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 [Q] L'entretien

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Dim 25 Oct 2020, 15:41

Intrigue : 1 mariage pour 1 lune de miel : Chelae rencontre son date + développement de la part d’exploitation économique Alfar (les plumes d’écriture)
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Chelae
L'entretien



-Monsieur Lehvona, bienvenue.

Un large sourire illumina le visage de l’invité, auquel Sorn répondit avec une franchise, à son avis, moindre. Sa froideur, son antipathie ou sa psychorigidité, peu importe comment on pouvait qualifier cela, ne changea pas son expression pour autant. Il s’y était attendu, autant grâce à la lecture des lettres qu’ils avaient pu s’échanger que par ce qu’il avait entendu de la bouche de proches. Sorn était un homme strict qui aimait les protocoles, disait-on. Il comprenait pourquoi. Il répondit à son tour au bras qu’il lui tendait en lui serrant la main, ancrant ses iris dans les siennes.

-Bonjour, Monsieur Arcesi. Je suis ravi de vous rencontrer enfin.

-Moi de même.

Rapidement, Sorn examina celui qu’il avait convié chez lui. Le sourire de ce dernier le rendait quelque peu provocateur et on devinait en lui un talent d’orateur certain. Un visage d’escroc, si l’on demandait l’avis d’un Ange. Un homme prometteur, si l’on demandait celui d’un Alfar. Il était plus grand que lui, mince et charismatique. Malgré son teint grisâtre, il était terriblement pâle, jusqu’à la racine de ses cheveux. A côté, l’Arcesi semblait excessivement noir et presque trapu. Cela ne plaisait pas particulièrement au père, toujours attaché à ses vieux préceptes, néanmoins la famille Lehvona avait des qualités trop intéressantes pour ne s’attarder que sur leur couleur de peau. A force du temps, Sorn et nombre des siens avaient dû s’accoutumer à certaines caractéristiques de plus en plus redondantes à Drosera. C’était le prix à payer pour rester à une altitude honorable. Sorn s’écarta du pas de la porte pour le laisser entrer. Les deux hommes avancèrent ensuite côte à côte dans le hall, puis s’infiltrèrent dans le couloir que le père désigna d’une main.

-Chelae est dans la bibliothèque. Elle nous attend.

A vrai dire, Sorn lui avait simplement indiqué à sa fille qu’il voulait lui présenter quelqu’un, sans en préciser les motifs. Elle les connaissait, de toute façon, sans qu’il n’eût jamais à lui en parler. Le nouveau venu s’imprégnait des lieux, en profitant pour visiter la maison. Il serait amené à s’y rendre plus souvent. Rien n’était encore officiel, mais il avait la prétention d’affirmer que l’accord était déjà signé malgré tout.

-C’est une belle maison, en tous cas. Commenta-t-il.

Conventionnel. L’habitation était assez sombre, mais vaste, haute et soignée. Ce n’était pas la plus belle architecture que l’on pouvait retrouver sur le plateau, mais loin d’être la plus laide, dans tout ce que l’on pouvait définir de laid dans les alentours – rien. Des tableaux, surtout des portraits, recouvraient presque tous les murs. Leur famille était si étendue qu’elle suffisait à faire la décoration. Il imagina qu’il devrait apprendre ces visages par cœur, mais cela ne le découragea pas. En fait, il imaginait difficilement abandonner dans cette entreprise. Sorn l’avait convaincu, ça n’avait pas été très difficile. Sa détermination n’était pas encore une caractéristique connue des Arcesi, mais ils apprendraient bien vite.

-Nous l’avons depuis de nombreuses années à présent. C’est le fruit de notre travail, à ma femme, notre fille et moi.

-Remarquable.

Ils n’avaient pas beaucoup à se dire, en vérité. Ils avaient suffisamment discuté par courrier et aucun d’entre eux ne voulait s’encombrer de banalités. De plus, la rencontre avec Chelae suffirait à délier les langues. De toute manière, les deux hommes ne s’appréciaient pas particulièrement. Ils ne se détestaient pas non-plus. Leur association était purement contractuelle et cela leur convenait à tous les deux. Ce n’était pas comme si c’était chose rare par ici. Les sentiments n’avaient rien à faire lorsqu’il s’agissait de vouloir atteindre le meilleur.

