Partagez
 

 [Q] La gourmette

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Babelda
~ Rehla ~ Niveau III ~

~ Rehla ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 772
◈ YinYanisé(e) le : 20/04/2015
Babelda
Lun 30 Nov 2020, 15:17

[Quête ouverte] - Le jour d'Ësse'Aellun Kr3i
Image par G xy
La gourmette
Nymeria

Intrigue ; Nymeria s'occupe d'un enfant du Palais jusqu'à ce que son père revienne de son rendez-vous.

« Alors ? » Nymeria tourna la tête vers la déchue qui venait de s’adresser à elle. Un sourire malicieux trônait sur ses lèvres : un mauvais présage pour sa cible, qui fronça les sourcils, comme un réflexe de protection. « Alors quoi ? » demanda-t-elle en reportant son attention sur ce qu’elle était en train de faire : nettoyer l’imposant miroir de l’un des petits boudoirs du palais. Montée sur son escabeau afin de frotter la partie supérieure de la glace, elle se retrouvait coincée entre les griffes de la curieuse, qui venait généreusement lui prêter main forte. « Est-ce que tu lui as envoyé l’invitation ? » voulu savoir la Luxurieuse. La magicienne s’acharna sur une tâche imaginaire afin de retarder le moment fatidique où elle devrait répondre. La jeune femme avait rédigé plusieurs lettres – certaine où elle se contentait d’énoncer quelques banalités, certaines où elle déclarait la passion qui l’animait, d’autres encore où elle reprochait au blond tout ce qu’elle n’avait pas pu faire ou dire. Ces missives avaient soigneusement été rangées dans un petit coffret, sous le lit de la domestique, fermées par un procédé magique plutôt simpliste mais efficace. La magicienne n’avait jamais été très douée en magie, mais ce pentacle là avait été répété si souvent depuis qu’elle avait déménagé dans les entrailles du Palais Royal qu’elle le maîtrisait désormais à la perfection – garder son intimité était parfois un véritable casse-tête, surtout lorsque l’on s’était lié d’amitié avec la Luxurieuse. Ces lettres, précieusement enfermées, s’adressaient toutes, sans aucune exception, à celui qui tourmentait depuis plusieurs mois la brunette : Rajiv. « Non… » lâcha la demoiselle du bout des lèvres tout en descendant de quelques barreaux pour astiquer la partie centrale du miroir. « Quoi ? Mais qu’est ce que tu attends, au juste ? Qu’il vienne te chercher sur son grand cheval blanc et te prendre par la main pour t'emmener à l'autre bout du monde ? Qu’il vienne t’inviter à l’un de vos bals masqués ? » Voyant que l’intéressée ne parlait pas, Elyanna reprit la parole. « Ecoute, ma bichette, je t’adore, tu le sais. Mais vraiment, vraiment, il va falloir faire quelque chose à propos de ton bonhomme. » Nymeria leva les yeux au ciel. « Tu sais, les déchus, et les Luxurieux en particulier, c’est pas comme tes petits magiciens, là. Il ne va pas venir te courtiser bien sagement, en attendant la prochaine lune bleue ! Si tu veux vraiment le revoir, il faut prendre les choses entre tes mains ! » La Vaughan le savait. Elle en avait parfaitement conscience, et une part d’elle-même détestait cette timidité qui écrasait ses viscères, la retenant de passer à l’action plutôt que de laisser libre court à ses fantaisies. Elle s’agaçait de se laisser mener par le bout du nez, surtout par un coquin qui l’avait sans doute oublié depuis longtemps. Elle s’en voulait d’avoir essayé avec acharnement d’en faire de même, de ne plus penser à lui, de passer à quelqu’un d’autre : l’échec était cuisant et l’enrageait. Agacée, plus envers elle-même que contre la déchue, la petite mage blanche descendit de l’échelle. Elle se planta face à sa sermonneuse. « Je le sais. Mais peut-être qu’il s’agit simplement de la preuve qu’il n’est pas fait pour moi. Peut-être qu’on n’est simplement pas compatibles. » lâcha la fautive, excédée. Elle aurait souhaité que sa camarade lâche l'idée plutôt que de s'acharner et de retourner le couteau dans la plaie. Elyanna croisa les bras sur sa poitrine. Son expression laissait comprendre qu’elle n’était pas convaincue. « Qu’est ce qui te fais peur, au juste ? » Nymeria soupira. Elle aurait souhaité que la blonde abandonna tout simplement cette histoire mais elle savait que ce n'était pas dans son caractère. « C’est de ne pas savoir embrasser, c’est ça ? Si ce n’est que ça, je peux t’apprendre ! » « Quoi ? Mais… Non ! Qu’est ce que ! » Le rouge colorait les joues de la timide, ce qui déclancha l’hilarité de la Luxurieuse. Contrariée, la domestique lui refourgua son torchon puis tourna les talons. « Tiens, termine de nettoyer ce miroir. Je vais m’occuper des… coussins… »

