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 [Q] - Les indomptables | Kaahl

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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

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Priam et Laëth
Mer 21 Oct 2020, 12:27



Artiste et titre inconnus (signature sur l'image)

Les indomptables

Avec Kaahl, Lucius et Hélène


Intrigue : Lucius et Hélène, accompagnés de Kaahl, rencontrent Laëth.

RP précédent : Ingjaard.


« Et il reste dîner ? » - « Je ne sais pas. » - « Hum. » Priam caressa le bois de la table du plat de la main, les yeux rivés dessus. C’était toujours délicat. Il pouvait faire tous les efforts du monde : il avait du mal avec ce Magicien. L’altercation avec leurs parents lui avaient rappelé sa propre haine à l’égard des Mages Blancs. Leurs réactions l’avaient à la fois conforté dans ses opinions et étrangement dérangé. C’était sa conscience qui s’agitait pour souligner le manque de fondements d’une telle répulsion. La leur était moins justifiable encore : elle reposait sur un racisme assumé. La sienne… Il y avait eu des éléments, des faits, des dires qui l’avaient poussé à haïr cet homme que sa sœur aimait. Là où elle semblait avoir tout pardonné ou pouvoir tout expliquer, il doutait, se questionnait et se méfiait. La race de Kaahl n’était, finalement, qu’un critère supplémentaire pour étoffer sa défiance. Pourtant, une part de lui-même savait que c’était une résistance vaine. Il le voyait, dans les yeux verts de sa sœur, quand elle en parlait.

« Bon, on verra. Je dois aller voir Nalim. On a les derniers détails des patrouilles à régler. » Elle acquiesça. « D’ailleurs, est-ce que tu as eu des nouvelles pour les tests concernant la Forme Angélique ? » Il la regarda, puis haussa les épaules. « Pas plus que toi. Arrête de penser à ça, c’est rien. » sourit-il en caressant sa joue, avant de poser sa main sur son épaule. Elle lui sourit, comme pour le rassurer. « Je sais, je me demandais juste. » Apprendre ce dont son frère était capable l’avait ébranlée. D’abord, parce qu’elle ne s’y était pas attendu. Ensuite, parce qu’il n’y avait pas d’autre cas connu. Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi un Ange qui n’avait jamais vraiment voulu en être un ? Des onces d’Envie étaient venues lécher les bords de sa pureté. Elle avait lutté contre. Chaque fois qu’elle les avait renvoyées, l’inquiétude l’avait étreinte : que cela signifiait-il, pour son aîné ? Que lui arriverait-il ? Et à elle ? L’idée que les Élus d’Hel’dra fussent peut-être les premiers piliers d’une longue renaissance avaient effleuré l’esprit des dirigeants. Des tests les attendaient. Et ensuite ?

Elle inspira. « J’essaierai de passer, mais je ne te promets rien, ça va peut-être traîner en longueur. Vous allez rester là ? » La jeune femme haussa les épaules. « Aucune idée. Si on s’en va, je te laisserai un mot pour te dire où on est. » Il opina. « D’accord. À tout à l’heure. » Il l’embrassa sur la tempe, puis quitta la maison. Elle le suivit des yeux, sans savoir si elle espérait qu’il pût se libérer ou que Kaahl restât dîner, afin qu’ils se rencontrassent enfin. Elle appréhendait, surtout depuis qu’ils avaient revus leurs parents, et que Priam n’avait pas su prendre sa défense. L’Ange soupira et passa une main dans ses cheveux, avant de la redescendre sur sa figure. Picasso arriva en miaulant et se frotta contre ses jambes. Elle baissa les yeux vers lui, avant de s’accroupir pour le caresser. « Toi, il va falloir trouver un moyen pour que tu ne croises pas Kaahl. » Elle jeta un regard circulaire à la pièce.

Si le château du Baron ressemblait à une garderie, cette maison s’apparentait sans problème à une animalerie. Oköo dormait, roulé en boule devant la cheminée crépitante, Makao à moitié couché sur lui. Rutabaga jouait dans le jardin avec la chienne de Kagamiko, Guimauve. Son chat devait vadrouiller quelque part. Paddy, le djoqair, était sans doute dans la baignoire, où elle avait élu domicile depuis quelques temps. Zizou ne supportait pas d’être rattaché à un endroit particulier et ne venait que lorsque Priam l’appelait. Les chèvres, les chevaux, l’autruche, le cerfeuil et le bicorne étaient tous à l’écurie ou dans un pré – elle ignorait où son frère les avait placés pour la journée. Quant à Priam le pigeon, elle l’avait envoyé porter une lettre à son maître musicien. L’Ange se massa la nuque. Kaahl devait venir avec certains de ses enfants. Elle ignorait s’ils étaient habitués aux animaux. Sinon, ce serait l’occasion – pourvu que Rutabaga ne décidât pas de les rendre chèvre, que Picasso ne surgît pas dans le dos du Mage ou que Makao n’entrât pas en crise existentielle. Hormis ces quelques éléments qui auraient pu causer un bain de sang, tout irait bien.



Lorsqu’on toqua à la porte, elle finissait de ranger – approximativement – le salon. Des livres traînaient encore sur la table basse et deux manteaux étaient nonchalamment posés sur le dossier d’un fauteuil. Au moins, c’était propre. Une paire de chaussures à la main, elle se dirigea vers l’entrée. Elle déposa sa charge près du porte-manteau, puis ouvrit. Le brun était là, accompagné de deux gamins : un petit garçon aux yeux verts et un bébé aux épais cheveux blonds. Laëth sourit. « Bonjour. » Afin de les laisser passer, elle s’écarta. « Allez-y, entrez. Priam n’est pas là, mais il m’a dit qu’il essaierait de venir. » Oköo avait relevé la tête et mastiquait dans le vide. Les yeux du dragon, encore plissés de sommeil, fixaient les nouveaux arrivants. « Vous allez bien ? » demanda-t-elle en refermant la porte derrière eux. Puis, comme elle se tournait vers Kaahl, elle ajouta : « Encore désolée, pour la dernière fois… C’était un peu compliqué. » À Keizaal, ils auraient pu se revoir. Suite aux retrouvailles mouvementées avec sa famille, elle avait préféré décaler leur prochaine entrevue. L’Ange tendit les bras pour récupérer leurs vestes.



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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mer 21 Oct 2020, 15:44



Les indomptables


« C’est quand qu’elle revient vivre au château, Gustine ? » Lucius s’était arrêté au milieu du salon, après avoir dévalé les escaliers, les bras tendus derrière lui. Je relevai les yeux d’Hélène. J’étais en train de la préparer pour sortir. Comme le temps s’était refroidi, il fallait veiller à couvrir correctement les enfants. Son statut d’Humaine ailée rendait la magie souvent dysfonctionnelle sur elle. Pour éviter les risques, j’avais demandé à un couturier de me faire des vêtements adaptés pour les trois Enfants de Sympan. J’en avais profité pour passer quelques commandes pour chacun des autres bambins. Lucius avait ainsi hérité du haut qu’il portait actuellement, une veste aux manches particulières. Le tissu était cousu de telle façon qu’une fois qu’il avait les bras tendus, des ailes de dragon apparaissaient. Ça lui plaisait tellement que j’avais du mal à le convaincre de quitter l’habit. Depuis, il courait partout, arguant qu’il allait dévorer les méchant et leur cracher du feu dessus ! Sans doute devais-je commencer à trembler. « Je ne sais pas. Pour le moment, elle préfère rester à Boraür. » « Pourquoi ? » « Parce qu’elle a eu peur la dernière fois. » Et aussi parce que j’étais convaincu qu’elle était la cible de la malédiction. « Bon… Mais au moins on va la voir souvent ! » « Oui. » J’avais mis en place un roulement. Le fait que mes enfants vivent majoritairement sur l’île me plaisait. Il n’y avait aucun danger sur cette dernière. Néanmoins, Lucius irait sans doute beaucoup moins dans les semaines à venir. Je voulais l’écarter des Mages Blancs, comme j’allais l’entreprendre avec Érasme pour les Sorciers. Leur Destin aurait tout le temps de s’accomplir ultérieurement. « C’est quand qu’on y va ? » « Tu as tes chaussures ? » Il regarda ses pieds et fit non de la tête. « Alors on ne peut pas y aller. » dis-je. Il fila les mettre. Je l’observai, tout en hissant Hélène dans mes bras. « Tu es sûr que tu as tout ? » « J’ai… mes chaussures, ma veste, mon caleçon. » « C'est très important, ça. » « Oui ! » « Est-ce que tu as ta tête au moins ? » Il sourit et prit son crâne entre ses mains. « Ça a l’air bon ! » dit-il, en riant soudainement. Je lui souris. « Alors on peut y aller. » « Trop bien ! J’ai trop envie de voir Laëth ! » Lucius s’approcha de moi et prit la main d’Hélène. « Toi aussi, hein ? » Si elle nota la présence de son frère, elle n’émit aucun son particulier. Au lieu de quoi, elle fronça les sourcils. « Elle est vraiment drôle, Hélène. » commenta Lucius, sans prendre ombrage de l’expression.

« Et donc c’est une Fae qui… Oh, papa, tu crois que c’est là ? » « Oui, c’est ici. » « Viens, frappe ! » « Oui oui. » « Tu crois qu’il y aura Priam ? » « Peut-être. » « J’aimerais trop le rencontrer ! Tu crois qu’il voudrait bien faire un bonhomme de neige avec moi ? » L’engouement de mon fils pour le frère de Laëth m’étonna mais je ne posai aucune question, me contentant de frapper.

Aussitôt la porte ouverte, Lucius s’engouffra dans la maison après un bref bonjour. Je grimaçai, en le voyant courir partout, les bras tendus dans le dos. « Lucius. » dis-je, calmement, avant de reporter mon attention sur Laëth. « C’est trop bien ici ! » s’écria-t-il de l’intérieur. « Excuse-le, il était tout excité à l’idée de te rencontrer et il doit essayer de t’impressionner. Fais-lui un compliment sur sa veste et il ne voudra sans doute plus jamais te quitter. » « Un dragoonnnnn ! Un vrai dragon ! » Je me demandai où était passé le petit garçon timide qu’il était lorsqu’il était bébé. « Je crois qu’on va bien oui. » dis-je, en rigolant. Vu les cris poussés par Lucius, ça ne faisait aucun doute. Hélène venait juste de se réveiller. Le trajet l’avait endormie. « Ce n’est pas grave. » Je n’étais pas certain de vouloir remettre la Couronne du Milieu en présence de Laëth. Le Réprouvé était direct et brutal. « Est-ce que tu as enlevé tes chaussures, Lucius ? » « Euh… O… Non. » « Viens enlever tes chaussures. » « Oui d’accord. » dit-il, en trottinant jusqu’à nous. « Mais il y a un vrai dragon sur le canapé ! » Ses yeux illustraient son excitation. « Les chaussures d’abord, le dragon après. » dis-je, en le regardant s’exécuter. J’enlevai les miennes également, jetant un œil à l’intérieur. C’était plus petit que chez moi. Il se dégageait de l’endroit une ambiance qui devait appartenir à leur enfance dans les champs de blé. C’était confortable. « Dis bonjour correctement maintenant. » Lucius me regarda un instant avant d’oser regarder Laëth. Il serra ses lèvres et se tortilla un peu. « Lucius, elle ne va pas te manger. » « Bonjour Laëth. Je m’appelle Lucius. Tu veux voir mes ailes de dragon ? » « Elle les regardera après. Tu peux retourner voir le vrai dragon si tu veux. » « Chouette ! » Il repartit comme il était venu. « Tu vas bien ? » questionnai-je. « Depuis quand est-ce que tu as un dragon ? » Si j’imaginais la bête petite et inoffensive, c’était tout de même étonnant. On ne m’avait pas rapporté la présence de l’animal. « Il a bougé la tête ! » déclara Lucius, avec une intonation propre aux enfants. Je souris. « J’aimerais bien réussir à croiser Priam un jour. Je vais finir par croire qu’il me fuit. » Le plus tard serait le mieux. « Tu peux la tenir le temps que j’enlève mon manteau, s’il te plaît ? » dis-je, en lui tendant Hélène. « Normalement elle devrait commencer à marcher mais ses ailes sont trop lourdes. »

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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Mer 21 Oct 2020, 23:57



Artiste et titre inconnus (signature sur l'image)

Les indomptables

Avec Kaahl, Lucius et Hélène



Le sourire de Laëth en disait long sur ce qu’elle pensait de l’attitude de Lucius : l’amusement dévoilait toutes ses dents. Son élan l’avait surprise parce qu’il était inattendu, mais sa vitalité la réjouissait. Toutefois, elle tenta de reprendre son sérieux lorsque Kaahl exerça son rôle de père. « Il s’appelle Oköo. » précisa-t-elle en le regardant retirer ses chaussures aussi vite que si la semelle lui avait brûlé les plantes de pied. La réplique du Mage la fit sourire. Si elle avait senti l’enfant plus à l’aise, elle aurait sans doute démenti ses propos et affirmé qu’elle mangeait des petits garçons pour le petit-déjeuner. « Enchantée, Lucius. » Avant qu’elle pût donner son assentiment pour voir ses ailes, le gamin était reparti en courant vers le petit dragon. L’Ange les observa de loin. À sa connaissance, Oköo n’avait pas eu l’occasion de rencontrer beaucoup d’enfants. Toutefois, il ne parut pas décontenancé par l’enthousiasme du Magicien. Makao, en percevant l’agitation, s’était éclipsé pour finir sa sieste dans un endroit plus calme – ce qui était presque un soulagement. Le reptile blanc, d’une trentaine de centimètres de haut, se remit sur ses pattes. Il étira son dos et ses ailes, le cou tendu vers Lucius. Un long bâillement dévoila des rangées de crocs bien aiguisés. Puis, il s’assit et pencha la tête sur le côté, visiblement curieux.

