Arracher ce Démon en Moi

Partenaire - Solo
Intrigue - Le Capitaine Katzuta sombre dans une sorte de coma à la suite de l'Odon do Dur. Lorsqu'il en ressort, il se découvre être capable de ressortir des Ailes de Réprouvés, mais il n'est pas question pour un Ange de conserver la moindre trace lui remémorant les Démons ...

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L'odeur âcre du sang remplissait ses narines. Cette sensation dans son bras était le choc de l'arme contre l'épaisse cuirasse de la créature, dont une blessure ne cessait de le meurtrir, avant qu'une autre lui brise le membre, laissant à l'Ange le loisir de devenir son bourreau. Ses os craquent, les bêtes grondent, le sang macule la terre, leurs mâchoires et tout son être. Ça ne cesserait donc jamais ? ...

— Marquise Leenhardt.
— Docteur ? ... Oh.

En relevant la tête vers la Doctoresse Kaesra, Mancinia prenait conscience de l'heure tardive. Elle avait tellement été absorbée dans ses pensées que le temps passant n'était plus vraiment mesurable. Exhalant un soupir, descendant la pression qui s'accumulait sur ses épaules, elle sourit en prenant le verre d'eau qu'on lui tendait, remerciant chaleureusement son interlocutrice. Une personne prévenante et attentive au bien-être d'autrui, pourrait-elle espérée devenir un aussi bon médecin ? C'était aberrant comment elle se sentait vide et impuissante en cet instant. Ses connaissances médicales, son Don tout court même, démontraient leurs limites. Réduite à observer le corps étendu de son compagnon endormi, sans savoir s'il allait réellement revenir à lui. Neah avait subi les affres de son Rexhnou et ce, pendant une décennie. Actuellement, elle ne se sentait pas capable de se passer de lui autant de temps, surtout après avoir ressenti une telle sensation de vide, ce trouble dans ce qui les liaient, avant que la sensation ne devienne de la terreur, dans tout ce qu'elle avait de plus pure. Cette cassure. Cette pointe de dague en plein coeur, prête à vous broyer en deux. Ce délicat filin qui, à tout moment, pouvait se rompre. Ça n'avait duré que quelques minutes, au point de rendre son souffle irrégulier, que la douleur la paralyse, consumant son esprit et que les larmes ne balayaient ses yeux. Et, puis, d'un coup, tout revint à la normale. Cette impression d'être brisée en deux ... C'était son ressenti et cela se voyait sur ses traits tirés. Ainsi, c'était cela, perdre son Lien ... En observant son compagnon, respirant et bien vivant, ses appréhensions la consumaient d'autant plus.

— Je vous remercie de m'avoir avertie.
— Il était normal que vous soyez prévenue, Marquise. Vous et le Capitaine êtes fiancés.

Au-delà du Lien qui les unissait, elle avait volontairement choisi la voie de l'Amour en sa compagnie. Ce n'était pas le chemin emprunté par toutes les Paires, mais ils étaient devenus plus que cela. Neah et Mancinia étaient les Écuyers de l'Aurore. Ils voulaient rétablir l'harmonie entre les leurs et les tensions s'amenuisaient, comme si malgré l'horreur, malgré les trahisons, malgré la rancoeur, ils étaient unis, comme deux mains unies l'étaient dans une prière. C'était le moment de la réconciliation ... mais comment y parviendrait-elle sans lui ?

— Nous nous étions dit que ... entendre votre voix pourrait l'aider à se réveiller.

Ce n'était pas un sommeil normal et il s'était produit de manière imprévisible, dans une situation délicate. De ce qu'elle avait compris, ou plutôt, retenu des explications que son cerveau arrivait à retenir dans ce moment d'égarement, le Capitaine Katzuta entraînait ses Recrues. Il a disparu quelques instants, avant de réapparaître quelques minutes plus tard, des ailes similaires à celles des Réprouvés sortant de son dos, avant de s'effondrer en plein milieu du terrain. Il n'y avait ni blessure, ni signe de maltraitance magique sur son corps et il se contentait de dormir, épuisé par un effet inconnu sur son organisme ... depuis cinq jours.

— J'ai entendu dire que des Humains avaient également subi des effets étranges. Notamment avec des ailes de Réprouvés, qui ne disparaissent pas.

