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 [Quête] - Le client

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Andrea
~ Orine ~ Niveau I ~

~ Orine ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 207
◈ YinYanisé(e) le : 31/10/2020
◈ Activité : Andrea : Harpe & Tatouages | Natsu : Danse des épées
Andrea
Sam 06 Aoû 2022, 17:21

[Quête] - Le client Zov4
Le client



Partenaire : Solo
Intrigue/Objectif : Andrea fait la rencontre de son Archonte. (Quoi, comment ça je suis en retard ?)

Les mailles en corde du hamac se froissèrent puis se détendirent de ne plus avoir à supporter le poids de mon corps lorsque je quittai ce nid qui était le mien temporairement. Même si je regrettais la stabilité et la douceur satinée de mon futon à Maëlith, j'avais appris à aimer le doux balancier lorsque je dormais, le grincement des cordes usées des autres hamacs lorsque d'autres changeaient de position. La vie de marin ne serait pas la mienne, mais j'aimais à imaginer parfois une vie où je prendrai souvent la mer. C'était idiot, car l'eau sous toutes ses formes m'effrayaient et jamais je ne me penchai par dessus bord, la vue de la vaste étendue de l'océan me terrifiait tout comme l'impossibilité de voir le fond si jamais je m'aventurais à plonger mon regard dans les vagues. Mais le voyage maritime avait son charme qui avait su me séduire.

D'un pas plus assuré qu'aux premiers jours, je franchis l'ouverture menant sur le pont et aspirai à grandes goulées la brise fraîche et salée qui m'enveloppa. L'aube maquillait le ciel encore piqué d'étoiles d'esquisses mauves et orangées. C'était mon moment préféré de la journée. Quand tous les marins n'étaient pas encore levés et que les autres passagers comme moi ne s'étaient pas encore levés. Il y avait peu à faire pour nous sur le bateau ; on nous demandait simplement de ne pas nous mettre dans les pattes de l'équipage et si nous devions souffrir du mal de mer, de préférer vomir dans la mer pour "nourrir ces saloperies de Sirènes". J'avais alors songé que si ces dernières devaient avoir vent de ce commentaire, notre voyage risquait de se terminer plutôt que prévu et cette perspective me plongeait dans une terreur glacée.

Néanmoins, fort de ces recommandations, je me glissai silencieusement jusqu'à la poupe du navire, sans bruit et effleurant légèrement le plancher poli et un peu rêche d'être lavé à l'eau salée chaque jour. Marcher pieds nus était devenu une habitude, et bien que des cals eussent commencé à éclore à la plante de mes pieds et que mes ongles commencent à se blanchir et à durcir, je prenais plaisir à sentir le bois vibre et bouger sous moi, comme s'il était plus simple ainsi de capter la voix de cet immense oiseau flottant. Les remontrances d'Eizen à ce sujet la veille résonnaient encore à mes oreilles et j'avais pour devoir de m'enduire les pieds désormais d'une huile nourrissante sous son regard sévère. Lorsque nous étions tous les deux, elle endossait tous les rôles qu'elle estimait nécessaires, et cela incluait celui de mère manifestement.

Une fois que j'eus trouvé le creux entre deux rouleaux de cordes qui accueillerait mes prochaines heures, je déployai entre mes jambes mes encres, plumes aiguisées, aiguilles et crayons. L'air pensif, je les prenais un à un, les maniais et humais les odeurs des encres. Je passai un certain temps à les entretenir et à tester les encres une par une sur mes bras ou sur des chiffons. Cette activité que j'exécutais chaque jour avait enduit mes doigts d'encre et j'avais du mal à m'en débarrasser lors de mes ablutions journalières.

Plongé dans un état à la fois méditatif et concentré, j'occultais les bruits autour de moi, bercé par le lent mouvement de balancier, je réfléchissais à tout et rien. Le temps filait vite, dans ces instants, et lorsque je levais la tête vers le ciel, les rayons de soleil réchauffèrent mon visage et brûlèrent agréablement mes paupières fermées. L'inspiration me frappa alors sans prévenir et l'excitation s'empara de mes doigts. À gestes décidés, je relevai mon kimono jusqu'à mi-cuisse et m'asseyais de sorte à avoir accès facilement à l'intérieur de ma cuisse, à la recherche d'un endroit encore vierge pour m'essayer à une nouvelle création. Muni d'une plume d'oie que j'avais taillée jusqu'à ce que la pointe devienne aussi fine que les aiguilles, j'en plongeais la pointe dans l'encre noire, celle qui me servait pour les tatouages temporaires et après une courte hésitation, je me courbai sur ma cuisse pour commencer à tracer un cercle épais.

