Le froid enveloppa Freyja dans son manteau de solitude. À l’instar d’Adam, elle s’appuya contre la penderie et ferma les yeux. Elle n’avait plus de mots pour ce qui lui écartelait le cœur. Rien ne semblait avoir assez de justesse, de profondeur et de violence pour décrire ce qu’elle ressentait. Elle renifla, encore. Ses sanglots s’étaient apaisés. Ses larmes coulaient en silence. Il y avait bien un deuil à faire, ce jour-là, cependant, ce n’était pas celui auquel elle avait songé. L’Ange pinça les lèvres. Avant. Elle eut envie de vomir. Pourquoi être venu vers elle s’il aimait Adam ? Il n’y avait pas mille réponses possibles. Il n’y en avait qu’une. Elle impliquait une absence de considération pour les ressentis du Déchu, et une manipulation de la jeune femme pour que le Mage parvînt à ses fins. Elle sentit ses jambes trembler. Rien n’avait été vrai. Elle était tombée amoureuse d’un piège. Fébrile, elle s’entoura de ses bras, comme si cette étreinte pouvait la protéger du reste du monde.
La mention de Jun la conduisit à rouvrir les yeux. Ses paupières battirent l’air, incertaines. C’est toujours quand on croit que la situation ne pourrait pas être pire que des éléments plus terribles encore nous assaillent. Ce qu’il demeurait de son palpitant se changea en une poussière légère et volatile. Ses iris verts fixés sur la fenêtre, en face, elle voyait défiler toutes ces fois où Ezechyel avait refusé de répondre à ses questions. Toutes ces fois où il avait préféré jouer aux énigmes, aux devinettes, à cache-cache. Toutes ces fois où il avait détourné son attention, pendant qu’il avouait à Adam tout ce qu’il lui fallait savoir. Pendant qu’il s’amusait à lui dire qu’elle connaissait déjà son Humain, mais qu’il ne lui donnerait pas son nom. Pendant qu’il tempérait ses chagrins et refaisait ce que défaisait son fils. Pendant qu’il percevait les multiples tenants et aboutissants de chaque situation, qu’il admirait sa souffrance future, et qu’il ne disait rien. Il avait gardé le silence en sachant ce qu’il lui infligeait. Sa vision se flouta à nouveau. Elle ne perçut plus qu’une tache noire à la place du piano, et un rectangle de lumière pour toute fenêtre. Jun ne l’avait véritablement blessée que deux fois. C’était toujours aussi douloureux. Elle avait cru pouvoir compter sur lui et l’aimer sans se méfier. Finalement, il était comme son fils.
Sa poitrine se compressa. Adam n’avait pas besoin d’en dire plus pour confirmer tous ses soupçons. Elle y avait déjà pensé, lorsque Lucius lui avait expliqué qu’Eméliana le considérait comme un « bon parti ». Elle s’était demandé si Kaahl l’avait approchée pour ce qu’elle était et non pour qui elle était. Ce qu’elle était, c’était cette « Ange parfaite », celle que l’on pouvait épouser, à qui l’on pouvait faire des enfants, ce faire-valoir que les Mages Blancs admireraient et que les Mages Noirs exécreraient. Deux ailes blanches dont l’ombre devaient masquer la sienne. Elle se sentait bête d’y avoir cru, à l’époque. Quel homme de son rang aurait pu s’intéresser à une fille de son espèce ? Quel Magicien aurait voulu pour compagne une enfant de Lumnaar’Yuvon qui ne pensait qu’à se battre et à sauver les Anges ? Comment avait-elle pu être assez sotte pour se laisser berner par ses charmes au point de tomber amoureuse de lui ? Comment avait-elle pu y croire alors qu’il était l’Empereur Noir et qu’il faisait tout passer avant elle ? Il lui avait révélé quelques secrets seulement pour mieux l’enfermer dans la cage dorée qu’il avait construite pour la garder près de lui. Elle s’y était brûlé les plumes.
Juste quelques secrets, pour la maintenir près de lui, mais pas assez pour lui accorder sa confiance. Elle le savait déjà. Mais entendre qu’Adam en jouissait lui était pénible. Elle comprenait pourquoi il ne ressentait pas le besoin de se confier à elle, puisqu’il l’avait déjà, lui. Elle souffrait de cette préférence sans équivoque. Elle souffrait de sa méfiance et de sa négligence. Elle se demandait ce qu’ils étaient, s’ils n’évoluaient pas sur un pied d’égalité. Ce qu’ils étaient, si le Déchu avait toujours été là, dans son ombre. Ce qu’ils étaient, s’il lui cachait la vérité par peur de la perdre. Qui aimait-elle, si elle n’aimait que certaines parties de lui ? Un fantasme, un mirage ? Un mensonge, encore… Rien n’était solide : tout ce qui avait paru l’être se délitait. « Il n’en sait rien. » rétorqua-t-elle en haussant les épaules. Elle avait vécu avec des Réprouvés et des Démons. Les avait-elle tous haïs ? Les avait-elle détestés en continu parce qu’ils commettaient des atrocités ? Ne les avait-elle pas aimés, malgré tout ? N’était-elle pas, peut-être, la seule Ange capable d’aimer l’Empereur Noir et toutes ses ténèbres ? Elle ne pouvait pas prétendre n’éprouver aucune incertitude. Mais elle avait la volonté d’y croire et d’essayer. C’était tout ce qui pouvait leur donner un sens. Sans ça, leur histoire ne valait rien. C’était du sable jeté au vent.
