Mon visage n’exprimait aucune confusion, mon cerveau cherchant simplement à assimiler rapidement l’information : les voix, les couleurs, les odeurs et les sons. Mon regard, pourtant, restait fixé sur ma paume. Je tendis mes doigts avant de les rétracter; enfonçais mes ongles pour les comprimer sur ma peau, afin de savoir si je n’étais pas en train de rêver. Mes pupilles galopèrent ensuite jusqu’à mes bras. De l’uniforme militaire dans lequel je m’étais vêtu ce matin, il n’en restait plus que le style, vaguement similaire, mais le gris qui faisait la singularité de cette tenue était foncé, tirant sur le noir. À ce moment précis, mes yeux se plissèrent, ennuyés.
« Votre repas. »
Je redressais la tête, voyant le fameux plat se glisser juste sous mon nez. … Qu’est-ce qui se passe encore? Je n’étais pas serein, loin d’être envahi par l’enthousiasme qui semblait en galvaniser certains, au point qu’ils en échappaient leur boisson sur les vêtements d’autrui ou qu’ils se mettaient naturellement à discuter de… cartes à jouer. J’examinais minutieusement les visages de chacun, mon attention s’attardant plusieurs secondes sur un nouvel individu, que je connaissais bien, de nom surtout mais aussi de réputation. Il émanait de sa personne une aura glacée, intimidante, que je ne lui connaissais pas d’accoutumée. Était-ce vraiment le Capitaine Katzuta? Et qui regardait-il avec autant de haine dans les yeux? Arrêt. Les battements de mon cœur se suspendirent tandis que mes mires s’arrêtèrent sur un visage connu, encadré par des boucles rousses. Elle était aussi laide que ravissante; aussi ignoble qu'enchanteresse, le mixe de mon mépris et des sentiments respectueux de l’Ultimage à son égard me tordant les entrailles. J’avais envie de vomir, l’une de mes mains rejoignant mon front, alors qu'un mouvement, à l'autre extrémité de la table, attira mon attention. Ma mâchoire se contracta lorsque je vis l'homme qui y avait pris place.
« Excusez-moi. »
Je l'interpellais d'une inflexion cassante, mon mécontentement se devinant dans l’étincelle réfractaire qui miroitait dans le bleu de mes iris. J’étais méfiant, alerte, l’œil constamment porté sur les épaules de nos… hôtes. Était-ce l’une de ces nouvelles farces grotesques réalisées par des Souverains en manque d’animation? Était-ce l’un de ces jeux dégénérescents dans lequel il fallait se soumettre? Mes jointures blanchirent. Je n’appréciais pas du tout ce que je voyais, ce que je sentais, ce qui me bloquais en plus sur cette assise…
« Quelle est cette mascarade? Où sommes-nous? »
Mon regard, quant à lui, continuait d’observer avec intensité l’homme qui se trouvait au bout de la table. Il se dégageait de cet hère une aura singulière. Et j’étais si concentré par ce dernier que je n’avais même pas remarqué la présence d’une petite Elfe à mes côtés. Comme dans mon souvenir, elle était restée aussi fragile et petite qu’une poupée, la robe blanche dans laquelle elle flottait ne faisant que renforcer cette impression de vulnérabilité. Circë Fëanturi Vairë.
◆ 492 mots | Post I | Défi de l’Inktober – Bonus : Poupée.
Dernière édition par Isiode et Isley le Lun 19 Oct 2020, 06:01, édité 1 fois
Kitoe ~ Démon ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 1469 ◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
Dim 18 Oct 2020, 22:21
Helsinki477 mots
Le Dîner de l'Apocalypse
Le souffle court, ses pupilles dilatées par la panique parcouraient l’assemblée disharmonieuse et bruyante dont elle faisait elle-même partie. Ses mains jointes posées sur ses cuisses se serraient mutuellement, ses ongles venaient gratter sa peau nerveusement. Sa mine craintive, sa tête inclinée vers l’avant, ses épaules légèrement réhaussées, indiquaient son désir de disparaitre d’ici au plus vite. Helsinki n’avait pas la moindre idée de la manière dont elle était arrivée ici. Elle n’avait pas non-plus la moindre idée de comment quitter cet endroit. Elle n’avait pas même la force de quitter son siège, et se contentait donc de rester devant son assiette, immobile et silencieuse, aussi ridicule qu’une souris. Une souris remarquablement habillée, cela dit. Helsinki portait une longue robe constituée de voiles blancs et dorés. Ses épaules étaient dénudées, dévoilant son tatouage, et son décolleté était menaçant de par sa taille. Sa chevelure blonde et volumineuse formait des boucles impeccables. Ce n’était pas au Jardin qu’Helsinki aurait un jour porté ce genre de vêtement provocateur. Néanmoins, cela ne la dérangeait pas. Ce qui la dérangeait étaient ces gens. Ils étaient beaucoup trop nombreux, en plus d’être beaucoup trop inconnus. Ce n’étaient pas des Anges, pour la plupart, elle le savait. Certains semblaient inoffensifs, d’autres terrifiants ou imposants. Elle n’avait pas réussi à tous les considérer tant elle était impressionnée. La blonde baissa les yeux. Elle n’avait pas vu Méryl, Shanxi, ni le moindre infirmier, psychologue ou médecin qui aurait su la guider dans cette épreuve.
