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 [Q] L'usurpation d'identité n'est pas une blague, Jim. | Babelda

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Sam 23 Juil 2022, 20:28

Objectif : Djinshee et Babelda se mettent à la recherche du Voleur de Visages

Djinshee & Babelda
L'usurpation d'identité n'est pas une blague, Jim.
On lui avait dit que l'endroit était mort et elle pouvait le confirmer : c'était bien, bien mort. Gris, morne, terne ; déprimant. Tous ces mots étaient aussi exacts pour décrire le paysage. Des terres désolées, plates et sans aucune végétation, perdues, abandonnées, et qui s'étendaient à perte de vue. Et dire qu'au beau milieu de tout ça s'était bâti une ville… Aux abords du désert, Djinshee constatait la réalité de ce lieu par rapport à ce qu'on lui avait dit. La Lyrienne ne connaissait pas les Orishas. L'on disait qu'ils avaient la capacité de voir ce que nulle autre race ne pouvait voir, mais Djinshee ne pensait pas avoir saisi toute l'étendue de ce pouvoir. Un peu plus tôt dans l'après-midi, elle avait parlé à un vieil homme à l'auberge, qui lui avait raconté que ce désert n'en était pas un pour les principaux concernés. C'était précisément ce qui le rendait dangereux pour les étrangers et en effet, la femme avait pas mal de difficulté à croire que devant elle s'étendaient des plaines et des forêts verdoyantes, des créatures de toutes sortes et pourquoi pas quelques maisons. Tout ce que cela lui évoquait, c'était le résultat du passage d'un immense incendie qui aurait tout ravagé avant qu'elle n'arrive. Mais quelque part, elle s’imaginait ça pour se sentir un peu mieux dans cet environnement.

Djinshee poussa un soupir, puis tourna les talons. Il était temps de retourner à l’auberge, cette exploration serait pour demain. Ce n'était pas maintenant, alors que la fin de la journée approchait, elle comptait entamer son expédition dans un désert aussi triste où elle n'y voyait rien. Elle devait conserver des forces et acheter quelques provisions avant de se lancer. La Lyrienne n'avait pas peur, mais elle n'avait pas envie d'y aller non-plus. Il fallait dire qu'elle ne faisait pas ça par choix au sens strict du terme. Si cela n'avait tenu qu'à elle, jamais elle n'aurait songé à mettre les pieds dans cette région.

D'ailleurs, plus elle y pensait, plus elle se demandait si son expédition n'était pas ridicule. Elle ne s'était basée que sur des dires. Mais que pouvait-elle faire d'autre que cela ? La situation la désespérait autant qu'elle la révoltait. Il n'avait suffi que d'une seule seconde d'une seule nuit pour que tout bascule. Quand on y pensait, c'était risible. Mais puisque ça lui était arrivé à elle, c'était loin d'être drôle. Plusieurs nuits plus tôt, Djinshee s'était réveillée en sursaut avec l'intime conviction que quelqu'un était entrée chez elle, mais après une inspection minutieuse de toute la maison, elle n'avait trouvé personne, ni la moindre trace d'effraction. Ce n'était que le lendemain, en sortant, qu'elle avait compris : elle avait perdu son visage, au profit d'un autre. Ses traits fins étaient devenus carrés. Une autre forme d'yeux, de sourcils, un nez plus épais et une bouche plus fine, une mâchoire carrée, et elle avait pris malgré elle des traits tout à fait masculins. C'était Elh qui lui avait fait remarquer en la rencontrant au matin. Cela avait suscité de la panique, puis une moquerie difficilement contrôlable. Humiliée, Djinshee n'avait pas tardé à mettre la main sur le premier bout de tissu qu'elle avait pour recouvrir son visage. Suite à de nombreuses consultations auprès de différents médecins et spécialistes, ne manquant pas de ruiner une partie de ses économies, elle avait fini par apprendre l'existence du Voleur de Visages. Au total, il lui avait fallu un peu plus d’une quinzaine de jours avant de se retrouver là où elle était actuellement. La Lyrienne n’avait pas été avares en efforts. Si quinze jours étaient objectivement peu pour tout ce qui touchait aux malédictions, c’était subjectivement une éternité. La jeune femme avait profondément détesté sa vie dernièrement et comptait bien en terminer au plus vite avec ces conneries. Son but était donc de retrouver la fameuse tour du Voleur, ou le Voleur lui-même. Seulement voilà : où étaient-ils ? Toutes les informations qu’elle pouvait se procurer ne se basaient que sur des rumeurs. Mais bon, au point où elle en était, que pouvait-elle faire d’autre que d’accorder un peu de crédit aux "on dit" ?