Trop. Tu es trop. On le lui avait souvent dit. Trop sensible, trop impulsive, trop colérique, trop triste, trop joyeuse, trop imprudente, trop intrépide, trop turbulente, trop amoureuse, trop attachée, trop investie. Trop. Elle, elle trouvait que les autres étaient rarement assez. « Ce n’est pas vain. Ce qui est vain, c’est de regretter de n’avoir rien fait, ou pas assez. » C’était de vivre sous le poids écrasant de la culpabilité. Comme si elle avait retrouvé l’usage de ses muscles en même temps que la parole, elle retira ses pieds du pantalon froissé sur le sol. Elle n’irait pas à Amestris. Priam et Nalim s’en étaient forcément sortis – il le fallait. Quant à Kaahl… tout ça pour un taré qui ne lui rendait pas la moitié de ce qu’elle faisait pour lui, oui. Elle inspira, puis déglutit. La douleur ne la quittait pas, mais le choc était passé et avec lui, les larmes. Les poignets toujours joints, elle chassa de ses joues les preuves de souffrance. Puis, elle resta silencieuse, le regard toujours rivé sur le paysage extérieur. Les arabesques du jardin se déclinaient en camaïeux colorés. « Ce n’est pas parce que je suis vulnérable que je suis fragile. » finit-elle par souffler. Elle tourna la tête vers Adam. « Il a toujours l’air de croire que je suis incapable de supporter quoi que ce soit. Mais ce n’est pas vrai. » L’Immaculée s’avança vers le lit et souleva les couvertures. « J’ai vécu avec des Réprouvés et des Démons pendant des années… Ils sont terribles à leur façon. Ça ne veut pas dire que je ne les aimais pas et que ça a été facile de les quitter. » Elle soupira. « Je ne suis plus une pauvre petite créature qu’il faut protéger à tout prix. » Elle s’assit sur le rebord du lit pour mieux se glisser sous la couette. Tant bien que mal, elle ramena celle-ci sur ses épaules. « Ça fait longtemps que c’est trop tard. » Ses yeux verts montèrent jusqu’à Adam. « Et puis, personne n’est invulnérable. » À quel point avait-il souffert, lui ? Combien de fois avait-il eu envie de la voir disparaître, elle, cette femme qui pouvait parader au bras de celui qu’il aimait ? Comment avait-il réussi à s’y accoutumer, sinon à l’accepter ? Qu’avait-il pensé de la formation de leur Lien et de tout ce que cela impliquait ? « C’était comment, pour toi ? Et le Lien ? » Plus elle le scrutait, plus la cruauté de Kaahl lui apparaissait – plus nettement que jamais. Elle, elle était dans cet état, juste après la tempête, où tout retombe dans un chaos silencieux.
Message XIII – 1282 mots
Ou ce que tu veux
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Quand je vois une bêtise plus grosse que moi et que je décide de la faire.
:
Merci Kaahlinou
Dernière édition par Priam et Laëth le Lun 16 Mai 2022, 14:05, édité 1 fois
Adam Pendragon ~ Déchu ~ Niveau V ~ ◈ Parchemins usagés : 977 ◈ YinYanisé(e) le : 13/01/2015
Dim 23 Jan 2022, 00:20
L'engrenage
Je la regardai s’approcher du lit, sans bouger. Je sortis les mains de mes poches et croisai les bras sur mon torse. Elle devait savoir que je n’avais aucune réponse à lui apporter. Je n’avais jamais douté de l’intelligence dont était pourvu Kaahl mais il vivait peut-être trop au milieu des complots pour comprendre qu’il y avait des gens qui ne lui voulaient aucun mal. Sans ça, en me mettant à sa place, c’était facile d’imaginer pourquoi est-ce qu’il ne lui disait rien. Il y avait une multitude de raisons dont sa condition d’Ange et le fait que l’amour n’est pas éternel.
« Je ne suis pas lui. Je peux faire des théories mais… »
Ma langue vint humecter mes lèvres et mon regard se porta sur la pièce dans son ensemble. C’était étrange à avouer.
