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 [Q] La propension au Mal

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Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

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Kitoe
Dim 10 Avr 2022, 20:24

Objectif : Faust rencontre son Archonte et comprend qu'il va devoir faire avec. C'est pas facile.

Faust
La propension au Mal
Son cahier serré contre sa poitrine, Faust ne se permit de respirer que lorsqu'il eut quitté le bureau de monsieur Patate. Oui oui : monsieur Patate. Dans la théorie, personne parmi les élèves n'était supposé savoir qu'il s'agissait de son véritable nom de famille. Puisqu'il enseignait notamment à des maléfiques aussi peu mâtures que des Démons, et en particulier que Faust, le Déchu avait insisté auprès de l'administration pour se faire appeler monsieur Pat. Mais bien évidemment, l'anecdote rigolote avait fini par fuiter et se répandre comme une trainée de poudre dans toutes les promotions. Il n’avait suffi que d’une semaine ou deux. Au moment où ça s'était produit, Fritz de son prénom – ce qui rendait l’anecdote d’autant plus drôle sur les papiers officiels, noté monsieur Patate Fritz – avait fini par expliquer l'origine de la chose : son père, Déchu de la Gourmandise, avait ouvert un restaurant entièrement dédié à la pomme de terre, son aliment préféré. Naturellement, celui-ci avait jugé pertinent de couper complètement avec ses racines angéliques et ainsi était née la dynastie Patate. De quoi ravir l'Orgueilleux qu'il était.

Fritz Patate enseignait la philosophie, mais il était plus particulièrement spécialisé dans les notions de Bien et de Mal. Faust avait trouvé pertinent d'aller le voir pour son Projet : "Propensions au Bien et au Mal : sociétés communautaires ou individualiste ?". Ou plutôt : on lui avait dit que ce serait plus pertinent. Le jeune Démon avait d'abord rendu visite à son professeur de Magie Noire, un Sorcier qui lui faisait un peu peur – la honte – mais son sujet se devant de ne pas prendre de parti, on lui avait dit de se référer au philosophe. Et effectivement, un Déchu semblait être un compromis intéressant.

-Eh ben dis donc, on peut dire que tu en as des problèmes dans la vie.

Le garçon bondit sur le côté, poussa un cri aigu et fit tomber toutes ses affaires par terre. Quand il aperçut le grand blond qui lui avait fait peur – et qui avait l'air de bien se marrer – il se redressa et enfonça précipitamment ses mains dans ses poches. Non, il n'avait pas manqué de tomber à la renverse lui aussi. Au bout d'un court moment, Faust baissa la pression. Ce type avait tout vu, ça ne servait à rien de prétendre le contraire. En plus, c'était un adulte. S'il s'était agi de quelqu'un de sa promotion, il aurait tout fait pour garder la face se serait même moqué de la coupe de cheveux de tafiole de son opposant.

-Je sais pas qui vous êtes, mais refaites plus jamais ça !

-Tout va bien monsieur Slyther ? La tête du professeur Patate dépassait de son bureau. Il regardait l'élève avec dédain plus qu'avec inquiétude.

-Euh, oui. C'est l'autre là, qui...

Mais déjà, l'adulte fronçait les sourcils. Il balaya l'intégralité du couloir, mais son œil n'accrocha pas lorsqu'il passa devant l'inconnu. Comme s'il n'y avait que lui dans les alentours.

-De qui parlez-vous ?

Faust se tourna vers le blond, qui lui fit un clin d'œil. Le Démon ne comprit pas tout de suite et le fixa quelques longues secondes. Quand le message eut fait son cheminement, il en revint au professeur. Il ne parlait pas pour autant. En fait, il essayait de savoir si tout ça n'était pas une farce. Mais Patate n'avait pas l'air de plaisanter. De toute manière, il ne plaisantait jamais.

-Non, rien. Ça va. J'ai juste fait tomber mes trucs.

Il ne comprenait rien, mais il avait le sentiment qu'il devait se taire.

-Ça s'appelle des affaires, monsieur Slyther.

-J'ai fait tomber mes affaires. Corrigea-t-il au plus vite, histoire d'en finir.

C'était affreux, affreusement gênant. Le professeur le défia du regard, comme s'il s'attendait à quelque chose d'autre. Comme ça ne venait pas, il finit par disparaitre dans l'encadrement, non pas sans émettre une sorte de soupir hautain, comme il savait si bien le faire. Dès que la porte claqua, l'élève récupéra ses affaires étalées par terre.