De retour au village où Djinshee avait choisi de passer la nuit, cette dernière enfonça ses mains dans ses poches et baissa la tête. En général, on ne lui prêtait pas trop attention, mais elle savait que ceux qui croisaient son regard remarquaient immédiatement que son visage ne collait pas du tout avec le reste de son physique. Elle n’avait jamais autant détesté être vue.


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Babelda
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Babelda
Jeu 08 Sep 2022, 16:13


Image par Paloma Piquet.
L'usurpation d'identité n'est pas une balgue, Jim !
Djinshee & Babelda


Il est des histoires que l'on aime se raconter pour se faire peur. Des histoires de fantômes ou de démons qui se repaît de la chaire. D'autres nous ont marqué depuis l'enfance et laissent dans l'âme une trace qui ne s'efface jamais tout à fait. En grandissant, les cauchemars disparaissent mais l'on ne peut s'empêcher occasionnellement de se retourner pour jeter un regard par dessus son épaule, comme pour s'assurer que ces mythes ne sont qu'une pure invention, qu'ils n'appartiennent qu'au monde des enfants et à celui de l'imagination. La raison nous pousse à savoir qu'il est impossible pour ces contes de prendre vie, mais une part d'inquiétude nous souffle de vérifier, juste pour être certain. Babelda avait baigné dans ces contes. Elle avait entendu l'histoire du marchand de charbon et de toutes ses déclinaisons au travers des caravanes des Voyageurs. En embarquant sur un navire de l'Empire de Yanna, elle avait découvert plus de légendes encore, certaines parfois horribles. C'était grâce à cela qu'elle avait entendu parlé du Voleur de Visages. Un individu qui était nez sans trait distinctif, puis abandonné à la naissance. Finalement, il ne possédait ni visage, ni identité. C'était ce qui le rendait si difficile à retrouver. En entendant cette histoire, la Rehla s'était amusée de l'air grave de la conteuse, lorsqu'elle avait prononcé cette mise en garde. Selon l'auditrice, il s'agissait surtout de ce qui permettait à cette légende de survivre : avec une excuse aussi parfaite, personne ne pouvait démentir l'existence d'un humanoïde pareil. Si on ne le retrouvait pas, c'était parce qu'il avait changé de visage et qu'il s'était de nouveau échappé dans la nature, tout simplement. Et pourtant, c'était bien sur les traces de ce mirage que la Caeli s'était lancée. A cause de lui qu'elle s'était de nouveau aventurée sur les terres inhospitalières des Orishas.