« Je crois simplement qu’il ne vit pas dans le même monde que nous et qu’il a des problèmes qui nous dépassent. Mais je sais qu’il nous aime et que quand il pleure, il pleure pour de vrai. »
Je soupirai. Je n’aurais jamais dû avoir ce rôle.
« C’est compliqué, votre histoire. Il a menti une première fois, puis une deuxième fois et ainsi de suite. Et quand il s’est rendu compte des enjeux, au lieu de reconnaître la totalité de ses torts, il a décidé de s’entêter jusqu’à trouver la solution ultime. »
Tout ceci me donnait envie de rire.
« Sauf que ça ne marche pas comme ça, surtout pas en amour. Il n’y a pas de solution magique. Les mensonges sont des trahisons. Mais je pense qu’il n’a jamais été pleinement honnête, même avec moi. Ça n’excuse pas mais il a commencé à faire ce qu’il fait très jeune. Tromper les autres, c’est toujours ce qu’on lui a demandé, alors leur faire confiance c’est… »
Je n’étais pas sûr de savoir comment expliquer et, surtout, je n’étais pas certain d’avoir raison. J’y avais déjà songé, parce qu’il faisait des crises identitaires. Je le pensais surtout très seul.
« Enfin bref. J’en sais rien. Je pense juste que cette situation ne lui procure aucun plaisir et que, parfois, sa vie non plus. »
Je répondis à ses questions en m’approchant du lit.
« Franchement, ça n’aurait tenu qu’à moi, j’aurais préféré que tu saches tout dès le début, ou peu de temps après que ça devienne sérieux entre vous. Ça ne m’a jamais fait rire. J’aurais vraiment préféré… »
Je l’avais répété à voix basse. Je m’assis sur le matelas, dos à elle.
« Ça n’aurait pas été mieux uniquement pour moi. Simplement, si tu avais été au courant, tu aurais pu faire un choix : rester avec lui ou le quitter et refaire ta vie. Mais tous ces mensonges… C’est compliqué d’en parler après coup. Les relations sont toujours complexes et c’est impossible de juger tous les enjeux qu’il y avait à un instant précis. C’est surtout l’instant présent qui compte. »
Je me glissai entre les draps à mon tour et me tournai sur le côté, pour la voir.
« Mais tu te doutes que je ne suis pas super doué pour les histoires de cœur. C’est juste que j’ai eu le choix de rester ou de partir, au moment où il m’a dit qu’il t’aimait. Toi, tu ne l’as jamais eu avant. »
Elle avait la tête de quelqu’un qui avait pleuré. Ses yeux brillaient des larmes passées et de la fatigue qu’elle devait ressentir à présent.
« Le Lien c’est… »
Je haussai les épaules.
« Forcément, ça ne m’a pas plu, à cause de ce que je savais et que tu ignorais. Mais je n’ai pas fondamentalement de problème avec lui. Je sais ce qu’il implique pourtant. »
Elle aussi. Kaahl aussi.
« C’est juste que c’était… incongru. Toi et moi. »
Je m’arrêtai quelques secondes.
« Excuse-moi mais cette journée m’a fatigué. »
J’avais les yeux qui piquaient et la position allongée ne me réussissait pas.
« Je ne sais pas, pour le Lien. J’ai pensé qu’il pourrait régler nos problèmes à tous dans une certaine mesure mais j’ai changé d’avis. Je sais juste que… »
Je me battais pour terminer mon argumentaire.
« Il n’est pas gentil. Il l’est parfois mais il ne l’est pas dans le fond. C’est tout. Ça ne m’empêche pas de l’aimer, parce que je suis un Déchu et que je m’en fous de qui il décapite dans des caves humides. C’est juste qu’il y a ce Lien là… »
Je mélangeais peut-être un peu tout.
Je fis apparaître ma Bague et l’enfilai. Les liens de l’Ange se délièrent et le nôtre se recréa.
Je fermai les yeux.
« N’en profite pas pour partir… »
Je devais la maintenir quand même.
Je lui pris la main.
« On verra plus tard pour le reste, d’accord ? »
Ma voix n’était plus qu’un murmure. J’avais trop pris de responsabilités aujourd’hui. J’avais trop tremblé devant le chaos. Je m'étais laissé avoir par des angoisses et ça ne me ressemblait pas.
Peut-être que nous étions en train de parler d’un mort mais je ne le pensais pas. J’espérais vraiment que le jour où il mourrait, il viendrait tout de suite me prévenir, sous forme d’Esprit. Je savais que parmi les quelques formes qui flottaient autour de nous avant que je mette ma Bague, il n’y avait pas sa silhouette. Alors il était vivant. C’est tout.
