La déchéance des Justes
Sol

Intrigue ; Máni est envoyé au siège d'Arcadia tandis que Sól reste à Gona'Halv pour continuer à s'entraîner. Cela créé des tensions entre eux.
RP lié ; Le siège d'Arcadia

Tryton - Stary Olsa

Sól observait la silhouette de Máni avec une intensité dangereuse. Ses yeux lui jetaient des éclairs qui, si elle avait su user de sa magie, auraient pu se révéler mortels ; ses iris étaient nourries par la jalousie et la rancœur que son jumeau lui inspirait depuis les derniers jours. Depuis l'annonce qui avait été faite quand à la guerre contre Arcadia. Le diable, lui, faisait un travail formidable pour l'ignorer superbement. Il n'était pas étranger à ce regard féroce : les querelles fraternelles faisaient parties intégrante de leur relation, il en avait essuyé des plus virulentes que cette bataille silencieuse. Ce n'était pas la première et ce ne serait certainement pas la dernière. Le climat qui régnait entre eux n'en était pas agréable pour autant : bien qu'il fit semblant de ne rien remarquer, la présence de sa sœur planait comme une ombre menaçante, un fantôme aigri bien décidé à ne pas le laisser tranquille. Lorsqu'il riait et s'amusait, la hargne de cette compagnie indésirable se faisait plus désagréable encore - ses éclats de joie semblaient raviver la bouderie de sa jumelle : son ire se lisait dans ses prunelles, sa langue claquait tel un fouet acéré, ses soupirs étaient aussi piquants que des commentaires irrespectueux et dénigrants. A plusieurs reprises, il avait failli céder et lui demander ce qui n'allait pas. C'aurait été abdiquer, perdre leur confrontation. Or, le brun n'était pas un perdant. Il avait donc tenu bon : ce serait elle qui abandonnerait, ou qui entamerai les pourparlers afin de régler la situation - sans doute à l'aide de leurs poings, comme ça avait si souvent été le cas par le passé.

« Oh, qu'est ce que t'as ? » Grezul tapa d'un poing énergique sur l'épaule de la blonde, qui chancela sous l'impact. Grimaçant, elle quitta enfin son frère du regard, reportant son agacement sur le bipolaire venu la tirer de son entêtement.  « T'as vu ta tronche ? On dirait que tu vas tuer quelqu'un. Ou bien que tu te retiens d'aller chier un bon coup depuis trois jours. » continua le guerrier avant de partir dans un grand rire gras. « Tiens, bois, ça t'aidera à faire glisser tout ça. » Il refourgua une choppe dans les mains de la taciturne puis trinqua avec la sienne : le choc agita les boissons mousseuses, plusieurs gouttes s'échappèrent du récipient pour se répandre sur le plancher de la taverne. « Cul-sec ! » Et, comme si l'ordre s'adressait davantage à lui qu'à sa camarade, il pencha la tête en arrière et but à grande goulées. Sól soupira avant d'esquisser un sourire et de boire à son tour, avec plus de modération que l'alcoolique. « Haaa... Bon alors, pourquoi tu fais la tronches ? » enchaîna l'adolescent, s'accoudant au mur contre lequel s'était avachi la blonde. « Je fais pas la tronche. » répliqua celle-ci, de mauvaise fois ; sa réponse déclencha l'hilarité du roux. « Quoi, t'es en train de dire que tu as naturellement l'air d'avoir un balais coincé dans le cul ? » « La ferme. » râla la plus jeune avant de se réfugier de nouveau dans la boisson pour se donner contenance, essayant d'ignorer le rire moqueur de celui qui était venu la déranger.