La jeune femme pivota vers le Baron, qui tenait sa fille entre les bras. Elle l’avait déjà vu entouré d’enfants, mais à l’époque, ils ne partageaient pas la même intimité. Présentement, l’effet était étrange. « Off, depuis un petit bout de temps, maintenant. C’était avant la Coupe des Nations chez les Sorciers. » précisa-t-elle. Il était apparu à un moment où elle essayait tant bien que mal d’écrire une lettre à Gustine. Elle n’avait jamais réussi à la terminer. Les papiers qui jonchaient alors le sol avaient attiré l’animal. Le temps de quelques heures, il avait apaisé son cœur maltraité par ses peurs. Désireuse de chasser de ses pensées ces moments désagréables, elle se tourna vers le dragon. « C’est un Bouffe-Lettres, c’est inoffensif. Et puis, c’est encore un bébé. Il ne devrait pas manger ton fils. » L’Immaculée sourit, taquine. La bête avait sauté en bas du canapé et tournait autour de l’enfant, inquisitrice. Après quelques secondes, elle s’envola pour tournoyer au-dessus de sa tête, toujours aussi observatrice.

À nouveau, elle se détourna pour faire face à Kaahl. « Non, il… » Un trouble passa dans ses yeux, avant que ses prunelles ne captassent son sourire. Elle pinça les lèvres, avant de reprendre avec plus de sérénité : « Il avait rendez-vous avec son mentor, Nalim. Les affaires sont les affaires, impossible d’y échapper… Euh, oui, bien sûr. » Elle attrapa l’enfant sous les aisselles puis la cala contre elle. Elle n’avait pas tenu de bambin dans ses bras depuis une éternité. La dernière fois, ce devait être à Lumnaar’Yuvon. Elle ne s’en rappelait même pas. Sa main centrée dans le dos de l’Humaine, elle craignait presque de lui faire mal. Elle n’osait pas bouger de trop. Ses ailes étaient encombrantes, pas seulement pour elle mais aussi quand on la portait. Elles tombaient disgracieusement entre ses omoplates. « Ah oui, j’ai entendu dire que les enfants de Väaramar… » De Jun, donc, probablement. Elle cligna des yeux, comme si elle venait juste de le réaliser. Savait-il, lui ? « J’ai entendu dire que leur développement était un peu particulier. » Elle glissa un coup d’œil curieux aux deux membranes. « On dirait vraiment des ailes d’Ange. » Elle releva la tête vers Kaahl. « Tu en as adopté trois, c’est ça ? Sjar, Asîlah et Hélène ? Et elle, c’est Hélène ? » Elle se décala un peu pour mieux observer la gamine. Deux grands yeux bleu pâle éclairaient son visage poupon. Ils fixaient avec admiration les cheveux de Laëth, dans lesquels s’étaient perdues ses petites mains potelées. Elle lui sourit, puis décolla précautionneusement une paume pour lui toucher le bout du nez de l’index, ce qui parut interloquer l’enfant.

Lorsque son père eut retiré son manteau, elle la lui rendit. « Et alors, c’est pareil pour les trois ? Aucun ne marche ? Pas d’exception miraculeuse ? » Son regard bondit jusqu’à Lucius. « Tu me diras, tu dois déjà assez courir avec celui-ci. » Elle lui sourit. « Je ne sais pas pourquoi, je pensais que tu avais surtout adopté des bébés. Il vient de l’orphelinat où on est allés ? » Tout en lui parlant, elle se dirigeait vers la cuisine. « J’ai acheté de quoi faire un goûter, si jamais vous avez faim. J’ai pris de la brioche, du jus de pomme, et quelques bonbons. » Elle était partie pour n’acheter que les deux premiers éléments mais, parvenue devant l’étale de sucreries, elle avait songé qu’elles feraient plaisir aux enfants, et sans doute aussi à leur père. Au Fessetival, il en avait ramené des tonnes – et ils ne les avaient même pas mangées. « D’ailleurs, Priam me demandait si vous restiez dîner, ce soir ? » demanda-t-elle, avec une trace d’appréhension dans la voix, bien malgré elle. « Si tu veux vraiment le voir, je pense que c’est le meilleur moyen. » Elle eut un sourire motivé par le malaise que l’idée d’une rencontre entre les deux hommes provoquait chez elle. Pourtant, il faudrait bien que cela arrivât un jour. Ça avait failli, au Fessetival, et ça aurait pu, à Keizaal. Tout bien considéré, mieux valait qu’elle fût présente et préparée. Peut-être que le fait que des enfants fussent là s’avérerait bénéfique : a priori, cela prévenait tout débordement. « Hum, je te sers un thé ? Ou autre chose ? » Se décalant légèrement sur le côté pour avoir le petit Magicien en visuel, elle l’interpella : « Lucius ? Tu veux boire quelque chose ? »



Message II – 978 mots




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Dim 01 Nov 2020, 14:48



Les indomptables


« Si j’étais toi, j’aurais plus peur que ce soit mon fils qui mange Oköo… » Vu comment Lucius le dévorait des yeux, ça ne paraissait pas si improbable. Je souris. Au moins, il savait ce qu’il voulait. « Je vois. » dis-je, en enlevant ma veste. Mon regard remonta jusqu’à Laëth qui tenait l’enfant. Mon sourire s’agrandit et je manquai de rire devant le spectacle qu’elle offrait. Elle n’avait pas l’habitude et ça se voyait. J’aurais pu la taquiner sur sa façon de tenir l’enfant mais je n’en fis rien, répondant simplement à ses questions. « Oui, c’est Hélène. » Je baissai un peu la voix. « Ses parents ont connu le même sort que les mères de Sjar durant la tempête. » J’évitais d’en parler devant Gustine. Le sujet était toujours douloureux. Je ne connaissais que très peu les personnes en question mais ce n’était pas son cas. Pauline en souffrait également. Le fait que tout ceci fût ma faute ne faisait que rajouter une couche supplémentaire aux remords qui me mordaient l’échine. Le traumatisme d’Eméliana me taraudait l’esprit aussi. Le tout était lié. Il fallait que je me rendisse à Basphel. Elle m’inquiétait. « Et puis... outre les événements dramatiques, je me suis dit qu’ils seraient mieux tous les trois. Ce sera plus évident pour eux lorsqu’ils grandiront. Si Asîlah était restée seule, je pense qu’elle se serait posée beaucoup de questions. Même si ces enfants sont présumés être ceux d’un Dieu, j’imagine que ça ne protège pas de tout. » La différence provoquait souvent le rejet. Je doutais que les Magiciens fussent si cruels mais les enfants pouvaient l’être entre eux, parfois sans le vouloir. « Non ils ne marchent pas. Le poids de leurs ailes est trop important. » répondis-je. « Ils n’arrivent pas ni à s’en servir ni à se redresser correctement. » Je souris néanmoins. « Mais je pense qu’avec un peu plus de renforcement musculaire, ça finira par venir. Peut-être même qu’ils pourront voler avec leurs ailes un jour. » Ce n’était pas exclu. Sinon, pourquoi Väaramar aurait-il pourvu ces Humains d’ailes ? Juste pour qu’ils pussent ressembler aux Anges ? Pour se fondre dans la masse ? Il aurait été plus judicieux de les pourvoir d’un Ma’Ahid faible dans ce cas. Sjar et Asîlah en avaient déjà une bonne dose.

Mes yeux se posèrent sur Lucius qui continuait de courir partout, en essayant d’entraîner le dragon dans ses jeux. Il allait s’épuiser en dix minutes et tomber endormi sur le canapé s’il ne cessait pas vite. Je souris. « Oui. Il a beaucoup d’énergie. » Surtout pour ce qui concernait les dragons et les autres. Il adorait jouer à des jeux où il était un dragon et où il venait en aide à autrui. Il n’y avait aucun doute sur son alignement. Le bien coulait dans ses veines. Le mal en avait été banni. À la question sur sa provenance, mes iris remontèrent vers le visage de l’Ange. « Je l’ai eu bébé, oui, mais sa croissance est rapide. Je ne sais pas comment me positionner vis-à-vis de ça. J’aimerais pouvoir ralentir le processus, même s’il semble se réguler de lui-même parfois. C’est un peu comme s’il y avait des paliers. Le problème c’est que je crains qu’il ne puisse tout assimiler s’il pousse de cinq centimètres toutes les deux semaines. À ce rythme-là, il sera peut-être adulte la prochaine fois que tu le verras. » Ce n'était pas improbable. « En fait, j’espère le garder comme ça aussi longtemps que possible. » Je ramenai mon attention sur lui. « Comme je voyage beaucoup et que lui aussi, le temps me semble toujours passer trop vite le concernant. » J’avais le même problème avec Érasme. « C’est un enfant spécial. » dis-je, en suivant l’Ange dans la cuisine. « Je ne l’ai pas eu à l’orphelinat. C’est sa mère qui me l’a confié avant de disparaître dans la nature. » Je grimaçai, plus à cause du souvenir de nos ébats qu’à cause de son comportement. C’était une sorte de tradition chez les Oracles visiblement, l’abandon.

« Un goûter ? C’est une bonne idée. Ça pourra donner à Oköo l’occasion de se débarrasser de Lucius quelques minutes. » Parce que le Magicien ne le lâchait plus d’une semelle. Je ne répondis pas tout de suite pour le dîner, me contentant d’indiquer que j’allais y réfléchir. « Un thé oui, je veux bien. Merci. » L’enfant, lui, releva la tête un moment. Comme il allait continuer son activité, j’intervins. « Lucius ? » « Oui ? » « Laëth t’a demandé si tu voulais boire quelque chose. » « Oui mais… » « Il ne va pas s’envoler. » Il sembla réfléchir, ses yeux se promenant du dragon à nous deux. « Hum… C’est vrai ? Qu’il ne va pas partir ? » « Oui. » « Bon… Alors je veux bien boire. » « Du jus de pomme, ça te va ? » « Oui ! » dit-il en trottinant jusqu’à nous. « J’adore le jus de pommes. Tu le savais ? » demanda-t-il à Laëth, après avoir atterri contre ses jambes et levé le visage vers elle. Mes enfants répondaient bien souvent à l’adjectif « collant » sans aucun souci. « Tu sais quoi ? Quand je serai grand j’aurai plein de dragon et Hélène elle viendra voler avec moi ! » continua-t-il. « Papa aussi ! Oh mais toi tu es une Ange, hein ? Tu peux voler ! Tu viendras, dis ? Avec le dragon là-bas ? » « Il s’appelle Oköo. » dis-je. « Oköo ? C’est trop bien comme nom ! » Il reprit à peine son souffle. « Si tu es une Ange, ça veut dire que tu aides les autres ? Moi aussi je veux aider les autres ! Parce que je suis trop triste quand je vois que les autres sont tristes. Une fois, y a une de mes amies qui est tombée dans le jardin et puis ça a égratigné son genou ! Alors elle s’est mise à pleurer et moi aussi après j’ai pleuré ! Mais quand je serai grand je ne pleurerai plus et puis je ferai de la magie pour soigner les bobos ! » Je pinçai mes lèvres, pour ne pas rire. « T’as vu ma veste de dragon ? » « Pour le dîner… J’imagine que ça dépendra de ton état de fatigue à ce moment-là. » lui fis-je remarquer avec un grand sourire. Je repris mon sérieux juste après. « En réalité, ça dépend surtout de si tu veux que je reste, de si tu penses que c’est le bon moment ou non. Je sais que Priam ne me porte pas spécialement dans son cœur. Ça ne me dérange pas, tu sais. Je comprends qu’il puisse avoir des aprioris. » Je remontai légèrement Hélène dans mes bras. « Comment ça s’est passé à Keizaal, au fait ? » « Vous allez vous marier un jour ? » intervint Lucius, trouvant sans doute que la conversation était bien trop sérieuse. « Désolé. » murmurai-je à l’attention de l’Aile d’Acier, non sans un sourire amusé.