884 mots J'ai une idée
:
Priam et Laëth ~ Ange ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 3432 ◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes ◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Mieux vaut ne pas aimer que d’aimer comme il le fait, songea-t-elle. Mais elle ne dit rien. Peut-être ne le pensait-elle qu’à moitié. Elle aurait sans doute trouvé insupportable qu’il ne l’aimât pas, ou plus ; et pourtant, où était son amour dans tous ses mensonges et son mépris ? Aimer, était-ce cautionner le fait de causer la souffrance de l’autre ? De le faire sciemment ? Elle ne le croyait pas. Si elle lui faisait du mal, elle n’en avait pas l’intention. Elle essayait d’être droite et juste, tout le temps. Elle essayait de l’aimer autant que l’on pouvait aimer – et les Ætheri seuls savaient à quel point l’Aile d’Acier pouvait être engloutie par l’amour. Elle ferma les yeux. Et s’ils avaient tous raison ? Peut-être qu’elle était vraiment trop, tout le temps, pour tout le monde. Le doute se lova près de son palpitant, où la rancœur grossissait. Elle lui en voulait. Elle lui en voulait de toute son âme. Adam avait raison : chaque mensonge avait été une trahison. « C’est ironique que quelqu’un d’aussi intelligent que lui ne sache pas que la vérité finit toujours par se savoir. » Que croyait-il ? Qu’il pouvait sans cesse rebattre les cartes de la réalité ? Qu’il était maître d’un jeu qui le dépasserait toujours ? Qu’il pouvait contrôler et orchestrer tout ce qui l’entourait ? Même dans sa chambre, le chaos s’insinuait : il tachait les draps de sang, jetait des bagues au pied de son bureau, faisait peser une atmosphère délétère dans toute la pièce. Rien ni personne n’était à l’abri, jamais.
Ses yeux verts remontèrent le long de la colonne vertébrale d’Adam, jusqu’à la naissance de ses cheveux. Il n’avait rien voulu cacher, et malgré cela, Kaahl avait continué à mentir. Il avait eu l’accord et les encouragements de l’homme qu’il aimait, mais il avait décidé de maintenir sur elle son écrin de fausses vérités. Il l’avait regardée se jeter dans le précipice, et il n’avait rien fait. Il l’avait regardée brûler doucement puis s’embraser tout à coup, et il n’avait rien fait. Il l’avait regardée tomber amoureuse de lui comme on tombe dans un piège, et il s’en était satisfait. Ses paupières s’abattirent à nouveau sur ses cornées. Ce n’était pas de l’amour. C’était de la manipulation et de l’emprise. Et maintenant ? Que restait-il ? Elle l’ignorait. L’instant présent lui échappait. Le passé s’agglutinait et l’étouffait. Tout ce qui se dégageait, c’était ce choix qu’elle possédait désormais : rester ou partir. Elle voulait juste hurler, quand son cœur ne pouvait pousser que des cris silencieux à fendre l’âme.
L’Ange acquiesça doucement, puis répliqua : « Peut-être pas tant que ça, finalement. » Elle ne reparla pas des rêves et ne souligna pas non plus qu’ils étaient déjà liés, avant le Lien, mais c’était ce à quoi elle pensait. Peut-être que ce n’était pas si incongru, pas si imprévisible, pas si surprenant. Les Dieux faisaient juste leurs jeux. « C’est rien. » La fatigue la gagnait aussi. L’adrénaline était retombée. Amestris, les menottes de Léralondé, la vérité, les larmes ; tout avait participé à son exténuement. Elle aurait pu dormir des jours. Elle aurait voulu ne jamais se réveiller, peut-être. Elle se serait endormie dans le parfum de Kaahl, et c’eût été un peu comme s’ils étaient morts enlacés, loin de toute cette douleur. Elle soupira. « Oui. Ça fait longtemps que je sais qu’il n’est pas un Magicien… » Ou juste partiellement, de temps en temps, quand il s’y autorisait. L’aimait-elle moins, depuis qu’elle savait ? Non. Pourrait-elle vivre éternellement avec cet amour-là, elle, l’Immaculée, fille de Réprouvés ? Pas sans sacrifices. Parce qu’un jour, sans doute, cette vérité-ci éclaterait aussi. Et ce jour-là, elle ne pourrait pas nier. Elle ne pourrait pas dire qu’elle ne savait pas. Elle ne pourrait pas prétendre n’avoir pas aimé à la fois le faux Magicien et l’Empereur Noir. Pour Adam, ce ne serait sans doute pas grave. Pour elle, ce serait un crime : aux yeux des Anges, de l’armée, de ses amis, de sa famille, de ses ancêtres, de tout ce qu’elle aurait dû incarner et qu’elle avait bafoué. Elle perdrait des gens qu’elle aimait, par amour pour lui. Le supporterait-elle ? Elle ne pouvait pas le savoir. Mais avait-ce encore de l’importance, après tout ça ? Y aurait-il un après ? Voulait-elle encore l’aimer, malgré lui ? Était-il vivant ? Pouvait-on en vouloir aux morts ?