Babelda sonda les quelques voyageurs qui s'étaient arrêtés dans l'auberge pour passer la nuit. Il n'y avait pas foule, mais davantage que ce qu'aurait imaginé l'inspectrice. Finalement, elle remarqua le visage qu'elle recherchait. Elle termina le verre qu'elle avait commandé - une boisson locale au goût sucré qu'elle n'avait jamais goûté avant - puis se dirigea vers l'homme. Si elle souhaitait que la vision qu'elle avait prédit devienne réalité, alors elle devrait être en compagnie de cet inconnu. Une fois arrivé à sa hauteur, néanmoins, la jeune femme réalisa qu'elle ne se trouvait pas en compagnie d'un individu masculin : son visage était trompeur, sa stature et sa corpulence, un peu moins. Légèrement troublée, la brune toisa celle qu'elle avait souhaité aborder, ne sachant quoi dire. Après un léger silence embarrassant, elle finit par reprendre la parole. « Soit il n'a pas été sympathique avec vous, soit il a un sens de l'humour particulier. » constata-t-elle sans préambule. « Le voleur de visage est un spécimen très mystérieux... Mais au moins, il vous a laissé avec un visage. » Certains n'avaient pas cette chance. Certains se réveillaient au matin, simplement dépouillé de leur faciès. Ce devait être une expérience très perturbante. Babelda prit place aux côtés de la femme barbue. Bien qu'elles furent toutes les deux des femmes, elle restait la plus petite des deux. « Je m'appelle... » La Mousse s'était apprêtée à donner le nom dont elle usait à bord du Tellus. C'était devenu comme une seconde nature, désormais. Pourtant, sa présence ici n'avait rien à voir avec l'empire. Aussi se ravisa-t-elle et choisit-elle de décliner sa véritable identité. « Babelda. Bien que la prochaine fois que nous nous retrouverons, ce soit avec des visages différents. » La Caeli n'avait pas été dépouillée de son visage, mais si elle parvenait à atteindre son but, elle ne porterait peut-être plus le sien. Elle haussa les épaules, comme si cela importait peu. « Des présentations en bonnes et dues formes pourront se refaire lorsque nous les auront récupéré. » Ou non. Peu lui importait, en réalité. « Je suis à sa recherche également. Mais c'est un gros morceau. Que diriez-vous que nous nous entraidions ? Ce sera plus efficace. Vous êtes aussi impatiente que moi de retrouver ce qui vous appartient. » Ce n'était pas une question, ni une supposition. Sa présence ici était une preuve suffisante.

Babelda attendit la réaction de son interlocutrice. Elle s'était montrée bavarde pour s'attirer sa sympathie mais désormais, elle se sentait presque drainée de ses forces. La discussion n'était pas l'une de ses qualités.
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Jeu 13 Oct 2022, 18:52

Djinshee & Babelda
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Sans un mot, Djinshee laissa la demoiselle l'approcher. Son visage était fermé. Elle n'avait pas envie de discuter et gardait la tête inclinée vers le bas, afin d'éviter qu'on ne remarque de trop la disharmonie entre son corps et son visage. Elle avait retiré son voile, car mine de rien, celui-ci l'opprimait et la Lyrienne détestait cette impression d'étouffement que ça lui donnait. Jusqu'ici, elle avait reçu des regards interloqués, parfois caustiques sur son accoutrement, mais elle préférait largement ça aux moqueries qu'elle avait reçu à propos de ce qui se cachait en-dessous du tissu. Alors, en le retirant, la rousse avait pris soin de s’isoler à la table la plus éloignée des autres clients, se disant que sa discrétion naturelle ferait le reste du travail pour elle. Ça n'avait pas l'air d'avoir dissuadée son interlocutrice, et Djinshee ne trouva pas la motivation nécessaire pour la chasser. En fait, cela aurait probablement éveillé la curiosité d'autrui, ce qui aurait été encore pire.

La première remarque qui lui fut adressée ne la fit pas broncher. Pour autant, tout en elle bouillonnait. Si elle s'était écoutée, l’Élémentale aurait tôt fait de faire fermer son clapet à quiconque osait l'ouvrir sur son apparence. L'inconnue avait heureusement eu la décence de ne pas se moquer, Djinshee lui devait au moins ça. En fait, celle-ci avait parlé avec une neutralité intrigante, comme si cela ne l'étonnait finalement pas de voir quelqu'un dans sa condition. Les mots qui s'ensuivirent éveillèrent la lueur de curiosité dans les yeux de la Lyrienne. Enfin, elle les leva légèrement. Elle détailla la face de son interlocutrice forcée, non pas sans méfiance. Cette femme avait une gueule tout à fait normale. En voilà une qui avait de la chance. Ça la foutait en rogne rien que d'y penser, mais Djinshee préféra serrer les dents plutôt que de manifester ouvertement sa frustration.