-Ca va pas ou quoi ? Cette fois-ci, il chuchotait. Il avait trop peur que le Tubercule ne l'entende et ne le prenne pour un fou. Si ce n'était pas déjà le cas... Refaites plus jamais ça.

L'autre éclata de rire. Faust rentra sa tête dans ses épaules. S'il continuait à être aussi bruyant, il allait encore se faire prendre ! Il était peut-être invisible, mais rien n'indiquait qu'on ne l'entendait pas. Mais le blond n'en avait rien à foutre. C'était vraiment un connard.

-Navré mais je vais devoir recommencer. C'était assez drôle.

Faust tourna les talons sans lui adresser un regard de plus. Il était vexé et refusait qu'on se moque davantage de lui. L'homme le suivit, les mains dans le dos. L'étudiant fit mine de ne pas lui prêter attention. Même si sa présence l'énervait, il était hors de question qu'il ne cède en premier. Il n'était pas rassuré cependant. Qui sait ce que cet homme faisait ici ? Faust était convaincu de ne jamais l'avoir vu de toute sa vie, encore moins dans l'enceinte de l'école. En plus, pourquoi est-ce que lui le voyait alors que ça n'avait pas l'air d'avoir été le cas de Patate ? Est-ce que d'autres le verraient ou au contraire, pas du tout ? Et puis qu'est-ce qu'il lui voulait au juste ? Si ça se trouvait, il était sur le point de se faire kidnapper par un pervers pédophile dans le plus grand des calmes et personne ne s'en alarmerait une seule seconde. L'ironie dans tout ça, c'était que les couloirs étaient déserts. Aussi fort pouvait-il le souhaiter, Faust croisait rarement cette occasion où on lui foutait complètement la paix. Alors pourquoi était-ce quand il le fallait le moins que ça arrivait ? Sa vie était vraiment merdique des fois.

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Bijin
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Kitoe
Jeu 14 Avr 2022, 20:56

Faust
La propension au Mal
-Eh bien c'est tout ? Tu ne me demandes pas qui je suis ?

Faust n'arrivait pas à croire que ce type était encore là. Même en traversant le campus au pas de course, ça lui avait pris au moins dix minutes pour atteindre la résidence. Dix minutes de silence total, d’une sorte de course-poursuite marchée où l'un comme l'autre avait attendu que l'adversaire cède. Faust détestait la situation, car elle était à la fois oppressante et extrêmement gênante. Il était content de ne pas avoir été celui qui avait lâché en premier. Cependant, il n'était pas content que ce psychopathe soit encore sur ses talons. C'était de plus en plus flippant.

-T'es un Ange. J'parle pas aux Anges.

C'était un peu vrai. Ce type avait une gueule d'Ange et c'était suffisant pour ne pas pouvoir l'encadrer et le tutoyer – aussi parce qu'il ne l'avait plus dans son champ de vision, donc il était moins intimidé. Par contre, cela rentrait en conflit avec sa théorie du pervers prédateur pédophile, et ça le contrariait... parce qu'il ne voyait pas d'autre explication à... lui. Merde. Le Démon était tiraillé entre deux théories.

-En plus je t'ai jamais vu ici, je sais même pas qui t'es.

Il ne disait pas ça parce que sa mère lui avait dit de ne jamais parler aux inconnus quand il était petit. Le blond ricana. Il croisa les bras et s'arrêta.

-Dans ce cas, qu'est-ce que tu attends pour me le demander ?

Pour une raison ou pour une autre, il avait attiré l'attention du garçon. Lorsqu’il s’en rendit compte, ce dernier se détestait intérieurement, mais il se tourna tout de même vers lui. Il ne comprenait pas pourquoi ça lui tenait tant à cœur de répondre à ses provocations. Faust s'en foutait de lui. Il voulait juste être tranquille, et voilà qu’il l’encourageait à faire tout l’inverse. Il ne le regardait pas dans les yeux. L'autre avait beau chercher son regard, Faust ne le faisait pas. Quelque part, il avait un peu peur de le faire. Mine de rien, l'homme était impressionnant et il le dépassait largement. Il devait bien faire 2 mètres, ou pas loin.

-Bah vas-y, dis-le-moi.