Qu’était-elle supposée faire au juste ? Elle regarda son assiette. Des amuse-bouche. Le début d’un grand et long repas. Elle n’avait pas faim et le stress la dissuadait d’essayer d’ingérer quoi que ce fut, sous peine de le régurgiter aussitôt. Oui, un long repas. Très long. L’Ange prit une profonde inspiration. Elle devait se raisonner. Peu importait les raisons pour lesquelles elle se trouvait ici, à son insu – après tout, sa vie se passait à son insu depuis qu’elle avait débuté – ce n’était qu’un diner, rien de plus. Il lui suffisait d’appliquer les quelques manières qu’elle avait appris au Jardin et d’attendre que la soirée passe. Ce n’était pas insurmontable, elle avait vécu bien pire. Elle devait montrer qu’elle était capable de se débrouiller toute seule.
Mais alors qu’elle se calmait, son cœur revînt au galop. Où était-elle ? Qui étaient ces gens ? Que faisait-elle ici ? Pourquoi elle ? Était-ce une nouvelle vie qui l’attendait ? Elle frémit. Pas encore. Helsinki émit une prière. Que cela cesse. Elle ne demandait que la simplicité d’une vie modeste. Pas… tout ça. Malgré tout, elle n’avait que peu d’espoirs. Ce n’était pas comme si les Aetheri l’avaient beaucoup écoutée dans sa vie. Elle n’était qu’un pantin. Se concentrant sur ses mains, Helsinki tâcha de se faire la plus discrète possible. Pour l’heure, attendre était certainement la meilleure solution à ses problèmes.
Cette réunion de famille bidouillée à la toute dernière minute confondait une variété étonnante de profils à la fragilité larmoyante. Des beaux, des moches, des grands, des gras, des physiques indéterminés. Bref, une bonne salade de branquignols. Les caractères s’affirmèrent également très vite, entre ceux qui se sentaient obligés de gueuler pour attirer l’attention et ceux qui ne soufflaient même pas du nez par crainte de se faire remarquer. Et que dire de la parité ethnique sinon qu’elle était plutôt bien respectée ? Ça manquait tout de même de nains ou de sans-âmes — ses préférés. Au moins, le type à ses côtés semblait cool. Il s’intéressait à son histoire de zgeg, ce qui était franchement un exploit dans ces circonstances. Deccio — farouchement tactile — promena son bras autour du cou de son interlocuteur afin de le rapprocher vers lui comme un vieux pote qu’il revoyait après des années. « T’as une bonne oreille, ça fait plaiz ! Un sexe oui. Je suis physionomiste à mes heures perdues, et je suis prêt à parier que t’en possèdes un aussi entre les cuisses. Mais t’es peut-être encore puceau. Dans ce cas, régale-toi. Et je parle pas de cette cuisse de poulet. » Le blondinet faucha le morceau de viande avec une extrême vélocité. Il traçait autant pour manger que pour exprimer le fond de ses pensées. Toutefois, avant de consommer quoi que ce soit de ce qui se trouvait sur cette table, le Démon se servit du chien comme goûteur. S’ils dissimulaient un éventuel poison, au moins il serait fixé. Il croqua férocement dans la chair une fois le risque écarté.
Pendant ce temps, un individu à la peau claire lui donna une plaisante idée au sujet de sa statue. S’arrêtant de mâcher, il s'imagina le sexe flétri en action. « Hm. Oooh. AH ! Mais t’es génial, toi ! C’est quoi ton petit nom ? En apportant quelques modifications, je pourrais même… » L’inspecteur en chef en carton détacha un crayon ainsi qu’un calepin du cœur de sa chemise. Il fit en outre surgir un mètre-ruban avec lequel il mesura dans le néant, visiblement en plein échauffement cérébral. Il griffonna quelques dessins en marmonnant. « Avec un système de poulie et d’engrenages, si je… et peut-être qu’en ajoutant ceci, je pourrais… en le fixant ici et voilà ! » Dès lors son calcul terminé, il rangea ses affaires, passant immédiatement du coq à l'âne comme si de rien n’était. En identifiant le public, il conclut qu’il était peut-être temps de causer des vraies choses en alimentant le premier débat. Souriant, il se lança à l’eau. « Ça me fait plaisir de voir que l’Asmodée est dans la place. En la regardant, je me dis que j’ai encore beaucoup de chemins à faire. Ce qui ne m’empêche pas de penser que le génocide perpétré sur mon peuple est une grave erreur. Vous savez, mon pire défaut c’est d’être rancunier. Et ma meilleure qualité ; la détermination. » Première règle : commencer en douceur.
