais trouver votre neveu ? Je l’ai quitté un peu plus tôt, mais- » Quelque chose brisa sa phrase et sa détermination ; un grand cri du cœur ricochant entre les haies. « Maman ? » Elle aurait reconnu cette voix entre mille. La cassure de désespoir qui y résonnait jeta sur son palpitant une foule d’inquiétudes. « Pardonnez-moi. » dit-elle précipitamment à Clémentine. Sans se préoccuper de savoir si elle la suivait ou non, Yvonelle se fraya un passage entre les alignements de parterres. « Maman ? » appela-t-elle régulièrement, jusqu’à enfin tomber sur la silhouette meurtrie de sa mère. Un homme soutenait son corps abandonné par la force. C’était Hermilius de Tuorp. « Maman ? Qu’est-ce qu’il se passe ? » Yvonelle s’approcha, la gorge nouée. Elle entendait ses sanglots ; mais quand elle vit ses larmes, ce fut pire. Elle l’avait déjà vue pleurer, bien sûr, mais à chaque fois qu’elle remarquait ses yeux rougis ou ses joues striées de sillons salés, elle était brutalement renvoyée à cette première fois où, toute fillette qu’elle était, elle avait surpris Adénaïs en proie à la tristesse la plus profonde. Son cœur se tordit violemment. « Que s’est-il passé ?! » demanda-t-elle au brun, de la panique dans sa voix, tandis que ses mains se posaient sur les épaules de sa mère.
Message XIII – 787 mots
Note pour Clémentine : ton perso peut parfaitement avoir suivi Yvo, y'a aucun souci
Dernière édition par Lana Kælaria le Lun 05 Déc 2022, 15:00, édité 1 fois
Chelae Arcesi ~ Alfar ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 637 ◈ YinYanisé(e) le : 14/02/2016◈ Âme(s) Soeur(s) : Getting married
Jeu 01 Déc 2022, 23:22
Chelae
Le Conte
Son attention allait silencieusement de Gustave à Elzibert. Clémentine était interdite. Le duo s'était figé, comme pétrifié face aux accusations du plus jeune. Les insinuations de celui-ci la choquaient profondément, et par l'ordre des choses, elles instillaient le doute dans son esprit. S'il disait vrai et que Gustave avait réellement désiré l'éloigner de la peuplade pour profiter d'elle ? Cela lui faisait froid dans le dos et instinctivement, son esprit le rapprochait du danger que représentait Hermilius. Son cœur se serra. Elle le sentit se durcir, se renfrogner, s'effriter un peu. Il ressemblait à une boule de papier froissé et sa fibre se gorgea doucement, mais sûrement, d'ingratitude et d'amertume. Pourquoi cette soirée s'obstinait-elle à s'enfoncer encore ? C'était un peu comme des sables mouvants. Le fait qu'Elzibert d'Etamot affirme haut et fort que le De Tuorp était son père ne l'étonna pas suffisamment pour la sortir du sombre état vers lequel elle dérivait de plus en plus. Elle se rendit compte que c’était ironiquement dans l’ordre des choses. Le regard de Clémentine s'était assombri et ses sourcils s'étaient légèrement froncés. Lorsque le jeune homme prit congé, la d'Ukok ne bougea pas.
-Ce n'est rien.
Elle essaya de cacher sa contrariété derrière un bref sourire. Cela n'aurait pas été grand-chose si elle n'avait pas été au cœur de deux incidents juste avant. Il n'y avait pas de doute sur le fait qu'autrement, elle aurait su se montrer aussi résiliente qu'un végétal et que, malgré la blessure, elle aurait continué de pousser ailleurs. Ici, c'était la quatrième fois que l'on coupait brutalement ses branches et qu'elle ne pouvait déployer ses feuilles, à la recherche d'oxygène et de lumière, la quatrième fois que l'on empoisonnait son terreau. Chaque interruption lui demandait de puiser un peu plus dans ses réserves, dans ses racines et dans la terre, qui s'appauvrissait à vue d'œil. Clémentine baissa les yeux. La déclaration de Gustave la mettait profondément mal à l'aise. Bien qu'il assurât qu'il n'aurait en aucun cas tenté d'abuser d'elle, il n'assurait pas qu’il n’aurait rien tenté pour la séduire. Elle savait qu'elle aurait dû se méfier davantage compte-tenu de sa réputation, mais naïvement, elle avait choisi de lui donner le bénéfice du doute. Les drôles d'histoires, surtout les mauvaises, n'arrivaient-elles pas qu'aux autres ? Pourtant, toute cette soirée semblait lui indiquer l'inverse. La femme fut incapable d'adresser une formulation de plus à son cavalier, se contentant d'opiner du chef. Elle s'en voulait de se comporter ainsi, elle lui en voulait aussi. Elle en voulait, enfin, à Elzibert d'Etamot. Elle en voulait à l'univers d'avoir confectionné les choses ainsi, en cet instant. Serrant les dents, elle suivit Gustave jusqu'à ce qu'ils rattrapent les adolescents. Des salutations courtoises, mais discrètes à l'attention d'Yvonelle, et elle se détacha enfin du séducteur.
-Ne vous inquiétez pas. Après avoir assisté à ce dont ils ont parlé, je crois que c'était pour le mieux.
Les mains jointes devant elle, les épaules droites, elle battit des paupières comme si cela réanimerait son sourire évanoui. Elle avait de plus en plus de mal à camoufler sa fatigue et sa déception. Soudain, elle se retourna : elle venait d'entendre son nom, en provenance des jardins. La d’Ukok plissa les yeux, aperçut une silhouette et crut y reconnaitre celle d'Hermilius de Tuorp. Aussitôt, elle tressaillit et un frisson lui traversa l'échine. Clémentine n'osa lui répondre, pétrifiée et indécise. Finalement, Yvonelle décida à sa place. Cela n'était pas poli, mais à cette heure-ci, Clémentine préférait largement la compagnie d'une congénère, plutôt que celle d'un homme dont les intentions lui étaient obscures. Elle avait suffisamment eu d'Hermilius pour la soirée. Si elle ne l'avait pas beaucoup vu, elle avait en revanche trop entendu son nom.
-Vous avez raison. Allons-y.
Elles se dirigèrent vers la salle de bal. Clémentine réfléchit à la question de la jeune femme, puis secoua la tête. Mais le temps d'entrouvrir la bouche, les deux dames furent interrompues par des lamentations déchirantes. Son attention tout entière se reposa sur Yvonelle. Il s'agissait des cris d'Adénaïs. Son cœur se serra aussitôt. La pauvre femme. De compassion, comme de la peur d'être une énième fois abandonnée, Clémentine suivit la jeune d'Etamot. Elle voulut accourir, porter soutien à la mère en pleurs, mais ses pupilles préférèrent se braquer sur Hermilius. Cette simple vue suffit à la glacer sur place, à quelques mètres à peine de la scène. Figée, ses ongles s'enfonçaient dans ses paumes. C'était stupide, mais elle était incapable de détacher ses yeux de Sir de Tuorp. Sa première envie fut de faire demi-tour et de rentrer chez elle. Après tout, était-elle légitime à s'impliquer dans une affaire qui ne la concernait sûrement pas ? Ne serait-ce pas trop de sollicitation pour la pauvre Adénaïs en pleurs ? Prenant une grande inspiration, Clémentine secoua légèrement la tête tout en se rendant compte de la stupidité de ses songes. L'éplorée avait forcément besoin de toute l'aide qu'il lui faudrait, et qui était Clémentine d'Ukok, sinon elle-même, pour refuser de tendre sa main aux plus démunis ? Au-delà du désir d'aider son prochain, c'était un devoir. Appelant tout le courage nécessaire, la dame franchit les derniers pas qui la séparait de la d’Etamot.
-Avez-vous besoin de quelque chose ?
~871 mots~
Lyz'Sahale'Erz ~ Chaman ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 217 ◈ YinYanisé(e) le : 19/12/2019
« Si j’étais réellement méprisable à vos yeux, vous ne seriez pas avec moi à présent. » articulai-je tranquillement. Je n’étais pas méprisable pour elle. Au contraire, elle nourrissait, pour ma personne, un intérêt certain. Que je pusse l’agacer était une chose, qu’elle ne me considérât pas en était une autre. Je souris à l’énumération des faits qui avait conclu notre premier échange. « Adéquat ? Oui. » Elle ne semblait néanmoins pas de mon avis. Elle n’avait sans doute pas l’habitude d’être abandonnée au beau milieu d’une salle, son corps inconscient servant d’objet de décoration ou de fantasme à un couple en plein coït. Déodatus avait-il tenté quoi que ce fût avec elle ? Plus jeune, je ne me serais pas gêné. À vrai dire, même maintenant, si l’envie m’avait saisi, je l’aurais prise, éveillée ou non. Cependant, ce n’était pas ce que j’avais désiré à ce moment-là. Même si j’avais tendance à niquer au moins une fois par jour, le matin, je considérais l’acte comme une forme de sport. La performance seule m’intéressait, rarement mon partenaire et encore moins son consentement. Parfois, il n'était dans tous les cas plus en état de me le fournir, trop blessé ou simplement fraîchement décédé. Je considérais, au demeurant, que ne pas avoir les moyens de se protéger soi-même était une faiblesse. Je ne plaignais donc aucunement les victimes d’agressions, quelles qu’elles fussent. « Bien sûr. Pourquoi l’aurais-je arrêté ? » D’autant plus que les circonstances de ma trouvaille plaçaient l’acte sous l’hospice de la volonté des deux partenaires. Je ne trouvai pas intéressant de le préciser au Petit Orage. « Ma fille a largement les moyens de faire entendre ses volontés. Si Déodatus a réussi à la violer, c’est qu’elle a dû le sous-estimer. C’est une grave erreur. » Peut-être même la pire qu’un monarque pût faire. Être fort ou intelligent n’était jamais suffisant. Un abruti audacieux ou simplement chanceux pouvait parfaitement venir à bout de n’importe qui si le n’importe qui en question n’était pas assez prudent. J’espérais donc que Zébella ne laisserait plus jamais personne la toucher sans qu’elle ne le désirât, à l’avenir.
Je baissai les yeux sur Coline, l’écoutai et la laissai m’embrasser. L’audace lui seyait bien. Contre ses lèvres, un rire m’échappa. Je me reculai de quelques centimètres pour mieux l’observer. « Dire que c’est vous qui parliez d’un comportement adéquat plus tôt. Princesse Coline, voyons… je pourrais être votre père. » dis-je, l’ironie habillant ma voix. Mon amusement voguait dangereusement dans mes prunelles. Je me fichais totalement de son âge. J’aimais simplement souligner ses contradictions. Je la fixai encore quelques secondes avant de me redresser totalement et de reprendre la marche. « Si je ne suis pas un Roi dangereux, je suppose que vous n’auriez rien contre l’idée de m’épargner l’ennui de ce bal en me raccompagnant chez moi ? » J’avais formulé la demande mais, en réalité, je ne lui laisserais pas le choix. Si elle refusait, j’allais éclater son joli crâne contre une surface plane une deuxième fois, la hisser sur mon épaule et partir avec, quitte à tuer deux ou trois soldats sur le chemin. Je n’agissais pas par pulsion et mon comportement n’avait rien à voir avec les mots qu’elle avait choisi avec soin plus tôt. Je n’avais rien à lui prouver et, au demeurant, elle savait parfaitement que j’étais dangereux. Elle aimait simplement provoquer. D'autres desseins m'habitaient. « Après une nuit avec moi, peut-être que vous finirez par accepter de graver mon prénom sur votre peau. » Mon programme de la soirée resterait inchangé, malgré sa présence. J’allais rentrer, dîner une nourriture saine et vérifiée, étudier et me coucher. Le lendemain, je me lèverais aussi tôt qu’à l’accoutumé afin de lire et de faire du sport. « Je doute cependant que vous arriviez à suivre mon rythme. » Serait-elle consentante pour m’imiter ? Tiendrait-elle le choc ? Arriverait-elle à chasser le gibier et à le dépecer avant de le faire cuir ? Apprécierait-elle le goût de cette viande, aussi fort que parfumé ? En aimerait-elle la texture rêche ? Que connaissait-elle de la vie, hormis la cour qui tournait autour d’elle en permanence ? N’étouffait-elle pas, dans le corset de sa robe, à s’espérer redoutable, alors qu’elle ne faisait qu’imiter les autres Princesses et nobles, élevées d’une façon similaire à la sienne ? Je m’arrêtai et me rapprochai d’elle. « À vrai dire, j’ai de plus en plus envie de vous enlever alors veuillez me donner votre réponse rapidement. » Je lui souris. Depuis de nombreuses années, j’avais à cœur de taquiner Montarville en annexant ce qu’il croyait inviolable. L’une de mes mains se posa dans le cou de la Princesse. Avec les doigts de l’autre, je fis glisser un couteau de long de mon poignet, jusqu’à pouvoir le saisir. Je descendis ma prise afin de tirer le tissu de sa robe. J’y plantai la lame et la remontai vers son visage afin de déchirer le vêtement avant de la ranger. Je souris, découvrant la peau nue du buste de la blonde. Ses seins n’étaient pas découverts mais il valait mieux qu’elle bougeât peu. « Venez-vous avec moi de votre propre gré ou vais-je devoir employer la force ? » lui demandai-je.