Ils arrivèrent enfin dans le salon. Ici, les murs étaient doublement recouverts de peintures et d’étagères où étaient rangés des centaines de livres. Le tout était complété d’ensembles végétaux. La pièce, bien que chargée, n’était pas étouffante. Elle était en tous cas moins austère que ces couloirs où s’alignaient les visages aux airs supérieurs et standardisés, sans, quasiment, que la moindre Nature ne soit mise à l’honneur. Chez les Lehvona, la décoration était bien plus douce. Son attention se reporta au centre de la pièce, où un large tapis et des fauteuils étaient disposés en cercle autour d’une table basse, de manière à pouvoir lire ou discuter autour d’un thé. Une femme était assise dans l’un d’eux, sa jambe droite croisée par-dessus la gauche, ses mains tenant un livre quelconque. Elle était plongée dans son texte jusqu’à ce qu’elle sente leur présence.

-Chelae, voici Ihrar Lehvona.

-Mademoiselle Arcesi. Il s’inclina légèrement en guise de salutation. C’est un plaisir de vous rencontrer.

L’Alfar leva les yeux vers son père, puis ils glissèrent sur le concerné. Elle abandonna son ouvrage, le refermant doucement avant de le déposer sur la table basse en face d’elle avant de se lever. Comme l’avait fait son père, elle considéra Ihrar de la tête aux pieds. C’était de famille, certainement, que de voir si tout correspondait aux critères qu’ils s’étaient bâtis. Il admit qu’à présent, il devrait vivre cette analyse dès lors qu’il croiserait un nouvel Arcesi-Déléis.

-Monsieur Lehvona. Enchantée.

Elle sourit. Lui aussi.


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Dim 01 Nov 2020, 19:44

Chelae
L'entretien
-Peut-être pourrions-nous nous asseoir ? Voulez-vous boire quelque chose ? Du vin ? Du thé ?

Les trois Alfars s’assirent. Ihrar se trouvait en face de Chelae, Sorn sur le côté. L’invité continuait son analyse visuelle des lieux.

-Je pense qu’un thé serait le bienvenu. Merci.

Ses iris terminèrent leur parcours sur la femme. Droits et immobiles, ils se jaugèrent mutuellement, rendant l’atmosphère glaciale pendant une seconde. Sorn les laissa faire. Il était devenu spectateur des réactions de sa fille. Cette dernière pencha légèrement sa tête en arrière.

-Satso.

-Bien, Mademoiselle.

Le Mur, qui était passée aussi inaperçue que si elle avait été invisible, s’inclina profondément avant de quitter la pièce. On ne la remarquait jamais avant qu’elle ne se manifeste. Ihrar la fixa jusqu’à ce qu’elle quitte la pièce, mais sembla l’oublier aussitôt qu’on lui adressa la parole. Bien que non-Alfar, elle n’était qu’une domestique. Ces gens n’étaient pas d’une grande importance.

-C’est un plaisir de recevoir un membre de la famille Lehvona. Votre entreprise fait un travail remarquable. Je possède moi-même quelques-unes de vos plumes. Ecrire avec est un vrai bonheur.

Elle avait déjà rencontré ses parents, les créateurs et actuels propriétaires de la marque, lors d’une fête mondaine qu’elle avait aidé à organiser. C’était des personnes droites qui incitaient à la sympathie malgré leur perfectionnisme prononcé. Ça en valait la peine.

-Merci beaucoup. Nous voudrions prendre davantage de place sur le marché, mais nous développons la qualité avant tout, ce qui prend du temps et nécessite du savoir-faire. J’ai l’intention de reprendre les rênes de l’entreprise très prochainement.

Le nom des Lehvona n’était pas encore très connu. Leur marque était encore jeune et extrêmement prometteuse. En continuant sur cette voie, il n’y avait aucun doute qu’elle connaitrait du succès sur tout le territoire alfar d’ici quelques mois, si ce n’était un rayonnement international. Les premiers modèles qu’ils proposaient étaient élégants, agréables et solides. Les plumes Lehvona promettaient à chacun d’atteindre une calligraphie irréprochable.

-J’ai entendu dire que vous étiez plus intéressé par la politique que par le commerce.

-Les deux m’intéressent, à vrai dire. Après tout, vous-même aspirez à trouver votre place au gouvernement, tout en appréciant vous impliquer dans l’organisation d’événements mondains. Vous allez bientôt ouvrir votre cabinet, si j’ai bien compris ?