En effet, l'Imprévisible avait obtenu cette information par la suite, puisque tous les peuples avaient été victimes de cet effet. Les témoignages mentionnaient un champs de bataille quasiment infini, certains avaient la sensation d'y être rester quelques minutes, d'autres des années. Est-ce que Neah avait été prit dans cet étau infernal, lui aussi ?

— C'est exact, des Humains sont revenus avec des ailes, mais contrairement aux Anges, ils ne peuvent les rétractés et demeurent visibles. Certains ont ... demandés à ce qu'on leur enlève.
— C'est compréhensible, répondit la Doctoresse, les lèvres pincées. Il n'est pas bon d'être un Réprouvé par les temps qui courent ...

Il y avait des tensions entre Stenfek et Bouton d'Or, des rumeurs parlaient de scission, mais présentement, ce qui arrivait aux Bicolores n'était pas son problème. C'était ce qu'il s'était produit à l'encontre de son partenaire qui la rongeait. Assise sur le tabouret, à ses côtés, depuis des heures, elle se redressait en se dégourdissant les muscles, reprenant le morceau de tissu, chaud et humide, pour le replonger dans la bassine d'eau et lui rendre une saveur plus appréciable. Quand allait-il ... ?

— Capitaine !

Cette exclamation dans son dos la contraignirent immédiatement à tourner son visage dans sa direction. Ses iris percutèrent les siennes. Un frisson lui parcourt l'échine, rien qu'un regard de sa part suffit à lui offrir du bien-être.

— Eh bien ... Je ne pensais pas que ce serait aussi efficace.

La Doctoresse s'était avancée, où Mancinia se reculait pour la laisser l'observer de plus près, mais très clairement, l'Ange était dans le brouillard. Sa respiration s'était accélérée et le mouvement de ses paupières indiquaient sa confusion. Il était prêt à replonger.

— Capitaine Katzuta, vous avez dormi un bon moment ... Nipa ẹjẹ Nímkalàri.

S'écartant à la recherche de son matériel, l'Humaine revint au plus près pour s'assurer que ce n'était pas irréel et que son bien-aimé avait rouvert les yeux. Quel soulagement. Peu importait le temps nécessaire pour qu'il se remette, il était là. Il était revenu. Mancinia passait tendrement sa main dans ses cheveux.

— Mo n ṣetọju rẹ, ojí agbaye.

Il sourit, refermait les yeux et se rendormait.

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— Je ne peux pas le tolérer.

Le sourire que Mancinia lui adressait pour détendre l'atmosphère se crispait. Depuis son éveil, il y a une semaine, son Gardien ne cessait de se plaindre de ces ailes répugnantes qu'on lui avait remis à la conclusion de la Los Worr do Dur, la Guerre du Pardon. Ainsi était-elle nommée, ainsi trouvait-on la réponse de ces disparitions soudaines dans un lieu macabre, au nom des Réprouvés. Pourquoi ? Ce n'était pas clair et présentement, ce n'était pas le sujet. L'état de Neah inquiétait tout ce qu'elle était, de l'Humaine à la fiancée, en passant par la médecine. Il semblait nerveux et épuisé, c'était un mélange détonnant, surtout suivant ses dernières découvertes. Des douleurs récurrentes et des signes physiques visibles depuis des mois, sans que les médecins ne comprennent ce qui meurtrissait son dos, avant que sa concentration dans l'espoir que ses ailes, ses vraies ailes d'Ange, reviennent, lui avait valu la capacité de manifester des ailes angéliques de couleurs variables, carmines et grises, notamment, avant de découvrir la paire qui l'intéressait. Celle contenant une aile démoniaque. Et cela, non, il ne le tolérait pas. C'était à ses yeux, la pire insulte, la morsure malsaine, une meurtrissure. Neah désirait, comme des Humains avant lui, qu'on la lui retire. Peu importe la méthode.

— Je refuse catégoriquement d'être au centre de deux contraires !
— Je le suis, sourit-elle timidement. Je suis moi-même avec ce ...
— Toi, tu es une personne de Bien ! Eux ce sont ... à moitié des déchets !

Ces propos ... Comme s'il crachait sur quelque chose. Combien de personnes avaient eut cette réaction envers les Humains ? Devait-elle soutenir son compagnon et devenir aussi méprisable que cela, au point de vouloir anéantir une race lorsque sa rancoeur serait élevée ? Si elle avait vécu des moments atroces en compagnie des Réprouvés, avec des souvenirs qui ne cessaient de la meurtrir, ce n'était pas une raison de céder sur ce terrain. Neah la saisi alors pas les épaules, la contraignant à regarder ses yeux assombris. Elle détestait le voir dans cet état.

