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 [Q] - À contre-courant des forces de marée

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

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◈ Parchemins usagés : 2292
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Jeu 14 Juil 2022, 19:12



Partenaire : Solo
Intrigue/Objectif : Latone se rend à Amestris et ce n'est pas une bonne idée

~~~

L'une des roues se heurta à une protubérance végétale, une imposante racine que Narangewa manqua par mégarde. La secousse se propagea au sein de la caravane et fit émerger sa principale propriétaire : Latone se redressa vivement, comme si elle sortait tout juste d'un cauchemar. Le souffle faible, sa cage thoracique se déforma dans un rythme erratique, sa main resserrée sur son manteau comme si elle cherchait à récupérer son propre cœur, à le réactiver par ses propres moyens. Peu à peu, la Bleue retrouva ses esprits et se remémora tout ce qu'il s'était passé depuis le naufrage – ou devrait-on dire "la chute" – de l'Otreno Yumio, de son séjour au sein du Berceau Cristallin jusqu'à sa confrontation avec Ykürr. Par Senere, elle avait été incapable de contrôler cette… folie, penserait sûrement son collègue Guide. La Kirzor ressentait ce soi-disant artefact en elle. Elle l'avait vue dans le ciel et était parvenue à le toucher, pour un résultat qui dépassait toutes les attentes. Autrefois, sous forme de Hozro, elle avait pu observer Léto user de pareille couronne afin de revêtir le rôle d'une esclave du Cycle. Le sien semblait lui faire retrouver sa Magie Élémentaire, celle aussi proche des Lyrienns et des Esprits. Renouer avec l'adrénaline de la Foudre la rendait nostalgique et lui avait procuré un bien fou. Hélas, ce qu'elle devint – Nuée et Feu du Ciel – s'avérait encore plus impulsif qu'elle. Ce qui, en soi, relevait de l'exploit. Il se pourrait bien que sa part Lyrienne reprenait son caractère d'antan, brûlant d'une furie sans pareille. Si c'était bien le cas, Latone éprouvait alors de la pitié pour eux, puisqu'elle ne voudrait pour rien au monde retomber aussi bas. Une solution envisageable serait d'expérimenter plusieurs fois la transformation afin de leur donner une chance d'acquérir cette humanité que la Vie lui octroyât…

Lorsqu'elle se sera extirpée de ce sacré pétrin. En soulevant un pan de la toile, Latone se raccrocha à l'entrée de la caravane pour observer le paysage lugubre de Nementa Corum. Elle était déjà venue en mission en ces terres, mais contrairement aux intentions de Nuée et de Feu du Ciel, elle ne foula jamais le territoire d'Amestris. Aux commandes de la caravane, Narengawa continuait d'accompagner le yack Mambo jusqu'à la capitale des Sorciers. Latone pourrait les arrêter tout de suite, opérer un demi-tour et faire son probable deuil de Charras… Mais cela ne lui ressemblerait pas. Même si les Lyrienns s'étaient laissés noyés par leurs pulsions, Latone partageait leurs sentiments au fond d'elle. Avant d'être une Réprouvée, Charras était une Hurabis, capable de retrouver sa route vers Ciel-Ouvert depuis n'importe où. Tant de temps sans nouvelle de sa part présageait bien sûr le pire, mais Latone se refusait de laisser son corps pourrir aux pieds des remparts d'Amestris. Et si l'Orisha ne retrouvait pas de cadavre, alors l'espoir persistait. C'était dangereux, fou, capricieux, pourtant l'occasion était également trop belle pour se fondre parmi leurs ennemis, à l'instar du plan d'Arcadia.

" Hurabis Kirzor. La voix profonde et écorchée de la Géante l'incita à remonter la caravane pour se poster à ses côtés, aux devants de la calèche. Comment vous sentez-vous ? "

" Mieux que ce que j'espérais. "

" Auriez-vous changé d'avis sur notre itinéraire ? Je ressens des altérations dans vos Échos. "

Latone se pinça les lèvres. C'était vraiment de la folie.

" Non, continue. On s'arrêtera assez loin de la cité et après… j'aviserai. "

" Tu l'as entendue, Mambo. "

Le yack et la Géante ne suivaient guère une telle logique : si Latone leur demandait de l'amener jusqu'aux confins des Enfers, ils le feraient. C'était autant un avantage qu'un inconvénient. Néanmoins, ce serait déjà un bon test pour ses intentions primaires : se rendre aux portes de l'Aulos. Nementa Corum n'était inhospitalière qu'à cause de sa végétation hasardeuse et à sa faune aussi hostile que des Mages Noirs embusqués. Les derniers ne devraient point leur poser de problème, puisque contrairement aux voyageurs de passage, ils étaient des Marcheurs. La prudence sera malgré tout de mise à mesure qu'ils se rapprochaient de la capitale.

~~~

Latone ne faisait plus parti des Esprits, pourtant elle ressentait d'innombrables regards faire pression sur ses épaules, de singuliers frissons le long de sa colonne vertébrale. Ce pouvait être des Sorciers dans les ténèbres, mais son instinct lui dictait que non. Ici, sur ces terres précises, jonchées de boues et d'eaux salées, il y avait eu d'innombrables morts. Les Marcheurs n'eurent guère les détails de la bataille – ou du massacre – ce devaient être aux Réprouvés de l'Empire de manifester leur témoignage. Hélas, le nombre très restreint de survivants ne leur laissa qu'un constat sans appel : la Vorace s'était emparée d'eux et n'avait laissée aucune trace, comme si elle s'était abreuvée de leur sang et que leurs os s'étaient fondus dans les entrailles des Terres. Ce ne sera pas son cas, parce qu'elle se laissait portée par la Voix du Dévoreur. Elle deviendra son avatar et son porte-parole, ses crocs et ses griffes. Et plus que tout, l'Orisha possédait un avantage que les Sorciers, entre autres, ne sauraient s'emparer. Une fois sa position stratégique établie, la Bleue ferma les yeux et se concentra sur son idée. Ceux de Leëcha ne seront pas très contents de moi, mais… Peu à peu, les Sereëkim s'exfiltrèrent de son dos, elle n'en avait besoin que de deux pour réaliser son plan. Une fois la bonne configuration choisie, elle sourit. Je suis plus une Marcheuse qu'une Kehaä. Et les Ætheri comprenaient combien les premiers étaient fêlés. D'un coup sec, ses Bras Invisibles tirèrent les pans de leur dimension pour ouvrir une faille vers le Monde Invisible. Latone ne perdit pas une seconde pour s'y immiscer, consciente qu'une telle anomalie risquait autant d'attirer les engeances de l'Invisible que de potentiels Mages. Je ne devrais pas laisser cette ouverture. Bien sûr, inviter les monstruosités de l'Invisible à envahir Nementa Corum serait un plan machiavélique, mais cela risquait autant d'impliquer les Orishas que de griller sa couverture. De ce fait, elle referma la faille derrière elle ; elle trouvera une autre issue plus tard.

