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 [Q] - Le chant des baleines nous appelle | Wakiya

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Isiode et Isley
~ Ange ~ Niveau III ~

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Isiode et Isley
Sam 28 Mai 2022, 23:00



Partenaire : Wakiya Sunano.
Intrigue/Objectif : Depuis son arrivée sur les territoires angéliques, Wakiya rêve de son premier voyage en mer. L’occasion de voguer sur les flots se présente finalement à la demoiselle lorsqu’elle décide de retourner à Maëlith afin de se renseigner sur son armement et de récupérer du matériel d’entretien pour ce dernier. Afin de s’assurer de la sécurité de son amie, mais également par intérêt et curiosité, Ren décide de l’accompagner au cours de son voyage.


Aux limites méridionales du Mur d’Enceinte, cette imposante muraille fortifiée de plusieurs kilomètres qui encadre la Citadelle Doka, se trouvait Rassa, le Portail de la Citadelle. Unique entrée qui mène vers le berceau angélique, cette immense porte était constamment gardée par des vigiles de l’Armée qui patrouillaient l’intérieur et l’extérieur de ses murs avec assiduité. En plus de la surveillance, ces derniers s’assuraient également d’actionner le pont-levis qui séparait la rive nord de la rive sud du Fleuve de l’Olēsse, redressant la solide structure de bois une fois la nuit tombée. Par conséquent, il fallait bien planifier ses heures de déplacement afin de ne pas rester coincer sur l’une ou l’autre des deux rives. Heureusement, des auberges avaient été érigées de chaque côté pour les voyageurs fortuits qui n’auraient eu l’opportunité de traverser avant la levée de la fortification, ces établissements d’hébergement pouvant être aperçus depuis les fenêtres de notre calèche dès l’instant où nous quittâmes le pont.

« Alors, pour notre voyage… Assise à côté de la Sunano, oubliant brièvement les quelques agitations qui nous incommodaient en raison de l’état de la route, je dépliais les cartes qu’Isley nous avait prêté pour les besoins de notre curiosité, encerclant à l’aide de mon doigt le point de départ de notre excursion. Nous sommes à peu près ici, sur les Terres d’Iyora. Puis, je fis glisser mon index sur le bleu de la carte, traçant plus ou moins fidèlement le parcours que nous emprunterions sur les flots. Nous longerons toute la côte sud du Continent Naturel, mais avant de nous engager dans le col, plus étroit, qui existe entre la pointe de Nementa Corum et du Voile Blanc, nous ferons certainement escale au petit port du Plateau de Lesmac, juste devant l’embouchure de la rivière Varenda. En tournant un œil lumineux en direction de ma imōto (petite sœur), je poursuivis d’un ton enjoué : J’ai entendu dire que les bateaux provenant d’Iyora ont pour habitude de s’arrêter à ce débarcadère afin de se ravitailler, au besoin, ou pour assurer un dernier entretien avant de s’enfoncer plus profondément dans l’Océan-an-an-an-an. »

Soudainement, la voiture se mit à sautiller sur le chemin de terre, les gravats et les irrégularités de la route qui glissaient sous les roues entraînant la calèche dans une danse exaltée. Néanmoins, lorsque le sol parut se stabiliser de nouveau, le cocher s’excusa aussitôt du désagrément et je me mis à sourire tout en lui assurant que ce n’était pas un problème. Malgré tout, il nous fallut tout de même réinstaller certaines de nos armes, qui avaient tombées sur le plancher de la voiture, emportées par l’intensité de la cavalcade.

« Où en étais-je…? Ah oui! Le port de ravitaillement. Je me calais confortablement sur notre siège, mon doigt poursuivant l’itinéraire de notre aventure en mer. Après notre arrêt, nous reprendrons la route vers les terres réprouvées, que nous contournerons, avant d’entrer dans le Continent depuis la rivière Lacu. Il s’agissait d’un cours d’eau qui prenait sa source dans l’un des lacs des Grandes Vallées de l’Est, l’une des régions qui entourait la capitale des Poseuses d’Énigmes. Par la suite, nous continuerons notre voyage dans la Forêt Printanière, peut-être à pied ou dans une embarcation plus petite, jusqu’à ce que nous rejoignions Maëlith. Tout sourire devant l’émerveillement de Wakiya, je lui passais finalement les cartes afin qu’elle puisse, elle aussi, profiter de la rugosité et de l’odeur des parchemins, ainsi que des couleurs et des détails qu’avaient posé le cartographe sur son travail. L’équipage va rester quelques jours dans le village côtier afin de délivrer leur cargaison de marbre et de récupérer leurs marchandises. De cette façon, nous aurons le temps d’aller jusqu’aux portes de Maëlith, de nous renseigner auprès des artisanes et de revenir. »

Sur ces paroles, je fus toute ouïe aux éventuelles questions de mon amie, mais également réceptive à son visible enchantement. L’éclat qui rayonnait à son visage le criait pour elle : il s’agissait véritablement de son tout premier grand voyage, elle qui n’avait connu que les étendues verdoyantes et sans fin des Terres d’Émeraude avant de tomber dans nos bras.

Progressivement, le galop des chevaux ralentit et d’un mouvement, je portais mon regard jusqu’aux fenêtres de notre fiacre. En remarquant les environs qui se profilaient de l’autre côté du verre, un sourire s’étira jusqu’à la commissure de mes lèvres, mon être se tournant complètement vers la délicate.

« Nous y sommes : le Port d’Iyora! » M’enthousiasmais-je en rassemblant mes affaires tout en portant mes armes à ma ceinture, ouvrant prestement la porte de la voiture, en grand.

Se balançant au cœur du firmament, le Soleil nous éblouissait de mille feux, m’obligeant à porter l’une de mes mains en visière au-dessus de mes paupières.

« Je vais payer le cocher et sortir nos bagages, lui fis-je savoir tout en me décalant sur le côté afin de la laisser descendre à son tour. En attendant, essaye de trouver notre bateau. »

Tournant le dos à mon amie, je plongeais aussitôt mes doigts à l’intérieur de ma besace, à la recherche de ma bourse.


856 mots | Post I | Cartes du Continent Naturel dessinées par Typhon et Vanille ♪



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Wakiya
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Wakiya
Sam 11 Juin 2022, 19:24



" Entendu ! " Aussitôt, la délicate devenue enthousiaste s'élança le long des quais.

Les iris verdoyantes de Wakiya s'illuminèrent sous l'intensité de l'astre solaire. La puissance impitoyable de ce dernier ne représentait rien face à l'engouement de la Hanatsu, lorsque son regard empli d'émerveillement se fit happer par les impressionnants mâts. Sa mission s'avérait de trouver le bateau qui les ramènera sur leurs terres natales, hélas sa jeunesse et son épanouissement pour le merveilleux eurent tous les deux raisons de son devoir. Outre son errance sur les Terres d'Émeraude, la Sunano n'avait goûté qu'aux moyens pratiques pour les Anges de se déplacer entre leurs territoires et, ainsi, de soustraire rapidement et efficacement à leurs tortionnaires. Ces portails étaient, certes, d'une commodité incommensurable, néanmoins ils aliénaient les idéaux dont se faisait Wakiya d'un voyage. Le phénomène s'était déjà partiellement présenté à Orhmior, sans pour autant prendre le pas sur ses ambitions. Alors qu'avec Iyora, et son port si accessible, il lui était dès lors possible d'admirer l'armada de mâts et de voiles, un horizon squelettique maintenu grâce à un art du cordage aussi huilé qu'attrayant. Grâce à cette occasion, présentée comme sur un plateau d'argent, il était enfin temps de corriger ce manque. Avec son Art Divin, la Nawashi s'était contentée d'esquisser les liens entre les membres d'un corps humain, alors que de bien autres corps de métiers s'acharnaient à trouver une utilité à ces liens. Il lui apparaissait si fantastique que toutes ces cordes au-dessus de sa tête permettait à un tel bateau d'être maintenu en place et de se déplacer sur les flots les plus récalcitrants. Dans un sens, ces marins perchés sur les vergues pourraient tout aussi bien lui apprendre les ficelles qu'une artiste du Shibari.

Manquant de bousculer quelqu'un, Wakiya s'excusa de la gêne occasionnée et encaissa ce retour si brutal à la réalité. Par réflexe, sa main soutenait le katana à sa ceinture et l'Orine poursuivit son cheminement le long des pontons. En plus de lui avoir indiqué l'occasion et l'itinéraire envisagé, Ren lui avait auparavant décrit la coque du bateau et la couleur de ses voiles. Si celles-ci étaient rétractées, elle n'aurait qu'à s'en remettre à l'armature du navire et, avec un peu de chance, son nom si indiqué : l'Opalescent. Son attention vogua tout de même sur les figures de proue, se questionnant alors sur celle de leur fameux bateau. Serait-ce un Ange ? Une colombe ? Une figure minérale, justement ? Elle avait si hâte de découvrir qui, concrètement, la fera vibrer jusqu'aux confins du continent.

Durant son excursion, la brunette finit par repérer des formes particulières, plutôt familières, dans son champ de vision. Son attention décolla alors des bateaux amarrés pour se focaliser sur les deux silhouettes, aussi colorées qu'assez imposantes. Wakiya ne pouvait se tromper en affirmant que ces personnes – qui qu'elles fussent – portaient des apparats Orines, des kimonos. Cela était d'autant plus rare que la Hanatsu n'avait guère entendu parler d'autres membres de sa communauté dans les parages. Certainement, puisque ces hommes arboraient des ailes blanches.

" Aaah… Où est-ce qu'elle a bien pu passer… ? "

Outre son intérêt piqué à vif, l'un des deux Anges semblait préoccupé. Elle pourrait tenter de lui porter assistance, se disait-elle à son approche.

" Peut-être le vent… "

Le plus silencieux des deux remarqua l'arrivée de l'Orine et la fixa intensément. Bras croisés sur son kimono rouge, la brindille prise aux pièges entre ses lèvres se releva au tressautement de celles-ci. A son tour, l'autre Ange se retourna à moitié avec un air interrogateur, sa main enfouie dans ses cheveux d'ébène et désordonnés.

" Oh ? Lui faisant enfin face, le brun troqua son embarras pour un sourire avenant. Konnichiwa. " Son accent était sans impureté.

" Konnichiwa. Vous… Seriez-vous des Orines ? "

Wakiya ne comprit alors pas pourquoi, mais le blondinet du duo sembla retenir une mimique de mépris et s'éloigna purement et simplement le long du ponton, sans crier gare. L'Orine se sentit un brin mal à l'aise, comme si elle fut l'instigatrice de cette étonnante attitude.

" Ah là là… Ne faites pas attention à ce rochon. Il est plutôt sensible avec les Orines. Il émit un bref rire, mais celui-ci n'avait rien de joyeux : Wakiya y ressentait une profonde mélancolie. Enfin, pour répondre à votre question : nous sommes des Anges. Ce sont nos habits qui ont dû vous induire en erreur. Ne vous en faites pas : vous n'êtes pas la première et vous ne serez, j'imagine, pas la dernière. Pour vous faire l'histoire courte : nous avons très longtemps vécu sur les Terres d'Émeraude, d'où notre attachement pour vos coutumes. Il avait bien compris qu'elle était une fameuse Artiste et son sourire en coin s'agrandit à la posture qu'elle maintenant. Vous tenez bien votre katana. "

Ses yeux s'écarquillèrent un brin, comprenant vite qu'il avait noté l'attitude que lui enseignât Isley. Ce voyage – elle croisait les doigts – devrait tout autant lui en apprendre plus sur les arts martiaux antiques de ses consœurs. Cela étant, ces Anges aussi s'armaient de katanas, un arsenal loin d'être conventionnel pour eux.

" Si vous souhaitez l'histoire longue, il va falloir embarquer avec nous. "

Il désigna le navire dans lequel montait déjà l'autre Ange. Wakiya s'émerveilla face à cette découverte.

" Oh, c'est… l'Opalescent ! Elle se retourna et se confronta aussitôt à l'arrivée de sa Oneesan. Ren, j'ai trouvé notre bateau ! Regarde comme il est magnifique, grand, somptueux, immense ! "

Face à une telle exaltation, l'homme au katana ne put retenir son hilarité. Cette petite lui apportait du baume au cœur.

" Konnichiwa, il semblerait que nous serons partenaires de voyage. Appelez-moi Domiel. Il offrit une œillade à l'adepte du Shibari. Et le rochon se nomme Malakh. Je vais d'ailleurs m'assurer que sa morosité ne lui fasse pas faire de bêtises, sumimasen (excusez-moi). "

D'un ersatz de révérence propre aux Orines, Domiel s'éclipsa afin de rejoindre son camarade. Des deux côtés, les protagonistes avaient hâte de pouvoir échanger davantage durant la traversée. Et pour ce faire, il fallait effectivement monter !

" Laisse-moi t'aider avec les bagages ! "

La cadette avait déjà trop hâte d'embarquer et de voir les voiles être déployées !


1091 mots ~


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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Mar 14 Juin 2022, 04:21



« J’ai trouvé notre bateau! »

Sous le pied de la foule, les quais tremblaient légèrement, l’empressement du public reproduisant avec plus ou moins de fidélité les remous d’un océan tranquille; à travers le mouvement hâtif des marins et des voyageurs, sa voix parvint tout de même à me happer à la manière d’un hameçon attirant le poisson. Naturellement, ma tête se redressa et mon regard se porta vers l’horizon, distinguant sans difficulté la silhouette de ma Imōto au milieu de l’affluence et de la douce agitation qui animait le bourg côtier. Enflammées, mes jambes corrigèrent aussitôt la trajectoire de ma marche, tandis que mes doigts se consolidaient afin d’ajuster les sangles des différents sacs qui se balançaient sur mes épaules.

« C’est la première fois que je te vois aussi excitée, Imōto! »

D’un pas vaillant, j’avalais ainsi la distance qui me séparait encore de la délicate, ma foulée s’appuyant solidement contre le sol sous mes pieds. Seulement, elle perdit en vigueur et en énergie lorsque je notais la présence de l’homme qui se tenait auprès d’elle et, une fois arrivée à leur hauteur, je ne pus m’empêcher de le dévisager avec attention. Couvert d’un kimono, paré d’un armement similaire à la Sunano, il ressemblait en tout point à une Enfant d’Hahanaru Shizen, si ce n’était de sa coiffure quelque peu négligée et de la paire d’ailes immaculées qui trônait derrière son dos.