La magicienne haussa légèrement les sourcils. Sur le canapé se tenait un enfant. Un petit garçon aux lunettes disproportionnées et aux cheveux désordonnés. Il tenait entre ses mains un petit cube en verre, lui-même découpé en plus petits carrés. Chaque facette laissait exploser des étincelles de couleurs différentes – bleues, blanches, vertes, jaunes, rouges et oranges - qui se reflétaient sur les verres du garçon. Avec dextérité, il faisait coulisser les faces afin d’aligner les couleurs identiques sur un même côté. Ses mains – ou plutôt, ses doigts – bougeaient avec rapidité. Parfois, il s’arrêtait un instant pour constater son avancée, ou pour chercher l’une des facettes manquantes. L’instant d’après, ses doigts se remettaient à bouger avec agilité. Les jambes du bambin ne touchaient pas le sol, s’agitant distraitement en un rythme régulier et lent. Nymeria pencha légèrement la tête en l’observant. Cela faisait plusieurs heures que l’enfant était installé dans cette salle. Elle avait d’ailleurs reporté l’entretient du salon en l’apercevant à plusieurs reprises. Cette fois-ci néanmoins, il s’était fait discret et elle avait entamé son travail sans se rendre compte de sa présence. Une erreur qu’on lui reprocherait sans doute plus tard. Pour l’instant néanmoins, elle ne s’inquiétait pas de ces réprimandes : elle était trop préoccupée par l’enfant. Elle s’en approcha. « Bonjour. » salua-t-elle d’une voix douce tout en esquissant un sourire. « Bonjour. » répondit en écho le plus jeune, sans détourner les yeux de son casse-tête. La brune jeta un coup d’œil aux alentours. « Il n’y a que nous. » informa le garçon. De nouveau, la domestique laissa l’étonnement marquer ses traits. « Tu veux dire que… Tu es tout seul ? » demanda-t-elle. « Mon père est quelque part… Dans le palais. » expliqua-t-il. « Oh. D’accord. Et… Il t’a laissé attendre ici ? » L’enfant acquiesça. « Cela fait un moment, non ? » le petit garçon haussa les épaules sans répondre, cette fois-ci. En s’approchant suffisamment pour s’assoir à ses côtés, Nymeria parvint à ressentir sa frustration. « Sais-tu où il est allé ? Je pourrai lui faire savoir que tu vas bien. Je suis certaine qu’il sera rassuré. » « Non. Il est occupé avec des gens importants. » L’air désintéressé qu’arborait le plus jeune fit froncer les sourcils à la mage blanche. Ce n’étaient pas des manières, d’abandonner son fils dans une salle du palais royal ! « Et avec qui devait-il s’entretenir ? » « Lauranie Taiji. » « L’Archimage Virial ? » « Oui. Il prépare cet entretient depuis plusieurs cycles lunaires maintenant. Je crois qu’il était un peu nerveux. » L’enfant remonta ses lunettes, qui avaient glissé sur le bout de son nez. La jeune femme retint un soupire. Même s’ils se trouvaient dans l’endroit le plus sûr qui exista, elle n’était pas sereine à l’idée de laisser en enfant aussi jeune sans surveillance. « Comment tu t’appelles ? » « Robin. » « Et bien Robin, que dirais-tu de venir prendre un goûter ? » L’écolier releva le visage. Ses yeux luisaient d’envie mais il se retint, secouant doucement la tête avant de la replonger sur l’objet qu’il manipulait frénétiquement. « Non. Mon papa ne veut pas que je suive des inconnus. » Nymeria laissa échapper un petit rire. « Et ton papa a tout à fait raison. Néanmoins, tu peux me faire confiance. Tu vois cette clé ? » La domestique lui tendit la clé qu’on lui avait remis lorsqu’elle était devenue employée du palais. Curieux, Robin s’en empara pour observer l'embout qui se métamorphosait de façon continue. « C’est la preuve que je travaille ici. Et que je suis une personne de confiance. » « Mais… Si je pars d’ici, mon papa s’inquiétera en revenant et en ne me trouvant pas là où il m’a laissé… » argumenta-t-il comme dernière résistance. « Dans ce cas, nous lui ferons parvenir une note. Lorsqu’il aura terminé son entretient avec l’Archimage, il saura où tu te trouves. Est-ce que ça te va ? » L’enfant sembla réfléchir un instant mais, puisqu’il ne trouva pas d’autre argument, il acquiesça. Elyanna, qui avait écouté la conversation, hocha la tête d’un air entendu : elle s’assurerait qu’une note soit bel et bien envoyée au père du petit mage.

