Invité Invité | Lun 02 Nov 2020, 22:35 | |
| ![[Q] La fillette et le renardeau | Deccio (Souvenir) - Page 2 Ftvl](https://zupimages.net/up/20/39/ftvl.png) « Quand on n'a pas été un enfant, on ne devient pas un homme. »
Décidément, rien de ce qui avait été prévu au préalable ne s’était passé comme il l’aurait souhaité. D’un autre côté, il savait à quoi s’en tenir dès l’instant où la bande s’était réunie pour terrasser la menace. Une menace finalement pas si menaçante que ça quand on y regardait de plus près. En se relevant après avoir été soutenue par son amie, celle-ci revint quelques minutes plus tard en reformant le paysage tel qu’il fut avant l’arrivée des bambins. Les nuages se dispersèrent pour remettre de l’ordre dans la nature, le tout retournant à sa place initiale comme si de rien ne s’était passé. Le piaillement des oiseaux annonça leur retour dans les cieux, ainsi que tous les herbivores qui reprirent le rythme quotidien. La seconde fois qu’elle réapparut, la Sorcière ne dégagea pas la même aura. En fait, elle ressemblait davantage à une mère que sa propre génitrice. Douce et gentille, elle expliqua rapidement aux deux bambins le but de cette mise en scène ; celle de les faire progresser. C’est du moins ce qu’interpréta le blondinet. À première vue, elle aurait pu les incendier dès le premier échange. Il ne comprit pas grand-chose à ces histoires de courage, car l'unique éclair de bravoure qu’il eut dévoilé fut lors de son intervention envers Seto. Et là encore, son corps avait bougé tout seul. Il n’était pas un héros et ne désirait pas l’être.
De toute façon ça lui était impossible, il avait trop longtemps vécu aux côtés de personnalités fortes, engendrés par le mal et pour le mal. De plus, tout ce qui venait de se produire avait finalement été prémédité de A à Z. Comment pouvait-il se sentir plus responsable et meilleur après avoir été baigné d’illusions ? Ce sentiment de fierté lui avait été usurpé au même moment que la révélation. Peut-être était-il couard et chétif, mais jamais une victoire dégagée par de bonnes mœurs ne saurait le satisfaire. La volonté de faire ses preuves par ses moyens brillait dans les pupilles du garçonnet. Le bracelet se scellant à ses poignets, il examina longuement celui-ci avant de donner sa réponse définitive. « Rien. J’veux rien. Ce serait tricher, et j’veux arriver à mes fins sans rien devoir à personne. On était sept et pourtant vous êtes toujours pimpante devant nous. C’est un échec. Nous avons perdu. Merci pour l'offre, madame, mais je la refuse. » Caprice d’enfant gâté ou gage de maturité, à chacun son opinion. Quoiqu’il en soit, il s’agissait d’une décision murement réfléchie. S’il désirait quelque chose, il était assez grand pour aller se le chercher lui-même. Tout pareil pour sa chance, il ne tenait qu’à lui de la créer, de l’occasionner.
Quand Calanthe lui proposa de venir avec lui, le garnement ouvrit les lèvres sans qu’aucun son ne s’en échappe. Un soupir s’en mêla tandis qu’il secoua négativement la tête. « Ne te méprends pas. Nous nous sommes bien amusés et tu m’as beaucoup aidé, mais c’est impossible. Si mes parents l'apprenaient, ils… » Il s’arrêta juste à temps, avant d’en dire trop et de le regretter par la suite. « Bref, on n’fait pas partie du même monde. J’vais être pas mal occupé à partir de maintenant, et beaucoup de choses vont changer. J’suis pas un enfant comme les autres. Un enfant comme toi. J’te souhaite bonne continuation et qui, sait, p’t’être qu’on se reverra un de ces jours. Mais rêve pas trop quand même, parce que j’vais devenir hyper fort et être quelqu’un de super important. Un jour, je commanderais plein d’hommes qui se battront pour moi. J’veux inspirer les gens et devenir leur modèle. » Durant son monologue, Deccio engagea une gestuelle de plus en plus théâtrale à mesure où il mentionnait ses voeux et ses aspirations. Il vivait le truc à fond, comme un enfant qui se plongeait dans une aventure qu’il concevait du début à la fin. Il s’imaginait déjà à dos de créatures ailés, une grosse épée à la main orientée en direction de ses ennemis, les cris des guerriers triomphant sous ses directives et le butin qu’ils récupéraient après avoir rondement mené la bataille. Ces rêves ne le mèneraient peut-être nulle part, mais il s’en fichait un peu. On lui avait toujours appris à essayer et à toujours se relever de ses échecs. Pas son père, et encore moins sa mère non. Eux ne toléraient rien de tout cela ; privilégiant des valeurs comme l’élitisme et le patriotisme. Avant de partir il remercia Calanthe en lui serrant la main. « Fais attention à toi. » En toute simplicité, sans surenchérir. Désormais, leurs destinées étaient liées, mais jusqu’à quel point ? L’avenir le dirait.
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