« Plutôt que d'essayer de le couper en rondelle par la force de la pensée, te ferais mieux de profiter de sa présence. » Comme sa nature ambivalente, l'humeur du bipolaire avait changé du tout au tout. Lorsque son rire s'était évanouit au fond de sa gorge, son visage avait retrouvé une mine sérieuse, presque sévère. « Demain, il partira en guerre. » rappela-t-il d'un ton lourd. « Comme si je pouvais l'oublier. Cet abrutit fait que parler de ça depuis des jours. » maugréa la blonde, jetant de nouveau un regard accusateur en direction du Vil, qui s'élançait dans un bras de fer avec l'un de ses futurs frères d'armes. Grezul balaya sa remarque d'un revers de la main. « Ce que je veux dire c'est que : y'a toujours des pertes. On ressortira gagnant de cet affrontement, ça ne fait aucun doute. On rentrera plein de gloire, ramenant les Kiir'Sahqon extraits des entrailles de nos ennemis et chantant nos louanges. Mais une guerre sans aucun soldat tombé, ça n'existe pas. » Il pointa le Tynath'thuk du doigt. « Je te conseille de profiter de sa présence pendant que tu le peux encore. Dans votre cas, tu devrais d'autant plus espérer qu'il revienne en un seul morceau. » Il n'était un secret pour personne que la mort de l'un entraînerait la perte de l'autre. Leurs destins étaient liés. Cela ne sembla pas convaincre la récalcitrante pour autant. « Bouge ton cul, et va lui causer ! » ordonna l'aîné, poussant sa cadette d'un énergique coup de pied dans le derrière.

833 mots

La déchéance des Justes
Sol

Tom Walker - Something Beautiful ft. Masked Wolf

Sól entra dans le dortoir. Tous en étaient déjà sortis, accompagnant jusqu'au port les soldats recrutés pour la bataille d'Arcadia. Seul son frère s'y était attardé, à sa demande. Il était assis sur sa couchette et farfouillait distraitement dans son sac en toile. Il ne remarqua pas immédiatement la présence de sa moitié. Cette dernière inspira profondément et s'approcha, essayant de détendre les muscles de son visage pour masquer sa contrariété. « T'as toutes tes affaires ? » demanda-t-elle en arrivant près du lit où l'attendait le brun. L'éclat rouge des prunelles démoniaques se heurta au céruléen des siennes et, pendant un instant, elle se sentit intimidée par la lueur qui y brillait. La gorge de la jeune femme se noua. Une amertume vicieuse gronda à l'intérieur d'elle-même, en constatant l'effet que produisait sur elle l'aura du Vil. Durant toute leur enfance, les jumeaux avaient bataillés l'un contre l'autre. Ils s'étaient mesurés l'un à l'autre et, involontairement peut-être, ils s'étaient également tirés vers le haut, s'étaient mutuellement poussés à s'améliorer, à évoluer pour devenir des combattants dignes de ce nom. Sur les terres de Lumnaar'Yuvon, où l'apprentissage s'était adapté à leur niveau, la différence qui les séparait n'avait pas eu le temps de s'épanouir. Depuis leur arrivée à Gona'Halv, cependant, l'écart s'était creusé entre eux. Ici, les élèves n'étaient plus ménagés. On n'attendait plus que les recrues se remettent de leurs blessures, qu'ils se sentent prêts ou qu'ils acceptent leur sort. L'entrainement militaire était rude, et s'était aux Kendov de prendre le pli, de s'adapter au rythme soutenu des entraînements, d'ignorer la brûlure de leurs muscles sollicités et la douleur des plaies qui n'avaient pas encore eu le temps de se refermer. Ici, on les préparait à la guerre. Ceux qui ne pouvaient pas suivre se faisaient dévorer. Un enseignement draconien qui avait permis au Diablotin de s'épanouir : il semblait être à sa place, son corps s'était forgé et son esprit affûté. La transition n'avait pas été aussi bénéfique pour l'ancienne Ange, qui subissait plus qu'elle ne participait au camp.

Un grognement répondit à la question qu'avait posa la blonde. Máni tira sur les ficelles de son sac pour le fermer d'un coup sec. « Qu'est ce que tu me veux ? » demanda-t-il d'un ton pressant. « Le navire va pas tarder à se casser. T'as pas intérêt à me le faire rater. » prévint-il. L'idée était tentante et un sourire s'esquissa sur les lèvres de la Kendov. Elle savait cependant qu'un tel affront ne lui serait pas pardonné, malgré leur fraternité. Cette bataille était l'opportunité pour le brun de s'intégrer définitivement aux leurs. Sól avait été laissée derrière. Elle était envieuse et jalouse, mais malgré tout, elle n'éprouvait pas le désir de saboter le baptême de son frère. Au contraire. Une partie d'elle-même, aussi infime fut-elle, était fière de l'accomplissement de sa moitié. Elle se réjouissait de le voir resplendir sur le champ de bataille. La fierté et l'orgueil prémunissaient cependant l'effusion d'émotion et, au lieu d'exprimer cette satisfaction, la Bipolaire préféra se murer dans une posture condescendante. « C'est vrai qu'ils ne pourraient pas se passer d'un élément aussi indispensable que toi. » rétorqua-t-elle d'un ton sarcastique, esquissant un rictus moqueur tout en croisant les bras sur sa poitrine. Elle fit claquer sa langue contre son palais. « Je comprends toujours pas comment t'as fait pour être choisi... T'es passé sous la table pour qu'on veuille bien t'y emmener ? » Le démon se redressa. Il dépassait sa jumelle, la surplombant de sa silhouette imposante. « Non, ça tu vois, c'est plutôt ta spécialité... Mais t'as dû y mettre les dents ou t'y prendre comme un pied parce que toi, tu restes ici. » répliqua le brun en arborant une mine moqueuse. « Je pensais que Smoliin t'avait mieux appris que ça, sœurette. » Le pourpre rongea les pommettes de Sól, qui asséna un coup de poing dans l'épaule de son frère. « Oh la ferme. » fit-elle, agacée, ce qui déclencha l'hilarité du soldat.