— Au nom de l'Amour qui nous lie, Mancinia ... Je te demande de m'enlever cette aile !

Il y eu un moment de silence entre eux. Ce n'était pas possible.

— ... Tu risques de résister au traitement avec tout ce que tu as subis. Je ...

Inconsciemment, elle tremblait. Pourquoi lui demandait-il ça ? Pourquoi lui demandait-il de le meurtrir de manière aussi barbare, à la manière des Sans Ailes ? De ceux qui avaient eu terriblement peur des représailles, au point de renoncer à qui ils étaient réellement.

— C'est une souffrance que d'avoir une aile démoniaque ! Rien ne saurait être pire ! J'ai l'impression qu'elle me consume de l'intérieur ! ... Et si tu ne me l'enlèves pas, je te le jure, je m'en occuperais moi-même !
— Je ..., reprit-elle en se mordant la lèvre inférieure.

S'il était venu vers elle, c'était avant tout parce que sa conscience était assurée d'avoir les meilleurs soins, ainsi que la sécurité quant à une amputation. Seulement, Neah n'était pas désespéré au point de la supplier. Il avait les moyens de détruire cette aile de ses propres armes, de sa propre magie et ce, au mépris des risques. Et elle, le prendrait-elle ? Non. Se redressant brutalement, allant chercher rageusement dans ses outils médicaux, Mancinia saisi sa scie médicale qu'elle aspergeait d'une sorte de liquide blanc à l'odeur piquante.

— Qu'est-ce que tu fais ?
— Je la désinfecte, putain ! s'exlama-t-elle, pleine de colère. Je n'ai pas envie que tu souffres après l'intervention ! ...

Il ne disait plus rien, conscient que sa demande était démesurée, mais l'Ange ne savait vers qui se tourner. En revenant vers lui avec le nécessaire, elle le contraignit à s'assoir en lui tournant le dos et à mettre un serre-dent, pour mordre dedans, puisqu'elle ne pouvait prévenir la douleur.

— En tranchant l'aile à l'endroit nécessaire, tu devrais ressentir une vive douleur et elle persistera normalement pendant quelques temps. L'os ... devrait se réparer seul ... Sinon, ce devra être assisté par un médecin et ...

Ce serait une blessure aggravée. Ce serait alors douloureux et dangereux. Et si la plaie devenait une véritable infection, était-elle arrêtable compte tenu de l'endroit ? Et s'il y avait une mauvaise resoudation, lui procurant des douleurs interminables ? Et si ... ?

— Mancinia, calme-toi.
— Je ... Je n'ai pas ... Tu es mon premier.
— Tu ne feras aucune erreur. Je sais que tu en es capable.

Cette confiance aveugle en ses capacités la troublait. C'était lui son patient, c'était à elle de le rassurer et non l'inverse.

— Tu es inquiète parce que c'est moi.

C'est vrai.

— Respire.

Et c'est ce qu'elle fit.

— Je n'ai pas besoin de cette aile. Je veux seulement que tu me l'enlèves. Contrairement aux autres ... Je refuse de la savoir dans mon corps.

Ravalant sa salive, reprenant contrôle sur sa respiration, Mancinia était résolue, inclinant la tête, tandis que Neah observait un point fixe, quelque part dans la salle.

— Prêt, Capitaine ?

D'un hochement de la tête, ce dernier approuvait. Et la scie d'intervention entreprit son office.

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— ... Ne me demande plus de faire ça. Ne me demande plus de ...
— Je vais bien, dit-il en la serrant dans ses bras. Regarde, tout va bien.

Le Gardien ressentait son Humaine trembler sous son étreinte. Pourtant, c'était lui qui avait mal et le mélange de médicaments qu'elle lui avait imposée pour calmer la douleur le rendait aphasique.

— Merci. Je t'en remercie sincèrement ... c'était important pour moi.
— Et qu'aurais-tu fais si j'avais refusé, idiot ? demanda-t-elle en séchant ses larmes.
— Le Boucher aurait certainement avec plaisir de m'enlever cet épineux problème sans rechigner, lui.

Le médicament le rendait délirant, la langue acérée prête à commettre ses méfaits.

