Les ailes invisibles de l'Oiseau de la Liberté

Intrigue : Didi trouve à son tour une étrange broche.

Musique : Reactor de Woodkid

Didi regardait la broche, sa broche. Mimi n’avait rien voulu lui dire sur la sienne après ce fameux soir. Ils n’en avaient pas reparlé, comme un sujet tabou qui s’était immiscé entre eux deux. Il avait eu la vague impression, à partir de ce moment-là, qu’ils vivraient prochainement un point de rupture. Il n’avait pas tort. L’enfance conserverait leur lien mais l’âge adulte les séparerait. Ils voudraient se battre, pour des idéaux à la fois communs et opposés. Ils n’auraient pas les mêmes individus à protéger. Le cœur de Mimi se noircirait, alors que le sien deviendrait bon. Deux Orishas. Deux Mäh Jii Qaal. Un lien brisé. Un autre créé. Ce serait ainsi, entre eux : un éternel combat. L’un devrait perdre, au profit de l’autre. Bien sûr, Didi n’en avait pas conscience. Lui, pour le moment, se contentait de ressentir un profond malaise, dû à son attirance pour l’objet qui lui faisait face. La broche était majoritairement bleue. Une perle gigantesque se trouvait au centre et des ailes l’entouraient, du doré les bordant finement. Il l’avait trouvée dans un coffre en bois qu’il possédait. Pourtant, il aurait juré qu’elle n’y était pas, précédemment. C’était comme si le Destin lui-même s’en était mêlé. Un doux chant semblait sortir de l’objet. Lui aussi, était monté sur le toit, loin de sa jumelle. Il ne lui avait pas parlé. Il avait peur de sa réaction. Il avait peur qu’elle le traitât de copiteur ! C’était probable. Peut-être qu’il se faisait des illusions et que le bijou n’était qu’un banal ornement ? Peut-être était-il jaloux de la trouvaille de sa sœur ? Non. Quand même pas. Il trouvait qu’elle avait un comportement étrange depuis qu’elle la possédait.

Didi finit par se lever. Il dirigea la broche vers le ciel. La lune était ronde. Ses amies dansaient dans le ciel. La Lune Noire était invisible mais guettait. Elle était fourbe, à l’image des Sorciers. La Lune Bleue gravitait, petite mais présente, douce et tendre. « Que les ailes invisibles du bien fassent de moi un oiseau de la liberté. » chuchota-t-il. Et tout commença.

L’environnement qui entourait habituellement la bâtisse où vivaient Mimi et Didi se noya dans la végétation. Une forêt dense y poussa, effaçant les traces de la cité des Orishas. La silhouette du garçon fut entourée d’ailes à l’aspect éthéré. Il était possible de voir son corps à travers les membranes dorsales. Plusieurs bras faits de la même matière apparurent dans son dos. La forêt était parcourue d’un vent tiède et bienveillant. Des plantes spectrales y poussèrent, bientôt rejointes par des animaux, curieux de voir le spectacle. Les pétales des fleurs présentes se déployèrent en même temps que les plumes blanches du garçon. Elles se fondirent à sa silhouette pour habiller son corps d’une combinaison blanche, aux broderies bleues. Le monde autour de lui semblait respirer une vitalité féerique. Il était au centre d’un cocon naturel, d’une forêt habitée par ses esprits. Une cape apparut sur les épaules de Didi dans un bruit de carillon. Les animaux tournèrent soudainement tous la tête vers une même direction : le ciel. Des nuages, tomba un objet. Son éclat se refléta dans le regard de l’ancien Orisha, qui tendit la main en sa direction. La lame parcourut la distance qui la séparait de son propriétaire. Des pétales bleutés s’en détachèrent durant son voyage, colorant le ciel. Didi attrapa l’arme et la planta dans le sol. Un souffle doux fit voleter les feuilles dans les arbres. « Échos. » murmura-t-il. Le son lui revint, provenant des voix de la nature.

Lorsqu’il revint à lui, Didi tomba sur le sol du toit, l’épée à la main. Elle n’était pas lourde, malgré sa taille. Il pouvait la porter sans problème, bien qu’elle lui échappât dans un premier temps. « Ah… Ah ! » fit-il, en se relevant en hâte. Contrairement à Mimi, il ressentait à présent un besoin vital d’en parler. Dans son costume de Mäh Jii Qaal, il descendit quatre à quatre les marches de l’escalier pour se jeter dans leur chambre commune. « Mimi ! Mimi ! Il se passe quelque chose d’anormal ! Aide-moi ! » cria-t-il, apeuré. La fillette leva les yeux vers lui. « … Didi ? » demanda-t-elle. « Tu t’es déguisé ? » « Mais non ! » Elle le fixa, sans faire le lien dans un premier temps. « C’est cette broche ! » s’exclama le garçon. « Ah. »

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