Pourquoi ne lui répondait-il pas tout de suite ? Faire des mystères pour si peu, c’était complètement con. Ils n’étaient pas dans un bouquin pour filles débiles dans lequel plus l’homme était mystérieux, plus il était attirant. Au contraire, tout ça devenait parfaitement ridicule. En plus, Faust n'était pas à l'aise, planté juste devant l'entrée du bâtiment. Il ne voulait pas croiser du monde et qu'on ne le grille en train de taper la discute à l'homme invisible.

-On m'appelle Peniel l'Inoffensif.

Faust haussa les sourcils. Bah tiens, c’était exactement ce qu’il craignait : plus ça allait, plus il se sentait con.

-Ça c'est bien un nom d'Ange, c'est ce que je dis depuis tout à l'heure. Rembarra-t-il.

Tapette. L'homme leva les yeux au ciel, comme pris par une profonde réflexion. Pendant ce temps, l'étudiant reprenait sa route en direction de sa chambre.

-Ce n'est pas faux.

Il sentait que Peniel s'était remis à le suivre. Il serra les dents. Ça commençait à l'énerver tout ça.

-Bon, et du coup qu'est-ce que tu me veux à la fin ? Il aurait voulu s'écrier, mais il ne voulait toujours pas passer pour un fou.

-Ah, nous y voilà ! Je suis venu pour t'aider.

-M'aider à quoi ? Il ricana, même si ça n'avait rien à de drôle à son avis. Lorsqu'il s'agissait de sa propre vie et de son avenir, le jeune Démon avait du mal à rire. Il se sentait assez minable à l'école pour s'en inquiéter, premier degré. J'ai pas besoin d'ai-...

-Tais-toi et laisse-moi finir.

Il le fit, parce que cette tapette en imposait, quand même. Saleté de tapette. Ils étaient en plein milieu des escaliers maintenant. Faust aurait au moins aimé finir de monter l'étage, mais il en était incapable.

-Je suis un Archonte, envoyé par l'Aether Isemli lui-même pour veiller sur toi et t'aider à devenir... Parfait.

Faust fronça les sourcils. Il n'y comprenait rien. Aether ? Parfait ? La bonne blague. Le jeune homme était bien un adepte de plus c'est gros, plus ça passe, mais il y avait tout de même une limite en ce qui concernait la grosseur.

-Tu dis n'importe quoi.

-Tu crois ?

-Ouais.

-Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

-Parce que je sais pas ce que c'est qu’un Art Con et je vois pas pourquoi y'a un Aether qui veillerait sur moi.

Parfois, il se demandait justement si qui que ce fut veillait sur lui.

-D'accord.

Peniel prit ses remarques comme elles vinrent, sans rien ajouter de plus. Ses propos ne le heurtaient d’aucune manière. Il avait même ce demi-sourire qui continuait d’étirer ses lèvres de façon aussi perturbante qu’énervante. L’homme regarda droit devant eux, en haut des escaliers, et Faust l’imita. Un groupe d'étudiants arrivait. Et évidemment, il y avait Jared parmi eux, le gars de sa classe qui le harcelait en permanence.

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Kitoe
Mer 20 Avr 2022, 20:10

Faust
La propension au Mal
-Nous allons jouer à un jeu. Proposa Peniel. Celui où tu vas faire ce que je te dis.

-Quoi ? S'exclama Faust, mais en chuchotant. Jamais de la vie, c'est pas un jeu.

Même s'il connaissait à présent sa soi-disant identité, il n'avait encore aucune raison de lui faire confiance. Peniel gardait sa gueule d'Ange. Et de connard à la fois, maintenant qu'il arborait ce sourire énervant.

-Hé, qu'est-ce qui t'arrive Faustine, tu parles tout seul maintenant ? Brailla Jared tandis que Faust levait déjà les yeux au ciel.

Il avait envie de se cacher, de disparaitre pour toujours. Qu'on le prenne pour un zinzin s'étant inventé un ami imaginaire, c'était la dernière chose qu'il désirait. Il n'aurait manqué plus que ça.

-Va te faire voir, Jared.

Il le lui disait très régulièrement, si bien que la phrase avait perdu toute sa signification. Malheureusement, Faust ignorait comment faire preuve de répartie autrement. Lorsqu'il s'agissait des mots, Jared était difficile à vexer. A chaque fois, il finissait par retourner la situation à son avantage.

-Gneuh gneuh gneuh, va te faire voir, Jared ! Imita l'insolent avec une voix de fillette.