« Konnichiwa, Domiel-san. Au plaisir de vous croisez très bientôt. À mon tour, je le gratifiais d’une salutation propre au peuple des Arts, mes pupilles s’ancrant sur sa nuque, même lorsqu’il se fut éloigné, ses pieds gravissant désormais le palier qui le menait jusqu’au fameux vaisseau. Tu es une Ange, Waki. Merci. »

Prestement, je détachais mon œillade de l’inconnu, adressant un sourire à la brunette par la même occasion. Puis, sans attendre, je lui passais ses bagages, mes épaules se relâchant comme la tension qui disparait d’un ressort. Roulant mes omoplates à la suite de cette libération, je suivis la démarche de ma cadette qui s’empressait de rejoindre le pont du navire. L’émeraude de son regard scintillait de curiosité et d’enchantement, sa fascination englobant le ballet de voiles et de mâts qui nous entouraient, comme un enfant ayant jeté son dévolu sur de précieux jouets. Allongeant ma foulée pour la rattraper, je me postais finalement à ses côtés en même temps que nous traversions le ponton qui nous dirigeait vers l’Opalescent.

« Qui était-ce? Lui demandais-je avec intérêt. Il portait un kimono et des katanas. C’est plutôt rare pour un Ange… »

Les ailes blanches et l’aura qu’il dégageait naturellement ne pouvait me tromper : il était un veilleur céleste, de la même trempe qu’Isiode ou Isley. Néanmoins, il semblerait que la délicate n’en savait pas plus que moi, l’histoire très courte de l’épéiste ne pouvant nous aider à faire un profil plus précis de l’individu. Tant pis. En tant que partenaires de voyage, nous aurions tout notre temps pour en apprendre davantage sur les uns et les autres.

« Allons déposer nos bagages, proposais-je aussitôt à la Sunano une fois que nous fûmes posées à l’intérieur du bateau. Nous pourrons ensuite retourner sur le pont pour ne pas manquer le grand départ. »

L’idée sembla la ravir et nous partîmes immédiatement en quête de nos couchettes. Afin de rendre notre recherche plus aisée, je me permis d’intercepter l’un des matelots de l’équipage afin qu’il puisse nous aider à nous orienter. Surpris, ce dernier finit néanmoins par relever l’un de ses doigts, pointant avec assurance la direction à prendre pour tomber sur la zone des cabines. Enchantées, nous le remerciâmes chaleureusement avant de reprendre notre route.

« La cabine quatorze… Quatorze… »

Attentifs, nos regards étudiaient chacune des plaques qui avaient été clouées aux portes des chambres et ce n’est qu’après quelques secondes que nous parvînmes à trouver notre futur sanctuaire. Souriantes, l’excitation vibrant dans l’ensemble de nos membres, nous défîmes avec hâte chacun de nos bagages afin de ne pas manquer l’appareillage. S’il ne s’agissait pas de mon premier voyage en mer, l’enthousiasme de Wakiya battait désormais au sein de mes propres veines et je me surprenais à me montrer tout aussi égayée et stimulée qu’elle par cette expédition. C’est pourquoi, sans trop porter attention au rangement, nous nous dirigeâmes jusqu’à l’extérieur, laissant les rayons du Soleil marquer nos peaux de sa chaleur. Bras appuyés contre le bastingage du pont, je laissais le vent de la mer me caresser le visage et ébouriffer l’épaisseur de ma chevelure, le jade de mes iris embrassant les quais en contrebas ainsi que l’eau que nous pouvions apercevoir entre la terre et la coque du bateau.

« Cette odeur… Je ne pourrais jamais m’en lasser, souriais-je avant de me retourner légèrement dans sa direction, cherchant à capturer son attention. Maintenant que nous sommes sur le navire, comment comptes-tu profiter de ta première journée en mer? »

Je ne serais pas surprise si elle m’avouait, de but en blanc, vouloir observer toute la journée la valse des voiles et du vent.



Elle était pétillante. Comme quoi, il s’agissait véritablement de son premier voyage sur un navire… Nerveux, il allégea la morsure qu’il exerçait contre sa lèvre inférieure avant de soupirer et de réajuster le chapeau qu’il avait vissé sur son crâne. Avait-il bien fait de s’engager dans cette aventure…? Parfois, il s’interrogeait, il hésitait – gêné et effrayé par le tumulte intérieur qui l’étouffait – mais à chaque fois qu’il contemplait la radiance de son visage ou l’épanouissement de ses sourires, un serrement, plus puissant encore, pressait son abdomen d’une poigne écrasante. Il devait en apprendre davantage sur elle, il avait besoin d’en apprendre davantage sur elle. Qu’est-ce qui la rendait si spéciale à ses yeux comparativement à lui? Qu’avait-elle de plus qu’il manquait?

« Eh! Une main se déposa sur son épaule, un sursaut faisant soudainement trembler tout son corps. Oh, excuse-moi. Je ne voulais pas te surprendre ainsi. Rapidement, il lui assura que ce n’était rien, ses premiers pas en tant que mousse l’agitant plus que nécessaire, il semblerait. Tu t’y feras, ne t’inquiètes pas. Moi aussi, à ma première journée, j’avais les nerfs à vif! Le marin lui offrit quelques tapes amicales sur l’épaule, tout sourire. Enfin bref, je venais te voir pour que tu puisses m’aider avec cette caisse. Nous devons la descendre rapidement à la cale avant l’appareillage du navire. Tu as un moment? »

Il acquiesça d’un vigoureux hochement de la tête, coulant discrètement une dernière œillade dans leur direction avant de s’engager sur les pas de son collègue. À proximité, deux jeunes hommes les dépassèrent sans qu’ils ne s’adressent le moindre regard.



1 103 mots (Sans les paroles reprises du post de Wakiya) | Post II



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Wakiya
Dim 26 Juin 2022, 20:10



Qui était-ce ? Wakiya l'ignorait… Ce qui aggrava son intérêt. Elle haussa les épaules vis-à-vis de Ren, ne pouvant répondre favorablement à sa question. Elle fixa tout du long Domiel s'éloigner, sa démarche aussi détendue qu'assurée, cette main toujours sur le manche de son épée courbée. Vous tenez bien votre katana. Cette vérité résonnait dans sa tête, aussi révélatrice de ses progrès grâce aux enseignements d'Isley qu'intrigante étant donné les apparats et l'arsenal de cet Ange. La Nawashi aurait vraiment pu les prendre pour des consœurs, seules leurs ailes immaculées l'avaient rendue perplexe. Sa question fut alors énoncée avec un brin d'incertitude, une sorte de curiosité enfantine : qui étaient-ils vraiment ? Que faisaient-ils sur les Terres d'Émeraude ? Pourquoi s'accoutraient-ils comme elles ? Auprès de qui s'étaient-ils intéressés à l'art du katana et du wakizashi ? Toutes ces interrogations flottaient sur le verdoyant de ses iris intéressées. Son appétence s'en retrouvait intacte, puisque l'Ange embarquait avec elles sur l'Opalescent. L'autre Vertueux s'était déjà engagé dans la cale, peut-être finira-t-elle par apprendre pourquoi se montrait-il aussi ronchon, comme disait Domiel ?

Grâce au feu vert de Muramasa, la Sunano s'engagea avec enthousiasme jusqu'au confins du ponton. Bientôt, le pont lui tendit les bras et, sans hésitation, la Hanatsu le foula, son élévation accompagna l'enchantement qui berçait ses mirettes. Ses sandales foulaient déjà le pont de l'Opalescent ! Émerveillée, son regard de jade remonta jusqu'à l'apex du plus gros mât. Là-haut devait se trouver le marin qu'on nommait "vigie", un poste qui l'intriguait à hauteur de cette pièce centrale de la navigation. Ren arrivait à peine à la suivre que la brunette pivotait encore sur elle-même : là-bas, c'était la proue, là où se situait la figure caractéristique du navire angélique, là où se trouvait leur cap ; et puis à l'opposé se dressait encore d'autres voiles, jusqu'à la cabine du capitaine, et au-dessus sa barre de gouvernail à la poupe ! Avant d'embarquer pour une telle aventure, Wakiya s'était empressée de réviser tout le vocabulaire marin, afin d'assimiler le moindre mécanisme du bateau ainsi que le jargon propre aux loups de mer. Sûrement que de nombreuses notions lui échapperont encore, mais le voyage servirait bien sûr à corriger ses lacunes ! Elle avait si hâte qu'il fallût bien que Ren lui montrât la direction à prendre avant de perdre la tête.

Les formalités accomplies, Wakiya imita son amie de cœur en agrippant avec assurance la rambarde. D'une profonde inspiration, la jeune femme s'imprégna de l'atmosphère particulier de l'océan, la salinité de l'air qui voguera avec elles jusqu'à leur continent natal. S'ensuivra alors la valse des vagues, le fracas de celles-ci contre la coque, le balancement contrôlé du navire et la vivacité des marins tout le long du voyage. Elles n'étaient que passagères et pourtant, Wakiya se voyait très bien donner un coup de main à leurs confrères, de quelques manières que ce fuse.

" Ma première journée ? Elle leva les yeux aux cieux, songeuse. Forcément, cet acte lui fit épouser à nouveau la robe majestueuse de l'Opalescent. Observer la valse des voiles et du vent. Étant donné la réaction de Muramasa, elle avait l'impression d'être lue comme dans un livre. N'est-ce pas ce que tu as fait lors de ton premier voyage ? Quelques brides des récits remontaient en son esprit. J'aimerais rester le plus longtemps possible sur le pont : il se dit que les marins sont de passionnés chanteurs, je serai ravie d'écouter leur Inspiration se mêler à leur devoir. Tu pourras les accompagner avec ton erhu ! Wakiya capta une œillade raillarde de Ren et se dégagea en comprenant la portée de ce regard, rougissante. Ne… Ne m'encourage pas à en jouer, tu sais bien que je ne maîtrise pas ces cordes-ci. Comme sauvée par le gong, la cloche de quart retentit pour sonner le grand départ. Oh, c'est la levée de l'ancre ! Les ordres fusèrent avec la minutie d'un opéra, Wakiya n'en rata point une note, curieuse et gaie, jusqu'au dressage complet des voiles. Peu à peu, le navire s'éloigna du port, l'amatrice du Shibari balança alors son bras avec entrain avec en guise de bénédiction : Mata kondo (À bientôt), Iyora ! "

Sur les traces de son collègue, Malakh ignora le moindre ancrage social qu'aurait pu vouloir tisser les marins, voyageurs et autres âmes sur ce bateau. Domiel le connaissait ainsi depuis un certain temps et ne s'en formalisait plus, revêtant avec satisfaction l'étiquette du plus sympathique afin de démêler les potentiels malentendus que son pauvre camarade laisserait sur son sillage. Avec des Orines à bord, la tâche se montrera forcément bien plus compliquée, mais ainsi était son quotidien. Il était son pilier, son phare et ne l'abandonnerait pour rien au monde tant qu'il n'aura pas retrouvé cette flamme d'antan. Le blondinet fit passer sa propre brindille d'un côté à l'autre de sa bouche, se prémunissant des assauts solaires en couvrant son front de sa main. Lorsque sa vue se stabilisa, il observa la citadelle s'éloigner de leur portée, tandis que l'autre Ange soupira d'aise.

" Aaah… Nous y revoilà. C'était vrai : un nouveau tour du cycle depuis des années. Tiens, ce sont les Orines dont je t'ai parlé. "

Le morose redirigea son attention à bord et s'attendit forcément à ce que Domiel se dirigeât vers elle. Il soupira et ravala le maximum de rancœur afin de ne pas paraître plus impoli qu'il ne fût tout à l'heure. Comme à leur habitude, c'était son camarade qui tissait les prémices d'une interaction.

" Domiel-san, vous êtes venu dire au revoir à notre cité, vous aussi ? "

Tiens donc, la petite Orine avait devancé son collègue, ce qui n'était pas si commun. L'ocre de pupilles s'offrit enfin au jade de la Sunano. Cette dernière remarqua enfin sa présence et, confuse, entortilla ses doigts entre eux. Elle devait être gênée de ne pas l'avoir noté avant de s'enthousiasmer de la sorte… Il s'en contrefichait, en toute franchise, alors que Domiel échangeait à nouveau les mondanités avant de lui accorder un tantinet de mise en lumière.

" Je pense que des présentations en bonne et due forme s'imposent. " Le taciturne acquiesça et, sans surprise, imita le salut révérencieux du peuple des Artistes, tout en usant du Naciaze.

" Oju ti o dara ju. (Mes plus sincères salutations.) Il se redressa et sentit l'insistance de son ami sur son épaule, son regard en berne. Je m'appelle Malakh. Et Domiel s'empressa de présenter les deux jeunes femmes. Que les vents nous soient favorables. "

Malgré son sinistre, Wakiya ne sentit guère d'animosité émaner du dénommé Malakh, ainsi approuva-t-elle ses bénédictions et lui sourit comme auprès de n'importe quel camarade. Contrairement à son homologue, cet Ange portait son katana dans le dos, et du point de vue de la Sunano : celui-ci lui paraissait bien plus gros qu'un sabre classique. Puisque c'était un nodachi.

" Si je ne m'abuse… Elle fit pleinement face au brun. Vous cherchiez quelque chose ou quelqu'un avant que je ne vienne à votre rencontre ? "

" Oh, vous aviez entendu mes complaintes. Je cherchais juste ma brindille. Qu'il désignât du pouce, celle-ci logée entre ses dents. En mer, il est important de garder contact avec nos terres, afin qu'elles nous rappellent avec tendresse. "

Tandis que Domiel semblait ravir le duo des Artistes, Malakh en profita malgré lui pour observer leurs traits, tout d'abord la rousse avec plus d'attention, avant de retomber sur la plus jeune dont le visage lui évoquait encore moins de familiarité.

" Êtes-vous accompagnées de vos Maîtres ? "

Ce silence brisé de son propre saoul semblait les avoir décontenancées. Pour son frère d'arme, en revanche, cette initiative tombait à point nommée. À croire que cette aventure se déroulera avec encore moins d'encombre qu'escompter. En tout cas, la Nawashi lui offrit un ravissant sourire gorgé d'innocence.

" Je n'ai pas d'Aisuru. " Un jour, un beau jour.


1398 mots ~


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Isiode et Isley
Sam 02 Juil 2022, 17:32



Je m’étais dit que je ne serais guère surprise par sa répartie et pourtant, je ne me serais jamais imaginée que mon intuition puisse être aussi juste. Sans pouvoir le contrôler, un rire fit doucement trembler l'intérieur de ma gorge, l’expression de la Sunano s’altérant sous le coup de l’étonnement.

