Le Deal du moment : -34%
-34% LG OLED55B3 – TV OLED 4K 55″ 2023 ...
Voir le deal
919 €

Partagez
 

 [Event Top Sites] - Sdan Dovahkiin

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

✞ Æther de la Mort ✞
◈ Parchemins usagés : 5272
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2012
Jun Taiji
Sam 09 Jan 2021, 14:35

Sdan Dovahkiin


Image par Atenebris


C'est toujours Réprouvé donc... âmes sensibles s'abstenir o/

Erza et Atthirari se trouvaient à Sceptelinôst. Le temps était à chier. « Je vais finir par vraiment te mettre en cloque à force de te baiser tous les jours. » déclara le nouvellement deuxième Souverain. L’Impératrice des Deux Rives, à califourchon sur l’homme, le fixa avec un sourire insolent. « Ou alors c’est toi qui vas finir par être en cloque. » Elle ricana en forçant davantage sur son bassin. Le soupir qui se dégagea des lèvres du brun la contenta. Qu’il ferme sa gueule et qu’il fasse le travail. L’éclat de condescendance dans les yeux de la blonde ne plut visiblement pas à son partenaire qui la repoussa en arrière. Elle essaya de se débattre et lui soumit la force d’un de ses bras. L’indépendantiste lutta. Erza tenta de fuir mais il la rattrapa, comme un taureau en rut. Il la saisit par la taille et la tira brusquement jusqu’à lui. C’était toujours comme ça. Et encore, ils ne s’étaient pas encore frappés et n’avaient rien cassé : une première. Ça viendrait.

Après le coït, aucun des deux ne se lava. Ils aimaient bien sentir la transpiration et garder les traces de leurs ébats sur eux. Ça leur donnait une fragrance sauvage. Quand certains Réprouvés à leur service entraient dans la pièce, ils ricanaient ensemble de leur tête. Ça sentait clairement fort. Parfois, ils les invitaient pour profiter d’un deuxième assaut. C’était toujours plus drôle à plusieurs, même si Atthirari espérait vraiment la féconder. Il pensait qu’avoir un enfant pourrait permettre de lier de nouveau Lumnaar’Yuvon et Keizal plus tard, lorsque les premiers auraient appris de leurs erreurs et évolués. Il avait un espoir presque naïf pour un homme de son envergure. Erza ricana de nouveau. « Quoi ? » « On devrait t’appeler cul d’acier, vu comment t’as tenu au concours. » « Alors que toi tu t’es vidée comme une truie. » Elle sourit. « Dommage, t’étais trop loin pour que ça t’éclabousse. » « T’as des nouvelles de Za ? » « Ouais. Elle est bien dans la merde. » Parce que, oui, les deux sujets étaient liés. « Tu comptes faire quelque chose ? » « Non. Si les Sorciers viennent négocier avec toi, tu auras qu’à foutre l’autre dans la balance des négociations si t’en as envie. Il faut qu’elle commence à apprendre de ses erreurs. » « Elle ne pourra pas revenir. Ils la tueraient à Lumnaar’Yuvon. » « À Keizal aussi. » « De toute façon, je doute que les Mages Noirs se ramènent. » « Avec eux, on ne sait jamais. Ils s’accrochent comme la merde à tes intestins quand t’es constipé. »

Après quelques jours, la météo n’avait toujours pas changé. Erza et Atthirari s’occupaient mais on ne pouvait pas dire que le lieu où il résidait appréciait leurs activités. Entre deux crises existentielles à s’envoyer chier comme des bêtes et deux coïts trop sauvages pour le bien des meubles, les accalmies se faisaient rares. Parfois, ils s’appréciaient véritablement. Ils éprouvaient même une forme de tendresse l’un envers l’autre. « Les tensions devraient s’apaiser. » « Ou pas. Faudra voir comment ça se passe. C’est là qu’on constate que les autres Souverains sont de vrais rapaces, à tourner autour de Stenfek. » « C’est mieux pour mes affaires. » « Lumnaar’Yuvon ne semble pas prendre ombrage de ce comportement, je te rassure. Ses habitants préféreraient se prendre une queue de Goled plutôt que de faire affaire avec des hypocrites. » « Et toi ? » Elle resta silencieuse. « J’ai un mauvais pressentiment, sans arriver à déterminer à propos de quoi. » « Peut-être un effet de la météo ? » « Il s’est passé beaucoup de choses dernièrement. Entre le Zaahin du Pardon, la levée de la malédiction, les interrogations sur notre origine, le taureau, la scission et ce brouillard persistant… » « Sa chair était bonne, au taureau. » Elle ricana en acquiesçant avant de redevenir plus sérieuse. « Les Zaahin nous testent. Pourquoi ? Je n’en sais rien. » « On finira par savoir. Je repars ce soir dans tous les cas. Il faut que je dirige les opérations à Keizal, avant que les Thur ne fassent n’importe quoi. » « Maintenant que tu es Roi… » C’était une ascension rapide. Il n’avait même pas été Thur. Il avait simplement existé, pris de l’importance, été utile dans des situations critiques. Il était devenu un point central de l’indépendance de Stenfek et la Royauté lui était venue presque naturellement. Le peuple l’avait voulu. Les Zaahin ne s’y étaient pas opposés et avaient même appuyé sa nomination aux côtés d’Erza.

Le soir, après le départ d’Atthirari, un bruit tonitruant fit trembler Sceptelinôst. Le mauvais pressentiment de la Dovahkiin n’était que les prémices d’un changement imminent parmi son peuple. Amilakhash venait de choisir son élue parmi les individus les plus forts des Terres de Sympan. La jeune femme, déjà membre du Léviathan, serait la nouvelle Souveraine de l’Empire. Elle supporterait sa puissance autant qu’elle le pourrait, dans la gloire et l’abondance, avant que la folie ne l’atteigne et qu’elle n'en périsse.

833 mots

Explications


Bonjour ♪

Rps précédents :
- Odon do Dur
- Thogii

Rappel sur Odon do Dur : Un mystérieux individu encapuchonné a fait son apparition sur les terres des Réprouvés, en même temps qu'un brouillard. Après plusieurs jours, son nom a filtré : Lok'Silus le Zaahin du Pardon. Le septième jour, après de multiples rumeurs et la propagation de la nouvelle que quelque chose d'étrange se passe chez les Réprouvés, tous les Réprouvés et leurs enfants, ainsi que des élus, ont été envoyés sur un énorme champ de bataille au milieu d'autres Zaahin, afin de participer à une guerre gigantesque contre des monstres. Chacun y est mort symboliquement en combattant, avant d'être ramené là où il se trouvait. Les combattants, une fois revenus, se sont vus pourvus d'ailes bicolores. Tous se souviennent d'un combat, parfois long de plusieurs années, alors que le temps ne semble pas avoir filé de plus d'une journée dans la réalité.
Participants : Deccio - Calanthe - Maximilien - Léto - Zoé - Astriid - Kaahl - Icare - Isahya - Priam - Laëth - Dorian - Olsayk - Jämiel - Circe - Freja - Dhavala - Dastan - Adam - Solheim - Daé - Pendrake - Ralph - Neah - Sol - Orion - Léandra

Rappel sur Thogii : Environ un mois après Odon do Dur, et alors que l'indépendantiste Atthirari Taiji et la Reine Erza Taiji Stark discutent de la possibilité d'un détachement de Stenfek du reste du territoire, une nouvelle saisissante tombe : un enfant Réprouvé est né par voie naturelle. Conséquence d'Odon do Dur, il semble que la malédiction de Sympan, suite à la Guerre des Dieux, ait été levée. Les Réprouvés sont à présent capables d'engendrer d'autres Réprouvés. Pourtant, ils restent également capables de faire naître des Anges et des Démons. Ce phénomène intrigue mais il y a plus important : la scission ou non de Stenfek. Pour l'occasion, Stenfek est ouverte au reste du monde afin de recevoir des diplomates étrangers. Chacun peut donner son avis durant des semaines et participer à d'autres activités.
Participants : Deccio - Dhavala - Icare - Daé - Orion - Maximilien - Solheim - Zoé - Isahya - Calanthe - Astriid - Tekoa - Dorian - Adam - Léto (qui gagne le titre de Thogii'Kendov) - Kaahl - Siruu - Mephisto - Heian - Mancinia - Neah - Dastan - Priam - Laëth

Interrogations sur la paternité et la maternité des Réprouvés : Suite à Odon do Dur et Thogii, une interrogation revient sans cesse parmi la population. Dans l'Histoire, les Réprouvés sont réputés être nés des Anges et des Démons. Cependant, le fait que le peuple puisse en engendrer alors même que la malédiction de Sympan semble avoir été levée interroge. Certains Réprouvés commencent à avancer que leur race serait bien plus vieille que celle des Anges et des Démons et que ces derniers auraient caché ce fait dans l'Histoire en les exterminant durant les Ères antérieures jusqu'à en effacer les traces. Ils les auraient privés de leur faculté à enfanter des Anges et des Démons et auraient continué de les rejeter au fil des Ères par culpabilité ou haine. Les raisons avancées peuvent être multiples mais, quoi qu'il en soit, cette version de l'Histoire commence à devenir très populaire parmi les Réprouvés, d'autant plus que ni les Anges, ni les Démons, n'ont jamais rendu des comptes sur les sévices qu'ils ont perpétré sur les Réprouvés durant des Ères entières. Aucune compensation n'a jamais été offerte, ni aucune excuse. Le silence de l'Histoire interroge et vos personnages peuvent être amenés à en entendre parler, à en débattre et à s'interroger sur la question. | La vérité sur la question est que, effectivement, les Réprouvés sont antérieurs aux Anges et aux Démons mais ce n'est pas connu ni prouvable pour le moment (si ce n'est pas les voyageurs dans le temps).

Scission de Stenfek : Après Thogii, la décision est tombée de détacher Stenfek du reste du territoire. Atthirari Taiji devient un deuxième Dovahkiin. Néanmoins, il agit en étroite collaboration avec l'Impératrice des Deux Rives afin que le détachement se passe pour le mieux. Il peut y avoir quelques révoltes de Réprouvés ici et là ; ceux qui ne sont pas d'accord. La nouvelle fait beaucoup parler. En tout cas, Stenfek n'a pas attendu longtemps avant d'ouvrir pleinement les négociations avec le monde extérieur dans l'objectif de trouver des accords diplomatiques et économiques. Vous pouvez jouer un début de négociation si votre personnage s'y prête (à noter que je ferai une quête dirigée sur le sujet des accords pour les personnages qui sont assez importants pour en former - pour ceux que ça intéresserait, on pourra discuter pour que vous puissiez jouer un PNJ de votre race afin de discuter des alliances en temps voulu. Il faut juste que vous attendiez un peu que je fasse un état des lieux et que je vous crée la quête car des alliances sont moins faciles que d'autres. J'aimerais que ça se fasse sérieusement, en prenant le temps). Dans tous les cas, devant la nouvelle de la future scission de Stenfek, si Sceptelinôst et Gona'Halv sont partagés, Stenfek et Lumnaar'Yuvon sont au comble de la béatitude. Les habitants de Lumnaar'Yuvon ne cessent de dire que ça fera des bouches débiles à nourrir en moins, qu'ils n'ont pas besoin de Stenfek et qu'ils les emmerdent (en gros c'est la béatitude de la mauvaise foi xD). Les habitants de Stenfek, quant à eux, sont assez joyeux. La fête bat son plein dans les deux régions. Votre personnage peut participer à différents concours (enfin, surtout à Stenfek s'il est étranger parce qu'à Lumnaar'Yuvon on aime pas les inconnus - Bien sûr votre personnage y a sa place s'il a fait l'Odon do Dur) :
- Crachats d’échalote
- Bras/pieds de fer
- Manger le plus de saucisses possibles les mains dans le dos
- Jeter des patates sur une cible jusqu’à ce qu’elle tombe
- Baston de regards
- Laxatif : tout le monde en prend et le dernier à faire caca gagne
- Manger d’orties
- Celui qui tient le plus longtemps en faisant du sexe
- Soulever le plus de personnes possibles
- Lancé de nains
- Celui qui fait pipi le plus loin possible
- Celui qui crache le plus loin
- Péter sur une flamme pour voir celui qui la propulse le plus loin
Bien sûr, vous avez toujours des combats d'organisés, votre personnage peut aller boire dans une taverne etc. La liste fait partie des jeux Réprouvés qu'on a trouvé un soir. Priam devrait en faire des sortes de jeux olympiques de la classe 8D Bref, c'est Réprouvé quoi.

Aussi, en fonction de la position qu'avait votre personnage et sa race lors de Thogii (il y a la position de chaque peuple dans le rp de Thogii), il peut réagir à la nouvelle depuis son lieu de vie.

Taureau divin : À un moment, un taureau va apparaître sur chaque territoire réprouvé. Celui-ci est un animal géant. Tous les Réprouvés vont avoir l'intuition qu'il s'agit d'un cadeau de Lok'Silus, plus particulièrement d'une épreuve. L'animal est extrêmement fort et les Réprouvés décident de le faire tomber, afin de se nourrir de sa chair pour devenir eux-mêmes plus puissants. Votre personnage peut prendre part au combat, jusqu'à la fin de l'animal et se nourrir de sa chair. C'est la condition pour en obtenir un dans ce rp. Attention : votre personnage ne peut pas venir à bout de l'animal seul. Ce sera du coopératif, avec des Réprouvés PNJ et les autres joueurs qui feront le rp. Quelques jours plus tard, l'animal - en plus petit - apparaîtra à votre personnage. Le taureau est un animal fougueux, il faudra du temps avant de l'apprivoiser. Au niveau des Réprouvés, deux taureaux géants réapparaîtront auprès des Souverains ensuite. Le taureau deviendra un emblème de la race. >> Voici le taureau en question <<

Sceptelinôst et Léviathan : Uniquement à Sceptelinôst, quelques jours après l'annonce du détachement de Stenfek, le temps va se couvrir. La météo est vraiment inhabituelle, même pour l'endroit. Il y a du brouillard et des éclairs silencieux zèbrent le ciel, la lumière portée étrangement par les nuages. L'humeur n'est plus vraiment à la fête et les moins puissants commencent à avoir peur. Parfois, on dirait que de larges tentacules attendent derrière le brouillard. Vraisemblablement, il se passe quelque chose et c'est loin d'être rassurant. Le commerce baisse, étant donné que les habitants sont d'autant plus frileux à sortir (oui, même les Réprouvés deviennent frileux 8D). Un soir, alors qu'Erza est sur place, Amilakhash, la divinité du Léviathan prend possession de celle-ci dans un bruit tonitruant d'orage qui fait trembler la totalité de la presqu'île. Le lendemain, des milliers de cadavres de porcs sont retrouvés dans les rues. À partir de cet instant, les choses vont changer chez les Réprouvés puisqu'une fusion avec l'Empire du Léviathan va commencer à s'opérer via Sceptelinôst. La ville va être rendue plus effrayante petit à petit, avec l'arrivée des pirates du Léviathan ainsi que l'assimilation de leur culte. Erza devient donc Léviathan, en plus de Dovahkiin (et elle va faire peur 8D).

Chronologie : Cet événement se passe quelques mois après Thogii.