" Oooh… " Latone leva les mains – toutes – en l'air, de sorte à garder ses distances.

D'ordinaire, les créatures de ce monde l'ignoraient purement et simplement, la considérant comme l'une des leurs. Mais celle-ci semblait plus agitée à son encontre.

" Qu'est-ce que tu me veux, à la fin ? Elle la contourna du mieux qu'elle pût. Je suis juste de passage. "

Cette confidence ne sembla pas convaincre l'engeance, néanmoins cela me permit de découvrir la source de sa véhémence. Alertée par l'évolution des événements, la Fae qui se trouvait initialement dans la fleur de Nuée s'extirpa de sa cachette et glissa le long d'une mèche bleue jusqu'à l'oreille de sa partenaire.

" Latone, c'est moi. " La concernée n'en croyait pas un mot !

" Canna ?! T'étais encore dans mes cheveux ?! " Étant donné la colère de la Hurabis, la Zeckea n'osa guère reprendre taille humaine.

" Quand j'ai appris que tu étais au Berceau, j'ai suivi Ykürr. Vu ce qu'il se passait, je n'ai pas… osé me manifester… " La Bleue soupira, dédaigneuse.

" Par tous les Dieux, tu n'aurais pas dû me suivre dans le Monde Invisible ! Ces créatures voudront ta peau ! La Fae se fit la plus petite possible. Tu aurais dû me prévenir dans la caravane ! "

" Tu m'avais promis que je pouvais loger dans tes fleurs autant de fois que je le désirerai… "

" Oui, OUI ! Mais… " Elle soupira et grogna longuement.

" J'étais inquiète pour toi. "

Sa voix était sincère. La Kirzor n'en doutait pas une seconde venant de sa fidèle Fae de Cyan. Plus qu'une collègue, Latone éprouvait une amitié croissante avec la danseuse fatale, et ce sentiment s'avérait bien réciproque. Comment lui en vouloir, elle qui bravait justement les dangers pour retrouver Charras ?

" Reste près de moi, alors. "

C'était la deuxième fois que la Kehaä arpentait le Monde Invisible et, encore une fois, elle le foulait sans intention de l'étudier. L'occasion était trop belle pourtant : aucune faille n'était apparente, la faune locale se montrait docile… L'expédition serait fantastique mais elle attendra un autre jour. En profitant de leurs statuts d'invisibles, les Marcheuses purent infiltrer les premiers quartiers d'Amestris. Franchir les portes lui parut insurmontables même au sein de l'Invisible, alors elle n'imaginait pas une bande armée de Réprouvés. Étaient-ils parvenus jusqu'ici ? Qu'étaient-ils alors devenus ? L'intérieur de la cité ne semblait pas avoir souffert d'une quelconque bataille, seuls les alentours des remparts furent rongés par les affres de la guerre. Malgré tout, contrairement à ce que l'Orisha pensait, la Vorace semblait tout autant subir de multiples évolutions dans son quotidien. Le changement de Roi devait y avoir été pour quelque chose, cette histoire de Crucifixion, et de Lune… Derrière leurs murs, les Sorciers cachaient de nombreux secrets dont elle se fera un certain plaisir à dénicher.

La Bleue gardait au moins son cap, à l'affût du moindre indice pouvant la guider vers des Réprouvés survivants de la Marche. La présence de Canna la rassurait, puisque la Cyan s'avérait plus consciencieuse qu'elle. Au sujet de Charras, Latone s'attendait à tout sauf à sa mort. La Hurabis Réprouvée avait de la ressource, elle avait dû réussir à s'échapper, mais où ? Et pourquoi ne s'être toujours pas signalé ? Un tel scénario impliquait le pire : elle avait été réduite en esclavage. Connaissant le bon goût des Sorciers, ils avaient dû apprendre son affiliation avec la Marche Terne et s'étaient alors décidé de lui offrir un sort digne pour une libératrice. Ceci était sans doute pire que la mort, néanmoins cette supposition lui donna un objectif : les quartiers des falaises, en outre ceux des Mayfair. Plus la Kirzor s'y immisçait, plus la présence des moins que rien ne se renforçait. Elle se donnait déjà bien assez de mal pour éviter d'en coller une à un Mage de passage, mais onduler entre les esclaves, avec leurs mines abattues, inanimés, lui fit passer un très mauvais trajet. Canna aussi se retint du moindre commentaire, au moins pour conserver leur invisibilité. Un atout qui, malheureusement, finit par avoir ses limites…

Un froid mordant lui lacéra le bras. Latone couvrit aussitôt la plaie et fit face au responsable : un Sorcier, un putain de Sorcier lui souriait et la fixait droit dans les yeux. La Kehaä voulut se rattacher à une vaine coïncidence, ainsi elle fit en sorte de s'éloigner de lui et de contourner quelques rues. Elle retint un soudain râle de souffrance, son bras commençait à l'engourdir. Du poison ?! Effectivement, sa vue commençait à baisser et ses forces la quitter. Alors que la blessée cherchait une issue, Canna se précipita pour traiter la plaie avec sa magie. Toutefois, l'harceleur réussit à les retrouver dans l'obscurité d'Amestris et chercha à les assaillir à nouveau. Il arrive à retracer mon invisibilité ?! Ces manipulateurs de sorcellerie possédaient trop d'atouts dans leurs manches. Elle ne pouvait pas continuer ainsi. Elle devait rouvrir une faille, sortir de cette dimension et, au passage, profiter du chaos engendré pour déguerpir. Mais les conséquences… Elle serra les dents et courut se mettre à l'abri, avant de se retrouver dans une impasse. Le Sorcier la cherchait encore.

" Tu ne peux pas sortir de la cité comme ça, je peux te guider si tu enfiles le diadème ! La Fae prit une taille normale pour la Marcheuse et lui fit exhiber le fameux artefact dont elle parlait ; encore un objet de transformation. Nous pourrons partir discrètement avec nos ailes et notre petitesse ! "

Ce qui en soi n'était pas déconnant sur l'instant. Et si je suis une Fae, ils ne pourront pas me reconnaître… Oui, ça pourrait marcher. Ça marchera ! Encouragée par sa camarade, Latone plaça le diadème dans ses cheveux et attendit que le sortilège s'opérât…

" Est-ce que… Même Canna remarquait que quelque chose ne fonctionnait pas. Tu te sens différente ? " Latone eut beau y songer…

" Non… Non ! Elle ne marche pas, ta breloque ?! "

La Fae était désemparée ; Villosis ne lui aurait jamais confié un artefact défaillant, ça n'avait pas de sens ! Tout comme l'Orisha, elle tenta de comprendre les raisons de ce disfonctionnement, jusqu'à que leur tapage de tantôt finit par attirer l'attention de leur poursuivant. Ce dernier tâtonnait, observait le moindre périmètre de cette impasse afin de débusquer ces intruses. Dans un élan de panique, la Lorona tenta le tout pour le tout et fit apparaître un livre de conte dans sa main. Dans son regard, Latone captait ce message : Fais-moi confiance. Canna ouvrit le conte et agrippa la main de sa cheffe. Les deux femmes se volatilisèrent et le livre chuta dans un recoin de la ruelle. Sur sa couverture se trouvait le titre : Lilifer.