875 mots
Judas (Gyzyl):
Judas est le Roi du Royaume D'Uobmab. C'est un homme ambitieux, qui prône une méritocratie bien à lui. De son point de vue, tous les moyens sont bons pour atteindre ses objectifs. Il n'y a pas de concessions à faire. Seuls les faibles en font. Seuls les faibles se laissent marcher dessus. Judas, en tant que membre de la famille D'Uobmab, a épousé sa sœur avec laquelle il a eu deux enfants : Merlin et Zébella. Si personne n'ose le dire tout haut, tout le Royaume sait que le Roi a quelques petits vices auxquels il aime s'adonner. Il fait trop peur pour que quiconque puisse le lui reprocher. Il aime les ambitieux, comme lui, les forts, comme lui. Il n'attend pas qu'on lui donne. Il prend. Ce qu'il désire, il l'obtient. Et s'il ne l'obtient pas, personne ne l'obtient. Il préfère tuer plutôt que d'essuyer un refus sur le long terme. Une fois morts, les gens disent rarement non.
Lana Kælaria ~ Sirène ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 120 ◈ YinYanisé(e) le : 20/01/2021◈ Activité : En études
Sam 03 Déc 2022, 23:04
Unknown
Les Portes – Chapitre V
En groupe | Kiara
Rôle :
Coline De Lieugro est la sœur jumelle d'Adolestine et la fille du Roi. Elle est la sœur de Placide. Peste parmi les pestes, elle est doté d'un égo démesuré et considère les autres comme de sous-fifres à son service, au point de martyriser parfois les domestiques, à l'instar de Clémentin, le garçon d'écurie ou même sa sœur, dès qu'elle en a l'occasion. Ambitieuse, elle n'en demeure pas moins intelligente puisqu'elle a vite compris que Garance essayait d'obtenir la mainmise sur le trône. Coline a des vues sur Ludoric De Tuorp, mais également sur son père. Le premier lui conviendrait très bien en mariage. Le second, elle le veut dans son lit. Elle aime avoir ce que les autres s'arrachent ; pour elle seule de préférence. Elle aime se faire passer pour Adolestine dès qu'elle en a l'occasion. Elle tient Placide responsable de la mort de leur mère.
Immédiatement, Coline fronça les sourcils. « Comme si ce qui est adéquat pour les autres l’était pour vous. » cracha-t-elle, semblable à un petit chat fâché de se voir retirer sa proie tout juste attrapée. Ce qui n’avait rien de personnel pour lui se parait de tous les enfers d’une offense à son encontre pour elle. Elle était vexée par son rire, vexée par ses mots, vexée par l’ensemble de son attitude. Elle allait le faire s’agenouiller. Il allait s’incliner devant elle comme le faisait tous les autres. Là où personne n’avait réussi, elle rencontrerait le succès. Judas serait à ses pieds. La Princesse serra le poing et releva le menton, décidée à ne pas ployer elle-même. Ses pas se calquèrent sur ceux du souverain. S’il fallait le tenir par la main pour mieux le voir s’écrouler, elle le ferait. Tous les moyens seraient bons pour parvenir au résultat escompté.
Elle lui décocha une œillade intriguée et suspicieuse. « Vraiment ? Croyez-vous que telle soit la place d’une future Reine ? » Question rhétorique. La réponse était non, mais quelle qu’elle fût, il s’en fichait, et elle ne répliquait cela que pour faire durer les choses. La vérité, c’était qu’elle ne pouvait – et ne voulait ? – pas partir. Elle ne croyait pas qu’il la tuerait, cependant, elle savait qu’il était dangereux. Il s’était arrêté à sa culotte, mais il aurait pu aller plus loin. À côté de lui, Merlin et Zébella n’étaient que des enfants de chœur. Que ferait-il, si elle acceptait ? Si elle le suivait, elle doutait qu’il la laissât demander à un garde de les accompagner. Même si l’un d’eux le faisait, il pourrait probablement s’en débarrasser. En outre, si elle s’éclipsait maintenant, sans prévenir personne, son père s’inquiéterait. Si elle lui demandait l’autorisation, il ne la lui accorderait pas ; surtout, si elle prévoyait de le faire, le Roi d’Uobmab la laisserait-il agir ? Plus elle scrutait ses prunelles, moins elle en était convaincue. Une détestable pointe d’appréhension lui piqua la poitrine. Elle n’avait pas peur de lui, non. « Une nuit ? » Elle redressa son port de tête et inspira. « Si je vous raccompagne, ce ne sera qu’une affaire de quelques heures. Ma présence est requise ici, et je ne compte pas me déshonorer en dormant chez un homme avant le mariage. Fût-il Roi. » Elle avait déjà perdu sa virginité mais, personne n’étant au courant, aucune honte ne pesait sur ses épaules. La blanche scruta le brun. Face à son père, elle trouvait toujours un moyen de s’imposer, le plus souvent en jouant sur sa corde sensible et affective. Elle avait suffisamment piégé Lambert pour en être débarrassée. Elle n’essuyait de résistance que de la part de sa tante, cette vipère autoritaire aux visées meurtrières. Comment se conduisait-elle, en présence de Judas ? Parvenait-elle à le canaliser ou se trouvait-elle, comme elle, prise au dépourvu ? Aimait-elle sentir les frissons griffer sa nuque ? « Ou vous le mien. » rétorqua-t-elle, plus par principe que par conviction, et pour faire clairement fi du sous-entendu qui transparaissait.
Quand il s’arrêta pour se placer face à elle, elle s’immobilisa. Malgré elle, son cœur détala. Il avait beau sourire, il ne mentait pas. Son système nerveux s’affolait-il parce que la peur s’y insinuait ou parce que la phrase du monarque distillait en elle une excitation impropre à la situation ? « M’enseignerez-vous l’art des tempêtes ? » redemanda-t-elle, ses yeux plongés dans ceux de l’Ouragan. Pour toute réponse, elle sentit sa main se lover dans son cou ; puis le craquement sec du tissu. La Princesse hoqueta de surprise et recula d’un bond. Ses doigts se cramponnèrent au bustier de sa robe et le maintinrent en place, autant que faire se pouvait. « Risqueriez-vous une guerre ?! » L’exclamation vibra si fort dans sa gorge qu’elle fit poindre des larmes de colère et d’humiliation mêlées au bord de ses cornées. L’orgueil de Coline ne pouvait subir trop de coups ; il n’était que colosse aux pieds d’argile. Elle prit une grande inspiration, déterminée à ne pas laisser ses émotions trop transparaître. Ses prunelles se tarirent, lentement. Elle déglutit. « J’ai donc le choix entre prendre le risque de paraître dans cet accoutrement devant les Dieux-savent-qui et affirmer consentir à vous raccompagner chez vous ou refuser et, mon avis ne comptant pas, me retrouver à votre merci, enfermée dans votre demeure ? Ça n’a rien d’un choix. » Il l’avait fait exprès. Si elle se dérobait, il pourrait vouloir la soumettre de toutes les façons possibles. Si elle acceptait, il pourrait en faire tout autant une fois chez lui. « Préparez votre armée, Roi d’Uobmab : mon royaume ne laissera jamais ce crime impuni. » La tête haute, elle le toisa. Deux dynamiques se disputaient en elle. D’un côté, elle lui en voulait et elle enrageait de s’être fait piéger ; de l’autre, elle avait hâte d’admirer le manège des rouages de ce nouveau jeu. Quand il la frappa à nouveau, elle sombra au cœur de la nuit. À l’horizon, la tempête grondait.
Message XIII – 849 mots
Cette fois-ci, RIP l'ego de Coline.