Vous pourrez poster dans ce rp jusqu'au 10 février 23h59

Gains


Pour 2000 mots minimum (qui concerne la liste ci-dessous) :
- Mancinia ; Astriid ; Léandra ; Typhon ; Latone ; Maximilien ; Aphos ; Fabius ; Kitoe ; Sol

- 1 point de spécialité au choix
- Pour ceux qui combattent et mangent de la chair du taureau : Un taureau divin en compagnon. Je vais faire la fiche de la créature mais, globalement, elle aura des pouvoirs semblables à ceux des Réprouvés ainsi que des pouvoirs de combat et de pardon [C'est un animal créé par Jun qui répond à ces domaines : Guerre ; Pardon]. Ce n'est pas un compagnon soumis à votre personnage mais un animal qui apparaît de temps en temps dans son existence, attiré par la bipolarité, les combats et les fautes.
- Transformation en taureau blanc
- Une armure complète ainsi qu'une arme au choix entre une hache, un marteau et une épée, marquée d'un taureau blanc. Le tout va être fabriqué en masse par les Réprouvés et distribué gratuitement aux individus présents et ayant eu un rôle dans au moins l'un des trois événements.
- Pour ceux qui sont à Sceptelinôst le soir de la fusion entre Erza et Amilakhash : L'ombre d'Amilakash. C'est un pouvoir qui crée un brouillard glacé autour de l'utilisateur. les spectateurs les plus fragiles peuvent percevoir des mouvements effrayants dans le brouillard et en ressentir de l'effroi.

La même chose pour 1000 mots minimum, sur deux personnages au choix pour :
- Deccio ; Isahya

Si vous avez des questions, n'hésitez pas ^^

Force et Honneur  [Event Top Sites] - Sdan Dovahkiin 002
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34795-jun-taiji#679068
Invité
Invité

avatar
Mar 12 Jan 2021, 23:24

[Event Top Sites] - Sdan Dovahkiin Screen10
« Berger sans taureau finira sans troupeau. »



Ce mammifère devait bien faire cinq ou six tonnes à tout casser. À vue d’œil, ce n’était pas un adversaire destiné à être terrassé seul. Ouais. Blondy boy se trouvait par hasard à Stenfek. À l’origine, il devait juste faire la connaissance de quelqu’un d’influent afin de décoincer quelques ressources concernant son projet, mais les choses avaient dégénéré lorsque cette chose de dix pieds de long avait pensé qu’il serait judicieux de les interrompre en plein marché. Du coup, ils se retrouvèrent finalement impliqués malgré eux dans cette sombre histoire. Pour l’occire, il était sans doute préconisé de l’attaquer en groupe, notamment pour le surmener suffisamment et de cette façon lui infliger le coup de grâce. La coopération n’était toutefois pas nécessaire, et il valait mieux qu’il en soit ainsi, puisque l’homme se refusait à faire équipe avec qui que ce soit. C’était certainement réciproque. De plus, les individus ici recueillis n’étaient pas aptes à s’unir main dans la main dans un but commun. En définitive, Deccio se tint à distance, et de par ses observations, il se contenta d’être le spectateur des premiers revers. Les mauvaises attitudes, les offensives inadaptées, les forces et les faiblesses de l’animal, il chercha à percer cette défense d’apparence infaillible. À son niveau, il ne pouvait se permettre de faire autrement. Le Démon étant de toute façon plus habile dans la stratégie que dans le combat pur, il aiderait plus utilement ses pairs en analysant correctement la partie. Les bras croisés en stabilité sur la pointe d’un foyer, ses yeux s’attardèrent sur les — déjà — nombreux blessés qui parsemèrent la terre de Stenfek. Quelques personnes soucieuses de leurs santés s’occupèrent d’eux, mais globalement, le temps n’était pas perçu pour en perdre dans ces banalités. Peut-être qu’en libérant l’Autre de ses entrailles, le Démon pouvait gagner la puissance nécessaire pour compenser un tant soit peu ce manqué ressenti. Toutefois, il préservait cette forme pour les cas d’extrême urgence, lorsqu’il serait sur le point de trépasser. Et encore, il ne garantissait pas de la déployer pour une guerre qui ne le concernait pas.

La scission qui avait découlé suite aux décisions des diplomates avait possiblement conduit cette créature à semer le trouble dans la cité. « On devrait peut-être aller leur donner un coup de main, non ? Regarde-moi ça, certains pissent tellement le sang qu’on dirait ma baignoire. » Zonnin ; le plus cinglant des Démons qui avait maintes fois combattu à ses côtés. Lui aussi s’était retrouvé mêlé aux histoires des métis contre son gré. Il n’attendait qu’une chose : de pouvoir se joindre à la compagnie pour terrasser la grosse bête et faire jaillir une quantité de sang mémorable en l’honneur de Xaraxus. Deccio — pourtant familiarisé aux profils les plus farfelus — espérait ne pas se situer dans son sillage lorsqu’il commencerait à dégainer sa lame « Koḷeta ». Une arme forgée à partir du cœur du volcan et qui disposait d’une force redoutable. Seul un taré de son espèce était apte à la manier. Quoiqu’il en soit, il doutait que même en étant à ses côtés, tout aille pour le mieux. Le bovidé n’était pas d’humeur, et pas une seule seconde il ne laissa croire à ses offenseurs qu’il était prêt à leur léguer sa carcasse. C’était plutôt compréhensible il faut dire. « Pas tout de suite. Regarde plus attentivement, c’est infime, mais il s’épuise tout doucement. Sa respiration est plus saccadée que tout à l’heure, et ses mugissements sont plus rapprochés, signe qu’il perd peu à peu patience. Qu’importe d’où il provient, son endurance est limitée, c’est pourquoi nous devons le céder aux premières lignes. De toute façon, ce n’est pas un nombre plus conséquent qui finira par le renverser. » « Tch, c’est justement ce qui m’ennuie. Me contenter du dernier coup, c’est pas mon truc, l’ami. J’y vais. Rejoins-moi quand t’en auras terminé avec tes conneries. » Ces Vils... pas moyen de se tenir tranquille plus de cinq minutes lorsqu’un combat était en jeu. Cependant, il n’avait pas entièrement tort ; le moment était venu de se mêler à la fête. Se redressant lentement de son point d’observation, le Démon s’échauffa rapidement en assouplissant ses articulations. Un dernier coup d’œil, et le Diablotin s’envola à son tour.

Son flanc étant à découvert, Deccio projeta férocement sa hache pour atteindre son jarret, et c’est à peu de choses près qu’il manqua complètement sa cible. Il se mouvait bien trop farouchement, acculé de toute part par les nombreux soldats qui se déchainaient sur lui. Rappelant son arme aussitôt, il contourna habilement la menace pour gagner l’arrière et asséner une puissante frappe dans l’une de ses cuisses. Le sang gicla sur son visage, et sans qu’il ne puisse se ressaisir pour porter un estoc supplémentaire, l’homme fut propulsé par le biais d’un redoutable coup de sabot qui l’envoya valser sur une quinzaine de mètres. Le choc l'avait suffisamment secoué pour lui empêcher de se remettre dans les instants qui suivirent. Persistant un peu dans cette position, il dénoua le kusarigama de sa ceinture puis fixa son sabre au bout de celle-ci après avoir effectué une entaille sur la paume de sa main. S’élevant d’un bond en avant pour se relever, le Démon chargea de nouveau, et cette fois-ci, il ne s’arrêterait pas avant de l’avoir complètement délesté de sa peau. Gravitant autour du taureau en restant le plus vigilant possible pour se soustraire à ses contres, le blondinet propulsa sa chaine par en dessous. En contrôlant cette dernière avec son pouvoir, il orienta selon son bon vouloir sa direction, mais également sa vitesse et donc son intensité. Il fallut plus d’une tentative pour le meurtrir vraiment et aggraver celles qui avaient déjà étés occasionnés, mais à force de persister, la bête finit par s’étaler devant les assauts fulgurants des soldats. Capitulant dans un ultime râle, son souffle s’éteignit presque immédiatement après que sa masse se soit étendue sur le sol, dans un fracas effroyable qui souleva une épaisse couche de fumée. Deccio ne s’en était pas sorti indemne comme il l’aurait espéré, ses multiples blessures au visage l’en attestant, mais il était plutôt fier malgré tout. Il ne restait qu'une chose à accomplir : sa dégustation. Goûtant à sa chair, elle sembla lui provenir d’une autre dimension. Quel délice.  


1074 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mer 13 Jan 2021, 22:58


Image par Eva Sophie
Sdan Dovahkiin

Thème.

e4oj.jpg« Vous êtes sûr que vous avez envie de faire ça ? » Les prunelles rivées sur le visage de son compagnon, la jeune femme attendait anxieusement une réponse. La détermination conférait à l’azur de ses iris une profondeur lumineuse. C’était à n’y rien comprendre. Avait-il totalement perdu l’esprit ? « Vous insinuez que je ne sais pas m’amuser ? » Devant l’orage qui menaçait d’obscurcir le ciel, elle secoua vivement la tête. Ces derniers jours, il se comportait étrangement, et si elle aurait volontiers attribué son changement d’attitude à l’ambiance joyeuse qui s’était abattue sur la ville, l’inquiétude lui creusait l’estomac. « Non, mais... » Balayant son obsession pour la politesse, il lui coupa sans vergogne la parole. En un geste qui se voulait doux, son index se posa sur sa bouche, lui intimant le silence. « Alors ne dites plus un mot, et observez bien. » Avant de s’éloigner d’elle, il lui accorda la complicité d’un clin d’œil. Abasourdie, elle le regarda se frayer un chemin entre les concurrents. Entre les silhouettes d’armoires à glace des Réprouvés, il tenait davantage de la brindille. L’appréhension lui nouant la gorge, la Déchue prit place parmi les spectateurs. D’une voix fluette, elle glissa un encouragement, qui se fondit dans les vociférations alentour. Lorsque les Bipolaires se trouvaient impliqués, la moindre activité devenait éminemment bruyante. Contrariée qu’il n’ait pu l’entendre, elle s’appuya contre une barrière, adoptant une moue boudeuse. Pourquoi diable avait-il voulu se joindre aux festivités, lui qui n’aimait rien tant que le silence ?

Les organisateurs vinrent remettre à chaque participant un sac en toile de jute. À l’intérieur, des pommes de terre s’entassaient en une masse informe. Les premiers individus s’élancèrent. De toutes leurs forces, ils propulsèrent les projectiles sur leurs cibles respectives. Mal positionnée, l’une d’entre elles se renversa instantanément, provoquant l’indignation du public. En guise de réponse, un contestataire se retrouva avec un féculent fiché entre les dents. Avant que la fête ne soit troublée, quelques-uns abandonnèrent prématurément la compétition. Plus alléchés par la perspective d’une bonne vieille bagarre, la Déchue les vit s’éloigner en direction de la zone réservée aux combats. De toute évidence, ses voisins débordaient d’énergie ; elle doutait de pouvoir dormir à la nuit tombée. Le choc des tubercules contre le bois attira à nouveau son attention. De minute en minute, les exclamations de joie s’amplifiaient. Une femme au cou de taureau tournait dans le public pour prendre les paris. D’un sourire gêné, elle la remercia : ces derniers temps, elle dépensait plus que de raison, et, cherchant à s’affranchir de ses habitudes d’enfant gâtée, elle n’osait pas demander de l’argent à son père. Puis, ce fut le tour de César. À l’instar de ses prédécesseurs, il s’empara de sa bombe terreuse. Derrière les mèches brunes, elle imaginait sans peine la concentration assombrir son regard. D’un élan soudain, son bras se tendit, projetant son précieux contenu. Ajustant son tir, corrigeant la trajectoire, il persista, encore et encore. Le dernier habitant du sac, dans une poétique tentative d’union avec le métal visé, fut réduit en bouillie. Il n’y était pas allé de main morte. C'était satisfaisant.

e4oj.jpgL’exercice, cependant, avait eu le mérite de lui détendre les muscles et l’esprit. De retour auprès de Calanthe, ils quittèrent la place, laissant le concours se poursuivre sans eux. Les sourcils de la blonde se froncèrent. « Je suis un peu perdue. Vous prétendez toujours que la priorité est d’être discret. » D’humeur malicieuse, l’homme à ses côtés esquissa un sourire. La fraîcheur de ses neurones la prévenait de bien des raisonnements. « Et à votre avis, existe-t-il un meilleur moyen pour passer inaperçu que se mêler aux activités comme n’importe lequel des citoyens de cette ville ? » Que pouvait-elle bien répondre ? Déambulant dans les ruelles de Stenfek, ils tombèrent finalement sur une nouvelle activité. Une longue tablée attendait les curieux. Ignorant le contenu des assiettes, elle décida de tenter sa chance et s’installa. « Bon appétit à vous ! » Les visages rougis de ses voisins ne suffirent pas à la dissuader de faire honneur au repas. Guillerette, elle se saisit de sa fourchette et enfourna sans réfléchir une bouchée. Ce fut comme si un millier d’aiguilles lui piquaient la langue. Surprise, elle avala à la hâte, cherchant par réflexe un verre d’eau. Évidemment, aucune boisson n’avait été mise à disposition. La gorge en feu, elle s’imagina victime d’une hallucination. Comment de la salade pouvait-elle provoquer un tel phénomène ? Naïvement, elle reporta les feuilles à sa bouche. Bien réels, les picotements se propagèrent dans ses joues. Un insupportable fourmillement courut le long de sa chair. Était-ce du poison ? Allait-elle mourir ?

Craignant de tomber dans les pommes, la jeune femme s’extirpa avec difficulté du banc. Portant les mains à ses pommettes pour s’assurer que sa peau ne fondait pas, elle se mordit la langue pour ne pas crier. Visiblement amusé de sa mésaventure, le Sorcier lui tendit une boisson. « Vous ne devriez pas vous jeter tête baissée dans la première activité qui passe. Vous allez finir par vous attirer des ennuis. » Devant l’évidence de sa bonne humeur, elle ressentit l’envie brusque de le gifler. Qu’il osât se moquer d’elle alors que la mort, sans doute, s’apprêtait à la cueillir, était inconcevable. Se réjouissait-il véritablement de sa disparition ? N’était-ce pas ce qu’il cherchait depuis le début ? Des scénarios fantasques fleurissaient sous son crâne, nourris par le sang qui affluait massivement vers ses tempes. Ses zygomatiques la faisant souffrir, elle n’essaya même pas de se défendre. Une main se posa sur son épaule. Une haleine avinée lui fouetta le visage. « Hé, toi ! T’es plutôt mignonne. Ton copain aussi. Y’a une orgie, là-bas. Ça vous dirait de venir ? » Loin de désapprouver l’indécence de son entreprise, le compagnon de l’ivrogne pointa la Déchue du doigt. « Je me demande si t’as autant d’ardeur au pieu que pour avaler des orties ! » Le gonflement dans sa bouche empêcha la jeune femme d’émettre la moindre protestation. D’un geste protecteur, César l’attira contre lui. « Elle n’est pas intéressée, et moi non plus. » Haussant les épaules, le Réprouvé n’insista pas, préférant aller vider sa queue avec des partenaires plus jouasses. « Nous allons peut-être rentrer, finalement. » Les doigts du Sorcier affermirent leur prise sur l’avant-bras de Calanthe. Personne n’avait le droit de toucher à son jouet.