La Manichéenne soupira, sa rancœur laissant place aux sentiments qu'elle avait réprimé jusque là. Le brun était sur le point de partir, et il lui restait tant de choses à lui dire. Tant de choses qu'elle avait tût mais qu'elle devait exprimer. Alors, sans crier gare, elle l'attira à elle et passa ses bras autour de sa nuque, dans une étreinte bourrue. Elle n'avait jamais été douée pour exprimer ce qu'elle éprouvait calmement, encore moins lorsque ses émotions étaient dirigées vers sa moitié. Au final, les gestes avaient plus d'impact que les paroles. D'abord surpris, le diable finit par lui retourner son affection, la prenant à son tour dans ses bras. « Sois prudent. » ordonna la blonde dans un murmure à l'oreille de son jumeau. « Tu me connais. C'est mon deuxième prénom. » railla le garçon. Sól se sépara brusquement du combattant. « Je déconne pas hein, t'as pas intérêt à crever là-bas, t'as compris ? Sinon, j'irai te trouver dans la Dilon et je te buterai une deuxième fois de mes propres mains. » menaça-t-elle. De nouveau, ses propos déclenchèrent l'hilarité du démon. « Ouai, c'est ça. » maugréa-t-il en ébouriffant les cheveux de la blonde. « Et toi, t'as intérêt à t'entraîner dur. Quand je reviens, j'ai pas envie de t'écraser comme la dernière fois, t'as compris ? » dit-il en commençant à se mettre en route, balançant son sac sur son épaule. Sól lui asséna un coup de pied au cul, plus pour la forme que pour lui faire mal. « La prochaine fois, c'est moi qui te ferai bouffer la poussière. » promit-elle. « Hâte de voir ça. »

1020 mots

La déchéance des Justes
Sol

Tom Walker - Something Beautiful ft. Masked Wolf

Une routine s'était installée depuis le départ des soldats pour Arcadia. Si un vide s'était fait ressentir les premiers jours, il avait vite été oublié tant l'entraînement se voulait difficile. Il ne laissait pas la place pour la déception ou l'envie : le moindre moment d'égarement suffisait pour que vos adversaires, avides de faire leurs preuves pour ne pas être coincés ici la prochaine fois, vous envoie au tapis. Un affront qu'aucun Réprouvé digne de ce nom ne tolérerait : chacun restait donc concentré sur l'instant présent et sur l'ennemi qui se tenait en face d'eux. En ce qui concernait la Tynath'thuk, ses habitudes n'avaient pas été bouleversées par le départ des combattants. Ses coéquipiers n'avaient pas changés : aucun de ceux avec qui elle s'entraînait n'était suffisamment puissant pour prétendre participer à une bataille. Ils étaient cantonnés à l'entraînement rude de l'île. Y survivre était une tâche qui leur demandait déjà tous leurs efforts.