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Latone
Lun 18 Juil 2022, 00:17



La fraicheur de la brise berça ses cheveux et les quelques parcelles de sa peau révélées au grand jour. Ces caresses naturelles apaisèrent son for intérieur, amenuisant avec ferveur les onces d'adrénaline qui persistèrent depuis cette course-poursuite. Le monde pouvait se montrer si cruel, il ne ressemblait en rien à son cocon natal ; Canna le savait pertinemment en s'engageant dans la Marche, mais les Échos de Ciel-Ouvert continuèrent d'égayer son âme enfantine. Cette infiltration à Amestris en revanche, elle lui brisait le cœur… Et dire qu'elle n'avait qu'effleurer la surface de la nature des Hommes. Dans les cheveux de Latone, elle s'était toujours sentie en sécurité. Lorsque la Fae rouvrit les yeux, elle sut que c'était à elle de mener la barque à présent.

Doucement, avec une élégance propre aux Lorona d'Aeos Luminrein, Canna se releva de leur entrée commune dans le conte. En ce monde, la Fae était techniquement toute puissante. Pourtant, c'était bien la première fois qu'elle pénétrait dans cette histoire-ci. Au moment même où Latone avait équipé le diadème de Villosis, Canna l'avait sentie : elles avaient enfin ouvert une faille dans le conte de Lilifer ; en outre, le Monde des Chants leur ouvrait ses portes. Qu'allait-il arriver, à présent ? Est-ce que ce Sorcier allait trouver leur cachette, alors que l'ouvrage se trouvait encore dans le Monde Invisible ? La possibilité existait, mais peut-être que ce Mage belliqueux était simplement capable de traquer les êtres vivants. Canna préférait s'en remettre à cette conclusion afin de se concentrer pleinement sur leur nouvelle aventure. Ses yeux grands ouverts observèrent les alentours, ces collines verdoyantes et fleuries semblant sans limites. Au loin persistait des amas rocailleux, puis une chaîne montagneuse. Si elle se retournait, un océan de chênes s'étendait à perte de vue, protégeant certainement quelques civilisations établies vers l'horizon. En elle résonnait une musicalité intrigante, bien différente de ses autres visites dans les contes plus ordinaires. Elle le savait, elle l'avait toujours su ! Le conte de Lilifer était la clé vers le Monde des Chants et la voilà à le fouler après tant d'années de persistance et de dédain de la part de ses pairs. C'était à la fois une chance inouïe et une expérience angoissante. Pour avoir parcouru toutes les lignes en long et en large de cette histoire, Canna saurait se localiser sans encombre, mais comment ce biome précis allait réagir à leurs intrusions ? … Latone ! Avec tout son émerveillement, la Zeckea avait failli oublier qu'elle n'était pas seule dans cette aventure, c'était même forcément grâce à la Bleue qu'elles avaient pu s'échapper ! Cessant de s'attarder, la Fae dériva tout autour d'elle, à la recherche d'un corps de près de deux mètres étendu à terre, caché dans les fourrées. Elle pensait vraiment parvenir à réussir cette tâche somme toute aisée. Pourtant, Latone ne semblait nulle part dans les environs. Aurait-elle chuté ailleurs ? Ce serait désastreux ! Non pas qu'elle imaginait sa cheffe causer tant de dégâts à ce décor fantastique, mais c'était bien la première fois qu'elle entrait dans une telle dimension… Et puis, qui sait ce que le diadème lui causerait ? Perdrait-elle autant le contrôle qu'avec l'artefact tombé du ciel ?

" … ! Là, il y avait quelqu'un, juste à ses pieds, mais… Latone ? "

Étant donné le boucan causé par la Fae, la personne allongée finit par émerger, apparemment elle aussi inconsciente dès leurs arrivées. Lorsqu'elle se leva et qu'elles se firent face, Canna ne put masquer sa surprise bien longtemps. Cette personne… n'était pas vraiment Latone. Non, en fait, ce n'était vraiment pas elle.

" Qui… êtes-vous ? "

La Zeckea avait la nette impression de la reconnaître. L'étrangère ne réagissait pas, son expression neutre semblait indiquer qu'elle était tout autant égarée qu'elle. Cette femme faisait quasiment sa taille – ce qui était déjà un bon indicateur pour écarter l'identité de la titanesque Bleue – et arborait un regard uniformément doré, plutôt orange et rougi ; comme de l'or terni par du sang. De surcroît, ces yeux s'avéraient sinistres, comme s'ils étaient capables de planter une aiguille directement dans le cœur. Au-delà de ce détail étrange, l'inconnue possédait une stature plus svelte que Latone et, fait important, une chevelure rougeoyante, plus courte, en partie nouée en une natte. Toute cette définition lui fit sauter une évidence juste sous son nez, néanmoins, Canna eut du mal à y croire.

" C'est toi, Latone ? "

" Hmm… "

La soi-disant Marcheuse observait autour d'elle, aussi intriguée que confuse. Elle ne portait pas non plus sa tenue d'à Amestris. On pourrait plutôt la confondre avec une villageoise des environs, avec cette longue robe blanche à pois. À ses pieds trônait un petit chapeau de paille qu'elle ramassa et épousseta, sans pour autant l'enfiler malgré le soleil qui les accablait.

" Incroyable… La Fae se rapprocha prudemment, convaincue par son hypothèse. Tu n'es pas… juste entrée dans le conte comme moi… Tu as revêtu le rôle d'un personnage. C'était bien entendu possible, mais bien trop rare. Tu es devenue Lilifer. "

La concernée fixa quelques secondes sa sœur d'arme, comme troublée par la révélation. La fameuse Lilifer finit par s'observer, par toucher son bras, sa main, serrant et desserrant le poing, passer dans ses cheveux et arracher l'un d'eux afin d'étudier le sanguinolent de sa pigmentation. Et en tout pour tout, par mystérieusement sourire.

" Il semblerait. " Sa tonalité s'avérait si basse qu'une attention toute particulière devait être donnée pour l'entendre.

Après toutes ses recherches, toute sa fascination engendrée par l'histoire rédigée par Midana Gandr, Canna se retrouvait tout bonnement face à sa figure fictive favorite. Lilifer, en personne, face à elle ! Bien sûr, elle savait que ce n'était qu'une copie empruntée par sa camarade Marcheuse, mais tout de même, la rencontrer en chair et en os la rendait toute fébrile. Et dire qu'elle répondait très bien à la description qu'en faisait son autrice, aussi bien physiquement que psychiquement. Latone ne se déguisait pas juste en Lilifer ; elle l'était devenue. Était-ce pour cela que le diadème faerique ne fonctionnât point en dehors ? N'était-il utilisable que dans le Monde des Chants ? Voilà un handicap sévère si c'était bien le cas, puisque le but primaire demeurait d'aider Latone à sortir de Nementa Corum… Ou alors, le conte de Lilifer a servi de catalyseur. Dans tous les cas, la sortie était toute désignée.