1 063 mots
Revenir en haut Aller en bas
Astriid
~ Ygdraë ~ Niveau II ~

~ Ygdraë ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2357
◈ YinYanisé(e) le : 03/04/2020
◈ Activité : Empoisonneuse
Astriid
Ven 22 Jan 2021, 21:06

[Event Top Sites] - Sdan Dovahkiin 69nv
Sdan Dovahkiin




Astriid s'éveilla de sa sieste avec un sursaut. Assise à une table en bois, l'Elfe répondait à ses lettres mais s'était laissée distraire par ses pensées et les rayons de soleil avaient installé une langueur agréable dans ses membres. Quelques minutes plus tard, une somnolence s'était emparée d'elle et sa tête avait bientôt rejoint le creux de ses bras. Elle bailla et étira ses bras au dessus de sa tête en portant des yeux fatigués sur son environnement. Stenfek était en liesse depuis plusieurs jours et les nuits étaient courtes et le groupe d'Ygdraës vivait au rythme des fêtes. Le verdict de la séparation des Réprouvés était tombé. Les conséquences que cela engendrait lui échappait totalement. L'Ygdraë songeait surtout qu'il était triste de voir un peuple se scinder ainsi mais à voir les bipolaires fêter cet événement dans une allégresse quasi totale, ce n'était peut-être pas une mauvaise chose. Que savait-elle d'eux après tout ? Leur passé, leur culture, autant de choses qu'elle avait lu dans les livres sans les comprendre. S'ils étaient heureux, alors c'était forcément une bonne chose. La délégation elfique avait quitté Stenfek peu de temps après l'annonce avec un air renfrogné. Leur opinion avait été entendue mais non retenue. Elle soupira. Depuis quand se préoccupait-elle de politique ? De nouveau, des clameurs s'élevèrent au loin et ses oreilles pointues s'agitèrent. Voyant plusieurs personnes courir dans la direction du bruit, Astriid rassembla ses affaires et suivit la foule.
Un mugissement sourd, comme venu d'outre-tombe s'éleva, à l'unisson des cris de guerre. Les sourcils froncés, l'Elfe finit par apercevoir l'origine du chaos qui agitait la ville. Un taureau à la taille démesurée dominait la foule. Ses cornes enroulées au dessus de sa tête tenait à distance les plus audacieux et sa robe blanche semblait presque s'illuminer de l'intérieur au contact de l'astre solaire. Astriid laissa s'échapper une exclamation admirative. L'animal était magnifique, un mélange d'énergie sauvage et puissante, indomptée. L'Ygdraë peinait à en croire ses yeux. Quand elle vit une femme se ruer sur la bête avec une hallebarde, Astriid ne put retenir un petit cri qu'elle camoufla en plaquant sa paume de main sur sa bouche. Les yeux écarquillés de frayeur, elle ne savait comment interpréter le geste de la guerrière. C'était de la folie, il ne pouvait en être autrement. Sans difficulté, le taureau s'était débarrassé de son assaillante comme si elle était à peine plus agaçante qu'une mouche sur sa croupe. Une vague d'excitation parcourut les rangs alors que les bipolaires poussaient des cris comme pour s'encourager. Ils devaient apprendre de leurs erreurs car ils s'y mirent à plusieurs cette fois. Astriid plissa les yeux. Une vague de colère la parcourut. Comment pouvais-t-on seulement désirer s'en prendre à un animal aussi magnifique ? Il aurait dû être vénéré et protégé. Pas traité comme une vulgaire vache d'élevage. Oui, c'était certain, elle ne pourrait jamais vraiment comprendre les Réprouvés. Alors qu'elle serrait les poings, la mâchoire tendue, une petite voix s'éleva à ses côtés.
«Ah je t'ai trouvée !» Astriid baissa les yeux avec surprise sur une petite tête aux cheveux pâles. Ses yeux carmins plongés dans les siens, il ne faisait aucun doute que ce petit garçon s'adressait à elle. La rousse nota avec surprise que ses oreilles étaient effilées. Un Ygdraë ? Un enfant Ygdraë qui plus est ? Hors de Melohorë ? Ça n'avait aucun sens. La tête pleine de questions, Astriid ne sut que répondre et le garçon lui prit alors sa main avec une confiance inébranlable. «Tu ne veux pas t'approcher plus près Maman ? Ils disent que si tu touches le taureau, ça te portera chance !» Maman ? L'Elfe avait comme le souffle coupé et un coup dans l'estomac ne l'aurait pas plus choquée. Elle se reprit toutefois assez vite et s'agenouilla pour se mettre au même niveau que lui. D'une main, elle lui caressa tendrement la joue. «Bonjour toi. Tu dois me confondre avec ta maman. Je n'ai pas d'enfants.» Elle avait dit ça presque en riant mais le visage du blondinet s'assombrit ce qui coupa l'éclat de rire qui menaçait de sortir de la gorge d'Astriid. Sa lèvre inférieure trembla et une larme roula sur sa joue rebondie d'enfant. D'une voix chevrotante, il articula : «Mais tu ne me reconnais pas ? Tu veux te débarrasser de moi ? M'abandonner ? Je promet de ne pas te déranger maman !» Chaque mot semblait ouvrir les vannes et son visage était maintenant baigné d'un mélange peu ragoûtant de larmes et de morve. Astriid frémit de tout son être. Elle n'osait pas le contredire à nouveau. Il semblait si sûr de lui et elle ne voulait pas voir une larme de plus. Sans réfléchir, elle prit sa décision et sécha vivement ses joues mouillées. «Bon bon, calmes-toi, jamais je n'abandonnerais un petit garçon aussi adorable. Pardonne-moi, euh, comment tu t'appelles ?» Le garçon écarquilla les yeux et sembla à court de mots. Craignant une nouvelle crise humide, Astriid reprit avec vitesse, lui prêtant le nom de son arrière arrière grand père. «Mais oui bien sûr ! Laötyr !» Elle étudia son visage, craignant qu'il ne se mette à hurler en l'accusant de ne même pas savoir son nom. À la place, il renifla et se jeta contre la rousse, accrochant ses petits bras et son cou fourrant son visage dans son cou. Par réflexe, Astriid lui rendit son étreinte, tapotant légèrement son dos pour le rassurer. Son visage en revanche était un masque tourmenté. Comment allait-elle présenter la situation à Raïm et au groupe ? Jamais ils ne la croiraient. Et si jamais Raïm la croyait, il allait l'assommer, purement et simplement. Peut-être même la tuer. Elle n'apportait au Braskä que des problèmes, il risquait d'écrire au gouvernement elfique pour demander une dérogation et envoyer Astriid dans un autre groupe d'Eskëts pour se débarrasser de la rousse. Elle se mordit les lèvres et se sépara du garçon. Les yeux encore rouges, ce dernier avait toutefois l'air apaisé et ne semblait pas prêt à la quitter d'une semelle. «Tu es tout seul alors ? Je veux dire avant de me trouver ?» Piteusement, il avoua d'une toute petite voix. «Eh bien... J'ai oublié ma cocotte chez papa...» Astriid inspira à fond par le nez et essaya de maîtriser sa voix en l'interrogeant. «Et ton papa, comment s'appelle-t-il ?» Laotÿr la regarda, un peu perplexe et c'est sur un ton accusateur qu'il répondit. «Bah, c'est Solheim. J'ai oublié son nom de famille, il est compliqué. Mais ça va maman ? Tu as mal à la tête ? Peut-être que tu ne devrais pas te battre pour tuer le taureau finalement.» Il semblait vraiment embêté à cette idée et Astriid éclata de rire. Aucun risque qu'elle touche à un seul poil de l'animal. Elle resta muette toutefois, perdue dans ses pensées. Elle ignorait tout de ce Solheim, il sortait sûrement aussi de l'imagination délirante du garçon. «Laissons ce bel animal tranquille et allons trouver une autre distraction, d'accord Laötyr ? Est-ce que tu as faim ?»
Médusée, Astriid regarda un Réprouvé, son pantalon sur les chevilles, le visage crispé dans un effort d'intense concentration et penché dans une position relativement comique. Faisant face à son derrière dénudé, une flamme dansait. Les spectateurs l'encourageaient, d'autres lançaient des plaisanteries grivoises qui faisaient s'agiter les oreilles d'Astriid. Enfin, un bruit scandaleux de pet fit rougir Astriid alors que la flamme prenait soudain de l'ampleur. Instinctivement, elle cacha d'une main les yeux de Laötyr mais ce dernier s'échappa de l'étreinte de sa présumée mère pour regarder avec un oeil goguenard le prochain candidat se positionner à son tour dos à une flamme. Choquée, Astriid entraîna le garçon par le col jusqu'à un autre stand pour épargner ses yeux innocents - et les siens aussi par la même occasion. Elle prit soin d'éviter ce qui ressemblait à un concours de celui qui faisait pipi le plus loin et fut ravie quand elle vit plusieurs binômes assis face à face. Un exercice cérébral, sans nul doute. Voilà qui serait plus adapté, elle devait montrer le bon exemple à Laötyr après tout. Confiante, elle s'approcha de la Réprouvée qui tenait le stand. Une lueur scintilla brièvement dans ses prunelles et un sourire moqueur tordit sa bouche. Oui. Astriid n'avait pas particulièrement brillé lors de la légendaire bataille qui avait opposé les bipolaires aux monstres. Elle n'avait pas non plus fait un discours mémorable lors des débats. Si la plupart des Réprouvés la laissait quand même tranquille, certains s'autorisaient parfois des commentaires narquois. Astriid avait appris à les laisser glisser sur elle sans s'en préoccuper. Aurait-elle souhaité rejoindre les Enöks, peut-être l'Elfe aurait-elle ressenti une pointe de honte mais elle abhorrait la violence et la mort et ne se sentait donc pas offensée par le dédain des Réprouvés à son égard. Du moins, elle tentait de s'en persuader. Quand la blonde eut terminé de lui expliquer en quoi consistait le jeu, Astriid la remercia d'une petite voix et partit s'installer avec son fils - la pensée glissa un frisson glacé dans son dos - pour commencer le duel de regard. Au bout de deux secondes, la rousse réalisa l'immense erreur qu'elle avait commise. Plongeant ses yeux dans ceux de Laötyr, elle pouvait y lire toutes sortes d'émotions qui faisaient palpiter son coeur. Une pointe de malice qui n'était pas sans rappeler la sienne, une confiance absolue mais surtout un amour qui ne faisait aucun doute. Astriid avait l'impression d'être une voleuse à ainsi profiter des sentiments du garçon. Lui en voudrait-il quand il apprendrait qu'elle ne pouvait être sa mère ? Soudain, elle ne voulait pas qu'il le sache. Mais en tant qu'Ygdraë, elle devait le ramener au sein de son peuple. Les règles étaient claires et sans avoir passé le Regard des Enelyës, il ne pouvait sortir des terres natales. Laötyr fronça soudain les sourcils, il semblait chercher quelque chose aussi dans les prunelles émeraudes de la rousse mais il ne dut pas être satisfait car il baissa soudain les paupières. Pour dénouer la tension qui s'était créée entre eux, Astriid frappa sur la table en s'exclamant : «Ah ah ! J'ai gagné !» Le blondinet ne partagea pas sa joie. À la place, il se dressa, ses poings serrés le long de son corps. Raide, il tremblait de colère. L'Ygdraë n'eut pas le temps de prononcer le moindre mot que Laötyr se baissait pour se saisir du tabouret sur lequel il était assis et il le brisa à terre avec une force insoupçonnée. Choquée, Astriid sursauta devant ce déchaînement soudain de violence. En face d'elle, le blond poussa un cri de fureur, les traits déformés par la rage. Il tendit les mains vers elle, ses doigts formant des serres comme s'il voulait l'étrangler mais il sembla changer d'avis et donna un coup de pied dans le tabouret d'un autre candidat. Cela sembla sortir Astriid de sa torpeur et elle se saisit du garçonnet à bras-le-corps tout en s'excusant à plusieurs reprises auprès du bipolaire dérangé. Ce dernier grogna une réponse, habitué aux éclats de colère de son propre peuple et se contenta de leur jeter un regard mauvais car le mouvement brusque lui avait fait perdre la partie. Précipitamment, Astriid entraîna Laötyr plus loin alors qu'il se débattait comme un sauvage dans ses bras en braillant dans ses oreilles. Elle ne comprenait pas le soudain changement de comportement. Il était visiblement très instable et cela justifiait quelque part la croyance qu'il avait sur son compte. Peut-être avait-il un problème mental et sa vraie maman le cherchait partout ? Inquiète, Astriid jeta des regards éplorés autour d'elle mais nul ne faisait attention à eux et surtout, elle ne voyait aucun parent qui aurait été à la recherche de l'enfant disparu. Un coup de poing porté à sa tempe ramena ses pensées sur le garçon et elle cria de surprise plus que de douleur. Aussitôt, Laötyr cessa de s'agiter. Il regarda le sol, les sourcils toujours ombrageux. La colère l'habitait toujours mais au moins, il semblait regretter son geste. Astriid renonça à exiger de lui des excuses, elle était lasse de cette situation. Elle ne comprenait pas et une migraine menaçait d'assombrir sa cervelle mise à rude épreuve. Elle soupira. «Ne bouge pas de là, je vais nous chercher à boire.» «Je veux une bière comme les grands ! J'suis un homme moi ! Un futur Dovakhiin !» Cria-t-il avec une pointe de défiance dans la voix. Un sourire vint éclairer le visage de l'Ygdraë. Elle avait déjà entendu ça quelque part. Quand elle revint, Laötyr avait disparu.



Fin |2215 mots



[Event Top Sites] - Sdan Dovahkiin Aoyv
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37828-astriid-celwun-la-f
Invité
Invité

avatar
Mar 26 Jan 2021, 20:58


Image par Eva Sophie
Sdan Dovahkiin

Thème.



Aux côtés de Mireille et de Coquin, mes deux meilleurs collaborateurs, nous nous promenâmes à Sceptilenôst, la villa des corps brisés.. En arrivant, j’avais eu une altération avec l’un d’eux à cause de son regard malsain sur ma cochonne. Je ne sais toujours pas s’il espérait la manger ou lui tâter le croupion, mais je m’étais fermement interposé entre lui et ma princesse. Devant son impolitesse, nous avons donc étés contraints de régler ça comme des hommes, en se défiant au jeu du pierre-papier-ciseaux. Alerte spoiler : j’ai perdu. Cliffhanger de fin : Mireille a pissé sur ses godasses pour me venger. Bref : nous étions maintenant des fugitifs qui cherchaient à se détourner de cet odieux personnage. J’avais l’impression d’avoir buté un roi. Pire, d’avoir insulté Zoya. Nous étions en cavale, nous, le trio ingérable craint pour leur imprévisibilité imaginaire. Camouflé derrière un muret de parpaings qui laissait entrevoir la moitié de mon corps, j’espionnais l’étroite rue devant moi. Plusieurs géants bardés de haches, de gourdins et de sauciflards me toisaient avec une drôle de tronche. Quoi ? Ils voulaient en découdre eux aussi ? Mais pour une curieuse raison, je n’avais aucune envie de me frotter à eux. La peur, je crois. « Bon. On va bouger ! Vous êtes avec moi, équipe phacochère ? » Mais à peine tournais-je la tête pour m’adresser à mes condisciples que ceux-ci partaient déjà dans tous les sens. C’est les yeux désorbités et la bouche grande ouverte que je lâchais mon plus beau juron : tartiflette. Du côté de Mireille, elle dévorait le chapeau d’un bambin alors qu’il se trouvait toujours sur sa tête. De l’autre, Coquin qui courait à l’opposé, fuyant manifestement un prédateur plus terrifiant que lui : une libellule.