Le Lien s’enroula autour de son palpitant. Elle rouvrit les yeux et regarda Adam fermer les siens. Pour la première fois depuis l’union de leurs âmes, Freyja ressentit une paix étrange. Un repos des cœurs, au creux des ténèbres qui les baignaient. Elle pressa ses doigts autour de sa main et opina avec douceur. « Oui, d’accord. » répondit-elle dans un chuchotement. Tandis qu’il plongeait tranquillement dans l’étreinte du sommeil, elle le détailla. Ses pensées coulaient avec la lenteur paresseuse de certains fleuves en été, au rythme des respirations profondes de son Humain. À leur tour, ses paupières s’abaissèrent. La Gardienne se rapprocha, juste assez pour caler sa tête contre le torse de l’homme, et passer son bras libre dans son dos. Là, elle s’endormit.
Autour d’eux, les yeux qui les épiaient riaient autant qu’ils craignaient l’instant où ils devraient délivrer leur secret.
Message XIV – 884 mots
Dis-moi tout
:
Quand je vois une bêtise plus grosse que moi et que je décide de la faire.
:
Merci Kaahlinou
Dernière édition par Priam et Laëth le Lun 16 Mai 2022, 14:05, édité 1 fois
Kaahl Paiberym ~ Sorcier ~ Niveau VI ~ ◈ Parchemins usagés : 3714 ◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015◈ Activité : Professeur
« Entrez. » Je déglutis et pris une grande inspiration. Parfois, le messager qui apportait de mauvaises nouvelles mourait. Je ne devais pas l’oublier. J’avais perdu au jeu du hasard et c’était à moi de lui annoncer. Il était préférable de ne pas le faire attendre, même si Elias et moi nous connaissions. Je doutais qu’il me tuât mais ce que j’avais à dire ne lui plairait pas.
Une fois devant lui, je ne le saluai pas. Je savais qu’il préférait que nous allassions à l’essentiel. Il n’avait pas le temps pour la politesse. Nous avions tous les deux consciences de la valeur des minutes qui s'écoulaient. Lorsqu’il jouait Kaahl, il en possédait bien davantage à lui que lorsqu’il était l’Empereur Noir. Ex-Empereur Noir, légalement. Personne sous les ordres du Kamtiel n’était dupe. Il dirigeait toujours. Même dans le cas où il aurait décidé de laisser Cyrius Windsor sur le trône, ce dernier n’aurait été qu’un homme de paille.
Il leva les yeux vers moi et m’interrogea du regard. Il dut repérer quelque chose sur mon expression. Il posa le sceau qu’il tenait dans sa main et amena ses doigts à ses lèvres. Le geste était élégant mais l’inclinaison de sa tête et son regard démontraient le souci qu’il entrevoyait. « Vous n’êtes pas venus à deux mais vous auriez pu, n’est-ce pas ? » « C’est ça. » « Quand ? » « Le jour de la Crucifixion. » Son autre main, celle qui était posée sur le bureau, bougea légèrement. Son index frappa deux fois le bois du meuble et resta suspendu en l’air, avant de reprendre un rythme plus rapide. Il réfléchissait. Je continuai. « Elle a été blessée et il l’a récupérée. Ils sont allés chez vous et il a voulu l’empêcher de repartir une fois qu’elle est revenue à elle. C’est au cours de cette conversation qu’il a parlé. » Il y eut un silence. « Racontez-moi la scène sans omettre aucun détail. Je veux tout : leurs gestes, leurs paroles. Tout. » J’obéis, en l’observant prendre une position que je lui connaissais déjà. Droit, ses coudes étaient posés sur la table et ses mains jointes. Seuls ses deux index étaient tendus, contre ses lèvres. À la fin de mon récit, il ne bougea d’abord pas, puis planta son regard dans le mien. « Très bien. Merci. Retournez sur le terrain. » « Bien. »
__________________
« Ne bouge pas. » soufflai-je, dans le cou de Cyrius. Il était venu me chercher dans mon bureau, en remarquant que je n’étais pas à l’heure à notre rendez-vous. J’étais toujours ponctuel. Alors qu’il était assis sur la plaque horizontale, je me trouvais entre ses cuisses, mes lèvres contre sa peau. Mes dents cherchaient un accès à son sang. J’avais besoin de me remplir de lui. Quelqu’un d’autre m’aurait dit que nous étions déjà en retard et qu’il fallait y aller. Il ne le fit pas, parce qu’il aimait me voir dans cet état, celui dans lequel je me trouvais dès que les choses n’allaient pas comme je le souhaitais. Elles n’allaient pas du tout comme je le souhaitais. « Je te veux. » murmurai-je. J’avais besoin de ça. J’avais besoin de lui, juste pour oublier cinq minutes qu’il me faudrait gérer autre chose que mes projets politiques. Pourtant, je n’étais pas certain de désirer m’occuper de ma vie privée. Elle pourrait peut-être s’occuper sans moi. Revoir Laëth supposait faire face à ses émotions, à sa rancœur, à sa tristesse. Je n’en avais pas la moindre envie.