« Je commence à bien te connaître, c’est tout, soufflais-je tranquillement, ma cadette libérant sa voix dans une innocente justification. La première journée de mon premier voyage, je l’ai surtout passé à paniquer sur mon aptitude à pouvoir servir convenablement Isiode et Isley. »

Surtout lorsqu’on savait que le premier s’était trouvé à des kilomètres et des kilomètres de moi pendant une période considérable. Aujourd’hui, je pouvais en rigoler nerveusement, sans ressentir la moitié de l’anxiété de l’époque, mais autrefois, le savoir si loin, et ce, à quelques heures seulement de la création de notre Lien, m’avait fait oublier toutes les joies et beautés du voyage. Je m’étais rendue sourde à l’appel de la mer, et aveugle au flamboiement de l’horizon, qui se dépliait, toujours aussi beau, devant nous. Tout ce que je souhaitais, c’était être à ses côtés; c’était être à leurs côtés, à tous les deux. Cependant, la culpabilité d’avoir trompé Isiode et d’avoir enflammé les tensions entre les deux frères n’avait cessé d’empoisonner mon esprit durant une bonne partie de l’expédition. De fait, je voulais leur prouver ma valeur, leur faire comprendre qu’ils n’avaient pas eu tort de s’unir à moi, leur montrer que je saurais me rendre utile et leur apporter, en tout temps, le soutien dont ils avaient besoin. Tout ce que j’avais en tête était de ne pas devenir un poids mort pour eux. Je désirais leur démontrer, par tous les moyens possibles, que je ne serais pas un fardeau qui leur causerait désagréments et ennui, afin qu’ils n’aient pas à regretter ma présence à leurs côtés. En définitive, les premiers jours de mon premier voyage ne furent que succession de maladresses et de tourment : à trop vouloir bien faire, j’avais fini par causer plus d’embarras que j'en avais voulu au départ. Par chance, Isley m’avait rattrapé avant que je glisse encore plus loin sur cette mauvaise pente.

« Oh! Voilà ce que je vais faire de ma première journée : mettre mon Art Divin au service du divertissement général. »

Happée par les mémoires d’antan, la candeur de Wakiya parvint à me tirer du passé afin de me ramener au présent, l’éclat de ses prunelles ancrant dès lors mes deux pieds sur terre. Satisfaite de ma décision, je considérais brièvement la brunette du coin de l’œil, captant presque aussitôt sa nervosité à la mention de mon erhu. À ce constat, un rictus se mit à jouer sur la commissure de mes lèvres, l’une de mes mains s’accrochant solidement à l’épaule de la délicate pour freiner sa potentielle échappée.

« D’accord, d’accord, mais aurais-je au moins l’honneur de t’entendre chanter? »

Malgré cela, la Sunano sauta aussitôt sur l’occasion pour cacher son émoi, le grand départ se faisant entendre sur l’ensemble du vaisseau désormais. Bientôt, les voiles nous poussèrent loin des quais, Iyora rapetissant sous nos yeux plus nous nous éloignions de ses terres. Auprès de ma Imōto, je laissais mon regard caresser les côtes du territoire angélique, saluant la belle dans un simple sourire nostalgique.

« Domiel-san, vous êtes venu dire au revoir à notre cité, vous aussi? »

L’élévation subite de sa voix m’arracha à la contemplation, mes iris s’accrochant aux deux individus qui s’étaient avancés jusqu’à notre position. Si je reconnus le premier qui nous accosta, son compagnon, en revanche, ne m’était guère familier. Pourtant, il était lui aussi vêtu d’un kimono et portait, entre ses omoplates, une longue épée qui s’inspirait du savoir-faire des Poseuses d’Énigmes : peut-être s’agissait-il du susnommé Malakh, dont le brun avait fait mention, tout à l’heure, avant notre séparation.

« Kaabo Malakh-san (Bonjour Malakh). Ravie de faire votre connaissance. Pour tout vous avouer, je ne savais plus réellement quelle langue il me fallait emprunter auprès de ces étrangers, mais puisqu’il s’était exprimé en Naciaze, j’avais naturellement troqué la douceur du Niseis pour les rondeurs du dialecte angélique. J’espère que nous saurons nous entendre au cours de ce voyage. L’air de critique qui peignait le visage du blond ne cachait aucun véritable antagonisme à notre endroit et, tout de suite, mon cerveau fit un parallèle avec Isiode. Et il sera également intéressant de comparer nos styles de combat… » Leur partageais-je en souriant.

Bien évidemment, mon attention avait presque aussitôt dérivé sur les armes qu’ils exposaient, mon propre poing allant avaler le pommeau de mon épée. Il n’y avait aucune raison de cacher mon intérêt, leurs potentiels talents d’épéiste m’intriguant autant – sinon voire plus – que leur allure singulière. Toutefois, la mention de nos Aisuru eut tôt fait de me prendre par surprise.

« Quant à mes Maîtres, renchéris-je à la suite de Wakiya, ils n’ont pu nous accompagner en raison d’engagements professionnels. »

L’un travaillait avec assiduité auprès des Aspirants de la Nith-Haiah tandis que le second déployait toute son énergie à rendre officiel la future Cavalerie ailée de cette même armée. Laissant nos interlocuteurs réfléchir sur nos propos, je m’élançais ensuite sur un sujet qui n’avait de cesse de se répéter entre mes deux oreilles depuis que nous les avions rencontrés.

« Si je peux me permettre une indiscrétion… J’attendis tranquillement l’approbation des deux jeunes hommes, la curiosité dégoulinant de mes lèvres. Comment se fait-il que vous soyez vêtus comme des Orines? Une seconde, je me mis à analyser mes paroles, rougissant violemment lorsqu'elles me parurent plus abruptes qu'escompté. L-Loin de moi l’idée de critiquer vos préférences, bien sûr! Seulement, c’est la première fois que je vois des Anges s'habiller de la sorte, à l’extérieur des festivals. Penchant légèrement la tête sur le côté, je les étudiais avec attention. Êtes-vous proches des Orines? »


971 mots (Sans les paroles reprises du post de Wakiya) | Post III



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Wakiya
Mer 03 Aoû 2022, 18:38



" Intéressant, en effet. "

En réponse à son geste, Domiel avait également placé sa main sur le manche de l'un de ses katanas. Son expression narquoise laissait bien supposer qu'il était en phase avec le tempérament de l'Orine. Cette dernière possédait une combattivité bien trop rare pour l'ignorer ; en tant que soldat, il n'oserait lui infliger un tel déshonneur. Malgré lui, elle le rendait ivre d'un interdit, affamé par la musique ferrique, ses chocs, sa symphonie… Tel un réflexe, son pouce appuya sur le tsuba, une partie infime de la lame luisit alors au clair dans un éclat équivoque. En règle générale, lorsque ses adversaires apercevaient cette lueur et entendait ce bruit, il était déjà trop tard pour eux.

" C'est dangereux d'agiter une lame ici. "

Domiel ne montra aucun signe d'étonnement quant à la sagesse de son compagnon de voyage. Malakh avait toujours été ainsi : responsable, franc, juste. Il était un Ange, après tout, comme lui.

" Tu as parfaitement raison, mon ami. Abonda-t-il en itérant le geste inverse de son cirque afin de reposer sa lame dans son fourreau. Dommage que vous ne soyez pas une Ange. " Un duel céleste aurait changé toute la donne.

Avec cet interlude, il espéra attirer l'attention de la fougueuse Ren. Dans le même temps, Wakiya ne s'était pas montrée indifférente. Sous la supervision d'Isley, elle avait œuvré à la compréhension des armes Orines et de leur fonctionnement. Même fort de son expérience d'instructeur, le jumeau avait peiné à trouver entière satisfaction sur l'histoire des katanas, peu coutumier de ces derniers. Pour autant, les exercices qu'il lui prodiguât lui permirent de tisser ce lien dangereux avec son peuple originel. Peut-être bien que Ren le pensât autant qu'elle, mais la Sunano commençait à se dire que ces deux passagers, aussi fantasques fussent-ils, pourraient leur apprendre bien plus sur les arts martiaux de leurs ancêtres.

" Des "Maîtres". Nota-t-il, visiblement intrigué. Son œillade laissait penser qu'il cherchait une complicité avec son collègue, qu'il n'aura hélas jamais. Les jumeaux sont rares en ce monde, leurs Orines encore plus. " Il semblait parfaitement au fait du phénomène.

Wakiya alterna entre scepticisme et intérêt. Comme sa Oneesan cherchait à relever, ces Anges se démarquaient bien trop par leurs rapprochements avec le peuple des Artistes. Il y avait forcément des explications et, surtout, une formidable histoire derrière tous ces mystères. Depuis son intégration chez les Yuërell, elle n'avait jamais entendu parler d'Anges armés de katanas et encore moins vêtus de kimonos ; la diction impeccable de son Niseis, par ailleurs, saupoudrait cette incroyable dose d'énigmes.

En ce sens, la jeune femme peinait à comprendre comment Ren parvenait à être aussi directe, à trouver les mots justes. À simplement se laisser porter par ses pulsions, ses envies, ses désirs. Était-ce du courage ? Si c'était bien le cas, Wakiya en manquait cruellement, tant elle n'arrivait pas à se sortir du crâne que s'immiscer dans les secrets de ces hommes était une mauvaise idée. Bien évidemment qu'elle était curieuse, mais ce monde était si grand, comme le laissait penser Domiel avec son ultime réflexion. C'était possible, tout bonnement. Et au fond, la Hanatsu se sentait reconnaissante que le destin l'ait guidée sur leur chemin. Il se pourrait bien qu'elles en ressortiront grandies, d'autant plus avec ce voyage aux apparats initiatiques.

" Nous étions proches d'une Orine. L'heure ne semblait plus aux réjouissances étant donné le ton soudainement à moitié grave du benoît du duo. À l'époque, nous faisions partis de la Nith-Haiah. Nous avions eu l'ironique chance de réchapper au Czírnúma (Génocide) et de nous retrouver cachés au sein des Terres d'Émeraude. Nous étions jeunes, trop fougueux et revanchards. Nous aurions pu nous envoler à notre perte sans réfléchir… si Sagara ne nous avait pas trouvés. Il tapota l'épaule de son ami, le désignant de ce fait à leur maigre audience. Malakh est devenu son Aisuru et nous sommes restés très longtemps ensemble, dans l'attente que la tyrannie démoniaque s'évanouisse. Sans renoncer à nos racines, nous nous sommes attachés à vos coutumes et votre mode de vie. D'où notre apparence – nous pouvons l'admettre – hors du commun. "

C'était une histoire tragique et fascinante, la Sunano espérait bien en savoir plus grâce à ce voyage. Par ailleurs, elle finit par connecter plusieurs éléments, coïncidant vers une réflexion somme toute réfléchie.

" Vous rendez donc visite à Sagara ? "

Étant donné le froid soudain abattu, le sinistre plus accentué du côté de Malakh, Wakiya comprit très vite qu'elle semblait avoir fauté.

" Plus ou moins… "

" Elle est décédée. "

La plus jeune des Orines était petite par rapport à eux tous ; mais si elle pouvait se rendre encore plus discrète, elle l'aurait fait sans hésiter. Regard fuyant, mains entremêlées et paniquées, la Sunano comprenait soudainement pourquoi Malakh se montrait aussi taciturne aux côtés des Orines ; elles lui rappelaient sa tendre aimée disparue.

" Navrée de l'apprendre… "

Domiel étira un demi-sourire, touché par la compassion de la Nawashi.

" Nous nous rendons à son village natal chaque année afin de lui rendre hommage. Sagara était une battante, comme vous deux. Et à ce propos, afin de changer de sujet, il se tourna aussitôt vers la rouquine. Ren-san, croisons donc le fer dès que nous entendrons les vagues se raccrocher à la terre. "

Une battante. Isley lui répétait souvent ce fait aussi. Il se pourrait bien qu'elle l'était ; toutefois, elle avait besoin de plus, encore plus de savoir à assimiler, de techniques à répéter et innover. Elle avait ce besoin de protection incessant. Ainsi, d'un éclat nouveau dans le jade de ses prunelles, l'Artiste s'avança, déterminée.

" Je… J'aimerais aussi. " Elle n'était encore qu'une novice – d'autant plus dans l'art bien trop ancestral de la guerre – néanmoins sa motivation s'était décuplée au fil de leur conversation.

" Eh ben, vous êtes deux. Et nous sommes deux. "


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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Dim 14 Aoû 2022, 06:31



Si elle fût racontée en toute simplicité, l’histoire de Sagara et des deux anciens soldats possédait pourtant cet écho nostalgique qui incorporait, en une voix, la tristesse d’une tragédie et l’enchantement d’un bonheur accompli. De fait, la mention du Czírnúma résonna à la surface de mes tympans en un battement troublé et angoissé, alors qu’à l’inverse, l’amitié et l’amour naissant, qui avaient finalement unit ce trio singulier, attisèrent une flamme de douceur et de tendresse au plus profond de mon cœur : peut-être qu’inconsciemment aussi, mon esprit transposait leur histoire à ma situation. Mais peu importait l’impression qu’elle inspirait en moi finalement, puisqu’au ton de sa voix et à l’étincelle qui brillait dans ses yeux, il était évident que Domiel-san chérissait énormément les mémoires de cette rencontre aussi fortuite que remarquable. Toutefois, le decrescendo de ce chaleureux récit survint de manière abrupte et glaciale, lorsque le silence nous étrangla et que l’œillade de Malakh se chargea d’une effrayante mélancolie. Malgré toutes les bonnes intentions de Waki, le froid ne tarda à s’abattre sur nos épaules, marquant nos peaux d’une chair de poule désagréable. Décédée. À cette unique sonorité, ma gorge se serra et le verdoyant de mes iris se mit à trembler d’une affliction amère : la conclusion de cette histoire était bien plus tranchante que nous l’avions auguré.

« Je suis désolée », parvins-je à balbutier en me penchant légèrement vers l’avant, sans les quitter du regard pour autant.

Maintenant que nous connaissions une partie des faits, il me semblait mieux comprendre la réserve et le caractère de l’Ange revêche. Leur perte ne semblait pas appartenir à un passé proche – ce n’était pas la première fois qu’ils effectuaient ce pèlerinage, si j’avais bien saisi – mais la souffrance que nous étions en mesure de lire dans leurs yeux – et plus spécifiquement dans ceux du blond – commençait pourtant à me faire croire que leur chagrin pouvait être bien plus récent que ce que je m’étais d’abord imaginé. Seulement, n'était-ce pas tout à fait normal de ressentir une peine aussi profonde, dans sa douleur, et aussi persistante, dans sa durée, pour l’amour qui aurait trépassé? À l’image d’un mal incurable, d’une tristesse intarissable, d’une désolation aux allures d’éternité, ce sentiment finissait inévitablement par noyer et esseuler l’âme qui, elle, serait restée auprès de la Vie… Contrairement au duo angélique, je n’avais connu pareille séparation. Cependant, en essayant de me mettre à leur place pour quelques secondes seulement, un spasme acéré crispa violemment mon estomac lorsque je me mis à considérer cette possibilité. Si une telle chose m’arrivait, si je perdais mes Aisuru comme le blond avait perdu sa Muse, combien de temps me faudrait-il pour guérir et poursuivre mon chemin vers l’avant?

Je sursautais brusquement, prise par surprise à l’entente de mon nom. Néanmoins, je pus rapidement m’accrocher aux pupilles du brun dès que je fis pivoter mon visage dans sa direction, prêtant oreille à sa proposition. Évidemment, un léger sourire s’étira presque instantanément sur mes lèvres à la promesse de ce qui nous attendait une fois que nous reposerions pieds sur terre.