Vite, je devais l’aider avant qu’il ne fasse une crise d’angoisse. D’un plongeon quasiment maîtrisé, j’attrapais Mireille en embarquant le chapeau avec, le posant aussitôt sur ma tête pour partir à la recherche de cet énergumène. Avec son petit corps fluet, l’idiot pouvait se faufiler n’importe où, c’est pourquoi je me mis à crier son nom. « COQUIN ! PETIT PETIT PETIT ! » Dans cette ruelle peut-être ? « COQUIN ! » Dans cette ruche alors. « COOO… merde ! » Poursuivi à mon tour par un essaim d’abeilles carnivores, je me jetais tête la première derrière un amoncellement constitué de tuiles. Puis lorsqu’elles me lâchèrent la grappe, je repris mon investigation. En passant à côté d’une vieille maison close, j’entendis de drôles de sons. Ça criait à tout va ; sans doute un coup de mon partenaire qui semait le trouble. Je me précipitai alors rapidement à l’intérieur dans l’espoir de le dissuader d’un suicide involontaire, mais ce que je vis une fois la porte ouverte dépassait mes attentes. Et surtout, elle me dépassait moi. Un homme et une femme complètement nus se frottaient l’un à l’autre, un bout de chair allant et venant entre les cuisses de la jeune fille. Ça devait faire atrocement mal pour qu’elle hurle ainsi. C'était surement ce que les gens de la surface appelaient un coup dur, ou quelque chose comme ça. J’aurais bien voulu l’aider à l’arracher des griffes de ce bandit, mais je n’étais ni un héros ni un extracteur. Je cherchais juste un poulet. « Excusez-moi, vous n’auriez pas vu un pigeon haut comme ça ? Il perd la moitié de ses plumes et à la fâcheuse habitude de picorer des graviers. Je vous… » Je n’eus même pas le temps de compléter ma phrase qu’on me balança toutes sortes d’objets au visage, y compris des briques et des grappes de raisins. M’éloignant de cette Enfer, les nuages commencèrent à couvrir l’horizon. À partir de cet instant, tout alla extrêmement vite, si bien que je fus un peu sur le cul quand je vis que tous les habitants s’empressèrent de rentrer chez eux.

C’est vrai que la pluie s’élevait dans une violence considérable, tout comme l’orage qui frappait à intervalles de plus en plus réguliers, mais de là à prendre ses jambes à son coup… Toutefois, quand le tonnerre me fracassa les tympans, je changeai aussitôt d’avis, Mireille me mordant les oreilles par réflexe. Si je restais là, je serais foudroyé sur place, c’est la raison pour laquelle je m’engageai dans la première maison venue, comme si de rien n’était. Une fois en sécurité, j’aidais le vieil homme sur les lieux à fermer ses volets sans que celui-ci ne se rende compte immédiatement de ma présence.  « Merci, jeune ami. Vous êtes bien brave. » Il me regarda quelques secondes dans le blanc des yeux. « Mais qui êtes-vous ? » « Euh… Faust. » « Fist, mon frère ? Tu as tellement changé. Qu’est-ce que tu as mangé pour être si pâle ? Tiens, assieds-toi ici. » Manifestement, il n’avait pas la lumière à tous les étages. C’est vrai quoi, un cochon ne pouvait pas être de sa famille, c’était impossible. À moins que… les larmes me montassent au visage. « Frérot ! » Je sautais dans ses bras. Ça faisait si longtemps. Enfin, je crois. Puis lorsque je m’assis à table, je fus d’autant plus étonné de remarquer qu’un coq se tenait debout dans mon assiette avant de me picorer le crâne. « Coquinnnnn ! Tu es lààààààà. » Je le pris dans mes bras, prêt à l’étouffer tellement la joie me rattrapait. Je le lâchais toutefois avant d’en faire un chicken wing. Passés ces charmantes retrouvailles, quelque chose attira mon attention en dehors de cette tempête. « Il se passe quoi ici, frérot ? Lubuska vient me tordre le cou ? » « Oh non. Rien à voir. Je suis presque sûr que c’est en rapport avec les querelles qui ont divisés Sceptilenôst et Stenfek. Viens voir, approche. »

Puisqu’il le demandait si gentiment, je m’approchais de la fenêtre pour regarder par l’interstice. Sainte Lubuska, que c’était joli ! Une harmonie parfaite se dressait entre quelqu’un et un autre quelqu’un. Je ne connaissais aucune des deux personnes, mais au milieu de cet orage décadent, elles avaient l’air de bien s’amuser. J’avais déjà vu quelques chiens le faire similairement lors de mes nombreux pèlerinages en quête de sang frais.  « Non, pas ça, abruti ! Regarde là-haut. » Un éclair venait en effet de jaillir avec une puissance redoutable, si détonnant qu’il me fit sursauter sur place. Je ne venais pas très souvent ici, mais c'était carrément pas un temps à coucher les vaches dehors.  « Comment je vais faire pour rentrer chez moi maintenant ? » L'homme essuya la morve qui coulait de ses narines « Dors ici, frangin. C’est pas ce soir qu’il faut partir. Même pour des gaillards comme nous, c'est pas une sinécure.  » Je devais lui donner raison, car Mireille et Coquin commençaient à piquer du nez à cause de toutes leurs bêtises. Par conséquent, je fis comme il dit et ne me réveillas que le lendemain. Dès lors que je fus débout, celui qui me prenait pour un parent se trouvait dehors, visiblement maussade. En me risquant à l’extérieur, je compris pourquoi : des cadavres de porcs étaient disséminés de partout. Quel enfer ! En tant que Vampire, j'avais connu pire c'est sûr, mais en tant que père et amant, ça me donnait la gerbe. « Euh... bon. Vous avez été adorable, Monsieur, mais nous ne pouvons pas rester ici davantage. Je repasserais vous dire bonjour à l'occasion. » Qu'il crève oui. Pas question que je reste ici avec le danger omniprésent de voir ma maîtresse la plus fiable partir en morceaux. Me précipitant à l’intérieur, je lui couvris les yeux et me hâtais de m’enfuir loin de cette ville de dérangés. Je n’étais pas prêt d’y remettre les pieds, foie de morue !



1248 mots
Revenir en haut Aller en bas
Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 2292
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Mar 02 Fév 2021, 16:25




Le verre scintilla entre ses phalanges, rattrapé en vol. D’un œil minutieux, Pendrake contemplait son contenu. Il ne devrait pas la boire. Il était exténué. Et pour cause, les récents événements à Sceptelinôst – sans mentionner les cafouillages personnels – donnaient le tournis. La nouvelle de l’indépendance de Stenfek avait fini par remonter jusqu’à l’Antre des Damnés. Pour son cas, le Hrafninn ne voyait pas du tout cette décision d’un bon œil ; un sentiment partagé par une bonne partie de ses congénères et voisins. Avec les Zaahin, et Lok’Silus, il leur était difficile de contester cette bénédiction. De toute manière, c’était bien à la Dovahkiin de gérer cette affaire, alors… Pendrake avait entendu dire que les deux dirigeants traînaient à Gein’Draakul. Le Drem ne pouvait pas se pavaner sous leur nez comme ça, mais bon, la situation économique de la cité le préoccupait et Shezira Ossana ne faisait pas grand-chose pour régler leur calvaire. La Thur Merrill avait convoqué le Drem, pour une raison qu’il ignorait encore, car l’arrivée impromptue du taureau retarda tous les plans ; sans parler de la météo exécrable. Il s’essuya les lèvres, le goût métallique du sang y était encore imprimé. Sa barbe stockait quelques hémoglobines. Forcément, son statut lui incombait de participer à l’abattage de la bête, sa dévoration fut une récompense "intéressante". Une bonne partie de ses vêtements – déchiquetés et tachetés d’écarlate – traînaient dans un coin de la pièce. L’effort en valait la peine, étant donné le sentiment de puissance qui s’écoulait dans ses tripes.

Une éternel fois, le Choucas lança la fiole en l’air et la saisit. La potion de Jouvence était si petite. Soit leur rendement était ridicule, soit les dosages méritaient une refonte. Tout ceci n’était peut-être qu’un test, afin de ne pas gâcher de ressources. Pire encore, c’était peut-être bidon. Il ne devrait vraiment pas boire cette potion. À vrai dire, Annibale ne lui avait jamais précisé qu’il devait synthétiser lui-même le produit. En effet, Pendrake lui avait bien demandé la recette mais simplement pour rassembler les ingrédients manquants. Le Réprouvé cherchait à lui faire une faveur, afin de lui prouver son implication pour la cause. Avec un peu de chance, le Spectre de la Dame finira par lui rendre la pareille. C’était bien tout ce que le Hrafninn souhaitait. Surtout depuis le fiasco chez les Dotta.

Sans prévenir, une figure sortit de l’ombre. Le talon claqua en rythme sur le plancher, se rapprochant délicatement de sa position. Pendrake reconnaissait cette démarche, il saurait identifier son parfum en un instant. Immobile dans son siège, le Drem darda Norcadès d’un air méfiant. En privé, il pouvait se permettre d’être foncièrement méprisable, cela renforçait davantage son faux rôle. Seulement, les moments où ces femmes se fondaient dans la masse du gang lui nouait l’estomac. Et si les succubes le trahissaient ? Et si elles finissaient par abattre ces pauvres gars de Lumnaar’Yuvon ? Et si, pire que tout, elles découvraient son mensonge ? De toutes, c’était bien Norcadès dont il craignait le plus. Elle était ravissante, le charme des Ondines à fleur de peau, avec ce côté démoniaque teinté dans son regard. Il était simplement aveugle. Sous cette peau mâte et cette longue robe carmine se cachait un monstre des Enfers. Cette situation était vraiment pénible.


" Les Réprouvés passent par les portes. " Rappela-t-il, d’autant plus qu’il avait fini par présenter celle-ci et Shey aux autres Hrafninn.

" C’est ennuyeux. " Elle s’assit sur le rebord du lit et croisa les jambes.

Cette silhouette avait hanté ses fantasmes les plus juvéniles. En soi, elle ne l’avait que peu connu, simplement un candidat qui cherchait à se démarquer. Cela ne l’étonnait guère qu’elle ne le reconnaissait pas. Vu la tournure des événements, c’était une aubaine. Malgré tout, il aurait préféré qu’elle revînt en tant que femme des Océans, ou alors qu’elle restât morte. Dans les deux cas, cela lui était bien préférable qu’une Saitāna. À l’occasion, il faudrait en parler à la Dame Rouge, histoire de collecter quelques informations à leurs sujets. La brune semblait intriguée par l’objet dans sa main, ce à quoi Pendrake réagit aussitôt en rangeant la potion dans un tiroir.


" La potion de Jouvence. Démarra-t-elle, tandis qu’il se tournait en sa direction. Est-elle plus efficace que la magie ? " Il haussa les épaules.

" Ce n’est pas mon problème. " Elle acquiesça.

" Ce fameux "client" doit être désespéré pour s’en remettre à l’alchimie. Quelques rides ou poils blancs en trop, peut-être ? "

Elle en riait mais elle marquait un point. De nos jours, les apparences étaient si trompeuses. Malgré son éternité, lui-même souffrait des affres du temps. Il n’imaginait pas le calvaire pour les peuples éphémères. Pendrake ne connaissait pas les motifs du Verrachia, sans doute cherchait-il à garnir son commerce. Après tout, ils discutaient business.

" Quoi qu’il en soit, la part du marché est remplie. Dès qu’il aura reçu sa marchandise, il nous devra quelques faveurs. Il leva les yeux au plafond. Nous pourrions en profiter pour renforcer nos rangs… "

" Nos rangs… Elle se leva et s’approcha lentement. Les rangs d’Aodh… ? Elle s’arrêta à moins d’un mètre de lui. Ou de Pendrake ? "

Norcadès s’y connaissait en manipulation, du moins elle cherchait à se spécialiser davantage. Pour le coup, le Réprouvé se retrouva perplexe, car elle souhaitait bel et bien lui faire comprendre quelque chose. Son regard était intense, brûlant. Sur l’instant, c’était comme si Pendrake se construisait une carapace et refusait de s’en déloger. Il ne voulait pas imaginer le pire. Norcadès était joueuse, sarcastique, sa mentalité prenait le pas sur sa nature démoniaque. Elle le tentait, le surprenait. Cela lui rappelait beaucoup cette jeunesse refoulée, honteuse.

" De Pendrake. " Ainsi était le contrat, de toute manière.

" … Le menton relevé, la Démone esquissa un sourire. Tu confesses ? "

C’était l’un des pires scénarios. L’un de ceux qu’il aurait préféré éviter. Pourquoi aussi tôt ? Pourquoi avec elle ? C’était comme si les Zaahin avaient subitement décidé de jouer avec ses nerfs. Depuis l’Odon Do Dur, Pendrake pensait être digne pour rejoindre le Zin’Revak, voire poursuivre au Siz’Fur. En l’état, le Dukaan lui tendait de plus en plus les bras.

" Tu croyais pouvoir me duper longtemps, alors que tu es mon assassin ? "

Oui, il avait son sang sur les mains. Ironiquement, il n’avait plus assez de force pour réitérer l’expérience. Il ne doutait pas qu’elle était devenue plus forte, plus prudente. Quant à sa propre magie, il savait pertinemment pouvoir mieux la contrôler. Le doute, pourtant, persistait. Norcadès tournoya autour du fauteuil, lente et faussement menaçante. Elle n’osait pas encore le toucher.

" Ça aurait pu marcher. Mais Kadlin a prononcé ce nom : "Pendrake Hrafninn". Il me disait quelque chose. Cela faisait si longtemps, il me paraissait si insignifiant aux premiers abords. Il a continué de me piquer ma curiosité. Même face à face, j’ai failli croire à cette supercherie. Mais non, il y avait toujours ce détail qui me dérangeait… Elle s’arrêta pile devant lui. Ce n’est pas tous les jours qu’on re-songe à notre propre mort. " Pendrake était furieux.

" Si tu voulais me tuer, tu l’aurais fait depuis longtemps. Alors vas-y, je t’écoute : passe aux menaces. "

Silencieuse, Norcadès n’effaça pas pour autant ce sourire  dérangeant. Dehors, il faisait toujours aussi pourri. Un sale temps.

" C’est donc vrai, tu as la même visage qu’Aodh. " Il tendit les bras, cérémonieux.

" Surprise. " Il était saoulé.