" Oh ! Elle se précipita sur le bras de son amie, l'inspectant minutieusement. Tu n'es plus blessée… Le poison ne coule plus en toi ? Lilifer balança sa tête, négative. On dirait que ta transformation t'a guérie… Elle s'écarta légèrement. Ou est-ce ce monde… "

Il y avait tant à découvrir, pourquoi devaient-elles se trouver dans une situation aussi alarmante ? Canna joua avec sa longue mèche, songeuse. Latone semblait stable sous sa nouvelle condition, curieusement passive. Elle se doutait bien que ces artefacts magiques pouvaient provoquer de sérieux changements, mais il lui était difficile d'imaginer sa camarade juste observatrice, dans l'attente. Normalement, elle lui aurait déjà demandé comment sortir d'ici.

" Aaah, qu'importe… La Fae examina à nouveau leur environnement. De ce que je comprends de notre première visite, il se pourrait que le Monde des Chants se comporte comme le Monde des Contes. Mais je ressens quelque chose de plus, comme si l'envie de chanter bousculait mes idées. Nous devrions… explorer un peu plus ? Lilifer semblait d'accord, du moins elle ne manifestait pas son empressement de sortir. Suis-moi, je connais cette histoire par cœur. "

Il était une fois la fille de la Colline Dorée. Jonchée de boutons d'or, on racontait que cet endroit était aussi hypnotisant que dangereux. De Saperlinpinpin, le bourg voisin, les villageois connaissaient une native de la Colline Dorée, du nom de Lilifer. Cette jeune femme solitaire résidait dans une chaumière, tout en haut de la Colline, et n'était de passage chez eux que pour subvenir à ses besoins les plus primaires ou pour se laisser charmer par le chant mélodieux des bardes et ménestrels. Pourquoi une demoiselle aussi rayonnante vivait là-haut ? La méfiance était de mise, puisque la nuit tombée, le Chant de la Colline Dorée pouvait provoquer des maux chez ceux qui l'écoutaient trop longtemps. L'inquiétude pour Lilifer supplantait les suspicions, tant la jouvencelle leur apparaissait innocente ; on la supposait en effet muette, puisque personne à Saperlinpinpin n'eut la chance d'entendre sa voix. Était-elle seulement capable de chanter ? Parmi les musiciens les plus érudits, Kimeus voulut y croire. Chaque jour, sa fascination pour Lilifer grandit et il sut qu'il pourrait l'approcher au zénith, à l'abri du terrible Chant de la Colline Dorée. De là-haut, ils pourraient, ensemble, chasser le mal qui les accable et ainsi vivront-ils tous heureux. L'harpiste se rendit alors chez Lilifer, tout en haut de la colline remplie de boutons d'or. Délicate, charmante, gaie, tout auprès de sa personne la désignait comme une nymphe, sa muse. Néanmoins, malgré toute sa rhétorique, Kimeus se confronta au refus catégorique de ce joyau. Pire encore, finalement irritée par son insistance, Lilifer fit tonner sa véritable voix : puissante, terrible, monstrueuse. Le musicien comprit alors que le véritable mal de la Colline Dorée s'était emparé de la jeune femme. Chassé mais pas moins découragé, il retourna à Saperlinpinpin dans l'espoir de trouver une solution. Silencieux pour préserver une probable chasse à la sorcière, Kimeus se contenta de faire cavalier seul sur le sentier dont il était le plus familier : les Chants. À travers eux, il discerna une lueur au bout de son chemin et trouva les vers adéquats pour approcher Lilifer. Cette fois, lorsque la lune prit la place du zénith, Kimeus brava la Colline Dorée et surmonta les afflictions provoquées par le réceptacle de la terrible Voix. Alors que son cœur semblait sur le point de lâcher, le courageux barde réussit à joindre la jouvencelle, tout en haut. D'un baiser sincère, il fit taire le mal et révéla la véritable voix de Lilifer. Libérée, la jeune femme retint ses larmes de joie, enfin capable de s'exprimer de vive voix sans provoquer le moindre dommage. Ensemble, grâce à leur lien musical, ils firent fleurir de plus belle les boutons d'or, main dans la main.

Les Marcheuses finirent de gravir la Colline Dorée, son manteau ocre aussi splendide que sa description par Midana. Canna n'osa saisir la poignée de la chaumière, attendant comme une autorisation de la véritable propriétaire ; celle-ci acquiesça doucement, afin d'accompagner son amie à l'intérieur.

" C'est une belle histoire. " Convint la rouquine sur ses pas.

L'intérieur se montrait coquet, tout ce qu'une maisonnée entretenue par une jeune célibataire pouvait être. Un salon plaisant, une cheminée encore chaude, de jolis rideaux aux motifs fleuris… Canna se sentirait chez elle comme l'aurait pu être Kimeus lors de sa première visite. Les quelques rayons solaires l'invitèrent à poursuivre sa visite, sans doute des secrets bien cachés se terraient entre les lignes de la rédactrice.

" Bien que la fin me déplaise. "

La porte claqua derrière elles. Soudainement, la lumière céleste disparut, troquée pour les ténèbres parcimonieuses de la nuit. La lune révélait le visage de Lilifer, aussi intimidante que son homologue fictive.