Mes dents se resserrèrent sur la peau pâle de Cyrius. Il gémit. Je n’étais pas un Vampire. Je le mordais sans Couronne. Les sensations, pour lui, n’étaient pas les mêmes. Il en avait pourtant pris l’habitude, de sentir ma morsure le déchirer, de laisser son sang couler dans ma bouche. Le goût de celui-ci avait probablement le même goût âpre que ma future rencontre avec l’Ange. En buvant, j’envisageai toutes les possibilités, tous les risques. Je me haïssais de lui en avoir trop dit, et pas assez. Cet entre-deux était insupportable. Cette situation l’était. J’avais envie de la tuer, de la sacrifier sur la croix des amours destructeurs. Je ne voulais pas la laisser respirer, la laisser m’éloigner d’elle. Je n’allais pas supporter son cœur brisé. Je ne pourrais pas jouer les repentis, pas longtemps. Elle me rendait malade. Il a toujours l’air de croire que je suis incapable de supporter quoi que ce soit. Mais ce n’est pas vrai. Nous allions voir ça.
Il ignorait où il l’avait emmenée. Il n’était même pas certain que ce fût lui. La confusion de l’attaque lunaire ne lui avait pas permis de s’en assurer. Et s’il s’agissait d’un Sorcier ? Et si sa sœur était enfermée dans l’un des cachots d’Amestris ? Et s’ils ne s’étaient pas échappés, et que les décombres les avaient engloutis ? Il avait fouillé la cité en ruines, de fond en comble. Partout, il avait cherché son corps. À chaque pierre soulevée, il s’était préparé à la retrouver disloquée, brisée, broyée. Il n’avait rien trouvé. Nalim l’avait pris par l’épaule et lui avait assuré qu’ils feraient mieux de rentrer. Qu’elle devait être partie et en sécurité. C’était ce que Priam aurait dit à Laëth si elle s’était évertuée à chercher un cadavre dans ce chaos du ciel. Cependant, quand elle n’était pas là, c’était comme si une part de son âme s’accrochait à la sienne. Il sentait son cœur vriller au rythme des prophéties les plus atroces que pouvait émettre son cerveau, et toute sa rationalité ne parvenait pas à faire taire la folie de ses doutes. C’est toujours le même problème, celui des cœurs qui aiment trop et des têtes qui pensent trop. Finalement, ils étaient rentrés. Ils avaient livré aux Anges le récit de la crucifixion, sous des regards ébahis. Quelques heures après, il était retourné à Lumnaar’Yuvon. Rien ne servait de chercher sa cadette : elle n’était pas chez eux et il ignorait où Adam avait pu l’emmener, s’il était bien celui qui l’avait sauvée.
« Il n’est pas mort. » Hazaan le scruta. Dans ses yeux brillaient la même surprise que dans ceux des Anges, mais aussi la déception, la colère et la peur. Il eût fallu être fou pour ne pas craindre un homme qui se relevait d’une telle épreuve. « Ils ont triché. » - « Oui. Je ne sais pas vraiment comment, mais pendant que tout le monde essayait d’éviter des morceaux de Lune Noire gros comme des bicornes, il a été détaché. » Le Réprouvé tapota le bois de la table du bout des doigts. « Et tu dis qu’il n’est plus Empereur Noir ? » - « Légalement, c’est Cyrius Windsor. » - « Et dans les faits ? » - « Dans les faits, je ne crois pas qu’Elias Salvatore abandonnerait si aisément sa couronne. Les deux hommes sont très proches et je pense que Windsor reste sous la coupe de Salvatore. C’est sa marionnette. Tout ça n’était qu’une manœuvre pour échapper à la mort. » Le Thur retroussa ses lèvres en un rictus mauvais. « Il y a si peu de courage et de droiture en eux. » Priam laissa son regard grimper sur les murs de pierre de la maison. « Je ne sais pas si ça change quelque chose, pour eux. Si ça permet à Salvatore d’avoir une marge de manœuvre plus large, de pouvoir agir à d’autres niveaux. La seule certitude, c’est que le fait qu’il ait survécu à sa crucifixion accroît sa légitimité. » Il reporta son attention sur son interlocuteur. Celui-ci le dévisageait, les sourcils froncés. « Les Sorciers pensent que si la Lune Noire a explosé, c’est parce qu’Ethelba les a punis pour avoir remis en doute son choix d’Empereur et menacé son protégé. » - « Il sort donc grand vainqueur de cette épreuve. » L’Ange acquiesça. « Et pour le reste ? J’imagine que l’écrasement de la Lune les a affaiblis ? Du moins, leur cité doit être en ruines, non ? » - « Ce n’est pas joli à voir, en effet. Je ne sais pas combien de temps il leur faudra pour reconstruire. Il y a eu beaucoup de morts, dont l’Impératrice. » - « Ta sœur ? » Priam baissa la tête et s’humecta les lèvres, avant de ramener son regard sur le Manichéen. « Elle est blessée, mais elle va revenir. » se contenta-t-il de dire. Elle n’était pas morte.
