Il est aisé de dénicher, dans les vieux parchemins oubliés sur les plus hautes étagères d’une antique bibliothèque, les écrits relatant la genèse des Terres du Yin et du Yang, les légendes de la création du monde et de ses résidents. Même la plus sotte des Fae ou le plus jeune des Bélua serait capable de conter les mythes de Phoebe, la grande architecte de plusieurs espèces qui peuplent aujourd’hui les différents continents ; le premier venu pourrait louer l’œuvre de Sympan et l’infinie complexité de son ouvrage. Néanmoins, ces recueils paraissent omettre l’existence d’une divinité qui s’est effacée du souvenir des Hommes, celle qui a cherché à égaler les Créateurs : Brylan, l’Æther et mère des reptiles et des Dragons. On lui attribue également la maternité d’une très vieille race, qui vivait autrefois dans les plaines brûlantes de Tælora et dont l’on retrouve quelques traces depuis la réapparition de la contrée ; une peuplade à l’apparence brute et sauvage avec le corps recouvert d’écailles froides et des yeux à la pupille verticale.  Les sages et les historiens avancent avec une certaine prudence que le culte de Brylan aurait été bien plus important en des temps immémoriaux, avant de s’effondrer et de sombrer dans un oubli relatif. Pour autant, la Déesse est puissante et elle demeure une figure primordiale aux yeux de certains. Guerrière et sanguinaire, elle est considérée comme neutre malgré ses penchants pour la violence et l’indomptable. Symbolisée par les créatures dont elle est l’origine, ces allégories se mêlent à ses représentations usuelles. Sous le pinceau de l’artiste ou les mots du poète, elle est Brylan aux yeux jaunes, cette belle femme à la plastique sans défaut et aux longs cheveux à la couleur du sang. Souvent, elle porte à la main une hallebarde en argent avec lequel elle repend sa force et sa rage. Quelques peintres esquissent aussi la Déesse sous les traits de ses créations, tel qu’un grand serpent blanc ou un grand dragon rouge. Il reste peu de temples et d’autels dédiés à Brylan, la plupart ayant été détruit au fils du temps, à mesure que son culte s’effaçait des coutumes. Il demeure pourtant un monument aussi colossal que démesuré dans les confins du Royaume d’Aïdoha, à la capitale Adraha car s’il y a bien un empire qui n’a pas oublier de vénérer l’Æther , c’est celui des Dragonniers, pour qui elle est le point central de toute la religion. Fervents défenseurs des traditions d’antan, ils ont conservé les rites barbares et sanglants d’une époque lointaine dont ils sont une dernière incarnation. Déesse éprise de liberté et de furie, Brylan serait celle qui, d’après les Dragonniers eux-mêmes, insufflerait ces grands principes dans l’âme de ses premiers et éternels fidèles, qu’elle remercierait de leur dévouement sans faille à travers le Lien qu’elle permet de tisser entre l’Homme et le Dragon. Le Souverain de la Caste serait par ailleurs son plus prestigieux représentant, celui qu’elle bénit de ses grâces en lui accordant le don de se changer lui-même en l’une des bêtes qu’elle a enfantées.