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Mar 03 Nov 2020, 11:26



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Les indomptables

Avec Kaahl, Lucius et Hélène



Laëth acquiesça doucement. L’histoire de Sjar et Hélène la peinait. Leur condition, à l’instar de celle d’Asîlah, ne serait certainement pas aisée à vivre au quotidien. Couplée à ce qu’il leur était arrivé… Ses iris verts détaillèrent le visage poupon de l’enfant, avant de remonter vers celui de Kaahl. « Ils ont de la chance de t’avoir. » Elle lui sourit. Tous les doutes du monde pouvaient proliférer au sujet du Mage. Ce qu’elle avait appris, ce qu’on lui avait révélé et ce qu’on ne lui disait pas avait créé une toile floutée, comme une aquarelle laissée sous la pluie et le vent d’automne. Seules quelques certitudes persistaient, soit qu’elles fussent des vérités, soit que l’Ange voulût trop y croire pour les envisager comme des mensonges. Il existait des fondements qui n’avaient pas le droit de s’écrouler. Kaahl aimait ses enfants et il déployait des trésors de générosité et d’empathie pour s’en occuper le mieux possible. Elle le lisait dans ses yeux, elle le voyait dans ses gestes à leur encontre. Elle y reconnaissait parfois l’empreinte de ses propres parents, durant les jours heureux. Il était là pour ces Humains, dont le Ma’Ahid le pénaliserait sans doute. Il était là quand leur père ne l’était pas, tel un véritable membre de leur famille. Comme elle resongeait à Jun et aux dernières minutes de leur entrevue, elle baissa les yeux. Les certitudes ne se raccrochaient pas qu’au Mage. « J’espère pour eux, vraiment. » Elle releva la tête en clignant doucement des paupières, et lui sourit à nouveau.

Oköo se prêtait étonnamment bien aux jeux de l’enfant. S’il n’était pas méchant, il faisait parfois preuve d’une réserve farouche. Au contact de Lucius, elle paraissait n’avoir jamais existé. L’Ange les observait, sans cesser d’écouter son amant. « Un peu comme les Kiir’Sahqon, en somme ? » Une croissance accélérée, qui pouvait fonctionner par paliers. « C’est vrai que ça fait bizarre, quand tu ne les vois pas quelques mois et que pouf ! ils ont pris cinq ans d’un coup. On finit par s’y habituer. Je ne savais pas que ça existait aussi chez les Magiciens, d’ailleurs. » Son regard s’éclaira de curiosité. Puis, celle-ci fut engloutie par une compassion dévorante. « Ah… » Elle dévisagea le brun quelques secondes, tandis qu’elle posait de quoi manger sur la table de la cuisine. « J’imagine que tu la connaissais, sa mère ? » L’Ailée pivota pour ouvrir le placard des thés. Elle en sortit deux boîtes en bois. Des arabesques recouvraient le dessus, et l’intérieur de chacune était découpé en compartiments où reposait le thé en vrac. « Je te laisse choisir. » fit-elle, avant de se tourner pour faire chauffer de l’eau, tandis que le père rappelait l’enfant à l’ordre.

Les réactions de Lucius l’amusaient, bien qu’elle essayât de s’en cacher – elle ne voulait pas amoindrir les efforts de Kaahl en matière d’éducation. Lorsqu’il s’approcha, elle laissa s’exprimer le sourire qu’elle retenait. Juste une seconde, car le contact soudain du petit garçon la surprit tant qu’elle s’en trouva dépourvue. « Non, je… je ne savais pas. » Avec les enfants, il n’y avait pas de place pour la gêne. Ils agissaient avec une impulsivité rafraîchie par l’innocence. Une lueur pétillante s’arrima aux prunelles de la brune. « C’est vrai ? Tu vas voler à dos de dragon, toi aussi, Hélène ? » La gamine gazouilla quelque chose et poussa un petit cri enjoué, qui tira un rire bref à Laëth. Après cela, parler devint plus difficile, car l’enthousiasme du jeune Mage Blanc lui conférait une volubilité apparemment intarissable. L’Immaculée se contentait de sourire ou d’acquiescer, en fonction de ses propos. C’était un gamin au grand cœur. Elle pouvait le sentir. Il avait cet éclat particulier, celui des êtres infiniment bons et altruistes. Aucun filtre ne venait le ternir, le masquer ou l’ensevelir sous des parures trompeuses. Aucune douleur n’assombrissait sa lumière. Le temps d’un instant, elle songea qu’il aurait la force de faire de ses peines des flambeaux pour retrouver son chemin dans la pénombre. Ce qu’elle doutait tant de pouvoir réussir, elle fut inexplicablement certaine que lui y parviendrait. « Elles sont superbes ! » Elle sourit. « Je suis sûre que grâce à elles, tu peux voler très vite au secours des autres. » Ses mains se posèrent sur les épaules de l’enfant. C’était facile. Il lui fallait juste se laisser porter par sa bienveillance naturelle. « C’est pour ça que nous, les Anges, en avons. » Elle lui fit un clin d’œil, avant de regarder son père.

Elle lui sourit, avant d’adopter à son tour plus de sérieux. « Je ne sais pas… » Elle passa ses doigts dans les cheveux du petit brun, avant de s’en détacher pour prendre une bouteille de jus de pomme et des verres. « Vous allez forcément finir par vous rencontrer, et je me dis que c’est sans doute mieux si c’est dans un cadre privé. » Elle avait repensé au Fessetival, souvent. « Et si je suis là aussi, peut-être. » Elle se tourna pour poser tout ce qu’elle tenait sur la table. Elle s’apprêtait à lui demander ce qu’il en pensait, lorsqu’il amena un autre sujet fâcheux. Elle eut à peine le temps de grimacer : la question de Lucius la figea de surprise. Elle cligna des paupières et regarda tour à tour ses invités. Puis, avec douceur, un sourire se dessina sur ses lèvres. « Pourquoi ? Tu as une idée de cérémonie qui implique des dragons ? » Elle débouchonna le jus de pomme et servit un verre au petit garçon. Elle accorda une œillade à Kaahl. Ils avaient déjà parlé du mariage. Dans sa lettre, elle lui avait posé des questions à ce sujet. Il n’avait pas répondu, et ensuite… ensuite, trop d’événements s’étaient déroulés. « Tiens. » dit-elle en poussant le verre en direction de l’enfant. L’eau ayant fini de chauffer, elle la versa dans des tasses, en déplaça une vers Kaahl, puis s’assit. Elle piocha un bonbon dans un bol.

Keizaal. Les souvenirs des derniers jours suscitaient des émotions variées ; déception, regrets, remords, culpabilité, colère, tristesse. Elle fixait son thé comme si elle les y voyait flotter. « Justement, à Keizaal… » L’Ange fronça le nez et se redressa. « J’ai vu mes parents. » Elle ne lui avait jamais parlé d’eux. Elle n’en parlait pas. « Et j’ai découvert que j’avais un petit frère. Un Kiir’Sahqon. » précisa-t-elle. « Apparemment, je l’avais déjà vu, pendant l’Odon do Dur… Drôle de coïncidence, hein ? » Son regard coula vers Lucius puis bondit jusqu’à Hélène, qui tendait les bras vers la nourriture. Devant les enfants, elle s’efforçait à faire preuve de plus de contrôle. Pourtant, elle aurait voulu pouvoir être à la place de la petite fille, se blottir dans les bras du Mage, et rester là, ne rien dire, juste sentir cette étreinte et se laisser bercer par l’amour qui s’en dégageait. « Ils ont appris ton existence, au passage. Je suppose que tu n’as pas besoin de dessin pour imaginer leur réaction. » Elle fit tourner sa tasse entre ses doigts. Les Réprouvés étaient racistes. Ceux de Lumnaar’Yuvon, encore plus. Un sourire, de ces faux sourires que l’on sert pour garder la face, glissa sur sa bouche. « Je crois que si on se marie, il faudra beaucoup de dragons pour garder l’entrée de la salle. » ajouta-t-elle, dans une touche d’humour visant à détendre l’atmosphère – ou au moins son ambiance intérieure. « D’ailleurs… Rien à voir, mais, je me suis donc découvert un frère, et sans doute une espèce de cousin, ou quelqu’un qui se fait passer pour. » Ses iris scrutèrent le visage de Kaahl. « Kaazin Belegad. Mon père le cherche activement, et d’après la description qu’il m’en a fait, je crois bien que je l’ai vu, à Keizaal, et qu’en fait, je le connais bien. » Sans les enfants, elle aurait pu lui poser la question de front. Devant eux, elle ne préférait pas. « Je vais finir par croire que les coïncidences n’existent pas. » Ces derniers temps, elle se demandait souvent si tout arrivait pour une raison. Si tout avait un sens. Cela rendait-il l’existence plus supportable, et les événements plus acceptables ?



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Kaahl Paiberym
Ven 06 Nov 2020, 11:27



Les indomptables


« Exactement comme les Kiir’Sahqon. » C’était le même processus. Cependant, là où les Mages avaient une espérance de vie d’un siècle, les Réprouvés avaient reçu don de l’éternité. Je savais parfaitement que mes enfants, en grandissant, deviendraient adultes et se rapprocheraient lentement mais surement de la mort. Leurs traits se rideraient alors que les miens resteraient intacts. « Heureusement que je ne vieillis pas. » murmurai-je, pensif. Il y avait bien des avantages à la vieillesse. Malheureusement, là où l’esprit avait vécu et était riche d’expériences multiples, le corps, lui, avait du mal à suivre. La magie maintenait le cerveau des anciens en état, en le préservant de nombreuses maladies. C’était le cas aussi des douleurs physiques, chez les Magiciens du moins. Pourtant, à un moment, la mort advenait forcément. Il fallait l’accepter. Beaucoup l’ignoraient mais elle n’était qu’une étape vers un état infini. Il n’y avait aucune délivrance. Sympan nous avait comme piégé dans un cycle sans fin. Ça ne changeait rien au fait que l’Ange sortait actuellement avec un vieillard. Je serais déjà mort si je n’avais pas eu une magie performante et… était-ce une sorte de cadeau du Temps lui-même ? À y réfléchir, peut-être. « Oui, c’est ça. » C’était étrange, comme s’il s’agissait de moments volés. Pourtant, que cela fût avec les enfants des Oracles ou les autres, mes déplacements fréquents ne dataient pas d’hier. Je savais que je raterais des moments importants de leur vie avant même de les avoir adoptés. « Sa mère est une femme que je n’arrive pas à comprendre mais je la connais, oui. » Ou, plutôt, je connaissais quelques versions d’elle. Elle était la mère de Devaraj et l’Æther de la Vie. Peut-être n’était-ce plus le cas. Jun avait demandé au Chaman de la tuer mais je l’avais aperçue au Fessetival. Elle allait devenir ma femme. La complexité de sa vie me plaisait, parce qu’elle était plus importante que la mienne. « Merci. » dis-je, en approchant mes doigts de la boîte. Je les fis courir sur les différents paquets, tout en tenant Hélène de l’autre bras. J’adorais voir les enfants s’éveiller au monde. Ils étaient curieux.  

« Ce serait trop bien s’il y avait des dragons à votre mariage ! » L’idée lui avait plu directement. Je souris. « Tu ne sais pas ce que tu viens de provoquer. » Il allait en parler pendant mille ans. En rentrant, il dessinerait sans doute le mariage en question et me harcèlerait de questions à ce sujet. « Merci ! » clama Lucius quand il obtint son jus de pomme. Il but, en faisant du bruit. Il me lança un regard, décolla ses lèvres du verre et sourit, l’air de dire qu’il savait que je n’aimais pas quand il faisait ça et qu’il ne le referait plus. « Tu crois que je ne te vois pas ? » lui dis-je. Il se mit à rire. Parfois, il faisait exprès, peut-être pour attirer l’attention ou pour vérifier que j’étais constant dans ma façon de lui inculquer les grands principes de savoir-vivre. « Tu peux repartir voir Oköo si tu veux. » Il ne se fit pas prier.