" S’il l’apprenait… Aucun dessin n’était nécessaire. Ne me prends pas pour une idiote. Dans l’éventualité où ma théorie était vraie, j’ai pris la peine de pousser mes réflexions. Une telle information ne devrait pas se retrouver dans les mains de n’importe qui. Elle posa ses mains sur chaque accoudoir. Mais tu conviendras que je ne peux pas non plus la garder pour moi. " Il pourrait la frapper maintenant, c’était si tentant.

" C’est bien un truc de Démon : tourner autour du pot, faire languir… "

" Je ne te dénoncerai pas. "
Il fronça les sourcils, perplexe.

" Tu vas faire quoi, alors ? "

" Tourner la situation à mon avantage. "


La Murilina se redressa et rejoignit la fenêtre pour observer le chaos dans lequel baignait Sceptelinôst. La pluie battait fort, le brouillard s’épaississait par endroits. Certains fous à lier avançait apercevoir des formes dans le smog, ce qui était aberrant. Ils étaient des bêtes sans cervelle. Le Hrafninn était audacieux – ou plus fou encore que ses pairs – pour avoir tenté un tel coup.

" Je me suis rappelée de ce soir-là. Je sortais de chez mes parents. Tu m’accompagnais, avec cet autre homme aussi… Comment s’appelait-il, déjà ? Il ne prit même pas la peine de répondre. Qu’importe. C’était une nuit… morne. Je détestais ma famille, je détestais cette maison, je détestais cette ville. Une Ondine comme une autre, méprisante et luxueuse. Vous deux, au moins, vous aviez le chic de me faire penser à autre chose. Même si vous n’aviez aucune chance avec moi. Elle se retourna, un orage grondait dans son dos. Comment pourrais-je m’amouracher de deux nigauds en rut ? Elle esquissa un pas. D’un sot qui me blesse par accident… Un pas de plus. D’un autre qui m’achève au lieu de me soigner ? " Les poings du Réprouvé se resserrèrent.

" Je pourrais te soigner une seconde fois. " Elle rit aux éclats, masquée par le soudain fracas de l’extérieur.

" Hrafninn, ton geste… C’était une délivrance. Il haussa un sourcil. Je ne me suis jamais aussi épanouie qu’après ma mort. J’ai même entendu dire qu’ils ont brûlé la demeure, la famille avec, hahaha ! Quelque part, tu m’as sauvée. Elle retourna sur lui, plus ou moins, en se penchant et en se tenant de chaque côté du siège. Tu es encore trop tendu, alors que je t’assure de ne pas en toucher un mot à Aodh, ni à ses larbins. Qui est le sosie, entre lui et toi ? "

" C’est lui. "

" Hmm, tu es peut-être plus vieux que lui, c’est vrai. "
Il se massa la tempe. Si Gona’Halv n’était pas passé dans sa vie, il aurait déjà défailli.

" Elle est bien belle ton histoire, mais ça ne me dit toujours pas ce que tu vas faire. " Elle sourit.

" Tout d’abord, je veux qu’on continue cette mascarade. Shey et Kadlin sont persuadées que tu es leur Roi. Tu vas alors m’aider à user de leur crédulité afin de les soumettre. Il voyait un peu où elle voulait en venir : les trois associées semblaient jouer à un jeu de domination constant. Tout ce que tu as à faire, c’est de leur faire comprendre de manière subtile que je suis ta préférée. Subtilement, j’insiste. Elles finiront par admettre qu’elles doivent passer par moi pour t’atteindre. En échange de ce pouvoir, non seulement je m’assurerai que ton secret soit bien gardé… Une lueur apparut dans ses prunelles. Mais en plus, je ferai en sorte de rameuter des renforts à ta cause. Tu préfères des succubes ou des incubes ? " Il soupira, il savait qu’elle se jouait de lui.

" Je veux des êtres compétents. "

" Entendu.
Elle pourrait lui ramener les meilleurs succubes des Cercles. Accepte ce marché. Tu ne peux pas me tuer, les Démons finiront par s’en rendre compte et Aodh saura où tu te caches. Et je n’ai pas envie de te tuer, vu ce que je peux tirer de toi. "

" Tu te rends compte que tu es en train d’approuver un complot contre ton souverain ? "

" Et alors ?
Sa malice refit surface. Je préfère parier sur l’authentique. En plus, tu sens meilleur. " Cette histoire d’odeur corporelle semblait réelle.

" Très bien… J’en ai une dernière pour toi. Si Aodh en personne te fait une proposition, que feras-tu ? "

À cette possibilité, l’apparence de la Saitāna se métamorphosa pour adopter celle qu’on connaissait aux Enfers. Celle de la Démone Norcadès.

" Je te trahirai. " Il retint un rire nerveux.

" C’est honnête. "

La porte de la chambre s’ouvrit en trombe. Trempé de la tête au pied, Tyrfing semblait chercher le chef de la bande pour une urgence. Il était parvenu à se rentrer dans le crâne de frapper avant d’entrer, mais pas cette fois. L’horreur flottait dans ses yeux. Et lorsqu’il se rendit compte qu’une Démone chevauchait le Réprouvé, sa peur s’intensifia et guida son instinct. Avec une dose supplémentaire de malchance, Pendrake pourrait aller jusqu’à supposer que son acolyte l’avait entendu. Un éclair éclata au même moment, baignant la chambre dans une lueur annonciatrice de mauvais augures.

" K-Kinbok (Chef) ! "

Norcadès réagit aussitôt, dicté par la survie. En levant sa main, la magie opéra pour refermer la porte derrière Tyrfing, afin d’éviter de multiplier les témoins. Toutefois, cet excès de prudence permit au guerrier de saisir son arme contondante pour la renverser sur le côté. La tentatrice se prit l’attaque de plein fouet et se retrouva bien vite prisonnière entre le sol et le criminel.

" Dir, Munax'nah ! (Meurs, Démon !) " Héla-t-il en soulevant sa puissante masse au-dessus de la tête.

Alors que le jeune benêt amorçait son exécution, un lacet des plus fins se retrouva noué contre sa gorge. Tiré en arrière, Tyrfing laissa échapper son arme et tenta de se libérer. Il s’étouffait et l’emprise du textile se renforça à mesure qu’il luttait. De l’oxygène, c’était tout ce qu’il demandait ! Il balança ses bras dans tous les sens, à la recherche d’une échappatoire. Cette torture dura une poignée de secondes, peut-être même une minute. Le temps se dilatait sous ses yeux et, bientôt, le bruit tonitruant de l’extérieur secoua la cité et son âme. Le glas…

Pendrake relâcha le lacet étrangleur, le corps lourd de son associé tomba par terre. Norcadès se relevait doucement, encore secouée par l’assaut. Le Hrafninn fixa le regard noyé d’incompréhension du jeune malfrat. C’était lui ou elle. Il ne put se résoudre à l’alternative. Satisfaite de la tournure des événements, la Murilina se tint aux côtés de l’usurpateur et murmura à son oreille :


" Un choix intéressant… Penpen. "


2444 mots ~
Merci pour l'évent' ♪



By Jil ♪
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34266-latone#672534
Invité
Invité

avatar
Dim 07 Fév 2021, 16:46


Sdan Dovahkiin




SolheimLes marteaux frappaient le métal à intervalles réguliers. Les notes métalliques s’associaient en une cacophonie dissonante et désagréable. Mes oreilles sifflaient depuis des heures, accusant le choc de ce son désharmonieux. Je poursuivais mon labeur tant bien que mal. Les fours dégageaient une chaleur intenable qui acculait nos corps dégoulinant de sueur. D’épaisses gouttelettes ruisselaient le long de mes cheveux poisseux pour se perdre dans une barbe hirsute. A ma ceinture, une petite bourse de cuir dégageait un parfum apaisant - une odeur boisée de bois de gaïac, de patchouli et de mousse de chêne - qui aiguisait ma concentration malgré les conditions déplorables dans lesquelles nous travaillions.

L’atelier était en effervescence depuis plusieurs semaines. Tous les forgerons de Gona’Halv avaient été sollicités pour répondre à l’incroyable demande du gouvernement ; les apprentis avaient même étés autorisés à rater les entraînements du Merrill’Kendow pour assister leurs aînés. Les Thurs avaient commandés des dizaines de milliers d’armures et tout autant de haches, d’épées et de marteaux de guerre. Un très grand événement se préparait et les rumeurs se propageaient comme la chaude pisse. La plus vraisemblable faisait état de l’avènement d’Atthirari au côté de l’Impératrice des Deux Rives, mais d’autres évoquaient la mise en cloque d’Erza, une guerre imminente contre les sorciers ou le retour de Boholt’Kein.

Je façonnai le métal avec de plus en plus de facilité. Les heures de pratique commençaient à porter leur fruit et mes réalisations étaient de plus en plus dénuées de défaut. Je battais le fer tantôt avec la table, tantôt avec panne - alternant entre les différents marteaux accrochés à mon établi. L’acier jauni par les flammes se pliait en réponse aux chocs répétés. Le matériau se déformait un peu plus entre chaque chauffe.

La journée passa étrangement vite - comme si le temps lui-même nous pressait à la tâche. La fatigue engourdissait mon bras et mes yeux picotaient.

« Alors Solheim, combien de haches aujourd’hui ? tonna la voix grave de Sarqon

— Treize ! répondis-je d’un air satisfait.

— C’est deux de plus qu’hier, conclut l’adjoint du Maître

— Et deux de moins que demain ! »

Le Maître venait d’apparaître. Ses bras gigantesques paraissaient avoir doublé de volume et les poils qui formaient la toison de son torse dégoulinaient de transpiration. S’il ne dégageait une odeur aussi forte, aigre et désagréable, si ses mains et ses joues n’étaient pas aussi couverts de crasse, on eût pu croire qu’il sortait de son bain tant il était trempé.

« Et vous, Maître, qu’avez-vous forgé aujourd’hui ? demandais-je avec curiosité

— Je me suis surtout attelé aux battages de armures. Je dois en être à une petite quinzaine sur la journée.

— Quinze au total ? répétai-je, sidéré »

Il sourit et ébourriffa mes cheveux de sa grosse paluche.

« Tu y arriveras au jour. N’oublies pas que j’ai beaucoup plus d’expérience que toi dans ce domaine. Maintenant rentre chez toi, demain ne sera tout aussi rude - il vaudra mieux que tu sois reposé.»

Les journées se succédaient avec une ressemblante monotonie ; rien ne venait perturber le tintement du métal. Bien sûr, nous fûmes plusieurs à céder à nos pulsions destructrices, mais, à chaque fois, la multitude s’était arrangée pour calmer l’individu et le remettre dans le droit chemin. Ainsi concentré, nos capacités de production étaient ahurissantes. Pourtant, elles étaient loin de répondre aux exigences de nos commanditaires. Le constat était identique dans chaque forge et, bientôt, nous nous retrouvâmes à oeuvrer nuit et jour. Nous nous accordions à tour de rôle quelques heures de pause pour retrouver notre énergie perdue, avant de reprendre de plus belle, si bien que le brasier au coeur des fourneaux ne faiblissait jamais. Et lorsque la date de livraison approcha, nous fûmes enfin prêt.SéparateurJe traversai le portail dimensionnel qui menait à la Capitale. Stenfek était en liesse. Les hauts bâtiments d’ivoire étaient couverts de draperies marquées du Sah’vein, l’emblème de notre nation. Au-dessus de nos têtes, des banderoles colorées pendaient d’une bâtisse à l’autre formant un arc-en-ciel de toile tendue. La musique se mêlait au brouhaha des passants qui s’agglutinaient autour des nombreux stands, venus soutenir leur champion ou prendre part aux concours. Au dessus de la cohue, la voix tonitruante des crieurs invitait tout à chacun à la fête. Je me laissai tenter par l’un d’eux et m’approchai pour observer les déboires des courageux participants de la bataille de pommes de terre. Malgré la lutte acharnée de mes compatriotes, mes lourdes paupières n’aspiraient qu’à se clore. Je luttai contre la fatigue qui m’accueillait dans sa douce étreinte. Les dernières semaines avaient été particulièrement éprouvantes et je ne m’en étais toujours pas remis. Je me refusai pourtant à me détourner des festivités ; l’occasion était trop rare, et le prétexte trop beau. Keizal allait enfin pouvoir faire fi des paysans rétrogrades qui l’empêchaient d’évoluer. Plus jamais, nous n’aurions à subir leurs tirades arriérées et, cela, était un instant historique que je comptais bien honorer. Je ne me questionnai pas sur les impacts politiques de ces décisions sur notre quotidien et sur l’organisation des réprouvés - cela ne m’effleura même pas l’esprit. Je me contentai de me réjouir qu’Attirari soit notre nouveau dirigeant et qu’il pût enfin se dresser face aux décisions obscurantistes de l’Impératrice des Deux Rives.

Je relevai les yeux juste à temps pour saisir l’instant de la victoire d’Erghh sur ses adversaires. Le bipolaire était couvert d’ecchymoses et une énorme bosse sur le front couronnait son succès. Je souris. Mon ami d’enfance avait toujours eu la tête dure mais il était sacrément con ; j’espérais que ces assauts n’eut pas eu raison des pauvres neurones clairsemés qui coexistaient encore dans le pois chiche qui lui servait de cerveau. Je l’applaudis et le saluai d’un signe de main. Le champion fronça les sourcils en me détaillant et, lorsqu’il m’eut enfin reconnu, me gratifia d’un large sourire.

« Hé Solheim ! C’est cool de t’revoir dans l’coin ! Alors, t’es venu pour le concours de bouffe ? J’ai hâte d’assister à ça, cria-t-il à mon intention

— Salut Erghh ! Pas vraiment, je passais juste dans le coin

— Mais tu vas participer hein, dit ? T’as l’un des estomacs les plus distendus que j’connaisse ! Tu pourrais avaler dix bicornes ! »

Ça, c’était dans une autre vie. J’avais bien changé depuis mon adolescence et je n’étais pas sûr de pouvoir réitérer ce genre d’exploit. La famine de la croissance permettait bien souvent de repousser les limites de la faim.

« Je ne s…, commençai-je

— T’inquiètes, Erghh. Il ira de gré ou de force ! tonna une voix derrière moi

— On s’retrouve là-bas ! » conclut la seconde.

Je fis volte-face pour retrouver d’autres camarades de taverne. Ils se jetèrent une oeillade complice et m’agrippèrent pour me tirer à leur suite.

« Alors, ça se passe bien à Gona’Halv ? demanda Bjorg

— Super, ouais. Par contre, les gars… Je suis épuisé, j’en ai vraiment pas envie

— T’as entendu Bjorg ? Princesse Soso est fatiguée. Ptet qu’on devrait lui claquer la tête pour le réveiller ? proposa Roar d’un ton moqueur

— Oh ta gueule ! J’suis suffisamment en forme pour t’encastrer dans un mur !

— Dans ce cas là, t’auras pas de problème à t’enfiler des saucisses ! »

Entraînés par mes compagnons, je me retrouvai face à la longue tablée des compétiteurs. Il y avait là des réprouvés de tout horizon et de tout âge - je reconnus certains d’entre eux que j’avais déjà croisé par le passé - mais également des étrangers ; des déchus pour la plupart. Je n’eus pas trop de difficulté à deviner la teneur de leur péché. Lorsque nous fûmes tous installés, les organisateurs hélèrent le public.