-Je vois que vous et mon père vous êtes beaucoup écrit. Déclara-t-elle en lançant un regard au concerné.

-Il est plus aisé de s’accorder une fois que l’on sait ce que chacun à en tête, n’est-ce pas ?

Peu de personnes étaient au courant. Son projet n’était encore que sous la forme d’embryon. Elle avait beaucoup de choses à apprendre au préalable. Satso revînt avec le service à thé complet. La théière était élégante : en fonte noire, elle était de forme arrondie et gravée de motifs fluides et végétaux. Les tasses étaient assorties. Sans anse, un matériau isolant à l’intérieur des parois permettait de ne pas se brûler. Le Mur servit les trois Alfars, réimposant, pour quelques secondes, un silence.

-Certes. Cependant, il est encore un peu tôt pour annoncer quoi que ce soit à qui que ce soit.

Elle ne souhaitait pas précipiter les événements. C’était, selon elle, la meilleure manière d’être pris par surprise et de sombrer. Elle connaissait quelques exemples. Ihrar se permit de rire à l’entente de cette méthode prudente. Cette réaction termina d’achever le sourire superficiel dont elle s’était munie depuis qu’il était entré dans cette pièce. Elle porta sa tasse de thé à ses lèvres.

-Pardonnez-moi. Je pense que vous ne devriez pas être aussi réservée. Vous devriez vous imposer davantage. Ce serait tout à fait légitime.

Elle ne s’était pas attendue à ce qu’il lui donne des conseils. Ça ne lui plaisait pas. Elle ne voulait pas qu’on lui dicte la manière dont elle devrait monter et gérer son entreprise. Surtout s’il ne s’agissait pas d’un membre de sa famille. Cet homme ne pouvait pas comprendre, de toute manière. Il était plus jeune qu’elle et tout ce qu’il ferait de son côté, ce serait hériter d’une affaire déjà bien construite. Elle, elle la bâtissait seule. Il n’était pas apte à lui donner un quelconque conseil, même en déversant et étalant toute cette confiance en soi autour de lui.

-Néanmoins, qui suis-je dans tout cela ? Ce projet est tout à vous.

Il lui confia une expression positive et rassurante tandis qu’il croisait ses jambes tout en s’installant plus confortablement dans son fauteuil. Chelae le regarda faire. Ses traits se détendirent.



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Mer 04 Nov 2020, 22:56

Chelae
L'entretien
Elle était à peu près aussi chaleureuse que son père. C’était dommage. Elle aurait pu monter les échelons bien plus vite si elle s’était plus souvent entrainée à sourire davantage. Force était de constater que tout comme lui, elle aimait les protocoles, mais peinait aussi à s’adapter aux contrariétés. Ou bien, si elle y parvenait, cela la travaillait longtemps. Il devinait qu’elle était du genre rancunière. Ihrar ne put s’empêcher de constater qu’il arrivait au bon moment. Il espérait que ça en vaudrait la peine. Non, ça en vaudrait la peine.

-Vous semblez vous en soucier suffisamment pour que votre avis m’intéresse.

Quelque part, si elle n’appréciait pas ce qu’elle considérait d’abord comme une sorte de provocation, elle finissait par y prendre goût. Elle était vexée, puis réfléchissait. C’était une réaction infantile qu’elle tentait malgré elle de contenir et de dissimuler. Elle se rappelait que de temps à autres, sortir de sa zone de confort pouvait s’avérer intéressant. Ça l’amusait, elle admirait cette capacité chez autrui, mais elle n’y arrivait pas vraiment par elle-même. Ce n’était pas elle, sa personnalité. Elle était issue d’une éducation sévère, aussi austère que cette maison. Chelae était trop sage, et quand bien même elle voulait insuffler la crainte, cela ne fonctionnait qu’à moitié. Ihrar fit mine de réfléchir. En réalité, son discours était déjà tout tracé dans son esprit.

-Puis-je parler franchement ?

Elle se pencha en avant et acquiesça. C’était presque imperceptible, mais suffisant pour lui faire comprendre.