Sol se réveillait chaque matin, extirpée du sommeil par la voix tonitruante d'un bipolaire cédant à l'une de ses pulsions colériques, ou par le ronflement de Makaliam, la recrue dormant sur la couchette au dessus de la sienne. Parfois, lorsque l'incident se produisait avant que le soleil ne se soit levé, la blonde donnait des coups de pieds dans le matelas au dessus de sa tête pour essayer de secouer la dormeuse - le succès n'étais pas toujours au rendez-vous, les engueulades étaient légions. La blonde était toujours surprise de constater que personne n'avait encore essayé de l'étouffer dans son sommeil, pour qu'elle leur ficha la paix à tous. Après s'être habillées, avoir fait leurs lits puis terminé leurs toilettes, les recrues passaient au réfectoire pour petit déjeuner. L'estomac rassasié permettait d'alléger l'humeur maussade de celles et ceux ayant passé une piètre nuit. Venait ensuite l'heure des corvées : laver les sols, vider les latrines, laver le linge. Celles et ceux qui étaient le plus chanceux se faisaient réquisitionner pour quelques tâches moins ingrates, comme aider le forgeron, nourrir le bétail de l'un des rares agriculteur, ou bien aider en cuisine pour préparer le repas du déjeuner. Sol n'était que rarement sélectionnée pour ces tâches. Du moins pas assez à son goût.

Venait ensuite le début de l'entraînement. Les premiers temps, l'échauffement avait suffit à épuiser l'ancienne Ange. A bout de force, les membres tremblants, elle avait à plusieurs reprises prié pour s'évanouir et qu'on l'emmena à l'infirmerie, plutôt que de subir le regard dédaigneux de ses supérieurs. Les remarques insultantes et dégradantes accompagnaient les punitions supplémentaires. La honte embrasait souvent les joues de l'agricultrice. Elle s'était entraînée dur, pour enfin obtenir sa place ici. Et pourtant, elle n'était pas à la hauteur. Les heures passées à se plier aux ordres de Graelf avaient-elles été vaines ? Cela n'avait-il servi à rien ? La blonde savait pertinemment que non : sans cette préparation, son corps aurait tout bonnement été incapable de tenir la cadence - du moins, encore moins qu'il ne l'était présentement. La vie insulaire était tout à fait différente de celle que l'adolescente avait menée dans la campagne dorées. Les corps étaient malmenés dans le but d'être reforgés, endurcis. Les températures et la météo capricieuses de l'île n'aidaient en rien. La blonde regardait souvent son poignet, là où les mots avaient été imprimés dans sa peau, pour se donner du courage et se souvenir qu'elle était autant légitime que les autres à se trouver ici. Le fait qu'il n'y ait en majorité que des enfants de Keizaal la rendait honteuse mais elle se plongeait dans un déni confortable à chaque fois que la pensée devenait trop dérangeante.

Finalement, sans qu'elle ne s'en rende compte, les progrès commencèrent à s’opérer. Son corps commença à se muscler, ses réflexes à s’affûter. Avec une masse conséquente de recrues parties du camp, cela laissait davantage de temps pour que les instructeurs corrigent les défauts des quelques malchanceux qui étaient restés là. Cela signifiait également qu'ils étaient plus exigeants, et qu'ils ne leur laissaient plus la moindre chance d'être médiocre.

721 mots

La déchéance des Justes
Sol

RP lié ; L'engrenage

Gallows (feat. Shelby Merry) | WaterTower

« Sól ! » L'interpellée abattit sa hache sur le mannequin de paille. Avec un reniflement dédaigneux - elle n'aimait pas être dérangée pendant son entrainement, ça foutait sa concentration en l'air - elle se tourna vers Saya. « Quoi ? » « Ils sont rentrés. » Il n'y eut pas plus d'explications, la brune tourna les talons et s'éclipsa. Il n'y avait pas besoin de plus pour que l'ancienne Ange comprenne à qui elle faisait allusion. Son cœur fit une embardée et, retirant son arme de sa cible empaillée, elle trottina derrière sa camarade. Un sourire s'était dessiné sur ses lèvres, et elle n'arrivait pas à s'en défaire.