— Tu n'as plus que l'aile aux plumes blanches, comme tu le voulais ... Juste la part angélique.
— C'est ce que je suis.

S'écartant, l'Ange rentrait son aile désormais solitaire, pour déployer les siennes, aux bouts dorés.

— Je suis un Ange, Mancinia. Et comme tu es fière d'être une Humaine, je suis fier d'en être un. Je suis un défenseur du Bien, le Bouclier de mes semblables, comment pourrais-je tolérer la moindre représentation du Mal dans mon corps ?

Comment aurait-elle pu le tolérer elle-même ? Ce n'était pas pour rien que ses frères et soeurs avaient céder à l'amputation. Malgré la douleur, ils étaient fiers de ce qu'ils étaient et méprisaient les autres qui les avaient meurtris autre fois.

— J'en ai rien à faire de cette race de merde. Je n'ai pas demandé à les aider et les Aetheri sont simplement cruels de me l'avoir imposé ! J'étais là-bas et ... Je voulais seulement te voir, toi, égoïstement ... Toi.

Il saisi son visage des deux mains, pinçant ses joues.

— Des enfants nés de l'union des Anges et des Démons ... Comme si nous pouvions nous aimer ! Les Aetheri se sont juste foutus de notre gueule en donnant naissance à cette race de dégénérés ! Nous devrions les esclavager et les donner aux Sorciers en échange des Humains qu'ils détiennent !
— Neah, tu es fatigué, tu ne sais plus ce que tu dis. Tu devrais te reposer avant de médire sur le Bien.

Le traitement était en train de le faire délirer, il ne parvenait plus à voir la limite entre le Bien et l'Extrémisme.

— Le Bien serait-il d'être comme ceux qui baissent les yeux devant les Vils, nous laissant durant quinze ans sur le rebord de la route, à l'agonie ? Regarde mon peuple, regarde dans quelle souffrance il a été ! Comment pouvons-nous vouloir négocier avec les Sorciers, sous couvert d'équilibre ? Ah ah ah ... Mais l'Empereur Noir doit se gausser de notre incompétence, ce n'est pas possible.

Son Gardien avait encore des propos injustes envers les Mages Blancs, prompt à voir ce qui l'arrangeait, mais en tant que Marquise de leur peuple, cela ne pouvait que la pincé un peu.

— Dans ce cas, Neah ... Les Humains et les Anges méritaient-ils d'être exterminés ? Peut-être est-ce nous qui réalisons les choses mal ?
— Le Bien est toujours oppressé, répliqua-t-il. Une Balance, ça s'équilibre, pas vrai ? La Purge de ces Vils le prouve bien. Mieux vaut pour les Sorciers de ne pas se croire gourmands ...

Dans le cas des Mages Noirs ou des Démons, elle avait du mal à verser une larme. Ils méritaient de subir les pires tourments après toutes leurs exactions.

— C'est emmerdant. J'aurais parfois envie de taper mon poing sur la table !
— Fais-le.

Ça avait été dit de manière si naturelle que le Capitaine avait été brièvement dérouté.

— Tu as l'air surprit, Neah. Seulement, il n'y a aucune honte pour toi à vouloir t'élever. Tu as cette place pour tes compétences et ton investissement ... pour ton peuple. En quoi est-ce étonnant, d'ailleurs ?

Marquant une pause, elle lui sourit, rayonnante. N'avait-elle pas les mêmes ambitions, après tout ?

— Si tu doutes de tes supérieurs, ce n'est pas une mauvaise chose non plus. Douter ne signifie pas que tu es incompétent, voire qu'eux-mêmes le sont, c'est que tu attends certaines choses qui ne viennent pas et tu sais que le moyen de le faire est de gagner des galons. Alors, c'est simple, fais-le.

C'était ce qu'il voulait ? Il n'en était pas vraiment certain ...

— Je serais toujours derrière toi pour te pousser de l'avant. C'est mon rôle en tant que partenaire.

Elle posait son front contre le sien.

— ... Et bientôt, en tant que femme.
— Tu es vraiment ...

La Canine Blanche ne terminait pas sa phrase, il l'avait attiré à lui pour l'embrasser. C'était un moindre mal que de recevoir le baiser de son médecin lorsqu'on était le patient après tout, non ?

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Nipa ẹjẹ Nímkalàri - Par tous les Aetheri
Mo n ṣetọju rẹ, ojí agbaye - Je veille sur toi, mon univers