Hazaan tira une chaise et s’assit. « Nous devrions donc attaquer rapidement. » - « Je pense, oui. » Il acquiesça lentement. « J’ai déjà fait rappeler les troupes en poste à Gona’Halv. Raguel aussi. » - « Tu as fait appel à d’autres forces ? » - « J’ai invité tous ceux qui ont participé à l’Odon do Dur à nous rejoindre. Je doute que beaucoup viennent. » Priam ne dit rien. Le Réprouvé soupira. « Je n’ai pas demandé aux Déchus. Il faudrait être fou pour aller combattre là-bas. » - « C’est pourtant ce qu’on va faire. » Le Thur leva la tête vers lui et les deux hommes se regardèrent, silencieux. Ils savaient tous les deux qu’il fallait être fou. Prier les Zaahin ne suffirait pas.
Message XV – 792 mots
(promis c'est bientôt fini)
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Quand je vois une bêtise plus grosse que moi et que je décide de la faire.
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Merci Kaahlinou
Priam et Laëth ~ Ange ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 3432 ◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes ◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Le soleil ralluma ses paupières. L’Ange ouvrit les yeux péniblement, avec l’impression de sortir d’un état d’inconscience ouateux. Elle se retourna et, devant l’absence de corps, tendit le bras. La place était froide. Son regard remonta vers l’oreiller. Un mot était posé dessus. Derrière, sur la table de nuit, un plateau garni de nourriture attendait, accompagné d’un bouquet de fleurs. Elle arqua un sourcil dubitatif, puis se redressa et attrapa le papier entre ses doigts. Ses cheveux ensauvagés par la nuit coulèrent devant ses épaules et formèrent une barrière rebelle entre son visage et le reste du monde. Elle lut.
« T’as le droit de le frapper la prochaine fois que tu le vois, mais évite de le tuer parce que je n’ai pas envie d’embaucher une femme ou un homme de ménage.
PS : Je t’ai cueilli des fleurs et je t’ai fait un petit déjeuner donc, la prochaine fois, pense à me remercier.
PS encore : Si t’as besoin de moi, tu peux crier mon nom et je viendrai. Je te promets pas d’être habillé par contre. »
Malgré elle, son nez souffla un semblant d’amusement et une sorte de sourire habilla ses lèvres. Son cœur lui faisait toujours aussi mal et elle n’avait pas les idées plus claires que la veille. Cependant, supposer que sa relation avec Adam s’apaisait la tranquillisait. Quoi qu’il arrivât, il resterait son Humain. S’entredéchirer jusqu’à la fin des temps n’avait jamais été une option viable, ni même envisageable, malgré leurs réticences, leurs haines et leurs insultes. Il demeurait un Déchu, ce qui posait son lot de soucis et n’enthousiasmait pas plus Freyja qu’au départ, cependant, désormais, elle comprenait. Elle comprenait pourquoi il s’était comporté ainsi, pourquoi il y avait toujours eu, entre eux, cette indicible colère. La libération d’Adam scellait la prison de son malheur, mais elle comprenait, et dans les faits, cela ne changeait rien. La seule différence était qu’elle savait et qu’elle en souffrait. Pourtant, la faute n’était pas à rejeter sur Pendragon.
L’Ange reposa le mot, le cœur lourd. Ses iris verts coulèrent vers le plateau de petit-déjeuner. Elle n’avait pas faim. Dans un soupir, elle se laissa retomber sur le lit, le visage enfoui dans l’oreiller. Elle pleura, encore, parce que c’était peut-être la seule chose à laquelle elle excellait. Adam l’avait sous-estimée, en parlant de lacs. Elle était certaine qu’elle aurait pu remplir des océans. Elle resta lovée entre les couvertures quelques minutes, avant de se lever. Retrouver son frère et aider les Réprouvés lui donnaient la force de ne pas se morfondre. Ça, et la colère que suscitait la trahison de Kaahl. C’était une ire sombre et dangereuse, de ces rages qui vous apportent un esprit de vengeance prêt à dévorer votre cœur. Toutefois, elle débordait tant d’énergie que l’Ailée était certaine de pouvoir piocher dedans des jours durant pour ne pas s’effondrer. Il verrait, si elle était incapable de supporter quoi que ce fût. Elle était peut-être vulnérable, mais sa résilience avait la force de cent Réprouvés. Il verrait.