« C’est entendu, acceptais-je dans la seconde, sans plus de réflexion. J’ai hâte d’être de nouveau près du rivage maintenant! »

Je n’étais pourtant pas la seule, puisque la volonté de la Sunano attira nos regards jusqu’à sa position. À cette vue, un rire plus attendri éclaira mon faciès, tandis que mes bras allèrent immédiatement entourer son cou et ses épaules dans une étreinte espiègle – même si, pour certains, l’accolade ressemblait plus à une prise d’art martial qu’à un innocent câlin.

« Nous allons leur montrer de quoi nous sommes faites, toi et moi! Étonnée par cette soudaine impulsion, la délicate finit par poser l’une de ses mains sur mon avant-bras, dans l’espoir de se libérer de ce crochet importun, mais la motivation battait furieusement à l’intérieur de mes veines à présent. Je vais te montrer comment Isley et moi nous nous sommes entraînés sur les bateaux lors de la campagne d’exploration vers les Gorges Dorh. Nous aurons besoin de nous garder en forme après tout. »

Nous nous échangeâmes un regard en biais, tout sourire, jusqu’à ce que le vert de mes iris effleure de nouveau le visage des angéliques.

« Avez-vous prévu de faire quelque chose aujourd’hui? Dans le même temps, je me détachais de la jeune Orine, sans pour autant retirer mon bras de sa nuque. Si cela ne vous dérange pas, serait-il possible de vous tenir compagnie? Sous l’œil avisé des deux Ailes Blanches, je clarifiais aussitôt ma pensée : Nous retournons sur les Terres de Maëlith afin d’en apprendre davantage sur le maniement du katana et du wakizashi. Enfin, elle plus que moi », précisais-je en désignant la brunette des yeux.

Wakiya apprenait beaucoup auprès d’Isley : il n’y avait aucun doute sur le sujet, au vue de ses progrès. Néanmoins, nous savions que pour une maîtrise plus approfondie, il lui était nécessaire d’apprendre auprès de connaisseurs, voire d’épéistes professionnels, qui sauraient l’aider à perfectionner le maniement de ses armes.

« Il s’agit d’un style de combat à deux lames qui, malheureusement, n’est pas bien connu chez le peuple angélique et c’est pourquoi nous souhaitons retourner à ses origines : pour nous ressourcer, vous voyez? Joignant le geste à la parole, je pointais alors leur armement du doigt, une douce expression flottant à la surface de mon minois. Est-ce Sagara qui vous a appris à manier le sabre? »

Cela faisait si longtemps que je n’avais pas posé les yeux sur de telles lames – hormis celles de Wakiya – ni pratiqué l’escrime à la manière des Muses de Kennocha. Depuis la création de mon Lien avec les jumeaux, j’avais tout fait pour devenir la meilleure Orine qui soit à leurs yeux : une Orine qui saurait leur ressembler, une Orine à leur image. Je l’avais accompli jusqu’à adopter leur style de combat et préférer leur armement, abandonnant du même fait l’enseignement qui m’avait été inculqué durant mes années passées sur les Terres d’Émeraude. J’en avais même délaissé mon arme de prédilection, mon fidèle bō. Il s’agissait d’un bâton de combat qui m’avait suivi jusque sur les Terres d’Iyora, mais que je n'avais plus manié depuis mes premiers pas aux côtés de mes Aisuru. Ils n’y étaient pour rien : c’était mon choix après tout. Je voulais leur prouver que je saurais leur être utile, que je pouvais leur apporter le soutien dont ils auraient besoin. Cependant, en m’engageant sur cette voie, j’en avais oublié mes racines… jusqu’à ce que Wakiya apparaisse dans nos vies et m’oblige, petit à petit, à rouvrir les yeux sur mon héritage, mes origines.


1 104 mots | Post IV



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Wakiya
Lun 05 Sep 2022, 23:04



Le jade scintillant de ses prunelles tomba sur le doré fade de l'Ange. Malakh captait bien son œillade mais s'en éloigna aussitôt. Durant cette poignée de millisecondes, Wakiya sut que cet homme – ancien Aisuru malgré lui – cachait au fond de son Âme une sensibilité sans faille. Il était un Immaculé après tout et sa carapace ne saurait tromper une Muse. Elle compatissait sincèrement pour sa perte, elle qui cherchait désespérément à se raccrocher à la protection chaleureuse d'un Maître. Quelque part, ils se ressemblaient tous les deux. Et plus encore : il l'intriguait. Son histoire était bien entendu tragique mais elle espérait en savoir plus sur lui, sur cette fameuse Sagara et ce que leur Lien leur avait mutuellement apporté. Wakiya pressentait que cette chronique l'inspirerait et l'aiderait à trouver sa propre voie. En retour, elle priera – voire apportera sa contribution – afin que Malakh trouvât un nouveau souffle parmi les siens, en compagnie de son camarade de toujours. Sans parler du fait que, à l'instar de Ren, son nodachi attirait une grande partie de son attention. Ces Vertueux lui apparaissaient si étrangers, si remarquables, comme si leur venue s'apparentait à une aubaine. Le sort lui était favorable, son destin allait prendre une formidable route avec ce voyage, la Nawashi en était maintenant persuadée !

Surprise par le soudain vertige qui lui prit, la Sunano comprit qu'après coup que la Muramasa s'adonnait encore à la tant célèbre étreinte sororale dont la rouquine avait le secret. Des fois, Wakiya se prêtait au jeu, mais fort était de constater que Ren possédait une maîtrise de sa force beaucoup plus prononcée. De ce fait, non seulement les prises de Wakiya ne tenaient guère deux secondes, mais surtout celles de Ren finissaient en calvaire pour la pauvre et chétive Orine. T-Tu m-m'étouffes… ! Sans jamais savoir comment, sa consœur trouvait systématiquement le bon timing pour relâcher la pression, juste de quoi marquer la Hanatsu à chaque accolade de ce genre. Par les Arts Ancestraux, ce devait être aussi pour cette raison que Wakiya s'endurcira, afin de se venger ! De pouvoir lutter et d'être aussi forte que sa Oneesan ! De son côté, Domiel trouvait cette complicité touchante, difficile de conserver son sérieux face à deux guerrières en herbe. Il savait que Malakh ne désirerait pas se mêler de leurs prises d'expérience, néanmoins, au fond, cela lui fera du bien de côtoyer à nouveau des Orines ; à chaque pèlerinage, il se contentait de foncer vers leur lieu de recueillement, hermétique à son environnement et aux Muses sur son passage. D'un coup d'œil, Domiel espérait que Ren ou Wakiya pourraient l'aider à apaiser la peine de son frère d'arme…

" E-Entendu ! " Avec cette traversée, la rousse demeurait son point de repère. Si cette dernière savait comment s'entraîner sur un bateau – sans déranger les matelots – alors la cadette la suivrait aveuglément.

Piqué à vif, Domiel écouta la tirade de Muramasa, ses idées et envies entremêlées en un fil tressé à merveille. Il jeta une franche œillade en direction des armes de la Nawashi ; dès leur première rencontre, l'Ange avait repéré le style de combat de cette jeune femme. Il semblerait donc, au vu des propos de son aînée, que Wakiya manquait encore de maîtrise. Il haussa nonchalamment des épaules, décontracté, tandis que Malakh ne supporta pas une nouvelle mention de Sagara et préféra s'engoncer dans la vigilance de l'horizon. D'un signe de la main, Domiel leur indiqua de ne pas faire grand cas du comportement de son ami ; elles comprendraient sans encombre.

" C'est bel et bien Sagara qui nous a montrés les ficelles de cet art martial. Afin de ne pas incommoder leur tête de mule, il les invita à faire lentement et sûrement le tour du pont. Elle n'était pas la seule. Nous étions plutôt novices vis-à-vis de la guerre. En nous retrouvant sur les Terres sacrées des Orines, nous ne nous attendions pas à côtoyer une véritable troupe d'Artistes des Lames. Plus que de se battre, elles nous montraient comment trouver l'Inspiration sur le fil de ces sabres atypiques. Étant donné l'intérêt croissant de son auditoire, il leur offrit un léger clin d'œil. Il me sera difficile de vous orienter vers ces Muses tant elles se font discrètes et que mes souvenirs remontent un peu, cela étant peu de choses me comblera davantage que d'enseigner les techniques de Sagara à ses consœurs. Wakiya s'empressa de se féliciter avec Ren de cette modeste victoire ; sur cette note, l'Ange cessa leur promenade improvisée. Le katana et le wakizashi forment les rudiments de l'Art des Guerrières. C'étaient les lames préférées de Sagara… Mais comme vous pouvez le voir à notre arsenal, Malakh et moi-même sommes orientés vers un style dérivé. "

Un instant, le manieur à deux katanas se retourna vers l'horizon. Les cumulus au loin ne présageaient point une traversée aisée, peut-être que les vagues se montreront un peu plus véhémentes qu'escompter. Pourtant, en étant témoin de l'entrain de Muramasa et de Sunano, Domiel sut qu'un peu de vent ne les arrêtera pas. C'était un esprit que Sagara aurait certainement imposé : dans leurs malheurs, l'Orine avait su leur montrer la voie à traverser afin de mieux se redresser et d'affronter les plus coriaces des tempêtes. Bras enfouis dans ses amples manches, l'Ange se laissa porter par le confort tout relatif du bois sous leurs pieds.

" Nous vous tiendrons bien entendu compagnie. Sur ce point, Wakiya comprenait que leur voyage serait bien plus fructueux que prévu. Que diriez-vous que je vous observe vous entraîner ? En attendant le premier débarquement, nous pouvons en profiter pour étudier les bases. "

Émérite, Domiel transparaissait son expérience rien que par son attitude décontractée et ses récits finement étirés. Sur ce point, Wakiya parvenait bien à croire qu'il saura leur donner quelques astuces. De surcroît, Ren demeurait une professeure tout aussi formidable aux yeux de la cadette. Pour elle, la moindre source de pouvoir était un plus non négligeable ; elle avait raté sa chance avec Sieur Noreano, il était alors hors de question de laisser cette opportunité en or lui échappé.

" Je serai ravie de m'entraîner avec toi, Ren ! La Hanatsu se gratouilla le cuir chevelu. Je ne voudrais pas… déranger les marins avec mes observations ou mes interrogations. Sa fascination pour leurs compétences semblait sans limite. Montre-moi comme vous faisiez avec Isley, s'il te plait ! "

Par-delà le grondement de l'écume, sa ferveur se fit entendre.


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Isiode et Isley
Mar 06 Sep 2022, 05:11



Quelques jours plus tard…

Les journées se poursuivaient inlassablement, toutes plus accablantes que la précédente, et plus elles défilaient au rythme cyclique du jour et de la nuit, plus il se confrontait à la vérité qui s’ouvrait à son esprit : la mer n’était décemment pas faite pour lui. Si elle avait attiré et passionné bien des hommes et des femmes au cours de l’Histoire, au contraire de tous ces hères, elle ne le stimulait pratiquement pas… Au moins, il y avait toujours le chant des baleines pour lui faire oublier son labeur quotidien, et il ne pourrait certainement jamais oublier la beauté des flots qui s’étendaient jusqu’à l’horizon, plus loin encore que la portée de ses yeux.


Combien de jours s’étaient-ils écoulés depuis notre départ des Terres d’Iyora? Si j’avais pris la peine de compter les premiers temps, j’avais rapidement fini par perdre le fil de mon addition, les journées se comblant instantanément avant même que le Soleil ne se suspende à son zénith. Discuter auprès des autres passagers, faire de l’exercice, jouer du erhu ou simplement admirer la mer et ses merveilles : cela prenait l’intégralité de mon temps, et le temps, c’est ce que nous avions à foison au-dessus de la ferveur des eaux. Il fallait en profiter amplement!

Aider à la préparation des aliments pour les repas, servir ces derniers aux passagers, nettoyer aussi bien la vaisselle que les ponts et les allées du vaisseau pour un entretien régulier, assister les responsables du maintien des équipements, et bien d’autres tâches encore remplissaient son agenda, au point où il avait très peu de temps pour lui, si ce n’était en soirée, lorsque l’équipage se permettait quelques instants de relaxation bien mérités autour des musiciens. À ces occasions, il laissait volontiers la musique emporter son esprit. Quelques-uns de ses collègues l’incitaient parfois à rejoindre sa voix à la leur, mais il refusait catégoriquement à chaque fois : en réalité, il était peu démonstratif et préférait être un spectateur plutôt qu’un acteur.

De temps en temps, je m’éclipsais de l’agitation humaine afin de communiquer avec Isiode en toute tranquillité, et laissais quelques messages mentaux à l’attention d’Isley aussi. Même si ce dernier était dans l’incapacité de me répondre, je savais qu’il prêtait oreille à mes paroles. Je leur partageais ainsi mes journées, mes entraînements auprès de nos amis angéliques; je leur parlais également de Wakiya, puisque ma Imōto s’était lentement défait de sa timidité pour interpeller et aider les marins dans leur travail quotidien.

Parce qu’il n’avait pas de poste particulier – à part celui d’être mousse  – il pouvait explorer une grande partie de l’Opalescent selon son bon vouloir. Si le travail était, certes, éreintant, il lui apportait toutefois un ravissement certain, puisqu’ainsi, il était en mesure de garder un œil sur cette jeune femme. Lentement apprenait-il à reconnaître ses tics et ses manies, ses intérêts et ennuis, ses contentements et insatisfactions aussi, mais ce qui le frappa plus encore fût cet épanouissement qui semblait mûrir et grandir plus le voyage s’étirait. Elle souriait bien plus souvent, elle s’impliquait bien plus souvent… Il se demandait pourquoi, mais n’avait encore jamais osé l’approcher pour l’interpeller de vive voix.

Wakiya aspirait à changer, à ouvrir ses horizons, et même si son intérêt se portait majoritairement sur l’art du cordage et des nœuds marins, la navigation – dans son ensemble – affamait sa curiosité et enflammait sa réflexion.

« Et dire qu’il n’y a pas si longtemps, murmurais-je à l’attention de Domiel qui, tout près de moi, avait posé son regard sur le bleu infini de l’océan, sa timidité l’empêchait bien souvent de s’approcher des gens. Essuyant une larme factice sous la courbure de mes cils, ma voix se mit à trembler, faussement dramatique : Elle grandit si vite! Je suis si fière d’elle! »

Pourtant, je ne parvins à tenir la comédie bien longtemps, un sourire s’affichant soudainement à mes lèvres, rapidement remplacé par un rire. Cependant, la gaieté de mon humeur s’effaça violemment, laissant place à une mimique d’étonnement sur les traits de mon faciès.

Comme un seul homme, les conversations autour de lui s’arrêtèrent abruptement. Les nouvelles qu’ils avaient récupéré au port de ravitaillement du Plateau de Lesmac, comme le début du Conseil des Chefs ainsi que l’apparition mystique d’étranges joyaux flottants, s’essoufflaient au fond de certaines gorges. Bientôt, l’équipage et les passagers se jetaient des regards de perplexité, les matelots s’attelant aussitôt à comprendre ce qui venait de se passer. Il voulut se précipiter pour savoir ce qui se passait, mais une nouvelle secousse ébranla la coque du navire.