« Tu as peur que Priam et moi nous battions ? » J’étais resté silencieux, plus tôt. À présent, un sourire étirait mes lèvres. Il disparut lorsqu’elle redevint plus sérieuse. Je m’assis à mon tour et posai Hélène sur mes genoux. Je maintins ses ailes par télékinésie et leur fis faire de légers mouvements, afin de les dégourdir un peu. « Je vois. Ça a dû te surprendre. » Je savais que les relations entre Laëth et ses parents étaient compliquées. Je l’avais observée essayer de leur écrire une lettre. En y réfléchissant, peut-être était-ce à cette occasion que le dragon était apparu dans sa vie, pour faire disparaître les lignes raturées et floutées par ses larmes. Je relevai les yeux lorsqu’elle parla de mariage avec humour. « Les dragons ne suffiront pas à effrayer des Réprouvés. Il faudrait que les Zaahin eux-mêmes gardent l’endroit et soutiennent notre union. » Je souris. « Le mieux serait de se marier en secret. » Je piquai une sucrerie, la mis dans ma bouche et sortis la boule à thé de ma tasse. Le liquide fumant sentait le pain d’épice et l’orange. Je mis l’objet sous le nez d’Hélène afin qu’elle s’habituât aux odeurs. Les volutes de fumée furent sa principale source de préoccupation. « Ah oui ? » questionnai-je, faussement intrigué, un sourire mutin sur les lèvres. « J’ai entendu dire qu’il avait des doigts habiles. » Mon amusement était réel, même si mon caractère, en tant que Réprouvé, était difficilement gérable. J’avais des envies charnelles plus affirmées. Cependant, et curieusement, j’étais plus tenable en Bipolaire qu’en Déchu. Je n’avais néanmoins pas pu expérimenter toutes les facettes de la race et étais certain d’avoir quelques surprises à l’avenir. « Je me demande si ce serait une bonne idée qu’il rencontre tes parents. » Après seulement quelques secondes de silence, je la regardai. « Laëth ? Tu as un endroit où je pourrais coucher les enfants ? Si on doit rester dîner, il vaut mieux qu’ils dorment un peu, surtout Lucius. Il n’a pas arrêté de courir partout toute la journée et s’il ne dort pas, il va atteindre un degré d’excitation et de fatigue qui ne se marieront pas bien ensemble. » J’effleurai l’Ange avec mon index. « Et puis j’ai envie d’être seul avec toi. » Ce serait idéal. Nous aurions la liberté de nos mouvements, tout en pouvant parler mais sans aucune possibilité d’élever la voix. « J’aimerais te serrer contre moi. » confiai-je. Lucius, contrairement à Worr’Eph, ne ferait probablement pas de commentaires particuliers. Ça le ferait sourire et il s’occuperait tout seul, en nous laissant de l'intimité. « Ce n'est pas au dîner que je pourrai t'enlacer. » Même si la réaction de Priam vaudrait probablement tout l'or du monde.

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Priam et Laëth
Ven 13 Nov 2020, 15:18



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Les indomptables

Avec Kaahl, Lucius et Hélène



« Ça m’a... oui. Surprise. » Elle fronça le nez. « J’aurais aimé qu’ils nous le disent, en fait. » Elle baissa les yeux sur son thé, songeuse. Difficile d’exiger quoi que ce fût quand on cachait soi-même bien des choses ; pourtant, même cette pensée ne suffisait pas à atténuer le sentiment de trahison. La suite de la discussion ramena le sourire à ses lèvres. « En secret, hein ? Tu tiens vraiment à donner de la matière aux commères. » le taquina-t-elle. En vérité, Lumnaar’Yuvon évoluait si bien coupée du monde qu’il faudrait probablement des mois avant que ses parents ne fussent au courant d’une quelconque union. À moins que Priam ne les avertît, mais elle était à peu près sûre qu’il n’en ferait rien. Il avait ses défauts, cependant, il savait garder un secret – car elle excluait toute réalité où il aurait pu ne pas être dans la confidence. Elle remonta ses iris sur Hélène. Son sourire retrouva de l’éclat devant la mine enjouée de l’enfant, qui respirait la tasse fumante de son père adoptif.

« De vrais doigts de pianiste, oui. » répondit-elle sur le même ton. C’était donc bien lui. « Kaazin... Sacré prénom. Je serais presque tentée de te surnommer comme ça. C’est mignon, non, « chaton » ? » Elle rit, amusée par ses propres bêtises. L’occasion était trop belle. Il tendait vraiment le bâton pour se faire battre. « Je ne sais pas trop. Ça dépend de ce qu’il leur dit. S’il raconte ce qu’il fait aux filles dans des ruelles sombres, et à quelle fille exactement, je ne suis pas sûre que ça se passe bien pour lui. » Elle lui sourit. Plus elle repensait à la façon dont il l’avait prise, plus elle se disait que ce comportement avait été trop spontané et libéré pour qu’il fût pleinement le sien, et plus elle envisageait qu’il eût trouvé un artefact capable de le changer en Manichéen. Elle avait trop côtoyé ce peuple pour ne pas en discerner les pulsions. C’était bizarre. Un peu comme si elle s’était laissée toucher par son jumeau bipolaire. Et ça posait d’autres questions, bien plus profondes. Pourquoi posséder un tel pouvoir ? Elle n’avait pas la prétention de songer que c’était simplement pour elle et sa famille. C’était… « Un endroit où les coucher ? » L’Ange se redressa, tirée de ses pensées. « Oui, bien sûr. Il y a une chambre d’amis. Je vais te montrer ! Tu pourras visiter, comme ça. » ajouta-t-elle en commençant à se lever. Le toucher de son index suspendit son mouvement. Elle baissa les iris dessus, avant de les remonter vers le Mage. Un sourire franc étira ses lèvres, tandis qu’elle faisait remonter ses doigts sur le dos de sa main. « Tu pourras toujours essayer, mais tu risques de te retrouver avec une fourchette plantée dans le bras. »



Peu avant l’heure du dîner, ils revinrent du centre-ville. Ils y avaient passé la fin de leur après-midi, après s’être enlacés comme s’ils ne s’étaient pas vus depuis des années. Laëth marchait tout près de lui. Son bras frôlait le sien, mais elle n’avait pas glissé sa main dans la sienne. Elle serrait contre elle les présents qu’elle avait tenu à acheter aux enfants. Elle avait pris pour Lucius un jouet ayant la forme d’un dragon. À l’aide de magie et de mécanique, il pouvait voler, rugir et cracher une flammèche en tissu. Son bois était peint de couleurs chamarrées. Pour Hélène, elle avait pris une peluche dromadaire. Elle était duveteuse et émettait une très légère lumière orangée dans le noir. Elle regarda autour d’eux, puis une fois certaine qu’aucune oreille indiscrète visible ne traînait, elle se tourna vers le Mage. « Je voulais te parler de quelque chose... Enfin, de plusieurs choses, mais de ça en premier. » commença-t-elle. Elle se rappelait des propos de Jun sur la réaction qu’aurait son fils. Elle n’avait cessé d’y songer, comme au mot qu’il avait laissé sur sa table. Ça n’avait peut-être rien à voir avec Kaahl, mais ça lui y faisait penser. Elle inspira. Elle avait réfléchi à la manière de le dire, mais n’en avait trouvé aucune qui fût parfaite. Elle avait décidé d’improviser. « Si je suis venue ici, aux Jardins, c’était en partie parce que je voulais aider mon peuple. À se reconstruire, à prospérer... » Y parvenait-elle ? Parfois, oui. D’autres fois, elle échouait. « Et au bout de quelques mois, je me suis dit que ce soutien pouvait prendre plusieurs formes, pas seulement passer par l’armée, et pas seulement se limiter aux Anges, aussi. » Elle ne le lâchait pas des yeux, malgré une envie parfois furieuse de détourner le regard. « J’y ai beaucoup réfléchi, parce que je voulais être sûre de faire un choix conscient, et d’être vraiment prête. » Elle se mordilla la lèvre. Elle n’était pas très à l’aise. « Je vais devenir Ange Gardien. J’ai envie de le devenir. J’ai toujours voulu aider, protéger, défendre alors c’est un peu comme… comme si c’était ma responsabilité. » Elle s’arrêta. Elle aurait pu développer des dizaines d’arguments, lui parler de la justification que ce pourrait être pour un mariage non angélique, ou juste le mettre devant les faits et arguer qu’il n’avait pas son mot à dire – et au fond d’elle, elle voulait se persuader que c’était le cas. La vérité était ailleurs. Elle avait envie de lui faire mille promesses, de lui dire qu’elle l’aimerait toujours, de lui demander de rester auprès d’elle jusqu’à ce que le monde ne s’écroulât. Elle avait des envies d’éternité et d’absolu, comme on peut en ressentir lorsque l’on se tient au bord d’un précipice. « Voilà. Je voulais t’en parler avant de commencer les démarches. » Le ferait-elle s’il avait l’air blessé ? S’il s’énervait ? S’il la rejetait ? Elle resserra ses mains autour des cadeaux pour les enfants. Elle avait peur. C’était injustifié, parce que sa vie ne devait dépendre que de ses choix, que ses choix ne devaient venir que d’elle-même, et que si Kaahl l’estimait, alors il devait respecter ses décisions. Mais elle l’aimait, d’une façon bancale et sans doute destructrice. C’était un amour tyrannique, qui l’oppressait par la peur de le perdre.



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Mer 25 Nov 2020, 00:13



Les indomptables


« C’est vrai. » Je la regardai. « Sans parler du fait que si tu venais à avoir une union charnelle hors mariage, les Anges grinceraient des dents. » Je souris d’un air faussement angélique. Je comptais sérieusement la prendre plus d’une fois avant que nous nous mariassions. Je faisais pourtant tout mon possible pour rendre notre relation saine. Ce n’était pas si évident eu égard à toutes les idées paradoxales qui m’avaient déjà traversé l’esprit à son sujet, sans parler de mes émotions qui vacillaient parfois dangereusement vers les ténèbres. Je l’aimais et je le savais. Néanmoins, je n’étais pas certain d’en percevoir toutes les conséquences. Peut-être que j’aurais préféré qu’elle fût la femme d’Elias, par praticité. Personne n’aurait osé la toucher. Je chassai l’idée.

« J’ai été pris de cours. » justifiai-je, en adoptant une moue de circonstance. « C’était pour… » J’allais expliquer mais, finalement, n’en fis rien. Elle parlait couramment Zul’Dov, elle avait sans doute dû déjà faire le lien avec ce que je cherchais à former à l’origine, sans me rendre compte que la prononciation était la même que celle de chaton. Je m’humectai les lèvres et souris. Un air de défi parcourut mon faciès. « Essaye de m’appeler comme ça et tu verras que je peux me montrer très créatif aussi de mon côté. » L’envie de la mordre me prit, pour la taquiner d’abord, pour la vider de son sang ensuite. Le Vampire ne m’avait toujours pas pardonné ma faute. Son cou m’attirait pour plusieurs raisons, aussi douces que brutales. Je voulais y glisser mes doigts, mes lèvres, ma langue. Je voulais y enfoncer mes dents et serrer mes doigts autour. J’avais envie de la voir pencher la tête en arrière dans d’autres circonstances. « Il fera attention dans ce cas. » Le Réprouvé que j’étais n’avait que faire du danger. J’étais certain d’être capable de parler des mouvements de mes doigts en elle dans cette ruelle avec d’autres hommes dans une taverne, sans nommer la concernée mais en plaisantant à ce sujet. Les Bipolaires avaient ce côté brut et sans élégance qui me déplaisait dans bien des situations. Sorciers et Réprouvés ne vivaient pas dans le même monde. La discrétion était un art oublié depuis longtemps chez les habitants de Lumnaar’Yuvon et de Keizaal. « J’en ai toujours rêvé. » murmurai-je, à propos de la fourchette. J’avais bien le nom de la Suprême de l’Au-Delà tatoué sur la cuisse, pourquoi pas les traces d’une fourchette plantée à vive-allure par mon compagnon de beuverie et de lancée de haches ? Je souris devant l’absurdité de l’existence. Il valait mieux que Laëth ne sût pas pour Avalon, même si les choses auraient été bien différentes sans le léger quiproquo sur nos identités respectives.