-Alors c'est pas que des foutaises, ces histoires ?

Techniquement, elle avait déjà la preuve concrète que non, sur son visage. Mais elle était assez surprise d'entendre le nom de celui – ou celle, bien qu'on parlât plutôt d'un voleur – qu'elle recherchait dans la bouche d'autrui. Elle supposait que ce n'était pas n'importe qui, qui entrait en possession de cette information. Autrement, elle aurait entendu parler de l'énergumène bien auparavant.

-Quoi, vous allez me faire croire que ce visage n'est pas le vôtre ? Grogna-t-elle.

Comme elle était de mauvaise humeur, son ton corrélait étrangement bien avec son faciès. Elle souffla, par ses grosses narines d'homme bourru. De toute évidence, elle avait honte de son apparence et l'idée que cette femme associe celle-ci à son identité lui déplaisait.

-Djinshee. Se présenta-t-elle malgré tout.

A une autre époque, elle aurait probablement décliné une autre identité. Mais elle avait terminé de jouer avec les mensonges. Ça n'était pas fait pour elle, la fatiguait et l'opprimait plus que nécessaire. Un peu comme son voile, finalement. La flamme n'était pas faite pour être couverte ou cachée. Il y eut un silence. La proposition l'intéressait, bien évidemment. Toutefois, elle lui semblait tout aussi soudaine.

-Vous avez l'air bien au courant et sûre de vous. Plus qu'elle, en tout cas. Comment avez-vous entendu parler de cette... entité ?

Car à ce stade, elle se voyait encore mal parler d'une personne. Cet usurpateur ne pouvait pas être humain. C'était trop puissant.

-Bon. Ça me va.

Ce n'était pas comme si elle avait le choix. Si elle voulait résoudre son problème rapidement, mieux valait qu'elle s'allie à cette femme qui avait l'air d'en savoir plus qu'elle.

-Vous savez par où chercher ? Je ne connais pas du tout la région.

Dans l'urgence de sa situation, et connaissant sa patience, elle s'était contentée du minimum lors de ses recherches. Il fallait dire qu'en échange, celles-ci n'avaient pas été très généreuses en réponses. Djinshee s'était dit qu'elle y verrait plus clair une fois sur le terrain. C'était généralement ainsi qu'elle procédait, à chaque fois. Tout en l'écoutant, elle termina sa pinte. Avec son repas, qu'elle avait fini depuis longtemps, elle avait commandé de la bière. C'était ce qu'elle prenait à chaque fois qu'elle allait dans une auberge alors qu'elle avait à faire : de l'alcool qui ne risquait pas de brouiller son esprit de trop.

-Nous ferions mieux d'aller nous coucher. On se retrouve ici, demain matin ?

Il ne s'agissait pas d'une question, après tout, la réponse croulait sous l'évidence. Elles avaient besoin de forces : les prochains jours seraient longs.


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Lun 27 Fév 2023, 15:49


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Djinshee & Babelda


La femme ne semblait pas de bonne humeur. C'était à prévoir : c'était sans doute l'effet escompté lorsqu'on se réveillait avec un visage qui ne nous appartenait pas. Babelda ne s'offusqua donc pas de son ton brusque. A vrai dire, elle était même agréablement surprise que la dénommée Djinshee ne se montre pas plus virulente - elle était, après tout, celle qui l'avait dérangé dans ses pensées. « La première fois, c'était au travers des histoires... Prenez garde au Voleur de visage, qui vous remplacera dès que vous aurez le dos tourné. » raconta la fille aux cheveux châtains. Ce n'était pas très engageant, cependant, aussi se sentit-elle obligée d'ajouter : « Mais ce n'était que des contes pour enfants. Je n'y croyais pas. Jusqu'à ce que... Disons qu'une amie à moi a également croisé son chemin... Sa situation est également délicate, comme la vôtre j'imagine. » C'était un mensonge. Personne n'avait perdu son visage ou ne se l'était fait voler, mais la menteuse imaginait que cela attirerait davantage la sympathie de son interlocutrice. « Elle doit bientôt faire une conférence importante pour sa carrière mais... Sans son visage, il lui sera compliqué d'expliquer sa situation. Les gens la prendraient sans doute pour une imposture. » L'oratrice haussa les épaules. « Nous avons d'abord cru à un sortilège, mais les médecins sont sans appel : il ne s'agit pas d'un maléfice. Sa morphologie a simplement changée. » Elle laissa quelques secondes s'écouler avant de conclure : « C'est elle qui m'a parlé de ses recherches, qui l'on conduite jusqu'à cette... entité, comme vous dites. »