« Mesdames et Messieurs ! Petits et Grands ! Venez, approchez ! Le concours de nourriture ne va pas tarder à commencer ! Alors, à votre avis, lequel de nos participants sera l’heureux vainqueur ? Lequel d’entre eux sera capable d’engloutir le plus de saucisse ? Vous avez d’ores et déjà une idée ? Les paris sont ouverts ! interpella le premier

— Et maintenant, Participants, que les Zaahins vous accompagnent… Trois, deux, un ! Que le combat, commence ! »

Je m’élançai sur le plat, attrapant les saucisses à mains nues. Je les fourrai dans ma bouche et les avalai avec précipitation - les hachant rapidement avec les dents. La technique que j’adoptai avait déjà fait ses preuves par le passé. La vitesse avait tendance à retarder le sentiment de satiété. Il fallait seulement veiller à mâcher suffisamment pour que les morceaux ne fussent pas trop gros et ne me bloquassent pas l’oesophage. La première fournée engloutie, je levai la main pour réclamer la suivante. L’écoeurement arriva rapidement ; le goût fumé des chipolatas et la graisse dans laquelle elles baignaient agressaient l’estomac. Je continuai malgré tout, délaissant la pinte de bière qui me faisait face. Les moins aguerris s’étaient jetés sur la boisson : grave erreur. La bière était un piège dont il fallait se détourner. J’observai mes concurrents brièvement. Certains avaient déjà abandonnés, mais d’autres étaient sur une bonne lancée. Mon regard s’attarda sur une déchue à la poitrine démesurée. Elle semblait éprouver un certain plaisir à s’empiffrer de la sorte. Les pointes de ses cheveux soyeux - au couleur des feuilles d’automnes - effleuraient la graisse stagnant au fond de son assiette. Des gouttelettes adipeuses ruisselaient le long de ses joues, mais elle n’y prêtait aucune forme d’attention. Lorsqu’elle remarqua que je la scrutai, elle me gratifia d’un sourire aussi charmant que carnassier. Je me replongeai dans mon auge, absorbant tout ce qui s’y trouvait. Les organisateurs remplirent à nouveau mon écuelle, encore et encore. Nous n’étions plus qu’une poignée. La demoiselle était toujours là, engouffrant tout ce qui passait sous ses yeux. La peau de mon bide commençait à s’étirer de façon anormale. La douleur se mêlait à la lourdeur ; j’avais l’impression que mon ventre allait s’ouvrir en deux pour déverser son contenu sur la table. Je continuai à manger mais chaque bouchée entravait un peu plus mon appareil digestif, tant et si bien que j’eus l’impression que les morceaux restaient coincés à l’entrée de ma gorge. Les concurrents restant ne semblaient pas souffrir du mal qui me rongeait. De rage, je frappai la table du poing. J’avais perdu. Je me levai et quittai la table.

« On dirait que nous avons un nouvel abandon ! Bien joué mon gars ! Tu finis à la sixième place ! »

Je fis signe à la foule avant de rejoindre mes amis. Je marchai bizarrement, déstabilisé par l’énorme masse qui déformait ma bedaine.

« Eh beh ! T’en a bouffé combien ? C’est toujours aussi impressionnant ! lâcha Erghh

— Certes, mais il a perdu ! repris Roar.

— Je voudrais bien t’y voir, souris-je

— Sans façon… Comme tu le sais sans doute, mes talents se trouvent ailleurs. »

Nous discutâmes un moment en retournant vers la place centrale. Nous évoquâmes nos souvenirs en commun et les routes que nous avions empruntés. Un sentiment de nostalgie me parcourût. A cet instant, mon enfance me manquait. Le poids de l’âge adulte se faisait soudain plus pesant.

« Alors t’as contribué à fabriquer tout ça ? s'interrogea Bjorg en désignant les armures qui étaient distribuées à la foule.

— Yep ! confirmai-je avec fierté

— Dans ce cas là, vaut mieux se méfier, plaisanta Erghh. C’est ptet pas si solide que ça…

— Tu veux voir si mon poing est suffisamment solide pour te déformer le crâne ? rétorquai-je

— Surtout pas ! Tu risquerais de le débarrasser de son dernier neurone, s’empressa de protester Bjorg.

— Hé ! » rouspéta l’intéressé.
Nous nous perdirent dans un éclat de rire communicatif qui nous ramena des années en arrière. Soudain, des cris retentirent dans le loin.
« Qu’est-ce qui se passe ? demanda Roar
— Des Sorciers ? supposa Bjorg
— J’en sais. Allons voir ! proposa Erghh »

Nous nous précipitâmes vers l’origine du bruit. Les clameurs montaient à mesure que nous approchions. Elles étaient teintes d’étonnement et de rage. Une bête était soudainement apparue près du Siège des Thurs : un immense taureau blanc. Les rumeurs parlaient d’un présent de Lok’Silus. Nous sortirent nos armes à la va vite et nous lançâmes dans la bataille. Un instant, il me sembla que la cité entière était sur lui. Il s’ébroua. Ma hache s’abattit à quatre reprises sur son corps puissant. Mes mouvements étaient ralentis par la fatigue et alourdis par mon excès récent. Je sentais la nourriture rebrousser chemin sous l’effort de la bataille. Un des sabots de l’animal frappa mes côtes. Je fus propulsé à plusieurs mètres en arrière, le souffle coupé. Je me réceptionnai lourdement sur mon bras. Un craquement retentit. Un haut-le-coeur fit vibrer mes entrailles ; mon estomac se contracta pour expulser ce que j’avais ingurgité précédemment. Je me retrouvai à vomir à quatre pattes, le bras droit plié dans un angle approximatif. Et, lorsque l’adrénaline redescendit, je jurai comme un charretier ; la douleur et la honte se battaient à qui mieux mieux. Derrière moi, les bruits de combat s’estompèrent peu à peu.

« Eh beh ! Ça te réussi pas trop Gona’Halv, lâcha Bjorg en tenant ses cottes.

— T’as pas l’air dans un bien meilleur état, articulai-je avec difficulté

— Sauf que lui, il baigne pas dans son dégueulis, indiqua Roar en me tendant la main pour m’aider à me relever. (Je profitai de son aide sans rechigner.)

— Heureusement qu’Ayleth a pas vu ça, elle se serait foutue de ta gueule, lui rappela le réprouvé aux côtes brisées

— Remarque, elle le saura de toute façon quand nous irons voir la mère de Solheim pour soigner vos blessures », railla le second.

J’accueillis cette idée d’un grondement. L’idée que mes mères pussent être au courant de mes déboires me déplaisait au plus haut point.

« Allons vers la fontaine que je me fasse plus présentable. Je pourrais au moins éviter les reproches pour m’être gerbé dessus, proposai-je à mes compères

— Parce que tu penses vraiment qu’on va rien dire ?, souligna Bjorg. (Je lui jetai un regard noir).

— Ok, ok je déconnais. T’as perdu ton sens de l’humour à fréquenter des bouseux ou quoi ? », ricana-t-il.

Je ne répondis pas. Une voix nous interpella alors que nous approchions du bassin ; c’était Erghh.

« Hé ! Ramenez-vous, ils veulent bouffer le taureau ! »

L’idée même de manger me dégoûtait et, pourtant, quelque chose m’incitait à répondre favorablement à sa requête.

« Partez devant, je vous rejoins » lançai-je à mes amis.

Je me débarbouillais rapidement avant de les retrouver, profitant - moi aussi - de ce divin festin.


Post Unique - 2358 mots
Revenir en haut Aller en bas
Daé Miirafae
~ Rehla ~ Niveau IV ~

~ Rehla ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 757
◈ YinYanisé(e) le : 29/05/2019
Daé Miirafae
Lun 08 Fév 2021, 14:42



[Event Top Sites] - Sdan Dovahkiin Alone-10
Sdaan Dovaahkin



Musique
Daé sortit de sa maison. Même si elle était en périphérie de Lumnaar’Yuvon il entendait de là où il était les bruits de la ville en liesse. La scission venait d’être annoncée, un grand pas dans la vie politique des Réprouvé.e.x.s et un pas tout à fait moyen si on considérait l’entier du monde et de la Ligne du Temps. Le Rehla haussa un sourcil. Il s’était réveillé de mauvaise humeur. Aujourd’hui il maudissait celleux qui n’arrivaient pas à se rendre compte que leur existence était infime. C’était chose rare pour le Martyr de la Lune qu’il maudisse ses congénères vivant.e.x.s, or dans des moments de “bouleversements politiques” il se sentait obligé de considérer les gens autour de lui comme des imbéciles. Il savait bien que ce n’était pas leur faute. Mais même s’iels ne le faisaient pas exprès, iels restaient des imbéciles. La magie l’avait rendu aigri. C’était peut-être parce qu’il savait qu’il devait être dans sa maison du territoire réprouvé aujourd’hui, qu’il savait exactement ce qui allait se passer. Il s’était réveillé ce matin et avait terminé une longue nuit de méditation, assis dans la pièce à vivre de son habitation. Elle était frugale. Petite maisonnée en bordure, entourée de nature. Une pièce à vivre avec un lit et un canapé pour recevoir. Une cuisine, des toilettes et une petite salle de bain. C’était une maison d’appoint. Il avait appris au contact d’Elsa qu’avoir des habitations réparties dans le monde pouvait se montrer extrêmement utiles à des moments comme celui-ci pour passer inaperçu dans la foule et pour pouvoir être au plus proche des évènements marquant de la Ligne du Temps. Les étoiles avaient chanté la guerre et la désolation toute la nuit au point que Daé avait l’impression qu’elles tournaient légèrement en boucle aux alentours de l’aube, mais au moins le présage était clair. Il avait posé calmement le tissu de divination, qu’il rangeait dans une petite boîte en bois, devant lui et avait laissé son esprit projeter les visions qu’il avait besoin de voir sur ce support. Il avait vu dans un premier temps les festivités, il s’était vu sortir, plus préparé au combat qu’il ne le fallait pour ce genre d’évènements. Le monde était terriblement joyeux et les Réprouvé.e.x.s hurlaient et criaient de joie ponctuellement, disant à qui voulait l’entendre - et aux autres aussi d’ailleurs - que la scission n’avait que du bon. Les festivités avaient été dressées dans toute la ville et par ce qu’entendait le Rehla, cette fête s’étendait sur tout le territoire Réprouvé, avec bien sûr quelques différence selon les lieux et leurs allégeances politiques. Thogii s’était passé depuis un moment, les membres de la race ailée présent.e.x.s semblaient parfois le mentionner, parfois non. Daé vit défiler les activités proposées et là où il avait l’habitude de prendre toutes ses visions sans jugement, il ne put s’empêcher de hausser un sourcil. Il ne savait pas s’il était surpris, ce peuple qu’il commençait à connaître de plus en plus le surprenant de moins en moins, mais cette fois-ci les ailé.e.x.s s’étaient dépassé.e.x.s. Il aperçut quelques têtes connues de Lumnaar’Yuvon se refléter sur le bleu profond de son tissu de divination. L’une d’eles étaient en train d’essayer de péter sur une flamme avec les sourcils froncés de la personne qui se concentre comme si sa vie en dépendant pendant que l’autre, une habituée des lieux de boissons - plus habituée que le reste du village, était apparemment sur le point d’avaler une feuille d’ortie en plus sous les hourras de la foule. Daé regarda le ciel un instant, toujours assis, les cheveux en bataille, sa robe longue et droite, noire parsemée de couture blanche, tombant sur ses jambes. Il était assis en tailleurs. Un vélux était au centre du toit pour qu’il puisse voir et entendre les étoiles au mieux lorsqu’il était chez lui, il essayait de faire de même dans toutes ses habitations. Il marmonna une prière à Phoebe en lui demandant d’intercéder auprès de ses enfants les astres pour qu’elles lui amènent la partie des visions qui l’intéressaient. L’espace d’un instant il crut les entendre rire et cela le fit sourire. Évidemment que la Lune était taquine. Il se replongea dans sa méditation, le soleil commençant à chatouiller l’arrière de son crâne lui faisait le plus grand bien. La posture méditative était douloureuse physiquement et demandait une force insoupçonnée pour les personnes qui ne la pratiquaient pas. Surtout que malgré le faste apparent de sa Mentore, Elsa Miirafae, elle avait toujours été partisane d’une méditation relativement frugale et crue. Peu de choses dans l’environnement proche pour peu de distraction, peu de confort pour passer la barrière du corps. Par habitude, il avait toujours médité comme ça, essayant par la même d’entretenir son corps. Après tout, c'était le seul moyen qu’il avait pour intercéder en faveur du Destin auprès du monde dans lequel il évoluait. Il rentra.

Le Caeli respira un grand coup, calmement. Puis la magie de la pièce sembla comme disparaître entièrement à l’intérieur du tissu bleu nuit qui flottait devant lui. Les visions reprirent. Jusque là toutes étaient en noir et en blanc, les choses se passeraient ainsi, l’immuabilité de la question ne dérangeait même plus le Rehla, il avait commencé à s’y habituer, même s’il trouvait ce phénomène d’habituation bien étrange. Son souhait sembla être entendu. Il suivit soudain une personne qu’il n’avait jamais vue sur ses terres d’accueil réprouvée, mais il sut immédiatement qui iel était. Ou du moins, pour qui iel travaillait. Les cheveux clairs au possible, le teint blafard et le regard de celleux qui savent. Un.e.x autre Rehla allait œuvrer pendant cet évènement. Daé lae vit préparer des éléments étranges, arranger une planche de telle sorte à la rendre légèrement plus bancale, disposer une corde assez loin du centre, comme si iel avait vu ce que le Martyr de la Lune s’apprêtait à voir. Et pourtant, les choses n’arrivaient pas encore, mais il les sentait. Au fur et à mesure qu’il suivait le parcours cryptique de ce.tte Rehla, il sentait bien qu’iel aussi était dans un délai très court. Et son instinct ne le trompa pas. Le tissu frémit. L’espace d’un instant tout s’arrêta.

La seconde d’après les étoiles ne chantaient plus, elles criaient. Elles étaient fortissimo comme rarement et les voix se superposaient, atonales, disharmoniques, ce n’était même pas un chant de guerre, mais un cri de discorde. Les staccati enchaînaient leurs sons stridents, comme si seul.e.x.s les soprani chantaient, accompagnés de violons à la limite de ne plus être accordés. Un enfer pour les oreilles. Daé voulut se les boucher, mais il savait très bien que ce son ne lui venait pas de son audition, mais bien de sa magie qui enveloppait toute la pièce, sans même qu’il n’y pense. Une bête immense apparut sur le tissu de la pièce calme et ensoleillée. Elle était blanche, presque immaculée. Immense et puissante, ses muscles dessinaient leurs contractions sous sa peau épaisse. L’espace d’un instant le jeune enfant de Phoebe crut voir le temps s’arrêter. Personne ne s’attendra à cela et personne n’y serait préparé...enfin. Les Réprouvé.e.x.s sortiront leurs armes et leurs ailes plus rapidement qu’iels n’avaient levé le bras pour participer au concours de crachat d’échalotes. La plupart crieront. Et la bataille commencera. Daé comprit très vite pourquoi lae Rehla aura fait ce qu’iel l’avait vu faire. La bataille sera sanglante et au bout d’un instant, Daé interviendra. Son attention se focalisa sur sa présence. La vision était toujours noire et blanche, toujours aucun choix, il devait juste s’assurer de faire ce qui était prévu.