" Contre une affection égoïste, elle devrait perdre tout ce qui la rendait si épatante ? Elle fit le tour de la Fae dans ce hall d'entrée si macabre dorénavant. Je devrais renoncer à ma plus grande force pour quoi ? Pour l'idylle fallacieuse d'un troubadour ? Elle sourit de plus belle, le Velthar s'insinuait en Canna tel un poison et rien ne saurait la libérer de son emprise. Je refuse et grâce à toi, je peux même rédiger ma propre version. Des rires odieux sortirent des murs, comme si des entités rôdaient autour de la chaumière. Maintenant, je ne me contenterai plus de chanter du haut de la Colline Dorée. " Lilifer effleura la joue de Canna, tremblante et livide. Malgré toute sa volonté, la Fae échoua à arrêter le monstre qu'elle avait créé.

~~~

Pour la première fois de son existence, Lilifer respira l'air en dehors du Monde des Chants. Elle n'accorda qu'une brève attention à son tombeau avant de lui donner un coup de pied. Le bouquin alla se cogner contre une bibliothèque. L'intruse plissa les yeux : curieux, elle ne pensait pas se retrouver chez quelqu'un, étant donné que les Marcheuses semblaient fuir. La décoration lui paraissait trop raffinée pour leur avoir appartenir. La rouquine n'eut malheureusement pas assez de temps pour poursuivre son analyse, une vive douleur s'immisça dans son cou et lui fit aussitôt perdre connaissance. Durant sa chute, elle crut apercevoir un visage familier.


2183 mots ~



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Dim 31 Juil 2022, 17:51



Depuis bien longtemps, l'Ygdraë n'avait plus besoin de se courber pour saluer le retour du jeune seigneur. Son dos était si voûté qu'il leur apparaissait misérable, écrasé en tout instant. L'esclave se contentait dès lors de jouer de ses chevilles pour esquisser une déférence à la hauteur de ses maîtres. Kléber Mayfair s'était assuré de façonner leur serviteur de maison sous l'attention toute particulière de leur père. Cette vermine d'Elfe fut son premier test, réussi à merveilles : brisé et encore fonctionnel, tout l'art de sa dynastie. Cela faisait ainsi des années qu'il accueillait le sang de Vipérine Mayfair au sein du domaine et qu'il vouait une loyauté infaillible envers les Sorciers. Pour l'aîné de la fratrie, c'était comme un trophée qu'il pavanait partout entre ces murs, un moyen comme un autre de fermer son clapet à sa cadette. Fort heureusement, cette dernière ne se présentait que rarement à Amestris… tout comme leur géniteur.

" Votre père vous convie dans son bureau, jeune seigneur. "

Kléber délesta son manteau avec une soudaine mollesse aux mains de l'esclave. Il fallait croire que cette journée ne serait pas si ordinaire que cela, alors que le vent de la guerre s'était envolé depuis quelques temps déjà. Un Conseil des Chefs avait même eu le loisir de passer, à l'instar des joyaux célestes. Son paternel ne se présentait peut-être point aussi souvent ces murs, mais il lui était encore moins commun d'être appelé. Allait-il devoir reprendre du service au-delà des murs, tout comme Velvina ? Il n'espérait pas. Kléber avait tant de choses à façonner sous leur parquet… Un clic dental lui échappa. Il n'y avait aucune raison valable de faire attendre Père.

Deux coups à la porte et le fils l'entrouvrit tout en finesse. À son grand désarroi, ce fut Velvina qui le salua en première. Cette garce était ici aussi, tout autant conviée par leur géniteur visiblement. Elle était à moitié assisse sur le bureau de Père et rien que cette posture l'agaça profondément. Elle était trop différente de lui pour posséder le même sang. Une sorte d'anomalie. Fort heureusement, une Sorcière qui demeurait loyale à la Couronne Noire et à leur Dynastie des Maîtres. Père était installé dans son fameux fauteuil, celui qui grinçait par moment. Il était fidèle à lui-même, d'apparence aussi jeune qu'eux alors qu'il devait être aussi ridé qu'un natif de l'ère des Maudits. C'en était perturbant quelquefois, mais leur mère – Vipérine – avait toujours préféré les jouvenceaux.

" Ferme la porte derrière toi. "

Le fils s'exécuta. Cette réunion familiale semblait plus importante que ce qu'il escomptait.

" Ce matin, nous avons eu une intrusion. "

Kléber se montra sceptique, Velvina aussi sérieuse qu'une élève attentive.

" Réprouvé ? " La putréfaction de ces imbéciles était encore fraîche à l'extérieur.

" Non. "

Sur le coin de bureau trônait une forte cylindrique couverte par un tissu noir. Depuis leur arrivée, leur père n'avait cessé de fixer cette chose qu'il masquait à leurs yeux. Ce pouvait être la tête de la menace déjà écartée par le grand Sorcier, supposait la petite sœur. Que nenni, puisque lorsque le rideau tomba, une cloche en verre se présenta sous leurs yeux. À l'intérieur, une toute petite femme en robe blanche à pois. De feu était sa chevelure et d'or était son œillade. Elle se tenait droite, les mains croisées dans le dos et tout comme le patriarche, elle n'avait eu de cesse de le fixer à travers le tissu, comme pouvait en témoigner son sourire énigmatique et omniprésent.

" Rebonjour, Lilifer. "

La Fae ne répondit pas et ne considéra même pas les jeunes adultes qui l'étudiaient de près.

" Pourquoi est-elle si petite ? Je peux lui mettre une pichenette ? "

" C'est une Fae. "

Le père soupira et extirpa un livre qu'ils ne connaissaient pas d'un tiroir. Il était titré du même nom de cette intruse.

" Qu'est-ce qu'une Fae, éponyme de ce conte, ferait à Amestris ? "

Aucune réponse, comme attendue.

" De passage dans le quartier, j'ai ressenti sa présence, ténue, infime, si… familière. Ce n'est pas tous les jours que nous nous confrontons à une telle maîtrise de l'invisibilité. Hélas pour vous, je peux entendre votre cœur pulser d'ici. Il s'est accéléré, puisque vous étiez trop confiante de passer entre les mailles. Le poison a alors fait son effet, il aurait même dû vous paralyser dans cette ruelle… et pourtant, tout ce que je retrouve dans cette impasse, c'est ce livre, aussi imperceptible que vous. Et votre complice ? Disparu comme vous. Il examina le livre, depuis apparent aux yeux de tous. C'est une magie intrigante. Il m'a fallu quelques recherches pour vous sortir de là. Il laissa filer un silence, si lourd. Vous auriez dû mourir ou finir au fond d'un donjon. Néanmoins… tout ce qui émane de vous… votre être tout entier… m'inspire beaucoup trop d'interrogations. "

Le Sorcier posa délicatement le livre sur le bureau, le fit glisser entre lui et la cloche en verre. Il s'arrêta au dernier moment dans sa course, puisqu'il serait malencontreux de ne serait-ce que faire vibrer cette fameuse cage. Tous les deux représentaient des entités fières, imbues d'elles-mêmes. Leurs regards, leurs sourires, toute cette théâtralité ne faillira ni d'un côté, ni de l'autre.

" Ce conte a été rédigé par Midana Gandr, un nom oublié. Cet ouvrage… vous n'aviez pas pu vous le procurer autre part qu'au Voile Blanc. "

Aussitôt, Kléber et Velvina firent le lien avec l'intrusion.

" Une Marcheuse ?! "

" Ciel-Ouvert recrute de tous les horizons, bien avant Arcadia. Il ne serait pas étonnant qu'une Fae se soit alliée à eux. "

Le père n'avait guère besoin de faire de plus amples commentaires.

