Partenaire : Solo
Intrigue/Objectif : Wakiya arrive sur l'île d'Orhmior en compagnie des Yuërell et de Muramasa. Elle y rencontre l'Archontesse qui l'a choisie.

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Ce fut un sentiment singulier. C'était comme le jour où on l'avait encouragée à partir de Maëlith. Telle une renaissance. Depuis cet incident, Wakiya tournait en rond dans une toute petite cage, une barrière qu'elle s'était elle-même érigée en guise de cocon protecteur. Sans soutien, sans une main tendue en sa direction, impossible d'en réchapper. Et alors que la lumière s'épuisait de plus en plus, ces trois belles personnes s'étaient présentées sur sa route. L'Orine ne sut ce qu'il lui avait pris, de faire preuve d'autant d'audace face à ces rencontres éphémères. Mais à mesure qu'elle remplît ses bagages, elle comprit que cela relevait davantage du rejet de l'abandon. Cette solitude l'enserrait beaucoup trop. Sûrement s'était-elle sentie idiote et irrespectueuse sur le coup, mais lorsqu'elle scella ses affaires pour ce nouveau voyage, elle sut la porte qu'elle empruntait était la bonne. Enfin.

D'une démarche timide, sa paire de geta fit résonner avec délicatesse le parquet de la fameuse chambre. Wakiya rabattit une mèche derrière son oreille, alors que son attention vogua aux quatre coins de la pièce, l'étudiant avec minutie. Pour avoir renfermer de bien lourds secrets dans ses propres armoires, elle savait pertinemment qu'un cocon personnel révélait d'étonnantes parts de personnalités. La jeune Orine se sentait plutôt dépassée par tous les événements, alors qu'elle en fut la principale instigatrice. Depuis Aïkisu, elle avait l'air d'être sur un petit nuage qu'on traînait par une corde, à l'instar d'un cerf-volant. Tous les paysages qui défilaient sous ses yeux verdoyants l'émerveillaient, des Jardins de Jhēn – où le contrôle des identités lui mit une pression monstre, pour rien – en passant par le portail jusqu'à Orhmior. La brunette ne s'était point imaginée un tel processus de voyage, et encore moins le subir ; elle s'était souvenue d'une forte migraine dès son arrivée, comme si elle venait de recomposer son corps, puis se sentit mieux sous l'aura réparatrice des Anges. La Sunano aura encore du temps à consacrer à l'exploration et l'étude de son nouvel environnement, à commencer, donc, par la chambre d'Isiode Yuërell, son point de départ. Ses doigts s'entremêlèrent frénétiquement, comme si elle cherchait à nouer des cordes autour d'elle pour se renfermer. Elle tressauta un chouïa lorsque le soldat s'en rendit compte et la mit face à ses quatre vérités.

" Un… Un hamac… " Il était catégorique.

Ses plaintes tues, Wakiya conserva la tête baissée et acquiesça lorsque le moment lui parut opportun. Cette offre s'avérait beaucoup trop généreuse, malgré tout elle fera tout son possible pour s'acquitter de cette "dette". Quitte à trimer durant des années. Loin des Terres d'Émeraude, la Hanatsu se sentait plus vivante et avait hâte d'en apprendre plus sur les us et coutumes des Ailes Immaculées.

" Merci, San (Monsieur) Isiode. "

Elle l'admirait. Il pouvait avoir l'air sévère, voire froid pour certains, pourtant il faisait preuve d'une telle bonté à son égard que la jeune Sunano ne pût esquiver. Au même titre que Ren, il l'avait acceptée. Isley aussi, très attachant. Elle lui offrit un sourire, la moindre des choses pour pardonner son intrusion. Une fois seule, Wakiya s'attela vite à ranger toutes ses affaires. Elle allait devoir partager la chambre avec Muramasa, ce qui n'était pas plus mal pour prendre ses marques. D'autant plus qu'entre Orines, la cohabitation se déroulait souvent bien.

Un seul détail la chiffonna malheureusement. Ses petites mains agrippèrent les cordes qu'elle avait emmenées et les observa plusieurs secondes. Elle ne pourra pas cacher un tel Art indéfiniment, mais le problème principal qui se présentait était la nature de ses hôtes : comment des êtres aussi purs réagiraient à son expertise ? Wakiya avait appris au fil du temps que les étrangers pratiquaient le Shibari en grande partie à but sexuel, ce qui n'était pas son cas. Les Anges pouvaient être très à cheval sur la discipline ; du moins, c'était ce qu'elle en comprenait… En discuter avec Ren se présentait comme une option viable. Il valait mieux se livrer le plus tôt possible, au lieu d'entretenir un secret qui la rendrait suspecte. Hmm ? La brunette finit par remarquer un ouvrage coincé entre les liens de chanvre. Elle ne se souvenait pas d'un tel livre dans sa collection, surtout que celui-ci ne provenait pas de Maëlith. Ce qui se présentait comme un conte attira son attention à l'intérieur avant qu'un faisceau magique fasse apparaître une sorte de mannequin masculin, sur le lit. Son cœur battit la chamade, autant dérangée par l'étrange invocation que par la possibilité qu'on la vît avec ! Wakiya se précipita dessus, telle une enfant cherchant à masquer sa bêtise. Une forte présence dans la pièce l'immobilisa sur place, tétanisée à l'idée d'offrir un spectacle aussi pitoyable, embourbée avec une silhouette et des cordes.

" Bonjour, petite choute. J'ai quelques minutes à t'accorder, alors écoute bien ou je te bâillonne. "

C'était-à-dire qu'elle avait encore du rangement à faire, mais… On se débarrassait difficilement d'une Archontesse.

