Chercher à comprendre, c'est commencer à désobéir

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Nirvana - Something in The Way

La pointe de sa plume piquait le parchemin au rythme des aiguilles de la pendule qui tiquait dans le fond. Le regard de l’adolescente n’avait pas une seule fois décollé du papier raturé depuis qu’elle s’était installée derrière son bureau. Le poids des heures commençait à alourdir son corps, et à présent qu’elle ressentait la fatigue, Asra prenait conscience de cette soif qui lui brûlait la gorge. Il était peut-être temps de faire une pause, s’était-elle dit, et dans cet esprit, la disciple blanche s’était enfin décidée à quitter sa chambre en quête d’une carafe d’eau. En descendant les marches, la jeune fille croisa le regard de son oncle, qui s’était arrêté devant la porte de son bureau en la voyant. « Tu te décides enfin à sortir ? » lança-t-il, faussement taquin. Son oncle Gabriel était un piètre comédien. Ses boutades peinaient à dissimuler l’inquiétude qu’il lui manifestait depuis leur rencontre avec sa tante. Tante. Le mot lui était encore étrange à entendre et encore plus à prononcer. « Je voulais juste être tranquille. » se justifia d’abord l’étudiante de l’Etain, chassant toute reformulation pendant à ses lèvres d’un soupir. « Je vais juste chercher un verre d’eau. » expliqua-t-elle finalement, reprenant sa descente en direction des cuisines. La main de son oncle posée sur son épaule balaya néanmoins tout effort que la disciple blanche avait mis en œuvre afin de fuir la conversation. « Concernant l’autre soir… » balbutia le magicien, sentant le visage de sa nièce se crisper. « Je sais qu’on t’a déjà suffisamment rabattu les oreilles par rapport à ça, mais je veux juste m’assurer que tu vas bien. » L’adolescente haussa doucement les épaules, prenant garde à ne pas couper le contact que son oncle avait établi. Elle ne voulait pas le contrarier. Même si, pour l’heure, c’était eux qui la contrariaient. Ils voulaient son bien. Ils étaient simplement inquiets pour elle, et pour cette même raison, Asra s’efforçait de ne pas prendre ombrage de leur comportement récent. « Tout va bien. Je suis juste un peu surprise de me découvrir une tante… mais je le prends bien. J’aime l’idée que notre famille puisse… hmmm… s’agrandir, je suppose ? Même si c’est un peu dans le sens inverse. « Elle rit, un peu confuse. Elle l’était vraiment. La nouvelle l’avait un peu désarçonnée. Tout comme eux, sans aucun doute. Ils lui semblaient même bouleversés. Bien plus qu’elle, en fait et cela la rendait nerveuse dans un sens qui la poussait à se questionner. Provoquer ce comportement chez leur protégée était justement la source de leurs tracas. Ils étaient les auteurs de ce cercle vicieux duquel ils n’arrivaient plus à sortir.

« Je me doute. C’est normal. Sache juste que si tu te sens brusquée, que tu trouves que ça va trop vite ou autre, tu peux nous le dire. Il n’y a pas de mal à y aller doucement. Nous ne la connaissons pas non plus, après tout. Et avec tout ce qui s’est passé… « Sa mâchoire se crispa. Il en avait trop dit. « Enfin… Ça peut être compliqué. Alors si tu as peur… Eh bien sache que ce n’est pas grave et que tu peux nous le dire, d’accord ? Il faut nous le dire. Nous serons là, quoi qu’il arrive. « La main de l’oncle quitta l’épaule de sa nièce pour passer affectueusement dans ses cheveux. « Tu t’inquiètes trop. Tout va bien. Tu n'as pas à t’en faire. » soupira l’adolescente, essayant de désarmer son oncle d’un sourire nonchalant. « Elle a l’air très gentille en plus. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mais finalement elle était sympathique, non ? J’ai hâte de la revoir moi en tout cas pour mieux faire connaissance. » Gabriel resta silencieux un instant, ne sachant quoi répondre. Il espérait visiblement une autre réponse. « Oui, oui c’est vrai. Tant mieux si tu as passé un bon moment alors. « se résigna-t-il finalement, dissimulant du mieux qu’il puisse son air abattu dans une manœuvre de fuite étrangement similaire à celle que l’adolescente avait essayé de mettre en place au début de leur conversation. « Bon, je vais te laisser tranquille maintenant. Si tu as besoin, je suis là. » déclara-t-il enfin, reprenant son chemin en direction de son bureau sous le regard perplexe de sa nièce. Les épaules de la disciple blanche s’affaissèrent en entendant la porte se refermer. Pendant un instant, elle eut envie de se laisser glisser sur les marches.

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