" Une Fae qui s'introduit à Amestris sous un voile magique trop puissant pour être ignoré, avec en sa possession un bouquin aussi vieux que Ciel-Ouvert… Tous ces éléments feraient sursauter n'importe quel Mage Noir. Mais cela, vous le savez tout autant que moi, Lilifer, ce n'est qu'une façade. Puisqu'une supposée Marcheuse dans la gueule du loup, c'est du vu et revu. Ce n'est pas intéressant. C'est au-delà de la définition même de la stupidité. Vous n'êtes pas de cette trempe-là, je l'ai su dès le moment où je vous ai vu surgir dans mon bureau, sortir de ce livre. Vous êtes au-dessus de tout cela, vous n'êtes pas une proie que je livrerai aux miens pour assouvir leurs pulsions de domination. Oh que non, petite Fae, ce ne sont pas toutes ces histoires qui me séduisent. "

Toujours aussi impassible, le regard noir de Lilifer soutint la prédation du Mayfair. Pour les descendants de ce dernier, cette situation s'apparentait à un cas d'école, une occasion d'admirer l'œuvre d'un Sorcier : briser et préserver le fonctionnement.

" Ce que je souhaite vous entendre m'expliquer, c'est pourquoi vous possédez le Velthar ? "

À cette mention, les lèvres de la rouquine ne purent que s'étirer davantage en une mimique morbide. Quant aux jeunes Sorciers, cette révélation dépassait toutes les prédictions.

" Me craignez-vous, Firmin Mayfair ? "

Sans la protection de la cloche, sa Voix aurait pu les attaquer au plus profond de leur être, enraciner son emprise corrosive jusqu'aux confins de leur chair. Le Velthar était une arme que ces Mayfair ci-présents redoutaient, puisqu'ils la connaissaient sur le bout de la langue. Son histoire, son utilité, ses qualités et ses défauts. La réaction des descendants s'avérait alors légitime, la méfiance étant de mise face aux ennemis possédant une telle Voix. Leur père, avec sa plus grande prudence, s'était empressé de contenir la menace grâce à ce verre spécial qui, non seulement, emprisonnait cette intruse et limitait sa magie, mais de surcroît aliénait les assauts de son Velthar. Malheureusement – et elle ne devrait pas le savoir – cette cage n'était qu'un prototype, avec ses limites.

" Non, Lilifer. Une succincte vapeur émana des lèvres de Firmin. Nous sommes comme vous. "

Irrité, Kléber s'interposa en posant les mains sur le bureau.

" Père, nous devons faire remonter la présence de cette intruse au plus vite. "

" Cela m'en coûte de l'avouer, mais il a raison. Si les Mayfair l'apprennent… "

" Ils vont lui sauter dessus avec la même fougue que des Bipolaires en rut, je le sais bien mieux que vous, mes enfants. Il s'adossa au siège, les mains à présents jointes. Nous savons que les Marcheurs ont réveillé les Voix, mais le cas d'un Velthar est unique… Plus problématique. Selon nos propres informations, qui sont ses actuels porteurs, à part nous ? "

La Sorcière jeta un regard à son aîné, celui-ci l'ignorant parfaitement.

" … Personne. "

" Personne, c'est ce que nous pensions. Il se pourrait bien que les Marcheurs n'aient pas simplement appris à dompter cet Art ancestral. Il fronça les sourcils. Ils ont fini par donner un coup de pied si fort dans la fourmilière… "

Ses enfants ne pouvaient comprendre. Il savait qu'il était un vieux Sorcier, qu'il connaissait surtout les terres du Voile Blanc, mais ils ignoraient tant de détails à son sujet, tant de vérités qui risquaient de les briser… et de les laisser non fonctionnels.

" Qui vous a appris le Velthar ? "

" Personne. "

" Vous mentez. "

" Non. "

" Vous le maîtrisez à la perfection. "

" C'est ma voix la plus authentique. "

Le Mayfair n'en croyait point un mot. C'était impossible. À moins que… Il s'enleva cette idée de la tête. Le principal problème de cet interrogatoire, c'était que cette Fae n'était pas ordinaire, et ce n'était pas sa probable affiliation avec les Marcheurs qui chamboulait tout le processus. Il fallait s'y prendre autrement.

" Admettons. Comment est-ce possible, selon vous ? "

Pour une fois, la rouquine parût intriguée. Elle démontra une réelle réflexion dans son regard gorgé d'or rougi. Ce Sorcier cherchait des réponses que seules les Marcheuses devraient lui donner, ou cacher. Lilifer se fichait pas mal de ce qu'elles feraient. Le souci étant que cette cage lui déplaisait, ce n'était pas ainsi qu'elle imaginait son chant de liberté… Il fallait qu'elle sortît, par tous les moyens. Pour autant, elle se refusait de donner entière satisfaction à des êtres aussi répugnants. Elle était Maîtresse de ses chaînes, pas l'inverse. Il se pourrait bien que ce jeu lui plaise, tant qu'elle y allait avec parcimonie afin de renverser les rapports de force.

" Ce n'est pas moi que vous traquiez à Amestris. La Marcheuse que vous cherchez n'est plus ici. "

Cette réponse paraissait hors propos, malgré tout Firmin sembla saisir un filin intriguant.

" Je me contrefiche de votre complice. "

" Je ne fais pas allusion à elle. "

Il tiqua. Elle sourit davantage, taquine. L'échange devenait enfin intéressant.

" Dans ce cas, qui ? "

C'était une idée, une folle idée. Il y aura forcément des conséquences ; néanmoins, c'était la vie qu'elle avait choisi.

" Latone Kirzor. "

Un silence, si pesant. Encore une fois, ses enfants ne pouvaient comprendre. Toutefois, en tant que Sorciers, en tant que Mayfair, ennemis de Ciel-Ouvert, ils savaient très bien le poids que représentait ce nom et ce prénom. Latone Kirzor, entre leurs murs, c'était comme apprendre que Jun Taiji se faufilait dans les champs de Bouton d'Or. Depuis cette réponse, Firmin ne jouait plus et les veines noires de son cou remontaient jusqu'à sa mâchoire, alors qu'il s'était relevé pour se pencher en sa direction, son emprise à présent ferme sur la cloche ensorcelée.

" Où est Latone Kirzor ? "

Aucune réponse. Une lueur fière passa à la surface de ses iris dorées, son sourire s'agrandit encore. Elle avait gagné.

" Kléber. Fais-la parler. "


2005 mots ~



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Latone
Dim 31 Juil 2022, 23:05



Lolaha voyait trop peu sa mère aussi gaie. La jovialité ne lui allait guère au teint, ses sourires avaient tendance à trop faire ressortir ses rides, alors qu'elle n'était pas si vieille que cela. Enfin, pour l'adolescente, elle demeurera une chiffe fripée tyrannique, mais tout de même une belle femme. Elle s'était faite toute jolie pour la venue de leur invité de marque. Eposi était remontée comme un piquet, Ghydra un brin nerveuse, Lolaha suivait alors, confuse mais pas moins obéissante aux directives de leur mère, Lasudri cherchait à copier Eposi. Puis venaient les toutes dernières de la sororité, Sumne et Nizanza, qui se cramponnaient aux jupons de Lolaha pour conserver leurs équilibres encore juvéniles. Les six filles s'alignaient au beau milieu du hall d'entrée, prêtes à accueillir celui qui franchira cette porte. La jeune Linèsienne n'arrivait pas à se souvenir combien de fois elle l'avait vu, il était si absent, si distant… et pourtant, sa présence était marquante, ses interactions avec lui imprimées en son âme, ses mots gravés dans la Voix des Kirzor.

Forcément, puisque cette personne faisait parti intégrante de leur cercle, de leur sang. Lorsqu'il ouvrit la porte et qu'elles virent son expression goguenarde, sa prestance encore plus écrasante que celle de leur mère, les Lèvres Noires savaient alors que oui, leur père serait là ce soir. Puis demain, peut-être durant une semaine, des mois. Il était libre comme le vent, contrairement à elles. Contrairement à Linos.

" Bonsoir, ma prodigieuse Lola'. " Ponctuait-il en lui caressant les cheveux.

Son nom était Firmin Kirzor.