-Cela va vous paraître crouler sous l’évidence, mais votre famille est étendue. Vous avez la chance de compter quelques personnalités connues. Vous en faites d’ailleurs partie, vous avez participé à la Coupe des Nations il y a plusieurs années. Les autres se trouvent sur les plateaux inférieurs. Ils ne sont pas prêts comme vous-même pouvez l’être. Il but une gorgée de thé. Votre popularité ne doit pas se limiter qu’à une simple participation à une compétition. Les gens veulent savoir ce que vous devenez. Vous devez montrer que vous êtes brillante et assumer vos actes pour garder le respect qu’on vous doit.

Ce qu’il avançait pouvait être mal pris. Il avait prévenu qu’il parlerait franchement. Ou presque. Il oubliait de dire que leur famille était également connue pour leur rigidité sans nom et leur traditionalisme qu’il était peut-être temps de briser. Doucement, mais sûrement. C’était inévitable en fait, mais le processus devait être contrôlé. Autrement, la réalité s’abattrait sur eux comme une hache sur la nuque d’un condamné. Brutale et irréversible.

-C’était il y a longtemps. Et cela ne veut pas dire que je dois précipiter les choses. Ça serait gâcher ma chance en grillant les étapes.

-Les gens aiment voir les autres prendre des risques. Cela fait parler et rend le jeu plus exaltant. En tous les cas, je pense que vous ne grillerez aucune étape.

L’entendre parler de jeu devait être étrange, il en était conscient. Généralement, le terme était passé sous silence. Tous l’employaient, mais seulement dans leur esprit.

-Qu’en savez-vous ?

-Comme vous l’avez fait remarquer plus tôt, votre père et moi avons beaucoup échangé…

Chelae regarda son père. Celui-ci restait impassible. C’était vrai, ils avaient échangé presque tout ce qui concernait la fille Arcesi. Sa manière de fonctionner, ses projets et ses ambitions, ses doutes… ce dont elle avait besoin et ce qu’elle devrait apporter, ce qu’elle recevrait en retour. Tout cela avait amené à l’entente des deux hommes. A cet instant, Ihrar trouva le silence de Sorn extrêmement plaisant. Il adhérait entièrement. Pourtant, il sentait que la fille n’était pas convaincue.

-Vous pouvez me poser toutes les questions que vous désirez. Je suis tout à vous pour la journée.

***

Chelae reposa sa tasse de thé sur la table. Elle avait terminé. Prenant appui sur ses accoudoirs, elle prit de l’élan pour se lever, incitant ainsi leur invité à faire de même.

-Ce fut un plaisir de discuter avec vous, Monsieur Lehvona.

Elle s’inclina respectueusement. Chacun avait repris son sourire de façade, de manière plus ou moins sincère.

-Le plaisir est partagé. J’espère que nous nous reverrons bientôt.

-Je vous raccompagne. Proposa Sorn.

C’était l’heure du bilan. Les deux hommes quittèrent la pièce. Ils marchèrent sans rien se dire durant quelques mètres. Ils étaient aussi cordiaux qu’à l’aller, mais Ihrar sentait qu’une complicité plus forte était en train de naitre entre eux.

-Je vous tiendrai informé de la suite.

-Très bien.

Ils connaissaient déjà la suite, évidemment.

-Laissez-lui seulement un peu de temps.

-Vous n’avez pas le moindre souci à vous faire là-dessus.

Alors qu’ils arrivaient au pas de la porte d’entrée, Ihrar se tourna vers Sorn. Chacun ancrant ses yeux dans ceux de l’autre, ils se serrèrent la main.


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Dim 08 Nov 2020, 18:26

Chelae
L'entretien
-Qu’en penses-tu ?

Sorn était revenu dans la pièce, seul. Chelae avait repris place dans son fauteuil, son livre en main, à la page où elle s’était arrêtée. C’était comme si jamais personne n’était venu l’interrompre.

-J’en pense que vous aviez déjà signé avant même que je ne le rencontre. Commenta-t-elle sur un ton particulièrement neutre sans accorder un seul regard à son paternel. Je pense que tu t’es déjà imaginé avoir des petits-enfants gris comme la lune.

Elle ne l’aimait pas. Il était trop prétentieux et arrogant, voire même insolent. Il la prenait de haut comme si elle n’était qu’une gamine. Son père aussi la prenait pour une gamine. Il avait tout pris en main et elle n’avait été au courant de rien.