Cela eut le don de faire rire ses camarades. On pouvait dire que Faust connaissait à peine ces derniers. Quand il avait affaire à eux, c'était en présence de leur stupide chef de bande. En-dehors de ça, il lui semblait que ceux-là étaient de parfaits fantômes sans personnalité : muets et invisibles.

-Dis-lui que tu parles à sa mère.

Le Démon se tourna vers l'Archonte sans comprendre. Un "quoi ?" sonore avait failli sortir de sa bouche avant qu'il ne se souvienne que ce serait la pire chose à faire. En même temps, le groupe continuait sa route en ricanant, passant exactement là où se trouvait Peniel. Et ils le traversèrent, littéralement. Comme s'il n'était qu'une projection lumineuse. Faust assistait à la scène bouche bée, les bras ballants. Il suivait du regard le groupe de cassos alors qu'ils arrivaient à l'étage inférieur, et il n'avait toujours rien dit.

-Nan, j'parle à ta mère.

Il ne l'avait pas dit fort, mais suffisamment pour que Jared l'entende. Celui-ci se figea net, bientôt imité par tout le reste de sa bande de dégénérés.

-T'as dit quoi Faustine ?

Le concerné déglutit. Merde, qu'est-ce qu'il se passait ? A côté de lui, Peniel souriait. L’adolescent s'efforçait de ne pas le regarder. Il se sentait déjà suffisamment bizarre comme ça. Il s'éclaircit la gorge.

-J'parle à ta mère.

Les poings serrés, Jared remonta les marches. Il avait l’air vraiment en rogne, comme Faust l’avait rarement vu. Une fois à sa hauteur, l’insolent l'attrapa par le col. Leurs visages n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Faust pouvait presque sentir son haleine dégueulasse de gros con. Il se préparait à grimacer.

-T'as quoi avec ma mère ? Il sifflait et postillonnait sur l'adolescent, qui n'eut d'autre choix que de subir l'horrible châtiment.

-Propose-lui de le dire à haute voix.

-Je peux le dire à haute voix si tu veux.

Faust avait beau faire, il n'en menait pas large, ne sachant même pas à quoi il faisait allusion. Jared avait vachement grandi ces dernières semaines, contrairement à lui qui restait aussi gringalet depuis des années. Il craignait de se prendre le poing de ce lourdaud dans la figure. Jared le considérait avec toute la haine dont il était capable et Faust avait la désagréable impression qu'il essayait de rentrer dans son esprit par ses orbites. Finalement, le caïd le lâcha pour en retourner à ses potes.

-Tsss. Te mêle pas de ce qui te regarde pas. Tu risquerais d'avoir des problèmes.

Faust resta cloué sur place jusqu'à ce qu'ils disparaissent.

-Elle a quoi, sa mère ? Finit-il par demander, le souffle court.

-Est-ce que ça serait vraiment drôle si je te le disais ?

-Ça serait sympa de me le dire, sachant que tout ce que j'ai gagné à t'écouter, c'est des menaces et un sale quart d’heure pour plus tard.

Archonte mon cul, oui. L'homme se foutait de sa gueule depuis le début. Ses mains dans le dos lui donnaient un air sérieux, mais c’était que des conneries.

-Je ne voudrais pas que tu te précipites et que tu utilises cette information de la mauvaise façon.

-Pfff, et après tu t’attends à ce que je te crois. J'suis sûr que tu sais rien à propos de sa mère.

Il était sûr que si, sinon Jared n'aurait pas réagi comme ça, mais il refusait de laisser ce connard avoir le dernier mot. En plus, cela voulait aussi dire que d'une façon ou d'une autre, Peniel existait. Il le détestait. L'adulte s'agenouilla près de lui. Faust aura aimé éviter qu’ils soient aussi proches, mais le charisme du blond l'empêchait de s'y résoudre.

-Oh, ne t'inquiète pas, je sais très bien et tu finiras par le savoir tôt ou tard. Je t'invite juste à être patient, et tu comprendras que l'information est d'autant plus juteuse une fois qu'on a su la manipuler correctement. Il posa une main sur son épaule. Le fait de le sentir, tangible, alors qu'il avait été traversé par d'autres élèves juste avant lui faisait se sentir mal. Ma première leçon en tant que guide sera de te rappeler que la vengeance est un plat qui se mange froid.