~~~

🔞

Le jeu l'avait dépassée. Alors qu'elle pensait pouvoir se mesurer aux Sorciers, Lilifer admit que ce combat n'était pas le sien. Grâce à son influence, elle avait réussi à faire taire Latone et à enfermer Canna. Mais à quel prix ? En ces Terres, elle était une ennemie. Même Ciel-Ouvert ne l'autorisera pas à chanter au sommet de la plus haute des montagnes du Voile Blanc. Elle était comme un parasite, un être renié à l'instar du Bleu Roi. En ce sens, les réminiscences de son hôte, ou devrait-on dire son alter ego, lui vrillaient le crâne entre les séances de torture de Kléber. Après avoir énoncé sa sentence, le père Mayfair lui avait confié la cloche renfermant la Fae afin de la faire céder. Pour elle, ce garnement sûrement encore puceau serait incapable de lui causer du mal. Elle s'était trompée, puisque le fils redoublait d'ingéniosité pour malmener ses proies : sans la laisser en dehors de la cloche magique, il l'inonda de multiples fluides pour la faire craquer. Au départ, ce n'était que de l'eau. Une fois, de l'eau bouillante, où la chaleur résiduelle faillit bien lui faire tourner de l'œil. Puis il y eut du sang, dans lequel elle pataugea longtemps au risque de se noyer. À qui appartenait-il ? N'y avait-il même qu'un propriétaire ? Sa viscosité et son odeur lui collèrent longuement à la peau. Se succédèrent alors les cascades de pus, de morves et d'urines. D'autres fois, la cadette, Velvina, faisait intrusion dans les appartements de Kléber pour y aller de son grain de sel, même si elle se contenta de violences verbales ou de secouer avec véhémence la cloche pour être certaine que tous les fluides lui repassèrent dessus. Mais ce n'était pas le pire, non… Pour l'ultime tentative, Kléber introduisit un liquide collant et blanchâtre, dont les effluves nauséabonds la firent aussitôt vomir. Ce n'est que lorsque la liqueur séminale lui adhéra à sa chevelure rousse que le Sorcier révéla sa nature et son "producteur" : l'esclave de la maison, l'Ygdraë qu'elle voyait passer parfois ranger et nettoyer. Cette fois, cet être à-tout-faire fautait et la souillait, après avoir été obligé de se masturber et d'offrir sa semence à son jeune maître. Jusqu'à maintenant, la Fae était restée fidèle à elle-même : insensible, imprévisible, imbattable. Après ce coup-ci, Lilifer atteignit le point de rupture.

Néanmoins, pas celui que les Mayfair attendaient.

~~~


Cela faisait déjà deux jours que son père lui ait confié cette mission. Il n'était pas revenu depuis, sûrement occupé ailleurs, comme à son habitude. Toutefois, à l'instar de Velvina, Kléber avait remarqué cet éclat dans ses yeux lorsque la Fae fit mention de Latone Kirzor. Il y avait quelque chose de louche avec cette intruse. Pourquoi leur père ne se chargeait pas lui-même de lui soutirer des informations, si elle l'intéressait tant ? L'aîné se montrait bien évidemment honoré d'une telle tâche, mais le comportement de leur géniteur semblait désaccordé. Ils en discutèrent même avec sa sœur, sans arriver à une conclusion satisfaisante. Il leur était tout autant interdit d'en parler avec leur mère. Ce détail aussi comptait, puisque même si leurs parents ne trav aillaient quasiment jamais ensemble, c'était bien la première fois que la discrétion leur était imposée. Toute cette ignoble situation fut causée par cette Fae ; lorsqu'il revint au domaine, c'en était décidé : il allait lui faire cracher ses tripes et ses vérités avant le coucher du soleil.

Ainsi était le plan, avant qu'il ne constatât l'absence de l'esclave près du porte-manteau. C'était anormal. Il le héla plusieurs fois, sans réponse. Ceci constituait un crime, un affront à la noble Dynastie. Kléber allait devoir lui faire payer ; ce n'était pas juste par obligation, il lui était insupportable d'être ignoré par un être aussi inférieur qu'un Marqué. Si jamais Vipérine ou Firmin remarquaient l'insolence de l'esclave qu'il avait façonné, il allait payer. Sans parler de Velvina qui se moquerait de lui très longtemps. Il s'agaça rien qu'à cette pensée : les esclaves étaient comme des outils, il fallait les entretenir régulièrement. Peut-être s'était-il montré trop laxiste avec l'Ygdraë ces derniers temps… Briser et rendre à nouveau fonctionnel. Le Sorcier erra ainsi entre ces murs à la recherche du fautif, l'appelant plusieurs fois et crescendo avec les menaces. Il eut enfin une pensée à l'égard de sa prisonnière et s'engouffra dans ses appartements. Il s'arrêta net face au verre brisé sur le parquet. La Fae avait disparu. Ceci représentait le comble de son irritation. Aurait-elle agressé l'esclave ? Pire, serait-ce à cause de lui qu'elle s'était enfuie ? S'il apprenait que cet incapable avait renversé la cage de Lilifer, il le tuera sur-le-champ. Il fouilla partout, en vain. Il remarqua néanmoins un détail : dans la salle de bain, une vapeur encore chaude persistait et embuait les miroirs. Il y fit une plus profonde inspection et trouva une robe tachetée, fortement odorante. Un détail lui sauta alors aux yeux : ce vêtement arborait les mêmes motifs que celui de Lilifer. Elle est encore ici. Il en était persuadé. Il devait se souvenir qu'il était un adepte de la Voix, tout comme son père et que les Échos pourraient le guider. Alors il s'exécuta et la trouva dans la chambre de leur père, occupée à nouer la cravate noire qui cernait le col de sa chemise blanche, celle-ci finement rentrée sous un pantalon noir et lisse, coulant jusqu'aux chaussures de ville. Cette tenue formelle, un costume typiquement Sorcier, appartenait à son père. Et cette ordure osait s'en servir.

" Je vais vous tuer. Il dégaina sa rapière. Ce qu'en dira mon père importe peu, le jeu est terminé. "

Gracieuse, la demoiselle réarrangea une dernière fois ses cheveux avant de se tourner vers sa proie. Il lui en avait assez fait baver comme ça ; elle ne lui donna jamais satisfaction et elle comptait point lui en offrir de sitôt.

" Et comment vous vous y prendrez ? "

Le guttural s’immisça jusqu’au Sorcier et lui rongea la chair apparente. Hélas pour elle, le Mage était paré contre ce genre de danger, accoutumé contre ce poison de leurs Voix. La magie de Lux In Tenebris se dressa contre les assauts du Velthar, le mal contre le mal. Face à cette initiative, la Fae exprima tout son étonnement.

" Oooh… Elle fit craquer ses jointures. Elle avait repris taille humaine, faisait pâle figure face à ce colosse, cependant ce n’était pas pour autant qu’il allait l’intimider. Maintenant, c'est enfin intéressant. "

Kléber esquissa une estocade qu'elle esquivât de peu, cette audace lui permit de se rapprocher de donner un coup fort au niveau de son poignet. Le Sorcier raffermit son emprise sur le manche et chercha à la balayer avec sa lame ; elle l'en empêcha en appliquant une pression suffisante sur son avant-bras. Elle sourit et lui asséna un coup de coude. Il recula et la frappa du poing au passage. La Fae encaissa de plein fouet, la puissance de l'attaque la fit tournoyer et l'obligea à se rattraper à un pan de mur. Du sang coulait du coin de sa lèvre, qu'elle essuyât avec engouement. Elle rit, brève, avant de le darder avec fureur. Contre ses propres attentes, Kléber la vit se jeter sur lui, il la repoussa d'un coup d'épaule ; Lilifer contint la souffrance et se raccrocha au haut du Sorcier, elle tira, se propulsa en sa direction et lui fit goûter à son tour de son poing. L'impact fut moins impressionnant mais il cacha sa vile intention : l'aveugler avec son propre sang. Le Mayfair jura, tenta de s'épargner cette affliction mais la Fae s'avéra plus rapide, assénant un coup de pied directement dans sa main directrice. Il lâcha ainsi sa rapière, Lilifer l'attrapa au vol ; et, sans sommation, trancha au niveau du poignet.

" Je ne voudrais pas vous tuer aussi tôt. Elle aurait très bien pu, mais le hurlement maladif de son adversaire lui convenait à la perfection. J'ai à cœur de vous faire souffrir aussi longtemps que vous pourrez le supporter, d'esquisser une longue, très longue histoire tous ensemble. Briser et toujours fonctionnel. À croire qu'elle était née pour ça. Elle l'agrippa par les cheveux, plaça le tranchant de la lame contre sa gorge et le méprisa du haut de son piédestal victorieux. Sois utile : dis-moi où est ta sœur. " Elle aussi allait y passer.

Pour toute réponse, Kléber rassembla ses ressources magiques et la repoussa avec un Tonohr Velthar. Malgré elle, Lilifer dut battre en retraite et lâcha malencontreusement la lame de son ennemi. Tant pis, il pissait encore le sang et son cri allait rameuter des ennuis.

La Fae de la Colline Dorée se délesta malgré elle de sa proie et se dirigea vers la sortie. Elle ne tirera rien de plus d'Amestris, sa propre place se trouvait ailleurs. Sur le pas de la porte, elle s'apprêta à entreprendre son envol mais se confronta avec une autre tête dans sa liste à abattre. Forcément alerté par son fils, Firmin était revenu au domaine et fixa Lilifer avec une toute nouvelle intensité dans les yeux.

" Lolaha. Reste. "

Des ailes multicolores transpercèrent sa chemise afin de prendre son envol.