En marchant, je regardai le paysage et les passants que nous croisions. Être avec Laëth m’empêchait de penser à des choses moroses. Parfois, elles s’infiltraient quand même mais, puisque je devais déjà lutter contre les envies du Vampire et d’autres désirs, j’avais moins tendance à me plonger dans les méandres de ma dépression. Malgré ma volonté latente d’être seul, je me forçais à rester en compagnie des autres. Être déprimé était une chose. Le savoir en était une autre. Pour le moment, mon comportement allait dans le sens d’une guérison ou, du moins, d’une certaine stabilité. Je savais pourtant qu’il suffirait d’un rien pour que je m’enfonçasse plus loin, par esprit de contradiction ou par peur de ne pas réussir à continuer ainsi. Si je lui avouais tout, elle ne me pardonnerait pas. « Je t’écoute. » J’avais un mauvais pressentiment. Le fait qu’elle commençât par exposer le passé et ses volontés initiales ne fit que le renforcer. Elle essayait de justifier ce qui allait venir, de le faire passer. Elle n’était pas à l’aise, parce qu’elle savait que ce qu’elle allait dire risquait de ne pas me plaire. Pas seulement se limiter aux Anges. À qui, dans ce cas ? Je détournai le regard alors même qu’elle essayait de maintenir le contact visuel. Ma réflexion fut courte. Mes yeux revinrent vers les siens et j’attendis qu’elle l’articulât. Je m’arrêtai. Mon pouce et mon index vinrent se placer à l’extrémité de mes sourcils et se rejoignirent sur l’arête de mon nez. « Hum. » émis-je simplement dans un premier temps, tout en replaçant ma main le long de mon corps. Mes doigts tapotèrent ma cuisse les uns après les autres, respectant une cadence millimétrée. « Tu… » Je me remis à marcher sans terminer ma phrase, tout en me demandant ce qui me retenait de l’étrangler. En m’oubliant, en ne songeant qu’à mon jeu, les choses n’en étaient pas plus faciles. Kaahl ne pouvait soutenir cette cause affectivement parlant. Qui l’aurait approuvée ? Le lien entre les Anges et les Humains était particulier et l’amour y naissait. Avec une vision objective, oui, le Magicien pouvait accepter. Il était censé être un espion et ce qu’il faisait quotidiennement en tant qu’Elias était bien pire qu’un tel lien. Sans parler des femmes du Sorcier. Pourtant, était-ce suffisant ? Kaahl n’approuvait pas. Le Vampire avait déjà envie de la posséder et de tuer sans remord le futur Humain. L’Ange comprenait. Le Réprouvé voulait casser la gueule de celui ou celle qu'il envisageait déjà comme un rival. Le Génie y voyait un moyen de manipulation supplémentaire. J’étais éclaté entre eux, bien que mon point de vue fût plus proche de ceux du Djinn et du Magicien. « Tu n’es pas heureuse avec moi ? » finis-je par demander, avant de me rétracter. « Non. Non, ne répond pas. C’est idiot. » Je lui souris. « C’est gentil de m’en avoir parlé. » articulai-je, avant de changer de sujet. « Qu’est-ce que tu voulais me dire d’autre ? »

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Mer 25 Nov 2020, 10:51



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Les indomptables

Avec Kaahl, Lucius et Hélène



Après un temps infiniment long de suspension, son cœur se fracassa contre les paroles du Mage. « Kaahl… » Elle en eut aussitôt les larmes aux yeux. Elle avait craint sa colère : la vulnérabilité que sa question mettait en lumière la foudroyait plus encore que toutes les tempêtes qu’il aurait pu déchaîner. Son sourire fissura sa poitrine. Une main sembla s’en échapper pour venir serrer sa gorge. Avec difficulté, elle déglutit, avant de se détourner. Elle souffla : « Rien. Ça peut attendre. » L’Ange croisa les bras. Elle agrippa ses côtes à l’aide de ses mains, dans une tentative d’étreinte réconfortante. En silence, elle marcha près du Mage. Son palpitant se délitait, encore sous le coup de son interrogation et de tout ce qu’elle soulevait. Laëth ferma les yeux, puis releva la tête. Ils étaient tout près de la maison. À l’intérieur, les deux enfants dormaient. Priam était peut-être rentré. Entre les murs de pierre, un autre monde les attendait, un monde où ils poseraient des masques sur leurs plaies, leurs doutes, leurs colères, et sans doute même leurs vérités – lui le faisait sans cesse. Brusquement, elle s’arrêta.

Elle se tourna vers Kaahl, afin de lui faire face. Elle posa le sac où se trouvaient les présents pour les enfants. « Ce n’était pas idiot. » Elle s’approcha de lui. Ses iris s’accrochèrent aux siens, puis elle détacha ses bras d’elle-même pour prendre son visage entre ses mains. « Je t’aime. Je t’aime vraiment, profondément et entièrement. » Sous l’effet de ses propos, son cœur reprenait vie. Il caracolait dans sa cage thoracique. « Je pense que je t’aimerai toute ma vie, malgré tout. Malgré tout ce qui pourrait arriver… » Elle n’avait pas besoin d’en dire plus. Il savait encore mieux qu’elle ce qu’elle risquait. Elle, elle savait simplement qu’elle n’oubliait jamais ceux à qui ses sentiments s’étaient si férocement ancrés. Ils conservaient toujours une place dans les amours de sa mémoire, en dépit des fins, des blessures et des décisions du Destin. « Quand je suis avec toi, je suis heureuse. J’ai envie de passer ma vie à tes côtés et de faire mon possible pour te rendre heureux, toi. » Elle aimait le voir sourire, le faire rire, entendre sa respiration, sentir son palpitant pulser contre son oreille, l’écouter parler, percevoir la joie dans ses expressions ou son ton. Elle détestait le voir morose, triste ou en colère, et elle détestait encore plus en être la cause. C’était inévitable, bien sûr, parce qu’il n’existait rien sans son contraire. Ça n’en était pas moins intensément déplaisant.

L’Immaculée inspira. Ses mains glissèrent dans le cou de son amant. Elle noua ses doigts sur sa nuque. « Et le reste du temps, j’ai peur. » avoua-t-elle. « J’ai peur que tu meures. » Parfois, ses nuits étaient hantées par son cadavre. Elle le retrouvait, étranglé, pourfendu, anéanti, empalé, pendu, occis ; on lui annonçait sa mort ; ou, pis encore, elle était celle qui mettait fin à ses jours. Sa Lumière se rebellait contre ses Ténèbres. Elle les annihilait. « J’ai peur que tu sombres. » La valse des deux lunes l’avait marquée, et tout ce qui s’en était suivi aussi. Le silence de Jun au sujet de la nature de son fils n’avait fait qu’accroître ses craintes. De l’index et du majeur, elle caressait doucement la base de ses cheveux. « J’ai peur que tu disparaisses, que l’homme que j’aime disparaisse. J’ai peur d’aimer un mirage… » Ses prunelles sondaient les siennes. Ne pas le considérer purement comme un Magicien créait un vertige. C’était comme être au bord d’un gouffre et entendre les hurlements de la rivière en contre-bas, sans oser s’y jeter. Les doutes s’accumulaient. Ils se répercutaient contre les discussions qu’elle avait eues et celles qui n’étaient jamais advenues. De temps à autres, elle repensait à ce que lui avait dit Stanislav, dans cette bibliothèque, à Amestris. Dans ses plus grands instants d’incertitude, cela la terrifiait. Et s’il se servait d’elle ? Pourtant, quand elle percevait la façon dont il la regardait, cette angoisse mourait. Il l’aimait. C’était écrit dans ses yeux, et les yeux ne mentaient pas. « J’ai peur que tu ne veuilles pas de mon aide, et j’ai peur de ne pas réussir à t’aider. » Était-elle suffisante ? Était-elle assez forte ? Était-ce son rôle, ou simplement celui auquel elle aspirait ? Celui que lui octroierait nécessairement sa condition d’Ange Gardien ? Elle l’ignorait. C’était une pulsion naturelle, un besoin. Elle ne pouvait pas le laisser tomber. Elle ne le voulait pas. « J’ai peur que tu m’échappes, que tu me délaisses, que tu m’oublies… » Son pouce glissa sur sa mâchoire. « En fait, j’ai peut-être surtout peur de la fin, et de souffrir encore. » souffla-t-elle. Parce que s’il n’était plus là, que resterait-il ? Un cœur déchiqueté ? Est-ce qu’il est encore fonctionnel, quand il n’est plus que poussière ? Tandis que s’il y avait un Humain, il y aurait quelqu’un pour qui elle serait obligée de continuer à vivre. Il y aurait quelqu’un pour la soutenir et comprendre sa peine – là où Priam n’en saisirait pas la plus infime part. Quelqu’un qu’elle devrait défendre et protéger. Quelque chose de plus grand que soi. Une raison de continuer. Peu lui importait d’aimer cet homme ou cette femme, parce qu’elle était certaine que ce qu’elle ressentait pour Kaahl n’en pâtirait pas. Et c’était parce qu’elle était certaine de cela qu’elle ne pouvait pas envisager la solitude engendrée par une finalité. Il y avait la mission de l’Ange, et les raisons du cœur. Elles sont plus inavouables, mais loin d’être condamnables. « Je ne veux pas que tu sois malheureux. » Ses yeux brillaient d’émotion.



Message V – 955 mots

Elle va finir mangée toute crue, lalala [Q] - Les indomptables | Kaahl 2098356861 Si tu veux/si ça s'y prête, tu peux faire une ellipse jusqu'au repas [Q] - Les indomptables | Kaahl 3298876942




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Jeu 26 Nov 2020, 00:05



Les indomptables


Bien sûr que ce n’était pas idiot. Je l’observai, sans douter un seul instant de sa sincérité. Le problème demeurait pourtant : alors qu’elle aurait pu parfaitement aider les Humains en tant qu’Ange, elle désirait devenir Gardienne. Ce n’était pas la même chose. C’était un lien d’amour qu’elle convoitait. Pourquoi ? Les réponses potentielles ne me plaisaient pas. Elle respirait l’émotivité, là où ma raison me poussait à demeurer droit et imperméable. Elle murmurait des pensées qui s’envoleraient un jour. Elle ne pourrait pas m’aimer toute sa vie. On n’aime pas pour l’éternité, surtout un Sorcier. Ce n’était pas moi qu’elle aimait. C’était un autre, celui qu’elle pensait être moi. Je penchai légèrement ma tête d’un côté, afin que ma joue s’appuyât davantage contre sa main. « Je suis heureux, je t’assure. » Rarement, mais elle n’avait pas besoin de le savoir. Sa compagnie me rendait heureux et malheureux. Le bien en moi n’était pas dupe. Elle avait beau avoir un effet sur les ténèbres, ce qui ne les tuait pas ne faisait que les rendre plus fortes. Le temps d’une expiration, je pouvais imaginer pouvoir nourrir un amour sain. Le mirage disparaissait dès que je devais inspirer de nouveau. J’allais la détruire. C’était d’ailleurs ce que je faisais déjà, en réagissant ainsi. Je l’admirais sombrer petit à petit, faire des hypothèses sur ce qu’elle pensait être mon état et agir en conséquence. Elle était vulnérable. Je l’étais aussi en un sens. Je n’oubliais pas l’être. C'est ça qui aurait été idiot.

Je restai silencieux, tout en écoutant la liste de ses peurs. Beaucoup étaient justifiées. Je risquais, en effet, de mourir. Les Rois maléfiques ne restaient que très rarement longtemps sur leur trône. Beaucoup désiraient être à ma place. Les Sorciers étaient opportunistes et fourbes et j’étais parfois fatigué, trop pour être parfaitement attentif. Ou le pensais-je, du moins. Je demeurais minutieux et prudent. Pourtant, je n’étais pas à l’abris d’une trahison ou d’une erreur fatale. Quant à sombrer, elle aurait dû avoir peur pour elle, pas pour moi. C’était trop tard dans mon cas. Ça l’avait toujours été. Il n’y avait qu’elle de pure entre nous deux. Me côtoyer ne ferait que l’approcher davantage du gouffre. Elle sombrerait parce que je la guiderai vers les profondeurs, petit à petit. Je me voyais faire. Elle avait raison d’avoir peur. Elle aimait un mirage. Elle ne réussirait pas à m’aider. Tout ça ne pourrait durer qu’un temps. Je lui souris, en faisant un effort pour ne pas paraître nostalgique. Il n’y avait aucune raison à mon sentiment. Pourtant, c’était comme si j’envisageais déjà ma vie sans elle, pour n’importe quelle cause. Dans mon imaginaire, elle me manquait. « Je ne t’oublierai pas. » murmurai-je. J’avais du mal à rester de marbre face à la lueur qui brillait dans ses yeux. C’était ça qui m’avait plu chez elle, ça et ses colères de Fille de Réprouvés. Sa vulnérabilité déteignait sur moi, comme si elle réussissait à me rendre plus humain que je ne l’étais réellement. « Je connais un moyen simple de me rendre heureux. » dis-je. Je cherchais à désamorcer la situation, à effacer le trop plein d’amour. Il était insupportable pour une partie de moi. J’étais partagé. J’aimais la savoir fragile devant moi tout en culpabilisant. C’en était intenable. Je ne voulais pas lui faire de mal mais je ne pouvais pas m’en empêcher, au moins en théorie. C’était comme me regarder la tuer sans être capable d’arrêter le processus. Je souris et l’embrassai. Mes lèvres parcoururent la distance qui les séparait de son oreille. « Ne pleure pas. » Elle ne pleurait pas mais ses yeux brillaient. « Ton frère ne m’apprécie déjà pas. S’il en vient à penser que je te fais pleurer tous les jours, il va vouloir m’assassiner avant même d’avoir entamé le repas. » Mes mains se placèrent un instant sur sa taille. Mes doigts finirent par se mouvoir tendrement jusqu’à son dos. Je la collai à moi, trouvant au creux de son cou un terrain propice au développement de mes baisers. Je finis même par croquer son lobe. « Je préfère qu’il essaye de m’assassiner pour d’autres raisons. » Comme ma propension à enlacer sa sœur alors même qu’il aurait pu nous voir. Mon pouce remonta jusqu’à son menton. Je fis en sorte qu’elle me regardât, en le glissant sous son visage. Je la contemplai en silence un moment, avant de lui sourire d’un air encourageant. « Fais ce qui te semble être le mieux pour toi. Si tu es heureuse, je serai heureux. » Faux. « J’aimerais juste que tu me présentes la personne que tu protégeras, d’accord ? »