Dans un mouvement de bascule effrayant, le bateau se mit à tanguer, à troubler l’équilibre de nos corps. Solidement, je me tins au bastingage, alors que le Capitaine porta puissamment sa voix jusqu’aux oreilles de la vigie, qui se suspendait à l’intérieur du nid-de-pie.

« Que se passe-t-il, là-haut? Nous avons accroché un rocher? »

L’homme de veille secouait nerveusement la tête, tout en scannant méticuleusement l’horizon.

« Je crois que c’est sous le bat– »

Des cris s’élevèrent parmi le rassemblement qui se tenait sur le pont, alors que le vaisseau se penchait de plus en plus dangereusement vers l’océan. Des ordres fusaient parmi l’équipage, alors que, prudemment, je portais une œillade par-dessus la rambarde. Des silhouettes, de plus en plus visibles, se mouvaient autour du navire. J’écarquillais les yeux, reculant tout en ajustant la stabilité de mes jambes.

Il se tint de toutes ses forces sur le bras de son collègue. Celui-ci s’était solidement attrapé à l’un des mâts du pont, et le tirait désormais pour que sa main puisse également s’y accrocher.

« Des Si–
- Des Si–

- DES SIRÈNES! ELLES REMONTENT À LA SURFACE! »

Une quatrième et puissante poussée, qui coupa court à ses cris désemparés. Les Vampires des Mers essayaient de faire chavirer le vaisseau.


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Wakiya
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Wakiya
Lun 12 Sep 2022, 23:13



Insolente, la Nawashi s'étira de tout son être, en équilibre à plusieurs mètres au-dessus du pont. Si elle avait bien retenu les indications de ses instructeurs improvisés, elle devait se trouver au niveau du grand hunier fixe. Au-dessus d'elle, encore trois voiles surmontaient le plus grand mât du navire. Là où se trouvait justement Zephon, leur veilleur, l'Ange capable de voir à plusieurs lieux autour d'eux. En compagnie d'autres marins, ils enseignèrent à la jeune Orine leur métier. Wakiya se débrouillait très bien avec une lame entre les mains et savait comment orienter ses muscles pour atteindre un objectif. Escalader les cordages ne fut alors qu'une formalité, mais ce fut le vertige et le manque d'équilibre qui lui firent défauts les premiers jours. Étant donné son expertise avec les nœuds – un art par ailleurs surprenant aux yeux des loups de mer – ils l'encouragèrent à redoubler d'efforts pour au moins garder son sang-froid au niveau de l'embranchement le plus proche du pont : celui qui soutenait la grande voile. Ainsi, en dehors de ses interactions avec les épéistes et de Ren, il lui arrivait de fréquenter les marins et d'échanger ensemble leurs connaissances sur la manipulation des tresses. En retour, la Sunano profitait des hauteurs pour renforcer son équilibre et esquissa même des répétitions qu'Isley l'enjoignit à poursuivre. Bientôt, se focaliser sur le katana lui fit oublier qu'elle se trouvait là-haut, puisque ses appuis étaient alors solides et travaillés. La mer était calme, la traversée si paisible ; en somme, c'était comme se trouver sur un lopin de terre bien tassé, au beau milieu d'une étendue azurée… Ce voyage la rendait épanouie.

La Hanatsu n'avait atteint le niveau du hunier que depuis la veille. Les jours ne se comptaient plus et elle aimait à croire que dès qu'elle réussira à atteindre le nid-de-pie, ils arriveront enfin à bon port. Cette aventure initiatique la galvanisait et l'aidait à surpasser ses appréhensions. Qui sait, peut-être se transformera-t-elle en une véritable Muse des Lames ? Aux côtés de sa Oneesan, elle avait si hâte de montrer ses progrès à Isley, et aussi à Isiode dont ses prières lui étaient bien souvent adressées. Parfois, en laissant ses paupières reposer son regard, il lui arrivait d'entrevoir – ou plutôt d'imaginer, devrait-elle penser – le quotidien de la Sentinelle de Glace. Elle ne se doutait point encore que ce lien risquât de chambouler leur destin, puisqu'il était bien plus concret que la simple fabulation d'une jeune femme.

À deux secondes de réitérer l'expérience, de se plonger dans cette mystérieuse transe, Wakiya se retrouva aussi désemparée que l'ensemble de l'équipage lors de cette première secousse. Forte sur ses appuis, elle réussit à maintenir sa posture et suivit les prémices de l'affolement germer un peu partout sur le pont. Auraient-ils heurté quelque chose ? Cela pouvait arriver que Zephon manquât de vigilance, mais… Le second impact la tira de ses théories, la faisant plonger à corps perdu dans cette agitation gorgée de peur. Par mesure de sécurité, Wakiya se plaçait près des cordes pour se rattraper. Son poing fermement raccroché au ligament du navire, elle pivota bien plus vite la tête, absolument confuse. Les ordres fusaient à tout va, les marins s'activaient bien plus, sur le pont ou le long du mât.

" Que se passe-t-il ?! " Tenta-t-elle auprès de l'un d'eux, sans succès.

Dans la cohue, on ne la voyait pas. Il fallait qu'elle redescendît sur-le-champ, avant de passer par-dessus bord ! La troisième secousse la poussa à rejoindre l'échelle de corde. La hauteur devenait bien trop dangereuse et le vertige refaisait surface. La confiance aspirante des Lames redevenaient l'insignifiante Hanatsu en un rien de temps…

Juste avant que la vigie n'ait révélé la nature de ce désagrément, Domiel les avait repérés. En un rien de temps, il entraîna Ren avec lui au niveau du mât, afin qu'elle ne se raccrochât plus aux rebords. L'Ange ne rajouta rien à son acte et dégaina ses deux katanas dès que l'impie mot "Sirène" fut prononcé. Cette traversée se métamorphosait alors en un champ-de-bataille. Dès le nouvel assaut, il prit de la hauteur et ses ailes se déployèrent. Ces Vampires des Mers cherchaient la guerre ? Il y répondra avec férocité. Plusieurs Anges armés suivirent l'initiative et un bal d'ivoire et de fer se dessina tout autour du navire. Domiel fut l'un des premiers à fondre en direction de l'eau et à trancher la moindre griffe s'y extirpant. Le problème étant qu'elles étaient si nombreuses qu'il n'y aurait bientôt plus de navire à sauver à cette allure…

" Domiel-san ! "

En suspension au-dessus du vide, la détresse de Wakiya lui parvint juste à temps et l'Ange se précipita pour la sauver d'une chute certaine. Le guerrier la déposa délicatement auprès de Muramasa.

" Restez au centre ! "

Wakiya n'eut même pas eu le temps de le voir filer, tout se déroulait sous ses yeux à une vitesse ahurissante. Que devait-elle faire ? Où devait-elle aller ?

" Ren ?! " L'Orine avait si peur qu'elle ne pût que chercher un appui auprès de sa sœur de substitution.

La Sunano savait pertinemment ce qu'il se passait. Du haut du mât, elle avait pu apercevoir toute cette marée noire se disloquer et foncer en leur direction, disparaître et s'épaissir à nouveau par endroits. Il ne fallait pas être Zephon pour reconnaître le folklore des engeances abyssales. Et d'imaginer le sort qu'elles leur réservaient. Pourquoi leur rêve se transformait soudainement en cauchemar ? Pourquoi aujourd'hui, pourquoi elles ? Plus les cris se multipliaient, plus l'Océan se ternissait de rouge, plus les traumatismes de la jeune femme revenaient à la charge. Elle s'était battue pour ne plus avoir à revivre ça, elle s'était assurée une protection et un havre de paix pour ne plus avoir à subir ça. Ses mains se resserraient sur son crâne, et elle fermait les yeux, dans l'espoir de chasser toutes ces atrocités de sa réalité.

" Voilà les cordes ! "

Puis sans crier gare, sa conscience lui susurra une sortie. Wakiya ne tremblait plus et plus aucune trompette de la guerre ne lui parvenait. Cet ordre précis l'avait comme attirée, à l'instar des liens divins de son Art. La panique générale subsistait autour d'elle dans un silence inespéré, alors que ses prunelles de jade suivirent les actes du marin. Avec un remarquable sang-froid, il passa la corde autour de la taille d'un camarade et assura alors sa sécurité. L'Orine fronça les sourcils : ils étaient si nombreux sur ce bateau, ils manqueront forcément de temps…

La Nawashi se mordit la lèvre, comme avant un nouvel exercice d'escrime. Focalisée sur son nouvel objectif, elle joua de son équilibre tout en restant du mieux qu'elle pût au centre du pont. Hermétique autant que possible aux hurlements et menaces, elle partit s'emparer d'une autre corde et revint aussitôt au niveau de Ren et des voyageurs encore présents. Sans dire un mot, Wakiya réalisa l'attache la plus solide qu'elle n'ait jamais confectionné et l'assura au mât central. Parfait ! D'un regard entendu, elle confirma à sa Oneesan qu'elles s'en sortiront. Nouer, assurer, vérifier, l'Artiste du Shibari répéta l'opération autant de fois que possible afin de soutenir les Anges et d'épargner un maximum d'âmes de la cruauté des profondeurs. Sous sa protection, aucune force ne saura ébranler ses liens !


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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Sam 17 Sep 2022, 07:26



« M-Merci… » Balbutiais-je en m’agrippant au mât, libérant du même fait les bras de l’Immaculé.

Aussitôt qu’il se fût assuré de ma sécurité, ce dernier délivra ses ailes du poids de la Magie, leur blancheur renvoyant jusqu’à ma rétine l’éclat de l’Astre-Père. Puis, dans un bond extraordinaire, il fila vers le cœur de l’horizon afin de joindre ses forces à la bataille. L’explosion des combats au-dessus des flots détona alors comme la flamme embrase la sécheresse de la paille : brusquement, rapidement, violemment. Désormais à découvert, les Sirènes délaissèrent temporairement les attaques contre le bateau afin de se défendre de leurs agresseurs ailés et le tranchant de leurs épées. Sans relâche, ces derniers fendaient férocement les vagues qui se soulevaient et perçaient la furie meurtrière qui animait les Charmeuses de l’Océan. Ils décuplaient ainsi leurs assauts, ils rendaient plus précis encore la portée de leurs coups. Ces vétérans de la Mer connaissaient les dangers qu’elle recelait sous ses courants et s’apprêtaient à protéger coûte que coûte leurs navire, passagers et cargaisons. De fait, le strident de l’acier se frappait, dans des sifflements assourdissants, au sinistre de leur mélodie enchantée. Toutefois, dès que les premiers baisers ferriques et Magiques vinrent toucher la chair de ces créatures cruelles, les combattants du navire cassèrent du même fait la Magie qui enchantait leurs voix. Leur symphonie se mua rapidement en hurlements de douleur et de colère, les guerriers parvenant ainsi à mettre un terme au chœur de leur requiem, telle une discordance à l’harmonie qu’elles avaient tenté d’instaurer et de déchainer à travers le soulèvement de la marée. L’instant était pressant, dangereux et pourtant, je ne pouvais m’empêcher de contempler avec admiration le ballet impétueux de plumes et d’acier qui s’enflammait sous mes yeux. Ils n’étaient clairement pas à leur premier combat contre les Sirènes et savaient désormais comment se prémunir de leurs attaques pernicieuses. Seulement, ces mêmes vétérans remarquaient bien vite que le nombre de leurs ennemies ne cessait d’augmenter au fil des secondes. Quelques combattants se permirent aussitôt de prendre de l’altitude pour récupérer leur souffle et évaluer le terrain. Et c’est en suivant leur ascension dans les airs que je l’aperçus enfin, pendue dans les airs, ses jambes balayant le vide, son expression criant au désespoir. Mes yeux s’écarquillèrent brusquement, mon cœur s’arrêta instantanément.

« WAKIYA! »

Cela faisait un certain temps qu’il l’observait dans une telle posture. Il avait bien vu qu’elle était en détresse, la force qui suspendait tout son corps par-dessus la rage de l’Océan s’affaiblissant graduellement. Pourtant, jamais il n’indiqua à qui que ce soit qu’une jeune femme était sur le point de tomber; à une telle hauteur, si le plongeon ne la tuait pas, il se serait agi des Sirènes qui l’auraient alors mené vers son trépas. Il en avait parfaitement conscience et malgré cela, jamais son doigt ne l’avait pointé afin d’indiquer sa position; jamais sa voix ne s’était élevée, en comparaison à la rouquine qui l’avait finalement remarqué. Il était resté simple spectateur de la scène, témoin de son malheur jusqu’à son sauvetage in extremis par l’un de ses nombreux admirateurs…

« Secoue-toi! Nous devons nous assurer que tout le monde soit en sécurité! »

Il sursauta, se retournant aussitôt en direction de la voix. Cependant, son porteur filait déjà vers l’un de leurs collègues, l’une de ses mains attrapant la corde qu’on lui tendait. L’urgence était palpable et malgré cela, il était paralysé. Il se sentait étrange. Très étrange. Et discrètement, sa main se posa sur le trait de ses lèvres, retroussées en une grimace irascible. Qu’il masqua aussitôt derrière un loup horrifié.


Elle tremblait, c’en était terrifiant. J’avais l’impression de revoir la jeune Hanatsu lors de cette nuit au Festival d’Aïkisu. Par réflexe, mes bras l’enlacèrent plus fortement. Je voulais la rendre sourde à tous ces cris, la rendre aveugle à toute cette sanglante frénésie. Veiller sur elle : c’est ce que j’avais promis à Isiode. J’étais sa Oneesan. Je me devais de la protéger et c’est pourquoi je l’avais retenu à mes côtés… Jusqu’à ce qu’elle se sépare de mes bras et trace son chemin vers un amoncellement de cordes préalablement apporté par un marin. J’observais ma Imōto sans sourciller, la laissant passer ses mains autour de ma taille afin de serrer très fortement le lien au-dessus de mes hanches. Un peu plus, et elle allait enfoncer la corde dans ma peau. Cela étant dit, je ne m’en plaignis pas, consciente de son état d’esprit et de l’urgence qui palpitait autour de nous. C’était pour notre bien, notre sécurité. À un moment, nos regards se croisèrent et je lui adressais un sourire resplendissant avant de me diriger vers le même amas de cordes et d’assurer sa propre sûreté autour de sa taille.

« Allons aider les autres passagers. »

Je lui serrais brièvement l’épaule. Tout irait pour le mieux.

Il se sentait étrange. Si étrange. Pourtant, il continuait ce pourquoi on l’avait appelé : nouer, assurer, vérifier. Il garantissait du mieux qu’il pouvait la sécurité de ses compagnons non-ailés et vérifiaient que tout le monde était hors de danger. Si les Ailés pouvaient faire confiance à leurs excroissances plumeuses pour leur éviter une chute désastreuse, ceux qui étaient dépourvus d’ailes n’avaient pas la même chance. De fait, il continuait son travail avec rapidité, ses doigts tremblant sous l’impulsion incessante de l’adrénaline et de la nervosité. Cela étant dit, ce n’était pas tant l’attaque qui l’effrayait, à l’inverse de que ce qui s’était produit plus tôt, de sa réaction, alors qu’il l’avait contemplé filtrer dangereusement avec sa funeste destinée, à plusieurs mètres au-dessus de la houle enragée.

