Texte par Siruu. Crédits image : Douglas Murakami

Vous n'aurez jamais besoin de dresser le portrait de cette forêt : tous la connaissent. Pour certains, elle est le berceau de la création, le premier lieu à apparaître sous les tracés de Sympan. Cette hypothèse est contestable, mais le simple fait qu’elle existe en dit long sur l’estime que les peuples des Terres portent à cet endroit. En Anatæma, on peut trouver des dizaines de mots intraduisibles, décrivant sous une lumière différente certains des phénomènes prenant racine ici.

La nature y est variée, prenant des formes parfois uniques au monde. Tous ne trouveront pas chaque panorama magnifique, mais l’envergure et l’atmosphère de ce Bastion de Phoebe forcent le respect. Malgré sa diversité, la Forêt possède tout de même quelques végétaux qui font sa réputation. On peut notamment y trouver de nombreuses clochettes, qui donnèrent son nom au lieu. Un proverbe local affirme même que, en cet endroit, il existe pour chaque couleur au moins une clochette qui lui est associée, tant ces fleurs tombantes seraient présentes.

Énormément de merveilles se trouvent ici. Toutefois, il faut bien avouer que s’il existe bien une chose reposante que la Forêt semble avoir du mal à répliquer, il s’agit de l’obscurité totale. Tandis que, en pleine journée, le soleil réussit à laisser passer ses rayons par minces filets apaisants, il sera relayé par la lueur des champignons et lucioles la nuit. En vérité, lorsque l’on découvre cet endroit, notre perception du temps se retrouve légèrement altérée. Puisque la lumière y est constamment tamisée, notre cerveau semble avoir l’impression qu’il s’agit d’un début de soirée et, aidé par la magie ambiante, il se retrouve saisi d’une douce fatigue. Ce phénomène n’est pas systématique, mais on peut s’engager dans La Forêt aux Milles clochettes débordant d’énergie, et en ressortir passablement anesthésié et étrangement comblé.

Tout bon guide indiquera quel chemin suivre. La majorité des sentiers disparaissent rapidement au profit de la nature, mais quelques-uns sont épargnés et demeurent de manière permanente. Ceux-là sont les plus connus, et ceux qu’un visiteur pressé emprunterait en premier. Ne pas suivre les directives est généralement déconseillé : il est facile de se perdre au sein de la végétation. La sylve est dense, et il est arrivé qu’un individu qui comptait rejoindre l’Edleweiss Enneigé erre un certain temps avant de se retrouver à l’orée du Rocher au Clair de Lune. Cela étant dit, tant que la nature n’est pas offensée, il est facile de survivre en ces lieux. Toute la nature semble fonctionner en harmonie : les branches des arbres centenaires comme le lichen paraissent enchantés, et guident les âmes égarées vers les nombreux points d’eau existants.

Si vous demandez à un déchu des renseignements sur ces lieux, sans doute que le nom de Belle Ez’Naremiel vous parviendra aux oreilles. Elle est ici renommée comme la Nymphe de Daletas. Malheureusement pour vous, les locaux sont avares en information, et la plupart ne vous en diront pas plus. C’est que la Cité est des plus discrète, et ses habitants tiennent à préserver leur tranquillité. Si vous connaissez son emplacement ou que vous la découvrez par hasard, tant mieux. Sinon, on estimera que ce n’était pas une grande perte, car dans le cas contraire, la Nature vous aurait subtilement guidé vers l’avant-poste forestier.