Alors que deux Réprouvé.e.x.s crieront pour se donner mutuellement l’information qu’iels prévoieront de tourner autour du taureau pour le divertir, quelques autres entendront cette information. Daé aure volé autour de Lumaar’Yuvon depuis quelques temps maintenant et il sera prêt à plonger au moment opportun. Il ne sera pas le seul à avoir cette idée. A sa gauche et à sa droite, deux autres membres du peuple ailé plongeront avec lui. Regard de connivence, Daé armera sa magie tel un arc et les deux adelphes d’armes sortiront respectivement un marteau splendide et une hache rouillée à deux lames. Quelques échanges de parole : “Tu vas l’abattre avec ça ?!” Rire de lae Réprouvé.e.x à l’arme rouillée et accélération. Les trois comparses se lanceront dans une course pour arriver les premier.ère.x.s au taureau. Course bête et puérile, mais qui leur feront un bien fou et qui les fera se galvaniser mutuellement. Des cris retentiront depuis le sol, le taureau ne se laissera pas faire, quelques hanches brisées, quelques ailes cassées, mais malgré les dégâts Daé sera impressionné. Impressionné par ce qui fait que les Réprouvé.e.x.s se sont un jour imposé.e.x.s comme un grand et fier peuple. La hargne, la rage, la détermination. L’amour du risque et du combat qui les feront, comme à chaque fois, passer d’abruti.e.x.s de premier plan en plein concours de soupe de morve à grand.e.x.s guerrier.ère.x.s puissants.

Le piqué continuera, les deux Réprouvés, maîtrisant leur vol bien mieux que le Rehla, arriveront avant lui et feront s’abattre leurs armes sur l’animal enragé. Daé lui passera à côté, ses lames dressées autour de lui par la télékinésie et réussira presque à lui planter l’une d’elles dans l’oeil. Il ratera son coup. Non. Il le réussira, il le réussira, car sous l’assaut de plusieurs Réprouvé.e.x.s, l’animal immaculé - maintenant tâché de sang - trébuchera à demi sur une planche posée là. Lae Rehla. Et son très léger décalage corrigera la trajectoire de la lame lancée à toute vitesse en sa direction par le Caeli. Daé sourira. Le Destin était une machine farceuse et parfaite, ces moments étaient toujours d’une immense satisfaction. Tout continuera dans le sang et l’efficacité. Personne, sur le moment, ne semblera se demander pourquoi cet animal sera présent. Un.e.x ailé.e.x se saisira de la corde préalablement disposée sur le sol pour créer une laisse au taureau, plusieurs autres être présents s’en saisiront et tenteront de le canaliser grâce à cela. Cela fonctionnera. Grâce à l’intelligence du peuple de Lumnaar’Yuvon, d’une part et grâce aux arrangements secrets des enfants des étoiles pour leur rendre cet instant plus facile et aisé.

La suite sera très étrange. Le taureau sera abattu puis, un.e.x par un.e.x, toutes les personnes présentes viendront, dans un élan rituel que le Rehla devant son tissu ne comprenait pas, arracher un morceau du corps de l’animal tué pour le manger. Cru. Vif. Le Caeli le fera aussi et sentira une puissance inconnue lui parcourir l’échine et remonter jusqu’en haut de son crâne, comme si un Zul’Dov lui conférera quelque chose dont il ignorera tout et dont il ignorera tout encore longtemps. Et les cris s’élèveront, et le peuple fêtera. Iels fêteront le retour des Zul’Dov et de leur pardon, le retour de leurs enfants. Iels fêteront la renaissance de leur race et de leur avenir, iels fêteront comme iels savent le faire, avec excès, mais iels fêteront tout de même. Et la fête fera du bien au monde.


Mais le temps n’était pas à tout cela. Le tissu retomba directement dans la petite boîte en bois simple que Daé tenait entre ses mains. La boîte disparut. Il se releva en s’étirant rapidement puis sortit en prenant le temps de respirer. Du coin de l’oeil il aperçut une corde dans un coin du village. Elle traînait et personne ne semblait s’en occuper. Il sourit. Cette journée allait se passer exactement comme prévue...comme toutes les autres.


2028 mots - Mercii ! <3

Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t36632-dae-miirafae-termin
Sól
~ Réprouvé ~ Niveau II ~

~ Réprouvé ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2030
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016
Sól
Mer 10 Fév 2021, 22:16


Image par Atenebris.
Sdan Dovahkiin
Sól


Sól déambulait à travers le vacarme des festivités : à sa droite, des hommes et des femmes à moitié dénudés s'affrontaient dans de violents bras de fers ; à sa gauche, on engloutissait goulument des saucisses et des rondelles de saucisson sans user de ses mains - parfois, un participant s'étouffait à moitié, mais repartait vite dans la compétition après avoir reçu quelques rudes accolades de ses supporters pour faire repasser la barbaque dans le droit chemin. Une choppe à la main, la Zaam avançait, un sourire aux lèvres, le regard vitreux. Elle avait commencé la soirée avec l'intention de ne surtout pas toucher à une goûte d'alcool : vieux réflexe de sa nature Angélique, elle refusait de se perdre dans le délice de l'ébriété, elle s'opposait farouchement à l'idée de perdre ses moyens, de ne plus être elle-même. C'était toute une problématique, en ce moment : savoir qui elle était, ce qu'elle pouvait faire ou non. Alors, elle essayait de s'endiguer dans des règles de conduite qu'elle s'auto-dictait. Pourtant, sa nouvelle part démoniaque, vorace, incontrôlable, avait tôt fait d'ignorer ses promesses personnelles, d'aller à l'exact opposé de ce qu'elle avait décidé quelques minutes plus tôt. C'était une valse perpétuelle : dès que l'une de ses moitiés prenait une décision, l'autre mettait tout en œuvre pour bousiller ses plans. Ainsi, dès que ses yeux s'étaient posés sur les barils coulant à flot, la blonde avait sentit la tentation faire vibrer sa détermination. Baissant la tête, elle avait d'abord tenu bon. Au moins quelques secondes. Une dizaine de pas plus loin, elle avait vu une choppe abandonné sur un tonneau retourné, servant de table : sans aucun scrupule, l'Autre en elle s'en était emparé. Après avoir reniflé la boisson mousseuse - pour s'assurer que personne n'avait uriné dedans - elle l'avait porté à ses lèvres. Depuis le Yol'Born, Sól avait la fâcheuse tendance de boire de façon déraisonnable. La modération lui était devenu un concept totalement étranger, et malgré la vague conscience qu'elle approchait de ses limites, elle ne parvenait jamais à s'arrêter à temps : elle finissait par vomir, son corps n'étant pas encore habitué aux effets secondaires de son nouveau meilleur ami. Au début, elle n'appréciait même pas le goût amer de la bière locale. Pourtant, elle avait persisté dans sa bêtise : elle avait suivi les autres, bêtement, et avait fini par développé un petit plaisir dès lors que le liquide venait chatouiller ses papilles. Elle était, comme de nombreux confrères, tombée dans les travers de la boisson. Bien loin de la réprimander, ses pairs l'encourageaient fréquemment à s'y perdre plus encore. L'adolescente soupira de bien être, un sourire aux lèvres. Elle parvenait encore à marcher droit mais elle sentait l'envie de rire, pour aucune raison particulière, la gagner à grand pas. Déjà, un sourire béat flottait sur ses lèvres. Son instinct de survie lui dictait de ne surtout pas croiser le regard de ses voisins : si elle explosait de rire en les observant, un bipolaire dans sa phase démoniaque pourrait très simplement lui exploser son poing sur le pif. Elle n'avait pas spécialement peur de se casser le nez, mais elle éviterait volontiers la douleur inutile qui accompagnerait cet anicroche. Quoi que : peut-être que l'alcool anesthésierait totalement la douleur. Elle n'était pas encore assez bourrée pour tester cette théorie.

« Eh Sól, sil weii jiirk ? » (Tu viens jouer ?) apostropha un démon en apercevant l'adolescente, tout en lui tendant un verre - creusé dans une corne de bicorne. « Wo ste ? » (C'est quoi ?) demanda, intriguée, la concernée tout en se rapprochant. « Laat wo kraap qahnaar. » (Le dernier qui chie a gagné.) La réponse arracha un gloussement bruyant à la blonde : sa réponse semblait évident. « Pruzah ! Io los gutard. » (Ca tombe bien. J'étais constipée). A leur tour, les autres participants ricanèrent. La concurrente s'empara du récipient contenant ce qu'elle devinait être un laxatif puis entra dans le cercle formé par les quatre autres garçons face auxquels elle se mesurait. « Viik sok io bok. » (Le perdant me sucera la b*te.) Le regard de celui qui avait parlé se posa sur la nouvelle participante. Celle-ci interceptant la lueur lubrique, étira un sourire rayonnant. « Io bat. » (Je mords) rétorqua-t-elle du tac au tac. Sans leur laisser le temps de continuer leurs chamailleries, l'arbitre débuta le compte à rebours : à trois ils avalèrent tous cul-sec leur boisson. Les effets ne tardèrent pas à se faire entendre : les ventres geignirent, tiraillés par les effets des médicaments. La Tynath'thuk avait la désagréable impression de sentir ses boyaux se tordre et gigoter dans ses entrailles. Si elle mimait le sourire goguenard de ses adversaires, ses traits se crispèrent rapidement sous l'effort. Le con, il n'avait pas eu la main légère sur les dosages ! Fermant les yeux, elle entama de lentes et profondes respirations, se mettant à marcher pour essayer de ne plus penser au désordre interne qui la troublait. Elle serrait les fesses, afin de retenir le diable qui ravageait ses intestins. Bien vite, elle manifesta son mal être par quelques raclements de gorges et des grognements entrecoupés d'injures se faisant de plus en plus fréquent. N'y tenant plus, elle se hasarda à jeter un coup d'oeil à ses adversaires. Sans grande surprise, elle était la plus mal en point, les plus expérimentés tenant davantage le choc. A moins qu'elle ne soit tout simplement la plus expressive - en tant que mâles, les autres se devaient de ne pas laisser transparaître leurs déboires ! « Nutaar ! Io suleyk ni ! » (Désolée, j'en peux plus) pesta la plus jeune tout en se tortillant sur place. Sa remarque fut à la fois huée et agrémentée de moqueries par les spectateurs. Soufflant tel un cerfeuil, la bipolaire examina l'état de ses concurrents. Si deux d'entre eux semblaient se rire de la situation comme s'ils ne ressentaient aucun effets, deux autres étaient dans une posture presque aussi critique que la gamine. Yordan, à sa gauche, regardait dans le vide, se concentrant sur un point pour ne pas se laisser submerger. Une perle de sueur coulait même le long de sa tempe. Les narines gonflées, Sól se tourna vers lui. Sans lâcher un mot elle l’attrapa par les épaules pour lui barrer toute retraite puis lui envoya le genou en plein ventre. Sous l’impact, le pauvret se plia en deux : dans le mouvement, il laissa échapper une traînée brunâtre qui tâcha son pantalon. Pendant un instant, on ne comprit pas ce qu’il venait de se passer. Puis, la seconde suivante, les éclats de rire et les hurlements d’indignations incendièrent la tricheuse. Cette dernière les ignora tous, elle se tourna vers le démon qui arbitrait la partie. Seule sa décision comptait. « Yordan, sil loost bok sok. » (Yordan, t'as une b*te à sucer.) Sans attendre son reste, la blonde tourna les talons et fila à toute vitesse, hurlant sur son passage. « DAH ! DAH ! IO WEN KRAAP ! » (Poussez-vous ! Faut qu'je chie !) Elle se dirigea dans un endroit moins bondé, pour éviter d’éclabousser un éventuel réprouvé de mauvais poil.

Le reste de la soirée s’écoula plus tranquillement. Finalement, son penchant angélique ainsi que sa part démoniaque finirent par trouver un terrain d’entente : l’un comme l’autre lui intimèrent de rester loin de toute autre boisson pour la soirée. Son postérieur lui en serait reconnaissant. Elle se balada à travers les différentes activités. A plusieurs reprises, elle aperçu son frère qui s’y adonnait. Elle l’encourageait puis l’insultait tour à tour, prenant un malin plaisir à le voir perdre et se faire humilier par d’autres bipolaires plus imposants que lui, avant de se sentir coupable et de regretter ses moqueries la seconde suivante.

Les festivités prirent ensuite un tournant différent. Sól ne fut pas la première à le remarquer. Ce fut les exclamations de ses congénères qui lui firent lever la tête. Là, elle l’aperçut : un Taureau immaculé, pas moins époustouflant, sur leur champ. Le temps sembla se suspendre, comme figé, le temps que les guerriers le remarquent tous. Il ne fallut pas longtemps à Sól pour sentir quelque chose vibrer en elle – et cette fois-ci, ce n’était pas les effets du laxatif. Un pressentiment la gagna, se répandant dans chaque fibre de son corps. Il s’agissait d’un signe. D’un cadeau. D’une épreuve, envoyée par les Zaahin. D’un dernier appel à l’attaque lancée par Lok’Silus. Un test, pour s’assurer que ses élus étaient dignes du pardon qu’il leur avait accordé. La tension crépitait dans l’air, elle devenait presque palpable. Quelques secondes s’écoulèrent encore : l’animal renvoyait à la foule leur regard. Puis il tourna les sabots : dans son sillage, la horde de guerriers s’élança, leur rage vibrant à travers les cris, l’arme au poing.

Sól se mêlait à la foule. Elle n’était pas la plus rapide ni la plus puissante, pourtant, elle avait acquis suffisamment d’expérience pour parvenir à tenir le rythme auprès des Réprouvés – elle pouvait remercier Graelf pour ça. Son marteau tenu fermement dans un poing, les poumons en feu et le rouge aux joues, elle sentait son corps la faire délicieusement souffrir. Ses muscles la tiraillaient encore de ses derniers entrainements mais elle se sentait d’autant plus galvanisée par l’effort, par cette chasse endiablée à laquelle elle se livrait corps et âme. La bestiole, combattive, n’était pas prête à se laisser dominer par ses assaillants et ripostait avec vigueur : elle laissait sur son passage quelques corps amochés, plus ou moins sévèrement. Là encore, la perspective de se mesurer à un tel spécimen n’effrayait aucunement la blonde : le défi lui faisait pousser des ailes. Littéralement : elle avait fait sortir ses deux ailes emplumées, cendrées – elle n’était toujours pas à l’aise avec sa paire obtenue lors de l’Odon Do Dur. Tandis que deux chasseurs se dévouaient pour servir de distraction, la Zaam s’élança dans les airs. Elle n’y était pas seule, deux autres silhouettes valsant en rythme avec elle dans les cieux. Raffermissant sa prise sur son Marteau, Sól suivit les deux autres dans leur attaque aérienne, fondant sur le bœuf titanesque. A renfort de coups d’ailes, elle tentait d’aller plus vite que les autres, d’être la première à porter un coup, d’être celle qui ferait tomber leur cible. Hurlant pour chasser son appréhension et se donner de la force, elle martela le cuir de l’animal. Sans grande surprise, sa participation ne sembla pas être des plus impactante. L’atterrissage s’effectua dans une roulade brutale et désorganisée : déséquilibrée, elle s’étala sur l’une de ses ailes, un craquement sonore accompagnant son cri de douleur – elle s’était cassé l’aile.