496 mots | Post II
Kaahl Paiberym ~ Sorcier ~ Niveau VI ~ ◈ Parchemins usagés : 3641 ◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015◈ Activité : Professeur
Mon regard rencontra la silhouette de Cyrius, assis plus loin. Il était en train d’étudier avec minutie un amuse-bouche particulier. Il y en avait plusieurs dans son assiette, représentant des instruments de toute sorte. Celui-ci avait attiré son attention parce qu’il était l'exacte réplique de l’un de ceux qu’il avait façonné lui-même. À la simple expression de son visage, je pouvais déduire qu'il trouvait ça aussi curieux que fascinant. Il n’avait d’ailleurs pas l’air d’être dérangé par sa soudaine apparition autour de la table. Ses iris irradiaient toujours de la même magie, celle que je possédais aussi, et, au bout d’un moment, alors qu’il venait de décider de croquer dans le plat, il porta son regard sur l’une des convives. Il s’agissait de celle qui s’était agitée à l’encontre du Chancelier Isekel. Il la détailla et lui sourit, avant de se concentrer de nouveau sur la nourriture. Je savais qu’il m’avait vu, comme j’avais aperçu moi-même de nombreux visages connus. Entre discuter et rester silencieux dans l’attente de davantage de contenu sur la situation, mon choix fut néanmoins rapidement effectué. Les traits de mon visage ne changèrent d’ailleurs que très légèrement lorsque qu'un Démon parla du Génocide de son peuple. Je sentais son appartenance raciale, pour être actuellement à l’exact opposé du spectre du manichéisme. L’absence de réponse de ma part m’apparut comme étant la meilleure stratégie. En réalité, je n’avais pas l’intention de parler du tout, simplement à mon fils, que je tenais dans mes bras.
Cyrius, enfin, releva le visage vers moi. Il me fixa avec l’expression de quelqu’un qui ne comprend pas mais qui accepte de s’accommoder à la nouveauté. Je lui souris et le saluai brièvement, tout en rassurant l’Humain ailé qui s’était mis à pleurer après que l’ambiance se fût refroidie d’un coup. Officiellement, le Sorcier et moi nous étions rencontrés sur Lagherta, lors de la représentation en l’honneur de l’Empereur Noir et avions joué en duo. Il était donc publiquement admis que nous nous connaissions. Je quittai l’ancre qu’il représentait pour moi et rejoignis les prunelles céruléennes de l’homme qui se trouvait en face de moi. Je lui souris également et lui fis un signe de tête. Isiode Yüerell, le Boucher, un Ange. Il partageait actuellement mon essence. « Ne t’inquiète pas, ce n’est rien. » murmurai-je à l’attention de Sjar après avoir quitté le blond des yeux. Je caressai la joue du bambin. Ses ailes blanches l’empêchaient de faire tous les mouvements qu’il souhaitait effectuer. Je séchai ses larmes et attrapai l’une des tartines de chèvre miel afin de l’agiter devant lui, tel un bateau volant. « Pssshhhhh psshhhh. » Ses yeux sombres se mirent à fixer l’objet non-identifié avec une volonté d’apprendre et de comprendre qui dépassa le reste.
452 mots Cyrius = Image à gauche = Chancelier Merfilde et musicien Kaahl = Apparence du chapeau, donc c'est son apparence magicienne standard = Actuellement un Ange Sjar = Humain ailé Kaahl est en face d'Isiode
Léandra Y. Silvanyr ~ Génie ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 1129 ◈ YinYanisé(e) le : 07/04/2020
Lun 19 Oct 2020, 21:50
Le Dîner de l'Apocalypse
Je balayai la salle d’un regard circonspect. Le décor ne m’était pas familier. Mon domaine avait laissé place à cette immense salle de réception à l’ambiance tamisée. Le miroir face à moi me renvoya l’image d’une vieille dame au visage ravagé par le temps et les cicatrices. Je la reconnu aussitôt. Atropos, l’Olera dal Lioren. Je n’avais jamais emprunté ce physique que dans les Rêves, là où mon pouvoir était le plus puissant, là où je pouvais me laisser aller à des prédictions faciles. Mes apparitions dans les songes étaient souvent mystérieuses et énigmatiques. Je me rappelai de chacune d’entre elles avec une précision tenace ; pour chacune d’elles, j’avais investigué le passé de mes victimes au-delà des évidences. Mais ici, privé de ma supériorité, j’étais loin de pouvoir penser reproduire cet exploit.