Jämiel Arcesi ~ Alfar ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 660 ◈ YinYanisé(e) le : 01/03/2019◈ Activité : Étudiant à plein temps ; Luthier en parallèle
Soutenue par le soldat, c'était les mêmes mots que la bouche d'Adénaïs débitait à son oreille, comme la musique d'un phonographe au ressort cassé. Qu'importaient les ordres de Childéric, une seule chose comptait pour elle : où était Déodatus ? Comment se portait-il ? Le monde pouvait le répugner pour son geste, il demeurait son enfant. Son fils. La chaire de sa chair. Le sang de son sang. Neuf mois trop fusionnels de leur vie pour que quoi que ce fut puisse le rendre haïssable à ses yeux. La cruauté du monde l'avait placé entre deux d'Uobmab, rendant la chose intolérable, là où il aurait été rendu moins coupable s'il eut s'agit d'une simple paysanne. Tabassée de pensées injustes et de suppositions terrifiantes, rien de ce qui l'entourait ne lui parvenait. Ni les mots du soldat, ni même l'intervention d'Hermilius. Elle n'était qu'océan, inondant son être, frappée d'une tempête si enragée que rien ne pouvait plus empêcher sa submersion. Il n'existait plus que le silence et les ténèbres des abysses. En cela elle ne se rendit compte de la présence du Tuorp que lorsqu'il la força à soutenir son regard. Elle se souvenait de ces mains, de son attitude. Elle avait alors l'impression de faire face à une tout autre personne. La bouche entrouverte, prête à s'exprimer, elle fut incapable de formuler une réponse. Ce serait rendre la chose trop concrète et immuable là où l'hypothèse silencieuse lui laissait le maigre espoir que Déodatus allait, autant que puisse se faire, bien. Un poids disparu tout de même en apprenant entre quelles mains se trouvait sa fille. Clémentine. Elle ne risquait rien à ses côtés et pria ainsi qu'elle y demeure. Elzibert, où se trouvait-il lui ? Il avait toujours été plus débrouillard que son aîné, et elle s'inquiétait bien moins pour lui en cela généralement. Ce qui était un peu injuste, elle devait se l'admettre. Mais, à présent, elle prenait entièrement conscience que personne n'était épargné par Judas et ses enfants. Pas même les plus jeunes. Une voix réussit enfin à lui sortir la tête de l'eau. « Yvonnelle... ». Ce n'avait été qu'un murmure, à peine audible, mais lui permettant de remettre un pied dans le présent. Immédiatement elle chercha à ravaler ses larmes. Elle avait toujours fait en sorte de cacher ses pleurs à ses enfants, cachant sa détresse derrière des sourires aimants, des bras maternels, des épaules fortes et un port de tête noble, y compris aux premières heures de son chagrin alors même qu'elle se perdait à leur détriment. Depuis, elle avait appris à tout faire seule. Même si parfois le choix était mauvais, c'était de ses mains salies qu'elle tentait réparer les choses. Mais le monde lui échappait à présent. Ses prises disparaissaient sous ses mains et chaque fois qu'elle tentait d'en saisir une nouvelle, c'était sur le vide que ses doigts se fermaient. Venait alors l'inévitable chute dont elle ne voyait pas la fin. « Ma tendre Yvonelle... » souffla Adénaïs en tendant une main sur la joue de sa fille, sans pour autant se détacher d'Hermilius, comme une crainte irraisonnable de définitivement se noyer si elle perdait cette accroche. « Je suis heureuse que tu sois là. » essaya-t-elle de sourire, ignorant sa question pour l'instant. « Sais-tu où se trouve ton frère ? Où est Elzibert ? ». Si elle tenta dissimuler ses craintes, ce fut un échec total tant les tremolos de sa voix trahissaient son état. Elle ne fut ainsi pas plus rassurée par la réponse qu'elle obtint. Gustave était un rustre menteur, un de ces hommes qui se plait à critiquer les autres sur des actes qu'il ne se gêne pas de faire. Le plus narcissique des égoïstes, qui se refusait à ne pas être au centre du monde. Il était celui auquel tout devait tourner, usant de peu de diplomatie pour mettre les choses dans l'ordre qui lui convenait. Rien ni personne ne comptait, ni n'avait d'importance, sinon sa propre personne et son seul plaisir. Elle n'aimait pas savoir Elzibert avec lui, d'autant qu'elle avait une idée du sujet sur lequel ils pouvaient échanger. « De savoir comment vont mes enfants. » répondit l'éplorée à l'intention de Clémentine, sans détacher ses yeux rougis du sel, de l'inquiétude qui parait les prunelles d'Yvonelle. Lentement, Adénaïs retrouvait l'air de la surface, sortant de son immersion contre laquelle elle avait si peu lutté plus tôt, avant que le visage de sa fille ne lui rappelle qu'elle ne pouvait se le permettre. Elle prolongea encore un peu le contact avec sa fille, y puisant une réserve de force et de chaleur qu'elle avait perdue. Son cerveau put enfin se remettre en marche correctement. « Ramenez Elzibert. Je vous en prie. » reprit-elle en reportant son attention sur Hermilius. « Je saurais être redevable. » souffla-t-elle. S'il désirait la posséder, il en serait ainsi. S'il désirait l'utiliser pour se défaire d'Eléontine, il en serait ainsi également. Elle n'avait de toute façon plus grand-chose perdre. « Yvonelle ma chérie. » continua-t-elle en se rapprochant de celle-ci pour saisir son visage à deux mains une fois Hermilius partit. « Lorsqu'Elzibert sera de retour, rentrez à la maison. ». Elle marqua une pause, dévisageant sa progéniture avec tendresse. « Tu es si belle. » déclara-t-elle en passant ses pouces sur ses pommettes, elles aussi marquée par la tristesse. « On en parlera demain, si tu veux. » fit-elle ainsi, faisant référence au mal qui avait pu la toucher. Ce devait concerner Natanaël et, en cela, en discuter en privé était préférable. « Tu n'as pas idée comme je t'aime. » conclut-elle en la serrant contre elle comme s'il s'agissait de la dernière fois. « Puis-je vous demander de veiller sur elle en attendant ? » demanda-t-elle enfin à Clémentine, en se détachant enfin de sa fille pour se relever, difficilement, et faire face à la brune. Le monde lui tournait et elle sentait que ses forces risquaient la lâcher à tout moment. Pourtant elle avait bien l'intention de retrouver Déodatus, en cela elle se tourna vers le garde. Elle ne ressemblait plus à rien. Son visage était bouffi par les larmes, ses yeux rougis de leur abondance, le khôl traçait le chemin qu'elles avaient emprunté. Sa robe était dévastée par la terre et la poussière et sa coiffure n'avait plus rien de coiffée Elle voulut effectuer un pas. Au lieu de ça elle sombra dans les limbes.
Min Shào ~ Orine ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 269 ◈ YinYanisé(e) le : 25/03/2022◈ Âme(s) Soeur(s) : Elle m'attend quelque part.
Dim 04 Déc 2022, 19:53
Image par Anato Finnstark
Les Portes - V
TW : Quelques précieuses secondes de sexe endiablé
Merlin s'estimait chanceux, mais il n'était pas superstitieux pour autant. Le Prince était béni d'un sort favorable simplement car il le méritait. Les soi-disant "poisseux" étaient des ratés qui se complaisaient dans le sillon de leur malheur, incapables de discerner leur médiocrité. Et une fois de plus, la chance venait illuminer la journée du Prince. Deux femmes mûres à souhait avaient interrompu son chemin inexorable vers les cachots du château et prétexté une urgence pour se retrouver seules avec lui. L'odeur du vice exhalait d'Eléontine, réhaussée par une belle marque de doigts qui peignait sa joue. L'artiste était-il son mari ou quelque ambitieux qui avait voulu la prendre ? Au début, Merlin songea qu'elle cherchait à se venger du meurtre fraîchement commis. Trop occupé à savourer l'ivresse dans laquelle son méfait l'avait plongé, il n'avait pas pris la peine de protester et s'était laissé passer de main en main. Il était à mille lieues d'imaginer la suite.
« Mesdames. » Il se tut et les laissa aller à l'essentiel, un sourire toujours accroché à ses lèvres. Le doux contact de la main d'Eleontine près de sa trachée lui arracha un frisson qui lui plut autant qu'il le frustra. Si elle voulait l'étrangler, autant le tenter tout de suite. Il se prépara à être la cible d'une adorable tempête, mais il n'en fut rien. Aucune ne paraissait déplorer la perte de Déodatus. Au contraire, même. Le geste d'Eléontine augurait une entrevue d'une toute autre nature. Merlin ne laissait que rarement la surprise traverser son masque, mais il ne put se retenir de hausser un sourcil quand la De Tuorp s'aventura sur la poitrine de sa grande amie, et apparemment, amante. Il avait bien enquêté sur elles, mais aucun indice ne l'aurait mis sur cette piste. Et dire qu'il avait perdu son temps avec Garance alors qu'elles étaient là, depuis le début, prêtes à être cueillies... le manège joué par Madeline auprès de Lambert, plus tôt dans la soirée, lui revint en tête. Cette faille pourrait lui être salvatrice.
Il tenta de dessiner les contours d'un nouveau plan, mais son esprit était submergé par une marée de pulsions contradictoires. Le sang avait déjà séché sur son couteau et Merlin voulait plus. Quand il laissait ses envies sanguinaires prendre le contrôle, il ne s'arrêtait plus. Maintenant, rien ne l'empêchait de dégainer son autre couteau dissimulé dans sa veste et de trancher la gorge d'Eléontine. Il aurait aimé peindre Madeline du sang de son amie et la prendre là, dans un bain funèbre. C'était tellement tentant. Mais cela nuirait à leur potentiel. La domination qu'il préparait devait s'étaler sur le long-terme. S'il parvenait à ses fins, elles pourraient devenir ses objets plus tard. Le D'Uobmab avait assassiné assez de femmes dont il avait les faveurs dans le passé pour apprendre cette leçon. A l'époque, il ne connaissait pas tous les plaisirs auxquels il pouvait goûter en les utilisant. Maintenant, c'était tout ce qui comptait.
« Une saveur trop fugace pour être satisfaisante », répondit-il simplement en référence à sa vengeance, les yeux rivés sur la poitrine de Madeline. Son cœur tambourinait dans son buste. Son érection, maintenue par l'excitation du meurtre, n'avait pas dégonflé dans son pantalon. Elle en devenait douloureuse. Alors, c'était la vengeance qui motivait leurs actions... c'en était plus grisant encore. Il interprétait le rictus d'Eléontine comme une provocation. « J'en dis que vous êtes bien imprudentes », répondit-il en essayant vainement de feindre l'indifférence. Les soulèvements du buste de Merlin trahissaient l'accélération de son rythme cardiaque. Il avala sa salive. Des vagues de chaleur engourdissaient ses sens. C'était trop beau. C'était si idéal qu'il n'osait plus prendre les devants. Mais Eléontine s'en chargea : elle s'approcha de lui et plaqua sa main sur ses rondeurs. L'odeur de sang se mêlait au parfum des deux femmes. Grisé par ce contact, Merlin entrouvrit la bouche et pressa le tissu de toutes ses forces. Ses yeux étaient plantés dans les siens. Il voulait percevoir une réaction de douleur. Un recul, peut-être. Mais contre toute attente, elle écourta le peu de distance qui les séparait et abattit son dernier ersatz de contrôle. *Quelle salope,* pensa-t-il. *Où est sa limite ?* Il voulait la connaître pour mieux l'outrepasser.
Son autre main se plaqua sur la poitrine d'Eléontine, qu'il serra avec la même ardeur. Son bas ventre s'était collé au bassin de l'infidèle, comme aspiré par elle. Il pensa à la balancer contre le mur et la contraindre à son propre plaisir. Lui maquiller l'autre côté du visage. Voir le sang s'écouler de sa bouche. Mais quand son regard se posa sur Madeline, une autre envie surpassa toutes les autres : s'offrir un spectacle de débauche. Il n'avait jamais rien vu de tel, excepté dans de sombres ouvrages. Merlin était autant intéressé par le sexe et la violence que par l'anatomie. Cette curiosité malsaine était l'ultime barrage éphémère qui l'empêchait de se jeter sur elles. Alors, ce dernier accepta docilement leur invitation et s'approcha de Madeline. Il lui saisit sèchement le visage et l'examina comme un cavalier examinait sa bête. Il hocha la tête en signe de satisfaction et fit remonter sa main contre sa cuisse. « Votre mari ne vous satisfait plus ? » Lui demanda-t-il, sans attendre de réponse. Il délaça le haut de son corset, puis sa main brava les couches de tissu pour s'aventurer dans le terrain inconnu qu'était son entrejambe. De son autre main, il plaqua les doigts d'Eléontine sur la poitrine de son amante, à moitié dévoilée par le corset desserré. « Je pourrais le saigner, lui aussi », murmura-t-il, haletant. Cette idée renforça son excitation, alors qu'il sentait une humidité recouvrir ses doigts. Il mourrait d'envie de la pénétrer, mais la tourmenter était plus satisfaisant encore.
« Ou alors... » il retira ses doigts et, soudain, les engouffra dans la bouche d'Eléontine, en s'amusant de sa réaction. Puis, il enfourna ses doigts sous ses jupes à elle et guida sa main vers l'entrejambe de Madeline, pour les laisser se donner du plaisir. Lui s'en était déjà lassé. De l'autre, il continua à presser sa poitrine et tordit son téton, toujours à la recherche de ses limites. « Je pourrais l'attacher pour qu'il me regarde te prendre par tous les orifices », ajouta-t-il, un rictus déformant son visage. Désormais, son masque était tombé. Il avait le souffle court. Son bas ventre brûlait. Il imagina les yeux de l'homme devenir des billes devant la scène et soudain, une autre idée l'excita encore plus. Il se garda de lui en faire part, mais fantasma la scène en regardant les deux femmes se caresser.
Il imaginait inviter une horde de paysans, qui baiseraient Madeline devant Lambert. Les bestiaux lui passeraient dessus sans vergogne. L'humiliation serait absolue. Elle essaierait de crier, mais ils la frapperaient jusqu'à ce qu'elle se taise. Le souvenir de ce spectacle qu'il avait orchestré d'une main de maître dans le Royaume d'Uobmab lui revint en tête. Madeline survivrait-elle plus longtemps que cette noble dont il avait oublié le nom ? Est-ce qu'elle supplierait Lambert de ne pas regarder, qu'elle lui dirait qu'elle l'aimait, dans un ultime élan de bonté ? Ou l'insulterait-elle entre deux beuglements, aveuglée par la haine ? L'excitation de Merlin était au maximum. La main de Madeline s'était frayée un chemin sous son pantalon. Il sentait une secousse arriver. Il lui fallait plus. Juste un peu plus.