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Dès son arrivée sur Orhmior, la Hanatsu fut frappée par le somptueux ballet des voiles. Elle n'avait jamais vu des navires d'aussi prêts, et elle regrettait presque le voyage par portail au profit d'une longue virée maritime. Les Yuërell lui contèrent que ces vaisseaux ne représentaient qu'une partie de la flotte Angélique, l'autre moitié stationnant à Iyora. Un jour, elle aimerait monter sur un bateau et toucher les cordages, tester leur solidité, l'ingéniosité des Hommes au service d'une plus grande cause. Cette technicité la fascinait ; un peu comme les arcs, dont la flexibilité était utilisée au profit de la chasse. En réalité, elle pensait souvent à cette flotte, depuis son déménagement sur l'île. Se contentant de rêvasser à leur vue, elle ne l'avait pas encore confiée aux jumeaux, ni à son amie colocataire… Et encore moins à cette étonnante femme qui envahissait son quotidien.

" Alors ? Tu m'as promise ta prestation, hier. Son interlocutrice écarta les bras, fière comme un paon. J'ai rempli ma part du marché, comme tu peux le voir. " Elle était en effet habillée, à la demande de l'Orine. Il fallait dire que lors de sa première visite, Wakiya n'arrivait pas à rester zen face à la nudité de l'Archontesse ; même si ses longs cheveux roses masquaient les parties les plus intimes.

" Excusez-moi, Sau (Madame) Nakir… "

" La Perverse. " Compléta-t-elle, sans aucune once de gêne. Celui l'amusait bien d'imaginer son titre susurré par la jeune fille. Un jour, elle y arrivera.

Autant le préciser d'emblée : Wakiya n'avait absolument rien compris à son histoire de "perfection". Selon les dires de la divinité, d'autres Archontes jonchaient les Terres du Yin et du Yang, seulement l'Orine ne pourrait ni les voir, ni les entendre. C'était la règle. C'était d'une complicité absolue et la Sunano ne saurait dire si cette dame était vraiment une déesse, mais elle dégageait bien une intense énergie. En plus, Muramasa n'avait même pas réussi à la voir, ni à l'entendre. C'était comme se coltiner son ombre, invisible pour autrui. La Perverse – comme elle adorait se faire appeler – cherchait à améliorer ses talents actuels, en passant notamment par l'Art qui l'intriguait le plus. À cette mention, Wakiya fut bombée d'un regain de confiance : l'intérêt d'autrui pour ses compétences l'encourageait à se surpasser et à faire honneur à cet Art antique.

" Ce mannequin est différent de mes modèles habituels. Concéda l'Orine après l'avoir étudiée sous toutes les coutures. Pourquoi tenez-vous tant à ce que je pratique sur celui-ci ? "

" Oh, tu comprendras. Fais donc. " Le sourire de Nakir, alors qu'elle grignotait des fruits matérialisés par magie, ne lui inspirait que peu confiance. Son regard était aussi perçant que celui d'un serpent.

Son support s'avérait être le mannequin invoqué par le mystérieux conte. Sa carrure ne lui rappelait point celle des filles de Maëlith, cela s'apparentait plutôt à celle d'un homme. En fait, cette silhouette lui rappelait Andrea, l'Orine qui avait insisté pour se faire attacher par ses soins, alors qu'elle n'était qu'une novice un brin hésitante. Réitérer l'expérience lui plairait tant. Si elle fermait les yeux, elle pourrait repenser à lui et appliquer à la lettre le Shibari dont elle avait en tête. Doté de mains et de pieds, le modèle lui offrait beaucoup plus de possibilités que les anciens, plus obsolètes. La Hanatsu inspira et se remémora toutes ses années d'entraînement pour allier magie et habileté, implorant ses ancêtres de la guider sur la voie du Shibari. De ses mains se créèrent des liens en cuir, aussi solides que leur authenticité, leur longueur ne lui offrira malgré tout que peu de combinaison. Avec sa télékinésie, ses nouveaux liens s'enroulèrent autour du mannequin et elle dessina du mieux qu'elle pût le bondage qu'elle eût en tête. Dans son esprit, les réactions d'Andrea lui apparurent, limpides et cohérentes. Lors du nœud final, elle sourit, comblée. L'Archontesse applaudit.

" Bien, bien ! Tu sais donc que cet artefact est lié à Andrea Lim ? "

La Sunano ne capta pas dans l'immédiat. Son rougissement – son embarras quoi – se fit plutôt progressif, accentué par l'amusement de la Perverse.

" Com… Comment ça… "lié" ? " Nakir s'empara du mannequin pour étudier plus en détail l'œuvre de l'Orine.

" Tu peux imaginer que tu viens juste de l'attacher, alors que plusieurs lieux vous séparent l'un de l'autre. N'est-ce pas intéressant ? Elle lui fit un clin d'œil bien appuyé avant de lui murmurer. Il a a-do-ré. "

Wakiya ne sut comment réagir. La véritable question étant : quelle serait la meilleure réaction ? Elle aura au moins plusieurs jours pour y songer avant de le recroiser en chair et en os, ce qui pourrait même ne jamais arriver. Une évidence lui vint tout de même en tête : elle avait besoin de plus de force, comme quand elle s'était démunie face aux muscles plus proéminents de son camarade. Un renforcement, là était la seule solution. Elle pensa alors aux jumeaux.

Quoi qu'il en soit, tous ses efforts lui avaient creusé l'estomac ; elle avait hâte de rejoindre Ren pour déjeuner au village d'Eema !

" Ça t'a excitée de l'apprendre, au moins ? "

La brunette devrait vraiment y aller. Maintenant.

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