~~~

Enfin extirpée de cette maudite cité, son corps commençait à présenter des signes de faiblesse. Était-ce l'affrontement de tantôt qui l'avait autant épuisée ? Ou son temps était-il déjà compté ? Lilifer n'était pas dupe, elle connaissait très bien sa nature et ce que cela impliquait pour ces Terres ; et surtout pour Latone Kirzor. Adossée à un arbre, les chaussures déjà tâchées par la gadoue de Nementa Corum, la Fae usa de ses dernières forces pour manifester le conte à son nom. Ces Sorciers semblaient bien trop intéressés par son histoire, il était alors hors de question de leur laisser l'accès à sa faiblesse principale.

Faiblesse qu'une seule personne en ce monde connaissait encore. À peine eût-elle le temps d'admirer la couverture que le bouquin s'ouvrit de sa propre volonté. Canna réussit enfin à sortir du Monde des Chants et ne perdit guère une seconde pour faire face à sa partenaire. Sans un mot, elle profita de l'effet de surprise pour accoler ses lèvres aux siennes. Par ce baiser, le Velthar de Lilifer s'éteignit.

" Toi… La rousse repoussa l'autre, furieuse. Elle porta sa main à sa propre gorge, constatant les dégâts causés à son pouvoir. Qu'as-tu fait ? "

" J'ai mis fin à ta tyrannie, voilà ce que j'ai fait. Et je le recommencerai autant de fois qu'il le faudra. Libère mon amie. "

Le rire de Lilifer l'étonna, ne s'attendant pas à une réaction aussi décontractée.

" Ce ne sont pas ces mots qu'il faut prononcer. "

Au-delà de sa Voix perdue, la Fae aux iris d'or rougi constata petit à petit ses forces la quitter. Son enveloppe charnelle semblait se liquéfier sous la forme de l'encre. Après tout, elle n'était que le fruit d'une succession de mots sur une page, la fille de l'Imagination, l'apôtre des Chants Interdits, un Personnage Fictif. Elle en était consciente, même si cela lui laissait un goût amer…

" C'était divertissant. Peu à peu, l'encre laissait place à une forme plus familière. Mais ce n'est pas terminé. Je mérite plus qu'un sursis. Elle sourit davantage, sinistre. Je pousserai mon Chant au-delà de ces limites, ne l'oubliez jamais. Lorsqu'elle ne sembla ressembler plus qu'à une vague flasque noircie, sa voix tonna enfin : Je mets fin à mon règne. "

L'encre s'écoula entièrement à ses pieds, d'un coup. Latone inspira fortement, comme si elle sortait la tête d'un océan infini. Sa respiration s'était accélérée et elle n'entendit qu'à tâtons la voix rassurante de Canna. Il lui fallut plusieurs secondes pour reprendre contrôle sur ses sens, trier avec justesse ses souvenirs d'antan et ceux qu'elles venaient de créer par cette folie.

" Je… B-Bon san— ! " Les mots lui manquaient.

Elle s'écroula par terre, son amie Fae la réceptionna avec adresse et l'aida à s'assoir comme il faut en cet environnement hostile. Son dos lui semblait si lourd et à raison. Elle observa longtemps son reflet dans la vase ; ses yeux, ses cheveux… ces ailes de verre gorgées d'une multitude de couleurs, tout lui indiquait qu'avec ardeur Lilifer avait décidé de laisser son empreinte sur elle. Pour combien de temps ? Latone l'ignorait elle-même. Toutefois, ceci représentait une épreuve ; à l'instar de Nuée et de Feu du Ciel, la Bleue aura pour devoir de dompter ses flammes avant de se retrouver succombée.

" C'est vraiment toi, Latone ? Tu… n'as plus tes cheveux bleus. Elle pourrait autant en dire pour ses yeux devenus uniformes. J'étais si inquiète pour toi ! " Latone se retint de rire.

" Tu étais celle qui était enfermée, je te rappelle ! "

Et à ce propos, de bien plus grands démons la hantaient à présent.

" Canna… Cette dernière l'aida à se relever. Mon père est un putain de Sorcier… " Ce fait lui brouilla l'esprit jusqu'à l'arrivée de la caravane de la Larka Sacrifiar, enfin son phare en direction du bercail.


2554 mots ~



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