L'homme laissa échapper un râle et quitta la poitrine de Madeline pour remonter jusqu'à sa trachée, qu'il pressa assez fort pour lui couper le souffle. « Donne une fessée à cette putain », ordonna-t-il, d'un ton qui ne souffrait d'aucune contestation. De son autre main, il se retira d'Eléontine et la poussa sur un fauteuil. Il souleva ensuite ses jupes pour lui présenter son fessier. Madeline obéit. La claque retentit dans la pièce et fit reculer la blonde sous le choc. Elle n'y était pas allée de main morte, mais cela ne satisfaisait pas Merlin. « Plus fort », cria-t-il alors qu'elle ouvrait la bouche pour essayer d'inspirer malgré la poigne qui entravait sa gorge. Elle s'exécuta et cette fois, Eléontine réagit enfin. Le Prince était en extase. Une étincelle de folie s'était enflammée dans son regard.
Quand il se rendit compte que Madeline commençait à perdre conscience, il relâcha la pression sur sa trachée. Sans lui laisser le temps de reprendre ses esprits, il lui tira les cheveux. Ses yeux plantés dans les siens, il jubila en regardant des émotions contraires se vouer une bataille dans l'esprit de sa victime. Il lui fallait plus encore. « T'appelles ça fort ? » Ragea-t-il. Et, dans un élan incontrôlé, il s'effondra avec elle sur le sofa, près du fauteuil. Il bloqua ses mains au-dessus de son visage et ses seins s'échappèrent de son corset alors que son dos se cambrait. Merlin appuya ses lèvres contre les siennes après avoir admiré la vue un court instant. Cela n'avait rien d'un baiser : il chercha sa lèvre inférieure et la mordit d'un coup sec, pour sentir le goût du sang envahir sa bouche. Et soudain, un orgasme comme il n'en avait jamais connu le secoua tout entier. Il gémit en relevant la tête, un filet de sang coulant entre ses lèvres. Merlin se redressa sur le sofa et laissa un silence s'installer, déstabilisé par l'emballement de la situation. Alors, il reprit ses esprits et se tourna vers Madeline en réajustant son costume ensanglanté : « Au fait, mon offre tient toujours. » C'était une bonne chose de faite. Mais il avait encore du poison à écouler.
Mots: 1600~
Rôle:
Merlin est le prince héritier d'un Royaume voisin, le Royaume d'Uobmab. Comme le veut la tradition, il a été fiancé à sa sœur dès leur plus jeune âge, afin que la pureté du sang ne se perde pas. Tyrannique, il aime torturer les autres et les faire ployer devant lui. Il est au Royaume De Lieugro afin d'apprendre les pratiques qui s'y déroulent, en compagnie de sa sœur qu'il espère rapidement convaincre de fonder une famille. Jusqu'ici, elle s'est toujours refusée à lui, ce qui a tendance à l'exaspérer. Néanmoins, il reste silencieux, cette dernière étant au courant de la liste des assassinats qu'il a organisé et étant physiquement plus forte que lui. Considérant qu'un homme n'est un homme qu'après son dépucelage, il a décidé que si cette gourgandine continuait de l'éviter, il ferait ça avec une autre, plus âgée que lui de préférence. Il séjourne au palais. Ils sont arrivés il y a peu.
Lyz'Sahale'Erz ~ Chaman ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 217 ◈ YinYanisé(e) le : 19/12/2019
Je pénétrai dans le salon indigo et refermai la porte derrière moi. Mon regard tomba sur Ludoric de Tuorp et une jeune fille qui devait avoir le même âge mais dont la silhouette ne me disait rien. Je m’avançai dans la pièce, en rasant les murs de celle-ci. Mon index se posa sur le haut d’un meuble que j’essuyai minutieusement. Nulle poussière ne venait ternir la couleur du bois. Le palais avait été nettoyé de fond en comble dans l’expectative du bal. Dans quel état serait-il le lendemain ? Surtout, dans quel état se trouveraient ses habitants ? « Je vous remercie d’être venus. » commençai-je, après avoir tapoté le meuble avec l’ongle du même doigt qui l’avait inspecté plus tôt. « Je dois vous avertir que cette conversation n’aura rien de festive. » Je me plaçai devant eux, mes yeux voguant vers la blonde. Cette dernière n’avait pas à attendre ce que je m’apprêtais à révéler au fils de Gustave, même s’il ne faisait aucun doute que tout le royaume serait au courant le lendemain matin. Je m’apprêtai à la congédier lorsqu’un détail pouvant paraître insignifiant attira mon attention. Ma vision se concentra sur ses cheveux et sur la très légère différence de teinte qu’il y avait entre quelques mèches rebelles de sa nuque et le reste. Mon regard se porta tour à tour sur la fausse jouvencelle et sur le futur soldat. J’inspirai. « Il m’a été rapporté à l’instant que le Prince Placide avait été assassiné alors qu’il se reposait à la campagne, suite de ses blessures. » annonçai-je. Je les fixai tous les deux et détaillai de nouveau la « fille ». J’avais quelques expériences dans le travestissement. Lorsque je me prostituais, j’avais eu à faire à des clients parfois exigeants. Certains adoraient constater la présence d’une queue sous les plis d’une jupe. D’autres refusaient de s’avouer leur homosexualité. Ils se convainquaient que le trou qu’il pénétrait était un vagin, tout en sachant, au fond, que seules les courbes masculines pouvaient réussir à les exciter. Il m’était donc arrivé de mettre du rouge à lèvre et d’essayer de masquer mes attributs au mieux pour satisfaire les lubies de mes clients et récolter l’argent nécessaire à l’achat de mes substances. Cette blonde était un blond. De plus, si j’en croyais la réaction que l’un et l’autre pouvaient avoir, il me semblait avoir retrouvé le Prince, et plus encore. « Heureusement, le véritable Prince n’était pas dans son lit. Le fils de deux paysans a été tué à sa place. » Si j’avais envisagé plusieurs théories, la vérité m’apparaissait à présent de façon limpide. « La question est : où se trouve le Prince ? » fis-je, l’air de rien. Mes prunelles scrutèrent Ludoric. « Je me suis dit que comme vous étiez proches, vous pourriez peut-être le savoir. » Il le savait. L’histoire ne manquerait pas de défrayer la chronique si elle était rendue publique, celle d’un Prince, amoureux d’un homme et échappant de justesse à la mort grâce à la force de ses sentiments, des sentiments si puissants qu’ils l’avaient conduits à se travestir dans l’objectif d’assister à un bal pour danser avec son amant.
Le bruit de la porte me fit envisager le nouvel arrivant. Je reposai néanmoins les yeux sur les deux tourtereaux. Ludoric avait encore des traces de rouge à lèvres sur la bouche. Je lui fis un signe discret afin de le pousser à s’essuyer, avant de préciser, d’une voix calme. « Néanmoins, parfois, certaines vérités ne sont pas bonnes à avouer. Certaines opportunités ne se refusent pas. Sachez simplement que le nombre de soldats au courant de la réelle identité du défunt est minime. » conclus-je, en espérant qu’ils comprendraient tous les deux que j’avais deviné le pot aux roses et qu’ils seraient également aptes à saisir mon offre. Si Placide désirait faire croire à sa mort, ce serait tout à fait possible. Ce serait peut-être même préférable, étant donné la tempête qui semblait s’abattre actuellement sur le Royaume. « Je vous prie de bien vouloir m’attendre dans la pièce adjacente. Je dois parler avec le médecin De Xyno. »
Une fois que nous fûmes seuls, je pris deux verres. « Je m’excuse de t’avoir sollicité de nouveau. À croire que je ne peux plus me passer de toi. » commençai-je, en lui tournant le dos. Je vidai une capsule de gamma-hydroxybutyrate dans la coupe qui lui était destinée avant de nous servir du champagne. J’inspirai et expirai, comme si je venais de prendre une décision. « Cela fait longtemps que je n’ai plus rien bu. Néanmoins, je voulais fêter ton retour. » Je me retournai et lui souris, avant de lui tendre ce que je tenais dans la main. « Peut-être ai-je également envie de tuer l’anxiété qui commence à me saisir. » avouai-je. « Il me semble que le Royaume se trouve actuellement en fâcheuse position. Le Roi va être tenu responsable du viol de la Princesse d’Uobmab et, immanquablement, cette responsabilité risque de retomber sur moi. » J’avançai mon verre pour trinquer avec lui. « Des choix vont devoir être faits. Je contrôle encore l’armée et, de ce fait, celle-ci m’obéit. » Un régicide était donc parfaitement envisageable. Garance me semblait bien plus apte à gérer une telle situation mais serait-ce sage de me retourner contre Montarville maintenant ? « Je me demande réellement qui tu choisirais, si tu avais à prendre une position m’impliquant. Serais-tu de mon côté ou bien du côté de ceux qui me veulent du mal ? » J’espérai qu’il boirait, juste pour le plaisir de le voir s’effondrer devant moi. Le plus plaisant serait son regard, lorsqu’il comprendrait. Néanmoins, et je lui confesserais plus tard, ce n’était là qu’une petite plaisanterie. Je n’étais pas comme lui, à pénétrer l’intimité des autres. Peut-être pas. Mon présent en était persuadé. Mon passé, beaucoup moins. Je bus. Mon présent ne l'aurait pas fait.
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Tekoa - Childéric:
Background : Childéric d'Ukok est le frère de Clémentine et d'Ernelle d'Ukok. Il voue une jalousie sans nom à Gustave Du Tuorp qu'il sait coucher avec la même femme que lui, à savoir Adénais D'Etamot. Il déteste la façon de penser de cet homme qu'il trouve rustre et sans manières et espère bien faire entendre raison à Adénaïs. Si celle-ci lui a avoué penser que Gustave était le père d'Elzibert, lui n'est pas d'accord. Pour lui, il est le père du garçon. D'ailleurs, il lui ressemble bien plus qu'à Gustave, d'après lui. Plus le temps passe, plus sa haine augmente. Il a du mal à savoir ce qu'il serait capable de faire à ce Gustave de malheur. Ajouter qu'il est le chef de l'armée de Montarville
Kaahl Paiberym ~ Sorcier ~ Niveau VI ~ ◈ Parchemins usagés : 3705 ◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015◈ Activité : Professeur
« Et pourquoi pas, Yvonelle ? » lui fis-je, en m’agaçant à mon tour. J’en avais marre de tous ces mensonges et de ce déchet qui m’avait probablement engendré. « Ouais. » lâchai-je, avant d’être interrompu dans mon élan par Gustave. Je le fixai, une lueur ombragée au fond de la rétine. Je serrai les dents mais dus me résigner lorsque l’homme m’attira à l’intérieur. Sa poigne était puissante, bien plus que ce que j’aurais pu imaginer. Je ne bronchai pas, malgré l’échauffement qu’elle finit par produire sur ma peau. Je ne dis rien, même lorsqu’il fut évident que je m’apprêtais à assister à un échange bien plus musclé que celui que j’avais moi-même initié. Qu’allait-il dire devant Eléontine ? Je regardai la blonde. Je n’étais pas désolé. Si leur mariage volait en éclats à cause de moi, ce serait bien fait pour eux. Étrangement, la beauté de la dame ne fit naître en moi aucune forme de désir. Pire, la revoir de si près me dégoûta profondément. Elle n’avait rien à voir avec l’idée qui continuait de hanter mes fantasmes et ce fut pire lorsque nous fûmes seuls, tous les trois, dans une pièce déserte. Le claquement de la gifle me fit sursauter. « … » Parfois, moi-aussi, je m’imaginais envoyer ma main dans la joue d’Yvonelle. Lorsqu’elle se pavanait au bras de Natanaël, j’avais envie de lui faire aussi mal qu’elle me faisait mal. Était-ce la raison de l’acte de Gustave ? Je serrai les poings. « Déo ? » demandai-je, surpris. Qu’avait-il fait ? Le De Tuorp disait-il ça pour me déstabiliser ? Si le trouble s’immisça dans mon esprit, la suite fut bien plus nébuleuse. Hermilius ? Hermilius n’était-il pas le cousin d’Eléontine ? Je soufflai par le nez. Tout me semblait logique. Si ce dernier avait proposé son aide, c’était sans doute parce qu’il connaissait les rouages de l’inceste mieux que personne.