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Kitoe
Sam 23 Avr 2022, 15:20

Faust
La propension au Mal
Le garçon trouva enfin le courage de lui donner un coup d'épaule pour se dégager. Ça faisait trois siècles qu'ils étaient plantés au milieu des escaliers et il avait envie de retrouver dans sa chambre. Il reprit sa route, bien décidé à mettre un terme à ce trajet qui avait viré au parcours du combattant. Evidemment, Peniel le suivait. A croire que c'était lui qui allait devenir son nouvel harceleur. Mine de rien, ce type ne devait vraiment rien avoir à faire de ses journées pour venir l'emmerder comme ça.

-J'ai pas besoin de ton aide. Cracha Faust sans cacher son amertume.

Pas qu'il l’avait particulièrement cachée auparavant, mais là, il n'en avait plus la force.

-Tu le crois vraiment ?

Faust ne lui répondit pas tout de suite. Il aurait aimé pouvoir lui lâcher un "Oui." clair et tranchant avec un point final, mais il ne pouvait pas. Au contraire, une part de lui considérait l'éventualité de s'être trompé et son ventre s'était serré un petit peu, comme les prémisses d'un regret.

-Ouais.

C'était moins fort qu'il ne l'aurait voulu, mais au moins, il l'avait dit. Voilà. Basta. Le nœud dans son ventre s'intensifia. Un silence glacé et un lourd malaise s'abattirent entre eux. Ce fut au tour de sa gorge de se nouer légèrement.

-Donc tu penses pouvoir vaincre ce harcèlement quotidien tout seul ?

-...

Aïe. Peniel venait de toucher la corde sensible. Le harcèlement, Faust ignorait s'il s'en débarrasserait un jour à Basphel. Il s'était au moins promis d'en finir une fois sa scolarité terminée. Il y avait beaucoup réfléchi : couper les ponts avec tous ses camarades de l'île-école, disparaitre dans la nature et bâtir sa vie de Démon comme il l'entendait. On disait que le monde des adultes était plus difficile que n’importe quel environnement scolaire, mais l’adolescent n’en était pas si sûr. Et puis si son plan A ne suffisait pas à le faire respecter, rien de plus simple : il lui suffirait de devenir un personnage. Ainsi, il assurerait sa propre santé mentale. Le projet de l’étudiant était tout défini, et en même temps si loin. Il lui restait plusieurs années à supporter les abus dans cette école. Mais ce n'était pas si pire. Il avait bien supporté sa mère dix ans avant de finir ici ; il pouvait tenir quatre ou cinq années supplémentaires comme ça. Mieux, il avait fait ce petit bout tout en étant encore en vie et en bonne santé.

Toutefois, il savait que s'il lui répondait, il allait se sentir encore plus mal et Faust – et Peniel aussi – savait pertinemment comment ça risquait de terminer : il allait se mettre à chialer. Ouais, chialer. Comme une gamine de quatre ans.

-Nous savons tous les deux que tu ne penses pas un traitre mot de ce que tu dis, Faust. Tu me crois mais tu t'y refuses, plus par peur que par orgueil d'ailleurs.

L'adolescent serra les dents. L'homme ne lui soutirerait pas une seule émotion. Il en allait de sa dignité.

-Tu veux devenir un Démon ? Continua-t-il.

-Je suis un Démon.

Putain, pourquoi sa voix chevrotait-elle ? Ce n'était pas grand-chose, mais il l'avait senti : il était à deux doigts de la faiblesse ultime.

-Je voulais dire un vrai Démon. Précisa l’Archonte d'une voix grave.

Celle-là lui fit l'effet d'un coup de poing dans l'estomac. Pourquoi faisait-il ça ? Pourquoi s'acharnait-il ? Faust le détestait.

-Vous n'êtes pas censé être un Ange ?

Changer de sujet, revenir à l'offensive, c'était sa meilleure défense. Ils étaient arrivés à sa chambre. L'étudiant s'assit sur son lit, car il n'avait rien d'autre à faire. Mais il prit soin de s'installer du côté opposé pour lui tourner le dos. Peniel ricana.

-Pourquoi crois-tu qu'on m'appelle "L'Inoffensif" ?

-...

La réponse paraissait évidente à première vue. Peniel s'approcha jusqu'à lui faire face. Mais il ne le força pas à lever les yeux. Il avait un grand sourire, comme s'il était à la fois amusé et très fier de lui.

-Parce que c'est exactement ce que je ne suis pas.

-...

Qu'est-ce que ça pouvait bien lui foutre ? Il voulait qu’on lui donne un sucre pour cette révélation ?