Mes yeux blanchis par la maladie décrivirent chacun des condamnés à ce regrettable banquet. Un éclair de stupeur traversa mes prunelles lorsqu’elles se posèrent sur la silhouette d’une jeune et belle femme à la chevelure de cuivre, située à quelques places de moi. Mancinia. Cette femme était aussi remarquable qu’effrayante. L’humaine possédait bien trop de puissance pour que je prisse le risque de me poster à ses côtés. Le danger était d’autant plus grand que mon intervention au coeur de ses rêveries avait sans doute suscité quelque intérêt pour ma personne. Sans attendre, je détournai la tête vers la gauche.
Je me figeai sur place en apercevant l’homme qui attira mon attention. Ces cheveux noirs de jais, ces lunettes rondes, cette bouche dégoulinant de sang. Je le reconnus aussitôt : Dorian. Je lui avais offert un long et torturant sommeil, usant de mes pouvoirs pour le plonger dans un harassant cauchemar. Je m’étais bien amusée à le faire souffrir ; son amour pour sa bien-aimée défunte m’avait inspiré plus que de raison. Je haïssais ce sentiment écoeurant. Mais, proscrite dans cette réalité, je ne bénéficiai plus du couvert de l’illusion.
Mentir ou m’éloigner ? Le choix n’était pas compliqué et je choisis la seconde proposition. Prenant appui sur les accoudoirs, je forçai pour m’arracher à mon siège, en vain. Mon séant semblait cloué à l’assise. Je pestai face à ce comble de malchance. Était-ce un cauchemar qui m’étreignait de ses bras décharnés ? Sans perdre espoir, je changeai de stratégie. Je fermai les yeux et me concentrai un instant, cherchant à rejoindre le monde auquel j’appartenais, en vain. Je ne comprenais pas comment quiconque avait pu m’arracher à ma propre malédiction. Je pestai. Pour la première fois de mon existence, je souhaitais être arrachée de cet endroit par la puissance des voeux, quitte à devoir obéir à un maître antipathique. Reste qu’il m’était peut être possible d’atténuer mon apparence. Je réclamais à la magie de faire son oeuvre ; mais le résultat fut identique : j’étais prisonnière de ce petit corps rabougri et disgracieux. Peu encline à la discussion, je baissai la tête vers mon assiette - sans grand appétit.
488 mots - Post I
Merci Astriid & Manci
La Galerie de Jil - Merci <3:
La Galerie de Dhavala - Merci <3:
Kitoe ~ Démon ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 1469 ◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
Lun 19 Oct 2020, 22:55
Leigh485 mots
Le Dîner de l'Apocalypse
Sa robe était somptueuse. Un trésor doré, léger, qui laissait son dos et sa poitrine dénudés. Elle espérait, à l’issue du dîner, pouvoir conserver une telle pièce. Sirotant une flûte de champagne, Leigh regardait les invités. Elle n’avait pas encore parlé et n’avait fait qu’observer les autres, aussi détestables, amusants, intimidants ou ennuyeux étaient-ils. Comme eux tous, elle se demandait ce qu’ils faisaient ici. Elle avait bien reconnu des têtes importantes. Sa première supposition avait été un repas entre personnes influentes. Cela l’avait flattée, car malgré son titre, elle ne se considérait pas comme si influente que ça. En tous cas, pas face à certains sur qui un simple regard la dissuadait de leur tenir tête. Néanmoins, au vu du nombre de personnes qui ne lui disaient absolument rien et qui se comportaient comme des gamins, elle admettait que ce n’était pas ça. Dommage. Sa réflexion fut interrompue par la vue d’une femme. Son sang ne fit qu’un tour, tandis qu’elle arrêtait son mouvement, les doigts enroulés autour du pied de son verre. Son regard s’assombrit, sa mâchoire se contracta. Cette garce était là, elle aussi.
Techniquement, c’était grâce à la fuite d’Helsinki, et aux blessures qu’avait subi Asborn, qu’elle avait pu devenir ce qu’elle était aujourd’hui. Néanmoins, c’était encore trop tôt pour qu’elle ne puisse ressentir aucune amertume à son égard. Le deuil la faisait la haïr plus que tout, la désignant comme la seule responsable de tous ses mots. Elle rêvait de la découper en morceaux. Attrapant soigneusement son couteau, Leigh tapa doucement son verre, faisant délicatement tinter celui-ci, espérant avoir le silence, au moins de la part de ses voisins les plus proches.