Lorsque Gustave s’avança, par instinct, je reculai d’un pas. L’avoir vu frapper son épouse avait placé tous mes sens en alerte. Je ne me sentais pas peiné pour elle mais je ressentais le danger me guetter sournoisement. S’il avait giflé sa femme, de quoi était-il capable ? Le malaise me broyait l’estomac mais sa morsure disparut sous celle que laissa la main du De Tuorp sur moi. Je manquai de tomber mais me rattrapai de justesse. Ma vue se brouilla sous le joug des larmes qui montèrent jusqu’à ma cornée. J’eus envie de hurler de rage mais mes lèvres restèrent closes, l’une de mes mains en soutien de ma joue douloureuse. Mon regard, lui, s’assombrit davantage. J’allais le buter. Peut-être pas aujourd’hui mais, un jour, je lui éclaterais sa sale gueule. Je ne répondis qu’un silence honteux et haineux à ses questions. Elles semblaient, de toute façon, bien plus rhétoriques qu’autre chose. « Quoi ? » fis-je, en balayant la pièce pour regarder Eléontine. Quelques minutes auparavant, je ne connaissais rien, ou si peu, de leur relation de couple. À présent, j’étais détenteur de secrets qui n’auraient jamais dû tomber entre mes mains. Enceinte ? Elle avait avorté ? Sans lui en parler ? Si Yvonelle avait fait ça, je l’aurais tuée. Je fixai l’homme. Je n’allais pas être lâche comme lui, non. J’allais lui dire. Je l’aurais fait, si un rire n’avait pas retenti. J’eus l’impression d’être tombé au bal des fous. Je fronçai les sourcils lorsque la blondasse osa parler de ma mère en des termes peu élogieux. L’envie de la poignarder me saisit. Elle me semblait si fourbe à cet instant. Son expression puait le vice à plein nez. Intérieurement, je bouillais, si bien que je ne sentis qu’à peine son baiser. Je perçus son rejet, mon corps déstabilisé tentant de retrouver ses appuis. Lorsque je pris conscience de la chose, je replongeai dans le passé, lorsqu’elle m’avait initié. J’eus la nausée et finis par me laisser tomber par terre, sur les fesses.
« Est-ce que les femmes sont toutes les mêmes ? » demandai-je après un instant, en plaquant ma main sur ma joue. La colère était tombée en même temps que mon corps. Je souris, désabusé. « Au fond, peut-être que c’est votre fils qui a tout compris. » murmurai-je, avant de laisser choir ma main sur mon genou. « Soirée révélation ! » déclarai-je, faussement enjoué, avant de redevenir sérieux. « J’ai besoin que vous me reconnaissiez pour pouvoir épouser Yvonelle et votre fils, quant à lui, couche avec le Prince. » lançai-je, mêlant ces deux informations sans grande logique. Il fallait que ça sortît. Je ne savais pas s’ils étaient allés jusque là mais, après tout, qu’est-ce que ça pouvait bien faire ? Un peu plus, un peu moins, Ludoric était homosexuel et, si Gustave n’était pas au courant, autant le lui annoncer maintenant. C'était dégueulasse. « Vous allez le frapper, lui aussi ? »
770 mots
Lucius - Elzibert:
Elzibert est le fils d'Adénaïs d'Etamot et peut-être de Gustave Du Truop. Il est le seul à connaître l'identité supposée de son père avec Yvonelle D'Etamot et les deux concernés (bien que Gustave ne le pense pas et ait nié ses responsabilités). Il fait partie du groupe des cinq. Il couche avec sa demi-sœur, Yvonelle d'Etamot, qu'il aime d'un amour sincère. Il en a d'ailleurs gros au sujet de ses fiançailles avec Natanaël D'Ukok qu'il aimerait réussir à faire rompre. Pour ça, il faudrait que son véritable père le reconnaisse, ce qui ne serait pas une mince affaire. Il aimerait devenir bibliothécaire et a souvent un livre à portée de main.
Latone ~ Orisha ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 2242 ◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014◈ Activité : Horticultrice
Lun 05 Déc 2022, 11:09
La vue du sang lui parut si insignifiante à présent. Durant plusieurs minutes, Madeline avait la nette impression de redevenir une petite chose fragile et manipulable, une bonne à rien qu'on modelait à sa guise. Face à Montarville, elle s'était sentie si forte, si audacieuse que le vertige la gagnerait si Eléontine ne lui tenait pas le bras. Il lui fut si bon de recevoir du réconfort, d'être comme un chien dont on caressait vivement le crâne afin de remuer leurs grandes oreilles. La D'Eruxul souriait beaucoup trop, amplement béate, inconsciente des potentielles conséquences de son acte. La possibilité que le Roi la trahît pour révéler toute sa vilenie à son mari ne lui traversa même pas l'esprit, tant les félicitions de son amie gonflaient sa confiance. Elle avait visé haut, si haut que la noble ne pouvait plus faire machine arrière. Elle s'était unie à l'un des conseillers royaux et elle fantasmait à l'idée d'être la maîtresse du souverain. Sur ce constat, une évidence lui sautait aux yeux : le sang bleu royal l'attirait sans retenue. Elle voulait revenir auprès de Judas et le chevaucher comme l'une de ses sauvages d'Uobmab. Qui sait, Montarville reviendrait la tirer de ses griffes pour la réclamer une nouvelle fois. Elle en perdait la tête ; son avidité actuelle lui ferait accueillir n'importe quel sexe entre ses cuisses. En ce sens, la détresse d'Adénaïs sonnait à ses tympans comme un râle animal, l'intervention de Gustave lui parut trop fugace pour se figurer son corps sur le sien, tous ses sentiments tournoyaient en un maëlstrom regrettable. Ainsi, le retour d'Eléontine lui fit penser à une intervention divine : la main salvatrice d'une ange qui lui servait sur un plateau d'argent tout ce qu'elle réclamait depuis trop longtemps. Un homme, de sang royal, qui lui fera à l'amour.
Voici donc, sous ses yeux, le Prince Merlin D'Uobmab. La comparaison avec son père lui passa bien trop vite tant ses iris vaironnes le dévoraient d'amour, de désir. La D'Eruxul passait outre tout ce qui gravitait autour d'eux pour ne se concentrer que sur l'objet de sa convoitise. D'ordinaire, elle aurait pu s'horrifier d'être ainsi guidée par sa meilleure amie. Pourtant, sa présence ne l'incommodait aucunement : au contraire, elle l'aidait à prendre en main son péché, sans regret. Se retrouver à passer au-dessus de son infidélité et des crimes de sa proie, c'en était vorace. Elle ne réagit qu'à peine à son initiative, ses doigts de meurtrier sur son visage pouponné. Elle n'était qu'une marionnette, mais une marionnette qui saurait saisir ce qu'elle cherchait. Madeline ne répondit pas à son interrogation au sujet de Lambert ; Eléontine s'était elle-même chargée de brosser son portrait, et sa propre présence dans ce salon démontrait à quel point elle estimait son mariage. Effectivement, elle repensa à son beau mari, ses yeux bleus envoûtants et son inégalable prestance… Il ne la satisfaisait plus et ce n'était pas faute d'avoir renverser cette maudite cadence. Elle toisa Merlin alors qu'il menaçait sa vie. Les mots ne l'atteignaient pas : il était trop jeune et, après s'être confronté à Judas puis à Montarville, le Prince manquait de charisme. Pour le moment, Madeline ne le considérait rien de plus que comme un bout de viande – fort heureusement raffinée – dont elle se contentera. Cela dit, son intrusion sur ses lèvres affamées puis son invitation à toucher sa meilleure amie la ravissaient. Enfin ! Enfin une autre main que la sienne lui accordait au moins une étincelle de plaisir ! Et que dire de cette fantaisie exaltée par leur amant commun.
" Le ferez-vous ? " Son souffle chaud emportait toute l'excitation que cette perspective lui inspirait, de surcroît une dose d'hilarité trop brève pour ternir son rang.
Enhardie par les aventures d'Eléontine, la Bleue aurait pu s'imaginer une telle scène s'emparer de sa vie. Pourtant, cette idée lui avait échappé jusqu'à maintenant. Lambert devait aimer regarder, c'en devenait une évidence. Peut-être ne prenait-il plus que du plaisir par la passivité, le voyeurisme ; peut-être était-ce lui qui l'avait surprise en pleine masturbation, réclamant Montarville à voix haute. Cela pourrait expliquer toute leur distanciation, la faiblesse de leur flamme. En outre, Madeline lui proposerait bien en cet instant de céder pour raviver leur union, alors que c'était foncièrement une très mauvaise idée, surtout en ce contexte précis. En toute impunité, sa main se fraya sous la ceinture de leur proie, il lui fallait bien saisir cette opportunité pour démarrer sa descente dans la luxure.
Éperdue dans cette merveilleuse félicité, le retour à la réalité se fit aussi brutal que la soudaine perte de son oxygène. Madeline D'Eruxul s'avérait être une femme impressionnante, il n'y avait point en douter ; une fois, elle surprit même une conversation qui se moquait de la soumission de son mari dans leur lit conjugal. Néanmoins, force fut de constater qu'elle sous-estimât le Prince, sa poigne la surprenant autant que réduisant en miettes son trop-plein de confiance. Le philtre contrebalançait pourtant et lui fit prendre les devants sous l'injonction du criminel. Il pouvait l'étrangler encore qu'elle empoignerait davantage son sexe pour l'attirer contre le sien. Une fessée ? Son expérience s'avérait trop chaste pour user d'un tel artifice pendant ses ébats. Malgré tout, elle se laissa portée par l'exercice et la curiosité, ne mesurant pas le mal qu'elle procurât sur le postérieur de son amie. Elle en voulut plus mais ses forces se perdirent ; une minime partie de sa conscience lui intima de sombrer pour cesser cette folie. Non, Madeline D'Eruxul exigeait encore plus ! Elle papillonna des yeux, ne retrouvant qu'à peine son souffle avant de goûter à la barbarie de leurs voisins frontaliers. Ce melting-pot de sensations l'éleva petit à petit vers le nirvana, ses orbites à moitié révulsées et son cœur battant.
Plus fort !
Le gémissement de leur amant brisa tout son élan. Courroucée, la Bleue se redressa à la suite du jeune homme pour le fixer ; d'abord ce visage qu'elle devinait aisément figé par un orgasme, puis son pantalon dont elle devinait les premières tâches d'interdit. Ce fut brutal, intense, néanmoins beaucoup trop court. Comment pouvait-il paraître aussi détaché ? Si son père s'avérait aussi précoce, elle n'en voudrait même pas. Madeline désirait de la férocité, de la dureté, et aussi de la longueur. Merlin ne lui avait point offert l'ensemble et la frustration la gagnait. Un pouce passé sur sa lèvre fendue, la noble reprit peu à peu ses esprits pour se rassoir comme il faut. Sa robe n'avait guère tenue le coup sous l'assaut du Prince ; cette tenue outragée devait être la seule satisfaite de ce tango.
" J'en prends bien note. Abonda-t-elle entre deux inspirations ; point sûr qu'elle requerra ses services puisqu'il lui fallait un buffle bien endurant, toutefois elle acceptait l'idée. Nous vous remercions de nous avoir faites jouir de vengeance. Conclut-elle sur un ton solennel, avant de trouver la force de se relever. Son équilibre vacilla à nouveau, elle se rattrapa au rebord du sofa avant de se planter face au Prince. Lors d'une prochaine fois – promettait-elle, peut-être ? – ne la traitez pas de "putain". Sinon, vous devrez la rémunérer à hauteur de votre orgasme. " Sur un regard entendu, vindicatif, elle le laissa admirer une ultime fois sa poitrine nue avant de quitter la pièce.
Étrangement, l'adrénaline ne redescendait pas, alors que la menace du Prince ne planait plus sur leurs têtes. Ce fut même tout le contraire qui se produisait : Madeline avait l'impression que son cœur allait s'échapper de sa cage à force de tambouriner de la sorte. Était-ce le fait d'avoir franchi le cap qui la rendait si fébrile ? Ou était-ce la violence de cet ébat qui éveillait en elle un appétit hors norme ? La Dame ne savait plus où donner de la tête, et dans ce cas, il ne lui restait – comme toujours – qu'une option à user.