Une foule compacte s'était déjà rassemblée sur le port. Les navires avaient commencé à débarquer leurs passagers. Sól aperçut quelques silhouettes, portant des marmots entre des bras volumineux. Des bambins aux ailes écarlates. Certains n'étaient encore que des nourrissons mais d'autres avaient déjà l'apparence de minots de plusieurs années - entre quatre et deux ans, selon elle. Mais elle ne s'attarda pas sur ceux-là, ni-même sur les femmes et les hommes qui déchargeaient les butins et les armes. Seule la silhouette brune du diablotin accaparât son attention. « Máni ! » héla la Kendov, levant la main pour se faire repérer au travers de la foule. Jouant des coudes, elle se fraya un chemin jusqu'au quai. « Máni ! » cria-t-elle de nouveau, le brun ne l'ayant pas entendu la première fois. Lorsqu'il s'arrêta pour lui faire face, elle se jeta sur lui, l'entourant de ses bras. Il lui rendit timidement son étreinte avant de grommeler. « J'ai pas crevé sur le champ de bataille, c'est pas pour que tu m'étouffes maintenant. » Il repoussa sa sœur avant de se remettre en chemin, passant néanmoins son bras autour de ses épaules. Sól arborait toujours son sourire ravissant, de ceux que l'on ne peut afficher fièrement qu'après une victoire écrasante. « Alors, t'as tranché des têtes, ou bien tu t'es caché dans les jupons de Grezul ? » le taquina-t-elle. Elle devinait que son jumeau s'était élancé corps et âme dans la bataille, mais elle ne voulait pas lui faire le plaisir de le féliciter de façon aussi évidente. Un rictus moqueur se dessina sur le visage du brun. « Ouai, y'a eu des têtes coupées. Regarde : la blonde là-bas, c'est grâce moi. » Il avait pointé une fillette de quelques années qui s'accrochait farouchement au cou d'un soldat. « Elle te ressemble un peu. Elle chiale pour un rien, comme toi quand t'étais gosse. Remarque, ça a pas trop changé, encore aujourd'hui. » La Tynath'thuk asséna un coup de coude contrarié dans les côte de sa moitié, ce qui arracha un rire au moqueur. « En même temps, venant de toi, ça pouvait qu'être une mauviette ! » renchérit-elle. « Ouai ouai, c'est ça, sois pas jalouse. Et toi alors, comment s'est passé l'entrainement ? » Sól balaya la question d'un geste désinvolte de la main. « On s'en moque de ça ! Raconte moi tout. Je veux savoir tout ce qu'il s'est passé ! Combien d'ordures t'as trucidé, tout ! » Le visage de Máni s'assombrit soudainement, à l'incompréhension de l'enthousiaste. Ses prunelles bleutées scrutèrent son visage, essayant de comprendre ce soudain revirement d'atmosphère. « Quoi ? » lâcha-t-elle, pressentant que quelque chose le tracassait. Il soupira, hésitant. Le soldat approcha sa tête, jusqu'à ce que son front reposa sur la tempe de la blonde. Il se pinça les lèvres avant de lâcher ce qui lui pesait sur le coeur : « Ne le répète pas. Shezira est morte. Val'Aimé Taiji l'a buté. » La Manichéenne hoqueta d'effroi, elle se retourna vivement, plantant de nouveau ses prunelles dans celles de son frère. Cette fois-ci, une tempête grondait dans le fond de ses iris. « Quoi ? » Elle avait parfaitement entendu. Surtout, elle avait compris. Mais la réalité refusait de s'ancrer en elle. Le déni bloquait farouchement l'information. L'agricultrice avait beau être nulle en diplomatie, elle n'eut aucun doute sur l'identité du criminel. Un putain de sorcier : il portait le nom maudit, celui qui ravivait tant la haine au sein du peuple Réprouvé. Cet acte ne jetait que davantage l'opprobre sur cette famille infâme. « Qu'est ce que... » « Continues d'avancer. » la pressa le brun, resserrant sa prise sur ses épaules pour la forcer à marcher. « Je ne suis pas censé en parler. Quelqu'un vous expliquera la situation. » « Il est mort, n'est ce pas ? Vous lui avez réglé son compte ? » La blonde était partie dans un chuchotement rageur. Le silence et la mine répugnée de sa moitié fut une réponse suffisante. Pourtant, des dizaines venaient remplacer sa question. « Quoi, comment... Pourquoi il vit encore ?! » La colère la gagnait peut à peu, s'infusait dans ses veines comme un poison. Une gangrène de plus que leur laissait les mages noirs. « Comment vous avez pu repartir sans sa tête au bout d'une pique ! » Máni serrait les mâchoires, tellement qu'il aurait pu s'en briser les dents. « On aura notre vengeance. » lâcha-t-il, amer.

Le frère et la sœur avancèrent au sein du campement. Les soldats revenaient victorieux du combat et pourtant, ils avaient l'âme en peine d'une défaite amer. Ils avaient plié le genoux face à un Sorcier. C'était le plus écrasant des échecs. La dernière bataille était à peine terminée que le cri silencieux des représailles s'élevait dans leurs rangs.

933 mots
FIN