-Je me doute qu’il est un peu tôt pour faire ce genre d’annonce, mais j’aimerais porter un toast.
Elle leva son verre en direction de l’Ange. Elle voulait qu’elle l’entende bien.
-En l’honneur d’Helsinki Asborn, ici présente, qui a su revenir vivante de la Terre Blanche. Elle a fait preuve d’un courage exceptionnel.
Satisfaite, elle but une gorgée, les yeux toujours posés sur la blonde. Elle l’avait peut-être perdue, mais si elle pouvait encore hanter quelques-unes de ses nuits, elle en serait hautement ravie. Leigh se détendit finalement, laissant son dos se reposer sur le dossier de sa chaise. Ce ne fut qu’à cet instant qu’elle s’intéressa à la nourriture placée devant elle. Elle enfourna un canapé avant de se pencher vers sa voisine. Elle ne savait pas vraiment quoi faire d’autre maintenant qu’elle s’était exprimée. Elle ne désirait pas s’exposer davantage face à ces inconnus, surtout les plus puissants qu’elle. Dans cette optique, cette vieille peau rabougrie lui paraissait bien plus sympathique que n’importe quel autre convive. Peut-être était-ce une erreur. Sûrement, même.
-Celui qui a ramené son marmot chouineur ici est probablement la pire personne à cette table.
Oui, pire que l’Anti-Magie qui régnait ici. Et puis, se plaindre lui paraissait approprié pour aborder une mamie grincheuse.
Une montagne de… trucs. Elle trônait dans l’assiette. Dastan fronça le nez. Il n’avait jamais vu de telles choses. Ça sentait bon. Ça avait l’air moelleux, parfois croquant ou fondant. Posés sur des petits pains, les aliments appelaient ses papilles. Pourtant, la méfiance était de mise. Il n’était pas à Lumnaar’Yuvon. Il y avait beaucoup de monde, autour de la table. Des costumes soignés couvraient les corps, et il surprit avec horreur son propre accoutrement. Poussant une exclamation enragée, il agrippa le col de son haut pour s’en défaire. Malheureusement, un élément extérieur l’interrompit. Le liquide jeté sur son pantalon eut le même effet que de l’huile balancée sur le feu : sa colère se détourna de ses vêtements pour se ruer sur la coupable. « Dreell ! Hustor ! » Merde ! Bouffonne ! Trop abasourdi, il n’eut guère le réflexe de la repousser lorsqu’elle s’attela au détachage infructueux de son pantalon. « Tu peux pas faire gaffe, au lieu de piailler et de t’agiter comme une Cerfeuil en chaleur ? Putain ! Débile de grandes oreilles ! » C’était facile. Bas et facile. Mais tout ce qu’on lui avait relaté du peuple aux oreilles effilées, c’était leur niaiserie et donc, fatalement, leur stupidité. Il n’envisagea pas une seule seconde qu’elle pût être une Alfar. Il avait parfois de la chance. « Tu ferais mieux de faire la gueule comme elle, là ! Au moins, avec les Anges qui ont un balai coincé dans le fion, on se fait chier, mais on a la paix ! » Il croisa les bras et s’enfonça un peu plus dans sa chaise. Il ignorait où il était, mais il voulait rentrer chez lui. Il n’aimait pas les gourdasses et les empotées. Une chape de plomb sembla tomber sur ses épaules. Un frisson courut dans son dos, et sa volonté de retourner à Lumnaar’Yuvon se décupla.