Les cuisines débordaient d’agitation, comme toujours : les fourneaux ne s’arrêtaient jamais de tourner, afin de contenter les invités du palais à toute heure de la journée. « Qu’as-tu envie de manger ? » demanda la domestique. Elle n’obtint aucune réponse : l’enfant était bien trop émerveillé par la magie qui animait le lieu et qui faisait entrer et venir plusieurs valets ici et là. Les cuisiniers faisaient également étalage de leurs dons, produisant ici et là des lueurs colorées. Un sourire se dessina sur le visage de la demoiselle. La brunette s’approcha d’un plateau qui avait été abandonné par un valet. Elle s’empara de plusieurs biscuits qu’elle déposa dans une serviette en tissus. Elle s’empara d’une verrine remplie d’une compote. Une fois fait, elle s’empara de la main du plus jeune et le guida hors des cuisines. De nouveau dans les boyaux du Palais, elle se dirigea jusqu’à une petite salle – autrefois placard à balais, réaménagé en salle de détente : des tables y avaient été installées, un harmonica avait été ensorcelé pour jouer continuellement d’une musique festive. Le duo s’installa à une petite table. Ils n’étaient pas seuls, bien que l’endroit soit bien moins fréquenté que lorsque la brunette s’y rendait habituellement – les domestiques étaient tous, pour la plupart, en service ou en train de récupérer de la nuit qu’ils avaient passé à travailler. « Mmh… C’est quoi cet endroit ? » demanda Robin, curieux. « Ça c’est… Un lieu pour se détendre et pour goûter ! » répondit la jeune femme en ressortant la nourriture qu’elle avait récupéré dans les cuisines. La diversion fut immédiate : le gourmand se jeta sur les macarons et autres sucreries. La domestique n’était pas censée amener des visiteurs dans les couloirs cachés du Palais. Elle se ferait sermonner pour ça aussi, sans doute.

Les deux mages patientèrent plus d’une heure. Après que l’enfant eut terminé son goûter, ils jouèrent quelques parties de Mẹio, quelques batailles de cartes, puis le mage recommença à jouer avec son étrange cube. Il était malin. La rapidité avec laquelle il résolvait le casse-tête impressionnait l’adulte – elle aurait tout simplement été incapable de s’y adonner. Au dernier moment, alors qu’il ne lui manquait plus qu’une facette rose à aligner, le petit génie releva la tête. « Et toi, c’est quoi ton nom ? »  demanda enfin l'enfant. « Nymeria. » Il hocha la tête puis fit coulisser les cases. Lorsque le puzzle fut complété, le cube se mit à luire d’une vive lueur bleue. Lorsque l’éclat s’atténua, robin tenait entre ses mains une petite gourmette entre ses mains. Le prénom de sa gentille partenaire y était gravé. Timide, il lui tendit le bijou. « Tiens. C’est pour m’avoir tenu compagnie. » « C’est très joli. Merci beaucoup. » dit la brune en souriant. « Pourquoi ta clé brille ? » « Oh… Ca, ça veut dire que ton papa a terminé de travailler. Et si on allait le voir ? » proposa la magicienne.

1817 mots


Merci Kyra nastae

Avatar : NIXEU
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34452-babelda-tilluiel
 

[Q] La gourmette

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Mers :: Mers - Est :: Mer du Feu Bleu :: Caelum-