À nouveau, je perdis la notion du temps. La brûlure du soleil sur ma nuque ne parvenait pas à me sortir de ma concentration, ni même lorsqu'un bruit mouillé me parvint, juste derrière mon épaule. Soigneusement, je terminai l'ombre sur le pétale jaune sans y prêter d'attention, sans même m'interroger sur sa provenance, j'étais dans un état second où ma cervelle était devenue aveugle à tout ce qui n'était pas la pointe de ma plume.

Un souffle chatouilla alors les boucles blondes qui s'égaraient derrière mes oreilles et je sursautai violemment, barrant d'un grand trait noir ma cuisse jusqu'au genou. Muet, catastrophé, je regardai sans voix mon travail gâché. « Oops. » Fit une voix monocorde et aussi sèche que le Désert de Näw. Me tortillant pour chercher son auteur, je me trouvai nez à nez avec homme blond aux traits jeunes. Ruisselant d'eau, il était accoudé au bastingage et je devinai que son corps pendait au dessus des flots mais il ne paraissait pas avoir besoin de fournir un effort excessif pour rester dans cette position que je jugeais inconfortable. Ses cheveux d'un blond caramel là où les miens étaient solaires étaient plaqués sur son crâne, rebiquant par endroits, comme pour souligner son visage aux airs de lutin, comme si celui qui avait dessiné ses traits n'avait pas su se décider entre le sérieux et le rire.

Ses yeux froids parurent chercher quelque chose dans les miens mais s'il réussit à lire davantage qu'une expression estomaquée, je ne le sus jamais. « Je... » Bégayai-je, encore pris de court et ne sachant pas par quelle question commencer. « Tu ? » M'encouragea-t-il en penchant la tête sur le côté. « Vous... » L'ennui traversa brièvement ses traits. « Je ne suis pas venu te faire réviser tes pronoms. » Les rayons de soleil s'accrochaient dans les gouttelettes coincées entre les écailles indigo recouvrant ses épaules, ses bras et une partie de son torse, lui donnant l'apparence d'un joyau resplendissant au soleil. Mais curieusement, il n'y avait personne pour lui jeter le moindre coup d'oeil.

« Vous faites partie des passagers ? » Fis-je d'une voix faible. « Crois-moi, si c'était le cas, tu m'aurais remarqué bien avant. » Je décelai une légère trace d'arrogance mais ne m'en offusquais pas. Sa supériorité était évidente, on aurait dit qu'une étoile en personne était descendue pour me parler. « Vous êtes un Ondin ? » Alors que je posai la question, je sentis mon sang se changer en glace dans mes veines. Était-il venu pour m'entraîner dans les profondeurs, me noyer ou me dévorer vivant comme dans les horribles histoires que j'avais pu entendre ? J'aurai voulu le supplier de ne pas me tuer mais les mots restèrent bloqués sur ma langue, pétrifiés par la peur. Il ne répondit pas et planta ses yeux dans les miens jusqu'à ce que je rougisse et baisse les miens, mal à l'aise. Lorsque je les relevais, il était accroupi à mes côtés, assez près pour que je perçoive le lent tournoiement dans ses prunelles, comme une spirale qui menaçait de m'absorber. Comment avait-il pu se mouvoir si vite et sans aucun bruit ? Avec retard, je compris qu'il venait de parler. « Pardon ? » Il leva les yeux au ciel et désigna de l'index le tournesol qui avait fleuri sur ma cuisse, balafré du trait d'encre accidentel. « Tu l'as raté. » Depuis l'extrémité de son ongle, une grosse goutte s'agglutina, s'alourdit jusqu'à se détacher et éclater sur la fleur, brouillant les contours et terminant le désolant essai, fruit des efforts de toute une matinée. Ce fut là que je le sentis. Pour la première fois de ma vie peut-être, je sentis l'agacement menacer aux confins de mon être, repousser ma timidité et ma politesse. « Maintenant, oui. » Articulai-je entre mes dents serrées. Je repoussai mon kimono sur mes jambes, ne souhaitant plus voir s'afficher sous mes yeux mon échec.

