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 [Q] La mort de l'Aisuru

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Sól
~ Réprouvé ~ Niveau II ~

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◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016
Sól
Mar 11 Jan 2022, 21:23


Image par ... nom de l'artiste si vous l'avez ...
La mort de l'Aisuru
Bellone
Intrigue ; Bellone est encore plongée dans ses cauchemars. Elle vit inlassablement les différentes morts de Jämiel.
RP lié ; Ordonne et j'exaucerai - 11ème message

« M'accorderiez-vous cette danse ? » Bellone releva le regard vers l'homme qui s'était approché. Il était grand et svelte. Son regard doré, perçant, semblait percevoir son âme, au fond d'elle-même. L'Orine esquissa un sourire complice, jumeau de celui qui s'était dessiné sur le visage mature de Jämiel. « J'ai cru que tu ne me le demanderais jamais. » souffla-t-elle avant d'accepter sa main et de se redresser. « Pensais-tu sincèrement que j'allais t'abandonner ici, seule, et te laisser t'ennuyer ? » demanda l'Alfar en conduisant sa partenaire jusqu'à la piste de danse. Là, il la fit tournoyer avant de la réceptionner face à lui, en position de danse. « Jamais je ne t'abandonnerai. » promit-il dans un souffle. La danseuse pencha légèrement la tête, de manière à ce que leurs fronts se frôlassent, créant une intimité naturelle entre le couple. Sa gorge se noua, son cœur se serra, ses mains tremblèrent légèrement. Elle avait un mauvais pressentiment. Elle ne savait pas l'expliquer. Sa crainte était infondée, et pourtant, au fond d'elle-même, elle ne pouvait s'empêcher de penser que le Sarethi ne devrait pas faire de telles promesses : des promesses qu'il serait incapable de tenir... L'Orine se mordilla la lèvre inférieure avant de relever le menton et de fixer son regard émeraude dans l'ambre des siens. « Je sais. » répondit-elle, fébrile. « Je te fais confiance. » assura-t-elle.

La danse commença. Bellone se laissa guider par les mains assurées et confiantes de son cavalier. Il était doué. Ensemble, ils étaient formidables. Ils n'avaient pas besoin de mots, pas besoin d'entrainement. La danse leur semblait naturelle, même sans chorégraphie, ils se synchronisaient parfaitement, leurs mouvement se coordonnant dans une grâce qui reflétait leur complicité et leur amour. Cet amour là n'avait rien de romantique. C'était un attachement unique, qui n'était comparable à rien d'autre. Le genre d'affection reliant une Orine à son Aisuru. C'était un amour respectueux, inspirant, merveilleux. Il pouvait parfois s’imprégner de sentiments plus ambiguës mais, dans leur cas, en cet instant, seule une confiance absolue et profonde les unissait. Ils avaient l'impression de ne faire qu'un.

Un contre-temps? Un faux pas dans la valse. Un battement de cil, un soupir irrégulier, une légère pression de main. C'est tout ce dont il avait suffit pour que le chaos explose.

Bellone écarquilla les yeux lorsque le sang lui éclaboussa au visage. Elle ne comprit pas immédiatement de quoi il s'était agit. Le rouge imbibait sa rétine, le liquide chaud ébouillantait sa peau. Pourtant, elle ne reconnaissait ni l'odeur ni le goût du sang. « Jämiel ? » demanda-t-elle dans un murmure d'incompréhension, tandis que le poids de son partenaire s'imposait à sa maigre silhouette. Il l'écrasait, lui tombait dessus. L'Orine esquissa un pas un arrière afin de ne pas être déséquilibrée à son tour. L'Alfar chuta au sol, malgré les doigts fins de la danseuse qui s'accrochèrent à sa tenue pour le retenir. « Jämiel ? Qu'est ce qui ne va pas ? » voulut savoir l'Orine, dans une voix paniquée, hystérique, où l'angoisse se mélangeait à la gravité. « Jämiel ! » hurla de plus belle la cavalière, tandis que le corps de sa moitié était pris de convulsions. Ses lèvres s'étaient rétractées, laissant voir une mousse rosâtre s'échapper de sa bouche tandis qu'un râle assourdissant - pourtant incapable de recouvrir le bruit des discussions, des rires et de la musique ambiante - résonnait aux oreilles de la brune. « Quelqu'un ! Quelqu'un s'il vous plait, aidez-moi ! » appela-t-elle à l'aide en se retournant vers les autres convives. Quelques regards curieux s'étaient tournés vers eux. Pourtant, à peine se posaient-ils sur eux que déjà ils se retournaient, leurs propriétaires préférant reprendre leurs centres d'intérêts initiaux comme si de rien n'était. « Vous ne voyez pas qu'il souffre ?! » hurla de rage la brune, tournant la tête de tous les côtés pour capter l'attention de quelqu'un. « Non. Regardez. Il ne souffre plus. »