Blessée, elle n’eut d’autre choix que de se retirer de la bataille – pas tant par crainte de s’esquinter davantage, mais plus pour ne pas entraîner la chute de ses semblables qui, eux, continuaient le combat. Rampant à moitié, elle s’éloigna le plus possible de l’affrontement. « Weii pruzah ? » (Ca va ?) lui demanda un bipolaire, lui aussi en piteux état. En relevant la tête, Sól reconnu l’adolescent qui avait prédit qu’elle perdrait et lui devrait une gâterie. Son esprit de compétition la regagnant au galop, elle tenta d’afficher une mine brave – elle échoua lamentablement dès qu’elle essaya de se redresser. « Nutaar’Kraa ! » (P*tain de m*rde) « Ruzat ni. » (Bouge pas) ordonna le plus imposant. Sous l’injonction, Sól se sentit dans l’obligation de désobéir et de réessayer de se lever – elle regretta amèrement ce trait d’orgueil, geignant de nouveau. « Ruzat ni. » (Bouge pas.) s’agaça l’homme. La blonde l’observa du coin de l’œil la contourner pour observer son dos. Elle scruta ses ailes écarlates. Un Kiir’Sahqon. Un enfant de la guerre. Pas étonnant que le combat lui aille aussi bien : l’adolescente le trouvait attirant, avec ses blessures et son corps recouvert de terre et de sueur. Si son aile ne l’avait pas plaqué à terre, elle lui aurait sans doute sauté dessus. « Weii. » Se baissant pour se mettre à sa hauteur, l’éleveur l’aida à se relever, passant le bras de la blessée par-dessus ses épaules. Au loin, les autres étaient venus à bout du colosse. Un sourire satisfait se dessina sur le duo. Clopin-clopant, ils se rapprochèrent du festin qui avaient lieu. Eux aussi voulaient avoir leur part du butin.

2006 mots
Merci pour l'évènement.  nastae

Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37253-davina
Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 11252
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Mer 10 Fév 2021, 23:45


Illustration - Alena Aenami
Sdan Dovahkiin

Vêtu d'une chemise et d'un pantalon, l'Ange ouvrait la porte de la chaumière. Le temps était doux, mais le vent frais du matin vint mordiller sa peau. Il adorait cette sensation. Bien plus que dans sa jeunesse, où elle n'était qu'un moment désagréable, mais le Soldat avait appris à dompter ce qu'il n'aimait pas et à en faire sa force. Ça lui servait bien, des matins comme maintenant, où Mancinia s'était faufilée en extérieur pour aller à la rencontre de l'animal qui mangeait du foin frais dans son enclos. En regardant au-dessus de lui, le Capitaine distinguait les courbes de cette demeure, perdue à l'écart des autres, mais entourée de l'éclat dorée des champs. Bouton d'Or portait bien son nom. Ce serait un endroit charmant sans toutes les mauvaises herbes environnantes. Au  moins, aucun Réprouvé ne venait salir sa vision ce matin. Aucun ne se serait risqué à venir l'emmerder, lui ou sa femme, pour prendre son poing dans la figure. Il avait beau être petit et fin, ce qui pourrait être apparenté à une maladie chez ces bourrins, sa réputation le précédait. Et, surtout, même si les deux races ne s'entendaient pas, Neah avait été choisi par leurs Zaahin pour prendre part à ... soit. Inspirant l'air matinal en fermant les yeux, il refermât la porte derrière lui en s'engageant sur le chemin de terre. Jamais l'Ange n'avait été d'accord concernant toute cette histoire, rejetant par la même la volonté de conciliation en demandant à son médecin personnel de lui enlever son aile démoniaque. C'était peut-être une ère qui appelait aux alliances, mais jamais, ô grand jamais, Hel'dra lui en soit témoin, l'Ange ne s'entendrait avec ces saletés qui méritait l'anéantissement pur et simple.

Quel regard sombre ! rit Mancinia. Tu es encore sous l'effet de l'enivrement du combat d'hier soir ?

Quelle était belle, les pieds reposant au-dessus du sol, en suspension sur un morceau de barrière en bois solide. Sans ornements, sans tissu coûteux, simplement la Protégée de leur rencontre. Il aurait pu se croire brièvement de retour à cette époque, mais les temps avaient irrémédiablement changé. Il lui sourit en retour. C'est vrai que la nuit avait été agitée. Un animal de haute stature et d'une grande vélocité avait surgit au milieu des blés balayés au vent, chargeant les combattants Réprouvés qui s'étaient unis pour le mettre au sol. Et vu qu'il passait dans le coin, autant s'en occuper avec eux. Ça faisait trop de bruits pour dormir ensuite. Ils l'avaient ainsi abattu. Un taureau blanc majestueux, une belle bête, mine de rien. Et devant la profusion de viande, on lui en avait remis une partie. Mancinia avait d'ailleurs cuisiné cette dernière et ils s'étaient tenus à l'écart des célébrations. Ils étaient des étrangers. Même si le Ma'Ahid de sa compagne était moins impactant pour les Bipolaires, elle restait une Humaine. Elle aurait pu arracher les couilles de l'un avec ses dents et arracher le bras de l'autre avec sa force, mais le Gardien voulait éviter toute situation dérangeante ou dangereuse. Quant à lui, non merci. Autant pour lui que pour les autres, c'était très bien ainsi. C'était vraiment une acquisition étrange ... et douteuse. Il n'y avait aucune bonne intention, certainement lui donner l'envie de s'en aller très vite. Il en avait vraiment envie et avait un millier de choses à faire. Il détestait ce lieu, ses habitants, leurs mauvaises manières et leurs allures d'abrutis. Sa venue découlait d'une demande de son Humaine et si, dans le cas contraire, il aurait refusé et l'aurait convaincu de suivre la logique, le Gardien connaissait sa brutale envie de venir là. En cette période.

Nous pourrions le reprendre chez nous.

Elle observait le Bicorne, lui aussi un présent de remerciements quant à la levée de la Malédiction, tranquillement en train de profiter de la vie. On ressentait son âge avancé, ce n'était donc qu'un cadeau à moitié, mais ce n'était pas un problème pour l'un et l'autre. Surtout pour sa partenaire, qui s'intéressait à l'élevage depuis quelques mois. Neah était convaincu qu'elle était en train de se demander si cette race ne serait pas utile au milieu du Désert de Näw, ou ailleurs ...

Il est dangereux pour les enfants, nota-t-il devant l'imposante créature. Je ne voudrais pas qu'il leur arrive quoi que ce soit, même par accident.
Je peux le mettre sur un autre de mes territoires. Nous aurons un autre élevage, mais ça ne changera pas grand-chose.

Il eut un sourire. Dans le mille.

Je ne sais pas si c'est mieux que de l'enlever à cette terre qu'il connaît, ceci dit, mais à moins que tu ne le cèdes à une tierce personne, il risque ...
J'ai compris. Va pour la maison. On lui donnera une belle conclusion de vie, hein, canaille ?

Le Bicorne relevait sa gueule dans sa direction, mâchouillant du foin. La scène les fit rire, avant que le sien ne se fige brièvement. Ayant les sens en alerte, aiguisés au possible, l'Ange déployait une barrière avant même que son Humaine ne cligne des yeux. La boue glissant sur cette paroi invisible. Le Réprouvé tirait la langue, avant de proférer des mots en Zul'dov. Neah n'était pas aussi coutumier de la langue que Mancinia, mais l'échange de leurs souvenirs avait amélioré ses maigres connaissances. Ce n'était que de vilains mots dans la bouche d'un si jeune être. Lui s'exprimait en Naciaze, assuré que le petit ne comprendrait rien.

Et je descendrais de ... Ça ?

Il rit.

Impensable.

À une époque, Mancinia lui aurait certainement demandée la raison de ce ressentiment. Aujourd'hui, elle savait très bien que la part démoniaque au coeur des Réprouvés était intolérable à l'Ange. Elle comprenait la raison. Ils pouvaient être des personnes admirables, avant de vous encastrer dans un mur l'instant d'après. Cette instabilité était néfaste aux relations avec les autres peuples. Si les Bipolaires n'avaient pas Bouton d'Or, ils seraient probablement isolés et esseulés, mais ils tenaient clairement une partie de la population par les couilles. Et les Anges, eux, dépendaient dans leur natalité pour survivre. Et le ressentiment n'en était que plus grand. Le garnement disparu après un regard de leur part, ravi de son méfait, mais on ne l'y aurait pas reprit. Neah considérait les Enfants de Réprouvés comme des échecs, même s'il était fier de ses résultats avec ses Recrues, devenus Soldats. Il en avait fait des Anges, déterminés à servir la Cause. Surtout lorsque les nouveaux Anges arrivaient sur leurs terres, après bien des périples, certains chassés de leur Famille, voire pire encore. S'il en avait eu plusieurs dans son giron, certains avaient eu du mal à se remettre de cette cassure. Brisure de plus en plus étendue maintenant que la Capitale avait déclarée son indépendance. Reportant son attention sur son Humain, le Gardien eu un sourire un peu crispé.

Je ne suis venu ici que pour toi, tu le sais, n'est-ce pas ? Je ne ressens pas leur présence, nous devrions y aller rapidement ...

Elle inclinait la tête, prenant son courage à deux mains pour le conduire. Ils n'avaient pas eu trop de mal à avoir l'information, mais la proximité de ce qu'elle désirait d'une chaumière ne la rassurait pas vraiment ... Avec les célébrations dardant l'endroit, ce serait peut-être plus discret.

C'est ... Là. Je crois.

...

L'Humaine s'était mise à genoux, n'ayant pas l'audace de prier les Aetheri là où n'étaient pas les bienvenus, mais remettant à la terre, en alliée de la dissimulation et à côté d'une plaque commémorative, une sorte de pièce en argent où était gravé l'effigie de celle qu'ils nommaient Anha'Sona, représentant les Arts et la Mémoire, ainsi que Fey'Mogrul, les Voyages et l'esprit libre. La mémoire de l'une, la liberté acquise de l'autre. Les années passaient, mais c'était immuable désormais. Mancinia prit une longue inspiration, l'émotion étranglant sa gorge. Depuis combien d'années voulait-elle venir ici ?

C'est idiot, n'est-ce pas ? Je ne la connaissais pas. Je ne suis rien pour elle et elle n'était rien pour moi. Sans doute est-ce ridicule de me sentir concernée par son sort, mais je ne parviens pas à me l'enlever de la tête.

Celle reposant était le reflet de ce qu'elle aurait pu être. Morte. L'Ange n'était pas insensible au destin de l'Enfant de Réprouvés. Sans doute serait-elle la seule à réellement toucher son coeur, se remémorant de la ligne tragique qu'avait été son existence. Pourtant, lui-même en était bien conscient, des enfants, il en avait tué. Peut-être pas de ses propres mains, mais les siens et lui-même en avaient été la Cause. A Stenfek, il y a des années ... Quand la ville avait été victime d'un incendie et d'un combat dans ses rues boueuses. Le Gardien mis ses deux mains sur ses épaules, l'encourageant à se redresser.

On ne peut pas rester, Mancinia. Sa Famille va probablement se réveiller ... ou revenir de ce tintamarre qui leur sert de fête. Tu as fais ce que tu pouvais.
Tu as raison, Neah !

Le Capitaine avait envoyé valdingué le Réprouvé avant même qu'il n'esquisse le moindre geste de répression à leur encontre. Elle avait beau savoir, son esprit trouvait ses techniques de combat au-dessus. Sonné, ce dernier se remis sur ses deux pieds, enragé, cherchant l'arme sur son côté, mais il n'y en avait aucune, puisque son fourreau était vide, avant de trébucher stupidement. Ce dernier était abruti par l'alcool. Il beuglait à leur déchirer les tympans. Merde. Ils voulaient être discrets ? C'était loupé. L'Ange se disait qu'au point où il en était, autant l'assommer pleinement et ... Bong.

Shon ? demanda la femme, étonnée.
Yep. On s'croise toujours dans la bagarre, hein !

Mancinia eu un large sourire soulagé tandis que son interlocuteur relâchait sa poêle, venu d'où elle ne savait, mais visiblement très utile. Dans un tintement métallique, elle retombait aux côtés de celui qui s'était mis à dormir en rêvant de son combat, certainement mémorable. Neah aurait certainement eu un regard interrogateur et méfiant s'il ne connaissait pas l'homme devant eux. Shon Karnak. Une vieille connaissance de sa fiancée. Ils se sont rencontrés au hasard, lorsque l'Humaine était encore à la recherche de sa mère. A cette époque, elle voulait tisser des liens et elle lui a fait croire être autre chose avant que la vérité n'éclate. Shon l'a tout bonnement regardé se faire humiliée par les autres enfants, mais ayant un sens de l'instinct plus aiguisé, ou seulement des remords; il la suivra et prendra sa défense lors de son agression sexuelle, en assommant l'enflure et en lui permettant de prendre la fuite. Mancinia ne lui pardonnera pas vraiment avant de le retrouver, des années plus tard, à bord d'un navire esclavagiste, le Meermin. C'est Shon qui l'arrachera aux griffes de Bodin, qui s'apprêtait à lui faire plus de mal encore et ils s'entraideront en scellant définitivement leur réconciliation. L'Ange l'appréciait moins en sachant qu'il était un partisan d'Erza Taiji Stark, mais que pouvait-il y faire, désormais ?

Tu as changée depuis la dernière fois, Mancinia.
Tu as probablement raison.

Il eu un sourire appuyé, avant de relâcher un long soupir.

Je ne te poserais pas question, mais vous devriez vous barrer ou on va botter votre cul.

Il avait bien compris la raison de sa présence, lorsqu'ils eurent été éloignés, il leur tendirent une assiette avec un morceau de viande tiède.

Tenez, encore un morceau de taureau ! dit-il. C'était un putain de bestiau !

Mâchouillant sa part, tournant les talons pour retourner négligemment vers les autres membres de sa race, Shon marquât néanmoins un temps d'arrêt.

Au fait, Kendov do Silus ...

Se retournant vers Neah, un air sérieux sur le visage.

Le corps de votre femme ... il est comme ça ! dit-il en levant son pouce en l'air.

Pour toute réponse, l'Ange eu un sourire amusé et lui rendit son geste.

2075 mots


[Event Top Sites] - Sdan Dovahkiin Chriss10
Art by Chrissabug

Meuh:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38147-mancinia-leenhardt-
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

[Event Top Sites] - Sdan Dovahkiin

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» [Event Top Sites] - Odon Do Dur
» [Event Top Sites] - Thogii
» [Q] - Sdan Houd | Solo
»  [Évent Top-Sites] Kūṭanītī
» [Évent Top-Sites] - Mon preux chevalier !
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Ouest :: Terres de Lumnaar’Yuvon-