-C'est une blague, entre Archontes. Continua l'autre, comme s'il ne voyait absolument pas le désintérêt du garçon. Je ne dirais pas non plus que je suis un guerrier sanguinaire. Je dirais plutôt... que je suis un serpent. J'aime beaucoup les serpents. Vicieux, froid, patient. Cruel... bref, ce que tu dois retenir, c'est que le résultat est toujours funeste. Ou du moins, je n'aime pas partir sans laisser de séquelles.

Pourquoi est-ce qu'il lui racontait tout ça ? Ne voyait-il pas que son "protégé" n'avait pas envie de parler ? Ils avaient abordé des sujets trop personnels, alors indéniablement, Faust s'était refermé comme une coquille. Peniel s'accroupit.

-Faust. Regarde-moi.

Faust regarda sur le côté.

-Regarde-moi, je te dis.

-Non.

Peniel n'allait pas lui dire quoi faire. La première fois où il avait obéis à ses ordres avait aussi été la dernière.

-Regarde-moi.

Cette fois-ci, Faust tressaillit. La voix de l'homme avait soudainement changé. Elle était devenue terrifiante, plus profonde et autoritaire. Ses pupilles glissèrent jusqu'au visage devant lui. Ça lui glaça le sang.

Peniel était toujours humain. Néanmoins, son aura n'était plus la même. D'imposante, elle était devenue aussi noire qu’écrasante. L'adolescent avait l'impression d'étouffer rien qu'à poser les yeux sur lui. La peau de l’Archonte était devenue encore plus terne qu'elle ne l'était déjà, presque grise. Le blanc de ses yeux était parcouru de veines rouges et ses iris, oscillant d’ordinaire entre le bleu et le vert pâle, avaient aussi pris la couleur du sang. Il avait des pupilles de vipère. Enfin, un serpent noir dressait sa tête au-dessus de son épaule, tandis que sa queue s’était accrochée autour du cou de son propriétaire.

-J'ai toute ton attention ?

Evidemment qu'il l'avait.

-Alors tu vas m'écouter attentivement. Je suis capable de t'horrifier au point où tu en feras des cauchemars jusqu'à la fin de tes jours. Tu sais que j'en suis capable.

Les mains placées en arrières, Faust essayait de s'éloigner de la chose le plus possible. Car oui, même s'il avait une apparence humaine, il était certain d'être face à un monstre, bien plus sombre que tout ce qu'il aurait pu imaginer.

-Tu sais ce que je vois devant moi ?

Faust secoua la tête imperceptiblement. Il avait les yeux brillants. Mais il ne pleurait pas encore. Il ne fallait pas.

-Je vois un gamin qui cherche à connecter avec sa propre essence et qui n'y arrive pas. Et peu importe combien il essaye, il échoue pitoyablement. Pire, il se fait humilier. Par sa mère, qui n'a de cesse de se défouler sur lui à cause de son péché. Et surtout par ses camarades de classe, parce qu'ils ont remarqué qu'il ne sait pas se défendre. En cours, il n'excelle en rien de particulier. Pour résumer succinctement : je vois une victime à l'état pur.

Deux larmes coulèrent sur ses joues. Faust n'osa même pas les essuyer. Cela aurait porté l'attention sur elles.

-Hmoui, je trouve que j'ai plutôt bien dressé le tableau de ton existence. Tu as quelque chose à ajouter ?

Il n'y avait rien à ajouter.

-On m'a confié une mission : celle de faire de toi mon idéal. Ne me demande pas pourquoi. C'est tombé sur toi et c'est comme ça – il fallait bien que ça tombe sur quelqu'un, non ? Tu as un esprit noir qui ne demande qu'à être obscurci davantage, Faust. Le potentiel que tu as en toi est énorme, tu as seulement besoin d'un coup de pouce pour le dévoiler au grand jour.

Peniel retrouva une forme normale et il se redressa. Le reptile qui l'accompagnait avait disparu. Faust se remit à respirer à peu près normalement, en tout cas autant que ses pleurs le lui permettaient.

-Bien. Les bases sont établies, félicitations. A partir de maintenant, je serai donc ton guide. Tu es en bonne voie pour devenir un monstre toi aussi.

Un éclat traversa le regard du blond. Il tendit le bras et de nouveau, le serpent refit son apparition, émergeant littéralement du vide. Cette fois-ci, il était totalement blanc. Il s’enroula amoureusement autour du bras qui lui était présenté.

-Au fait, je ne t'ai pas présenté Okko. C'est mon serpent de compagnie.

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