Je posai la carafe d’eau sur la table de ma main libre. Hélène occupait mon autre bras. Lucius était en train de jouer avec son dragon. Il avait remercié Laëth au moins quarante fois. « Tu vas le poser, le temps de manger, d’accord ? » « T’es sûr ? » « Oui, je suis sûr. » J’étais certain qu’il ne le quitterait plus pendant longtemps. Il dormirait avec, mangerait avec, irait chez les Dragonniers avec. Lorsqu’il aimait quelque chose, la chose en question devenait une passion, voire une obsession. Les dragons constituaient la majorité de ses pensées. Le jour où il tomberait amoureux, j’étais convaincu que la personne risquait de prendre peur devant la force de sa détermination et l’inconsidération de ses émotions. Il finirait également par avoir le cœur brisé quelques fois, à trop se donner et s’exposer. « Tu as faim ? » demandai-je à Hélène. J’avais amené un petit pot à la carotte. Je l’ouvris, pris une cuillère, la trempai dedans et la présentai au bébé. L’Humaine fixait l’Ange avec plus d’intérêt que la nourriture qui lui était présentée.

948 mots
Je te laisse gérer si Priam est là ou s'il a trouvé une excuse pour se défiler  [Q] - Les indomptables | Kaahl 2289842337
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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Mer 02 Déc 2020, 21:33



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Les indomptables

Avec Kaahl, Lucius et Hélène




5 Seconds of Summer – Easier
(clairement pour les paroles plus que pour le rythme /sbaf)

Son cœur tremblait. Plus d’amour que de peur, cette fois. D’amour, et de douleur. Il n’avait pas dit qu’il ne lui échapperait pas et qu’il ne la délaisserait pas. Il avait promis de ne pas l’oublier. C’était comme un adieu en avance, comme s’il savait que cela ne pourrait pas bien se terminer – ils le savaient tous les deux, à des niveaux de conscience différents. Il en était convaincu. Elle le pressentait, quand ses émotions trop vives accordaient un peu de crédit à la rationalité. Elle ne voulait simplement pas y croire. Elle espérait follement que tout ce qui n’allait pas s’arrangerait, et que tout ce qui allait bien persisterait. Parce qu’elle ignorait dans quel état la mort de cet amour pourrait la plonger. Elle s’y était jetée cœur et âme. Il était trop tard pour lutter. Elle ne pouvait que se cramponner. Cela aussi, c’était sans doute idiot. Pourquoi s’accrocher quand la fin s’annonce si évidente ? Pourquoi s’amarre-t-on aux situations impossibles ? Pourquoi s’entiche-t-on ainsi de l’interdit et de la fatalité ? Pourquoi marcher vers la douleur quand d’autres bonheurs attendent, plus loin, sur un autre chemin ?

Ses doigts se refermèrent sur le col de Kaahl, avant qu’elle ne nouât ses bras autour de son cou. Un sourire triste courba ses lèvres. « Je l’en empêcherais. » répondit-elle en se laissant aller à son étreinte. Ses baisers la firent délicieusement frissonner. Elle caressa ses cheveux et sa nuque. S’ils n'avaient pas été en pleine rue... Un rire bref, encore empreint de la mélancolie qui l’avait étreinte, lui échappa. « Je vais finir par croire que tu as vraiment envie qu’il t’assassine. » Guidée par ses gestes, elle releva le menton. Le sourire de son amant se refléta sur sa bouche. Elle accentua son étreinte pour enfouir son visage dans son cou. Elle inspira profondément son odeur, fit glisser son nez contre sa peau, y déposa un baiser. « D’accord. » Tout ce que tu veux. Mais ne pars pas. Jamais. C’était tout ce que cela voulait dire, aussi paradoxal que ce fût.



Hélène observait la table avec attention. Il y avait beaucoup de couleurs différentes. Les assiettes étaient bleues et blanches, tout comme la carafe. Il y avait une bouteille marron et une verte. Les couverts argentés s’accordaient au pourtour des verres. Plusieurs plats ocres contenaient de quoi prendre l’apéritif : des olives vertes et noires, des carrés de fromage de chèvre blancs, de l’emmental jaune, de la mimolette orange, du saucisson rouge, des feuilletés dorés, des petits pains bruns, et des pâtés et rillettes aux couleurs des légumes et des épices qui rehaussaient leur goût. Il y avait du mouvement, aussi. Kaahl la tenait, et une des petites mains de l’enfant serrait sa chemise. L’autre était occupée à porter le dromadaire en peluche, sur lequel elle avait déjà pris le soin de baver. Lucius courait déposer son dragon. Laëth s’affairait aux fourneaux. Ses cheveux bruns dansaient dans son dos, au rythme de ses déplacements. Le bébé ailé regardait les boucles avec curiosité. Elle tendit son bras vers elles, avant d’ouvrir machinalement la bouche face à la cuillère. Lorsque l’Ange se retourna, elle sourit et voulut babiller quelque chose. La mixture coula sur son menton. « Houla, ça déborde ! » s’amusa l’Ailée en attrapant une serviette. Elle se pencha un peu et essuya la bouche de la fillette. « Pour quelqu’un qui aime tant l’ordre, ça ne doit pas être facile tous les jours de vivre avec tant d’enfants. » Elle coula une œillade espiègle vers le Mage.

La porte d’entrée s’ouvrit et Priam apparut dans son embrasure. Il embrassa la scène du regard. Sa sœur était proche du Baron Paiberym, qui tenait dans ses bras une enfant. Près d’eux, un petit garçon s’était assis. Ça aurait pu être quelques années plus tard. Cela diffusait en lui l’horrible impression d’être de trop, alors qu’il était chez lui. Il fronça le nez. « Bonsoir. » Les regards se tournèrent vers lui. Les lèvres de sa cadette tressaillirent, puis un sourire franc s’y déposa. Elle ne dit rien, mais il perçut facilement sa joie quant à sa présence – ce n’était pas une promesse de réussite, mais c’est un premier pas engageant. Les iris du fils de Réprouvés coulèrent jusqu’au Magicien. C’était la première fois qu’il le voyait de si près et dans un endroit si intime – croyait-il. Quand on le voyait, on comprenait sans aucun mal l’admiration qu’il pouvait susciter. Les ressentis d’Aliénor à son égard s’invitèrent de manière impromptue. Il tenta de les réprimer, mais l’émoi de la jeune femme pour le Mage Blanc persistait, comme un trait plus vif sur une aquarelle – peu dérangeant mais notable. « Baron Paiberym. » Il retira ses bottes et sa veste, la déposa sur le porte-manteau et s’approcha, un sac à la main. « Bienvenue. » Il lui tendit la main. Il préférait ne pas lui dire qu’il était ravi de faire sa connaissance, car c’eût été mentir. Ses pupilles s’attardèrent sur chacun des enfants, qu’il salua avec un peu plus d’entrain. Puis, il se tourna vers Laëth, passa un bras autour de son épaule et déposa un baiser sur sa tempe. « J’ai ramené le dessert. » - « C’est quoi ? » demanda-t-elle, curieuse. « Tu verras. » Il sourit et posa son sac sur le plan de travail. « Hum. Si tu es prêt, on peut passer à table. » Il acquiesça, et prit place en bout de table. Lorsque tout le monde fut installé, il releva la tête vers Kaahl. « Est-ce que vous pourriez me passer les olives, s’il vous plaît ? » Comme il n’avait pas l’intention de lui faire la conversation, il pouvait sauver les apparences – et détendre l’atmosphère – en communiquant au sujet du repas.



Message VI – 962 mots

Je déclare le festival de la gênance ouvert <3




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Kaahl Paiberym
Mer 02 Déc 2020, 23:21



Les indomptables


Je souris. Je tolérais certaines choses par amour. La bave en faisait partie, même si j’essayais de limiter sa profusion. J’étais trop regardant. « Ce n’est pas facile non plus de côtoyer une Ange élevée par des Réprouvés. » lui répondis-je, soudainement taquin. Elle avait rangé la maison mais je notais des imperfections. Elle avait dû faire des efforts pour moi et je lui en étais reconnaissant. Néanmoins, si un jour nous vivions ensemble, je devrais lui appliquer le même régime qu'à Gustine, à savoir des pièces m'étant exclusivement réservées. « L’amour rend aveugle, c'est ce qu'ils disent, non ? » ajoutai-je, moqueur. C’était bien plus valable pour elle que pour moi. Les Anges n’étaient pas des êtres perfides. Sa pureté était une sécurité. Elle ne pouvait pas me mentir. Malgré moi, elle me rassurait. Lorsqu’elle me serrait dans ses bras, je savais qu’elle m’aimait. Dès que ses sentiments faneraient, la toucher signifierait la condamner. J’étais le seul, pour l’instant, à pouvoir goûter ses lèvres, le seul qu’elle regardait comme ça. Ma raison comme mes sentiments m’avertissaient du danger. J’étais convaincu que ça changerait. Je voulais l’exclusivité, là où je ne pouvais pas la lui promettre. « » Lorsque la porte s’ouvrit, j’allais lui murmurer de renoncer à se lier. Le bruit du battant m’arrêta. Je n’étais pas juste avec elle mais la peur de la perdre me taraudait depuis quelques minutes. À tourner et retourner le problème dans mon esprit, je ne voyais aucune solution que me fût favorable. Elle préférerait son Humains. Peut-être même lui ouvrirait-il les yeux sur notre relation. Je devrais le faire disparaître sans que jamais elle ne pût remonter à moi, quitte à la récupérer en lambeaux. Je devrais la détruire, en faire une poupée désarticulée que je recollerais patiemment. Je n’avais pas envie d’en arriver là. Pourtant, elle était la coupable. À mes pensées, je sentis Lux in Tenebris s’agiter. La magie se nourrissait de mes failles. Je ne devais plus y songer. J’analyserais la situation ultérieurement, lorsque je pourrais m’énerver sans manquer de supprimer tout ce qui m’entourait.

« Vous pouvez m’appeler Kaahl. Ce sera moins protocolaire. » Le frère et la sœur, ensemble. Il était l’un de ses piliers, celui dont la disparition pèserait plus que celle de n’importe qui d’autres. Ils avaient grandi ensemble. Ils vivaient ensemble. Je détenais une grande partie de ce qu’il aimait : Laëth, Za et Aliénor. Un instant, je sentis la noirceur d’Ârès s’infiltrer dans mon esprit. Je pensai comme lui. Je pouvais presque voir mes griffes acérées autour de la silhouette de l’homme. Il avait intérêt à m’apprécier naturellement. Sinon, je lui prendrais tout. Je souris, en les observant interagir ensemble. Ils étaient complices. Ils avaient ce que je n’avais jamais eu avec mes propres frères. Je ne l'aurais sans doute jamais parce qu'être complices signifiait se faire confiance. Je faisais rarement confiance. « Oui. » répondis-je, en tendant le bras pour lui donner les olives. J’aurais pu user de télékinésie. Il me l’aurait certainement reproché en pensées. Les Réprouvés n’étaient pas de grands utilisateurs de la magie. Ils ne l’aimaient pas, surtout ceux de Lumnaar’Yuvon.