Une étrange réjouissance avait follement fait battre son palpitant. Or, dès qu’elle fût sauvée, prise par l’un de ses amis angéliques, il… il eût un violent sursaut, un fulgurant élan de Colère qui lui avait pénétrer la moelle. Il n’avait pas été ravi : il avait même été extrêmement déçu. Pourquoi s’était-il senti si irrité, si furieux, alors que quelques secondes plus tôt, il avait eu l’impression d’admirer la plus belle pièce de théâtre qui soit?

… Il aurait aimé la voir tomber. Il aurait désiré la voir périr dans ces eaux…

Non! Non! NON! Pourquoi pensait-il ainsi? Ce n’était pas bien. Ce n’était pas ainsi qu’il attirerait l’attention de son sauveur. Pour le moment, s’il la regardait, elle, il savait qu’un jour, son sauveur finirait par le voir lui aussi. Ce serait inévitable, le Destin. Surtout que la jeune femme ne s’intéressait aucunement à lui. Elle s’entourait d’autres hommes avec qui elle paraissait bien plus heureuse qu’en sa compagnie! Même ces deux Anges, qu’elle connaissait depuis peu, semblaient avoir une place bien plus importante dans son cœur que son sauveur. Alors oui, oui, à la fin, son sauveur le regarderait aussi, et finirait par ne voir que lui… Même si elle serait toujours là, dans le décor, il finirait bien par le regarder lui aussi… Après tout, il l’aimait bien plus qu’elle ne l’aimerait jamais.

Mais si elle l’avait ensorcelé par sa fragilité, si elle l’avait séduite par son apparence et ses sourires… Le mousse connaissait la réputation de son sauveur, il connaissait la froideur de son cœur et malgré tout, il démontrait une loyauté sans faille pour toutes personnes qu’il considérait inestimable. L’anxiété serra son cœur. Parce que cette femme avait forcément pris une place importante dans son cœur à lui. Après tout, jamais son sauveur ne l’aurait ainsi choyé si elle n’était pas quelqu’un qui lui était extrêmement cher.

Il eut une longue période de latence durant laquelle son esprit s’éteignit, durant laquelle son désir s’exacerba, durant laquelle sa jalousie s’incendia. Puis, il se mit en marche, la corde de l’un des passagers en main. Il la dépassa, alors qu’elle se concentrait à serrer de nouveaux liens autour d’un ventre bien maigre. La délicate ne remarquât rien, pas même le regard qui suivait la longueur de sa corde jusqu’au mât central du vaisseau. Hâtivement, le mousse assura le cordage de son passager, sa main déviant légèrement pour venir effleurer la corde de la brune. Une secousse fit trembler son équilibre et il s’accrocha prestement à la corde qu’il avait sous la main. Fiou. De peu, et il aurait valdinguer sur le pont. Mais pour l’heure, pour lui, ce n’était pas si important. Il était animé par une convoitise et une sordide idée. Parce que si elle n’était plus là, il lui serait tellement plus aisé de gagner le cœur de son sauveur. Il saurait la remplacer, il saurait le consoler, il saurait être là et l’aimer lui – rien que lui! À l’inverse de cette insignifiante créature, de cette tentatrice qui retenait les hommes à l’aide de ses nœuds toxiques.

Oui… Oui… S’il s’en débarrassait, son sauveur serait sien. Il lui suffisait de délester ce lien, celui-là même qui la retenait encore au bateau pour–

« Tout le monde est assuré, Capitaine! »

Il se pétrifia, retirant aussitôt sa main des nœuds. Q-Qu’est-ce qu’il était en train de faire? Il avait peur. Il recula et couru aussitôt vers l’un de ses collègues pour lui dire qu’il avait terminé son travail. Les battements de son cœur s’enflammaient. Qu’est-ce qui lui avait pris? Il avait failli… Non. Tout irait pour le mieux. Il avait à peine touché à sa corde. Tout irait pour le mieux. Il ne devait plus y penser. Il ne devait plus y penser. Parce que tout irait pour le mieux.


Le combat faisait rage, mais les Immaculés gagnaient finalement du terrain face à la sauvagerie des Sirènes. Leurs pouvoirs angéliques couplés à leurs prouesses martiales parvenaient à tenir éloigné les furies des mers. Sous les ordres du Capitaine, nous restâmes le plus près possible du centre, serrés comme des sardines, afin de ne pas nous laisser emporter.

Tout irait pour le mieux.

Nous pouvions entendre le cri des combattants et le hurlement suraigu des Sirènes à la surface : la perspective de perdre les enrageait. Elles avaient nagé sous les radars afin de passer bien en-dessous du bateau; elles avaient tenté de le faire chavirer, sans succès, et maintenant, elles se faisaient battre sur leur propre terrain. Furieuse, la vague noire recula, et prit en vitesse pour se projeter violemment contre la coque du navire. Celui-ci tangua sérieusement, nos pieds glissant sur le pont, hors de notre contrôle.

« Tenez-vous bien! » Cria le Capitaine par-dessus l’affolement et la panique générale.

Surprise par l’agressivité du choc, je me retins aussitôt à ma corde. Tout irait pour le– CLAC!

CLAC? Pourquoi CLAC?

… P-Pourquoi je m’éloignais du pont? P-Pourquoi Wakiya paraissait si horrifiée en me regardant? Qu’est-ce qui se passait? Pourquoi je tombais…? Tomber? Tomber?! Je le vis alors, le bout de ma corde claquer dans le vent. Le bout de ma corde claquer dans le vent…? Ma corde dans le vent?

« UN PASSAGER À LA MER! UN PASSAGER À LA MER! »

Un… passager à la mer?

« Waki…? »

J’eus à peine le temps de souffler son prénom que le noir, les bulles, les sons – réduits au silence – comblèrent l’intégralité de mes sens.

Et sur le pont, il scruta la scène, épouvanté.


1 859 mots | Post VI



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Wakiya
Lun 19 Sep 2022, 15:48



Un lointain souvenir…

Oh… hisse ! Elle tira de toutes ses maigres forces, afin de surélever davantage l'objet de son attention. Avec une moue amusée, son amie la scrutait lutter contre sa nouvelle œuvre. Tenter un Shibari suspendu à l'âge de onze ans, cela lui semblait un chouïa trop audacieux. Mais pour la jeune et téméraire Wakiya, expérimenter le maximum de possibilités était important. En tant que Nawashi, elle se retrouvait seule face aux croquis et aux dangers, seule à perfectionner un Art jusqu'alors tabou dans le plus grand des secrets. De ce fait, aucune adulte ne saurait l'arrêter dans son entreprise, et ses amies dans la confidence s'avéraient bien trop curieuses de son évolution. L'apprentie peintre ci-présente aurait voulu rendre hommage à cet acharnement de la renégate, hélas elle se contentera d'aquarelles abstraites. En tout cas, à défaut de lui avoir proposé son assistance, Wakiya rassemblait toutes ses ressources afin de faire décoller le mannequin enchaîné, d'au moins quelques centimètres. Elle tira, encore et encore, le baiser du chanvre sur ses paumes les brûlant. Ce besoin de réussite se fit plus pressant et son impatience finit par provoquer l'effet inverse.

CLAC !

Le mannequin tomba la "tête" la première dans le seau aux côtés de la peintre, les éclaboussures – gorgées de restants de peintures et d'eau – atterrirent sur sa personne et la toile. Durant la chute, Wakiya fut tout autant entraînée en avant et constata avec effroi les conséquences de son obstination. Si son amie Orine s'était figée dans la surprise, elle désamorça bien vite la gêne en s'écriant :

" Homme à la meeer ! Elle le répéta plusieurs fois, faussement paniqué. Vite, sauvez-le de la noyade ! "