Le sourire amusé du blond disparu aussitôt que je le regardai de nouveau, mais j'avais eu le temps d'en découvrir toute la malveillance. Sa nature ne faisait plus aucun doute à mes yeux, mais qu'il cherche à me tuer ou non, je ne tolérai pas qu'on puisse ainsi gâcher l'art sans en ressentir la plus petite pointe de culpabilité. « Qu'est-ce que vous voulez ? » C'était à mon tour de prendre un ton sec mais cela ne fit qu'accroître le silence de mon étrange interlocuteur, qui eut même l'insolence de paraître légèrement ennuyé. Les paupières mi-closes, il ne me regardait plus mais fronçait les sourcils vers l'horizon. « Je ne suis pas un Ondin. » Finit-il par déclarer, revenant brusquement à ma précédente question. Il se gratta la mâchoire distraitement. « Ou devrai-je dire, je ne le suis plus. Ou l'ai-je été ? Les détails de mon histoire se troublent avec les années et les mensonges, les illusions et les désillusions. » Je clignai des yeux à plusieurs reprises, perdu. « Je ne comprends pas. » « Je crois que j'ai été Fae aussi. » Poursuivit-il en m'ignorant. « Un peuple amusant, et si utile. On gagnerait à s'en faire des alliées. » « Je... » Il me jeta un coup d'oeil. « Tu ? » « Eh bien, vous... » « Oh non, tu ne vas pas recommencer avec ça. » Il ne bougea pas mais je sentis une paume invisible claquer sur l'arrière de ma tête. « Comment avez-vous fait ça ? » Je m'assombris. « Qui êtes-vous ? » Il balança le poids de son corps sur ses talons et souffla par la bouche avec un dédain qui me vexa. « Pfff. Tu ne poses vraiment pas de questions pertinentes toi hein ? Ce n'est pas moi qui est important ici. C'est toi. » Il se rattrapa avant que je ne réagisse. « Enfin, bien entendu, je suis beaucoup plus de choses que toi et tu n'es rien de plus qu'un caillou, non même pas, une poussière de caillasse sous ma semelle, ne nous méprenons pas. Mais, mon objectif, c'est que tu deviennes une véritable montagne. Et qu'à ton sommet, je m'assois. » Il était fou. « Je ne suis pas une montagne. Je suis une Orine. Je m'appelle Andrea. » D'instinct, je courbai la tête en même temps que je me présentais. L'air retors, le blond m'imita dans une parodie satyrique et clama : « Et moi, je suis Fáird, et je ne suis pas fou ! » Il se rapprocha jusqu'à s'emparer de la plume dont je m'étais servie et il me caressa le menton avec son extrémité duveteuse. « Je suis aussi ton client. Je veux que tu me tatoues quelque chose, petit caillou. »

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[Quête] - Le client Zzm4
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Andrea
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Andrea
Lun 02 Jan 2023, 14:34

[Quête] - Le client Zov4
Le client



« Je réalise que je ne connais pas votre nom. » Après avoir émis sa requête, mon client inattendu avait littéralement disparu. Son absence aussi soudaine que son apparition avait suscité un monceau de questions qui avaient mis mon esprit en ébullition de telle sorte que j'avais échoué à demeurer concentré pour reprendre le cours normal de ma journée. Un voyage en bateau semble excitant en apparence, si on omettait mon aversion pour l'élément sur lequel nous naviguions, mais je réalisai qu'étant passager, je devais surtout tâcher à ne pas gêner l'équipage au travail. M'occuper n'était pas un problème, je ne souffrai jamais de l'ennui et mon temps était dédié à la méditation et à divers exercices pour améliorer mon Art. M'occuper les mains et l'esprit était une prérogative pour empêcher mes pensées de s'évader jusqu'à l'idée de revoir Wakiya et des émotions qui soulevaient mon âme, mais l'étrange homme venait concurrencer la jeune femme au Shibari en premier plan de mon cerveau.

Trop distrait, j'avais finalement laissé de côté mon matériel et m'étais installé en tailleur pour trouver à l'intérieur de moi-même pour retrouver l'équilibre dans la quiétude de mon organisation mentale. C'était là, après un nombre d'heures indéterminé, que l'inconnu s'était à nouveau matérialisé. L'eau ruisselait sur sa peau découverte et son regard de bronze étincelait dans la fin de journée comme les minerais extraits par le peuple des nains. La vie elle-même y tournoyait en volutes dorées hypnotisantes dans lesquelles j'étais persuadé pouvoir me perdre des heures durant.

Il secoua la tête quand des gouttelettes descendirent de ses mèches de cheveux jusqu'à ses yeux et un halo troubla l'air autour de lui. Quelques secondes plus tard, il était aussi sec que s'il ne venait pas d'émerger des flots et sa peau bronzée qui était dénué d'écailles avait un aspect satiné presque surréel. Sa maîtrise magique lui paraissait aussi naturelle que respirer et je réalisai un peu tardivement être bouche bée depuis plusieurs secondes.