Je chipai un dé de fromage après avoir redressé Hélène sur moi. Lucius mangeait calmement, en envoyant un nombre incalculable d’œillades en direction de Priam. Il l’impressionnait plus que sa sœur. Je lui avais dit qu’il avait pleins d’animaux et je savais qu’il mourait d’envie de lui poser des questions. Je souris à Laëth, avant d’observer le Fils de Réprouvés. Cendre parlait beaucoup de lui. Je ne pouvais pas m'empêcher de le haïr. Ce n'était malheureusement pas la seule chose qu'il éveillait chez moi. « J’ai entendu dire que vous aviez envie de vous lancer en diplomatie et que votre mentor était Nalim Edästur ? » Je posais la question mais n’attendais aucune réponse spécifique. Je le savais. C’était un fait. « Je suis l’actualité, surtout celle qui concerne les Anges. » Je m’abstins de tourner les yeux en direction de la brune. Ça paraissait évident que je le faisais pour elle essentiellement, c’est du moins ce que beaucoup rapportaient. La vérité était toute autre mais elle était l’alibi parfait. « La Terre Blanche. » précisai-je. « Elle fait partie des raisons qui m’ont fait rejoindre l’armée magicienne. J’avais envie de me battre pour que vous puissiez récupérer votre terre. Le fait est qu’elle a déjà un nouveau propriétaire et que mes compétences en combat ne sont pas celles que j’avais espéré. » Je souris. En réalité, cela n’avait rien à voir avec mes compétences mais plus avec la lenteur des opérations. Devenir le Nylmord prenait du temps, sans parler du fait que des combattants plus émérites que moi risquaient de remplacer l’homme dès qu’il laisserait sa place. Parfois, je me demandais si j’avais choisi la bonne direction, même si j’étais d’une patience à toute épreuve concernant ce sujet en particulier. Il ne s’agissait pas de se précipiter dans un mur. Simplement, pour le moment, on ne me confiait que des missions sans importance. Je voulais plus. « Je sais que les Magiciens n’y ont pas été conviés mais j’aurais aimé être présent pour aider lors de l’assaut contre les Démons. » Je regardai Laëth, cette fois. Il y avait cette blessure, cette cicatrice sur sa peau, qui témoignait de son combat. « Peut-être le serais-je la prochaine fois. » Je marquai une pause, avant de demander à son frère : « Allez-vous essayer de discuter avec les Sorciers sur la question ? Après tout, ils vous ont légué la pointe sud de l’île et ils sont pourvus de plusieurs territoires. Peut-être qu’avec quelques promesses d’alliances, ils pourraient se désintéresser de l’ensemble ? »

868 mots

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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Jeu 03 Déc 2020, 16:09



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Les indomptables

Avec Kaahl, Lucius et Hélène



Priam avait fait ce que Laëth lui avait demandé : il était venu. Il avait même fait preuve de zèle : il avait apporté le dessert et demandé à l’autre abruti de Magicien de lui donner les olives. Il n’avait aucune envie d’apprendre à le connaître. Il se demandait encore pourquoi sa sœur restait avec lui. Dans ses rêves, elle ne le côtoyait plus depuis longtemps – à croire que les songes étaient plus rationnels que l’amour. Du fond du cœur, il priait pour que leurs interactions ne se limitassent à la courtoisie et aux demandes basiques. Malheureusement, sa première question battit en brèche tous ses espoirs. Il acquiesça, avant de jeter une olive dans sa bouche. Laëth avait posé des piques en bois sur la table. Il aurait pu les utiliser, mais non. Après tout, si Kaahl désirait tant faire partie de cette famille, il lui faudrait en accepter le meilleur, mais aussi et surtout le pire. « Ah oui ? » Bien qu’il y mît toute la mauvaise volonté dont il était capable, quand le Mage Blanc parlait, il le regardait. Fixer un autre point aurait été d’une impolitesse hors norme et, s’il devait être tout à fait honnête, face à lui, il ne se sentait pas de le faire – c’était sans doute renforcé par le fait qu’il intimidait Aliénor, et qu’elle le respectait. Il donnait le change au minimum, dans l’espoir qu’il finît par se taire. C’était vraisemblablement peine perdue. Il avait l’habitude que sa cadette parlât beaucoup. Cependant, ce qu’elle disait avait le mérite de sortir de sa bouche. Il inspira. Sa nature d’Ange le poussait à se montrer plus tolérant et plus affable. Son éducation réprouvée lui hurlait de cracher à la figure de cet étranger. « C’est louable. » souffla-t-il, avant de baisser son regard sur la nourriture. Il attrapa un pot de rillettes et tartina une tranche de pain avec application. Ça lui évitait d’avoir à le regarder et ça lui allait très bien comme ça.

Laëth observait les deux hommes. Elle connaissait son frère par cœur. Aussi, elle savait pertinemment ce qu’il était en train de faire. Quant à Kaahl… Elle avait conscience des dessous de son discours. Il mentait et disait la vérité en même temps. Aucune de ses expressions ne trahissait sa manipulation. Son cœur manqua un battement à l’idée qu’il pût être tout aussi malhonnête et fin joueur avec elle. Elle le détailla, silencieuse. Son cerveau se répétait la scène qui avait suivi son annonce, plus tôt. Les ressentis qui y étaient liés revenaient la prendre dans leur torrent ardent. Ils en rappelaient d’autres, plus anciens, et toutes les questions qui marchaient à leurs côtés. Elle avait trop douté de lui. Malgré elle, encore à ce jour, la moindre faille était un prétexte pour la naissance d’une autre interrogation. Elle aurait voulu être idiote et nager dans le bonheur de se croire l’unique femme auprès de qui il passerait sa vie, avec qui il voudrait avoir des enfants et avec qui il chercherait à construire un avenir meilleur. Elle croyait encore qu’elle était la seule qu’il aimait. Plus tard, elle songerait peut-être que c’était une maigre consolation, mais que ça en avait au moins été une – un jour, il n’y en aurait plus aucune. La vérité avait des rebords tranchants, contre lesquels elle ne cessait de se blesser. Il n’était pas totalement un Magicien – d’ailleurs, elle-même ne le considérait pas comme tel, sous la couche de déni qui la préservait –, elle était loin d’être la seule femme de sa vie et la seule avec qui il souhaitât enfanter, et ils ne construiraient peut-être rien qui pût rendre le monde meilleur. Les Ténèbres guettaient, et sa propre Lumière lui paraissait trop faible pour les réprimer. Si elle voulait entretenir l’espoir de le sauver, elle devait s’endurcir. Compter sur les autres ou sur lui ne suffisait pas.

Elle acquiesça lentement à sa remarque. Les volontés pour une reprise totale de la Terre Blanche se renforçaient de jour en jour. Il était évident que si une telle opération devait être menée, elle ne se ferait pas sans les Magiciens. « J’espère que nous n’en arriverons pas jusque-là. » La bataille l’avait marquée. Le baptême de la guerre était douloureux pour tous ceux qui n’étaient ni idiots ni avides d’une violence irrationnelle. Les vies tombaient une à une, et aucun esprit qui n’appréciât pas le macabre ne pouvait se réjouir de cela. Quand elle imaginait la silhouette de Kaahl s’effondrer, ses instincts guerriers disparaissaient totalement. « Je ne crois pas qu’une nouvelle alliance avec les Sorciers soit envisageable. » La réponse de Priam lui fit tourner la tête vers lui. Son regard était planté sur le Mage. Durant une fraction de seconde, il s’était demandé s’il était si naïf ou s’il s’amusait à le tester. La deuxième option était la plus rassurante, et certainement la plus véridique. « Une partie de la population angélique a très mal accueilli l’alliance éphémère qui s’est faite pour reconquérir la Terre Blanche, et je pense que nos gouvernants n’ont aucune envie de diviser le peuple. » Leur reconstruction avait été laborieuse : il aurait été idiot de se tirer un carreau d’arbalète dans le pied. « Sans compter qu’une telle alliance fragiliserait sans doute nos relations avec les Magiciens. » Il s’arrêta. « Et il me semble que la finalité de la Coupe des Nations a jeté un froid entre les Anges et les Sorciers. » Ses yeux coulèrent vers Laëth. Il n’y avait aucune tentative de culpabilisation dans ses paroles. Elle avait bien fait de refuser. Il l’y avait poussée. « C’est vrai qu’ici on n’a pas pour coutume d’établir la paix en vendant la vie d’une de nos citoyennes. » Il se recala dans sa chaise et croisa les bras. Ça devenait presque trop personnel. Il préféra quitter ce terrain-là. « Mais de vous à moi, et d’un point de vue strictement personnel, j’imagine qu’on ne peut que se réjouir du refus de Laëth, non ? » Il pouvait être borné et donc stupide, toutefois, il reconnaissait volontiers qu’il lui aurait été plus insupportable de voir sa sœur entre les griffes de l’Empereur Noir que sous la coupe d’un Magicien – ce qui revenait en fait au même, mais il n’était probablement pas capable d’entendre ce genre de révélations fracassantes sans lui-même vouloir fracasser le visage de l’individu en question.

Sans qu’il pût s’en empêcher, ses iris bondirent sur les enfants. La petite fille avalait son repas à mesure que Kaahl le lui donnait. Le garçon se servait en nourriture tout en lui lançant des coups d’œil à répétition. Le Baron avait adopté beaucoup de gamins, ces derniers temps. Pourtant, il ne pouvait se retirer de l’esprit qu’ils auraient pu être ceux de Laëth aussi. Ce n’était peut-être pas une discussion à avoir en face d’eux, mais puisque leur père l’avait lancée… « Bref, je ne suis pas certain que les Sorciers accepteraient, et encore moins qu’ils n’essaieraient pas de tirer le maximum de ces négociations, quittes à les rendre impossibles pour nous. » Les Anges allaient mieux, économiquement, socialement, psychologiquement. Toutefois, Priam doutait qu’ils fussent en mesure de négocier seuls face aux Sorciers. « Je ne sais pas ce que représente la Terre Blanche pour eux, mais elle leur garantit un moyen de pression sur nous, c’est sûr. » Il souffla. « Au-delà de ça, ils ne sont pas connus pour leur fiabilité. L’Ère de la Conciliation, c’est un bien joli nom, mais encore faut-il avoir en face de soi quelqu’un en qui on peut avoir confiance. » Ses iris plongèrent dans le noisette de ceux du Magicien. Laëth eut une moue désapprobatrice. Elle avait bien perçu la pique. « Ça ne change rien au fait que nous allons sans doute essayer de discuter, non ? » La tête de Priam pivota vers elle. « Oui. Mais je n’en sais pas beaucoup plus. Nalim a une amie qui travaille sur la question et pour l’instant, ça a l’air de rester assez confidentiel. » Il lui avait dit qu’ils allaient sans doute contacter les Magiciens, cependant, l’information n’était pas officielle. Le bruit courait simplement, sans qu’on sût si c’était le fruit d’un désir populaire ou la vérité sur les réflexions diplomatiques. « Qu’est-ce que tu as entendu dire, toi ? » demanda-t-elle à Kaahl en se tournant vers lui.



Message VII – 1393 mots




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Kaahl Paiberym
Ven 04 Déc 2020, 00:34



Les indomptables


« Ah oui ? » Je le laissai développer ses propos. Mon regard se tourna vers Laëth. Je lui souris avant de la quitter au profit de son frère. « D’un point de vue strictement personnel, oui. » Je baissai les yeux et m’humectai les lèvres, soudainement ennuyé. « Je ne sais pas ce que j’aurais fait si j’avais vu Laëth avec l’Empereur Noir. Je crois que j’aurais eu du mal à l’accepter. J’aurais compris. J’aurais rationnalisé, car ce mariage aurait pu apporter aux Anges. Mais au fond, j’aurais simplement souhaité sa mort. » Mes yeux grondaient. Je passai mes doigts sur mon front quelques secondes. « Ce genre de situations est toujours plus facile à envisager d’un point de vue externe, quand ce n’est pas un proche qui est envoyé en gage de paix. Je regrette que la Comtesse Vaughan ait dû renoncer à sa vie pour épouser l’Ultimage. Que ce soit Niklaus ou Elias Salvatore, les deux hommes sont… » Je soupirai. « L’avantage, si on peut le voir ainsi, c’est que le nouvel Empereur Noir n’a pas l’air de se préoccuper ni de ses femmes, ni de sa descendance. Depuis son mariage avec sa première épouse, il n’a eu qu’un enfant, ce qui est rare pour un Sorcier de son rang. Certains époux inscrivent même un nombre de coïts minimum par lune dans le contrat, ou même un nombre d’enfants minimum. Mes parents n’en ont eu que trois mais c’est uniquement parce que ma mère a refusé que son mari prenne d’autres épouses et qu’elle est devenue Magicienne une fois qu’elle nous a eu, mes frères et moi. Mon père est mort chez les Ondins ensuite. Si ça n’avait pas été le cas, il se serait remarié et j’aurais probablement une vingtaine de frères et sœurs aujourd’hui. » Mon index toucha un dé de fromage. Cette manie ne concernait pas que les Sorciers. La famille de la Comtesse Vaughan était immense. Moi-même, j’avais toujours désiré avoir beaucoup d’enfants. Ça ne s’était pas fait comme je l’avais espéré. J’avais adopté pour pallier le manque. « Mais peu importe ma compréhension de ce genre de situations. Je suis d’accord avec vous. Si les Rois désirent la paix, au lieu de désigner leurs gens, ils feraient mieux de se marier entre eux. À croire que c’est toujours plus évident d’envoyer les autres à l’échafaud que soi-même. » Je pris le fromage et l’amenai à mes lèvres.