La mort au bout des lèvres, Bellone se tourna vers le visage blafard de l'homme. Il ne bougeait plus. Ses yeux étaient fixés sur un point vague, au dessus de lui. Ses traits étaient figés dans une moue presque comique - peut-être la Sœrei aurait-elle rit si l'envie de pleurer n'avait pas déformé son visage. Le cœur en miette, elle s'effondra sur la dépouille sans vie. « Tu m'avais promis que tu ne m'abandonnerai plus. » gémit-elle.


L'odeur âcre lui piqua les narines. Elle remonta jusqu'à sa gorge, lui embrumant l'esprit. Bellone fut prise d'une quinte de toux. Ses yeux larmoyant essayèrent de s'ouvrir mais à peine relevait-elle les paupières que ses cornées s'imbibaient de plus belle. La jeune femme parvint à rouler sur le ventre, abritant son visage sous son avant bras pour essayer de se protéger. Confuse, l'Orine tenta d'inspirer un peu d'air : ses poumons brûlèrent, incandescents, ravivant son agonie au lieu de la soulager. Après quelques secondes d'affolement - qui lui parurent durer des siècles - la brune parvint à rassembler ses pensées, à rassembler les pièces du puzzle que ses sens ne parvenaient pas encore à associer. Elle était dans une maison en feu. Elle devait trouver une sortie. Vite. Avant que les flammes ne la dévore.

Toujours allongée sur le ventre, la prisonnière étira son bras pour essayer de ramper droit devant elle. Elle n'avait aucune idée de l'endroit où elle se trouvait, ni ce qui pouvait l'attendre derrière cette porte - sans s'en rendre compte, elle était parvenue à ouvrir les yeux sans que ceux-ci ne lui brûlent trop, défiant toute logique - mais ça ne pouvait pas être pire que de rester ici et de rôtir sur place. Malheureusement, tandis qu'elle essayait d'avancer, elle réalisa qu'une épaisse chaîne métallique était accrochée à sa cheville. Son cœur s'accéléra, se souleva, s'effrita. Elle était coincée. Elle allait brûler sans parvenir à s'enfuir de ce cauchemar. La force du désespoir l'incita à essayer de tirer sur son entrave, faisant cingler le métal tel un son de cloche mortuaire.

« Bellone, j'arrive ! » « Non ! » Elle avait voulut crier mais sa gorge asséchée n'avait produit qu'un croassement faiblard que son Aisuru ne pouvait entendre. « Les flammes ! » mit-elle en garde, sachant pertinemment que le garçon ne serait pas mis au courant du danger qui l'attendait. L'Alfar ouvrit la porte d'un coup violent, créant un appel d'air qui dirigea les flammes dans sa direction. L'Orine hoqueta d'effroi tandis que ses prunelles se connectaient à celles de son sauveur. « Non ! » répéta-t-elle, trop faible pour faire quoi que ce soit. Jämiel s'éclaira plus vivement qu'un feu de joie. En un instant, il ne devint que feu, cri et douleur. Un brasier Humain. Le brûlé se mit à gesticuler, courant en tous sens, sa voix implorante emplissant l'air. L'agonie. Il voulait que cela cesse, que l'on abrège ses souffrances, que l'on mette fin à cette torture.