Il planta son regard dans le mien. « Fáird. On m'appelle parfois le Coquin. » Je battis des cils. « Pourquoi le Coquin ? » Il me renvoya un regard énigmatique accompagné d'un très discret sourire en coin et je choisis de ne pas creuser davantage le sujet, pressentant que je n'aurais jamais de réponse satisfaisante. JE me fendis d'un sourire poli. « Enchanté, Fáird. Je suis Andrea Lim. » « Oui, tu l'as déjà dit. » Souligna-t-il nonchalamment en s'étirant. Mon regard s'attarda sur le sac gonflé suspendu à sa hanche. Son bâton était attaché dans son dos par une lanière qui barrait son torse nu. Je décidai de changer de sujet, impatient de ne pas laisser le silence s'éterniser mais surtout d'essayer d'obtenir au moins quelques réponses à mes questions. « Que faisiez-vous dans l'océan ? C'est dangereux, vous ne craignez pas les Ondins et les monstres marins ? » Les abysses suffisaient à me donner la chair de poule mais la vie qui y fourmillait était pire encore. C'était un univers sans pitié qui n'avait rien à envier à l'Enfer. Comme toute peur qui peut nous étreindre, il m'intriguait également mais je n'étais pas prêt à assouvir tout de suite cette curiosité morbide pour en apprendre davantage les êtres qui y évoluaient. « Bien sûr que non. » Rétorqua-t-il avec indulgence comme s'il me pardonnait mes faibles capacités intellectuelles et c'est d'un ton légèrement froid que je le relançai. « Qu'y faisiez-vous ? Vous y vivez ? » « Ce ne sont pas tes affaires. As-tu réfléchis à mon tatouage ? »

Je jetai un coup d'oeil sur l'horizon qui s'assombrissait à la minute maintenant que le soleil descendait dans la mer. Les cumulus coloraient le ciel violacé de volutes indigo et les ombres se multipliaient. A cette heure, l'océan se muait en un gigantesque miroir de ténèbres dont les mystères me glaçaient jusqu'aux os. « La luminosité du soir n'est pas idéale pour un tatouage. Il vaut mieux attendre demain matin. » Objectai-je finalement après avoir réussi à détacher mon regard de la surface ondulée. « Ce n'était pas ma question. » J'avais l'impression de me faire réprimander et je baissai les yeux par réflexe en m'excusant aussitôt. Il y prêta à peine attention.

« De toute façon, je me suis décidé. Je veux des ailes. De grandes ailes. Ce sera du plus bel effet avec mes écailles. Je veux des ailes uniques, qui font trois fois ma taille et scintillent même dans l'obscurité. » Je le contemplais avec de grands yeux éberlués qui ne me faisaient certainement pas briller par l'intelligence. Il me fallait corriger le malentendu qui s'installait. « Je... Euh... Je ne sais pas faire ça. Je crois que vous me confondez avec quelqu'un d'autre. Je peux peut-être me renseigner pour trouver quelqu'un de plus doué que moi qui pourrait vous faire ça. Je ne suis que novice et - » Il poursuivit comme si je n'avais rien dit. « J'aimerai qu'elles soient comme de l'ambre, dans le même ton que mes yeux et que cela donne l'impression qu'elles sont en or pur quand je volerai près du soleil. J'éblouirai les autres en leur prouvant que grâce à toi, je leur suis supérieur et que la victoire me revient incontestablement. »