« Hum, oui. » Le regard de Lucius passait tour à tour de Laëth à Priam puis de Priam à moi. Cette conversation de grandes personnes l’intéressait, même s’il n’y comprenait pas grand-chose. Dans le doute, il préférait se taire. Il pensait que s’il était sage, il pourrait peut-être jouer encore avec le dragon ensuite. Il était curieux à propos du dessert. « Je ne connais pas suffisamment le nouvel Empereur Noir. Sa réputation est terrible mais au niveau de ses actes, les plus cruels qui m’ont été rapportés ont surtout été perpétrés sur des Sorciers, hormis les massacres en Terre Blanche sur les Démons. Ça a rendu service au bien, même s’il me paraît clair qu’il l’a fait par opportunisme. Les Mages Noirs n’agissent qu’ainsi. Tout ce qu’ils font sert un but. » Je bus. « Le seul moyen de s’entendre avec un Sorcier est de servir ses intérêts. À ce titre, je pense qu’une entente peut toujours être trouvée. Pourtant, ne pas se méfier c’est prendre le risque de se retrouver en très mauvaise posture. La moindre faille peut s’avérer fatale. » C’était vrai. « C’est bien plus sûr de s’allier avec les Magiciens qui respectent leurs engagements et ne cherchent pas à vous nuire, même si la frontière entre les deux races est parfois floue. » Je souris. « Dans tous les cas, la confiance s’acquiert. » lui dis-je. S'il pensait réussir à me déstabiliser indirectement, il se trompait. Je pouvais lui répondre à ma guise, lui faire passer un message. « Parfois, elle est plus facile à obtenir que d’autres mais si tout le monde y met de la bonne volonté, ça peut arriver plus vite qu’on ne le pense. » Je regardai Laëth. Il me semblait qu’elle guettait chaque parole et chaque mouvement de son frère, de façon à pouvoir intervenir au bon moment s’il dépassait les bornes. « Pas grand-chose. J’ai rencontré le Sirigon plusieurs fois mais nous ne nous sommes jamais vraiment entretenus à ce sujet. Ou disons qu’il m’a laissé entendre qu’il pourrait me rapprocher des affaires en cours si je lui rendais un service concernant ma famille. » Je marquai une pause. « Il semblerait que les Paiberym aient tendance à ne pas laisser libres les Sorciers qui deviennent des Magiciens. » Je regardai Priam. « C’est courant chez nous. C’est considéré comme une tare d’ailleurs. » Il semblait que j’avais cette vision des choses en travers de la gorge. « Bref. Comme je suis le chef de famille et que toutes les terres m’appartiennent, je dois enquêter sur la question. Pour l’instant, je n’ai pas eu l’opportunité de le faire. C’est de plus en plus difficile ces derniers temps. Plus mes frères deviennent influents et moins ils me laissent de marge de manœuvre. Ils vont finir par tenter de m’assassiner, simplement pour récupérer le titre. » Je soupirai. « Mais pour en revenir à la question de la Terre Blanche, même si je ne sais rien ou presque, il se pourrait que les Magiciens soient sollicités. Ces dernières années, ils ont été plus proches des Sorciers que les Anges. En raison du génocide, le poids diplomatique des Anges n’est peut-être pas assez fort. Pourtant, je ne sais pas si ça donnera quelque chose, Magiciens ou non. Je ne sais pas ce que l’Empereur Noir compte faire de la Terre Blanche. Je ne comprends pas ce qu’une pression sur les Anges peut bien lui apporter. » Je fis mine de réfléchir et laissai tomber. « À notre niveau, c’est difficile à dire. »

Je me reculai sur ma chaise, et amenai Hélène contre mon torse, la tête au-dessus de mon épaule. Je massai doucement son dos. Ses ailes pendaient mollement. « C’est courageux de vouloir devenir diplomate. C’est une carrière mouvementée et risquée, sans compter que la vie familiale passe généralement en second plan. » Je le regardai. « Je suppose que, du coup, vous n'envisagez pas de devenir Ange Gardien ? » Je ris. « Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas un piège. Je ne cherche pas forcément de Gardien pour mes enfants mais comme je viens de discuter du sujet avec Laëth, ça me rend curieux. » Je la regardai, elle. « C’est un sacré changement je pense dans la vie d’un Ange. Et dans la vie de son entourage. » Mes paroles étaient lourdes de sens.

1089 mots
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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Lun 07 Déc 2020, 19:36



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Les indomptables

Avec Kaahl, Lucius et Hélène



Elle aurait dû mettre la bague de sa mère. Elle avait hésité, longuement. Elle n’avait pas voulu le faire. Désormais, la rationalité de sa décision lui échappait. Il n’y en avait probablement pas eu. Elle avait peut-être juste voulu se persuader que ce qu’elle entendrait serait la vérité. Elle avait sans doute eu peur qu’il ne mentît. Elle avait craint le vrai. Elle avait craint de savoir qu’elle le faisait souffrir ; et en voulant s’épargner, elle s’était condamnée au doute et à la possibilité du mensonge. Plus elle le voyait développer son raisonnement avec autant d’aplomb, plus elle regrettait. Idiote.

Alors qu’elle repensait au mariage qu’elle avait rejeté, elle se leva et se détourna des deux hommes. Le plat demandait encore quelques retouches. Elle s’y consacra, sans perdre une miette de ce qu’ils racontaient. Et si elle refusait encore une demande de sa part ? L’idée lui semblait aussi folle que raisonnable. Elle voulait trop y croire pour en être capable. L’Immaculée ferma les yeux. C’était à croire que son frère et elle étaient maudits. Elle devinait l’affection qu’il avait pour Aliénor. Elle transparaissait dans sa voix comme dans son regard. Pourtant, elle aussi était inaccessible, d’une autre façon que ne l’était Kaahl. Des histoires d’amour qui frôlent l’impossible ; des amants déjà trop tourmentés par la Vie et le Destin pour que les deux Anges eussent une véritable place à leurs côtés. Peut-être était-ce ainsi parce que seule une Aile Blanche pouvait aimer de cette façon ? Peut-être étaient-ils les seuls à pouvoir adorer dans l’abnégation, la bienveillance, et la tolérance ? Ou peut-être que c’était simplement dû à cette éducation réprouvée qui leur enseignait que rien n’existait sans son contraire : toute relation était à la fois un puits de bonheur et de souffrance. Tous les extrêmes étaient acceptables, endurables et pardonnables. On pouvait vouloir s’écarteler durant une seconde puis faire l’amour de manière passionnée la suivante. Les âmes manichéennes étaient ainsi, plus encore que les autres.

Priam dévisageait Kaahl avec dégoût. Pas celui qu’il lui inspirait par essence, mais celui que ses propos faisaient monter en lui. Les Sorciers étaient vraiment une sous-race. Et Aliénor passerait une grande partie de sa vie avec eux – si ce n’était sa totalité. Et si elle les rejoignait, si sa nature se confondait avec la leur ? Elle avait un bon fond. C’était une évidence. Pourtant, il la savait aussi influençable et, sous un certain angle, fragile – ce qu’elle endurait depuis des mois était le témoignage d’une grande force, toutefois, il y percevait des failles. Son regard changea lorsque le Magicien critiqua ouvertement la politique de l’Ultimage. Il était peut-être moins débile qu’il n’en avait l’air. Au moins, il n’était plus amoureux transi de sa Reine. Il coula une œillade vers sa sœur. Elle était tendue. Ça se voyait, à la façon dont sa nuque était inclinée au-dessus du plan de travail.

« Hum. » se contenta-t-il de répondre, pour éviter de jeter une remarque acerbe. S’il pouvait faire preuve de mauvaise foi, il n’avait pas la fierté exagérée des Bipolaires. Il avait signifié son aversion pour le Mage Blanc. Surtout, il avait fait une promesse à sa cadette. Elle était plus importante qu’une question d’orgueil. Il n’avait pas besoin de lui dire que la confiance ne s’acquérait pas sans être méritée, et qu’y mettre de la bonne volonté impliquait qu’on la jugeât accordable. Il le savait. Et il devait se douter que le fait qu’il côtoyât de si près des Mages Noirs et pis encore, qu’il fût issu d’une famille de cette souche, incitait encore moins le fils de Réprouvé à faire preuve d’ouverture à son égard.

Laëth acquiesça. « J’ai entendu dire que l’un d’eux était devenu Talleb. » glissa-t-elle, toujours concentrée sur le découpage des légumes. Priam tourna la tête pour la voir, du coin de l’œil, avant de reporter son attention sur Kaahl. Il savait peu de choses de ses pairs sorciers. Le temps d’un instant, il songea que ce pouvait aussi être le fruit d’un placement stratégique. Le Magicien connaissait une montée hiérarchique au sein de son peuple : l’Empereur Noir avait pu songer qu’accorder de l’importance à son triplé pourrait amoindrir son emprise sur sa famille. « Je crois que ce n’est pas tant de savoir ce que ce moyen de pression pourrait lui apporter que de le savoir suspendu au-dessus de leurs têtes comme une épée de Damoclès qui inquiète les Anges. C’est comme dormir à côté d’un nid de Goled, vous ne savez jamais quand ils vont vous tomber dessus. » Laëth frissonna. Hena. Elle avait des pensées noires. Elle activa son Sanctuaire d’Ahena. Son cœur s’allégea. « C’est vrai. »

Hélène serra ses petits poings autour du tissu de la chemise de son père. Le menton posé contre son épaule, elle observait le reste de la pièce. Elle avait terminé son repas, et les prémices du sommeil s’annonçaient. Les caresses dans son dos la berçaient. Elle bailla. À l’inverse de son frère, elle était loin de se préoccuper de ce que racontaient les adultes. La petite humaine vivait pour le moment dans un monde qui respirait l’innocence et le bonheur. Il y avait parfois quelques petites frustrations ou des frayeurs, mais rien qui ne fût traumatisant. Ce qui l’avait été, elle l’avait oublié. Elle ne se rappelait pas du tout de ses premiers parents adoptifs, ni de la tempête durant laquelle ils avaient perdu la vie. Aucun souvenir des hurlements, du grondement du ciel et du fracas du toit n’entachait sa mémoire.

L’Aile d’Acier versa les légumes dans la poêle et pivota juste à temps pour faire face au regard de son amant. Son palpitant frémit d’une faiblesse pénible. « Ah, tu lui as dit, du coup ? » Elle se tourna vers son aîné. « Oui, tout à l’heure, avant de rentrer. » Priam hocha la tête, puis regarda à nouveau Kaahl. « Vous l’avez sous-entendu vous-même : vouloir devenir diplomate, c’est déjà vouloir protéger trop de monde. » Il glissa une œillade vers la brune. « Remarque, c’est pareil pour les militaires. » Il lui sourit. Il lui avait déjà fait la réflexion. « Je lui ai dit qu’elle allait finir par ne plus pouvoir dormir. » - « Tu cumules trois métiers. » rétorqua-t-elle tandis qu’elle mélangeait le riz pour qu’il ne collât pas au fond de la casserole. Il haussa les épaules en levant les mains. « Et je dors effectivement de moins en moins. » Puis, à Kaahl, il répondit : « Non, je ne compte pas devenir Ange Gardien. » Inutile de préciser qu’il n’aurait souhaité pour rien au monde devoir s’occuper de l’un des bambins du Magicien. « Pas pour l’instant, en tout cas. J’ai déjà beaucoup à faire. » Il n’avait pas envie de se lier à ce point à quelqu’un. Là où Laëth pouvait rechercher une intimité sans borne, pour combler des vides que son enfance avait créés, il se préservait. Il érigeait des murs derrière lesquels il se retranchait. Il cachait ses plaies et gardait ses secrets.

Ses iris d’or sondaient le Magicien. Malgré lui, le sujet piquait sa curiosité. « Vous risquez de plus beaucoup pouvoir la voir. » Laëth se retourna, une expression à la fois agacée et lassée sur le visage. « Je trouverai toujours du temps pour le voir. » Ses prunelles remontèrent jusqu’à celles de Kaahl, avant qu’elle ne s’en détournât. Si cette conversation avait l’avantage de ne pas la confronter à la double vie du Mage, certains aspects en demeuraient désagréables. Elle en rediscuterait, plus tard, avec Adriel. « Hum. J’imagine que ça dépend des pairs. » Ses yeux vagabondèrent sur les apéritifs. « Si tu regardes Mancinia Leenhardt et Neah Katzuta, ils sont très souvent ensemble, mais ce n’est peut-être pas le cas de tout le monde. » Finalement, il planta ses pupilles dans celles de l’Honorable. « Vous l’avez pris comment, vous ? » demanda-t-il à brûle-pourpoint. La brune releva la tête de sa casserole et dévisagea Kaahl.



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