Bellone était toujours allongée sur le sol. Ses yeux étaient trop secs pour lui permettre d'extérioriser sa peine, sa douleur, l'injustice qui lui brisait le corps et l'esprit. C'aurait dû être elle, en train de périr sous les flammes. Et pourtant, elle était témoin de sa fin. Le pire restait qu'elle ne pouvait rien y faire. Elle aurait pris sa place sans hésiter, si elle en avait eu l'opportunité. Elle aurait rêvé de pouvoir le sauver. Mais elle était impuissante, condamnée à le regarder - elle voulait détourner le regard mais une force extérieur la forçait à garder les yeux grands ouverts, rivés sur la silhouette enflammée.

Jämiel ne criait plus, désormais. Son corps était tombé, mais les flammes continuaient à en lécher les contours, voraces. Sa peau semblait fondre comme une bougie. Bientôt, il ne resterait de l'Alfar qu'une flaque carbonisée, et une pauvre Orine pour pleurer sa mort. Bellone essaya d'allonger le bras, pour rejoindre son Aisuru, pour se connecter à lui, pour partager son fardeau et alléger sa terreur. Le lien sur sa cheville se resserra, la tira en arrière, laissant le cadavre hors de sa portée.

Le feu avait toujours été un élément qui avait fascinée la Disgracieuse. Il était un élément imprédictible, majestueux, hypnotique. Il pouvait être augure de mort ou bien apporter la vie. Il réchauffait les âmes, animait les passions. Il brûlait les corps, consumait les esprits. Bellone sanglota tout en se recroquevillant. En cet instant, la seule flamme qu'elle ressentait était celle du feu qui rugissait en elle, qui hurlait à travers son être. Pourquoi Hakai s'était-il montré si cruel avec elle ? Essayait-il de lui enseigner une leçon ? S'il s'agissait de cela, elle ne parvenait pas à en comprendre le sens. Ou bien, avait-il simplement décidé de la détruire ? De l'annihiler de l'intérieur ? Si c'était le cas, il y était parvenu.

Car après les cendres, il ne resterait que le trou béant dans sa poitrine, rempli de vide.


La salle était remplie d'obscurité. Seuls les bruits semblaient se répercuter sur les parois de la pièce, ricocher et s'amplifier jusqu'à en devenir assourdissants. « Qui est là ? » demanda Bellone en tournant la tête d'un côté, puis de l'autre, sans parvenir à identifier la source des bruits qu'elle entendait. Elle avait l'impression que les murmures étaient chuchotés tout près de son oreille, mais ils auraient aussi bien pu n'être que les échos d'un cri lointain. « Qu'est ce que vous dites ? Je ne comprends pas. » Les phrases étaient incompréhensibles. Elle ne savait pas si l'interlocuteur ne parlait pas intelligiblement ou s'il s'exprimait dans un dialecte inconnu. Ou peut-être était-ce simplement du charabia, que les mots n'avaient pas de sens, qu'il ne s'agissait que de grognements et de claquements d'os. Finalement, au milieu de tout ce tintamarre, une phrase ressortie, claire, nette, précise. Compréhensible. C'était comme avoir étouffé, et soudainement pouvoir reprendre une grande bouffée d'air frais. « Défends-toi. »

Bellone attrapa l'arme qui s'était trouvée devant elle. Elle n'avait pas la moindre idée de la façon dont elle avait su que le poignard se trouvait à ses pieds. Elle l'avait juste su, tout simplement. En réalité, elle ne se posait pas de question. Elle ne réalisait pas qu'elle n'aurait pas pu savoir ce qu'il se trouvait autour d'elle, dans ces ténèbres profonds. « Il s'approche. » « Non ! Restez loin de moi, ou vous le regretterez ! » « Devant toi ! »

L'Orine hurla tout en tendant les bras devant elle. Elle sentit la chose opposer une légère résistance, puis la lame s'enfoncer dans ce qui se trouvait face à elle. Ses mains furent recouvertes d'un liquide chaud. La brune papillonna des yeux. elle sentait le souffle chaud de sa victime contre ses joues. Elle tremblait. « Qu'est ce que j'ai fait... »