Un sourire étira les traits de Priam. Coincé dans un costume, il n’était pas des plus à son aise. Toutefois, l’attaque de la femme aux cheveux bleus envers Lhéasse ne pouvait que l’amuser. Elle l’avait devancé. Plus le temps passait, plus sa présence lui était insupportable. Cela, et autre chose, qui n’avait pas tout à fait l’air de son fait. Il tentait de chasser la sensation dès qu’elle s’invitait. Ses yeux quittèrent le Sorcier. Ils s’attardèrent sur Aliénor, et lorsqu’elle sembla tourner la tête vers lui, il lui sourit. Alors qu’il souhaitait avoir pu être plus près d’elle, un sentiment de lourdeur l’étreignit et les pleurs d’un enfant attirèrent son attention. Dès qu’il tourna la tête, il reconnut l’adulte qui le tenait dans ses bras et tentait de l’apaiser. Kaahl Paiberym. Le sang de l’Ange se rua contre les parois de ses artères, comme s’il cherchait à s’en échapper. Il se crispa et serra les dents. Il essaya de se lever mais son fessier paraissait bel et bien maintenu sur sa chaise. Les poings fermement ancrés aux accoudoirs, il releva la tête. En face d’eux se tenaient Isiode Yüerell, le mentor de sa cadette au sein de la Compagnie de Yüerell, et une Ygdraë dont le visage lui était familier. Il inspira fortement. « Soldat Yüerell, Madame. » salua-t-il. « Baron Paiberym. » Il l’avait articulé froidement, du bout des lèvres. Pour la forme, pour éviter les querelles inutiles. C’était forcément lui, car il n’était pas auréolé par la même noirceur que son double. Il avait vu Laëth, aussi. Il n’expliquait pas comment ils s’étaient retrouvés ici, tous les deux, et encore moins dans cette configuration. Peut-être valait-il mieux ne pas se le demander : les expériences de téléportation indésirable leur arrivaient plus souvent que prévues, et se terminaient rarement sans dégâts.
Laëth était assise quelques places plus loin. Elle n’eut pas besoin de beaucoup de temps pour comprendre que deux des protagonistes qui se tenaient près d’elle étaient des Démons. Un frisson se cramponna à sa nuque. Elle connaissait la femme. Participante à la Coupe des Nations, elle avait épousé Elias Salvatore – qu’elle avait vu, assis juste à côté de son aîné et face à son mentor, ce qui n’avait pas arrangé son appréhension engendrée par cette téléportation soudaine à un dîner. Tandis qu’elle levait la tête vers le blond, un faux sourire tordit ses lèvres. « Oh, au moins autant que celui qu’il a perpétré sur le mien. » lui lança-t-elle, avant de se tourner vers l’épouse de l’Empereur Noir. Ses iris glissèrent jusqu’à l’Ange qu’elle semblait vouloir torturer. Dastan était aussi présent. Les questionnements fusaient dans son esprit. Il n’y avait pas de réponses. Encore un jeu ? « Heureusement, à force de courage, on vient à bout de tous les malheurs. » L’Aile d’Acier revint vers le Démon. « Vous devriez en faire votre nouvelle meilleure qualité. » Comme souvent, elle avait réagi vivement. Plongée au cœur de l’inconnu, ses réflexes réprouvés revenaient encore plus vite qu’à l’accoutumée. Les yeux plissés, elle dévisagea chacun des convives, avant que son regard ne fût retenu par celui de l’individu qui siégeait en face d’elle. Il y dansait des lumières étonnantes, qui soulevèrent son cœur. Elle le connaissait. Elias l’avait fait entrer dans son gouvernement. Kaahl avait joué avec lui. Les deux lui avaient sauvé la vie. Elle inspira et se redressa, en relevant le menton. Ce qu’il dégageait la heurtait. C’était néfaste.
Message I – 885 mots (environ 300 par personnage)
Dastan est près d’Astriid et Helsinki. Il interagit avec elles. Priam est à côté de Kaahl, face à Isiode et Circë. Laëth est près de Deccio et Leigh et en face de Cyrius. Elles parlent aux deux premiers. Trois Belegad, trois personnages d’excellente humeur <3 (pourtant j'ai tout donné avec ma musique joyeuse /sbaf) Vous me dites si une interaction ne convient pas =)
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Quand je vois une bêtise plus grosse que moi et que je décide de la faire.
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Merci Kaahlinou
Dernière édition par Le Grand Modificateur le Jeu 29 Oct 2020, 11:43, édité 1 fois
Ezechyel ~ Ygdraë ~ Niveau IV ~ ◈ Parchemins usagés : 814 ◈ YinYanisé(e) le : 27/08/2014◈ Âme(s) Soeur(s) : Mircella Rumblee ◈ Activité : Stratège
La première émotion qui me cueillit après la surprise fut la contrariété, puis un désintérêt agacé. Mon faciès, dont les traits se durcirent subitement, paraissait figé dans un bloc de marbre. Mon subconscient était pourtant en proie à des milliers de questions, à commencer par la raison justifiant le changement de mon armure en tenue de soirée. Ou plutôt pourquoi je me retrouvais assis à une table en présence de gens aussi bruyants. Le tapage qui régnait en ces lieux tonnait effectivement de façon désagréable à mes oreilles, entre les convives s'enthousiasmant à propos de cartes ou bien ceux qui évoquaient le Génocide démoniaque pour susciter une réaction. Je grimaçai, mes doigts se serrant fermement jusqu'à en faire blanchir mes jointures. Il flottait ici une ambiance beaucoup trop conviviale à mon goût, en dépit des circonstances. Ennuyé, je ne glissai qu'une œillade désintéressée à mon assiette, avant de redresser la tête, mes iris rencontrant aussitôt mon reflet dans un miroir suspendu à l'un des murs. Mes prunelles se délaissèrent toutefois bien vite de l'objet pour s'intéresser à mon entourage. Et en face de moi se trouvait...