" Elé' ? Elle se tourna plutôt lentement en sa direction, bataillant contre les lacets de son corset pour le remettre comme il faut au plus vite. Est-ce que t— "
Une vague de chaleur l'envahit une nouvelle fois. Elle écarquilla les yeux, surprise par l'initiative de son amie. Aucun mot ne fut prononcé, seule l'ombre d'un regard lui fit comprendre à moitié ce qu'Eléontine souhaitait accaparer par cet élan. Plus, encore plus, ensemble, se comprirent-elles dans cette bacchanale.
" Mesdames ? Le garde posté à l'entrée toqua vivement à la porte. Tout va bien ? " Depuis que le Prince était sorti du salon, sans elles, l'inquiétude gagnait la patrouille restée sur place, à raison.
" O-Oui ! S'éleva faiblement la voix de la D'Eruxul à travers le battant. OUI ! Réitéra-t-elle, plus fort, sans pour autant que ce fût à leur attention. Disposez ! " Ça, en revanche, cela avait le mérite d'être clair.
Débarrassées de ces nuisibles, Madeline répondit aux baisers avides de sa meilleure amie, la confidente qui ne comprenait que trop bien ces maux qui enserraient son âme. La Bleue n'assimilait qu'à peine pourquoi la blonde se perdait en ces attaques, mais elle ne lui laissait pas le choix. Mutuellement, elles embrasaient cette appétence recherchée auprès du rejeton du Roi en vain. Consumée par cette débauche, Madeline cédait et rejoignait Eléontine de ce côté du miroir, le point de non-retour. Elle mêla sa langue à la sienne, pressa ses lèvres d'autant plus contre les siennes, mélangeant son propre sang à sa salive, de ses étreintes fortes elle l'invita à se hisser sur la pointe des pieds pour l'atteindre et demeurer liées ainsi, loin de leurs déceptions amoureuses, loin de ces fatalités qui s'accolaient à leurs peaux. Sans prendre conscience de sa domination, la femme du conseiller imposait le rythme plus effréné de leurs échanges langoureux. Bientôt, elle se lassa et avisa à nouveau de son corset retombé ; c'était une porte grande ouverte pour Eléontine, qu'elle invitât à emprunter en s'éperdant dans le creux de sa poitrine ou sur la sensibilité de son mamelon. Dans le même temps, son intimité n'ayant pas reçu l'offrande qu'elle chérissait, Madeline guida la main de son amie jusqu'à elle. Cette fois, il lui fit quasiment intimer de ne plus se contenter de simple caresse du bout des doigts.
" Plus vite… Exigea-t-elle dans un soupir supplicié. Ne trouvant point encore son bonheur, elle fit glisser son toucher le long de sa hanche afin d'y asséner une troisième fessée. Plus vite ! " L'inflexion accompagné de son geste provoqua enfin cette parfaite cadence.
Ce qui était commode avec son amie dans le rôle d'amante, c'était sa taille adéquate pour ravager autant son entrejambe et ses seins sans ménagement. Il fallait croire qu'elles étaient modelées pour s'imbriquer de la sorte. La réflexion lui traversa l'esprit, très passagère alors que cette plaisante folie la gagnait. Enhardie ainsi, elle griffait et fessait sans répit. Un sursaut la prit lorsqu'un délicieux frisson escalada ses vertèbres pour lui injecter une dose hormonale. Enfin son corps trembla sous l'expertise de la De Tuorp, aussi décontenancé que reconnaissant.
Malgré tout, une insatiable de plusieurs années ne risquait pas de terminer cette danse sur une telle note. Madeline libéra en effet Eléontine de son étau et lui fit relever le menton pour se perdre dans l'azur de ses prunelles. De tout temps, elle fut sa Madeline, cependant elle aspirait à faire d'elle sa Eléontine. Dans un élan, elle l'entraîna jusqu'au sofa où Merlin la violenta, et l'allongea tout du long. Elle la rejoignit à hauteur de son bassin et fit aventurer ses mains sous sa robe pour lui retirer sa culotte.
" Je l'ai fait, Elé' : je me suis vengée. Elle termina de faire courir le sous-vêtement le long de sa jambe et le fit tomber lascivement à terre. Je n'aurais jamais réussi sans toi. De ses deux mains, elle dompta sa crinière pour la ramener derrière ses épaules. Mais ce n'est pas terminé : sache que je compte savourer encore bien longtemps cette vengeance. Ce soir, demain, et au-delà. " L'acte accompagnant le discours, l'infidèle fit engager sa langue contre les lèvres interdites et leur promit d'autres offrandes tout aussi affectueuses.
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La Bleue quitta ce salon la première. Il semblerait que la blonde eût encore besoin de se remettre de ses émotions ; à vrai dire, elle aussi, mais l'absence de la femme du conseiller risquait de faire davantage jaser. Dos à la porte, elle observa une nouvelle fois son alliance ayant retrouvé son annulaire. Elle avait fauté alors que Lambert, depuis le début, s'avérait innocent dans cette affaire. Du moins, c'était si Montarville lui disait la vérité ; ce qu'elle ne remettait point en cause : pourquoi le Roi risquerait-il de s'affilier un bâtard pour protéger le mariage de son meilleur ami ? En fin de compte, en embrassant cette voie condamnée, Madeline devait accepter cette aiguille de culpabilité qui entraverait les battements de son cœur jusqu'à son ultime souffle. Puisqu'il était trop tard, elle s'en accommoderait, et s'enquerra auprès de sa confidente pour l'alléger, par tous les moyens.
En arpentant le couloir sur le retour, la D'Eruxul comprenait que le fiasco de la soirée ne semblait pas être retombée. En avisant un domestique, elle apprit que Lambert s'était éclipsé, en compagnie de Garance, en quête du Roi. À cause d'une autre "mauvaise nouvelle". Madeline déglutit, puisqu'avec l'odeur du sang dans ses narines, elle ne savait que trop bien ce que la cour devrait gérer. Qu'allait-il advenir du Prince Merlin, à présent ? Et comment le Royaume D'Uobmab allait réagir au jugement de De Lieugro, si sentence sera prise ? Comme il lui était si troublant de flirter avec le danger, il pouvait les guetter à n'importe quelle intersection de ce château qui lui parût, dès lors, hanté par les vices les plus déplorables. Quoi qu'il en fût, puisque l'heure n'était plus aux festivités – et que la sécurité ne lui apparaissait guère assurée – elle héla des gardes.
" Veuillez m'escorter aux appartements de mon mari. "
Elle ignorait encore si Rosette comptait rester exposée, mais certainement que son père prendra ses dispositions pour la raccompagner à la demeure si elle le désirait, ou lui accorder une chambre d'office comme pour ses parents. Lambert… Il se fera à l'idée que sa femme aura préféré s'isoler pour fuir les horreurs s'y étant produites et non pas sa propre lâcheté.
2513 mots ~ (sans les mots de Merlin)
By Jil ♪
Ikar Pendragon ~ Sirène ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 67 ◈ YinYanisé(e) le : 04/09/2021
Mar 06 Déc 2022, 13:22
Les Portes V
Rôle :
Placide est le fils du Roi et le petit frère de Coline et d'Adolestine. Puisqu'il est le plus jeune, il n'est pas destiné à régner et ceci lui va bien. Il est mordu depuis son plus jeune âge par une passion dévorante pour la nature et, en particulier, les animaux. Il aime camper en pleine forêt, observer les cycles des saisons. C'est un garçon sensible à la beauté du monde mais insensible à ses pairs. Il se sent vite mal à l'aise dans la foule et préfère donc vivre dans la nature. Néanmoins, vu son statut, il est obligé de se soumettre à certaines obligations. Il espère secrètement que son père ne le forcera pas à se marier. Il est amoureux de Ludoric De Tuorp, amour qu'il a confié à l'une de ses sœurs, Adolestine, avec laquelle il s'entend bien. Ce n'est pas le cas de Coline, qu'il considère comme une chipie égocentrique.
Je m’écartai lorsqu’une voix étrangère vint nous interrompre. L’inquiétude germa dans mon esprit, alors même que mon déguisement me protégeait des regards inquisiteurs et extérieurs. J’aurais dû me sentir en sécurité mais ça faisait bien longtemps que la présence du roux à mes côtés tendait mon corps, de toutes les façons envisageables.
J’avais toujours eu peur qu’on nous découvre et ce n’était pas ce soir que cette peur s’effacerait totalement, malgré mes vêtements, mon maquillage, ma perruque et la résolution de l’aveu. C’était comme ancré, si bien que je me demandai si les choses resteraient ainsi, dans le cas où notre confession serait bien reçue par mon père et ses parents à lui. Aurait-il la force de se mesurer à Gustave si ce dernier lui ordonnait de tout arrêter ? Je voulais croire en lui et en nous malgré mes craintes.
Doucement, je baissai les yeux afin d’éviter le regard du garde. Je savais que les soins que j’avais mis à me déguiser payaient mais je préférais ne prendre aucun risque. Mes doigts se portèrent sur ma nuque et je la massai, afin d’occuper mes mains et de dissiper mon trouble. Néanmoins, celui-ci s’intensifia lorsque le soldat déroula la raison de sa venue. Pourquoi Childéric souhaitait-il voir Ludoric ? Au sujet de l’armée ? C’était étrange, au beau milieu de festivités. Avait-ce à voir avec Coline ? Ou avec notre nuit ensemble, dans ma chambre ? Allait-il l’arrêter ?
Un vent de panique souffla dans ma tête. Je ne dis cependant rien et laissai le rouquin gérer la situation.
Quelques secondes plus tard, mon regard suivit celui de mon amant. Je découvris deux silhouettes. Mes lèvres s’entrouvrirent. Qu’avaient-ils vu ? Qu’avaient-ils entendu ? Je me forçai à respirer posément pour ne pas perdre mon calme et me mis à marcher vers le salon indigo.
« Je ne sais pas… Tu crois qu’ils nous ont entendus ? »
C’était comme si le château de cartes que nous avions construits durant des mois venait de s’effondrer d’un coup. Je le ressentais comme ça. Nous avions toujours été prudents. Pourtant, depuis ma blessure, tout semblait s’emballer. Les événements m’échappaient au point où ça en était déroutant. Notre nuit, les gémissements que j’avais poussés dans ses bras, nos baisers dans le labyrinthe, notre décision d’avouer… Où allions-nous ? Vers le pire ou vers le meilleur ?
Mes pensées furent interrompues par l’arrivée du Général d’Ukok. Je pinçai mes lèvres et commençai à jouer avec mes doigts, nerveux. Son sérieux me donnait envie de disparaître dans un trou. Je redoutais ses mots et les redoutai d’autant plus lorsqu’il précisa que la conversation n’aurait rien de plaisante. Lorsqu’il parla de l’assassinat, j’écarquillai les yeux de surprise.
« Quoi ? »
Ce n’était pas possible, puisque j’étais là. Qui était mort, alors ? Il s’agissait forcément de mon leurre. Un sentiment de malaise s’installa dans mon estomac. Parce que j’étais venu ici, j’avais condamné un autre ? Et si je n’avais pas décidé de me rendre au bal alors… alors je serais probablement mort. Je sentis comme un vertige quand la vérité sortit de ses lèvres. Qu’avais-je fait ? La culpabilité se nourrit de mes questionnements et la pièce sembla tourner, au point où les paroles de Childéric me semblèrent lointaines et inaudibles. J’étais là. J’étais le Prince. Et parce que j’étais là, un autre était mort.
Je ne pris pas conscience des sous-entendus du Général, ni même de sa proposition faite entre les lignes de son discours. J’étais préoccupé, coincé dans l’imagination de la scène. Qui l'avait tué ? Avait-il souffert ? Surtout, comment était-il mort ? Il s’agissait d’un paysan. La question ne paraissait pas troubler Childéric. Ce qui l’importait n’était autre que moi. Le garçon décédé n’était pas dans ses priorités.
Je me sentis avancer vers la pièce qu’il indiquait, comme un mort-vivant. Une fois là-bas, je me laissai tomber mollement dans une méridienne. Je soupirai et fermai les yeux.