Incrédule, la Sunano observa la peintre extirper la fameuse victime des eaux et cette scène, si enfantine, allégea ses peines en un rien de temps. Leurs hilarités conjuguées eurent tôt fait de leur faire oublier le tracas des Artistes.

~~~

CLAC !

Aussitôt alertée par cette sonorité ancestrale, la Hanatsu se détourna des affres de la bataille pour retrouver du confort auprès de Ren. Toutefois, cette dernière n'était tout bonnement plus à ses côtés. Cela n'avait pas de sens : l'Orine devrait être fermement raccrochée au mât principal, aussi assurée que le reste de l'équipage dépourvu d'ailes. Bien sûr, sur le moment, la disparition de Muramasa la terrorisa, mais ce fut surtout cette corde au vent qui réanima toute sa terreur ; cette corde qu'elle avait soigneusement travaillée, noué, vérifié par deux fois afin de prémunir sa Oneesan d'un malheureux destin. Pourquoi cette corde qu'elle avait béni de son Art se délaissait soudainement de son support ? Pourquoi s'éloignait-elle si vite, si lâche, en direction de la mer ? Noyée dans son déni, Wakiya préférait observer la scène s'écouler devant ses yeux et prier – au fond de son esprit – que tout irait pour le mieux. Elle suivit la trajectoire du lien jusqu'au parapet boisé. Elle poursuivait encore sa course, par-dessus la rambarde, jusqu'à que ses iris de jade captèrent l'épouvante sur le visage de Muramasa. Tout ira pour le mieux. Si c'était le cas, pourquoi Ren se retrouvait au-dessus de l'écume, des griffes et des crocs de leurs assaillantes ? Comment sa corde avait pu lâcher ?! La Sunano eut à peine le temps de lever la main en sa direction que sa Oneesan disparaissait en un instant. Le plouf significatif entraînant ce résultat strictement imprévu.

" REEEEEEEEEEN ! "


Malgré les ordres, Wakiya s'était enlacée en sa direction, mais la longueur de sa propre corde l'empêcha de se mêler au danger. Son cri de détresse, en revanche, fit passer près d'elle, à toute vitesse, deux ombres menaçantes par-dessus le gouffre qui avait englouti Muramasa. Dans leurs courses, malgré le désespoir embuant ses yeux, l'Orine reconnut la lueur des lames et les kimonos des Anges. Si Domiel fut bien enhardi par la souffrance de la Nawashi, Malakh prouva une étonnante détermination en étant plus rapide à croiser le fer des Sirènes. Il n'était pas Ange prompte à la Colère, son imposant katana portait à lui seul l'Espérance et la Force qui l'animaient. Tout aussi éclatant, la vigueur au sein de son regard reflétait son esprit de guerrier. Pas encore ! Plus jamais ! Excessivement preste, il tourbillonna au-dessus des flots et écarta avec une remarquable aisance les assaillantes cherchant à se rapprocher de leurs proies. Profitant de la surprise engendrée par son acte, le blond tendit sa main en direction de l'Orine, mais une mâchoire avide l'agrippa au poignet. Malgré la brutalité de l'attaque, Malakh serra les dents et prit de l'altitude, entraînant avec lui la Sirène qui cherchait à lui arracher la main. D'un coup sec, il abattit son nodachi sur son flanc et lui fracassa la tête contre la coque du bateau. En tout pour tout, il grogna contre cette blessure, et reporta son attention sur les eaux. À son tour, Domiel avait tenté une percée, hélas son aile gauche fut impactée par la voracité des Vampires des Mers. Malakh ne perdit pas une seule seconde et escorta sous son bras son compagnon de tous temps. Le guerrier le déposa auprès de Wakiya, la voix de cette dernière était écorchée par son état désolant et peinait à exprimer le moindre mot. Domiel saisit aussitôt la main de l'Orine, afin de lui assurer que cette affliction ne représentait rien pour lui. Toutefois, il ne sera d'aucune utilité pour le secours de Ren, alors il confia tous ses espoirs à son ami.

" Vas-y ! "

Forgé parmi les guerrières, Malakh faisait parti de ces âmes suffisamment lucides pour comprendre en un claquement de doigts les priorités de telle situation. La blessure de Domiel, la détresse de Wakiya, l'équilibre précaire du navire, rien de tout cela ne représentait la moindre importance face à ce qu'était en train de traverser l'Orine des Yuërell. D'un puissant élan, il atterrit sur la rambarde et esquissa les prémices de son attaque. Art Divin de Sagara. Le visage de sa Muse enflamma son for intérieur. Guide ma lame ! Encore une fois, l'ombre disparut.

Sous les flots, le sang et la chair se mêlaient dans une odieuse valse. Une partie des pernicieuses préférait cesser leurs efforts et se concentrer – avec justesse – sur leur tant attendue récompense. La moindre miette suffisait à les satisfaire, tant leur déchéance les entraînait dans les abysses. Pourtant, là où la pénitence devrait les ravir, elles sentirent cette épée de Damoclès effleurer leurs nuques, un frisson désagréable les prit au même moment où des bulles s'écrasaient sur leurs écailles. Cela n'avait l'air que d'un coup de vent, mais ce simple passage suffisait à atténuer leurs forces. Quelques Sirènes sentirent leur souffle se perdre alors qu'aucune lame ne les atteignît. L'une d'elle, soudain, perdit littéralement sa tête. Malakh sortit de l'eau, glana une dose suffisante d'oxygène et repiqua en direction des flots. Malgré le poids de son katana, malgré la pression sous-marine, le guerrier s'évertuait à leur foncer dessus et à les éliminer une à une. Sur sa route, l'Œuvre de Delix siphonnait l'énergie vitale des prédatrices et les faisaient détourner de leur festin. Il était alors trop tard pour elle lorsqu'il les chargeait, tel un agent annonciateur de la Mort. Un pari risqué, mais cette stratégie payait à mesure qu'il creusait sa route jusqu'à la rouquine. Lors d'une ultime charge, il tournoya autour des Sirènes, faucha la plus proche et récupéra l'Orine avec son bras libre, avant de pousser de toutes ses forces sur ses ailes. Même à plusieurs mètres au-dessus de l'océan, Malakh était couvert de sang et de chair ; hélas, pas forcément le sien ou celui de ces harpies.

Atterrissant avec délicatesse sur le pont, l'Ange constata que les hostilités semblaient tourner en leur faveur. Était-ce grâce à son intervention ? Aurait-il instillé la peau dans les rangs des créatures marines ? Il l'ignorait et s'en fichait éperdument sur l'instant ; car Ren… Elle était méconnaissable. Le sauveur se fichait éperdument de tout ce qu'il se passait ou se disait autour de lui, malgré le contre-coup de sa magie de tantôt, il déploya ses autres ressources afin de soigner l'Orine. D'autres Anges se joignirent à la cause en constatant l'état catastrophique de Muramasa. Certains voulurent apporter leur contribution, mais l'horreur qu'avait laissé les Sirènes sur leur sillage fut trop lourd à encaisser. Plus que tout autre, Wakiya se démena pour dépasser les membres de l'équipage et réussit – malheureusement – à revoir sa Oneesan. Sauve ? Peut-être grâce à l'effort conjugué des Vertueux. Saine ? Peut-être plus jamais.

" REN ! Malgré ses maigres forces, la Hanatsu se fraya un chemin à travers la première ligne. RE– ! "

Domiel l'agrippa par le bras et la tira derrière lui, la serrant dans ses bras pour la retenir. Il connaissait les affres de la guerre, il savait comment préserver Wakiya de tout ça. Ce qu'il ignorait en revanche, c'était ô combien Wakiya avait déjà traversé cet enfer ; par conséquent, son chagrin se décuplait.

" Ne regarde pas ! "

" ELLE DOIT ME VOIR ! "

" Elle doit respirer ! "

Elle m'appelle ! Et en retour, la Sunano l'appelait. Si elle lui tenait la main… Non, si elle demeurait à ses côtés, Murasama se réveillera et… tout irait pour le mieux ! Ses yeux s'asséchèrent tant qu'elle pourrait faire s'écouler le navire, sa détresse écriée atténuait le chant ferrique tout autour d'eux. Ce n'était pas possible ! Ren n'aurait jamais dû finir dans cet état ! La corde n'aurait pas dû lâcher ! Ses liens étaient immuables !

Encore, elle l'appela par son nom. Encore une fois. Encore…


1655 mots ~


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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Mer 28 Sep 2022, 07:23



RPs précédents : Les livres reflètent la beauté du ciel – Partie II [Isiode]
Les livres reflètent la beauté du ciel – Partie II [Isley]


« REN! »

Les sons bourdonnaient à mes tympans. Je ne parvenais pas à leur donner le moindre sens, ces murmures, à peine audibles à mon ouïe, se perdant dans la tempête de mes pensées.

« ELLE DOIT ME VOIR! »

J’appelais à l’aide. Continuellement. J’avais si mal. Tout mon corps me brûlait, se consumait, se brisait à chaque secousse qui faisait tanguer le navire. Le sel marin me perforait les muscles et les os. Je ressentais avec tant d’intensité, à un point où mon corps et mon esprit ne pouvaient plus le supporter. Je gémissais dans mon inconscience, implorant les cieux et les Dieux pour que quelqu’un m’évade de cette souffrance.

« Reculez! Elle doit respirer! »

Les voix se superposaient dans mes oreilles. Elles chuchotaient et s’affrontaient, elles se repoussaient et se heurtaient, mais je les entendais à peine. Tout ce que je voulais, c’était que l’on m’arrache à cette douleur. Je la sentais me tirer dans une direction que je ne souhaitais pas emprunter. Je la sentais me transporter, me séparer de tout ce qui me supportait ci-bas. C’est bien trop tôt. Je ne leur avais été d’aucune aide. Je ne pouvais pas partir ainsi. Je ne veux pas partir maintenant.

« On la perd! Nous devons arrêter l’hémorragie immédiatement! »

J’avais mal. J’avais mal. J’avais mal, mal, malmalmalmalmal. À l’aide. Aidez-moi. Aidez-moi. Que quelqu’un me libère de ce calvaire.

« Continuez de les distraire! Nous devons avancer et les semer définitivement! »

Je ne pouvais pas partir. Isley et Isiode avaient encore besoin de moi. Mais cette douleur m’était insoutenable. Je la sentais m’entraîner dans son sillage. Je la sentais me soustraire à tout ce qui me fixait si solidement ci-bas. Au contraire de cette corde qui n’avait su me retenir au navire, cette souffrance ne me lâchait pas. Elle ne me lâchait pas. Jusqu’à ce qu’elle m’emporte. Jusqu’à ce que je succombe à sa force, incapable de lutter plus longtemps contre ses charges, contre les maux qu’elle injectait dans tout mon corps. Pourtant, je ne voulais pas mourir. C’était bien trop tôt. Alors que je ne leur avais pas été utile… … …

« E-Elle ne respire plus! »

… … …
… …


« Je vais la ranimer! »

… … …
… …


Je ne voulais pas mourir.



Quelques jours plus tard…

« […] Malgré la gravité des blessures qu’elle a subi, sa condition s’est finalement stabilisée hier, en après-midi : à présent, nous ne craignons plus pour sa vie. »

Le Maître-Soignant de l’Opalescent nous parlait. Pourtant, à aucun moment, mon regard ne lui adressa la moindre attention. Il était devenu comme transparent à mes yeux, à la seconde même qu’il s’était décalé de l’entrée pour nous dégager le passage vers l’intérieur de la chambre. De fait, mes pupilles s’étaient naturellement fixées aux traits de son visage; évanouie, la musicienne était plongée dans un sommeil aux allures de léthargie. Rien ne semblait pouvoir perturber son inertie.

« C’est un miracle qu’elle ait pu être sauvée : les Sirènes ne l’ont guère épargnée. Je n’avais aucune difficulté à croire sa parole, puisque les conséquences de leur furie avaient profondément été gravées dans la chair de son corps. Lorsqu’elle a été ramenée sur le pont, elle était méconnaissable. Elle avait déjà perdu énormément de sang, puis le choc et la douleur l’ont fait s’évanouir. Elle avait également avalé une grande quantité d’eau marine. À quelques pas du lit de convalescence, Isiode recueillait le diagnostic d’un air aussi austère que détaché. Par chance, l’équipage est intervenu rapidement et nous lui avons immédiatement apporté les premiers soins. Autrement, je crains que nous l’aurions perdu… »

Je ne la quittais pas du regard. Intérieurement, j’espérais qu’elle ouvre les yeux, qu’elle nous adresse un sourire. Peu importe qu’il ait été tordu ou crispé : au moins, nous aurions eu la confirmation qu’elle était bel et bien en vie. Doucement, je me penchais au-dessus d’elle, tendant l’une de mes mains dans sa direction. Je la débarrassais des mèches qui avaient été rabattues contre sa figure avant de m’immobiliser, rigide et effaré.

« Qu’est-il arrivé à son visage? »

Deux paires d’yeux tombèrent sur mes épaules en même temps. En face de mon jumeau, le médecin libéra un souffle, si faible, que je ne l’entendis pas de ma position.

« Grâce à la Magie, nous sommes parvenus à soigner pratiquement l’ensemble de ses lésions – morsures, plaies et contusions – mais nous n’avons rien pu faire pour la mutilation à son bras droit, ni pour la portion droite de son visage. En silence, nous fixâmes l’étrange substance, noire et durcie, qui couvrait son front et descendait jusqu’à la hauteur de son nez : nous avions l’impression que de l’encre lui avait brûlé et déchiré la peau. Je suis désolé. Malheureusement, c’est tout ce que nous avons pu faire. »

Isiode secoua tranquillement la tête pour lui signaler que leurs efforts étaient reconnus et très appréciés. Ils étaient parvenus à la garder en vie, et c’était le plus important pour le moment.

« Comment cela a pu arriver?

- Il s’agit d’un malencontreux accident, j’en ai bien peur. Un tel voyage n’est jamais exempt de périls et de dangers, et la Mort guette constamment les déchainements d’Eoda et de ses Filles sur l’Océan. Il s’approcha du lit de l’endormie pour s’arrêter à ma hauteur. L’attaque a été aussi brusque que violente. Nous avons tout fait pour préserver nos passagers malgré notre désavantage, mais il semblerait que sa corde n’ait pas été solidement attachée au mât. »

Une fois de plus, nous restâmes silencieux à étudier l’impassibilité de ses traits.

« Qui l’a secouru?

- Vous voulez parler de Monsieur Malakh? »

J’acquiesçais d’un signe de la tête.

« Serait-il possible de le rencontrer? Nous aimerions beaucoup le remercier.

- Je comprends, déclara l’Immaculé. Laissez-moi vous accompagner. Il se repose dans la chambre voisine, compte tenu de ses blessures. »

De nouveau, j’hochais de la tête, me retournant vers Isiode pour voir s’il allait nous suivre. Sans surprise, mon frère nous fit signe de prendre les devants.

« Allez-y sans moi. J’aimerais m’entretenir avec Dame Sunano. À ce nom, le Maître-Soignant se raidit légèrement. Sauriez-vous où je pourrais la trouver?

- Bien sûr. Au fond de ses mires, il nous était possible de mesurer toute la pitié qu’il ressentait pour l’Artiste des cordes. Pauvre enfant… Quand elle ne sort pas de sa chambre, elle est ici, au chevet de la patiente. »

En exhalant un nouveau soupir, l’Aile Blanche transmis à la Sentinelle le numéro de cette fameuse chambre.



C’était un accident. C’était un regrettable accident. C’est ce qu’il se répétait à chaque nuit depuis cette violente altercation, sans parvenir à fermer les yeux pour autant. Parce qu’il avait peur. Il était effrayé. Il peinait à supporter le poids de la culpabilité. Le premier jour, il n’avait cessé de regarder par-dessus son épaule afin de s’assurer que personne ne l’étudiait, ne le jugeait pour ce qui s’était passé. Parce que ce n’était pas de sa faute. Il… n’avait jamais voulu qu’une telle chose se produise. Il n’avait pas été lui-même lorsque sa main avait commencé à défaire les nœuds. Puis, il l’avait à peine touché… Oui… Voilà. Ce n’était pas de sa faute. Il avait à peine touché à cette foutue corde.

Cependant, au plus profond de lui, un ricanement retentissait à chaque fois qu’il la croisait. Elle était abattue, terne, effacée. Jamais, il ne l’avait vu sous une telle obscurité et cette vision ne pouvait que le réjouir. Étonnamment, la voir souffrir le satisfaisait, la voir pleurer l’amusait, la voir dépérir le divertissait. Enfin, elle sentait la douleur qui le consumait dans son quotidien. Enfin, goûtait-elle au véritable désespoir. C’était plaisant, mais il devait contrôler chacune de ses mimiques dès qu’il entrait dans sa chambre pour lui apporter son repas. Elle était si pitoyable, si misérable… Si cela attendrissait les cœurs, il était pourtant persuadé que son sauveur resterait de marbre devant son acte. Car elle était responsable de ce qui était arrivé à la rouquine. C’était elle qui avait mal noué sa sûreté. Tout était de sa faute et son sauveur lui en voudrait de n’avoir su protéger convenablement son Orine. Il la détesterait. Il la mépriserait. Il ne s’intéresserait plus à elle et alors… et alors…

Ses yeux ne regarderont plus que lui.

« Dame Sunano? »

Si la concernée réagit à peine, ce ne fût pas le cas de l’homme qui se tenait à son chevet. Un bol de gruau en main, il failli renverser le modeste plateau au sol à l’inflexion de ma voix, mais se rattrapa de justesse avant de porter un regard par-dessus son épaule.

« Ca-Capitaine! »

Lorsque nos regards se croisèrent, l’un de mes sourcils se souleva, perplexe. Je ne me serais jamais attendu à le voir ici.

« Que faîtes-vous sur ce bateau? »

Voyageait-il, à l’instar des Orines, ou avait-il été recruté pour assister l’équipage au cours de leur voyage commercial?

« J-Je travaille sur ce bateau. Je suis matelot. »

Le second choix, donc.

« Je suis ravi de l’entendre. »

Il semblait avoir bien des choses à me partager, mais n’avait guère accumulé le courage suffisant pour me les avouer de vive voix. De toute manière, mon attention s’était déjà calmement dirigée vers la délicate, le verdoyant de ses iris me lorgnant depuis sa position. Son expression était… affligeante. Et je n’avais pas besoin de tendre l’oreille ou d’écouter son cœur pour entendre les sanglots qui se coinçaient au fond de sa gorge : les tremblements qui agitaient son corps étaient une symphonie à eux seuls.

« Allez-vous… hum… lui parler? »

Je me retournais vers le jeune homme, le couvant d’un regard qui se voulait apaisant.

« Je souhaiterais effectivement discuter avec elle, seul à seule. »

Le visage du matelot hésita entre la rougeur et la décomposition, mais il fût en mesure de cacher rapidement la confusion de son expression, alors qu’il retirait son chapeau marin pour le coller contre son torse tambourinant.

« B-Bien entendu. Je ne vous retiendrais pas plus longtemps. Calmement, le jeune homme fit une légère révérence avant de s’éloigner jusqu’à la porte. É-Également, ma Dame, mangez s’il-vous-plaît. Vous avez besoin de reprendre des forces. »

Puis, il ferma le battant derrière son dos, le silence balayant soudainement la salle dans laquelle nous nous tenions.

« Vous devriez l’écouter : vous affamer ne résoudra rien. Mes yeux dardèrent sa figure. Muramasa est sauve. Elle vivra. Je me postais non loin de sa position. Alors reprenez sur vous pour qu’elle puisse admirer votre sourire au moment de son réveil. »

D’un mouvement, je lui tendis le gruau encore chaud.


1 785 mots (Sans les paroles reprises du post de Wakiya) | Post VII



It's a little price to pay for salvation
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[Q] - Le chant des baleines nous appelle | Wakiya Signat20
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Wakiya
Dim 09 Oct 2022, 15:58



Cette douleur. Il l'avait oublié depuis si longtemps. Elle avait toujours été là mais à force de lutter, il était parvenu à l'enfouir au plus profond de son esprit. Comme un Ange savait le faire avec ces petites graines de Péchés enracinées entre leurs Vertus. Même entre les bulles, entre les griffes et les crocs, à travers la pénombre abyssale, l'Immaculé avait réussi à capter le désespoir de la rouquine. Il n'avait pas pu laisser cette injustice se produire ; pas à nouveau, alors que la perte de Sagara pesait toujours autant sur ses épaules. Il ne souhaitait pareille souffrance à personne, pas même à ses ennemis. Le concept de dommages collatéraux, étendus jusqu'aux innocents, ne devrait même pas exister, et encore moins être appliqué. Malakh soupira après avoir avalé sa dernière bouchée. Il n'était parvenu à quitter le lit de lui-même que depuis la veille. Durant son assaut plutôt acharné, l'épéiste ne prit même pas compte de ses propres afflictions, supportant déjà avec une remarquable résistance le contre-coup de sa propre magie. Tant que le résultat convenait, les conséquences sur sa propre personne ne revêtaient la moindre once d'importance. Néanmoins, cela signifiait que le pèlerinage devrait être remis à plus tard…

Puisque ni lui ni Domiel ne s'attendait à de la visite, l'enclenchement du mécanisme fit réagir leurs instincts de guerrier. Focalisés sur la porte, les compagnons de longue date masquèrent leur étonnement face au semi-inconnu. On reconnaissait bien plus aisément son frère populaire, mais en tant que jumeau, les pièces du puzzle s'assemblaient suffisamment vite dans l'esprit des gens. Domiel se leva de son tabouret et Malakh se redressa davantage, assis sur le rebord de son lit de convalescence. D'un regard entendu, ils saluèrent l'initiative du médecin qui les laissa seuls à seul.

" Instructeur Yuërell… Il esquissa les salutations propres à la Nith-Haiah. Le même rang hiérarchique imprimait leurs identités respectives, pour autant Domiel éprouvait un respect bien au-delà du titre. Soldat Domiel. Et voici mon acolyte, Soldat Malakh. Votre visite est un soulagement. Auriez-vous… vu Muramasa ? "

Forcément, il savait que la priorité des Aisurus serait tournée vers leur Orine. Il ne savait simplement pas quoi dire, ni quoi faire de plus, si ce n'était de laisser le temps réparer les dégâts. Un remède lent. Piqué à vif, Malakh obligea ses jambes à soutenir son enveloppe éreintée. Il se plaça face à Isley et le darda malgré la fatigue.

" J'ai fait ce que j'ai pu pour la sauver… J'ai battu des ailes à m'en les arracher pour la sortir de leur emprise… Je ne pouvais pas la laisser là. Le visage rayonnant de Ren lui revint en tête, la culpabilité luisit alors en ses prunelles. Mais il était trop tard… Elles étaient si… "

Sans tarder, Domiel posa sa main sur son épaule et d'une œillade appuyée l'obligea à se rassoir, à se reposer. Il souffla du nez à son tour, lui-même profondément navré de ce que la jeune Orine avait subi. Cela n'aurait pas dû se passer ainsi.

" C'est plus que regrettable, les mots me manquent pour décrire la cruauté s'étant abattue sur l'Opalescent ce jour-là. Las, l'Ange se tourna vers l'Aisuru. Nous étions partis pour les Terres d'Émeraude pour motifs personnels, mais cet incident nous a bouleversés. Étant donné l'état de Malakh, nous retournons aussi à Iyora pour qu'il puisse se reposer. Et puis… nous nous inquiétons pour vos Orines. "

En plus de Ren qui était plus qu'à plaindre, une autre victime de cet événement avait besoin d'un soutien inconditionnel.