Dans un enchaînement de mouvements souples qui m'évoquait la façon dont se mouvaient les meilleures danseuses de Maëlith, Fáird s'étendit sur le pont, les bras derrière la tête. Même ainsi, il m'impressionnait autant que lorsqu'il se dressait de toute sa taille. Il m'évoquait une sculpture vivante indigne pour mes yeux mortels. « Bien sûr, je te récompenserai, même si l'honneur de me tatouer devrait suffire, mais je suis généreux. » Mal à l'aise, je me balançai d'un pied sur l'autre. « Ce n'est pas que je ne veux pas, Fáird, mais je n'en serai pas capable. Je suis désolé. » Il me sonda de telle sorte que j'eus le sentiment que mon âme était à nu et je me liquéfiai sur place. « J'aimerai le pouvoir. » Ajoutai-je avec une note désespérée dans la voix. Il pouffa et le son incongru me sortit de ma nervosité. « Ne sois pas si anxieux, voyons. Tu n'as quand même pas cru que je n'allais pas t'aider à accomplir ce que je te demande. Ce n'est pas un test que je te fais passer, tu peux te détendre et te contenter de faire ce que tu sais faire, du mieux que tu peux. J'ai juste envie d'un tatouage et c'est une occasion de discuter toi et moi. Est-ce que tu sais ce qui manque à une bonne conversation ? » Je secouai la tête. « De l'alcool. » Il fit apparaître une bouteille du néant qu'il but directement au goulot. « Non ! Il ne faut pas boire avant un tatouage ! » Protestai-je aussitôt. Il ouvrit les yeux et but une seconde gorgée sans me quitter du regard, une lueur de défiance trônant dans ses prunelles singulières. « Ne t'inquiètes pas tant et bois un coup. Bon sang, tu n'es pas très drôle, tu ne dois pas avoir beaucoup d'amis. » Je me renfrognai et allai protester quand une soudaine lourdeur dans ma main me fit oublier ce que j'allais dire. Je baissai les yeux sur une seconde bouteille logée dans ma paume. Mes doigts blanchirent en se serrant autour. « Oui, c'est vrai que je ne m'y connais pas en humour, et je le comprend encore moins. Une autre chose que vous allez découvrir, c'est que je suis aussi têtu. » Je déposai la bouteille dans un coin et prit l'autre des mains de Fáird en priant pour ne pas subir de représailles pour cette audace. « Si vous voulez un tatouage, ce sera selon mes conditions. Ecoutez, j'ignore qui vous êtes, et je ne sais pas comment vous espérez que j'accomplisse ce tatouage ni ce que vous voulez vraiment de moi, mais mon Art n'est pas à prendre à la légère et si vous ne suivez pas mes conseils, je vous refuserai en tant que client. » Ma voix tremblait et j'étais rouge d'embarras mais je me forçai à ne pas baisser les yeux. Il eut un sourire satisfait. « Bon, tu n'es pas dénué de caractère. C'est bien, je commençai à m'inquiéter d'avoir parié sur le mauvais cheval. » Interloqué, je m'immobilisai. « Je ne comprends rien à ce que vous dites. » Il haussa les épaules et ne prit pas la peine de m'éclairer. Au lieu de quoi, il revint sur une de mes précédentes questions.

« J'ai trouvé de magnifiques gemmes dans mon exploration aujourd'hui. Les Sirènes ont des trésors insoupçonnés qu'elles gardent jalousement. Si elles n'étaient pas aussi désagréables, je ne les aurais pas volées mais le fait est qu'une de mes anciennes conquêtes m'a brisé le coeur et qu'il s'agissait d'une Sirène donc je ne me gêne pas de temps à autre pour me servir. Bien entendu, j'ai cassé la queue de cette femme. Œil pour oeil, dent pour dent. » Je pâlis mais s'il s'en rendit compte, il n'en montra rien. « Bref, c'est ces pierres qui m'ont donné l'idée de mon tatouage, regarde comme elles sont exquises. » Il fit léviter jusqu'à moi un joyaux que je recueillis dans le creux de mes mains. Malgré l'absence de soleil, la pierre luisait comme le gosier d'un dragon s'apprêtant à cracher son feu et je l'admirai sans un mot pendant plusieurs secondes, hypnotisé par la façon dont ses facettes captaient la moindre parcelle de lumière pour la renvoyer magnifiée. « C'est cela que je veux, incrustés dans ma chair. Je ne veux pas de ces vulgaires plumes d'Ange ou de Déchu, ni de la peau disgracieuse des Démons. Je veux des plumes taillées dans ces pierres. » « Mais... Comment suis-je censé faire ça ? Je suis tatoueur, pas forgeron ni joaillier. » Il leva les yeux au ciel. « Tu es trop fermé d'esprit. C'est étonnant pour quelqu'un de ta race. Je vais te guider, viens. » Il roula de façon à être sur le dos. Déjà torse nu, il n'avait pas besoin de se dévêtir et je vins m'agenouiller à ses côtés, empli de doute et de confusion. « Passe tes doigts sur mon dos. » M'invita-t-il et après une courte hésitation, je fis courir avec légèreté l'extrémité de mes doigts sur les ondulations osseuses de son dos. « Plus fort. » M'intima-t-il. J'appuyai alors un doigt sur sa colonne vertébrale et je poussai une exclamation épouvantée quand mon doigt s'y enfonça comme du couteau dans un beurre. « Je suis désolé ! Est-ce que je vous ai fait mal ? » « Mais non, idiot. C'est comme ça que tu vas sertir mon dos de ces pierres. »

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