« Qu’est-ce qu’on va faire maintenant ? »
J’étais un peu perdu. Si j’avouais être vivant, ça voudrait dire avouer avoir été au bal. On ne me blâmerait probablement pas pour avoir indirectement condamné un adolescent à la mort. C’était ça qui était terrible. On me blâmerait sans doute davantage d’avoir enfilé des vêtements féminins et d’avoir une sexualité déviante.
« Tu crois que… le meurtrier sait que ce n’était pas moi ? »
C’était difficile à formuler. S’il s’en était rendu compte, il devait me chercher, à l’heure actuelle.
743 mots
Kitoe ~ Démon ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 1513 ◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
Mar 06 Déc 2022, 16:08
Faust
Les Portes V
TW : Le sourire de Daenerys
Lentement, son regard glacé se posa sur la silhouette de son épouse. Chaque mot qu'elle prononçait serrait un peu plus sa mâchoire, au point qu'il commençait à craindre pour sa dentition impeccable. Cependant, Gustave ne démordait pas de son impassibilité feinte. Il s'agissait d'un nouvel exercice auquel il s’appliquait depuis peu. Lorsqu'il le voulait, il se trouvait plutôt doué en la matière. Après des années de mensonge à montrer une mine radieuse pour couvrir ses adultères, ce n'était pas si étonnant. Il ne s’agissait là que du travail inverse : plutôt que de camoufler sa faute, il dissimulait sa réaction à la faute. En plus de l'infidélité de sa femme, il apprenait dont que la grossesse n'avait été qu'un mensonge. Il comprenait mieux, maintenant. C'était limpide. Éléontine venait de souffler sur les nuages qui brouillaient le tableau de leur relation depuis toujours et curieusement, il n'était plus aussi en colère. Enfin saisir les mécaniques autour de leur famille était suffisamment satisfaisant pour ne plus être complètement épris par la rage de la duperie. En outre, à force de désillusions, une part de lui avait fini par lâcher prise. Gustave savait qu'il venait de dépasser les bornes en séquestrant et en frappant sa femme et Elzibert. Il savait que ce serait regrettable et qu'une page se tournait pour de bon, ne laissant plus que la place à une dangereuse incertitude, pour ne pas dire la chute. Mais le mal était fait, et il choisissait en cet instant même de ne plus y opposer de résistance, ce qu'il avait pourtant fait des années durant en couchant avec d'autres femmes.
-C'est ce que je ferai.
Une confiance de fer résonnait dans ses mots pourtant portés à mi-voix. Éléontine marquait un point : la colère l'avait empêché de songer à la pension à la d’Etamot. Cependant, au point où ils en étaient, prendre Adénaïs sous son aile n'avait plus rien de choquant. Qui sait, peut-être que parier sa lignée sur Elzibert serait plus prometteur que sur leur fils légitime ? A ce stade, mieux valait ne plus être sûr de rien. La ruine des De Tuorp serait sa responsabilité. De toute manière, plus rien ne retenait Éléontine : s'il choisissait de s'occuper de son amante, sa femme disparaitrait probablement aux bras d'Hermilius. Ce ne serait peut-être pas plus mal. Ou alors, l'union de leurs familles débridées donnerait lieu à l'instauration du plus grand bordel du royaume, et chacun pourrait vaquer à ses activités sans être inquiété. L'idée était absurde, mais l'amusa au point de lui arracher un sourire qui se distilla lentement alors que sa femme embrassait son fils. Il la laissa partir.
-Les femmes sont toutes les mêmes. Répondit-il dans un soupir. Il regarda la clef glisser de la porte à l'autre bout de la pièce, sans tenter de la réceptionner. Il y en a des plus douces que d'autres, mais elles ont toutes des intentions secrètes, vicieuses.
Le De Tuorp leva un œil curieux en direction d'Elzibert. Son fils, tout compris ? Il était sur le point de sourire, fier d'avoir engendré une perspicace progéniture, mais une vague de confusion, suivi d'un nouvel éclair de désillusion, foudroya ses sens. Il resta pantois quelques secondes, sans comprendre, à l’intersection entre le déni et l'étincelle d'ombre qu'Elzibert souhaitait raviver à dessein. Finalement, il éclata d'un rire sardonique.
-Alors toi aussi, tu te complais dans l'inceste ? Eh bien.
C'était absolument dégueulasse, mais il ne préférait pas songer davantage aux détails d'une telle relation. Au moins, Elzibert avait eu le mérite d'être honnête, même si la révélation l'étonnait : Yvonelle n'était-elle pas fiancée à Natanaël d'Ukok ? Il supposait qu'il fallait des couilles pour déclarer publiquement ce genre de choses, en plus de l’annulation de la première union. Aussi devait-il être sacrément amoureux de cette fille, à moins qu'il n'y eût une autre stratégie derrière tout cela.
-Soit. J'écrirai une missive dans laquelle je te reconnaitrai officiellement comme étant mon fils. Décida-t-il, les mains derrière le dos, alors qu'il se dirigeait vers la clef qui jonchait toujours le sol. J'espère pour toi qu'Yvonelle ne sera pas une aussi mauvaise amante qu'elle est une mauvaise amie. Il toisa Elzibert. Savait-il ? Possiblement pas. En soi, ce n'était qu'une broutille, le genre d'outrage que l'on oubliait rapidement. Il me semble que Rosette d'Eruxul aimait beaucoup ses oiseaux, mais ta sœur devait avoir une dent contre eux.
A son avis, elle embrassait également le portrait qu'ils venaient de faire des femmes. Il se baissa et ramassa la clef.
-Je ne sais pas encore.
Gustave ne réalisait pas encore et de fait, il n'était pas en colère. Toutefois, il savait que cela viendrait. Son fils, pédé, était de loin le plus grand coup de poing qu'il avait reçu depuis le début de la soirée. Les sentiments d'Elzibert à l'égard de sa sœur n'étaient qu'une vulgaire procédure administrative par rapport au blasphème qu’était de s'acoquiner avec le même sexe. Gustave ferma les yeux et tourna la tête, afin d'effacer l'image dégoûtante qui venait de remonter à son esprit. Cela n'avait été qu'un cauchemar, mais il lui revenait parfois en tête, comme si tout cela n'était pas si onirique. Pourtant, Gustave le savait : même ivre, jamais il ne lui aurait été venu à l'idée de toucher le corps d'un homme. Il avait bel et bien vu la silhouette de sa femme avant que celle-ci ne se métamorphose. Prenant une inspiration, l’homme tâcha d'oublier Ludoric. Il s'occuperait du cas de ce goret plus tard. Gustave tendit sa main à Elzibert pour l'aider à se relever.
-Toutes mes félicitations, monsieur De Tuorp. A présent, vous faites visiblement partie d'une dynastie de dépravés.
Il lui offrit un sourire cordial, bien que fatigué, et l'invita à quitter la pièce pour profiter de la fin des festivités.
Arrêtez. J’obéis, parce qu’elle me l’ordonnait et parce que ces choses là ne pouvaient se faire sans le consentement de l’autre. Jamais je ne lui aurais ravi le sien. Si nous devions nous perdre alors nous le ferions tous les deux, ensemble, contre toutes les tempêtes. À ses côtés, j’avais l’impression d’être un phare, de ceux qui résistent à des milliards de vagues, à des millions d’orages, à des milliers d’averses et à des centaines d’ouragans. J’allais me retirer, comme la marée se retire du rivage, mais le mouvement qu’elle initia me fit comprendre que je n’étais ni phare ni océan. J’étais sa plage et elle était la mer, celle qui dicte le rythme et vient embrasser le sable lorsqu’elle le désire. Contre elle, j’eus l’impression que, de notre union, naîtraient des oiseaux d’écume à la fois fragiles et puissants. Je les imaginai s’élever, suivant le mouvement de leur mère pour découvrir la terre et les airs. Lorsque j’étais avec Rosette, je n’avais plus besoin de créer des poèmes car ma vie tout entière en devenait un. Enfermé dans ses bras, les mots n’avaient plus aucun sens. Ils se perdaient, car les sensations qui m’habitaient tout entier étaient bien trop intenses pour qu’ils pussent encore les décrire. J’aurais voulu les clamer que je ne l’aurais pu. Mes lèvres contre les siennes rendaient la récitation impossible. Elle n’était plus utile. La poésie pouvait aussi être une danse et nos deux corps étaient en train de trouver la leur. De toutes mes autres fois, je ne gardais rien. C’était comme un renouveau, une évidence. Maintenant que j’y avais goûté, il me semblait impossible de m’en passer. Ce serait une torture. Qu’est-ce que l’amour ? Tous les essais de définition ne valaient jamais sa réalité. Si j'avais su rapidement que je l’aimais, à présent, cet amour prenait véritablement forme. Il vivait, à la manière de sa respiration dans mon cou et des frissons qu’elle provoquait. Je n’étais peut-être pas de sang noble, je n’étais peut-être pas celui qu’il lui fallait, mais je l’aimais et cet amour vainquait tous les sangs nobles et tous ceux que la raison aurait souhaité à ses côtés. Dans mon état, j’avais la folie d’espérer qu’elle m’aimait aussi. Dans mon état, et même si je savais qu’un cœur ne se conquière pas mais se donne, j’étais prêt à tout pour que la même flamme brûlât et s’intensifiât en elle. Ensemble, nous formerions un brasier. Ensemble, nous réduirions en miettes les institutions et les coutumes honteuses qui voulaient qu’une noble et qu’un paysan ne pussent pas s’aimer pour toujours. Si mon cœur battait, c’était pour elle. J’espérais que mes caresses portassent mes mots silencieux. J’espérais que mes baisers exprimassent ce qui vivait en moi. J’avais l’impression que mon cœur vibrait à la manière dont l’âme vibre au cœur du violon. Je voulais lui transmettre ce qui m’animait. Je voulais lui transmettre ce que j’étais.
Quand elle s’enfuit de mon étreinte, je la laissai faire. Une plage n’a pas de bras. Une plage n’enferme pas. Elle est juste là, toujours là. Je ne me détournerai pas, pensai-je, en lui offrant mon sourire. Nous apprenions à nous connaître depuis longtemps. Au cœur de mes mots, elle avait eu un aperçu de qui j’étais. Une partie d’elle vivait en moi car elle était ma muse, celle qui m’avait inspiré au-delà de mes espérances. L’un contre l’autre, nous continuions à nous apprivoiser. Je savais néanmoins que si elle était prête à recevoir, je serais prêt à tout lui donner. Je la laissai glisser sur moi une nouvelle fois. Mes mains prirent d’assaut son dos. Je l’embrassai et séparai ma bouche de la sienne simplement pour lui murmurer ce que j’avais pensé plus tôt. « Je ne me détournerai pas, je vous le promets. » Non seulement je ne me détournerais pas mais je me battrais pour rester à ses cotés aussi longtemps qu’elle le voudrait. « On apprendra à se connaître davantage. » Je déposai un baiser sur ses lèvres. « Je ne veux vous forcer à rien. » Et, ce, même si je trouvais que nos deux corps s’embrassaient si bien l’un l’autre. Je l’avais fait plusieurs fois mais jamais je n’avais songé ainsi. C’était différent. Mon esprit voguait sur la douceur de sa peau, sur la caresse de son souffle. J’agissais, inspiré à la fois par l’amour et le désir. Je n’avais à penser à rien, les images s’invitaient dans ma tête et mon corps trouvait seul les chemins à emprunter, comme s’il connaissait déjà le sien par cœur.
751 mots
Erasme (Clémentin):
Clémentin est le garçon d'écurie. Il travaille au palais et n'a jamais eu de nom de famille. C'est quelqu'un de simple mais qui a déjà vécu beaucoup d'aventures. Il a voyagé dans d'autres Royaumes et raconte ces séjours à la princesse Adolestine dès qu'il en a l'occasion. Il admire sa volonté de chercher à s'affranchir de son statut social et ressent pour elle des sentiments presque fraternels. Il est secrètement amoureux de Rosette d'Eruxu et lui compose des poèmes qu'il laisse dans sa cage aux oiseaux. Il espère pouvoir attirer son attention, bien qu'il ne soit qu'un garçon d'écurie. C'est un jeune homme cultivé et au cœur vaillant.