Debout, elle retourna vers le pantalon qu’elle avait voulu mettre la veille et l’enfila, avant de prendre une des chemises précieusement rangée dans la penderie et de la revêtir. L’avantage de faire presque la même taille que ce connard de Sorcier, c’était qu’elle pouvait mettre presque toutes ses affaires. Elle baissa les yeux sur ses pieds. Pour eux, en revanche, ce serait plus compliqué. Tant pis. Freyja attrapa une tartine posée sur le plateau et se força à la manger. Elle fit la même chose avec une deuxième et quelques fruits secs, avant de boire à grandes rasades l’eau de la carafe. Elle s’essuya la bouche d’un revers de la main puis releva la tête et ficha son regard sur la fenêtre. On ne gagne pas une guerre à bout de forces.
« Bonjour, Pauline. » La vieille femme bondit et se retourna. « Oh ! Laëth ! Vous m’avez fait peur. » - « Je suis désolée. » L’Ange avança vers elle. « J’ai défait les draps de Kaahl. Ils sont plein de sang. » La sœur de Gustine la regarda, hésitante. « J’ai été blessée à Amestris. » précisa aussitôt la concernée. Son interlocutrice plaqua ses deux mains sur son sternum. « Oh, vous me rassurez ! Enfin, non, Amestris ! Par Suris, que faisiez-vous là-bas ? Tenez, vous pouvez poser les draps là. » L’Ailée obtempéra. « Je protégeais mon frère et un autre diplomate. » Elle haussa les épaules. « J’ai un peu manqué ma mission. » - « Je suis désolée pour vous, mon petit. Mais ne vous en faites pas, je suis certaine qu’ils vont bien. Ça se saurait, si le Petit Pigeon avait eu quelque chose. » Elle lui sourit, bienveillante. « C’est Adam, qui vous a ramenée ici, c’est ça ? Je l’ai croisé tout à l’heure. » Elle acquiesça. Pauline avait rougi un peu. « Il a bien fait. Je suis certaine que Kaahl le remerciera chaleureusement. » - « Hum. » La Magicienne détailla la tenue de l’Aile d’Acier. « Adam a brûlé mes vêtements pour que je ne retourne pas à Amestris. » - « Oh, je vois. » Freyja haussa les épaules. « Je les lui rendrai, si je le revois. » - « Kaahl ? » L’aïeule fronça les sourcils. « Quelque chose ne va pas ? » Un pincement pressa le cœur de l’Immaculée. Pourtant, elle continua. Elle n’avait envie ni de mentir, ni de faire semblant. « Vous pourrez lui demander, la prochaine fois que vous le verrez. Ou à Adam. » Il ne pourrait s’en prendre qu’à lui-même, s’il se cassait les dents sur ses mensonges. Avouer était la chose la plus juste et la plus saine à faire, pour Adam comme pour elle. Elle refusait de faire semblant d’être heureuse ou de trouver de fausses justifications à ses larmes. S’il voulait retisser un cocon de contre-vérités au sujet de ces relations, il le ferait. Il était hors de question de l’y aider. Pour le reste, elle demeurerait la tombe qu’elle avait toujours été, par obligation autant que par affection. Elle ne trahirait pas, elle. « Merci pour les draps. Ah, et, j’ai laissé le plateau de petit-déjeuner qu’Adam avait préparé, je n’ai pas pu tout prendre, désolée. Il a fait un très beau bouquet de fleurs, si vous voulez le garder. Bonne journée, Pauline. »
Priam serra sa sœur contre lui. « Je suis tellement content de te voir. » Elle ferma les yeux et le pressa contre elle. Elle venait de revenir à Lumnaar’Yuvon, après être passée se changer chez eux. L’odeur, la vue et le contact de son frère la réconfortaient. Sa voix répandait des vagues de sérénité entre ses oreilles. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Tu étais où ? » - « Je te raconterai. » souffla-t-elle. « Dis-moi ce qu’a décidé Hazaan. » - « Il a rappelé les troupes en poste à Gona’Halv et invité les participants à l’Odon do Dur à nous aider. » Elle ferma les yeux. « Alors ce n’est plus qu’une question de temps… » L’engrenage poursuivait son infernal cliquetis. Demain, ce serait la guerre.
Fin
Message XVI – 1195 mots
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Quand je vois une bêtise plus grosse que moi et que je décide de la faire.