« Je n'ai rien de vraiment précis, non... Simplement la comptine. » répondit la Rehla à la question de son interlocutrice. « Vous qui me cherchez, sachez ceci : Je ne suis qu'un voyageur, perdu ici. Trouvez-vous, vous me démasquerez; Dans ma tour ils sont cachés, tous ceux que j'ai dépossédé. D'ivoire ou de bois, de pierre ou de verre; son visage change au gré des misères semées. » entonna-t-elle de mémoire. C'était un indice qui n'en était pas vraiment un. Pourtant, l'érudite avait mis longtemps à le dégoter. Elle s'était rendue dans la nouvelle bibliothèque d'Avalon, et avait passé plusieurs jours à en arpenter les étagères, afin de retrouver ce qu'elle cherchait. Ca n'avait pas été très concluant. Pourtant, elle était parvenue à retrouver cette chansonnette-ci, autrefois connue - elle avait cependant été oublié avec les âges. « Je reconnais que ce n'est pas très fiable... Mais plusieurs témoignages ont été récoltés dans les parages. Je pensais peut-être commencer par aller interroger ses dernières victimes connues. A commencer par le village voisin. » Elle avait récolté leurs noms et leurs adresses. « Son itinéraire est un peu vague mais... Il semblerait qu'il se dirige vers l'ouest. »

Après avoir obtenu l'approbation de la sans-visage, Babelda retourna dans le confort de sa solitude, profitant d'une nuit de sommeil avant de débuter ses aventures.



La voyageuse s'arrêta. Elle pointa une maison. « C'est ici. Ephigenia Marthak. » Le duo s'avança vers une maison à l'écart. Des coups portés furent portés à la porte, une première fois. Pas de réponse. Insistant, la plus petite martela le panneau de bois du poing. « Madame Marthak... Nous voudrions vous poser quelques questions quand à... Ce qui vous est arrivé. » La Tilluiel imaginait facilement les victimes de ce charlatan se cacher dans l'anonymat. Il n'était sans doute pas simple de subir ce soudain bouleversement d'identités. Les précédentes personnes interrogées avaient eu la même réaction : repousser les visiteurs ou faire les morts. Certains finissaient par se laisser approcher, mais tous n'étaient pas aussi abordables. « S'il vous plaît, nous avons vraiment besoin de votre aide. » Après quelques secondes de silence, la porte s'entrouvrit finalement, à peine, tout juste de quoi laisser entrapercevoir une chevelure blonde. Babelda s'avança, comme pour se laisser identifier. « Bonjour... » répéta-t-elle. « Pourriez-vous nous aider ? » Elle se sentit épiée puis, finalement, la porte s'ouvrit un peu plus.

La femme n'avait plus de visage. A la place, une sorte de brouillard recouvrait ses traits. Pourtant, en observant sa position, on pouvait deviner ce qu'elle regardait : d'abord, son attention fut portée sur celle qui l'avait abordé. Puis, finalement, elle se tourna vers la rousse. Il y eut comme un instant de flottement. « Toi... » lâcha la victime d'une voix blanche. « TOI ! RENDS-LE MOI ! » Et, avant que la Rehla ne puisse réagir, la femme se jeta sur Djinshee.
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