Zébella est la sœur et la fiancée de Merlin. Elle éprouve pour lui tout le dégoût du monde et s'est durement entraînée pour devenir plus forte que celui qu'elle considère comme une sorte de déchet. Fonder une famille avec lui ? Plutôt mourir. D'ailleurs, elle ne désire pas fonder de famille tout court. Pas le temps. Zébella pratique énormément de sports différents et est capable de battre au bras de fer tous les hommes de son âge de son Royaume d'origine. Elle est en perpétuelle recherche de nouveaux défis et de compétitions sportives et espère bien réussir à faire plier le Roi pour qu'il en organise. Même si elle connaît les crimes de son frère, celui-ci ne lui fait pas peur. Elle séjourne au palais en compagnie de Merlin. S'ils sont arrivés il y a peu, elle a déjà croisé Clémentin et son charme renversant. Elle est certaine qu'il ferait un bon adversaire.
« Où est Merlin ? » Zébella s'était plantée devant l'un des gardes encadrant la salle. Ce dernier posa la main sur la paume de son épée, ce qui la fit sourire. Un qui apprenait vite. « Je l'ai vu traverser la salle un peu plus tôt, il ne doit pas être loin. Je dois lui parler. » Elle regrettait déjà d'avoir manqué son expression lorsqu'il avait appris ne pas avoir été celui qui la déflorait, elle n'allait pas non plus se priver du plaisir de remuer le couteau dans la plaie. Ce serait potentiellement la seule bonne chose qu'elle tirerait du bal.
Rendu particulièrement mal à l'aise par sa question, l'homme fuyait son regard jusqu'à ce que son absence de réponse commence à risquer de passer pour de l'insubordination. Il s'agita sous les pupilles inflexibles de la princesse. « Le Prince est allé rendre justice lui-même. » La bleue papillonna des yeux le temps de digérer l'information. Un pli dur barra le pourtour de sa bouche qui avait blanchi sous la force de sa mâchoire crispée. Evidemment. Ce n'était guère surprenant de sa part. Il était aussi impulsif qu'elle pouvait l'être, c'était sûrement l'unique point commun qu'ils partageaient. Un soupir agacé lui échappa et son index se logea entre ses sourcils pour soutenir un front ravagé par la migraine. « Votre Altesse ? Vous allez bien ? » « Bien sûr que oui. » Cracha-t-elle vivement en braquant son regard sur le garde. « Pourquoi n'irai-je pas bien ? Par le ciel que vous êtes tous ridicules dans ce Royaume. Et où est-il maintenant ? » « Il a été emmené par la garde pour être mis sous surveillance accrue en attendant que tout soit tiré au clair. » « Je vois. » Le laxisme de Lieugro était effrayant. Mais peut-être le Souverain saurait-il tirer une leçon de cette soirée ? Peut-être même irait-il reconsidérer sa proposition lors de l'entrevue qui avait précédé la soirée. C'était un gros si quand elle se souvenait de sa répulsion à intriguer pour mettre le prince hors d'état de nuire. Montarville avait sous-estimé son frère, il l'avait sous-estimée elle, résultat, un homme était mort et son Royaume serait en bientôt en conflit ouvert avec Uobmab parce qu'il avait cruellement manqué de discernement.
« Si vous souhaitez lui parler, je peux vous accompagner jusqu'à là où il est confiné. » Zébella réfléchit un instant. Le meurtre de Déodatus jetait un nouvel éclairage sur la situation et une lassitude veinée d'irritation remplaçait ses intentions originelles. Pourquoi rien ne se passait comme prévu ? « Non. Qu'il croupisse où il est pour aussi longtemps que possible. » Ou qu'il en ressorte les deux pieds en avant, les deux lui convenaient. « ... » « J'en ai assez vu. » Et comme si elle ne s'était jamais arrêtée pour lui parler, elle le dépassa pour quitter la salle et prendre cette fois la direction des appartements des invités.
Assise dans une baignoire d'eau glacée, la peau traversée de frissons intermittents, Zébella affichait une mine chiffonnée, en partie due au maquillage qu'elle avait tenté d'enlever au savon, tâche dans laquelle elle avait trouvé peu de succès. Ses cheveux lâchés retombaient en mèches emmêlées dans son dos. Elle s'était ouvert les doigts en enlevant les derniers tessons de porcelaine et du sang rougissait l'eau à chaque fois qu'elle y plongeait ses mains et elle fixait pensivement les fleurs carmines s'épanouir à la surface. Loin de l'éclat trop vif de la salle du bal et du brouhaha, il n'y avait plus que la bleue en face à face direct avec ses pensées. Ce n'était pas un exercice agréable pour celle qui ne prenait jamais ce temps-là, toujours en train de courir de telle à telle activité et un malaise diffus se propageait peu à peu. Il prenait naissance dans son bas-ventre en le barrant d'une ligne de feu ; une douleur supportable mais pourtant intolérable ; avant de remonter à la manière d'un ver jusqu'à sa poitrine pour s'y installer en étau qui la comprimait de l'intérieur pour étouffer les palpitations de son cœur. Apprendre la mort de Déodatus n'avait en rien soulagé Zébella mais sa rage s'était muée en une détermination aussi glacée que l'eau dans laquelle elle se lavait. Désormais, plus personne ne lui dicterait sa vie ou ne chercherait à la faire ployer. Pas sans conséquence. Pas même son père.
« Vous m'avez demandée, Mademoiselle ? » La porte s'était ouverte sur l'une de ses domestiques. « Oui. J'ai besoin que tu envoies deux messages pour moi. Je vais te dicter, prends le papier dans le tiroir du bureau. » Zébella prit l'une des éponges sur la tablette et se frotta un bras avec avec une force telle que son épiderme déjà éprouvé par le froid se mit à rougir sous la mousse. Une fois ses pensées organisées, elle débuta. « Père, Ne sachant pas si votre proposition tenait de la plaisanterie née d'un humour douteux ou d'une offre sérieuse dont le non-sens serait justifié par le chagrin d'avoir perdu la mère de vos enfants, voici ma réponse officielle. Je me dois de refuser de prendre la place de mère. En effet, je ne crois pas qu'il soit nécessaire d'en venir à une telle extrémité quand tout ce que je dois faire pour monter sur le trône est de faire preuve d'un peu de patience. Combien d'années cela fait-il que vous régnez ? Je n'aime pas vous voir vieillir, j'espère ne pas avoir à subir ce spectacle trop longtemps. Chaleureusement, votre fille bien-aimée, bla bla bla, tu connais les formules d'usage. » Elle ne mentionna pas Merlin dans la ligne de succession, ce cafard n'était pas une réelle menace à ses yeux. Si elle se décidait à prendre le pouvoir, il y avait mille manières d'assassiner ce déviant. Et ce ne serait pas grâce à Clémentin, à qui elle destinait son second message. La domestique termina de plier la missive et la glissa dans une enveloppe avant de prendre une autre feuille. « Oh non, tu n'as pas besoin d'une autre feuille. Mon second message est plus symbolique, même si je réserve des doutes sur le fait que sa cervelle soit proportionnée à ses muscles et qu'il réussisse à percevoir la signification. Ce niais a complètement perdu la tête et il ne faut pas qu'il croit que je pardonne la stupidité. Je veux que tu ailles démarrer un incendie dans les écuries. » La princesse sortit de la baignoire. Peut-être que le feu réussirait à la laver là où l'eau n'avait pas réussi.
Zébella tourna vivement la tête à l'ouverture de la porte et sursauta de surprise en ne voyant pas un domestique comme elle s'y attendait. Son corps tout entier se statufia et elle plissa les yeux pour tâcher de se souvenir où elle avait déjà vu ce visage. Alors, son expression se transforma en une moue écœurée. « Ah. C'est vous. Le pervers voyeur. Vous n'avez pas appris à modérer vos penchants dégoûtants à ce que je vois. » Remarqua-t-elle avec un air pincé en allant chercher son peignoir pour s'y envelopper. Pervers un jour, pervers toujours, et ces derniers s'évertuaient à lui tourner autour ce soir, à croire qu'ils étaient suicidaires en plus d'être des porcs.
Ses bras se croisèrent sur sa poitrine et elle alla s'asseoir sur le siège de sa coiffeuse pour l'écouter parler. Peu à peu, un profond ennui se peignit sur ses traits. C'était ça que la princesse n'aimait pas chez ceux de son entourage, ceux qui suçaient son précieux temps en croyant que ce qu'ils avaient à dire avait plus de valeur que ce qu'elle était en train de faire avant qu'ils l'interrompent. La tempe appuyée sur son poing, elle le laissa parler puisqu'il voulait vider son sac. « Peut-être oui. » Son pied qui se balançait dans le vide s'immobilisa et elle redressa la tête. « Pardonnez-moi, Sieur de Tuorp, vous avez tellement parlé que je n'arrive pas à me souvenir à quel moment je vous ai demandé votre avis sur ma situation. » Malgré l'humour présent dans sa pique, la bleue ne souriait pas. Son visage semblait sculpté dans la roche, inflexible et impérieux et même assise, elle trouvait le moyen de le regarder de haut. « La dernière chose dont j'ai besoin ce soir, c'est qu'un homme me dicte quoi faire ou comment réagir. Votre petite histoire est peut-être touchante pour les femmes que vous côtoyez ici, mais si vous voulez m'arracher une larme de compassion, il va falloir faire mieux que ça. Le viol est le pain quotidien dans mon Royaume, et sûrement dans celui-ci aussi, vous êtes juste plus hypocrites ou trop apeurés pour voir la vérité en face. J'ai été épargnée par cette fatalité parce que je suis forte, plus que vous ne pourriez le comprendre. Si je ne l'avais pas été, mon propre frère m'aurait violée alors que j'avais à peine dix ans. Mais vous êtes tous si faibles ici que j'ai baissé ma garde. C'est une leçon que je n'oublierai pas. La leçon que j'ai donnée à Déodatus en retour, il la prendra avec lui dans la tombe. Laissez-moi vous dire une chose, Hermilius. » Elle se leva soudainement et s'approcha. Ses doigts s'emparèrent de la fiole en chemin et elle l'avala d'un trait en grimaçant. « Je me fiche de ce qu'on pourra dire de moi, tout comme je me fiche de votre traumatisme ou de ce que vous pensez. Je n'essaie pas de me montrer forte. Je le suis. Chaque épreuve, et même celle-ci, m'endurcit davantage et ce n'est une bonne nouvelle pour personne sinon pour moi. » Elle baissa les yeux sur l'espace entre eux et un premier sourire éclaira son faciès. « C'est amusant, c'est ici-même que j'ai battu presque à mort mon frère. » Elle releva les yeux sur lui, notant au passage le motif du ruban qui dépassait de la poche de son gilet. D'un geste vif, elle s'en empara sans donner d'explication. « Je ne serai pas contre le fait de recommencer avec vous. » Elle ne précisa pas de quoi elle parlait. Une partie d'elle espérait qu'il commette l'erreur de faire un geste, un seul, dans sa direction pour l'envoyer au sol.
« Avant que vous ne sortiez, une dernière chose. » Sans prévenir, sa main partit à l'assaut de l'entrejambe de l'homme qu'elle serra sans pitié. La différence de taille l'empêcher de l'atteindre au cou aisément, il fallait bien trouver une alternative. « Ne vous avisez plus de parler de ma famille. On ne parle pas de ce qu'on ne comprend pas. Faites-le encore et je vous sépare de vos attributs. » Elle le relâcha quand les joues d'Hermilius eurent pris la teinte pâle escomptée. « C'est la deuxième fois que je menace votre virilité. » Nota-t-elle, amusée. « À la troisième, je sévis. »
Message XIII | 1908 mots
Merci Jil :
Dernière édition par Susannah le Sam 10 Déc 2022, 19:12, édité 1 fois