~~~

Wakiya mastiquait dans le vent. Même après le départ de Nolann, il lui était impossible d'affronter la réalité. Son for intérieur n'était empli que d'une nuée de fatalités, laissant sur son sillage qu'une coquille vide qu'on nourrissait tant bien que mal. Depuis l'attaque, la Sunano n'avait jamais été aussi livide de peau. Ses prunelles de jade ne pétillaient plus d'espoir ou d'émerveillement propres à la jeunesse, cependant d'une lueur tamisée, proche d'un état léthargique. Si ses yeux n'étaient plus rouges, ses joues récoltaient sur leurs sillages un filin de désespoir. Elle entendait tout et ne réagissait pourtant pas le moins du monde. Elle assimilait et demeurait dans ce brouillard d'incompréhension. On la nourrissait, elle acceptait les offrandes et retournait dans son silence macabre. Elle accompagnait souvent Ren dans cette valse sans musique ni danse lorsque cela lui était possible. La rousse ne lui répondait pas lors des premiers jours alors Wakiya avait cessé de lui parler ; le simple souffle de sa respiration suffisait à ses oreilles. Prise sur le fait accompli, on la raccompagnait alors à sa chambre, puisque les dommages mentaux étaient bien pires à traiter. L'équipage prit bien soin de ne jamais lui laisser le loisir d'aller sur le pont seule, afin de ne point lui remémorer cette tragédie. De plus, le chant des baleines serait plus fort et l'entraînerait, à son tour, dans ces flots porteurs de malheurs. La voix acérée d'Isiode supplanta cette mélodie et ne la fit qu'à peine réagir. Au mieux, son cou parvint à pivoter – lentement, sûrement – afin d'admirer cette lueur qui lui manquait tant. Asthénique, Wakiya décousit à peine ses lèvres pour cueillir la cuillerée. Elle mastiqua, mécanique, et avala, sans appétit. Elle réitéra le geste autant de fois qu'il lui fait part de son offrande, sous le voile d'un mutisme morne. Oui, Muramasa était sauve. Les Anges l'avaient sauvée ; et c'était l'Orine qui l'avait poussée dans cet Enfer. À cette réflexion, une nouvelle larme silencieuse traça son chemin, ses lèvres se tordirent en une moue annonciatrice de chagrin. Son petit corps tremblotait, luttant contre cette vague désagréable et indésirée.

" Elle n'a pas pu me voir. Le gruau demeura sous son nez et elle se refusa d'être tue davantage. Ils l'ont sortie de l'eau et depuis… elle est comme ça… Plus jamais comme autrefois. Je voulais qu'elle me voie. Je voulais qu'elle voie dans mes yeux que ça n'aurait pas dû arriver. Je l'ai attachée avec ma corde. Mes nœuds étaient solides, fiables. Ils ont tenu, même lorsque le bateau tanguait dangereusement. J'avais conscience de mes responsabilités en m'engageant dans cette voie, en imposant mon concours et ma force. Aucune erreur ne m'avait échappée et la confiance que vous m'aviez insufflée me fit pousser des ailes. Personne n'est tombé à l'eau parce que je m'en étais assurée, encore et encore. Mais le sien… CLAC ! Il s'est détaché… CLAC ! Et cette question me taraude sans cesse… "

Elle se tourna vers Isiode, son regard s'était noyé dans le supplice. Parce qu'elle ne comprenait pas, elle ne voulait pas accepter que ce fût sa faute, elle ne désirait pas laisser cette fatalité s'abattre sur elles.

" Comment ? "

Comment, comment, comment ?

" Comment mon lien a pu lâcher ? "

Comment l'Art avait pu faillir à sa Maîtresse ?


1205 mots ~


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Isiode et Isley
Dim 09 Oct 2022, 23:13



Le claquement de la porte fût léger et discret, un silence retombant sur la pièce dès que le Maître-soignant nous abandonna, seul à seuls. Ainsi laissé à moi-même, je ne trouvais guère le moyen de briser la quiétude des lieux sur l’instant, mais les deux hommes devant moi n’eurent à réfléchir bien longtemps avant d’effectuer le premier pas. Les Soldats Domiel et Malakh, des noms qui résonnèrent dans une vibration lointaine au creux de mes oreilles. Les saluant à mon tour, je leur adressais un sourire tout en basculant doucement mon buste vers l’avant.

« Enchanté. Je suis ravi de pouvoir enfin vous rencontrer. »

Jusqu’à aujourd’hui, je n’avais jamais posé les yeux sur leur visage et n’avais jamais eu la possibilité d’entendre leur voix. Les Soldats Domiel et Malakh… Tout ce que je connaissais d’eux était leur nom, leur profond attachement avec le peuple de l’Inspiration ainsi que leur récente amitié avec notre Orine et notre protégée. Tout cela, bien sûr, je l’avais appris de la bouche de Muramasa. Par télépathie, elle nous avait régulièrement conté leur quotidien en pleine mer et dans un mutisme religieux, respectueux, je l’avais écouté me raconter ses aventures. Puis, lorsqu’elle me parlait de ces deux originaux, son ton s’ourlait de chaleur et d’admiration. Elle m’avait dit qu’ils s’entraînaient souvent ensemble et se partageaient nombreuses connaissances – après tout, l’expérience des uns nourrissait la curiosité des autres. Ainsi, même si tous les quatre se connaissaient depuis peu, ils avaient fini par se rapprocher rapidement. Je me redressais enfin, braquant finalement l’azur de mes iris dans leur direction. Ren et Wakiya avaient eu de la chance de croiser le chemin de ces deux hommes.

« Oui, nous venons tout juste de quitter sa chambre. Un instant, une ombre dissimula le reflet de mes yeux. Son état s’est stabilisé et sa vie ne devrait plus être en danger. Mais… »

Ma voix s’écorcha. Parce que nous savions parfaitement ce qui attendrait la jeune femme une fois qu’elle rouvrira les yeux et qu’elle prendra conscience de sa nouvelle condition. Même après sa convalescence, son combat ne se terminera pas. Sans m’en rendre compte, je laissais mes épaules s’affaisser, glissais mon regard jusqu’à la surface du plancher. Comme l’avait souligné le Maître-soignant un peu plus tôt, de tels voyages n’étaient jamais à l’abri du danger. La Mort était partout, vigilante et incertaine. Mais pourquoi a-t-Elle voulu s’emparer de Ren?

« J'ai fait ce que j'ai pu pour la sauver… »

Ma tête se releva, alors que mes pupilles se mirent à suivre l’ombre qui venait de s’étendre devant moi. Elles tracèrent leur chemin jusqu’à ce qu’elles s’arrêtent sur ses pieds dénudés. L’équilibre sur lequel le Soldat tentait vaillamment de se maintenir était précaire, vacillant, et pourtant, il tenait bon. Cependant, presque aussitôt, j’esquissais un pas dans sa direction, tendant ma main pour l’arrêter.

« S-S’il-vous-plaît, rasseyez-vous. »

Par chance, son collègue était à l’affût et l’obligea à reprendre sa place par-dessus les couvertures. Soulagé, je me permis d’expirer un soupir, une main se posant tout naturellement au milieu de mon torse.

« J’ai appris que vous avez été gravement blessé lors de cet accident, vous aussi. Par les Sept Vertus, ne forcez pas. Je le couvais de douceur et de bienveillance par le biais du regard et des lèvres. J’espère que vous vous porterez mieux, et ce, le plus rapidement possible, Soldat Malakh. Toutefois, la brève étincelle qui vint éclairer mon faciès s’éteignit telle la bougie que l’on soufflât : il était surprenant de voir à quel point la seule mention des Orines ternissait rapidement mon humeur. Mon frère est parti voir Wakiya… Je ne m’imagine pas dans quel état elle doit se trouver. Je soupirais. Après tout, les deux s’aiment comme des sœurs. Je les dévisageais brièvement, conscient qu’ils devaient être parfaitement au courant de l’attachement qui unissaient les deux Artistes. Et en ce qui concerne Ren… Tout ce que nous pouvons faire, à présent, est de prier et d’attendre qu’elle se réveille. Un silence bien lourd nous écrasa, persista, mais je ne le laissais nous assiéger bien longtemps, m’avançant finalement jusqu’à atteindre la hauteur du convalescent. Soldat Malakh, ne vous sentez pas coupable pour ce qui lui est arrivé. Vous avez fait de votre mieux – de votre meilleur – et nous vous en sommes extrêmement reconnaissants. Vous l’avez extirpé de ces eaux, en dépit des Sirènes qui pullulaient l’Océan : vous lui avez sauvé la vie. Pour nous comme pour elle, c’est suffisant. Je lui adressais alors une profonde révérence. En mon nom et en celui de mon frère, je vous remercie infiniment. Pour tout. Pour avoir veillé sur elles, pour les avoir protégés, là où nos ailes ne pouvaient les atteindre et les préserver. Je me relevais, balayant finalement le visage des deux militaires. Et sachez que si vous avez besoin de quoi que ce soit – n’importe quoi – faîtes-le nous savoir. Légèrement triste, un nouveau sourire se dessina à la commissure de mes lèvres. Parce que nos remerciements sont, malheureusement, tout ce que je peux vous offrir aujourd’hui. »



Elle mangeait, mais sans conviction. Elle me regardait, mais sans me voir véritablement. Dame Sunano paraissait encore observer cet accident, loin, bien loin de là où nous nous trouvions actuellement. Dans ses iris, je distinguais les vagues déchaînées qui avaient secoué le navire ainsi que les étincelles de Magie qui avaient éclaté au milieu des deux milices. Peut-être était-ce pour cela que ses yeux s’étaient soudainement humidifiés, à ces réminiscences; peut-être était-ce pour cette raison que son corps, transi, se remit à frissonner. Or, après un certain temps, sa voix finit par se libérer. Elle était rauque, elle était faible, mais je la percevais clairement dans le pavillon de mes oreilles.

« Vous n’avez pas à vous en faire : même sans vous avoir vu, Ren sait que cela n’aurait jamais dû arriver. Pas de votre main. »

Ses palabres ne cessèrent pour autant, alors qu’elle se remémorait chaque seconde de cet événement. C’est alors que le verdoyant de ses yeux se posèrent sur mon visage. Je les considérais sans un mot avant de clore mes paupières. Tranquillement, je m’installais sur la bordure de son lit, posant la pointe de mes coudes sur mes genoux, doigts entrelacés.

« Pouvez-vous me regarder? À nouveau, nos yeux se croisèrent et s’ancrèrent. Êtes-vous certaine d’avoir solidement attaché cette corde? De l’avoir si bien noué que même la plus terrible des tempêtes n’aurait pu la délier? »

Elle était plus que convaincue, plus que certaine : elle se rappelait de chaque rotation qu’elle avait fait subir à la corde autour du mât, elle se rappelait de chaque tension, de chaque nœud qu’elle avait tressé afin que le tout ne puisse bouger. Son cœur était sincère et l’idée même qu’elle avait pu faillir, que son Art avait pu la trahir, la terrorisait et la hantait. Seulement, les gens se noyaient parfois dans une illusion, une illusion qui leur faisait croire que tout ce qu’ils savaient, que tout ce qu’ils entendaient et voyaient, était l’unique réalité – l’unique vérité – qui pouvait exister.

« Très bien. Malgré cela, je pensais qu’il était bon et juste de croire en sa foi et en l’amour qu’elle ressentait pour la rousse. Par conséquent, comment cela a pu arriver, effectivement. Je détournais les yeux, reposant mon attention sur un point hasardeux de la pièce. Durant l’accident, je vous ai vu. Une pause, que je brisais rapidement. Je ne sais pas comment cela s’est déclenché, mais, depuis quelques temps, il m’arrive de fermer les yeux et de vous voir. Joignant le geste à la parole, je rabattis mes paupières. Je flotte dans les airs, comme fixé au ciel et je peux voir ce qui se passe autour de vous, lui déclarais-je en rouvrant les yeux. Et durant l’attaque, je vous ai vu. Je n'ai pas tout vu, malheureusement, mais je vous ai aperçu alors que vous attachiez la sûreté des passagers. Il y a eu une coupure – j’avais rouvert les yeux – et en les refermant ensuite, je vous ai de nouveau aperçu, mais cette fois, Ren était déjà tombée à la mer. Mes jointures blanchirent à la pression que j’exerçais sur mes doigts. Que s’est-il passé? Je tentais d’analyser chaque scène dont j’avais été témoin. La corde n’a pas été coupée et elle n’a pas été brûlée, intentionnellement ou en raison d’une attaque perdue; et elle n’a pas non plus été rompue en raison de la tension. Dans tous les cas, des traces auraient été aperçues sur le cordage. Si vous êtes sûre d’avoir solidement attaché la corde, que nous reste-t-il? Je braquais mon regard dans le sien, inflexible et glacial, en accord à l’inflexion qui s’extirpa de ma gorge. Comment votre lien a pu lâcher, Dame Sunano? »

L'hypothèse me semblait invraisemblable et pourtant, nous ne pouvions la repousser. Il nous fallait explorer toutes les possibilités.


1 472 mots (Sans les paroles reprises du post de Wakiya) | Post VIII



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