Pour une fois, on lui accorda son vœu : une réponse à sa question. Un faisceau de lumière brisa l'obscurité, s'abattant sur l'Orine telle une épée pour lui trancher la nuque. A quelques centimètres de son visage, le faciès de Jämiel. La nausée brassa son ventre. Bellone baissa les yeux sur les mains, toujours jointes sur l'arme qui venait de s'enfoncer dans le cœur du brun. « Pourquoi ? » pleura Bellone. « Il ne fallait pas. » Le Sarethi leva lentement sa main vers la joue de sa Rose Noire. « J'avais promis de ne pas te laisser seule dans le noir. Je sais que tu as peur. » expliqua-t-il. Les mots, enfin compréhensibles pour la meurtrière, la glacèrent. L'Alfar tomba au sol. La jeune femme releva ses mains à auteur de ses yeux. Ils étaient recouverts d'une teinte rouge morbide. « Non... » La brune essaya d'essuyer ses mains, d'en faire partir le sang. Mais plus elle essayait de le repousser, plus le liquide carmin semblait l'engloutir, jusqu'à ce qu'elle en soit recouverte des pieds à la tête.


Le bourreau passa la corde autour du cou de l'accusé. « Non ! Arrêtez, vous vous trompez ! » Bellone essaya de se débattre, de s'extirper des mains puissantes qui la maintenaient à la lisière de la foule. Elle ne pouvait pas avancer pour aller délivrer son Aisuru. « C'est un malentendu ! » argua la brune. Pourtant, ses suppliques restaient muettes aux oreilles du juge qui, intransigeant, déroula son parchemin pour lire les charges. « Jämiel Arcesi, vous êtes reconnu coupable de trahison et de kidnapping d'une Orine. Son maître véritable la revendiquant comme sienne, votre sentence est la mort. » « Non ! » Ca n'avait aucun sens. « C'est faux ! » Jämiel ne l'avait jamais enlevé. C'était elle qui, sur un coup de tête, lui avait posé son énigme. Elle l'avait fait sans se soucier des conséquences, des risques. « Ce n'est pas sa faute ! C'est moi ! C'est moi qui l'ai trahi ! Si vous devez exécuter quelqu'un, exécutez-moi à sa place ! » s'égosilla la soit-disant victime. Cette fois-ci, ses lamentations atteignirent le juge qui se tourna vers elle, le regard froid. « Vous êtes trop précieuse pour cela. Jämiel, en revanche, n'est qu'un pion. Il est exécutable.Remplaçable. » C'était faux. Il n'était pas n'importe qui. Il était son Aisuru. Et s'il venait à mourir, par sa faute qui plus est, elle mourrait de chagrin. Comment son nouveau Maître pouvait-il prétendre se soucier d'elle, s'il l'arrachait aussi violemment au garçon qu'elle chérissait tant ? Une chose était certaine. S'il faisait cela, c'était qu'il ne possédait pas de cœur. Jamais Bellone ne pourrait aimer quelqu'un d'aussi calculateur et méprisable. « Avez-vous des derniers mots ? » demanda l'homme de loi tout en se retournant vers le mis-à-mort. Celui-ci braqua son regard doré sur son Orine. Un tourbillon d'émotions sembla tourner dans sa tête, tel un milliard de choses à se dire. Pourtant, ce furent ces mots qu'il décida de prononcer : « J'aurai préféré ne jamais te rencontrer. » Le bourreau actionna le manche et la trappe s'ouvrit, laissant choir l'accusé. L'Orine, en bas de l'estrade, eu l'impression que c'était sous ses pieds que le sol se dérobait. Elle eu l'impression vertigineuse de tomber.

« Qu'on approche les mariés ! » Malgré ses protestations, on conduisit la brune sur la scène, juste à côté de la dépouille de son Aisuru. De l'autre côté, un homme s'avançait également. Il avait un sourire et un regard froid, venimeux. Face à face, la fiancé pouvait sentir l'odeur de mort qui se dégageait de lui. Lentement, il lui prit la main, et y passa un bracelet finement ouvragé. « Tu es à moi. » fit-il, conquérant. « Et plus jamais tu ne m'échapperas. » Bellone eu envie de lui cracher à la figure. Au lieu de cela, elle lui posa son énigme, les mots s'échappant de ses lèvres sans qu'elle ne puisse les retenir.
2580 mots
Fin.
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