Kyra Lemingway ~ Déchu ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 4557 ◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Je papillonnai doucement des yeux, m'extirpant avec difficulté d'une sieste imprévue. Face à moi, Nefi, qui m'observait d'un œil amusé et chaleureux. Je me frottai les yeux de la paume dans une dernière tentative d'éveiller pleinement mon esprit en y chassant les dernières traces de rêves. « Ça fait longtemps que tu es là ? » lui demandais-je d'une voix faible tandis que je posai mon regard autour de moi à la recherche du livre que j'étais en train de lire. « Je viens d'arriver. Mais je ne m'attendais pas à te trouver ainsi. Il y a mieux comme endroit pour dormir, tu ne trouves pas ? » me répondit-il en me tendant l'ouvrage que je cherchais désespérément. Un soupir de soulagement m'échappa alors avant que je ne m'en saisisse. Enfin je me levai seulement et m'époussetai rapidement de ma main libre. Il avait raison, il y avait mieux pour piquer du nez. « Qu'est-ce qu'il se passe ? » demandais-je finalement. Je me doutais que mon frère ne m'avais pas rejoins par hasard. J'avais bien signifié à tout le monde que je resterai dans les environs, qu'il n'y avait donc pas à s'inquiéter. « Maman te cherche. ». Je relevai vivement les yeux pour les ancrer dans ses iris d'ambres, l'interrogeant du regard. « Maman ? Pourquoi ? » - « Tu n'as qu'à aller la voir. » me fit-il pour seule réponse. Je fronçai des sourcils, un air boudeur se glissant sur mon visage rapidement balayée par un sourire chaleureux. « J'y vais ! » lâchais-je en m'éloignant avant de déployer mes ailes une fois sortie du Jardin Public.
Retrouvant la Citadelle Blanche et, surtout, ma maison, j'y cherchai ma mère. Elle ne s'y trouvait pas. Un pincement de lèvre agacée se glissa sur mon visage comme je fronçai des sourcils. Décidais-je alors de l'attendre ici plutôt que lui courir après et risquer passer notre temps à se manquer mutuellement. Je m'installai à la table de la cuisine et rouvrit le livre là où j'avais été interrompue par le sommeil - du moins, là où il me sembla avoir été interrompu - afin de m'occuper l'esprit. Nefi m'avait laissé dans l'ignorance et je trépignais d'impatience de savoir ce que me voulait notre mère. Ce n'était peut-être rien. Mais ne pas savoir excitait bien trop mon imagination. Ainsi, à peine eus-je le temps de lire les dernières lignes que je vis la silhouette de ma mère se dessiner dans l'entrebâillement de la porte. « Maman ! » m'exclamais-je naturellement pour l'accueillir. Elle m'offrit un tendre sourire en retour. « Tu tombes bien. Je te cherchais. » - « Oui. C'est ce que m'a dis Nefi. ». Et c'est tout. Il ne m'avait rien dit d'autre. Je trépignais sur ma chaise, mes doigts pianotant sur le livre ouvert, attendant la nouvelle. Comme elle s'installa face à moi, je ne pouvais m'empêcher de la fixer, mon regard suivant le sien, comme les papillons suivent les lumières. Oh, je n'étais pas inquiète. Je n'étais pas totalement rassurée non plus, c'est vrai. Pour tant vouloir me voir, ce devait être important. J'étais loin de me douter à quel point.
Un silence de quelques secondes s'installa avant qu'elle ne reprenne la parole. « Dis-moi. Tu as toujours pour volonté de devenir Ange Gardien ? ». Je papillonnai des yeux, bloquée dans un mutisme surpris, avant d'enfin réussir à lui répondre « Ou... Oui ! Evidemment ! ». Un nouveau sourire bienveillant vint peindre son visage. « Il y a encore de nombreux Humains qui manquent de Gardiens. Souvent il s'agit de ceux hors de leur Capitale, alors qu'ils sont surement ceux qui en ont le plus besoin. ». Je l'écoutais avec plus d'attention que jamais, buvant chacune de ses paroles comme un nectar. « Grâce à Samuel, on a la position de certains "villages". Luna et toi irez ensemble. ». Je la dévisageai longuement avant d'enfin sourire, ravie. « Nous serons les seules ? » - « Non, mais envoyer un bataillon révélerai la position de ces lieux. Ce n'est pas l'objectif. » - « Oh ! Oui, évidemment. » - « Je veux que tu retiennes Kyra. Rien ne garantie que tu crées ton Lien dans l'immédiat. ». J'approuvais d'un signe de tête. Pourtant je ne pouvais me départir de mon sourire. Je n'avais plus qu'une idée en tête. J'allais devenir Ange Gardien. Quoi qu'en dise ma mère. Je le savais, je rentrerai à la Citadelle changée.
Le lendemain je rejoins Luna devant la grande porte de la Citadelle Blanche, toute sourire. « Tu as l'air heureuse. » me fit-elle remarquer, amusée. « Oui. ». Je ne pouvais décemment pas répondre le contraire, mon attitude le montrer clairement. « Pas toi ? » - « Si. » me fit-elle avec un sourire. « Mais j'ai aussi un peu peur, je dois bien avouer. » ajouta-t-elle en baissant les yeux. « Peur ? » l'interrogeais-je, étonnée. « Bien sûr. Regarde les Anges Gardiens, leur vie est complètement bouleversée une fois liés. Tu n'as pas peur toi de ce changement ? ». Je réfléchis un instant. Elle n'avait pas tout à fait tort. Pourtant je n'avais jamais réellement ressentie de la peur devant ce changement. « Non. En fait, quand je vois les Anges Gardiens, leur lien avec leur Humain, je trouve surtout qu'il y a quelque chose de beau. ». Je marquais un temps avant de reprendre, la coupant dans son élan de réponse « J'ai envie de savoir ce que ça fait d'être lié ainsi. » - « Fais attention à cette envie tout de même. » rétorqua-t-elle en déployant ses ailes. « Tu t'inquiètes pour rien. Ce n'est pas avec cette envie que je risque grand chose. » répliquais-je avec un sourire amusé en déployant à mon tour mes plumes immaculées. Puis, dans un même mouvement, nous nous envolions loin de la cité des Anges.
Toutefois, malgré toute notre volonté respectives, nous dûmes nous arrêter en chemin, alors que nous étions presque arrivée. « On s'est perdue, il faut bien se le dire. » fis-je dépitée en balançant mes jambes dans le vide, alors assise sur la branche haute d'un des nombreux arbres de la Forêt aux Milles Clochettes. « Qu'est-ce qu'on va dire en rentrant ? » répliqua Luna, assise à son pied, plus pessimiste que moi encore. « Rentrer ? Quelle idée ! » m'insurgeais-je donc à sa remarque. Ma cousine m'observa longuement, tout comme je le fis avec elle. Un éclat de rire nous échappa alors. « On fait comment si on s'est perdue mais qu'on rentre pas ? ». Je tournai la tête à droite. Puis à gauche. Puis sautai de mon perchoir pour la rejoindre. « On a des ailes, non ? On va trouver la ville, demander une carte et... » - « Et on est en plein territoire Déchu je te rappel ! » répliqua-t-elle soudainement en me donnant un coup sur le crâne. « Aïeuh. Oui, je sais bien. Mais t'as une meilleure solution ? » - « Tu connais le proverbe. Il y a toujours deux solutions à un problème. ». Je arquais un sourcil. « Je croyais que c'était Il n'y jamais de problèmes, que des solutions. ». Luna haussa des épaules. « Ça revient au même non ? ». Je souris.