Quand j'aperçus son visage, un sourire, cynique, s'incrusta sur la barrière de mes lèvres sans que je puisse le refréner. Circë Fëanturi Vairë. Après tous les moyens auxquels le gouvernement avait eu recours afin d'assurer sa sûreté, la voilà qui échappait à leur surveillance dès la première occasion. Pendant une fraction de seconde, je fus porté à lui demander ce qu'elle faisait ici pour mieux m'abstenir le moment suivant. De toute évidence, l'Ygdraë n'était pas venue de son plein gré, comme le reste des convives je supposais : il n'y avait qu'à déchiffrer l'expression de certains d'entre eux pour comprendre que l'invitation ne s'était offerte sur la base du volontariat. Évidemment. Au mieux, il s'agissait d'une farce de mauvais goût orchestrée par des Puissants ; au pire, j'avais été happé dans le scénario d'une histoire semblable à celle d'Omi'Ake... Et puisque je me trouvais dans l'incapacité de me lever de ma chaise, j'avais tendance à prioriser la deuxième option, quoique, dans les faits, cela revenait quasiment au même. Mes yeux se détournèrent un instant de la jeune femme pour observer son voisin. Isiode Yüerell. Celui qu'on surnommait le Boucher. Bien que le titre n'ait rien d'engageant, une part de moi éprouvait un grand soulagement de la savoir près d'un Ange. Elle n'était pas la seule. Moi aussi était installé juste à côté d'une Aile Blanche : Priam Belegad. Le Baron Paiberym n'était pas loin non plus. Silencieux, je reportai mon attention vers l'Elfe aux cheveux d'argents – celle que j'avais soigneusement évitée au Fessetival, par gêne envers un certain Rêve la concernant.
Dernière édition par Ezechyel le Mer 21 Oct 2020, 15:47, édité 1 fois
Kyra Lemingway ~ Déchu ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 4516 ◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
C'est vêtue d'une longue robe bouffante et épaisse, aux nombreuses couches comme il était coutume d'en porter chez les Mages Blancs lors des soirées mondaine, que Louisa apparue autour de cette table plus qu'hétéroclite. Cependant, la jeune Magicienne n'avait jamais participé à aucune de ces soirées. Plus encore, elle n'avait jamais mit les pieds sur aucun des territoires Magiciens. Qui plus est, elle n'avait simplement jamais porté ce genre de tenue. Ce genre de vêtements n'étaient pas des plus pratiques quand on avait toute une fratrie comme la sienne. Aussi se sentit-elle rapidement à l'étroit et chercha-t-elle à réajuster son bustier pour souffler plus facilement. Alors elle se souvint qu'elle n'était pas seule. Relevant la tête, son regard tomba sur l'homme face à elle, ce dernier vociférant après une belle demoiselle dont le décolleté était, semble-t-il, trop pigeonnant à ses yeux. Gênée, tant par sa réaction que par sa prestance qui ne donnait pas à contester, elle se pinça les lèvres, baissa les yeux sur son assiette et posa les mains sur ses genoux avant de détailler la tablée pour finalement relever le regard lorsque l'homme semblât se faire sermonner. « Hum... ». Elle hésita à intervenir. Après tout, peut-être la jeune femme et lui étaient liés d'une amitié sincère et proche, d'où la réaction de l'homme ? Douce vision. On lui avait cependant dit qu'hors de l'île, le monde était différent, plus violent. Était-ce ainsi, le monde extérieur ? L'ambiance la mettait mal à l'aise. Il y avait des disputes bien sûr parfois avec sa famille, mais ce n'étaient que des chamailleries sans suites. D'ailleurs, aucun d'eux n'étaient présent. Aucun de ses parents ni de ses frères ou de ses sœurs. Pas même Nounou Bonbon. Elle ne connaissait personne. « Hum... » fit-elle à nouveau en dévisageant ses différents voisins. Elle se tourna d'abord vers celui à sa gauche, plus avenant que les autres. Mais elle ne comprenait absolument rien à ce qu'il racontait. Mauvaise idée que de lui demander des explications donc. L'homme en face, l'ami de la dame au décolleté, semblait de mauvaise humeur. Aussi ne pu-t-elle retenir un commentaire à son égard. « Vous savez, parfois on se dispute avec mes frères et sœurs aussi. Dans ces cas-là Nounou Bonbon nous fait un bol de chocolat chaud et... ». Et elle se tut, détournant le regard une nouvelle fois. « Excusez-moi. Vous savez où nous sommes ? » reprit-elle à voix basse à l'attention de sa voisine. Une belle femme aux longs cheveux roux. « En fait je me trouvais sur Boraür et j'ai peur que ma famille s'inquiète de ma disparition. ». Elle eut un sursaut. « Oh non ! J'espère que papa ne va pas revenir maintenant ! Il serait terriblement inquiet ! » fit-elle d'un air horrifié avant d'essayer de se lever. « Oh ! » fit-elle alors, stupéfaite avant de se tourner une nouvelle fois vers ses différents voisins. « Je ne peux pas me lever ! Vous pouvez vous ? ».