-C’est un homme prometteur. Sa famille exploite un bon marché. Il saura nous élever autant économiquement qu’en réputation par son dynamisme. C’est une bouffée d’air frais. Alors il me semble que les enfants dont tu parles auront toutes les chances de réussir à leur tour et de nous faire prospérer.

Elle leva les sourcils à l’entente de son dernier argument. Si de tels héritiers lui convenaient, jamais elle n’aurait pensé que ce serait aussi le cas de son père. Leur sang se diluait, cela avait déjà commencé chez quelques cousins éloignés à Mornhîngardh. Mais à Mornhîngardh seulement, sans qu’il ne puisse contester. Ici, Sorn franchissait un pas, il décidait de changer. D’abandonner cette conviction que l’Alfar, le vrai, se reconnaissait par sa simple couleur de peau. Était-il si désespéré que cela ? Elle ne savait pas, mais c’était vexant.

-De leur côté, les Lehvona souhaitent utiliser notre nom et notre étendue sur les différents plateaux pour développer leur marché et rattraper la concurrence. Continua Sorn sans la regarder. Ihrar a du culot, mais c’est probablement ce qu’il te manque, là où lui devrait parfois apprendre à mettre les formes. Ensemble, vous vous assurerez l’excellence, j’en suis convaincu.

Elle avait cessé de lire – ou du moins de mimer.

-Ses conseils sur mon projet de cabinet, est-ce de son fait ou bien du tien ?

Sorn fit le tour de la pièce, puis se campa devant l’une des grandes fenêtres qui donnaient sur le jardin. La maison n’offrait pas de vue imprenable sur la ville, ni n’était à proximité des cours d’eau et des cascades magnifiques qui se déversaient de la Majestueuse. Elle était entre deux autres propriétés et la vue se limitait aux murs de la maison suivante. Ce n’était pas l’endroit rêvé, mais le calme était sans égal.

-Je lui ai dit que tu avais des difficultés à t’élancer. Il te donnera l’assurance dont tu manques. Comme il l’a si bien dit, il faut parfois se risquer à perdre quelques plumes.

La déclaration lui arracha un rictus, quand bien même elle savait qu’il avait raison. Elle se replongea dans son livre. Depuis tout à l’heure, ses pupilles restaient accrochées à un même mot, au beau milieu d’une phrase et d’un paragraphe : « société ». Elle n’arrivait pas à terminer sa phrase ou à la lire tout en en comprenant le sens.

-Il est temps que tu trouves quelqu’un, Chelae. Tu es notre seule fille. Tu m’avais dit que tu le ferais, mais personne n’est jamais assez bien pour toi, j’imagine.

Cette fois-ci, elle referma l’ouvrage dans un claquement net et se redressa, cherchant un contact visuel avec son père. Qu’on remette sa bonne foi et ses efforts en question était l’une des choses qui l’agaçaient le plus au monde.

-J’ai cherché, mais si je m’en référais à t’es critères, c’était plutôt pour toi qu’ils n’étaient pas assez bien.

Quelques années plus tôt, Sorn aurait répondu avec tant de force et de froideur que sa fille en aurait eu des frissons et aurait quitté la pièce, mais aujourd’hui, il ne fit que soupirer. Il n’avait pas envie de rentrer dans ce genre de dispute stérile. C’était fait. Il avait des affaires plus importantes à régler. Terminer les documents relatifs au mariage, par exemple. Qu’elle le veuille ou non. Son choix était fait depuis longtemps et il s’estimait plus avisé qu’elle pour prendre ce genre de décision.

-Qu’en penses-tu, alors ?

Après un instant de réflexion, la femme quitta son siège pour aller ranger son livre dans l’une des étagères. Elle avait repris une attitude indifférente, calmé sa respiration.

-Il est intéressant. Ça me va.

-Très bien.

Elle perçut sa voix un peu plus détendue. Elle attendit qu’il quittât la pièce pour se permettre un soupir.

-Hm…

Elle lut des titres sur les différentes tranches de livres, alignés et serrés côte à côte, dans l’espoir que l’un d’eux attire son attention. Elle les connaissait déjà tous, ou presque. Elle avait passé un temps incalculable ici, à dévorer tout ce qui passait sous sa main. Mais elle continuait d’espérer trouver une curiosité qui la divertirait. Juste le temps de penser à autre chose.


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