Mots | 500 Louisa est une enfant d'Ësse'Aellun (là <3). Elle est née sur Boraür et y a toujours vécu. Elle est entre Sym et Aria et face à Lhéasse. Elle essaie de communiquer avec lui avant de parler à Aria <3
« Oh… » Je venais d’échapper un petit soupir. Entre mes doigts se trouvait encore la cocotte en papier que j’avais fabriquée, avec quelques-unes de mes amies : Burgonde, Gauvine et Luciette. C’était un jeu qui consistait à poser une question et à donner un numéro à celui ou celle qui tenait la cocotte. Il effectuait alors un mouvement et donnait le choix entre plusieurs possibilités. Généralement, l’objet était magique mais nous n’avions pas assez de maîtrise pour réussir le sort de conception. Il fallait s’y connaître en pentacles, ce qui n’était pas réellement notre cas.
Mon attention fut rapidement absorbée par quelque chose d’étrange, juste à côté de moi. Mes yeux se tournèrent vers un homme si gros que sa cuisse et son bras me touchaient par intermittence. Il était gras et moite. Je me raidis. Sa corpulence n’était pas ce qui me dérangeait, même si j’aurais préféré qu’il gardât ses distances. Ce qui me crispait était le bruit de la mastication qui se dégageait de sa bouche. Ses doigts tenaient des cuisses de poulet. Il en avait partout et me faisait penser à Mor, le géant cannibale d'un de mes livres préférés. Un morceau de viande se trouvait sur sa joue. « Excusez-moi mais… » Celui-ci émit un grognement pour toute réponse, un grognement qui suffit à me glacer de la tête aux pieds.
« Khaal. » souffla une voix irritée, en face de moi. Mes prunelles se levèrent vers un homme brun que je ne connaissais pas. Pourtant, le prénom qu’il avait prononcé m’interrogea. Mes yeux cherchèrent le concerné, que mon cerveau abruti pensa être Kaahl. Un sourire éclaira mon visage lorsque je vis le Baron, assis à l’un des bouts de la table. Je n’eus néanmoins par le temps de m’arrêter sur lui. En effet, l’homme à côté de moi venait de s’arrêter de mastiquer pour fixer le deuxième, celui qui l’avait appelé. « Je trouve que depuis que tu es devenu Talleb, tu l’ouvres un peu trop, Kaalh. » « Je tiens simplement à ce que tu respectes l’étiquette. Tu es dégoûtant. » « Pas plus que lui, là-bas. » Il venait de faire un signe du menton vers le troisième triplé. Kaalh, qui ne l’avait pas remarqué jusqu’ici, fronça les sourcils. Je crus comprendre qu’il s’agissait des deux autres Paiberym. Gustine et Pauline n’arrêtaient pas de se lamenter sur la situation complexe de cette famille et de plaindre Kaahl de devoir retourner souvent dans sa demeure familiale, afin d’en gérer les affaires. Ainsi était-ce eux, ses frères ? Si le plus mince lui ressemblait assez, l’autre avait perdu toute similarité avec les deux autres du fait de sa gourmandise maladive. « Tiens-toi. C’est tout. » reprit Kaalh, sans commenter la présence du Magicien. Il ne préférait pas.
Gênée par ce contexte tendu, je me tournai vers la gauche pour proposer à la personne qui s’y trouvait de jouer avec moi. « C’est une cocotte qui répond aux questions. Il faut en poser une et me donner un numéro. » Je souris, heureuse.
494 mots Cendre = Première image de gauche. Khaal = Deuxième image de gauche Kaalh = Images dans mes PNJ Khaal et Kaalh = Les deux frères de Kaahl. Cendre est assise juste à droite de Khaal et proche d'Astriid. Kaalh est en face de Cendre et proche de Léandra et d'Aphos. Je n'ai pas précisé s'ils étaient voisins directs de vos personnages ou non.